La colère

[Elinounette]

Hello,
J'aimerais savoir comment se manifeste la colère chez vous.

Chez moi, ça dépend du type d'événement qui me met en colère. Si c'est de l'injustice, j'ai des bouffées de chaleurs et je ressens le besoin de défendre mon point de vue et s'il n'est pas compris, c'est des crises de larmes.
Si c'est des choses du quotidien qui me gênent comme le fait de ne pas arriver à retrouver mes clés, je peux casser des trucs. Généralement, je me maîtrise parce que j'ai peur de lancer un truc et que ça tombe sur mes furets ou alors casser quelque chose qui coûtent cher parce que je n'ai pas beaucoup d'argent.
Quand c'est le comportement d'une personne qui me met en colère, comme les personnes qui ne circulent pas sur le bon côté du trottoir, crachent par terre ou quand des personnes monopolisent la barre pour se tenir dans le métro, je visualise parfois une main géante qui leur met un taquet derrière la tête et je rumine pendant des heures sur le problème.

[Clovis]

Moi je suis tellement dans la maîtrise de moi même que j'ai l'impression de ne plus savoir si je ressens la colère et comment j'y réagis...

En fait je ne sais pas quand je dois ou peux légitimement être en colère ni comment l'exprimer de manière proportionnée : je me méfie de ma capacité à faire du mal à autrui. Dans les situations qui pourraient ou devraient me mettre en colère je ressens du coup plutôt une forme d'impuissance perplexe, un grand sentiment de vide.

En y réfléchissant ce que j'écris là n'est pas totalement juste : il peut m'arriver de me mettre en colère et de me comporter de la façon qui va avec, mais ce n'est extériorisé quand je suis seul... Ça peut être quand une personne me demande quelque chose d'extrêmement difficile et / ou à laquelle je n'étais pas préparé. Mais là encore je ne me sens pas légitime dans ma colère : la personne ne sait pas l'effet que sa demande produira sur moi, il n'y a pas d'intention de me nuire.

Bon, d'après mon psy il n'y a pas besoin d'être légitime pour se mettre en colère... Mais j'ai du mal à être convaincu. Pour moi exprimer sa colère ce serait plutôt une faute.

En fait ce qui me met en colère c'est ce qui dépasse mes forces... Entendre certains bruits quand je suis sensoriellement et / ou socialement fatigué par exemple. Du coup je me frappe par exemple pour me soulager...

Bref, désolé pour cette réponse aussi décousue qu'egocentrée mais c'est un sujet qui me questionne en ce moment.

[PetitNuage]

Ce sujet me parle particulièrement en ce moment.

Je ressens de la colère face au "harcèlement" que me font subir mes collègues.
Je la contiens comme je peux... mais du coup je rumine sans fin.

Exprimer ce ressentiment me permet de prendre du recul
'et de relâcher un peu la pression.

Mais je sais que lorsque je devrai affronter leur mauvaise foi,
je risque de déborder.
en disant des choses vraies mais qui pourraient passer pour de la délation

On dit qu'il n'y a que la vérité qui fâche...
et malheureusement cela s'avère vrai.

L'expérience m'a appris que les gens n'en veulent pas à ceux qui mentent / utilisent des arguments objectivement irrecevables
mais qu'ils n'aiment pas ceux qui disent simplement la vérité.
(surtout quand cela met en jeu des intérêts personnels)

J'ai peur aussi de finir par craquer.

Dans tous les cas, je sais par expérience,
que cela changera durablement le regard des gens sur moi...
et pas dans le bon sens.

Donc j'essaie de me maîtriser mais c'est au prix de fortes tensions internes.

Et comme je serai confrontée à leur mauvaise foi ce lundi lors d'une réunion,
je prendrai un anxiolytique avant pour m'aider à garder le contrôle.

[EnHans]

Très bonne analyse PetitNuage.
J'ai lu ton commentaire tout à l'heure, j'étais dégoûté pour toi... si mon fils avait été malade après une sortie sous la pluie, il ne me serait pas venu 1 seconde à l'esprit de me plaindre auprès des organisateurs... c'est la vie, c'est ainsi, il n'y a pas à chercher un responsable à tout. Puis rien ne prouve que ce soit la sortie qui ait été responsable de son état... Tu n'as rien à te reprocher, sois en sûr. Pour moi, tu es droite dans tes bottes.
Et tu as raison d'avoir l'esprit d'initiative, tu devrais même être félicitée pour cela ! Dommage les petits coups en douce, mais reste flegmatique face à cela. Quand on a un ennemi, il est préférable de ne pas les multiplier, tant pis pour les tensions internes, elles se dissiperont avec le temps peut-être. Enfin, tu verras au moment venu. Des fois, vaut mieux se mettre en colère une bonne fois pour toute, quitte à forcer le trait... va bien falloir qu'ils comprennent ! C'est lourd....

[PetitNuage]

Et tu as raison d'avoir l'esprit d'initiative, tu devrais même être félicitée pour cela !

Là est justement le problème.

Je fais plus de sorties / mises à jour du blog / portes ouvertes ... que mes collègues.

Il y a quelques années, celle qui est maintenant ma directrice me l'a reproché
car a priori certains parents s'étonnaient qu'il y ait moins de projets
quand les enfants entraient dans les classes supérieures.

[Kimagine]

Bonsoir,

Désolé pour toi PetitNuage. Je te souhaite que les choses s'arrangent. Si tu sens que cette situation génère trop de tensions et que tu ne vas pas être capable de te contenir, n'hésite pas à consulter un médecin et lui demander de te mettre en arrêt maladie quelques jours le temps de te sentir mieux.

Pour ma part, la colère me rend très souvent mutique. Dans ma tête, j'ai des pulsions de violences (envers moi ou d'autres personnes ou des objets) que généralement je contiens si je ne suis pas seul-e, sinon je boxe un lit ou un mur ou moi-même. Souvent aussi quand je suis dans cet état je ne peux plus regarder les gens dans les yeux et il ne faut pas me toucher car je me sens agressé-e par tout ce qui vient de l'extérieur.
Mes solutions pour le moment:
- si je peux je m'en vais avant d'exploser et vais faire du sport ou de la marche pendant longtemps;
- si je suis avec mon copain ou une personne avec qui je me sens particulièrement en confiance, lorsque je suis en etat de le faire (cet outil me revient en usage avant la parole et le contact visuel) j'exprime à l'écrit ce qui ne va pas, et éventuellement ce qui peut être fait pour m'aider;
- je peux avoir besoin de regarder dehors en fixant mon regard loin, ou me rouler en boule en me bouchant les oreilles le temps que cette tempête intérieure diminue en intensité. Je peux aussi écrire ou dessiner pour moi-même pour mettre le problème en perspective et réfléchir à des solutions.

[freeshost]

Hmmm... je suis rarement en colère...

Bon, en fait, quand elle vient, ça dépend un peu de ce qui la provoque. Je cherche à identifier ses "causes" et facteurs.

Est-ce de ma faute ?
Est-ce de la faute d'autrui ?
Ou des deux ?
Est-ce dû au hasard ?
Est-ce dû au contexte et à ses risques (les risques du métier) ?
Est-ce dû à un déterminisme ?
Est-ce dû au type de jeu ("on ne peut pas tous gagner à un jeu compétitif") ?

Si ça vient de sentiments d'injustice, de discriminations sociales, d'abus divers, elle va se mélanger à de la tristesse en ce qui me concerne, surtout la première fois. Les fois suivantes où je suis confronté à la même réalité révoltante, c'est moins fort.

Mon système nerveux se tend mais je ne casse pas des objets.

Mon système nerveux va se mettre à faire des recherches sur l'injustice, la discrimination sociale, l'abus en question (l'internet, les librairies, les achats de livres, les téléchargements de fichiers ). C'est la récolte d'informations et de connaissances en vue de la compréhension, de la rationalisation et de l'adaptation. Pourquoi des gens font ça ? Que ressentent les victimes ? Comment se défendent-elles ? Comment des personnes les défendent-elles ? Psychologiquement, socialement, juridiquement, etc.

Si ça vient d'erreurs de ma part, je respire un bon coup et rationalise en me demandant quel impact ma distraction a (est-ce si grave que ça ?). J'identifie le problème, je cherche des solutions pour résoudre le problème, je cherche éventuellement ensuite des solutions si je ne résous pas le problème (en passant à un autre problème).

Si ce sont les comportements ou les propos de personnes à proximité, je m'éloigne de celles-ci, puis vais philosopher en solo chez moi.

[2N3055]

Je pense aussi à ça aussi,
et j'y ajoute :
Est-ce que je n'ai pas oublié de manger aujourd'hui ?
Est-ce que j'ai bien dormi ces jours-ci ?
Est-ce qu'il n'y a pas trop de bruit ou éclats de lumière dans le coin qui à force m'auraient fait craquer pour un rien ?
…
Bref : je vérifie tous les compteurs, au cas où.

[Elinounette]

Je pense aussi à ça aussi,
et j'y ajoute :
Est-ce que je n'ai pas oublié de manger aujourd'hui ?
Est-ce que j'ai bien dormi ces jours-ci ?
Est-ce qu'il n'y a pas trop de bruit ou éclats de lumière dans le coin qui à force m'auraient fait craquer pour un rien ?
…
Bref : je vérifie tous les compteurs, au cas où.

J'essaie aussi de relativiser en me disant que je projette mes propres règles sur les autres mais d'un autre côté, je me dis parfois qu'ils sont stupides.
Comme pour le sens de circulation sur le trottoir. La circulation serait tellement plus fluide si les gens tenaient leur droite, comme sur la route. S'ils ne cherchaient pas à prendre des raccourcis qui désorganisent tout et obligent les autres à s'adapter. C'est peut-être moins évident de se rendre compte dans les petites villes mais à Paris, par exemple, je trouve ça hyper important.

[Kimagine]

Les gens dans le métro qui mettent une main sur l'épaule pour vous demander de vous décaler, ou qui s'en fichent de se cogner contre vous alors qu'il y a de la place et se cognent 15 fois sur vous en 15 minutes...

[Elinounette]

Les gens dans le métro qui mettent une main sur l'épaule pour vous demander de vous décaler, ou qui s'en fichent de se cogner contre vous alors qu'il y a de la place et se cognent 15 fois sur vous en 15 minutes...

Je déteste ça =/
Et ceux qui ne se tiennent pas à la barre, trop occupés avec leur téléphone et s'écrasent sur toi quand le métro a un soubresaut =/