J'ai été diagnostiquée sur le spectre il y a un mois (et trois jours). J'ai eu mon rapport seulement la semaine dernière, en plein déplacement professionnel dans des conditions pas du tout optimales : épuisement, pas de possibilité de repos réel parce que bruit en permanence, pas de planning fixé à l'avance, coincée dans un appart avec mes collègues avec personnes à qui en parler à cause du décalage horaire et des mes horaires de boulot. Je réalise que j'ai énormément de mal à intégrer le diagnostic, beaucoup plus que le diagnostic précédent où on m'avait annoncé (à tort) que je souffrais du trouble de la personnalité limite.
Attention, post long et en vrac.
Immédiatement après le diagnostic, je suis passée par la phase où j'avais énormément de mal à verbaliser ce qui se passait dans ma tête et donc à être dans l'incapacité d'en parler à des non-autistes. Là, après le soulagement des débuts, j'ai l'impression que je commence à sombrer dans une mauvaise phase, pour plusieurs raisons.
1/ Une de mes collèges à un comportement problématique (impossible d'avoir un avis différent du sien, elle se barre systématiquement en levant les mains comme pour se protéger alors qu'il n'y a pas eu d'agression) et il y a eu un accrochage avec elle quand j'ai essayé de soulever le truc en réunion (elle est HQI, au courant du diag et m'a reproché de lui demander de faire plus d'efforts que je ne m'engageais à faire de mon côté et a refusé la conciliation par écrit alors que c'est plus facile pour moi d'organiser ma parole et de "polir" ce que j'ai à dire). Pour situer le degré de malaise, cette même personne m'avait il y a peu reproché de se sentir mal près de moi parce qu'elle ressentait mon stress et que ça la mettait mal à l'aise.
Depuis une semaine, je l'évite donc encore plus qu'avant, sachant qu'on est à 4 dans le même appartement, ça pose l'ambiance. Moi qui n'ai jamais été colocation, je suis tout de même quelque part contente de constater que ce n'était pas un mauvais choix !
2/ La majorité des gens à qui j'ai annoncé mon diagnostic l'ont accueilli comme un non-évènement et je ne sais pas comment communiquer d'avantage sur le sujet. J'ai peur d'être trop intrusive en envoyant des liens, donc pour le moment, je laisse en suspens, mais je sais que ça me plombe. La bonne surprise a été ma mère qui a couru acheter la BD de Julie Dachez

Dans la catégorie, réactions pas facile à encaisser, j'ai un énorme passing, je parle bien, je présente bien, du coup, ma boss à qui j'ai annoncé le diag presque immédiatement m'a refusé l'emploi du terme de handicap, je n'ai pas eu l'occasion d'en reparler avec elle, mais ça rajoute à mon niveau de stress général. Elle m'a énormément déçue sur ce point alors qu'elle sait habituellement écouter.
3/ Par rapport au compte rendu du diagnostic, je suis un peu perdue. Je ressens un décalage entre la façon dont je me perçois (qualités et difficultés) et ce qui ressort du rapport et des préconisations pour l'employeur. Notamment pour certains domaines où je me sens plus flexible et plus fonctionnelle que ce qui est décrit dans le rapport. Est-ce que parce que je me surestime et que je surcompense ? C'est encore mystérieux pour le moment.
L'autre souci, c'est que je continue à avoir cette fichue petite voix qui me dit que je suis "trop normale pour être autiste" alors que j'ai attendu ce diag pendant des mois. Si certains trucs se sont mis en place immédiatement (je ne m'excuse plus pour des choses dont je sais qu'elles me coûtent énormément si je veux les contrôler, j'ai l'impression de percevoir les ramifications jusque dans des recoins apparemment totalement insignifiants), je doute de ma propre légitimité. J'ai aussi du mal à me retrouver dans la communauté autiste sur FB qui a tendance à mépriser les personnes atteintes de maladies mentales et la communauté Twitter où je suis carrément plus âgée que la moyenne. Et je n'arrive pas à me poser et me concentrer assez longtemps pour écrire (encore une fois, bruit permanent dans l'appartement).
Donc, toutes ces choses là, et les autres auxquelles je n'arrive pas à penser au saut du lit après une nuit au xanax, me pèsent énormément.
J'espère avoir posté dans la bonne section, merci si vous m'avez lue jusqu'au bout !
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