"des héros perdus entre les ratons-laveurs et la voie lactée"
Dans le cinéma comme ailleurs, il y a toutes sortes d'histoires d'amour(s). Mais comme sur grand écran, tout est plus simple, il est facile de séparer les comédies romantiques en deux catégories bien distinctes. D'un côté, les insipides et plates amourettes, généralement prétexte à exposer un couple de stars. De l'autre, les relations compliquées et étranges. Le second film de Max Mayer appartient sans nul doute à la seconde tranche. Timidement mais sûrement, Adam se place comme une des nombreuses alternatives indépendantes à l'amour comme entertainment vide de sens.
Histoire de nuances
Débarrassé de ses gimmicks de clip et de son côté tendance, (500) jours ensemble aurait pu ressembler comme deux gouttes d'eau à Adam. Comme un certain nombre de néo-comédies romantiques, il ne s'agit pas ici de conter la rencontre entre deux êtres destinés à se compléter mais plutôt de se focaliser sur un segment de la vie de deux personnes que le hasard va rapprocher. Hollywood et son optimisme désuet laissent place à la réalité du milieu, celle où les choses ne finissent ni dans un bain de sang tragique, ni dans un happy end de carte postale. Là où le film touche réellement le cœur du spectateur, c'est lorsqu'il pose un regard plein d'espoir sur les rencontres, les échecs et les déceptions. Et en prenant le parti pris de ne pas appuyer l'étrangeté de son couple, le réalisateur marque un point. Adam et Beth sont seulement deux personnes comme les autres, avec leur dose de qualités et de défauts. De la même manière, l'association bancale et maladroite entre Hugh Dancy et Rose Byrne est une jolie idée de casting.
Histoire manquée
Parce qu'il raconte l'histoire d'amour manquée entre un homme et une femme séparés par la vie et ses complications, Adam dépasse le simple cadre de l'amourette. Comme dans la vie, l'amour ne fait pas tout. Le procès du père de Beth est une sous-intrigue accessoire qui, en plus de montrer que chacun de nous est forcément dépendant des autres même s'il n'est pas autiste, illustre la manière dont les choses échappent à tout contrôle. Les situations s'enchaînent, les mots sont mal choisis et finalement, les choses implosent. En évitant de tomber dans les facilités naïves tout en entretenant un goût certain pour la poésie - même facile - Max Mayer réussit à donner un aspect réaliste à une histoire a priori attendue. De la même manière, sa volonté de n'épargner aucun aspect des relations amoureuses - rires, larmes, sexe - donne un souffle de vie étonnant. Dans un genre habituellement frileux, Beth qui pose la main d'Adam sur son sein devient une douce bouffée d'air frais. Et un dialogue comme « Je ne suis pas Forrest Gump » aussi. Adam ne parvient jamais vraiment à emporter son spectateur aussi loin que ses héros perdus entre les ratons-laveurs et la voie lactée, mais ponctuellement, il illumine brièvement les yeux. C'est déjà une petite réussite.
Geoffrey CRETE
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