Souffre-douleur à l'école

Pour les gens qui ont simplement envie de discuter sans souhaiter faire passer d'information particulière.
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Leanox
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Souffre-douleur à l'école

Message par Leanox »

Bonjour,

J'ai lu que les enfants neuroatypiques peuvent être l'objet de moqueries et d'une manière générale pour les personnes avec un fonctionnement autiste peuvent aussi l'être d'autant plus qu'ils seraient plus naïfs (incapacité à comprendre la mauvaise intension de l'autre en face?). Est-ce que cela a du sens?

Dans ma propre expérience passée, je me souviens que la maternelle et la primaire étaient correctes, bien que je me sente différente des autres, j'avais dans le ressenti que je pouvais être un peu comme leur "chef." J'étais d'après les adultes de l'époque très mature (je savais beaucoup de choses - qui n'étaient pas de mon âge d'après eux. Je rajoute que j'étais aussi élevée ainsi: les intérêts d'enfant n'étaient pas bienvenus, jouer, rire, faire du bruit, essayer et se tromper n'étaient pas valorisés et même dissuadés dans mon milieu familial. En toute franchise, j'ai longtemps eu l'impression d'avoir 70 ans dans le corps d'une personne de moins de 20 ans et attribué à cela particulièrement mes difficultés relationnelles avec les pairs de mon âge).
Spoiler : 
Au passage, en pensant plus tard que mes parents étaient des personnes toujours en souffrance (visage froncé, martèlements, ils me faisaient peur et ne correspondaient pas pour moi à l'image des gens heureux que je trouvais dans des livres ou des films ou pensais voir ici et là dans la vraie vie), j'ai tiré la conclusion que le manque d'exploration de la vie relationnelle et du monde extérieur ne pouvait qu'être la cause de leur souffrance, j'ai pensé que si je faisais le contraire, explorer la vie et le monde, je serais moi-même moins en souffrance. ça a été par pallier, j'ai étudié déjà mes pairs au collège et aussi jamais autant conscientisé avec des mots le problème que je soupçonnais chez mes parents, je crois que cela était instinctif chez moi, je savais le problème sans mot et le résolvais par étapes, la 1ère étant donc d'observer les pairs de mon âge.
Et hmm, le résoudre reste un grand mot car le résultat a juste démontré la limite de la théorie bien que par les voyages et expérimentations sociales, dans lesquels je me suis lancée avec parfois la passion d'une personne qui aime lire et se lancerait dans un nouveau livre, m'aient apporté beaucoup de connaissances sur le fonctionnement des autres que moi et moi-même. D'ailleurs, je pense que je n'aurais jamais compris pour ma neuroatypie peu importe son "nom" si je n'avais pas déjà commencé très jeune à expérimenter socialement. Mais je me demande si ces expérimentations sociales de ma part et de copier mes pairs parfois trop n'a pas aussi paraxodalement masqué mes difficultés et rendu encore plus difficile de me diagnostiquer jeune ... Je me demande si finalement je ne me suis pas compliqué de recevoir de l'aide en voulant m'aider moi-même beaucoup trop? J'ai tiré la même conclusion assurément quand j'ai essayé pendant 2ans d'apaiser mon anxiété sociale essentiellement seule avant de m'effondrer et que le recours à des psychologues m'a fait - à mon sens - progresser deux fois plus vite. Je précise que quand j'ai commencé à essayer de m'aider moi-même, j'avais 12 ans. J'étais jeune. Je pense que c'était déjà un problème qu'un enfant cherche à s'aider lui-même, c'est qu'il n'était pas écouté dans son milieu familial. A 17 ans, j'ai commencé à attaquer la figure d'autorité de mes parents en les accusant de ne m'avoir jamais écoutée ni aidée. Longtemps je suis allée aussi loin aussi à dire qu'ils avaient de mauvaises intentions envers moi et même à un moment à - en toute humilité rétrospective- les accuser d'être des pervers narcissiques ou personnalités pathologiques narcissiques qui n'avaient aucune empathie pour moi et les autres en général tout en ayant réellement pour le coup un discours sur l'importance de l'entraide et de la redistribution des richesses. Rétrospectivement toujours, si mes parents ont un TSA, je ressens de la honte de ces mauvais jugements, ces erreurs de compréhension. Je pense en tout cas que mes parents n'ont pas réellement de mauvaises intentions l'essentiel du temps et comme ils le disent à 65 ans où l'essentiel de leur vie est derrière eux et où ils aspirent uniquement au calme.
De même, je pense avoir été l'objet d'actions de mauvaise intention dès le collège, je me souviens clairement de critiques parce que je lisais davantage à la récré sur un banc que je n'appréciais d'aller discuter du dernier magazine à la mode. Ma frustration de ne pas pouvoir faire cela, discuter des magazines à la mode venait du fait que mes parents m'avaient interdit l'exploration de ces magazines mais je ne suis pas certaine que le non-accès au contenu m'ait réellement manqué à 12 ou même 14 ans. Je pense que je n'ai jamais trop compris l'attitude de mes camarades et c'est au collège qu'ils ont commencé à devenir une source de curiosité pour moi, particulièrement quand je n'ai plus été en mesure de pouvoir jouer avec eux. J'ignore un peu ce qu'il s'est passé à l'époque. Je me souviens d'un temps à l'école primaire qui était relativement correct surtout les années de milieu de ce temps en école primaire. Je n'ai pas de souvenir clair du début, je m'ennuyais je crois. En CE1 aussi. Mais la routine était comme les cahots doux d'un TER, je m'ennuyais mais ne me sentais pas en danger ou mal. Ensuite j'ai trouvé un vif intérêt pour mes camarades, particulièrement d'expérimenter le rôle de chef, j'ai commencé à utiliser les informations que les adultes partageaient à haute voix autour de moi pour tout un ensemble de tests et de jeux avec les autres. Vague souvenir de cela. Puis d'une fin d'école primaire un peu esseulée. A me sentir plus vieille que les autres sans savoir l'expliquer, un ressenti que je ne saurais qualifié et un adjectif, vieille que ma mère me répétait. Mais sans savoir bien ce que cela signifiait.

Par la suite le collège a donc été une perte radicale de repère, j'ai perdu tous mes amis (envoyée dans un autre collège et mes parents n'ont pas proposé de revoir mes amis de l'école primaire hors du temps scolaire). Je crios en toute franchise que j'ai "oublié" mes amis. En collège, au début de la 6ème, j'ai un vague souvenir d'être happé par tout ce qui se passe autour de moi, d'être plus perdue et confuse et d'avoir tellement en tête et dans les sens de choses à gérer que j'en oublie mes amis du passé. Je pense aussi que je ne comprends pas que je ne les reverrai pas. Le temps passe et je me fascine pour ce que j'ai sous les yeux, les collégiens mais je me sens différente sans l'expliquer. Je ne m'intéresse pas comme eux, je ne suis pas aussi énervée, aussi bruyante, aussi excessive. Par contre je les copie, je teste, je les suis mais ça ne me correspond pas et je m'inquiète, je ne trouve personne "comme moi." En tout cas pas la masse, je cherche les adultes, les adultes un temps me tiennent occupée et me raccrochent, je me sens moins mal et moins perdue d'avoir d'autres qui me parlent, à qui je peux parler. Parler m'apaise. Je vais beaucoup parler aux adultes après la classe. ça me déstresse. Je peine avec mes camarades de classe. Je pense ressentir ici et là de la jalousie et je rêve à vivre comme eux sans toutefois l'essayer. Avoir un petit copain, lire les magazines à la mode, parler des stars à la télé, ça ne m'intéresse pas trop. En parallèle chez mes parents, je me lance dans l'apprentissage par coeur de livres de botanique et le repérage des plantes médicinales. A 12 ans, je dois avoir une objective connaissance du sujet et surtout pas d'intérêt partagé avec 99% de mes camarades. En 4ème, je gagne un lot à un concours SVT dont un CD sur les dinosaures et je le fais en boucle, me passionne toujours autant pour la Nature en général.

Socialement ça reste difficile. Je sens que quelque chose ne va pas. Je prends du poids et je suis l'objet de moqueries, en plus désormais sur mon poids. En plus des remarques sur mes intérêts personnels (botanique etc.) que je cache de plus en plus. Les sujets adolescents ne m'intéressant pas d'emblée, mes camarades ne m'aidant pas à m'y intéresser (camarades qui rient, n'expliquent pas, je trouve que c'est difficile de les comprendre et les sous-entendus dans leurs rires, la répétitiion d'un nom ou d'un mot qu'il me faut des mois pour comprendre, que c'est un phénomène de mode qui est de telle nature, et en général je ne sais pas trop quoi faire de l'information, je la stocke). Je pense que les élèves ne sont en général pas bienveillants avec moi mais je n'en suis pas souvent certaine. Je souffre de soupçonner qu'ils sont malveillants plutôt que de les réaliser réellement. Ce sont plus mes croyances qui me blessent que la réalité des choses. Des faits objectifs sont là pourtant mais au lycée où je suis invitée à des fêtes (où mes parents refusent de me conduire), je ressens que je pourrais si je voulais moi aussi faire ce genre d'activités. Je ne résiste pas vraiment au véto de mes parents. Rétrospectivement je me dis que j'aurais dû essayer au moins une fois et demander à tenter cette activité.

Les adultes m'ont aussi donné des parades, si on me parle mal me dire que ça leur passera, qu'ils sont bêtes, que c'est de leur âge, que moi je fais mes affaires et je me préoccupe pas d'eux, ils verront quand ils auront passé trop de temps à embêter les autres ce qui leur restera. Je fais cela, j'applique cela tout en ressentant des émotions douloureuses souvent: de la colère, du mal-être, de l'insécurité, de la solitude aussi. Mais je ne relie pas clairement mes émotions et ce qu'il se passe autour de moi. Il y a comme des décalages et parfois je me questionne sur si je suis triste parce que très peu d'élèves me parlent. Si je suis en colère parce qu'on ne me juge mal, ne me fais pas de compliments et beaucoup de critiques en contrepartie (mon poids, mon physique, mes vêtements, mes intérêts pour les choses "intellos", mes lunettes, mes dents un peu écartées de jeune ado, mes mots compliqués, etc.).

Dès le collège, je souffre et suis ennuyée plusieurs fois sur mon surpoids (mon apparence en général) et mes intérêts différents (ma façon de m'exprimer en général) de la majorité mais je ne relie pas clairement ma souffrance à ce qu'il se passe autour de moi particulièrement les attitudes de mes camarades, je le souçonne, je me dis que c'est cette ambiguité de ne pas savoir qui me cause le mal-être que je ressens. J'oublie cette période en passant en lycée après quelques temps. Je trouve les lycéens moins verbaux et plus calmes mais je sens que je ne fonctionne pas comme eux du tout. Leurs intérêts ne m'intéressent pas et je ne sais pas comment le verbaliser. Particulièrement les intérêts pour les garçons. Non pas que je n'aie pas d'univers fantasmé, mais je n'ai que cela justement, de la mentalisation amoureuse, je ne me sens pas prête pour quelque chose de sensoriel, de réel. C'est une période dure pour une autre raison et je pense qu'à l'issue je fais une dépression. Mes camarades ne sont pas particulièrement bienveillants mais je trouve enfin des jeunes de mon âge gentils, avec qui on peut parler un minimum dès la seconde. Et ça me rassure. Mais c'est donc de me sentir dans la non-envie d'investir (ou je crois respectivement le non-soutien par des autres pour l'investir) ce qu'ils investissent qui me fait déprimer. Je crois rétrospectivement que je me sens comme la personne qui n'a jamais fait de danse et toute sa classe en a fait et le premier cours de danse toutes les petites filles ont un bon niveau et soit on peine déjà à enchaîner deux pas corrects sans compter que je sens que mes jambes sont raides et mon corps comme un bloc, raide lui aussi sans que j'aie de maladie physique a priori et donc encore plus de confusion.

Je crois que j'ai besoin d'écrire sur ces évènements de vie car il m'est difficile de faire autant de sens d'eux là aujourd'hui. J'ai entendu des personnes me dire que ce n'est pas parce qu'on met un nom sur quelque chose que la difficulté s'arrange massivement, je suis d'accord mais je pense que dans mon cas, moi j'aurai besoin de digérer tous ces évènements que je n'avais pas su digérer en l'absence de connaissance d'une cause assez logique pour les expliquer, les causes jusqu'ici me laissaient partiellement satisfaite. Et me donnaient l'impression qu'il me manquait une partie de moi. Une partie de ma vie, comme si je ne pouvais jamais être pleinement moi et une souffrance de ressentir que je ne fonctionnais pas à plein régime de fait, d'ignorer la cause qui sous-tendait tout et le ressenti d'une cause centrale unique sans pouvoir le justifier de façon logique jusqu'ici. J'admire les personnes qui peuvent avancer tout en ignorant la cause des difficultés qu'ils surmontent chaque jour. Pour ma part, j'ai toujours refusé d'avancer dans ces conditions mais poussée par la nécessité j'ai dû me faire parfois un peu mal pour avancer malgré tout. Et prendre le temps de trouver un autre jour. Je crois que le mieux est de ménager la chèvre et le chou, continuer à chercher tout en continuant à avancer tous les jours. Pas s'arrêter trop longtemps ou trop avancer alors que ça tire tous les jours.
Modifié en dernier par Leanox le mardi 9 novembre 2021 à 14:11, modifié 1 fois.
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Re: Souffre-douleur à l'école

Message par Fluxus »

Salut, dans mon entourage, je n'ai pour le moment encore connu aucune personne neuroatypique ou autiste (pour ceux avec qui je passais beaucoup de temps ou pour ceux que je connais moins bien mais dont j'ai eu écho du parcours) qui n'a pas subi de harcèlement dans le milieu scolaire et j'en fais également partie.

Je pense qu'il y a bien-entendu la question d'un décalage sur le plan "cognitif", il peut y avoir également les "bizarreries" qui jouent et je pense aussi que la caractéristique directement liée à l'autisme qui peut amener souvent au harcèlement, c'est le fait d'être isolé sur le plan social.

Je crois même que c'est quasi systématique, au vu de la cruauté des enfants, surtout au collège, que si on est amené à rester seul, sans amis, sans adhérer à un groupe, on a plus de chances de devenir souffre-douleur ou de subir du harcèlement.

Et encore une fois, ça fait partie de mon propre vécu mais également de celui de d'autres personnes autistes que j'ai connues, souvent, les gens aiment bien attaquer en groupe...

Après, je ne veux pas généraliser mais c'est ce qui ressort énormément.

Personnellement, je sais que ma grosse sensibilité, ma naïveté, mon manque de 2nd degré, mon anxiété présente depuis toujours et mon fort intérêt pour ma scolarité ou des sujets assez décalés des intérêts des autres, ont souvent amenés à de la moquerie, du mépris, des conflits et au harcèlement de manière générale.

J'ai subi 2 types de harcèlement :

Celui de groupe, qui est très intimidant, humiliant, détruit ta confiance, te pousse à culpabiliser même parfois...

Et celui un peu plus "isolé" où c'est juste une seule personne mais qui a été beaucoup plus violent, plus grave, plus invasif, qui te détruit tout court : Physiquement, psychiquement... Surtout quand on subi des actes qui au final, auraient normalement pu être punis par de grosses sommes niveau amendes, voir par de la prison...

Sans parler du fait que j'ai toujours vécu, dans un climat où chez nous (en terme de localisation, je dirai), y a toujours eu un climat très communautariste dans le sens où je vis dans une région où les valeurs et les principes, inculqués par la famille et par la culture sont très mis en avant à tout va mais à côté de ça, personne ne respecte.

Sans parler des gosses qui prennent exemple sur leurs parents, du fait de vivre dans un endroit où tout le monde se connait, où tout va très vite, où tu peux vite avoir une réputation et pleins d'autres choses de la sorte...


Je vis là où depuis toujours, on a toujours exclu les problématiques qui existaient dans le reste de la France, on a toujours dit que chez nous, on avait rien de tout ça, que ça n'existait pas, qu'on était en sécurité partout, alors que c'est absolument pas le cas du tout et que c'est même bien plus fréquent qu'on ne le pense...

Bref, culture patriarcale tout ça...
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Re: Souffre-douleur à l'école

Message par Fluxus »

Leanox a écrit : mardi 9 novembre 2021 à 13:19 Je crois que j'ai besoin d'écrire sur ces évènements de vie car il m'est difficile de faire autant de sens d'eux là aujourd'hui. J'ai entendu des personnes me dire que ce n'est pas parce qu'on met un nom sur quelque chose que la difficulté s'arrange massivement, je suis d'accord mais je pense que dans mon cas, moi j'aurai besoin de digérer tous ces évènements que je n'avais pas su digérer en l'absence de connaissance d'une cause assez logique pour les expliquer, les causes jusqu'ici me laissaient partiellement satisfaite. Et me donnaient l'impression qu'il me manquait une partie de moi. Une partie de ma vie, comme si je ne pouvais jamais être pleinement moi et une souffrance de ressentir que je ne fonctionnais pas à plein régime de fait, d'ignorer la cause qui sous-tendait tout et le ressenti d'une cause centrale unique sans pouvoir le justifier de façon logique jusqu'ici. J'admire les personnes qui peuvent avancer tout en ignorant la cause des difficultés qu'ils surmontent chaque jour. Pour ma part, j'ai toujours refusé d'avancer dans ces conditions mais poussée par la nécessité j'ai dû me faire parfois un peu mal pour avancer malgré tout. Et prendre le temps de trouver un autre jour. Je crois que le mieux est de ménager la chèvre et le chou, continuer à chercher tout en continuant à avancer tous les jours. Pas s'arrêter trop longtemps ou trop avancer alors que ça tire tous les jours.
Il est assez fréquent, quand on est en plein dans les démarches ou quand on a un début de réponse, qu'on commence à parfois remettre en question ou juste comprendre, certaines choses du passé.

Beaucoup disent "Ça va changer quoi concrètement de le savoir ou non ?".

Je pense que cette question, elle se pose dans le cadre de choses qui ont moins d'importance, ça ne plaira peut-être pas à tout le monde ce que je vais dire mais c'est comme les gens qui continuent de prendre le "haut potentiel" comme un diagnostic alors que ce n'est pas une difficulté à proprement parler.

Ça peut poser des difficultés dans la vie, je ne dis pas le contraire mais ça n'a rien de l'ordre du trouble en lui-même. Dans ce cas de figure, oui, on peut se demander ce que ça nous apporterait d'avoir une réponse ou non, dans le sens où au mieux, on se connait un peu mieux et on s'en sert pour faire quelque chose de bien, au pire, ça change rien à nos vies.

Mais pour le TSA, à mon sens, avec le recul que j'ai aujourd'hui sur la question, ça ne se pose même pas.

Parce que quand on est profondément sûr et certain de soi, qu'on se connait mieux que n'importe qui d'autre nous connait, on sait très bien que ça change tout de le savoir.

Même si ça n'est pas "pathologique" à proprement parler, le TSA, ça reste quelque chose, qui peut (souvent dans mon cas) devenir réellement handicapant dans le quotidien (même si ce n'est pas systématique) et que ça reste quelque chose de non négligeable, surtout avec le lot de comorbidités qu'il y a avec (si comorbidités il y a) d'où le fait d'avoir besoin d'une réponse.

Et y a aucun mal à penser que ça va pouvoir changer des choses dans nos vies ou juste nous aider à comprendre.

Puis le fait d'avoir un diagnostic, quelque chose d'ordre médical, ça rend légitime aussi à demander certaines aides, ça rend légitime à ressentir les choses différemment des autres sans qu'on nous le reproche, ça atteste aussi d'un handicap invisible qui fait bien souvent beaucoup trop souffrir de par son incompréhension par l'entourage...
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Re: Souffre-douleur à l'école

Message par Leanox »

Fluxus a écrit : mardi 9 novembre 2021 à 14:58 Puis le fait d'avoir un diagnostic, quelque chose d'ordre médical, ça rend légitime aussi à demander certaines aides, ça rend légitime à ressentir les choses différemment des autres sans qu'on nous le reproche, ça atteste aussi d'un handicap invisible qui fait bien souvent beaucoup trop souffrir de par son incompréhension par l'entourage...

Cette vision pleine d'acceptation me touche. J'aurais écrit "est belle" mais pas certaine d'être comprise ^^

Je pense qu'effectivement c'est un poids en moins, déjà là j'avoue qu'au-delà du choc de pré-diagnostic que j'ai eu, j'ai aussi une force supplémentaire. Mais aussi des craintes particulièrement me demander comment je vais faire pour tenir dans mon travail si chaque année je dois poser 30 jours d'arrêt en moyenne. Et puis une envie aussi qui en découle en cascade, l'envie de trouver une façon de subvenir à mes besoins simplement. Et puis une honte, le ressenti d'avoir toujours été la petite fille dépendante des autres (ses parents, les adultes, les autres collègues, ses exs-compagnons), sans savoir si c'est encore fondé (un peu peur de le voir, peur peut-être aussi de se rendre grâce pour le fait d'avoir malgré le fonctionnement qui complique tout malgré tout pu trouver des solutions, su aussi faire des efforts). Un fond de colère de ressentir aussi que le milieu familial assez peu éduqué et contre la psychologie (aveuglément) sans même en connaître quelque chose (ma colère profonde devant non pas tant l'ignorance qu'affirmer savoir en refusant l'hypothèse de pouvoir se tromper), ce milieu familial qui freine tellement l'accès aux soins, je pense.

Un mélange d'émotions qui libèrent des colères, permettent de faire émerger son pendant d'espoir, de projets.

Et toi, Fluxus, saurais tu dire si ton après-diagnostic t'a significativement permis de trouver déjà un peu plus d'aide, de soulagement? Est-ce que ce diagnostic a influencé tes décisions pour ton avenir? Donné naissance à des projets? As tu aussi vu des difficultés émerger? Des craintes?
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Re: Souffre-douleur à l'école

Message par Fluxus »

Leanox a écrit : mardi 9 novembre 2021 à 15:23 Cette vision pleine d'acceptation me touche. J'aurais écrit "est belle" mais pas certaine d'être comprise ^^
Merci ! En tout cas, c'est la vision que j'ai avec le peu de recul que j'ai pu avoir sur la question et avec mon propre cheminement.
Leanox a écrit : mardi 9 novembre 2021 à 15:23 Et toi, Fluxus, saurais tu dire si ton après-diagnostic t'a significativement permis de trouver déjà un peu plus d'aide, de soulagement? Est-ce que ce diagnostic a influencé tes décisions pour ton avenir? Donné naissance à des projets? As tu aussi vu des difficultés émerger? Des craintes?
Mon diagnostic est encore trop récent pour que je me prononce pleinement sur la question...

Tout ce que je peux dire, c'est que maintenant, je fais plus attention à moi et que j'ai tendance à me centrer un peu plus sur mes ressentis plutôt que d'écouter les commentaires et remarques des autres autour.

Influencé des décisions ou des projets, je ne sais pas trop, oui et non.

Non parce que concrètement, je n'ai pas changé mes activités depuis le diagnostic (je pense notamment à mon orientation dans le cadre de mes études), oui parce que je me laisse la possibilité parfois, de songer à d'autres choses... Mais pour le moment, rien de très concret.

Pour les difficultés, à part la sensation assez classique et fréquente d'avoir l'impression de pouvoir "moins" tolérer certaines choses et d'avoir la sensation de pouvoir fournir moins qu'avant en terme d'efforts (même si en soi, dans le fond, c'est plus issu d'un craquage qui pousse justement au diag que du diag en lui-même), pour le moment, je n'ai pas vu de difficultés supplémentaires...

Si ce n'est que, pour en revenir aux études (c'est toute ma vie), c'est vrai que je me remets plus en question sur ce qui m'attend pour l'avenir et que ça peut m'inquiéter un peu en pensant à plus tard et à l'entrée dans la vie active.
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Re: Souffre-douleur à l'école

Message par Zia . »

Pas diagnostiqué mais concerné aussi.

Il a fallu que j'attende l'âge adulte pour comprendre qu'entretenir de bonnes relations avec son entourage (à l'école, au boulot) était une question de survie.
Dans un groupe, dès qu'il y a une tension ou un problème, tout retombe toujours sur celui ou celle qui est un peu à l'écart : c'est la fonction du bouc-émissaire, être le réceptacle des frustrations d'autrui.

Le problème avec l'aspect répétitif de ce genre d'expérience, c'est qu'on acquiert peu à peu la conviction d'être simplement nul, ou que ce qu'il y a de spontané et/ou naturel en soi est mal. Et plus j'avance dans la vie, plus la fonction de bouc-émissaire est dangereuse (croyez moi, un adulte qui vous prends en grippe sans raison au boulot est bien plus dangereux qu'une troupe d'enfants).
Pour moi c'est très dur de revenir sur cette croyance, et de lâcher mon jeux de rôle : un peu comme si c'était une question de vie ou de mort.
Sur le long et périlleux chemin du diagnostic