Publié par les CEMEA (MOUVEMENT NATIONAL D'ÉDUCATION NOUVELLE)
introduction du dossier
Sommaire :
- DOSSIER L’AUTISME
- Introduction. Cheminer avec les autistes Michaël Guyader
- Les Petites Maisons pour adultes autistes : tout un cheminement->]Michaël Guyader
- Les autistes : des sujets qui nous mettent au travail Michèle Bouvard Éléments d’histoire à propos de l’autisme et du discours scientifique Michaël Guyader
- Autistes : histoires et devenirs H. Bouvry
- Les Petites Maisons : les chemins de l’ouverture Éliane Van Tran
- S’engager auprès des adultes autistes Jean-Jacques Caron
- Moi et l’autisme, moi et les autistes Olivier Lejeune
- L’autiste au pays des transgressions Marie-Odile Supligeau
- Lettre ouverte aux parents d’enfants, d’adolescents et d’adultes autistes… Pierre Delion
Extraits :
L’étiologie purement biologique de l’autisme est très largement affirmée, voire revendiquée par certains. Elle fait l’objet d’une rencontre très particulière entre les chercheurs en neurosciences et les associations de parents. Pourtant rien ne vient confirmer cette hypothèse désespérante : l’autisme serait une maladie génétique inaccessible à toute forme de thérapeutique. Il faut examiner les motifs de cette rencontre particulière, le discours scientiste venant en fait rassurer les familles sur le mode « votre enfant a une maladie génétique, vous n’y avez aucune responsabilité », qui ferme toute possibilité de remaniement subjectif tant pour les patients que pour leurs familles. Les travaux récents sur la plasticité du système nerveux central, tels que François Ansermet a pu en rendre compte, ouvrent des perspectives nouvelles intéressantes et non excluantes, qui pourraient permettre une interlocution féconde entre professionnels d’horizons jusque-là bien séparés. Cette affirmation étiologique, soit met les soins au second plan, soit les livre aux errements des thérapies cognitivo-comportementalistes dont le corpus théorique est d’une désuétude affligeante aux conséquences malheureusement fâcheuses, voire dangereuses. Certains soutiennent que si l’autisme est génétique et que c’est une maladie fixée, il n’y a rien à soigner, ou seulement à la marge, les troubles du comportement par exemple ; sinon, c’est de l’éducation dont ces personnes ont besoin. Cette exclusive de l’éducatif obtenant un certain nombre de résultats socialement valorisés, comme des progrès dans les « bonnes manières ». Or de la même façon que l’affirmation de l’étiologie seulement biologique de l’autisme est une imposture scientiste, cette exclusive de l’éducatif en est une autre : non seulement il est possible de soigner les autistes, mais ils peuvent quelquefois en retirer des bénéfices non négligeables. Enfin pour ce qui concerne les soins, la dérive simplificatrice pose, à propos de l’autisme comme des autres modalités de souffrance psychique, la question de l’omniprésence en psychiatrie de l’industrie pharmaceutique et des intérêts considérables qui sont en jeu dans ce champ. Comment expliquer autrement l’ignorance dans laquelle est tenu le travail considérable fait en psychiatrie avant le Largactil, pour reprendre Follin et Bonnafé, ou bien la double affirmation erronée de l’efficacité tellement supérieure des nouvelles molécules et de leur meilleure tolérance alors qu’il n’est jamais mentionné leur coût (différence de un à vingt et plus entre les médicaments actuels et leurs prédécesseurs) ? C’est à propos de l’autisme que les contempteurs de la psychanalyse et de la clinique classique occupent le terrain médiatique, et tentent avec un certain succès de prendre le pouvoir à l’université.
En ce qui concerne l'autisme, il n'y a aucune "omniprésence" de l'industrice pharmaceutique ... bien en peine.