Je ne sais pas si c'est la bonne section pour parler de ça.
J'ai toujours été élevé dans l'optique que je devais être capable d'aider ma soeur lorsque mes parents décéderaient ou n'en seraient plus capables.
Cette dernière est handicapée mais "soit disant on ne sait pas ce qu'elle a". Je mets de guillemets car très sincèrement j'ai des doutes concernant la véracité de ces propos. Dans tous les cas, de mon point de vue, ça ressemble à un mix de TDAH avec des troubles dys et sûrement une déficience intellectuelle.
J'ai très honte mais j'ai été odieuse avec elle. Dans la famille, nous ne sommes pas très tactile et ayant été enfant unique pendant longtemps, le calme a longtemps régné dans la maison. A ma grande satisfaction. Sauf que dès son plus jeune âge, elle avait pour habitude de toucher tout le monde constamment et de monologuer des choses incompréhensibles pendant des heures en plus du fait qu'elle était extrêmement turbulente, ce qui faisait hurler mes parents. A postériori, je mets ce que je décrivais comme insupportable (bruit, toucher, etc.) sur le compte de l’hyperesthésie.
Quand un médecin a expliqué à mes parents que j'étais malade (dépression + anorexie), il se sont penchés sur mon cas quelques temps puis ont préféré faire semblant que tout allait bien pour moi. J'ai réussi à me "soigner" comme je pouvais, et réussi à réintégrer la vie que les gens appellent "la vie normale" (càd métro boulot dodo), finir mes études (enfin surtout les études que mes parents voulaient que je fasse en fait), et trouver un travail avec un bon salaire.
Jusqu'ici, je pense que je décris ce que beaucoup de parents souhaitent à leur progéniture.
Sauf que, c'est là que ça se complique. J'ai toujours régis ma vie autour de ce que l'on attendait de moi, car je sais très bien que ma façon de fonctionner ne correspond pas à la norme, ET que je suis obligée de m'y plier si je veux assurer un avenir décent à ma soeur (par décent, j'entends, pas en institut).
Aujourd'hui elle a quitté le cursus scolaire classique et apprend les bases de l'autonomie. Mes parents sont loin d'être mourants. Mais je n'arrive pas à répondre à la question "est ce que je dois continuer à serrer les dents pour bien gagner ma vie et faire ce qu'on a toujours attendu de moi pour pouvoir prendre la relève un jour, ou est ce que je dois aussi penser à moi, prendre le risque de me réorienter quitte à gagner moins, et donc d'affronter ma famille qui me dira que je ne fais décidément pas grand chose pour aider ma soeur quand ils seront plus là"
Enfin, j'ai trouvé une solution possible mais elle est pas vraiment compatible avec mes valeurs : trouver un homme riche qui me foute la paix

Bref, en fait je connais déjà la réponse, parce que je sais que je pourrais pas bosser pendant 40 ans avec un boulot qui me convient pas du tout. J'ai la sensation que tout fonctionne en cycle : je m'adapte, je serre les dents, je fais ce qu'on attend de moi autant que possible, puis je lâche tout donc dépression et TCA +++, donc hôpital, et dès que je retrouve assez d'énergie, je reprends la vie active et paf, rebelotte.
Je crois surtout que j'ai très peur d'affronter ma famille. Et je leur en veux car même si je comprends qu'il est très important d'assurer son avenir, je souffre qu'ils ne comprennent pas que je suis exténuée de supporter un boulot qui ne me convient pas du tout et de jouer le clown a chaque rencontre -Oui je vais beaucoup mieux, oui je mange bien, oui j'adore mon travail, oui je suis heureuse dans ma vie-
Je comprends bien que mes difficultés sont minimes par rapport à celles de ma soeur (pour s'adapter à une vie classique) : savoir lire, compter, communiquer clairement sont évidemment des éléments essentiels pour être intégré à notre société. J'ai acquis ces connaissances, contrairement à ma soeur qui a beaucoup de mal à les assimiler. Je comprends donc que c'est normal pour mes parents de vouloir compter sur moi pour l'aider. Mais suis-je égoïste de dire que je n'arriverai jamais à l'assumer, car si je parviens à réaliser ces choses pour moi, cela me fatigue déjà énormément, alors pour deux, je m'en sens tout bonnement impossible ?
Merci d'avoir lu ce sacré pavé très autocentré...