Vacances avec un adolescent inconnu présentant des TSA

[nuitdechine]

Bonsoir,

Je me tourne vers la communauté des parents de ce forum, car une drôle d'expérience m'est arrivée cet été. J'a été très troublée et je ne sais pas si je dois ou non m'adresser à des parents dont je suis convaincue que leur fils présente des troubles du spectre de l'autisme.

Cet été, mon beau-fils a voulu inviter un ami à lui à partager nos vacances. Nous acceptons, à condition que l'ami en question ne soit pas difficile. Quand son choix se porte sur son meilleur copain en classe, je lui pose quelques questions. Le copain mange de tout, est poli, sympa, tout semble en ordre. Une semaine avant le départ, je re-pose des questions à mon beau-fils, qui dit sur un ton léger "il est un peu autiste". Je prends ça pour une expression à prendre au second degré. De fait, mon beau-fils s'absorbe facilement dans des passions, il peut "obsessionner" sur des sujets. Dans une conversation légère, on pourrait également dire de lui qu'il est "un peu autiste". Mais il est empathique, hyper-sociable, et sait parfaitement s'isoler ou s'arrêter quand l'une de ses passions empiète sur l'espace physique ou mental des autres.

Je ne vis pas avec mon beau-fils au quotidien et n'ai pas rencontré son ami avant que ses parents ne le dépose chez moi, la veille du décollage pour le Brésil. On vérifie les documents administratifs, on bavarde un peu. L'enfant (14 ans) me semble très affirmé. Il assène un peu inconsidérément des clichés et des lieux communs, mais je ne m'inquiète pas. Erreur.

Sur les 30 jours de vacances, les 20 premiers ont été un cauchemar. Le copain ne regardait personne vraiment, répétait les mêmes phrases à longueur de journée, demandait la confirmation du programme sans jamais sembler pouvoir le mémoriser, ne supportait pas les changements, débitait des clichés sexistes et intolérants à longueur de journée et... passait son temps à tout critiquer. Et surtout, au lieu de passer des vacances avec mon beau-fils, il a fait une fixette sur moi, m'a interrompue dans toutes mes conversations avec les adultes, a critiqué tous mes faits et gestes sur un ton moralisateur, s'est interposé entre moi et mon conjoint dans toutes nos promenades... un enfer !!! Nous sommes arrivés au point où nous nous demandions comment faire pour le renvoyer en France.

Et là, au bord de la crise de nerf, j'ai eu une illumination : autisme ! Cet enfant présentait tous les symptômes d'un trouble du spectre de l'autisme.

Cela m'a permis de mieux gérer les dix derniers jours. Mais une question me taraude : est-ce que les parents savent ? Si oui, qu'est-ce qui leur a pris de jeter leur enfant dans une des situations les plus stressantes possibles pour lui (nous avons beaucoup bougé, en plus !) alors qu'il n'est manifestement pas armé pour faire face ? Et comment ont-ils pu nous laisser dans l'ignorance ?
Si non, est-ce à moi de leur en parler ? Ils doivent être dans le déni, non ??
Et cette petite phrase de mon beau-fils avant le départ "il est un peu autiste" ne me semble soudainemnet plus aussi légère...

J'avoue que par-dessus ces considérations générales, je suis assez en colère. J'ai l'impression que ces parents se sont offert des vacances sur notre dos. Je comprends que ce doit être vital d'avoir des périodes où on peut souffler quand on a un enfant avec des besoins singuliers (TSA ou pas TSA). Mais là, nos vacances ont été gâchées. J'en reviens épuisée et énervée.

J'ai du mal, pour le moment, à m'imaginer avoir une conversation posée avec ces parents. Mais peut-être qu'il ne faut pas que je sois calme ? Est-ce que leur attitude est acceptable ? Et si je ne dis rien, qu'est-ce qui les empêcherait de recommencer avec d'autres parents l'année prochaine ?

J'ai vraiment besoin de retours plus objectifs, de parents qui savent de quoi il est question !
J'espère que vous pourrez m'aider !

A bientôt, j'espère
Nuitdechine

[Lilette]

Vous aussi vous débitez des clichés & lieux communs, notamment sur l'autisme.
Je ne vois pas pourquoi cet enfant en particulier serait autiste, peut-être certaines choses y font penser, néanmoins, l'autisme n'est pas LA réponse magique à tous les problèmes du monde.
Ca veut dire quoi "Il est un peu autiste" ?
Autiste on l'est ou on ne l'est pas, on ne l'est pas "un peu", c'est ridicule, et péjoratif pour les autistes.
S'il l'est, il est probablement passé inaperçu jusqu'à présent, ses parents n'en savent peut-être rien, il est peut-être "juste un peu pénible" uniquement, nous n'en savons rien, on ne peut pas se prononcer sur son cas sur le forum.
De fait, je ne vois/sais pas quoi vous conseiller pour agir avec les parents, nous ne sommes pas vraiment les mieux placés pour vous conseiller sur le sujet ...
& pour le ton sec/cassant, c'est un ton autistique, qui dénonce le ras le bol de lire/entendre l'autisme associé à tout & n'importe quoi.

& pour votre info, les autistes sont plutôt, en général, anti-clichés.

[nuitdechine]

Bonjour,
Merci de votre réponse. Mais elle ne me permet pas de trouver la bonne attitude face à ces parents.
je me dis que je n'ai plus qu'à me taire.
Bonne continuation
Nuitdechine

[Manichéenne]

Je ne suis pas vraiment de l'avis de Lilette.

En 3 semaines, vous devez avoir remarqué des comportements atypiques et si vous pensez à de l'autisme c'est que ce garçon ne fonctionne pas comme les autres ados.
A mon avis, plus que l'avis des parents, ce qui compte c'est ce garçon : si clairement il ne pouvait pas gérer ce temps de vacances avec vous, il y a un risque qu'il se retrouve dans bien des situations difficiles plus tard. Donc il me semble important de faire le nécessaire pour qu'il puisse avoir une évaluation de ses difficultés, puis un soutien. Ca pourrait être de l'autisme, ou autre chose.
Quant-aux parents, ils peuvent ne pas savoir, ou avoir des doutes mais sans trouver d'interlocuteurs (pro ou privés). En parler avec eux pourrait être positif, même si honnêtement je n'aimerai pas être dans cette situation, je n'ai pas le tact pour aborder ce genre de sujets avec des parents potentiellement ignorants des difficultés de leur fils.

[Lilette]

Bah je sais pas, vous leur dites qu'il a été désagréable/pénible & puis voilà, non ?
Je ne vois pas trop quoi vous conseiller, ne leur parlez pas d'autisme car vous n'en savez strictement rien, & évitez les clichés.
Puis voilà.

[Lilas]

Est-ce que vous avez essayé d'en parler à votre beau-fils ?
Il doit bien le connaître s'il l'a choisi pour partir en vacances avec vous.

Sinon, oui, il faudrait au moins dire aux parents qu'il y a eu des difficultés pendant ces vacances, et aviser en fonction de leur réaction (il existe aussi des parents qui ne veulent pas voir, ou qui ont eux-mêmes des problèmes).
Mais je suis d'accord avec Manichéenne, au-delà d'avoir gâché vos vacances, cet adolescent a peut-être aussi et surtout besoin d'aide.

[Manichéenne]

Pour compléter : mes parents savaient que j'avais des difficultés d'interaction, mais ne me voyant que dans un cadre familial ils ont clairement sous-estimé mes difficultés à l'extérieur.
Ils m'ont donc envoyé dans des séjours linguistiques 4 ans de suite (de 12 à 15) qui se passaient de plus en plus mal, au fur et à mesure que le décalage entre mes compétences sociales et celles requises à mon âge s'agrandissaient. On pardonne plus facilement un manque d'autonomie à des plus jeunes, aussi.

@Lilette : que tu sois agacée, ok. Mais essaie de reformuler, ou prends un peu de temps pour te poser et laisser d'autres personnes répondre, ça éviterait que les gens qui pourraient en apprendre plus sur l'autisme ou qui ont besoin de conseils partent avec une image encore plus négative.
Si cet ado est vraiment autiste, c'est peut-être une chance pour lui de ne pas attendre d'être diagnostiqué à 30 ans passés avec on ne sait combien d'échecs et de souffrances d'ici là.
Et s'il ne l'est pas, ça n'ira pas plus loin et c'est tout.

[Allan]

Cet ado (autiste ou pas) a des difficultés, il me parait incontournable d'avoir un retour auprès des parents, je suppose qu'il y a eu un contact au retour de ces vacances. Il s'est dit quoi ?

[Nova]

L'intolérance systématique envers les nouveaux me fatigue

Si ils avaient tout compris ils ne viendraient pas ici chercher des réponses...

[Lilette]

L'intolérance systématique envers les nouveaux me fatigue

Si ils avaient tout compris ils ne viendraient pas ici chercher des réponses...

Sinon une réponse plus constructive pour nuitdechine ?

[nuitdechine]

Re-bonjour,

La première réaction à mon message m'a fait réfléchir. Les messages suivants, moins agressifs, m'ont donné envie de continuer le dialogue ici.

J'ai repris la liste des signes d'alerte publiée sur ce forum pour que vous compreniez d'où vient mon analyse :

Il ne regarde pas les gens dans les yeux --> vrai, sauf moi et mon beau-fils
Il ne répond pas quand on l'appelle --> faux
Il paraît indifférent aux autres --> assez vrai, il ne s'est intéressé qu'aux choses et aux sensations et pas aux gens
Son visage est parfois inexpressif --> vrai, impossible de faire une photo avec un sourire
Il n'aime pas les changements --> vrai, tout changement de programme générait plusieurs rappels du programme prévu et plusieurs demandes d'explications, qui ne semblaient jamais le satisfaire (par exemple : on ne va pas à la plage parce qu'il pleut)
Il peut entrer dans de grandes colères sans raison apparente, ou a des crises de rire ou de larme inexpliquées --> assez vrai, gloussements hystériques tous les soirs entre 18h et 20h, mais bon, j'étais pareil petite, ma mère appelait ça "le quart d'heure colonial"
Il se cache derrière sa main quand il est angoissé --> pas observé
Il est fasciné par tout ce qui tourne : le ventilateur, la machine à laver, l'essoreuse à salade … --> vrai, les rouleaux des vagues (il a même trouvé une chaîne spéciale "sports aquatiques")
Il est attiré par l'eau, les lumières, les portes, les ascenseurs --> vrai, impossible de le sortir de l'eau, fixette sur les bougies quand nous étions dans une maison sans électricité
Il a de nombreux comportements répétitifs --> assez vrai, il fait le même mouvement de lancer de balle de baseball dès qu'ils se voit dans une vitre ou un miroir, où qu'il soit. Il a une voix "normale" au débit ultra-rapide, pour les observations objectives ou les critiques et une voix de bébé zozotant et geignard pour l'expression du plaisir ou les demandes.
Il a des rituels : toucher les poteaux, frotter ses chaussures, sauter les plaques d'égout --> pas observé, sauf si on compte les 45 mn quotidiennes dans la salle de bain, apparemment pour ses cheveux (mais mon beau-fils reste lui aussi longtemps sous la douche)
Il aime les bruits ou, au contraire, se bouche les oreilles lorsqu'il entend certains sons --> vrai, très intolérant à la musique forte (mais le cousin de mon beau-fils aussi)
Il a des préférences ou des dégoûts alimentaires et/ou vestimentaires --> vrai, mais pas de façon plus radicale que mes ados
Il n'est pas sensible aux modes --> pas observé
Il peut répéter 40 fois les mêmes mots ou phrases --> vrai, sans toujours s'en rendre compte et sans pouvoir s'arrêter quand on le lui demande
Il parle sans arrêt du même sujet --> vrai, "les femmes/les poules sont comme-ci, les hommes/les coqs sont comme ça" "tel aliment se cuisine comme ci et pas comme ça"
Il prend les expressions au pied de la lettre.--> vrai
Il mémorise toutes sortes de choses, qu'il répète --> vrai, surtout les opinions politiques de son père
Il a peu de jeux créatifs ou d'imagination --> pas observé
Il ne sait pas jouer avec les autres enfants --> vrai, il m'a collée tout l'été plutôt que d'être avec son meilleur ami et, pendant les jeux en paires, était incapable de fonctionner en équipe
Il a besoin qu'un adulte l'incite à faire ou à jouer --> vrai

J'ajoute :
- il ne comprend absolument pas l'ironie, considère que je n'indique pas assez clairement que je fais de l'ironie (qui est mon mode quasi-standard avec mes deux beaux-ados... qui eux comprennent très bien et s'en réjouissent)
- il ne comprend pas les suggestions obliques, les sous-entendus, il dit que les gens ne sont pas clairs et expliquent mal
- il a fait une fixation sur moi et moi seule comme source d'explication, de réconfort, d'information, de "traduction" de sa langue etc. s'interposant entre moi et le groupe pour m'isoler et m'avoir à lui seul (même en ballade en pleine nature, impossible de faire pipi dans un buisson, il restait à moins d'1 mètre de moi, pareil quand je me changeais sur la plage !)
- il interrompt ou essaye d'interrompre tout comportement qu'il considère comme "hors norme", par exemple : cuisiner les courgettes avec de l'oignon et pas avec de l'ail, me soucier de mes beaux-fils comme s'ils étaient mes fils, parler portugais avec un accent français, parler français avec des Brésiliens...
- il est considéré comme le petit génie de sa classe, hyper doué en informatique
- il parle à une telle vitesse que tous ses interlocuteurs doivent lui demander de répéter. Il mange les syllabes et refuse de parler plus lentement.
- il considère que si ses actions génèrent des émotions négatives chez l'autre, ce ne sont pas ses actions qui doivent être changées, mais l'autre qui doit cesser d'avoir des émotions négatives (qu'il considère comme irrationnelles)

En réalité, ce qui m'a mis la puce à l'oreille à moi, c'est ce côté "je ne comprends pas que tu le prennes mal, je n'ai rien à me reprocher, je suis simplement objectif" qui m'a rappelé d'autres personnes. Ce n'est pas indiqué comme un "signe d'alerte" ici, mais j'ai un peu parcouru le forum, "l’égoïsme" ou le "manque d'empathie" sont beaucoup évoqués. C'est ce que j'appelle moi le côté "Dr. Spock" (= ce n'est pas rationnel, toutes ces émotions !) que j'associe aux troubles du spectre autistique.

Pour répondre à Allan et Lilas. Le papa est venu nous chercher à l'aéroport et m'a déposée à la maison. J'étais tellement outrée, furieuse de ces vacances, et épuisée par un voyage retour semé d'embûches, que je n'ai pas souhaité discuter sur le moment. Je voulais avoir l'esprit clair et être un peu calmée. Ce n'est quand même pas un sujet qu'on évoque entre deux portes ! Même quand le papa m'a demandé "il n'a pas été trop pénible ? C'est vrai qu'il peut être un peu péremptoire et je-sais-tout" j'ai juste répondu qu'effectivement, ce n'avait pas été simple.

Il est possible qu'en contexte familier, cet ado soit juste "un peu pénible" comme dit Lilette et que ses parents le voient comme un jeune un peu particulier, sans plus. Et peut-être que dans un contexte nouveau (nouvelle configuration familiale, nouvelle langue, nouvelle nourriture, nouvelles habitudes culturelles, pas de programme, changements de lieux réguliers, etc.) ce qui passe pour une simple bizarrerie devient une inadaptation forte.

J'ai l'intention d'en rediscuter avec mon beau-fils, car sa phrase "un peu autiste" résonne encore dans mes oreilles. D'où vient-elle ? Du copain lui-même ? De ses parents ? De mon beau-fils ? Qu'est-ce qu'elle recouvre ?

Pour moi, le comportement des parents n'est pas à évaluer de la même manière s'ils ont conscience des difficultés de leur fils ou non. S'ils nous ont mis (leur fils et nous) dans cette situation horrible alors que leur enfant a été diagnostiqué, sans nous informer, je trouve ça inacceptable.
S'ils ne veulent pas voir que leur enfant a des comportements de plus en plus difficiles à accepter par la majorité des individus et que la situation risque de ne pas s'améliorer, c'est une autre histoire.

Au-delà de ma frustration et de ma colère, effectivement, je m'inquiète pour l'avenir de cet enfant. Si je ne m'étais pas dit "autisme", la situation aurait escaladé, mon conjoint serait intervenu de façon ferme et désagréable, pour remettre cet enfant "à sa place". Et voyant ma détresse, ma belle-famille l'aurait exclu des activités quotidiennes pour me protéger de ses critiques permanentes et de son phagocytage systématique.
Autrement dit, plutôt que d'avoir eu un beau séjour à découvrir de nouvelles sensations (la seule chose qu'il ait retenu, si l'on en croit son bilan), il aurait eu une expérience très pénible, violente émotionnellement.

Je vous suis très reconnaissante de vos commentaire et suggestions, qui m'aident à sortir de la colère et à trouver le ton juste pour discuter avec les parents.

[Manichéenne]

Sinon une réponse plus constructive pour nuitdechine ?

Parce que tu crois que ta réponse l'était, constructive ?

edit, cause message posté pendant que j'écrivais.

[nuitdechine]

Re-Bonjour,
Ne vous disputez pas !
J'essaye de poster une réponse, mais je n'y parviens pas...
Et pour le moment, vous m'aidez, collectivement, plutôt à trouver le calme et peut-être la bonne attitude pour parler à ces parents.

[Allan]

Visiblement le père a tendu une perche pour savoir comment s'était comporté son fils, il a conscience d'un certains nombres de comportements.

[gog]

Visiblement le père a tendu une perche pour savoir comment s'était comporté son fils, il a conscience d'un certains nombres de comportements.

C'est comme ça que j'aurais interprété les propos du papa moi aussi.
Ton conjoint n'a pas rencontré les parents du jeune homme avant le départ? C'est peut-être à lui de contacter les parents du copain de son fils pour discuter des vacances.