MrMétaphysique a écrit : ↑vendredi 19 mai 2023 à 12:23
Je ne sais pas si mon témoignage entre exactement dans le sujet (peut-être dans le cadre des pseudo-sciences).
Parmi mes rares expériences professionnelles, j’ai été libraire. Comme je ne savais pas où me placer, que faire quand il n’y avait plus rien à faire, j’ai voulu lancer un sujet de discussion avec une collègue, histoire de faire le premier pas.
Des dizaines de sujets de conversation potentiels se présentaient à mon esprit. J’ai choisi celui qui me semblait le plus consensuel afin d’augmenter les chances que l’interaction se passe bien et puisse donner ultérieurement lieu à une deuxième, et ainsi de suite, puisqu’une relation sociale, ce n’est finalement qu’une série d’interactions. Bref.
Quand j’ai commencé à travailler comme libraire, j’ai été étonné et choqué de voir que le rayon d’ésotérisme était réellement conséquent. On y trouve des ouvrages sur la sorcellerie, l’astrologie, les pierres, le chamanisme, etc. J’ai fait part de mon étonnement et surtout de mon inquiétude. J’ai ajouté que, si à un niveau individuel chacun pouvait croire en ce qu’il voulait, quand le phénomène devient collectif, il est le symptôme d’un problème plus profond. J’ai alors proposé une interprétation selon laquelle le recours à l’irrationnel est un moyen détourné (pléonasme) de régler des problèmes psychologiques. On s’essaye à l’astrologie pour ne pas aller voir un psychologue. On essaye de régler le problème, mais indirectement.
La réponse de ma collège a été : « il faut que tu arrêtes d’être dans le jugement ».
J’ai ré-expliqué ma position, qui me semblait équilibrée et pleine d’empathie. Ça n’a servi à rien. J’y suis donc allé plus franchement et je lui ai dit « La magie, ça n’existe pas ». Elle est partie.
Au final, la seule chose qu’elle a trouvé à reprocher à ce rayon d’ésotérisme, c’est que les livres de chamanisme (et non « sur le chamanisme »)… relèvent de l’appropriation culturelle. Je me suis retenu pour ne pas exploser de rire.
Plus tard, j’ai vu qu’elle portait une pierre autour du cou à laquelle elle attribuait des bienfaits. Un autre jour, durant la pause déjeuner, elle a raconté une partie de son histoire personnelle. De ce que j’ai compris, elle n’a plus que son frère. Ils ont perdu leurs parents et son frère a beaucoup de problèmes d’insertion sociale. Ça a totalement confirmé mon interprétation sur l’usage de l’ésotérisme. J’ai encore moins compris pourquoi elle n’avait pas été d’accord avec moi.
Voilà pourquoi je ne souhaite plus travailler : quoi que je dise, c’est toujours mal interprété, alors même que mon intention est d’aider et que mon propos est plein d’empathie. Comment pouvais-je prévoir que je devais défendre l’existence de la magie (qui n’existe pas, pour rappel) ? Pourquoi est-ce que cette affirmation d’une vérité banale est mal reçue, alors même que ma collègue illustrait parfaitement mon propos ?
La montée de l’ésotérisme me préoccupe. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une mode, d’une tendance, c’est-à-dire d’un phénomène de surface. C’est un problème de société très sérieux, qui est sous-estimé. Je pense qu’il indique des changements politiques profonds à venir.
Je ne m’arrêterai pas de le dénoncer, même si ça m’empêche de créer du lien. C’est mon empathie incomprise par les autres : affirmer des vérités est une vraie contribution à la vie en société.
L’ésotérisme est une vraie saloperie.