Ras le bol des professionnels ?

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
Braisillon
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Ras le bol des professionnels ?

Message par Braisillon »

Bonjour,

Suite à un premier rdv avec une psychologue qui m'a été indiquée par le CRA une petite chose m'a mise mal à l'aise.

Elle m'a dit que avec ses collègues ils recevaient de plus en plus d'adultes en questionnement à cause des médias. J'ai peur du voir un sous entendu comme quoi ça leur laisse moins de place pour les enfants.

Puis elle m'a interrogé sur le fait de venir la voir alors que je suis mariée et que j'ai un enfant, donc présentant moins de difficultés que d'autres patients.
Je ne vais pas m'étendre là dessus, ça fait 10 ans que j'essai timidement de rencontrer un professionnel avec lequel je puisse parler de moi et de la souffrance que je peux ressentir. Sans compter que le fait d'avoir un bébé me met vraiment à rude épreuve et met en exergue des choses dont je n'avais pas conscience.

J'ai eu l'impression derrière la remarque et la question que les professionnels en ont un peu marre des adultes qui viennent les voir en s'interrogeant sur un potentiel TSA.
Un potentiel TSA, j'insiste, car si on va les voir en ayant une piste ce n'est pas pour qu'elle soit forcément validée. Mais par ce qu'on a besoin de réponses face à une détresse et une souffrance. Si la piste du TSA permet de débuter des démarches, quel qu'en soit l'aboutissement ça me paraît bénéfique pour ces personnes qui ne seraient peut être pas allé consulter autrement.
Tout en gardant en tête que les professionnels de l'autisme en France ont sûrement laissé de côté les potentiels autistes de haut niveau nés avant les années 90. Ça ne me paraît pas fou de voir des diagnostics tardifs à l'heure actuelle.

Quels sont vos retours sur ce sujet ?
Sentez vous aussi une lassitude, un ras le bol des professionnels face aux adultes en questionnement ?
Qu'en pensez vous, à l'heure où (en vous lisant sur le forum) très peu d'aides existent pour les adultes autistes ?
TSA suspecté par une psychologue spécialisée dans l'autisme
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Nicolas83
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Re: Ras le bol des professionnels ?

Message par Nicolas83 »

Je ne vais pas répondre à ta première question car je n'ai jamais vu de professionnel pour moi mais je trouve fou que des psychologues puissent être aussi peu psychologues, si je puis dire. Comme si tu allais la voir pour passer le temps.
Père de 3 enfants, dont l'aîné a possiblement un léger TSA de haut niveau. Me posant parfois des questions sur moi également.
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Tugdual
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Re: Ras le bol des professionnels ?

Message par Tugdual »

Le sujet a déjà été évoqué.
Spoiler : 
Il s'agit de retrouver où...

:?
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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lepton
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Re: Ras le bol des professionnels ?

Message par lepton »

Braisillon a écrit : mardi 15 octobre 2019 à 12:43 Elle m'a dit que avec ses collègues ils recevaient de plus en plus d'adultes en questionnement à cause des médias.
Oui, il en a été question ici...
Diagnostiqué. CRA, 2016.
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Re: Ras le bol des professionnels ?

Message par Braisillon »

J'ai un peu parcouru les anciens sujets mais à part quelques discutions entre personnes diagnostiquées je n'ai pas trouvé de sujet précis :innocent: surtout en rapport avec le ressentis des professionnels

Merci lepton,

Quand on lit
Jean a écrit : mercredi 9 octobre 2019 à 23:02
De plus en plus de centres demandent une évaluation psychiatrique avant le bilan. Le Dr Vulser admet que cela peut gêner d'authentiques personnes TSA.

Cela peut gêner d'authentiques personnes TSA par ce que les personnes en questionnement prennent du temps au psychiatre dont ils pourraient avoir besoin, ou cela peut gêner d'authentiques personnes TSA encore non diagnostiquées car les démarches à faire sont plus importantes que prévues ?
Nicolas83 a écrit : mardi 15 octobre 2019 à 13:29 Je ne vais pas répondre à ta première question car je n'ai jamais vu de professionnel pour moi mais je trouve fou que des psychologues puissent être aussi peu psychologues, si je puis dire. Comme si tu allais la voir pour passer le temps.
Ça me paraît bien de demander notre motivation, mais vu que j'ai pas loin de deux heures de route pour la voir (elle est au courant) je penses qu'on peut aisément se dire que je ressens vraiment le besoin de la voir à ce sujet ! J'admets bien évidemment que je ne suis pas en grande difficulté sur le papier. Mais en grattant un peu c'est autre chose.
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Lilas
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Re: Ras le bol des professionnels ?

Message par Lilas »

Braisillon a écrit : mardi 15 octobre 2019 à 12:43 Sentez vous aussi une lassitude, un ras le bol des professionnels face aux adultes en questionnement ?
Je dirais que la lassitude des professionnels va maintenant au-delà des adultes en questionnement pour s'étendre aux adultes diagnostiqués.
Je l'ai constaté en allant consulter une psychiatre récemment.
J'ai la "chance" d'avoir été diagnostiquée par un centre expert, et d'avoir des traits suffisamment visibles pour qu'elle ne remette pas en question mon TSA, mais son attitude m'a laissé penser qu'elle devait considérer certaines personnes pourtant diagnostiquées comme non porteuses d'un TSA.

Cette situation est problématique, à la fois pour les personnes avec TSA, et pour celles ayant reçu à tort un tel diagnostic.
Si je reste sur mon exemple personnel, il m'a été prescrit un traitement adapté à ma situation et à mon TSA.
Si elle avait mis en doute mon diagnostic, je serais sûrement repartie avec une réponse non adaptée.
Idem si mon diagnostic n'était pas réellement justifié et qu'elle m'avait fait une prescription en se basant dessus.

Donc oui, les professionnels sont lassés par cette "épidémie" de TSA.
Et oui, cela nuit aux soins, pour tout le monde.
Lilas - TSA (AHN - Centre Expert - 2015)

Mes romans :
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Re: Ras le bol des professionnels ?

Message par Braisillon »

Plus je vous lis sur le forum plus je trouve que les TSA à l'âge adulte pose vraiment problème aux professionnels qui n'ont pas l'air d'avoir une réponse adéquate :(

Est ce un retard de la France ?

Quand elle a eu la réflexion pour les adultes en questionnement, je me suis dit que si on considère que dans le lot il y a bien des TSA à diagnostiquer, ces personnes sont ce que vont devenir les enfants qu'ils suivent à présent. Ils ne vont pas éternellement rester des enfants, quelle va être la réponse à leurs problèmes à l'âge adulte si les professionnels rechignent à voir des adultes ?

Pour ma part je souhaitais la voir pour m'aider à tout démêler afin de savoir si mon sentiment est pertinent ou non plutôt que de partir tête baissée dans un CRA. Pour ne pas encombrer un CRA vu qu'ils sont déjà surchargés de demandes. Mais aussi pour ne pas y aller avec juste mes suspicions qui peuvent être biaisées par mes lectures (je tente vraiment de ne pas tout voir et analyser à travers le spectre d'un autisme peut être imaginaire mais rien ne remplace l'aide de quelqu'un spécialisé pour vraiment y voir clair). Je pensais que c'était raisonnable comme démarche :innocent:
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lulamae
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Re: Ras le bol des professionnels ?

Message par lulamae »

Braisillon a écrit : mardi 15 octobre 2019 à 12:43 Bonjour,

Suite à un premier rdv avec une psychologue qui m'a été indiquée par le CRA une petite chose m'a mise mal à l'aise.

Elle m'a dit que avec ses collègues ils recevaient de plus en plus d'adultes en questionnement à cause des médias. J'ai peur du voir un sous entendu comme quoi ça leur laisse moins de place pour les enfants.

Puis elle m'a interrogé sur le fait de venir la voir alors que je suis mariée et que j'ai un enfant, donc présentant moins de difficultés que d'autres patients.
J'ai eu les mêmes retours, mais je précise : par des psychiatres ne connaissant pas les TSA : le même psychiatre qui m'a posé la 2e question m'a également dit "vous ne pouvez pas être autiste, vous ne vous tapez pas la tête contre les murs en bavant." Ca fait relativiser somme toute. :roll:

C'est autant à la mode chez les médecins et psychologues de trouver le questionnement sur le TSA à la mode (d'ailleurs, j'ignorais tout des TSA dans les médias et réseaux sociaux, n'y passant pas mon temps, avant de lire ces reproches ou échos de reproches de professionnels ici).
Braisillon a écrit : Quels sont vos retours sur ce sujet ?
Sentez vous aussi une lassitude, un ras le bol des professionnels face aux adultes en questionnement ?
Qu'en pensez vous, à l'heure où (en vous lisant sur le forum) très peu d'aides existent pour les adultes autistes ?
Le retour que j'ai d'après mon expérience est que, lorsque le professionnel est sérieux et impliqué/e, il/elle ne va pas formuler ce type de remarques. De même qu'on peut avoir l'assurance dans ce cas que si le diagnostic est posé, c'est qu'il est justifié. Je n'ai pas une seconde senti ce ras-le-bol dans le service (public) où j'ai fait le parcours diagnostic.
L'obstacle le plus important c'est surtout de trouver le professionnel compétent qui n'a pas déjà des délais d'attente de plus d'un an.

Une fois les démarches entreprises, il vaut mieux se concentrer sur l'objectif et ne plus se laisser intimider ou influencer, dans un sens ou dans l'autre.
Et puis le seul moyen de savoir a posteriori qu'on n'était pas légitime est de ne pas obtenir ce diagnostic, mais d'avoir à la place un diagnostic différentiel étayé qui explique les difficultés. :)
Modifié en dernier par lulamae le mardi 15 octobre 2019 à 15:21, modifié 1 fois.
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lulamae
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Re: Ras le bol des professionnels ?

Message par lulamae »

Braisillon a écrit : mardi 15 octobre 2019 à 14:50 Quand elle a eu la réflexion pour les adultes en questionnement, je me suis dit que si on considère que dans le lot il y a bien des TSA à diagnostiquer, ces personnes sont ce que vont devenir les enfants qu'ils suivent à présent. Ils ne vont pas éternellement rester des enfants, quelle va être la réponse à leurs problèmes à l'âge adulte si les professionnels rechignent à voir des adultes ?
Oui, bien sûr.
Les divisions viennent aussi selon moi du manque de moyens concrets, ce qui peut donner l'idée que certains "volent" à d'autres les ressources, parce qu'elles sont de toute façon insuffisantes, quel que soit le nombre d'autistes "réels" qu'on voudrait voir diagnostiquer.
Braisillon a écrit : Pour ma part je souhaitais la voir pour m'aider à tout démêler afin de savoir si mon sentiment est pertinent ou non plutôt que de partir tête baissée dans un CRA. Pour ne pas encombrer un CRA vu qu'ils sont déjà surchargés de demandes. Mais aussi pour ne pas y aller avec juste mes suspicions qui peuvent être biaisées par mes lectures (je tente vraiment de ne pas tout voir et analyser à travers le spectre d'un autisme peut être imaginaire mais rien ne remplace l'aide de quelqu'un spécialisé pour vraiment y voir clair). Je pensais que c'était raisonnable comme démarche :innocent:
C'est raisonnable, mais il vaut peut-être mieux que tu ailles voir un(e) autre psychologue (en regardant sur internet ceux qui dans ta région effectuent des bilans TSA). Si le pré-diagnostic est positif, tu ne seras pas moins légitime qu'un(e) autre pour encombrer un CRA - soit dit en passant un exemple criant de manque de moyens, comme je le disais plus haut.

Si on y réfléchit, reprocher aux adultes non (encore) diagnostiqués de prendre la place des enfants autistes, c'est un peu comme si on disait qu'on pouvait relâcher les enfants dans la nature une fois adultes, pour dégager de la place et des moyens pour diagnostiquer de nouveaux enfants.

Plus qu'une mode, ce qui se passe est qu'actuellement on rattrape 40 ans de retard en France sur la connaissance de l'autisme, et de méconnaissance de l'autisme sans déficience intellectuelle (ou de haut niveau le cas échéant), en ajoutant à cela les femmes qui ont des manifestations différentes des hommes.
Diagnostic d'autisme juillet 2019.
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Re: Ras le bol des professionnels ?

Message par Braisillon »

Je vais pour l'instant continuer avec cette psy qui est par ailleurs très bien. J'ai pu être à l'aise avec eĺle et parler de plein de choses que j'avais tenu secrètes jusqu'à présent.
Je comprends aussi le fait de vouloir se concentrer sur des personnes présentant plus de difficultés que moi. Mais bon... c'est pas tout rose non plus chez moi !

J'ai mon prochain rdv de prévu et elle va m'aider à passer tout ça au tamis pour pour y voir plus clair.

On en parle dans les médias et ça donne une visibilité certes. Mais se reconnaître dans les dysfonctionnements et les souffrances c'est pas hyper fun. Ça m'avait bien paniquée. Je trouve d'ailleurs que sauter le pas pour voir un professionnel est assez difficile. On sait qu'on va s'exposer et que ça va nous remuer quoi qu'il en sorte.
TSA suspecté par une psychologue spécialisée dans l'autisme
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Re: Ras le bol des professionnels ?

Message par lulamae »

J'ajoute ici un extrait du blog de @Jean (dernier article sur le colloque de l'ARAPI), qui énonce bien le problème avec certains psychiatres :
blog Jean Vinçot a écrit : Mon commentaire sur le recours préalable au psychiatre : Depuis des années, alors que les CRA étaient la voie quasi-unique d'accès au diagnostic, nous nous sommes battus contre l'obligation de passer par un psychiatre, que ce soit pour les enfants comme pour les adultes, car l'essentiel de la profession était complètement réfractaire au diagnostic. C'est moins le cas aujourd'hui, mais il y en a encore bien d'entre eux qui assimilent l'autisme aux personnes qu'ils suivent dans des IME, des FAM ou MAS. Ils utilisent des objections risibles pour les personnes qui ont ne serait-ce qu'un minimum d'information sur les TSA : « vous ne pouvez être autiste, car vous parlez, vous m'avez regardé dans les yeux, vous êtes intelligent , vous avez des enfants, un compagnon etc ... ».

Qu'un CRA donne pour ce faire une liste de psychiatres qu'on trouve dans les pages jaunes est insultant. Orienter vers des psychiatres suppose de le faire vers des spécialistes qui ont un minimum de connaissances sur le sujet.
Le nouveau CRA de Bretagne a mis en place en 2016 un neuropsychologue dans chaque département, qui assure une fonction de conseil aux familles et personnes autistes notamment dans la phase d'attente du diagnostic. Je trouve que çà fonctionne bien, même si cela ne résout pas les délais d'attente, qui, sauf pour les enfants de moins de 4 ans, atteignent 3 ans ou même 5 ans pour les adultes, record peu envié et non revendiqué.
https://blogs.mediapart.fr/jean-vincot/ ... e-adulte-3

Peut-être un(e) neurosychologue serait plus à même de t'aider que cette psychologue ?
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misty
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Re: Ras le bol des professionnels ?

Message par misty »

Nicolas83 a écrit : mardi 15 octobre 2019 à 13:29 Je ne vais pas répondre à ta première question car je n'ai jamais vu de professionnel pour moi mais je trouve fou que des psychologues puissent être aussi peu psychologues, si je puis dire. Comme si tu allais la voir pour passer le temps.
Au risque de te décevoir voire choquer, le besoin identitaire qui apparaît clairement derrière pas mal de démarches diagnostiques (stp ne viens pas me dire que c'est un mythe parce que rien qu'ici c'est un ressenti flagrant) équivaut pour moi à aller voir des professionnels pour "passer le temps". Toutes les considérations identitaires ou tournant autour de ce que je pourrais être ou pas je m'en contrefous sévère et ça m'apparaît aussi extraterrestre que vain. J'ai eu beau essayer de comprendre ces motivations là je trouve ça complètement absurde, et franchement pour passer du temps je préfère regarder Le voyage de Chihiro que de me prendre la tête sur des interrogations interminables autour de mon nombril.

Alors de fait si, des gens qui entament des démarches sur des motivations pas forcément hyper capitales il y en a. Et il faut absolument remettre ces parcours de "confort" dans le contexte psy actuel , à savoir un secteur qui est en train de crever la bouche ouverte sans que personne ne s'en formalise ni ne réagisse.

De plus, pour ce qui est d'être psychologue ou pas quand on est psychologue, sache qu'aider les gens à sortir un peu d'eux-mêmes et à lever le nez c'est très psychologue, en fait. Sinon on est dans une société où chacun a mille raisons de gratter ses croûtes, s'auto-apitoyer et ne jamais évoluer ni sortir de ses ruminations.

Braisilion a écrit :Quels sont vos retours sur ce sujet ?
Sentez vous aussi une lassitude, un ras le bol des professionnels face aux adultes en questionnement ?
Qu'en pensez vous, à l'heure où (en vous lisant sur le forum) très peu d'aides existent pour les adultes autistes ?
Je me retrouve dans ce qu'a exprimé Lilas, sauf que je rajouterais que ça ne s'arrête pas aux secteurs psy. Les structures d'accompagnement ou maintien dans l'emploi sont pleines de gens très efficaces et investis (ce n'est pas tout le monde qui m'envoie des mails à 22h45 le dimanche soir dans le cadre de mon suivi TSA) qui commencent à en avoir gravement leur claque aussi. Et des dispositifs qui ont mis très longtemps à émerger voient leur avenir s'obscurcir beaucoup vu le peu de subventions et le sentiment de gaspillage qui devient global en dépit des profils qui ont indiscutablement besoin d'eux.

Concernant les professionnels du diagnostic et consultations sur ce thème, je pense que le gros souci c'est que beaucoup de gens vont voir tel ou tel pro pour valider leur auto-diagnostic TSA, en fait.
Or, leur travail c'est recevoir des personnes en souffrance qui recherchent de l'aide concrète concernant des problématiques concrètes. Une liste de traits autistiques pompée sur internet et recrachée sans aucun exemple factuel, indicateur clinique ni le moindre gramme d'authenticité dans le discours (qui est juste un mix de blogs/témoignages abstraits décousus), ça les fatigue, ça leur fait perdre leur temps et je trouve difficile de leur en vouloir quand ils le disent. D'autant plus que ce genre de profil va se braquer au moindre argument contradictoire et/ou les accuser de tous les maux s'ils creusent dans le sens inverse de ce que souhaite la personne. Déjà sur le forum on le voit très bien, j'imagine ce que ça doit être en consultation, et je trouve important de garder ça à l'esprit.

Pour éviter ces écueils, le plus simple me paraît être d'axer les consultations sur ce qui pose problème concrètement (dans ton cas ce peut être tes difficultés avec ta maternité récente, par exemple, si j'ai bien compris...) et pas sur une recherche de validation d'un auto-supposé profil TSA. C'est au professionnel de rassembler des éléments pendant quelques temps avant de partir sur une hypothèse de diag X ou Y. Ce n'est pas au patient qui n'a aucun bagage clinique d'arriver avec son diagnostic TSA clés en main sous prétexte que depuis qu'il a vu une série/vidéo youtube il est autiste il en est absolument certain. Il ne connaît rien aux troubles psys ni à la psychiatrie, n'a entendu parler que de l'autisme (et souvent via des rumeurs, surtout sur le net), n'a aucune idée de tous les différentiels possibles, mais c'est pas grave: il faut que le pro aille dans son sens sinon il l'enverra se faire voir et cherchera quelqu'un d'autre parce que celui là est nul et n'y connaît rien.
C'est quand même absurde, et beaucoup se lasseraient à mon avis.

Garder en tête aussi le contexte: si c'est pour donner un diagnostic TSA en forçant au démonte pneu à quelqu'un qu'aucun pro ne trouvera jamais autiste, ce n'est pas la peine. Un diagnostic s'envisage dans un protocole de soins avant tout, et moi-même je n'ai vu d'intérêt au diagnostic que dans la mesure où il ne faisait que valider les ressentis des professionnels qui participent à mon protocole de soins. Si je n'avais pas eu de prise en charge à la base, ou que dans cette prise en charge personne ne m'avait trouvée potentiellement autiste ça n'aurait eu aucun sens de poursuivre des démarches en ce sens.
*Diag TSA*

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Re: Ras le bol des professionnels ?

Message par Nicolas83 »

misty a écrit : mardi 15 octobre 2019 à 21:29 Au risque de te décevoir voire choquer, le besoin identitaire qui apparaît clairement derrière pas mal de démarches diagnostiques (stp ne viens pas me dire que c'est un mythe parce que rien qu'ici c'est un ressenti flagrant) équivaut pour moi à aller voir des professionnels pour "passer le temps". Toutes les considérations identitaires ou tournant autour de ce que je pourrais être ou pas je m'en contrefous sévère et ça m'apparaît aussi extraterrestre que vain. J'ai eu beau essayer de comprendre ces motivations là je trouve ça complètement absurde, et franchement pour passer du temps je préfère regarder Le voyage de Chihiro que de me prendre la tête sur des interrogations interminables autour de mon nombril.
Tu ne me déçois ni me choques mais je ne te suis pas complètement. En l'occurrence, ce que dit Braisillon, c'est qu'elle est allée voir cette psy non pour valider l'hypothèse du TSA mais parce qu'elle a "besoin de réponses face à une détresse et une souffrance". Peut-être que cette détresse ou cette souffrance sont liées à un besoin identitaire, je n'en sais rien, mais cela les rend-elles moins réelles ou moins légitimes pour autant et n'est-ce pas le rôle d'un psy que d'aider à les résoudre ?
misty a écrit : mardi 15 octobre 2019 à 21:29 De plus, pour ce qui est d'être psychologue ou pas quand on est psychologue, sache qu'aider les gens à sortir un peu d'eux-mêmes et à lever le nez c'est très psychologue, en fait. Sinon on est dans une société où chacun a mille raisons de gratter ses croûtes, s'auto-apitoyer et ne jamais évoluer ni sortir de ses ruminations.
Soit, je ne suis effectivement pas psychologue et peut-être que mettre mal à l'aise à court terme ses patients est une stratégie efficace dans certains cas pour qu'ils aillent mieux à long terme. Mais j'avoue que cela me surprend tout de même un peu de partir du principe que le fait d'être mariée avec un enfant implique l'absence de difficultés psychologiques importantes, ce qui semble être le cas de cette psychologue.
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Re: Ras le bol des professionnels ?

Message par misty »

Peut-être que cette détresse ou cette souffrance sont liées à un besoin identitaire, je n'en sais rien, mais cela les rend-elles moins réelles ou moins légitimes pour autant et n'est-ce pas le rôle d'un psy que d'aider à les résoudre ?
Très sincèrement, pour moi les histoires d'identité c'est du vent, et quand ça cause de la souffrance le plus simple c'est encore de sortir de ce besoin identitaire. Même quand on est effectivement autiste être autiste n'est pas une identité, parce qu'on est avant tout nous et multiples. L'identité est sans doute un concept intelligent et pertinent en sociologie, mais au niveau individuel c'est somme toute assez vide et stérile, surtout si on se base sur une condition médicale pour se définir.
Mais j'avoue que cela me surprend tout de même un peu de partir du principe que le fait d'être mariée avec un enfant implique l'absence de difficultés psychologiques importantes, ce qui semble être le cas de cette psychologue.
Pas forcément non, il est aussi possible qu'elle n'ait pas compris la démarche concrètement. C'est tout à fait logique concernant des gens qui n'expriment pas de difficultés factuelles mais disent juste se reconnaître dans un trouble. Au risque de me répéter il faut être factuel quand on cherche de l'aide, et un diagnostic TSA en tant que tel ce n'est pas de l'aide, surtout sur des bases branlantes de "lu sur internet puis certifié conforme sans trop creuser".
*Diag TSA*

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Re: Ras le bol des professionnels ?

Message par Nicolas83 »

misty a écrit : mardi 15 octobre 2019 à 22:48 Très sincèrement, pour moi les histoires d'identité c'est du vent, et quand ça cause de la souffrance le plus simple c'est encore de sortir de ce besoin identitaire.
Ben, c'est peut-être simple pour toi mais ce n'est peut-être pas le cas pour tout le monde, et quand cela ne l'est pas, demander de l'aide à un professionnel me semble parfaitement légitime.
misty a écrit : mardi 15 octobre 2019 à 22:48 Pas forcément non, il est aussi possible qu'elle n'ait pas compris la démarche concrètement. C'est tout à fait logique concernant des gens qui n'expriment pas de difficultés factuelles mais disent juste se reconnaître dans un trouble. Au risque de me répéter il faut être factuel quand on cherche de l'aide (...)
Je me trompe peut-être mais il me semblait que le rôle d'un psychologue était notamment d'aider son patient à repérer l'origine de ses difficultés, même quand elles sont imparfaitement formulées au départ.
Père de 3 enfants, dont l'aîné a possiblement un léger TSA de haut niveau. Me posant parfois des questions sur moi également.