Ceci concerne mon conjoint, qui a un diplôme d’ingénieur, et qui depuis plus de dix ans a alterné entre postes de chef de projets pendant 18 mois au maximum et chômage, en sachant que c’était le plus souvent des CDI, et qu’on l’a à chaque fois poussé vers la sortie, parce qu’il ne correspondait pas à la culture de l’entreprise, qu’il ne « rentrait pas dans le moule » et que malgré ses compétences techniques ça ne collait pas – lors de son précédent poste, on lui a même reproché de trop travailler…
Bref, il a trouvé un poste en août 2019 comme chef de projets digitalisation, après environ 8 mois de chômage. Bon, les premiers mois, il n’y avait pas tellement de boulot à faire au niveau informatique, car son service dépend du service informatique interne et d’autres services qui connaissaient des ralentissements, mais il était toujours là-bas tôt le matin (pour aussi être tranquille, seul, avant que n’arrivent ses deux collègues dans le bureau, ainsi que la ronde des personnes qui viennent voir ses collègues du support informatique), participait aux réunions en se forçant à faire bonne figure ou à retenir des commentaires trop abrupts (sans pour autant toujours y parvenir), bref, il essayait malgré tout et malgré la fatigue de faire du bon travail.Spoiler :
Mais il y a quand même eu à plusieurs reprises des couacs au niveau de la communication, qui ont été repris par son chef, dont un assez important – il avait participé à une formation interne à un logiciel, qui n’était apparemment pas très bien faite, et comme la formatrice avait demandé aux participants de faire un bilan évaluatif de la formation, mon conjoint a pointé du doigt tous les à peu près, les approximations voire les erreurs commises, tout en donnant des points d’amélioration possibles, ce qui a été très mal perçu. Au point où, convoqué par son chef qui trouvait cet écrit inadmissible, mon conjoint, qui est tombé des nues (pour lui, on lui avait demandé d’évaluer la formation, il a donc évalué ce qui allait et ce qui n’allait pas, en proposant des idées pour les améliorer), a complètement craqué, a fondu en larmes, et a évoqué le fait qu’il avait toujours eu des problèmes au niveau de la communication et de la sociabilité, et qu’on soupçonnait notamment chez lui un syndrome d’Asperger – nous étions à ce moment-là, tous les deux, en train d’écrire une lettre pour prendre rendez-vous chez un médecin spécialisé –. Son chef, qui connaissait apparemment un peu, s’est tout de suite apaisé, a discuté avec lui, en disant même à mon conjoint qu’il pouvait en cas de doute lui envoyer le brouillon de ses mails pour correction et validation avant envoi – ce que mon conjoint a fait à deux ou trois reprises, parce qu’il n’osait pas trop l’importuner non plus, dont une fois très récemment, il y a une dizaine de jours -.
Spoiler :
Cet épisode avec la formation lui a valu la prolongation de sa période d’essai, et a accru son anxiété sur le long-terme (car il avait toujours cette peur de se faire « foutre dehors »), avec au fur et à mesure la fatigue qui s’accumulait (bruits des conversations de la machine à café située à côté de son bureau, difficultés à s’intégrer dans les conversations informelles avec ses collègues – il se mettait donc dans sa « bulle », derrière ses deux écrans d’ordi, avec ses écouteurs, et faisait « l’ours » -, manque de sommeil aussi, les réunions auxquelles il était convoqué et qui duraient deux ou trois heures, et où il parlait parfois juste cinq minutes, parce qu’il n’avait rien à dire étant donné que c’était sur des sujets qui ne le concernaient pas, mais il devait quand même faire acte de présence…).
Mais j’en viens à la situation présente, après avoir exposé un peu longuement le contexte.
Dans le cadre de la situation sanitaire, mon conjoint est une personne vulnérable. En mars, il avait été placé en chômage partiel. Depuis mi-mai, le siège où mon conjoint travaille a rouvert partiellement, mais étant vulnérable, et comme le service dont il dépend n’avait pas beaucoup repris, il a continué à être en chômage partiel (mais avec quelques demandes de la part de certains collègues pour intervenir sur des trucs à distance). Son chef, avec lequel il est en contact par mail et téléphone, lui avait dit fin mai qu’ils le feraient reprendre en télétravail à partir du 22 juin, puis, la semaine dernière, il lui a dit par téléphone qu’il reprendrait finalement à partir du 29 juin (toujours parce que le service en question n’avait pas beaucoup repris).
Aujourd’hui, au téléphone, son chef lui a dit qu’après réflexion avec la RH, notamment, on lui laissait six mois pour réfléchir et trouver une voie de sortie, parce que concrètement, ils ont besoin pour ce poste de quelqu’un qui a des compétences en communication, et que les qualités au niveau des compétences techniques de mon conjoint ne peuvent combler ses difficultés au niveau communicationnel. A de nombreuses reprises, comme spécifié précédemment, mon conjoint a connu des difficultés pour communiquer avec d’autres personnes de l’entreprise, car ce qu’il disait ou écrivait parfois était jugé comme manquant de diplomatie, que ça ne « se faisait ou disait pas ».
Son chef lui a dit que dans les prochains mois, il allait avoir besoin de quelqu’un allant parler avec des clients internes pour faire des analyses de besoin, pour créer des cahiers de charge, qui soit souple face aux demandes… Et que donc, ben, il sait bien que mon conjoint n’est pas compétent pour ça.
Depuis quelques semaines, nous avions comme projet de reprendre le parcours diagnostique avec le médecin spécialisé, et notamment d’écrire, chacun, notre parcours depuis l’enfance jusqu’au parcours professionnel, comme demandé par la médecin. Avec les récents événements assez perturbants, on n’a pas beaucoup avancé là-dessus, mais on va mettre un coup d’accélérateur pour faire au moins le sien.
Parce que concrètement, là, l’histoire se répète au niveau professionnel, c’est toujours suivant le même principe, on lui dit qu’il a plein de qualités sur le plan technique mais qu’au niveau sociabilité et communication, ce n’est pas possible pour eux de travailler avec lui. On ne peut donc pas dire que c’est juste un concours de circonstances parce que des fois ça ne fonctionne pas avec tel chef ou tel service, non. Ce type de situation s'est déjà produit auparavant cinq fois. Ce serait donc là la sixième fois qu’on le pousserait vers la sortie (même si à l'heure actuelle rien n'est acté, et que rien juridiquement n'a été lancé ; pour le moment ce sont des paroles, il n'y a pas d'écrit). En tout cas, il n’en peut plus, moralement.
Il pensait notamment appeler la spécialiste pour lui exposer sa situation et lui demander un rendez-vous de manière assez urgente, afin de savoir ce qui ne va pas chez lui pour en arriver toujours à ce résultat au niveau professionnel ; pour ma part, je suis plutôt pour passer par l’écrit et déjà finir l’écrit de présentation du parcours (depuis l’enfance) qu’elle avait demandé, avant de lui demander un rendez-vous par mail (pour lesquels elle répond rapidement), comme c’était prévu de toute manière avant les récents événements.
Voilà, bravo à ceux qui auront lu tout ou partie de ce long message… si certains ont des idées sur la manière de procéder pour la suite, nous sommes preneurs…