Autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Toutes discussions concernant l'autisme et le syndrome d'Asperger, leurs définitions, les méthodes de diagnostic, l'état de la recherche, les nouveautés, etc.
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Laura Ingalls
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par Laura Ingalls »

evolution650HBn°2 a écrit :Nova,

je pense qu'Alexis voulait surtout parler d'un certain paradoxe : comment peut-on être vraiment certain du diagnostic (postiif ou négatif) posé par des dits professionnel alors que ceux-là même essaient de "soigner" les autistes - et donc montrent leur méconnaissance du sujet en proposant des pseudo-solutions à côté de la plaque ?
S'ils comprenaient réellement les symptômes, alors les solutions proposées seraient adaptées. Se tromper sur la résolution d'un "problème", c'est ne pas avoir compris ce problème.
Ceci dit, il s'agit bien sur ici d'une généralisation qui n'est, comme toute généralisation, jamais véritablement vrai - vous me pardonnerez cette redondance.

Là où je ne suis en revanche pas d'accord quant au "penser par soi-même", c'est qu'il est très difficile d'être pleinement objectif sur soi-même, et l'intervention d'un tiers est quasiment nécessaire. Penser par soi-même, c'est bien, mais je doute qu'il soit aussi pertinent de se juger soi-même, puisqu'un cerveau s'analysera toujours en fonction de ce qu'il est. Autrement dit, l'oeil ne peut se regarder lui-même.
C'est vrai, l'oeil ne peut pas se regarder soi-même! Faut bien l'admettre! Mais, les autres ne peuvent pas savoir ce qu'on pense à notre place non-plus!

Complètement d'accord avec toi!
"L'autisme n'est pas contagieux et je trouve que c'est bien dommage d'ailleurs!" J. Schovanec

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Nath62
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par Nath62 »

"JOURNALISTE : Mais au fond quelle différence y a t il entre le bon et le mauvais chasseur ?
RIRES CHASSEUR 3 : Ah j'l'atendais celle là j'l'attendais. Non mais le mauvais chasseur bon bah c'est le gars qui a un fusil y voit un truc qui bouge y tire
JOURNALISTE : Et le bon chasseur ?
CHASSEUR 3 : Le bon chasseur c'est un gars il a un fusil, un fusil y voit un truc qui bouge y tire mais….
CHASSEUR 2 : Ce n'est pas la même chose y'a le bon chasseur, et y'a le mauvais chasseur, y'a le viandard et y'a le non viandard
CHASSEUR 1 : Bon y faut expliquer tu vois y'a le mauvais chasseur, y voit un truc qui bouge y tire, y tire. Le bon chasseur y voit un truc y tire mais c'est un bon chasseur
CHASSEUR 3 : Voilà c'est ça on ne peut pas les confondre
CHASSEUR 2 : Y'a le mauvais chasseur y voit un truc y tire c'est sur alors là on le reconnaît à la ronde mais le bon chasseur y voit un truc y tire mais c'est un bon chasseur quoi. Bon toute façon c'est des questions à la con ça
CHASSEUR 1 : Faut leur expliquer aux gens parce qui savent pas faire la différence après."

:lol: :lol:
Mère absolument atypique (mais à quel niveau ?) d'une petite atypique de 5 ans dont le diagnostic est enfin en route..
cosima
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par cosima »

Un sketch des Inconnus non?
Neuro pas du tout typique, diagnostiquée hqi, ne souhaite pas faire de diagnostic SA
Nath62
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par Nath62 »

La galinette cendrée.... l'un de mes préférés :)
Mère absolument atypique (mais à quel niveau ?) d'une petite atypique de 5 ans dont le diagnostic est enfin en route..
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Laura Ingalls
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par Laura Ingalls »

Culte! :mryellow:
"L'autisme n'est pas contagieux et je trouve que c'est bien dommage d'ailleurs!" J. Schovanec

Diagnostiquée asperger
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Tugdual
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par Tugdual »

TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Faisceau Concentré
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par Faisceau Concentré »

Je voudrais profiter de ce sujet pour parler de mon cas personnel, non pas parce que je cherche à m’en justifier, mais parce que je le pense relativement original et qu’il pourrait apporter une nuance à cette question du diagnostic/auto-diagnostic.

Je ne suis pas auto-diagnostiqué au sens littéral du terme. En effet, je n’ai jamais passé de test sur internet au motif de me sentir perdu ou même par simple hasard. Je n’ai pas non plus lu des choses sur l’autisme pour me réveiller un matin avec la conviction d’être concerné par celui-ci. Bref, je n’ai tout simplement jamais eu de désir d’identification (que ce soit en rapport avec l’autisme ou quoique ce soit d’autre). L’absence de ce désir d’identification (j’entends par là avoir le désir d’appartenir à un groupe qui partage, au moins partiellement, mes spécificités) reste à ce jour pour moi une question centrale et ceci d’autant plus depuis que j’ai pu constater que c’est le moteur de la plupart des tentatives de diagnostics.

Je n’ai pas non plus de diagnostic au sens littéral du terme. Celle qui m’a « identifié » - je préfère ce terme parce que le diagnostic implique des tests qui ne m’ont jamais été administrés – c’est ma sœur, psychologue clinicienne, que j’aime à appeler ma « neurotypique référente ».

Pendant très longtemps j’ai entretenu une non-relation avec cette sœur qui m’était incompréhensible, sentiment que je sais aujourd’hui réciproque. Avant mes 20 ans, notre différence était-elle qu’elle dressait un mur invisible, qui sans nous rendre indifférente à l’autre, faisait de la moindre conversation une chose impossible. Mais une fois à la faculté les choses ont changés. Nous avons réalisées qu’il existait un pont qui nous permettrait de nous rejoindre, la discussion intellectuelle. Nos approches très différentes d’un même problème nous ont permis d’enrichir nos conceptions et la force d’élaboration qui en ressort reste pour moi sans commune mesure. La proximité qui existe entre nous depuis lors n’est pas affective (tout au moins pour ma part), nous sommes davantage des complices intellectuels.

Au cours du temps, nos discussions sont devenues de plus en plus profonde et il nous est apparu que nos différences dans la gestion du quotidien tiennent à des différences beaucoup plus profondes dans nos modes de fonctionnement. D’ailleurs, la phrase qui conclu le plus souvent nos débats ressemble souvent à ça : « je pense pouvoir me le représenter intellectuellement, mais je ne le comprends pas ! ».

Pour la première fois j’ai parlé de mon monde à quelqu’un d’autre. Je me souviens l’avoir fait par téléphone. Je pense que je n’aurais jamais été capable de le faire autrement. Je n’aurais pu soutenir le regard de ma sœur alors que je mettais ainsi en péril le système de protection de toute une vie pour révéler la chose qui m’est la plus intime, la plus précieuse. A partir de ce moment, nous avons progressivement commencés à étudier mes spécificités au travers de discussions très intenses, qui pouvaient durer des heures. L’élaboration n’en fut pas toujours simple, mais l’avancée de ma sœur dans sa formation et surtout ses expériences de stages nous ont beaucoup nourris.

Ainsi, la première fois que nous avons parlée d’autisme nous l’avons fait comme pour n’importe quel autre sujet d’étude, avec un regard différent. Nos « connaissances » à l’époque très limitées me semblent bien obsolètes mais les pensées que j’ai eues alors n’ont pas changés. Nous avons abordé l’autisme au travers d’un exposé dont la structure simpliste exigeait une présentation de la symptomatologie et autres généralités. Devant ces données quelque chose m’a immédiatement fais tiquer, malgré ma méconnaissance totale du sujet, à savoir les stats de QI. Elles m’ont paru aberrantes ! Ne pouvant y croire une seconde et alors que ce rapport aurait du être bouclé en une heure, me voilà partie pour une nuit blanche à décortiquer des articles scientifiques, en anglais (et vue mon niveau de l’époque, ça tient du miracle !), jusqu’à tomber sur l’article « The level and nature of autistic intelligence » de M. Dawson et al.! Cet article allait jouer un rôle déterminant dans la pensée et les choix d’orientation de ma sœur.

Son intérêt pour l’autisme a été conforté par sa rencontre en stages avec des adultes asperger. Nous en avons alors énormément discuté, comme nous sommes capables de le faire avec n’importe quel sujet dès lors qu’il éveille nos intérêts respectifs. J’ai immédiatement été passionnée par ces discussions parce que comprendre la complexité des pensées humaines est mon plus ancien intérêt restreint (savoir indispensable à la création de personnalités toujours plus complexes et « réelles »).

Lorsqu’elle me rapporta ce qui l’avait marqué lors de ces entretiens, il est apparu que leur mode de fonctionnement me paraissait bien souvent clair et logique (comme ce ne fut presque jamais le cas avec ceux de ma sœur et inversement). J’y ai trouvé un grand intérêt et je m’amusais à souligner nos similitudes et nos différences (parce qu’ils y en avaient). Mais là encore, rien dans mon esprit ne cherchait à s’assimiler à ces autistes asperger, il s’agissait davantage de cocasses coïncidences. Tout cela n’avait pas joué de rôle déterminant pour moi, hormis celui d’enrichir ma pensée, mais il n’en fut pas de même pour ma sœur.

Elle connaissait mon enfance pour l’avoir partagée et en savaient encore plus sur mon mode de fonctionnement du fait de mes confidences et de part les attitudes qu’elle pouvait commencer à observer lorsque je me suis sentie suffisamment en confiance pour laisser transparaitre certaines attitudes et stéréotypies que je m’efforçais jusqu’alors de ne réserver qu’à l’intime, où je les avais placées dès l’enfance pour que les adulte ne me les volent pas. Un jour, elle a fini par me parler de ce qu’elle qualifiait de traits autistiques. Je ne les voyais pas chez moi. Alors elle les a listés.

A cette époque il n’était pas question ni pour elle ni pour moi d’autisme au sens strict du terme, mais le temps passant, ma sœur a commencé à renforcer sa conviction de mon appartenance au spectre large de l’autisme. Je ne me sentais toujours pas convaincu.

Finalement il m’a fallu modifier ma propre perception de ce que pouvait être l’autisme pour commencer à l’envisager. Et cela fut notamment possible par la recherche de témoignages. Mon appartenance au spectre m’est alors apparue comme possible, même si au jour d’aujourd’hui je note encore quelques différences qui me semblent fondamentales avec la grande majorité des témoignages que j’ai pu lire. Mais heureusement d’autres, très rare vont dans mon sens.

La question de ma légitimité m’est apparue quand j’ai voulu intervenir sur ce forum. Avant cela, je n’avais exprimée un avis sur l’autisme au travers de mon expérience personnel qu’avec ma sœur et nous étions toutes les deux au fait de mon non diagnostic. De nombreuses discussions avec ma sœur m’ont été nécessaires pour ne plus avoir le sentiment de spolier un statut qui ne m’appartenait pas. Ma sœur m’a même proposé de me faire passer le test (bien qu’étant donné notre filiation il n’aurait pas eu de validité légale), malgré qu’elle le pensait inutile.

J’ai alors commencé à m’interroger sur le diagnostic. Dans la mesure où je ne souhaite pas m’exposer ni dans la sphère du privé ni dans la sphère professionnelle, je n’en veux pas. Je n’y peux rien, si j’allais dans un CRA pour le demander en espérant quelques aménagements, j’aurais le sentiment de perdre !

Toute mon enfance les adultes m’ont répétés qu’il faudrait changer pour « réussir ma vie », que je n’étais pas normale mais que si je faisais ce qu’on me disait j’y parviendrais.

Toute ma vie je me suis promis de réussir en restant moi-même.

Alors je m’excuse si mes propos en viennent à blesser ceux qui ont tant lutté pour l’obtenir, mais le statut d’handicapé m’insulte. Il m’insulte de part cette vision déficitaire et misérabiliste qu’on lui connait en France. Il insulte tout ce que j’essaye de construire, toutes les promesses que je me suis faite.

Est-ce que c’est dur ? Parfois, oui ça l’est vraiment, au point que l’idée me vienne d’aller la chercher cette foutue carte handicapé pour pouvoir rester chez moi, aller dans mon monde, lire, écrire et c’est tout !
Mais qu’est ce que je peux m’en vouloir de cette faiblesse* !

*[par faiblesse, j’entends dans ma détermination et je ne veux pas dire que ceux qui désirent ce statut sont faible, c’est mon histoire de vie qui rend inconcevable pour moi ce que je trouve légitime pour d’autres. J’ai toujours été plus stricte envers moi-même qu’envers les autres, parce qu’être déterminée et forte et la seule façon que j’ai trouvé pour vivre.]

Alors, j’ai décidé que si je devais me faire diagnostiquer ce serait quand j’aurais accomplis tout le reste par moi-même et que je me serais prouvé que j’ai pu faire sans. Mes solutions sont le fruit d’un travail acharné et je me sens fière de ce que je suis et de la vie que je suis en train de me construire.

Est-ce une justification non légitime pour refuser un diagnostic ? Ce diagnostic est-il un principe de précaution indispensable pour s’exprimer en tant qu’autiste ?

De toute manière, mes traits autistiques sont là. J’ai confiance dans les compétences professionnelles de ma sœur pour en juger. Savoir à quelle forme d’autisme je corresponds n’a aucune importance. C’est pourquoi je ne pense sincèrement pas faire preuve de malhonnêteté intellectuelle lorsque je parle de ma nature autistique ou encore de mon autisme dans mes derniers post. J’ai longuement muri la réflexion autour de ma légitimité à parler, ici et ailleurs, en tant qu’autiste et aujourd’hui c’est sereinement que je la défends.

Toutefois, le fait que je me sente légitime ne vous oblige en rien à me reconnaitre. De toute manière, ayant un affect très réduit il n’y a pas à craindre de me blesser si vous ne partagez pas ce sentiment. Votre avis m’intéresse néanmoins. Peut-être irez-vous dans mon sens où peut-être parviendrez-vous à me démontrer que je me suis fourvoyée. Après tout, une bonne idée se doit de ne jamais être figée.

Mais une question me trotte dans la tête, si je devais insérer une signature, que devrais-je y écrire ? Un lien vers ce message aussi bref et concis que faire se peut pour expliquer la réalité de ma situation peut-être ? *me voilà devenant un peu trop taquine*

Bref, ce que j’essaye de dire c’est qu’il existe un nombre infini de situations qui peuvent conduire à une conviction d’autisme. De toute manière, il y a beaucoup d’arbitraire dans un diagnostic qui n’est pas biologique et certains atypiques non autiste le seront peut-être à la prochaine actualisation des critères de diagnostics.

Pour autant, je comprends l’agacement de se voir voler la parole et parfois même la visibilité par des personnes que l’on ne considère pas comme légitime. Il ne faudrait pas pour autant en oublier sa propre légitimité à dicter ce qui l’est ou ne l’est pas. Je me permets donc de remettre en cause votre droit à dicter la légitimité des arguments de ceux qui ne veulent pas du diagnostic. Je comprends et j’admets que vous l’encensiez parce qu’il est fondamental pour vous mais c’est ignorer la possibilité qu’il existe des autistes qui vivent tout à fait convenablement sans, ce qui fait que nous ne les connaitront jamais.

Pour sûr, si ma sœur n’était pas devenue psychologue clinicienne, je ne serais jamais arrivé à en écrire ses mots. J’ai 24 ans. J’ai toujours eu conscience de ma différence. Je n’ai jamais eu besoin de me l’expliquer.
N’étant pas prétentieuse par nature, je veux croire que je n’ai rien d’exceptionnel ou d’unique, donc qu’il y en a d’autres dans mon cas et que ce qui nous différencie c’est qu’ils n’ont pas ma sœur pour les conduire ici et en témoigner.
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Rose
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par Rose »

Un peu long (j'ai des soucis de lecture avec l'âge...), mais sur le fond je suis d'accord avec toi et ma démarche se rapproche de la tienne, même si mon âge joue beaucoup dans ma décision. J'ai refusé toute la vie de mon fils qu'il soit catalogué et je n'ai pas envie de l'être non plus.
Je ne suis pas certaine qu'il soit obligé de passer par un psy pour se connaître soi-même. Je pense au contraire que nul ne se connaît mieux que soi-même. Après, il faut du courage pour se voir tel que l'on est vraiment, sans se voiler la face. Un bon psy peut effectivement aider en "mettant le doigt là où ça fait mal", mais c'est tout, il ne peut pas en sortir plus que ce que j'accepte de dévoiler.
Cependant ce qui peut être vrai pour une personne d'un certain âge ne l'est pas pour tous. Je conseillerai toujours à une jeune personne de se faire diagnostiquer. Quand je dis que j'ai refusé que mon fils soit étiqueté, c'est dans la vie de chaque jour. Il a été diagnostiqué très jeune.
"Ne le secouez pas, cet homme est plein de larmes." Charles Dickens.
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charles
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par charles »

Témoignage intéressant.

Je ne fais de lien entre le diagnostique et l'handicap. Se faire diagnostiquer est une démarche personnelle et il est possible de ne pas le divulguer ou de demander le statut qui va avec.
Je ne compte rien demander. Je cherche à éviter l'errance médicale que je subis depuis des années.

J'ai mis le doigt dans l'engrange psy et depuis j'ai eu tous les diagnostiques psy existants ou presque. Alors je veux en finir avec toute cela une fois pour toute. Quand les médecins commencent à vous considérer "malade", vous vous sentez malade et je veux savoir. Pour le moment, rien de ce qu'ils m'ont avancé ne m'a convaincu et je ne veux pas rester avec un diagnostique de dépressif/cyclothymique/borderline ou schizo ....
Car dans tous ces cas, il est possible de traiter, il est possible d'espérer changer et vivre "normalement". Alors qu'en étant aspi la démarche est dans l'acceptation de soi.
Et dans mon cas, le diagnostique serait un soulagement, et dans le cas contraire .... surement un souffrance ajoutée à la souffrance car je retournerais au point de départ, avec des doutes et l'hésitation perpétuelle entre se soigner et accepter.

Alors je peux comprendre que celui qui a eu de bons conseils et a eu rapidement un auto-diagnostique ne veuille pas être "officiellement" reconnu. Celui-ci n'ira peut-être pas voir un psy qui lui conseillera peut-être des antidépresseurs et autres médicaments ou techniques... voir l'HP. Et celui-ci pourra aussi rapidement orienter le psy, qui malheureusement ont presque la même image des autistes que la plupart des gens.

Un exemple, récent puisque c'était hier :
Mon psy hésite à me proposer des exercices d'habilité sociale. Sans savoir que je peux avoir un TSA, j'aurais accepté, comme je l'ai fait il y a encore peu de temps. Mais cette fois-ci je lui ai demandé si cela avait un intérêt car je ne cherche pas particulièrement à être sociable au point de pouvoir tenir une conversation qui ne m'intéresse pas. Le risque est que je me sente renforcé dans ma différence. Accepter ne pas être intéressé par ce genre de conversation est peut-être plus simple et plus bénéfique.

Un autre exemple :
Pendant des années les psy ont voulu me rendre "normal". J'ai eu de l'Abilify pendant 2 ans. Un médicament qui est sensé aider à devenir plus sociable. Cela a eu des conséquence sur ma santé. En parallèle, un psy TCC m'a "obligé" à organiser des fêtes. J'ai eu comme mission de me trouver unes soirée pour le nouvel an. 2 années de suite, j'ai déprimé après avoir angoissé de ne pas y arriver. Car avant tout il fallait que je trouve des amis. Ce fut un enfer pour ma famille.

Alors, je trouve que l'auto diagnostique est une première étape très importante qui permet d'éviter le piège tendu par ces psy incompétents qui traitent le DSM comme une fonction procédurale en C# ....
Ensuite un vrai diagnostique permet d'asseoir le diagnostique, d'être bien rangé dans une case pour éviter toutes les autres, celles qui vous plongent dans les méandres de la maladie psy, celles qui peuvent vous faire sombrer totalement.

Ensuite à chacun de décider de le dire ou le garder pour lui, de bénéficier d'aides ou de tenter de s'intégrer en tenant compte de ses difficultés ....

Voilà mon simple avis de non diagnostiqué :)
FinementCiselé
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par FinementCiselé »

charles a écrit : Alors, je trouve que l'auto diagnostique est une première étape très importante qui permet d'éviter le piège tendu par ces psy incompétents qui traitent le DSM comme une fonction procédurale en C# ....
:lol:

bien résumé
Aspie "cru 2014".
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Manichéenne
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par Manichéenne »

Faisceau Concentré, j'aime beaucoup ton message.
Je comprends bien que tu ne cherches pas de diagnostic, et c'est tant mieux. Après tout, faire une longue démarche sans en voir l'intérêt alors que tu as déjà une certitude raisonnable et suffisante, ça n'a aucun sens.
Tu sais comment tu fonctionnes, y mettre un tampon officiel ne t'apporte rien.
Tant que tu ne multiplies pas les messages sur les forums/blogs/autres pour affirmer que "nous les autistes fonctionnons de telle manière", je ne vois pas de soucis. En même temps, même les messages de ce type par des gens diagnostiqués me gênent parfois, parler au nom d'un groupe est difficile et sujet à erreurs qu'on en fasse partie ou non. Il est si facile de faire de son cas une généralité...

Que je sois dans le spectre autistique ou non, je ne me considère pas handicapée. Mais je suis travailleur handicapée. Sans aucune reconnaissance de statut, parce qu'en France c'est pas possible sans un diag officiel, tout passe par les reconnaissances signées et validées. Comme on ne peut me reconnaitre mes connaissances dans mes intérêts restreints sans avoir le diplôme équivalent. S'il n'y a pas l'étiquette alors ce n'est rien...
Je peux vivre normalement, je peux même travailler à peu près normalement (à part quelques critiques des collègues et surtout des supérieurs). Mais est-ce que je veux m'épuiser à ça ? Je mets en danger ma santé, et donc ma famille, si je persiste à vivre comme tout le monde.

Tu as 24 ans. Je ne sais pas si tu travailles ou a déjà travaillé. Je pense que tu peux y arriver, te prouver que tu peux le faire sans le diagnostic. Est-ce pour autant un choix que tu remettras en cause dans 10, 15 ou 20 ans ? Y arriver, ce n'est pas vouloir faire l'effort sur le long terme.
Je n'ai peut-être pas besoin de diagnostic, après out j'ai toujours fait sans. Mais il faut 2 ans pour l'obtenir, et je ne sais pas quelle sera ma situation dans si longtemps.
Diagnostiquée Autiste Asperger et TDA.
Mère de 3 enfants : fils Aîné TDAH et TSA atypique, cadet TSA de type Asperger, benjamin en cours d'évaluation neuropsy.
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Benoit
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par Benoit »

charles a écrit : Alors, je trouve que l'auto diagnostique est une première étape très importante qui permet d'éviter le piège tendu par ces psy incompétents qui traitent le DSM comme une fonction procédurale en C# ....
{Apparté On}
"fonction procédurale" je trouve ça tellement swag comme appellation, à peu près autant que "programmation logicielle"
{Apparté Off}
Identifié Aspie (広島, 08/10/31) Diagnostiqué (CRA MP 2009/12/18)

話したい誰かがいるってしあわせだ

Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.
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Tugdual
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par Tugdual »

Intéressante discussion ...

1. À propos du diagnostic ...

De ce qu'on nomme "diagnostic", sans plus
de précision, je distingue trois éléments
radicalement différents, indépendants :
  • le diagnostic proprement dit ;
  • le fameux statut d'handicapé (RQTH) ;
  • les aides psychologiques (suivi, ateliers ...).
Je ne vois aucune raison objective pour que
ces trois éléments forment un package insécable.
Chacun d'entre nous a une histoire, un caractère,
enfin des particularités qui heureusement lui sont
propres et individualisent ses goûts et ses envies.

Pourtant, je ressens au niveau des psys,
une certaine réticence à accepter ça.
Ils me donnent l'impression de voir ce package
comme une évidence, et de faire pression pour
qu'on l'accepte, en particulier le suivi ultérieur.

2. En ce qui me concerne ...

Ce diagnostic, je le veux, car n'ayant pas la chance
d'avoir de la famille ou des amis compétents dans
le milieu psy, je n'ai pas de certitude intérieure
suffisamment solide pour m'en contenter.
Je n'ai donc pas d'autre choix que de me tourner
vers ces psys, dont la solidité des connaissances a
une légère tendance à m'affoler plus qu'autre chose.
Ce paradoxe me perturbe énormément.

Le statut RQTH, c'est clair, je n'en veux pas.
Une première raison est que je suis persuadé
que si je l'avais eu, certaines opportunités dans
mon parcours professionnel ne se seraient tout
simplement pas présentées, et je ne serais pas
ici, aujourd'hui, dans mon petit coin de paradis.
Une seconde raison est peut-être une pointe
d'orgueil. Je ne me reconnais pas du tout dans
ce mot, mais on m'a déjà accusé de l'être,
quoique je pense qu'il y a confusion avec
l'énervement que me provoque mes erreurs.

Pour le suivi, d'éventuels ateliers d'habilité
sociale ou autres, je n'en suis pas, à ce jour,
demandeur. Cela fait une trentaine d'années
que je fais des efforts dans ce domaine,
et l'apprentissage ne se fait pas. Tout ce que
j'arrive, c'est faire semblant, et je considère
cela suffisamment peu satisfaisant pour n'avoir
pas envie de développer cette capacité, qui
me fait plus culpabiliser qu'autre chose.
Je rejoins donc Charles à ce propos.

3. À propos de l'âge ...

Cela fait un moment que cette question
de l'âge trotte dans ma tête, et dans cette
discussion, Rose aborde d'ailleurs ce point.

Quand on est jeune, il me semble que tout
dépend de ce qu'on arrive à supporter,
à s'imposer, pour tracer son chemin.
Moins on y arrive, plus une aide se justifie.

Quand on a tracé sa route, eu un parcours
professionnel, élevé sa petite famille,
je peux comprendre qu'une démarche
de diagnostic paraisse de peu d'importance.

Quand on est à mi-chemin, on a réussi à
faire certaines choses, on a identifié certains
problèmes, on est le cul entre deux chaises.

Aujourd'hui, je me sens surtout las, fatigué.
Fatigué et inquiet. Tous les efforts que
j'ai pu faire me laissent un goût amer,
vu que personne n'en a conscience ...
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
Eflenn
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par Eflenn »

Je crois que le diagnostic peut aider à apporter de la légitimité. Personnellement j'ai toujours eu l'impression de vivre en état d'imposture à cause de l'incohérence entre mon ressenti intérieur et mon personnage public. J'hésite donc beaucoup à poster sur ce forum et je pense que je me sentirai plus enclin à le faire une fois le diagnostic posé, s'il s'avère positif.

Le débat sur le "pourquoi" de la démarche diagnostique me surprend un peu. Je ne crois pas qu'on puisse généraliser quoi que ce soit qui touche à l'humain. Chacun à son parcours et ses raisons de le faire ou pas.

Toutefois si on utilise le fait d'être autiste pour revendiquer quelque chose ou chercher à représenter d'autres personnes il me semble bon d'asseoir sa légitimité. On sort du cadre personnel pour rentrer dans un espace public où nos actes et paroles peuvent avoir des conséquences sur d'autres êtres. Après tout personne ne va chez le dentiste pour se faire plâtrer une jambe cassée.

Enfin j'avoue apprécier les signatures sur le forum car elles offrent un contexte aux propos que j'y lis. Je vais en rajouter une à mon profil.
Diagnostiqué asperger.
Suriciole
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par Suriciole »

J'ai lu le sujet avec attention, j'ai été très surprise par son introduction. Je ne m'imagine peut-être pas les personnes dénoncées par cette problématique. Il me semblait que les auto-diagnostics étaient chose relativement courante dans le domaine et qu'on laissait à chacun le choix et le temps d'avancer vers un diagnostic médical.

Je ne sais que penser de cette discussion, je suis un peu déçue et effrayée. Je veux croire que personne ici n'a eu l'intention de blesser qui que ce soit, mais je pense qu'on peut rapidement se sentir visé et de fait illégitime. Je n'ai pas assez de recul pour juger tout ce qui se joue dans la période pré-diagnostic, mais de ce que je lis ici, ailleurs, dans des livres ou dans mon cœur, c'est quelque chose de complexe, de déstabilisant et de très personnel. Je préfère laisser à chacun le soin de se définir lui-même.

Cette petite note d'amertume mise à part, j'aime bien lire vos histoires personnelles. Je trouve que certains (voire tous, je ne vous connais pas encore assez) transmettent une passion saisissante dans leurs textes. J'ai beaucoup aimé le message de Faisceau Concentré, je lui trouve quelque chose de beau, cela m'évoque un long cours d'eau fluide.