Lemashtu Dracul, futur Roi de Walachie, a dû fuir la Roumanie et l’oppression dont sont victimes les siens.
En exil à Londres, il a pour seuls compagnons deux stryges : Féhik, un prêtre dont la sévérité n’a d’égale que la propension aux sarcasmes ; et Aratar, un maître enseignant suspicieux et moralisateur. Lem étouffe sous la surveillance constante de ses aînés et les innombrables règles de sécurité édictées par le Vatican. Il aimerait pouvoir vivre comme les autres adolescents.
Mais Lem n’est pas humain. À l’aube de ses quinze ans, il sent monter en lui des pulsions obscures et commence à prendre la mesure de sa véritable nature.
L’arrivée de Liéga, un jeune strigoï, vient bousculer son morne quotidien et le confronter à la vérité. Et si Lem se trompait, s’il était infiniment plus précieux qu’il l’imaginait…
Si c’était lui qui était en danger…
Comment fait-on parler de son premier roman quand on est incapable de postillonner dans un micro ou de gesticuler devant une caméra ?
La réponse est d’une simplicité confondante ; on se cale derrière son clavier et on fait comme d’habitude, on appuie sur les touches avec les doigts, une clope à la bouche et un café à portée de main. On préfère s’user les yeux sur un écran que de croiser un regard. C’est con de parler avec les doigts, mais c’est mieux que de n’avoir rien à dire avec la bouche.
Les Stryges de leur nom commun ou homo sapiens incubus de leur nom savant sont organisés en caste regroupant des individus présentant des spécificités biologiques et psychologiques strictes. Pourquoi tant de rigidité ?
Les tables de classification m’ont toujours mise mal à l’aise ; cette propension générale à toujours vouloir tout ranger dans une case, au mépris de l’individu, de la part qui déborde du cadre.
Dans « Lemashtu », deux axes « cadrant » d’habitude opposés se croisent, la religion d’un côté, qui refuse de reconnaître que les Stryges ont une âme, (comme pour les homosexuels, les noirs et les animaux ….) et la science qui préfère créé une sous espèce plutôt que d’intégrer les stryges dans l’espèce homo sapiens.
A partir de quand peut-on prétendre être humain ?
Lemashtu étant un voïvode strigoï, il peut se reproduire avec une femme humaine. Étonnamment, la science et la religion se concentrent sur ses différences faisant fi de cette extraordinaire ressemblance …
Je voulais aussi « rendre hommage » à la pire des tables de classifications jamais inventée, le Manuel Diagnostique et Statistique des troubles Mentaux ou DSM dans lequel je me suis baladée un certain nombre d’année à la faveur de diagnostics contradictoires pour finir dans une case portant la magnifique étiquette : « high functionning autism ».
« Autisme de haut fonctionnement », un oxymoron qui m’amuse aujourd’hui, mais qui m’a pourri un certain nombre d’années. C’est quoi un autiste de haut niveau de fonctionnement, eh bien attention les yeux ! c’est un autiste qui parle, qui travaille à temps plein, qui est même marié, c’est un autiste comme tout le monde… Hormis quelques minuscules bizarreries.
Il est beaucoup question de religion et de spiritualité dans Lemashtu ? Un message à ce sujet ?
Euh non …
Je ne suis pas croyante, j’ai même une incapacité pathologique à croire. Je ne prends jamais rien pour argent comptant, il faut toujours que je comprenne tous les tenants et les aboutissants du moindre truc. Par contre, j’ai des valeurs et je me suis très longtemps documenté sur les religions pour essayer de percer le mystère de leur contagion. J’ai acquis au fil des années une forme d’admiration pour les croyants car ils font preuve d’une confiance et d’un lâcher prise dont je suis incapable.
Le commandement « Tu aimeras ton prochain comme toi même » m’a toujours intrigué, en raison du terme « prochain » qui me semble un peu réducteur. Je sais que ce point de vue est certainement consécutif à ma « difficulté sociale », je laisse très peu de personnes vraiment m’approcher, On peut dire que d’une certaine façon, je n’ai pas beaucoup de « prochains ».
Pour moi, le défi a toujours été d’aimer mon « lointain », non pas comme moi-même parce que je n’ai pas beaucoup de confiance en ce que je suis, mais tout simplement comme il le mérite.
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