[Index] Harcèlement au travail, perte de confiance en soi

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daphnée
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[Index] Harcèlement au travail, perte de confiance en soi

Message par daphnée »

Bonjour,

Je subis du harcèlement au travail.

C'était le cas sur mon poste précédent (j'étais secrétaire avec une autre collègue à l'accueil, on n'était que deux, et elle m'a harcelée pendant trois ans, jusqu'à ce que je craque : je n'arrivais plus à travailler).

Là, je suis dans un nouveau cabinet médical. Ca se passait bien avec toute l'équipe (on est nombreuses), sauf avec une en particulier.
Disons qu'il y en a aussi une deuxième qui est assez désagréable et elles s'y mettent à deux.
Mais c'est surtout une des deux pour qui je parlerais de harcèlement.

Mais le terme harcèlement lui-même est assez délicat à établir. Pour mon ancien poste, je suis sûre, point par point, que c'était du harcèlement (j'ai même fait l'analyse avec un psychiatre).

Je suis fragilisée de mon ancienne expérience et n'ai peut-être pas les idées claires.

Concrètement, j'ai commencé à travailler dans le nouveau cabinet il y a quelques mois... et la personne dont je parle s'entend bien avec toute l'équipe. C'est une personne qui parle beaucoup d'elle, critique beaucoup les autres, parle fort, rigole fort, etc...

Elle est juste différente avec moi. Elle me regarde méchamment, me dit bonjour comme si elle était forcée de le faire (on sent que je ne suis pas la bienvenue pour elle). Par moment ça peut lui arriver d'être gentille (et ça n'a pas l'air forcé), ce qui est totalement déstabilisant.
Mais à longueur de journée, du moins quand elle travaille avec moi, elle m'adresse la parole pour me critiquer.

Je veux bien comprendre que je suis nouvelle et que je ne vais pas tout réussir du premier coup. Mais ses critiques sont cassantes.
Elle répète très souvent l'expression "non mais ce que tu fais là, ça sert à rien". Ou alors, elle me dit que je fais mal certaines choses alors que c'est injustifié (c'est selon son avis à elle mais objectivement il n'y a rien de mal). Je n'ai pas d'exemple en tête mais je peux vous assurer qu'il n'y a que ses reproches à elle que je trouve injustifiés.

J'en ai parlé à la responsable qui m'a dit qu'elle sait que cette personne pose parfois problème... que je dois essayer de m'affirmer...

A part ça je ne pense pas que cette fille risque sa place car elle est très compétente à son poste, polie avec les supérieurs et s'entend bien avec eux, etc... et semble même avoir "plus de responsabilités" que les autres... Je crois qu'elle a une fonction de déléguée du personnel mais je suis pas sûre. En tout cas, dans les fait, elle se comporte comme une manager alors qu'elle est une secrétaire parmi d'autres.

Et moi je me sens méprisée par elle, et surtout rabaissée en permanence. C'est comme si elle détruisait toute ma confiance en moi, qui me semble nécessaire pour travailler (j'ai déjà été secrétaire pendant trois ans et je connais mon métier... en passant elle a moins d'expérience que moi).

Récemment la chef m'a convoquée pour prolonger ma période d'essai de deux mois supplémentaires, m'informant que l'équipe dit du mal de mon travail. J'étais surprise car je trouve les autres filles sympas... Mais c'est vrai que j'ai toujours sentie qu'elles étaient trop "sur moi" à me reprendre au moindre détail...

J'espère que je ne suis pas simplement une personne qui ne vois pas ses propres défauts. Mais j'ai travaillé trois ans pour un médecin chirurgien renommé qui m'a toujours affirmé d'être très content de mon travail, je ne vois pas en quoi je serais spécialement incompétente...

Là je vais au travail avec l'appréhension, et j'ai peur de craquer et de pleurer, ce qui s'est déjà produit... car je n'ai rien à répondre contre ce genre de critiques... J'ai déjà essayé différentes choses : rester calme (mais c'est prendre sur moi), me défendre... Rien n'y fait, c'est un sport pour elle de se défouler sur moi... Le problème c'est que je ne me sens pas bien dans mon travail et je sens que le contrat va se terminer à cause de ça, que je vais encore craquer...

Je suis dégoûtée car c'est pas évident de trouver un poste avec un salaire correct, et surtout j'ai déménagé dans une petite ville là, donc je ne vais pas retrouver du travail facilement (à cela s'ajoute des problèmes de fatigue en ce moment et sensibilité au bruit...).

Je précise que la neuropsychologue qui m'a suivie trouvait que je correspondais beaucoup au syndrome d'asperger et elle m'a dit que ce sont mes particularités qui attirent ce genre de critiques. Je m'en rends compte... Mais je trouve que mes particularités ne dérangent personne. Ce n'est pas parce que je suis un tout petit peu différente d'elle avec les patients, que je suis perfectionniste, que je prends les choses au premier degré, qu'il faut s'attaquer à moi comme si j'étais une cible...

Je précise également que c'est pas forcément flagrant pour les autres autour, car les phrases qu'elles m'adressent peuvent paraitre à elles seules relativement anodines, mais accumulées dans le temps cela joue sur mon moral.

Une fois je m'en suis rendue compte, j'ai été seule à l'accueil avec elle toute l'après-midi. En arrivant, j'étais bien. En rentrant chez moi, j'étais déprimée.

Et ces jours-ci je suis vraiment très déprimée. Je suis en arrêt de travail pour raison de santé qui n'a rien à voir avec ça, mais je crois que la déprime a un lien aussi avec le travail...

Si vous avez des conseils, je suis preneuse...
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freeshost
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Re: harcèlement au travail et perte de confiance en soi

Message par freeshost »

Ah ! Ces personnes qui harcèlent ! C'est pathologique ! Un véritable problème de santé publique !

Les deux te harcèlent seulement toi ?

Continue d'en parler à nous et à tes supérieurs, à tes proches et à des psychologues, voire à d'autres victimes de harcèlement.

Don't stay alone. Ne reste pas seule. Bleibe nicht allein. Non rimani sola.

Ou lui as-tu parlé directement en lui exprimant ce que tu ressentais ? En lui demandent éventuellement pourquoi elle avait cette attitude avec toi ? En lui demandant si elle est capable de vivre sans bouc émissaire ?

Elle aime parler fort pour se faire entendre et couvrir les voix des pensées discordantes et des victimes. Fais-toi aussi entendre. [Bon, pas évident pour des personnes spectro-autistes qui aiment le calme et la discrétion.] Pour contrecarrer sa version faussée qu'elle raconte aux autres à propos de toi. [De te fabula narratur. C'est de toi que la pièce / on parle.]

"Non mais qu'est-ce que tu fais là ? Ça sert à rien !"

Une formule pour rabaisser. Pourtant, ce n'est pas en noircissant les autres qu'on se blanchit soit-même.

Que tu t'affirmes, soit. Mais la responsable doit quand même prendre ses responsabilités, au lieu de toujours raisonner comme certains enseignants à l'école "Laissons les enfants se débrouiller entre eux. Pendant ce temps, nous allons papoter autour de la machine à café."

Tu trouves les autres filles sympas, quand elles s'adressent directement à toi. Mais que disent-elles de toi sans que tu ne le saches (dans ton dos) ?

Il s'agit d'aider et non d'enfoncer. Dans une équipe, il me semble qu'il est censé y avoir un esprit de coopération, et non de compétition.

Il va falloir attaquer. :twisted: [La meilleure défense, c'est l'attaque.] Te sens-tu d'attaque ? Quelles stratégies vas-tu développer ?
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Dori
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Re: harcèlement au travail et perte de confiance en soi

Message par Dori »

L'affirmation soi, daphnée. Désolée de me répéter mais c'est un peu l'histoire de ta vie, je crois.

Pour démystifier ta situation, j'ai vécu un harcèlement au travail lorsque j'avais 26 ans par un femme qui était un peu plus âgée que moi. Elle était culottée car elle le faisait par email. Nous ne travaillions pas ensemble, elle siégeait dans un bâtiment à l'opposé du mien et pourtant elle avait réussi à me coincer mentalement en m'adressant des emails au départ cordiaux comme si elle voulait devenir amie. Ensuite, petit à petit, face à mon côté "petit oiseau perdu", elle s'est défoulée. Elle me reprochait en gros d'être faible de façon méprisante. Je n'osais pas aller le signaler à la direction car je craignais qu'on perde toutes les deux nos places.

Parallèlement, j'avais un collègue avec lequel je m'entendais bien. Un jour, n'en pouvant plus, je lui ai raconté ce que je subissais. Il m'a alors expliqué qu'il voyait très bien de quoi je parlais, qu'elle ne pouvait pas s'empêcher d'intimiter et vérifier son pouvoir sur les autres. Il l'avait un jour surprise en train de faire la même chose avec le macho de la boîte. Celui-ci lui a rétorqué un "ta gueule blondasse !" qui lui a cloué le bec sur place.

Suite à cela, mon collègue m'a encouragée à faire de même càd me positionner dans ce jeu de pouvoir. Nous avons attendu avec impatience qu'elle attaque pour que je puisse lui répondre: "j'espère que je ne serai pas aussi conne que toi à ton âge".

Tu ne vas pas me croire, daphnée, mais nous sommes ensuite devenues de grandes amies. C'est la seule du bureau qui est venue me visiter à l'hôpital lors de mon accouchement. Elle ne m'a plus jamais prise de haut.

Je ne dis pas du tout que tu manques de grandes amitiés avec les personnes qui te harcèlent. On s'en fout d'être ami avec ces gens. Ce que j'essaie de faire c'est de te déconstruire le schéma comme si je t'enmenais voir l'envers du décors du château hanté. Tu ne verrais que des mécanismes et tu me regarderais en me disant "quoi ? C'est ça qui fait hurler tout le monde ?!?".

Je ne dis pas ça pour minimiser ta souffrance qui est réelle malheureusement. Mais c'est très pragmatique dans ma tête.

Déjà, retiens que les personnes qui ont besoin de dominer les autres ont paradoxalement une très faible estime d'elles-mêmes. Autrement, elles n'auraient pas besoin de se mettre en position super haute. C'est pour masquer qu'elles se sentent toute petite. C'est le cas des psychopates (manipulateurs pervers). Ils ont un égo mal développé et se délectent de la souffrance des autres. Beaucoup en ont peur mais quand tu connais les mécanismes, il y a moyen de les faire vriller aussi. En soi, aucun intérêt, faut juste les éviter.

Pourquoi est-ce que tu as peur et que tu te mets dans cet état ? Là, il y a lieu de voir dans ton histoire pourquoi tu autorises la chose, pourquoi l'avis et le regard des autres t'importe. Et ensuite, apprendre à recadrer les gens, te positionner et t'affirmer. Une fois que tu le fais, tu transmets un nouveau message qu'on te foute la paix.

Sans cela, tu pourras changer autant d'emploi que tu voudras, tu attireras toujours le/la "mal baisée" de service.

Déja, sache que ce n'est pas contre toi dans le sens où, ta collègue aurait fait ça avec quelqu'un d'autre que toi. Il n'y a pas lieu de remettre en question qui tu es. Je sais, plus facile à dire qu'à faire mais tu le dis toi-même que ta compétence n'est plus à prouver.

Ensuite, demande à ta collègue d'objectiver sa critique par des faits pas juste par ses humeurs. A ta place, je lui aurais déjà dit sur le ton de l'humour: "Eh oh ! C'est bon ! Les menstruations, c'est maximum qqs jours par mois pas tout le mois !" ou "déjà la ménaupose ?". :lol:

Désolée, c'est plus fort que moi !
Modifié en dernier par Dori le dimanche 19 avril 2020 à 16:49, modifié 1 fois.
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freeshost
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Re: harcèlement au travail et perte de confiance en soi

Message par freeshost »

Dori va t'aider à développer l'art de la répartie, de la réplique, de la contre-attaque. :twisted: :mrgreen: :twisted:

Autrement, certaines personnes se donnent de la confiance en soi en pratiquant des arts martiaux ou d'autres activités physiques. [Non, tu ne vas quand même la foutre K.O. Tu risques d'être virée, en plus de t'attirer de nouveaux commentaires négatifs. :lol: ]

Autres possibilités stratégiques (ça dépend des styles de chaque personne, et des situations, des contextes) :

- ignorer les attaques (ne pas montrer tes émotions, ne pas trembler ni fondre en larmes, rester impassible), ne répondre que sur le positif, l'en féliciter (voire rebondir avec des propositions positives et constructives),
- changer de sujet (solution juste à court terme, et faut être prêt à parler du nouveau sujet :lol: ),
- parler avec d'autres personnes qui ont fait l'expérience d'être victimes de harcèlement (elles peuvent te donner des idées nouvelles auxquelles tu n'aurais pas pensé),
- se rendre compte que tout n'est pas noir (syndrome du grand méchant monde), que tout n'est pas blanc (syndrome bisounours), qu'il y a tout un spectre - encore et toujours des spectres et des continuums :lol: - sur lequel se positionner, nous adapter sans cesse.

Le pouvoir tient sur un château de cartes. La reine sera nue.
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Dori
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Re: harcèlement au travail et perte de confiance en soi

Message par Dori »

Super conseils ! :bravo: Surtout les arts-martiaux, ça a aidé mon fils à quitter le harcèlement à l'école.

Je crois qu'avec Freeshost comme coach, on est bon là !

Je te sens bien daphnée aller mettre la paté à ces deux %*&#@&(£₩ !!!
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daphnée
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Re: harcèlement au travail et perte de confiance en soi

Message par daphnée »

Oooooh :love:

Vous êtes trop mignons ! :kiss:

Merci beaucoup pour tous ces conseils. Et merci d'être là pour moi.

Vous avez pris le temps de lire mon pavé et de me répondre. :oops:

Alors oui la fille dont je parle me harcèle seulement moi (en tout cas en ce moment... car une collègue avec qui je m'entends bien m'a confié avoir été aussi embêtée par la même personne lors de son arrivée dans l'entreprise).

L'autre, c'est différent, elle a juste des sautes d'humeur avec tout le monde :lol:

J'ai déjà essayé de parler à celle qui me pose problème.
Mais je ne sais pas m'y prendre.
La première fois je lui ai dis "bon écoute, j'aimerais que tu changes de ton avec moi, et je commence à en avoir marre d'être autant critiquée sur des détails"... (suite à quoi elle a répondu : "ok, je ne te dis plus rien")
Ensuite j'en ai informée la responsable qui m'avait dit de la tenir au courant en cas de problème (car elle sait que j'ai eu un problème de harcèlement auparavant dans un autre cabinet). La responsable a quand même pris le soin de la convoquer.
Comme elle s'est calmée, j'ai culpabilisé et essayé de sympathiser avec elle, en lui disant que j'avais peut-être été trop loin en parlant à la supérieure, que c'était peut être juste son caractère de me parler comme ça etc... que j'avais peut être fait des erreurs dans mon travail (bref, je me suis remise en question et j'aurais pas du, comme trop souvent avec ce genre de personnes...). Ce qui m'a perturbé est peut être le fait qu'elle m'ignorait mais s'entendait bien avec tout le monde, ce qui m'a peut être obligée à me remettre en question.
Mais bon, elle a recommencé quelques jours après à se comporter mal comme avant...

Et non, je ne me sens pas vraiment d'attaque en ce moment à riposter. D'une part, je suis en période d'essai dans mon contrat de travail. D'autre part, je n'ai pas trop le moral, et pas trop confiance en moi ces temps-ci... et je sens que si je commence à m'énerver, l'émotion va monter...je vais au minimum rougir, et très certainement perdre mes moyens, trembler, faire des erreurs dans mon travail, bref, être perturbée. C'est ça souvent qui me dissuade de répondre... c'est que parfois j'en suis pas vraiment capable...

Comme stratégies, je vais déjà essayer de faire un travail sur moi, essayer d'aller mieux et donc d'arriver au travail un peu moins stressée, ce qui va certainement m'aider à gérer la situation. J'essaierai de la remballer diplomatiquement mais uniquement si je me sens d'attaque :lol:

Très bonne idée l'activité physique aussi. C'est important de ne pas paraître faible...

Tu m'as fait trop rire avec ta stratégie "changer de sujet" :lol:

Je veux bien te croire Dori ^^ J'ai déjà entendu ce genre d'histoire : des personnes qui deviennent amies après une dispute.
C'est très intéressant ce que tu dis concernant les raisons de ma réaction. Il est certain que j'ai horreur du conflit, notamment du fait de certaines choses auxquelles j'ai assisté dans le passé. Mais j'ai toujours détesté le conflit... J'ai été beaucoup harcelée dans ma scolarité, ou au minimum on se moquait de moi, ça dépendait des années... Du coup, j'en viens à déduire que ça me suit... Mais je ne devrais pas autoriser la chose :D

Merci pour vos encouragements, vous êtes super :kiss:
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freeshost
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Re: harcèlement au travail et perte de confiance en soi

Message par freeshost »

Il y a aussi d'autres "stratégies", mais d'un autre point de vue (celui où tu ne veux/peux pas coopérer, où tu ne peux pas donner la chance à l'autre d'améliorer son attitude) :

- couper les ponts définitivement (plus facile quand ta vie et ton bien-être ne dépendent pas de la relation en cause ; never more answer, you don't miss the other person anyway ! l'autre personne ne te manque pas du tout ; ton sens de la vie ne dépend aucunement des aléas de sa vie ; tu t'en fous, aucune culpabilité, le réel détachement définitif, tu es un électron libre, c'est toi qui tiens l'archet du violon [ET le violon, bien sûr :mrgreen: ]),
- contre-attaquer de manière acerbe (voire cruelle, dans le but de prendre des mesures dissuasives, tranchantes) sans que l'autre ne s'y attende (ne pas lui donner le signal que tu vas aiguiser tes armes)*.

* Ça peut me tenter. Mais pas au niveau physique, plutôt aux niveaux psychologique et juridique. Le niveau psychologique est puissant. Le niveau juridique l'est aussi parce qu'il est crédibilisé dans l'État de droit. [Tu sors les crocs, tu tranches la gorge ! Tu veux la paix ? Tu leur offres la peur !] En gros : sans pitié ! [Après, tu peux éventuellement y mettre des nuances dans ta stratégie de communication. Le point sûr est que tu veux montrer que tu veux avoir la paix, qu'on te crisse la paix !]

Maintenant, écoute ce morceau et imagine-toi en train d'élaborer tes stratégies (tout en macérant les touches du piano ou en faisant glisser l'archet sur les cordes, vigoureusement !) ! :twisted:

"Je ne vais pas me laisser faire." :twisted:
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lulamae
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Re: harcèlement au travail et perte de confiance en soi

Message par lulamae »

Je n'aurais pas grand-chose à ajouter sur ce que dit @freeshost, peut-être deux choses en complément :
- j'ai fait du tai-chi pendant 14 ans, et un an de kung fu : les arts martiaux entraînent certes à se défendre, mais surtout à voir venir la personne en face, à jauger son comportement avant d'être sur la défensive. Ils enseignent aussi à créer autour de soi un "cercle de distance", d'intimité. Seuls les très proches, ceux qu'on choisit nous, doivent être autorisés à franchir ce cercle.
Le malheur, c'est que si tu as été, enfant, éduquée (je devrais dire "dressée") à ne pas t'écouter, à ne pas écouter ton corps, ou que tu as subi des abus (pas forcément sexuels, mais des formes de maltraitance), c'est difficile de s'écouter et de se respecter assez pour dire stop si quelqu'un entre au-delà du cercle de protection. Ca peut s'apprendre, pas forcément par les arts martiaux, plutôt par une prise de conscience, et un travail sur la communication. C'est un long processus.

Encore sur les arts martiaux : si quelqu'un à qui tu as laissé sa chance te frappe physiquement, il y a des chances pour que tu répliques, ou que ce soit le droit qui le fasse pour toi. Seulement, tu ne retournes pas vers la personne après. Elle t'ignorait ? Mais tant mieux ! Tu étais tranquille. Ta peur, c'est celle qu'elle ait une influence sur les autres, et qu'ensuite plus personne ne te parle, peut-être ? Elle est logique, cette peur, mais c'est une peur, ce n'est pas la réalité. Tu peux la confronter à des vérifications, en observant : s'entend-elle si bien avec les autres, ou a-t-elle une sociabilité de surface ? Ecoute-la parler aux autres, peut-être a-t-elle les mêmes mécanismes.

- Sur le conflit : la neuropsy avec qui je travaille m'a engagée l'autre jour, alors que je lui parlais d'un problème avec une employée de la pharmacie, à bien peser le pour et le contre de la fuite ou de l'"attaque" (parler du problème), et surtout, à me demander si j'étais prête à assumer les conséquences, c'est-à-dire sa réaction, quelle qu'elle soit. C'est une bonne question, parce que ça fait réfléchir à la manière de poser le problème.
C'est un peu comme les enfants : est-ce qu'on veut juste gagner (= pisser autour de soi pour marquer son territoire), ou est-ce qu'avec les mots on veut construire les bases d'une autre situation ?
J'ai lu une fois quelque chose sur une victoire obtenue sur un adolescent, mais bien amère, parce qu'elle n'avait pu se faire qu'en rabaissant la personne. Est-ce qu'on veut gagner à ce prix-là ? Est-ce que ce sont nos valeurs ?

@Dori, par exemple, ça claque tes réparties, c'est sûr, mais je ne me vois pas féliciter un macho qui dit "pouffiasse blonde" ou traiter une femme de ménopausée ou de mal-baisée. C'est sexiste, et tu ne te respectes pas en parlant comme ça d'une femme ou à une femme. C'était sans doute dans une bonne intention, et c'est sûr qu'il vaut parfois mieux être tranquille à n'importe quel prix, mais si elle s'affirme de cette manière et que ça ne lui correspond pas, ça se sentira de toute façon. Il vaut mieux qu'elle en profite pour comprendre les mécanismes qui se jouent (comme tu l'as bien expliqué), et qu'elle trouve petit à petit ses réponses, sa propre volonté de dire stop et de défendre son cercle de protection.
Ca remonte sûrement à loin cette fragilité, et c'est tout un équilibre à reconstruire. Bon courage @Daphnée. :)
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Autrey
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Re: harcèlement au travail et perte de confiance en soi

Message par Autrey »

Les autistes sont souvent victimes de harcèlement à l'école, travail, clubs sportifs,etc..

Il y'a le problème de se sentir en situation de faiblesse par rapport à d'autres gens qui eux connaissent les codes et évoluent comme un poisson dans l'eau dans leur environnement. L'autiste lui ne peut pas être spontané car il doit comprendre la situation avant d'apporter une réponse. Les neurotypiques sentiront tout de suite une personne en retrait et si certains n'en profiteront pas, d'autres eux s'en serviront pour essayer de manipuler, ou juste par bêtise pure, ou pour essayer de se mettre en avant aux dépens de l'autiste,etc...
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daphnée
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Re: harcèlement au travail et perte de confiance en soi

Message par daphnée »

Merci beaucoup pour vos réponses. :love:
Je les ai lues attentivement.

Freeshost tu parlais de "couper les ponts définitivement" comme une des stratégies possibles, et pour les personnes les plus sournoises, il parrait que c'est souvent la meilleure solution...

La situation s'est réglée d'elle même: ma responsable m'a téléphoné pour me convoquer à un entretien cet après-midi. Elle m'annonce mettre un terme à ma période d'essai... (avec un préavis)

Je ne dis pas que je suis en train de sauter de joie, loin de là. Je suis même déçue, j'étais contente d'avoir trouvé ce travail...

Son motif : "je suis trop attachée aux règles, trop carrée, dans ce cabinet il y a besoin de s'adapter". (ça, c'est fait :lol: )

J'étais tellement triste de cette nouvelle que je n'ai pas su répondre quoi que ce soit... Je me suis même effondrée en larmes devant elle, mais bizarrement déjà en arrivant au cabinet j'avais envie de pleurer. Elle m'a dit "vous avez le droit de parler vous savez". J'avais juste l'air complètement recroquevillée sur moi à toucher mes bras avec mes mains pour me calmer et pleurer c'est tout... Ce genre de moments dans lesquels je ne me sens pas adulte dans mes réactions...

Mais ce que j'en pense dans le fond, c'est que je sais faire preuve d'adaptabilité, mais qu'on ne peut pas juger de mes compétences dans un contexte où je subis des pressions.

Mon médecin généraliste actuel qui m'a été recommandé par quelqu'un pour sa compétence, m'a également adressé à une psychologue qu'il estime très compétente, mais qui a 120€ d'honoraires pour 1h30 de consultation.

Ayant appelé mon médecin en pleurs tout à l'heure pour lui dire que j'avais des doutes sur le traitement qui agit sur la sérotonine (ce n'est pas la première fois que ce genre de traitement empire mon état niveau moral)... il m'a dit d'arrêter le traitement et de voir cette psy à tout prix.

Le problème est que ce médecin généraliste ne pense pas que j'ai un TSA. Il croit que ce sont seulement des intolérances alimentaires qui m'ont rendue comme ça. :innocent: Cette psy à qui il m'adresse ne doit pas s'y connaitre en TSA (je ne lui ai pas demandé, pas pensé)... De toute façon j'ai rarement trouvé quelqu'un avec qui pouvoir efficacement dialoguer sur le sujet.

Je n'ai pas osé lui dire non et ai pris rendez-vous avec la psy (je me fiais à son opinion aussi)... puis j'ai réfléchis, et je me suis dis que dépenser autant d'argent alors que j'ai d'autres besoins prioritaires (et pas énormément de moyens), n'est pas une bonne stratégie, d'autant plus que j'aurais plutôt besoin d'une prise en charge par quelqu'un connaissant les TSA, dans la mesure où je pense être concernée ou au moins très proche en fonctionnement... Alors dès que j'ai eu la mauvaise nouvelle de rupture du contrat, j'ai rappelé la psy pour lui dire que j'avais perdu mon travail et que ayant pris rendez-vous à la base pour un état qui concernait en grande partie le travail, je préférais annuler le rendez-vous pour le moment.
Alors qu'elle avait été très douce et à l'écoute en décrochant, dès que j'ai dis ça elle a répondu très rapidement "d'accord vous faites comme vous voulez, si besoin rappelez moi, au revoir."... Je ne sais pas si elle était occupée, vexée... mais j'ai trouvé ça un peu sec. Je n'ai pas trop confiance dans une personne comme cela.

En tous les cas, je crois que je vais tenir le coup, après tout les gens comme cette collègue ne sont pas partout non plus.
C'était peut-être juste un manque de pot de tomber deux fois d'affilée sur des personnes comme ça dans des milieux professionnels.

J'ai l'impression de vivre des sortes de "meltdown" et "shutdown" de manière répétitive dans ma vie... sans pour autant que ce soit aussi "spectaculaire" que pour d'autres autiste, moi c'est "léger", je dis léger mais c'est dur à vivre quand même). Mais malgré les état dépressifs temporaires, je n'ai aucune pensée scuicidaire, et je suis toujours capable de me relever... Juste peut-être quelques troubles alimentaires... Sinon ça va, je supporte les problèmes. Je préfère toujours me débrouiller seule, fuire le conflit, que me fier à des personnes en qui je n'ai pas confiance ou qui ne semblent pas voir quelle est ma valeur (évidemment, je dis ça en toute modestie, je ne pense pas être une personne exceptionnelle, mais du moins je pense que je ne fais du mal à personne et ai beaucoup de bonne volonté, ainsi que des capacités certaines).

J'essaie de rester confiante. La responsable m'a conseillé de travailler dans une plus petite structure. Je ne suis pas sûre que ça soit le problème majeur... En tous les cas maintenant je n'ai plus le choix.

Heureusement que je peux parler à des personnes qui me comprennent. :oops:

Merci encore :kiss:
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Jolteon
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Re: harcèlement au travail et perte de confiance en soi

Message par Jolteon »

daphnée a écrit : lundi 20 avril 2020 à 15:59
J'essaie de rester confiante. La responsable m'a conseillé de travailler dans une plus petite structure. Je ne suis pas sûre que ça soit le problème majeur... En tous les cas maintenant je n'ai plus le choix.
Pour le problème du harcèlement par les collègues, je pense que ce qu'il te faudrait (si c'est possible) c'est travailler seule. Par exemple, être la secrétaire d'un médecin qui exerce seul dans son propre cabinet. Et que le médecin est question soit "gentil".

J'ai subi du harcèlement scolaire pendant plus de 10 ans. Lorsque j'ai eu mon diagnostic à l'âge adulte, on m'a expliqué que les autres enfants/ado voyaient tout de suite qu'il y avait "quelque chose'' et que j'étais une cible facile.

Apparemment, tu es aussi identifiée comme cible facile par tes collègues, que ce soit à cause d'un peut-être autisme, de ta personnalité ou autre. Changer d'emploi ne résoudra malheureusement pas le problème car il y a des harceleurs partout. Mais je dirais que moins tu as de collègues moins tu as de chances de te faire harceler (statistiquement) et qu'il est plus facile de se défendre contre un harceleur que contre un groupe.

Bon courage pour la suite!
TSA (2018)
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freeshost
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Re: harcèlement au travail et perte de confiance en soi

Message par freeshost »

Bon, ben, "ça, c'est fait". :mrgreen:

Couper les ponts n'est pas toujours facile/évident/envisageable quand il s'agit de la job, donc des revenus.

Mais se faire piler dessus n'est pas non plus facilement envisageable.

"Vous avez le droit de parler." a-t-elle dit. Peut-être t'a-t-elle encouragé durant le travail, avec les collègues. Se parler pour se faire entendre, pour se défendre, pour le papotage (le small talk). Mais communiquer (surtout en papotage) n'est pas évident pour les personnes spectro-autistes. Et ta cheffe ne connaît peut-être pas le spectre autistique. Cela dit, je t'encourage aussi à parler, même si ce n'est pas facile. Après tout, dans les prochaines entreprises où tu travailleras, tu risques d'être confrontée à des situations similaires. Autant t'y préparer, apprendre de cette expérience. Car, comme beaucoup de personnes (pas seulement toi), tu risques de subir des pressions ou des "tests" (des personnes qui cherchent à te tester, que ce soit avec de bonnes ou de mauvaises intentions).

Et même - surtout ! - des collègues bienveillants t'encourageront à parler. [Mais ils insisteront sûrement moins s'ils connaissent, comprennent et acceptent tes difficultés à communiquer. D'où l'importance, à mon avis, de faire connaître encore plus le spectre autistique dès l'école obligatoire. Une fois rangés dans leurs jobs à 100 %, les gens n'ont plus trop le temps, l'énergie et la motivation pour apprendre de nouvelles choses (surtout complexes). On peut aussi remettre en question la dictature du travail à temps plein.]

"Une personne qui ne parle pas, ça fait bizarre." :mrgreen: Elle va donc attirer l'attention, car les personnes s'attendent que toutes les personnes communiquent. Et l'autisme est une différence invisible, avec les ressentis invisibles, les efforts invisibles. Pour ma part, j'encourage les personnes à aller au-delà de l'apparence. Mais, pour ce faire, il faut les aider, leur donner plus d'informations sur soi (self-disclosure, une part du small talk, pas si inutile) car l'apparence n'est qu'une infime part des informations que l'on révèle sur soi.

Vas-tu alors décider de communiquer ou de ne pas communiquer ? Tu peux t'inspirer de Paul Watzlawick et de son livre Une logique de la communication (dont voici un résumé), éventuellement de la double contrainte.

"Je préfère toujours me débrouiller seule, " Bien sûr, mieux vaut être seul que mal accompagné. J'espère que tu trouveras des personnes de confiance et bien intentionnées. Car, seul, ça peut être difficile, lourd. Et personne n'a à porter le poids du monde. [Laisse le géant Atlas faire ça. :mrgreen: ]

"Je n'ai pas osé lui dire non" Va falloir apprendre ça. Autrement, tu risques d'être le pantin, le jouet, l'esclave des autres. La difficulté à dire NON peut venir de facteurs internes (le manque de confiance en soi, notamment pour éviter les conflits, le manque d'expérience, parfois parce qu'on n'a pas encore vraiment dit OUI à autre chose, à quelque projet, etc.) ou de facteurs externes (une situation exceptionnelle, inhabituelle, inconnue ; les techniques d'influence sociale, comme notamment le pied-dans-la-porte ; les sophismes, comme le faux dilemme, lesquels peuvent facilement s'engouffrer dans la brèche des biais cognitifs).
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)
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Re: harcèlement au travail et perte de confiance en soi

Message par Dori »

Bravo d'avoir annulé le rdv que tu ne souhaitais pas. :bravo:

C'est tombé rapidemment cette nouvelle. J'espère que tu n'es pas trop sonnée même s'il y a soulagement.
TSA
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freeshost
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Re: harcèlement au travail et perte de confiance en soi

Message par freeshost »

En tout cas, tu peux demander à Dori et à lulamae de respectiver t'aider en arts de la répartie et arts martiaux. :mrgreen:
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

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lulamae
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Re: harcèlement au travail et perte de confiance en soi

Message par lulamae »

freeshost a écrit : lundi 20 avril 2020 à 22:49 En tout cas, tu peux demander à Dori et à lulamae de respectiver t'aider en arts de la répartie et arts martiaux. :mrgreen:
Je n'aiderais plus à grand-chose : je n'ai plus de disponibilité pour faire du tai-chi : j'avais retrouvé en déménageant une super prof, mais cette andouille s'est mise à faire du qi-gong... J'ai quand même continué, mais surtout le créneau horaire ne m'a plus convenu une fois que j'ai retravaillé.
Quant à l'art de la répartie, je peux l'avoir, mais je m'en méfie : il m'est arrivé d'avoir la dent dure, et je n'aime pas trop, mais il m'est arrivé aussi d'avoir l'esprit d'escalier et de trouver la réplique parfaite un étage plus bas... trop tard ! :hotcry:
Diagnostic d'autisme juillet 2019.