Du risque de ne plus se définir QUE comme autiste...

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Salicorne
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Re: Du risque de ne plus se définir QUE comme autiste...

Message par Salicorne »

(Je n'ai pas lu en détails tous les messages de la discussion. Je ne réponds qu'au premier post.)
Ciders a écrit :Ce qui me gêne en revanche déjà bien plus, c'est de constater qu'à force de ne voir que la même personne encore encore et encore dès que l'on aborde cette question, de façon très perverse ce même "grand public" semble être en train de se servir de l'image de Josef pour se construire une nouvelle version stéréotypée et totalement caricaturale de ce que pourrait bien être un Autiste Asperger à ses yeux, c'est à dire qu'à une image d’Épinal on est très vraisemblablement en train d'en substituer une autre. Ce qui ne fait à mon humble avis en rien avancer un éventuel débat de fond.
Je comprends cette critique, et je crois malheureusement que ce type de problème est intrinsèque aux médias et concerne potentiellement toute sorte de sujets. Que peut-on y changer, si ce n'est apprendre à réfléchir par soi-même ? Le public souhaitant approfondir ses connaissances sur l'autisme peut le faire sur Internet ou en contactant des associations spécialisées dont l'un des buts est précisément d'apporter des informations complémentaires.

Néanmoins, je ne pense pas que le travail de Josef Schovanec ne fasse "en rien avancer un éventuel débat de fond". Son travail ne se limite pas à ses apparitions médiatiques, ses conférences grand public, ni à ses livres. Il intervient également dans des conférences professionnelles, et a le mérite de tenter d'inclure toutes les formes d'autisme dans son discours (pas seulement l'autisme de haut niveau).
Il n'est également pas inutile de rappeler que Josef Schovanec n'est en rien responsable d'être ce qu'il est, et de donner une image "stéréotypée et totalement caricaturale" de l'autisme. Il existe des autistes ayant des symptômes plus discrets que ceux de Josef, mais il existe aussi des autistes Asperger ayant des symptômes plus visibles et marqués que les siens. La diversité des cas d'autisme ne facilite pas la tâche aux personnes qui acceptent de témoigner : certains se font vivement critiqués par d'autres justement parce qu'ils ont "trop" l'air normal.
Ciders a écrit :Or j'aurais plutôt tendance à dire que nos existences (= nos personnalités en quelque sorte, et tout ce qui nous rend unique) précèdent cette myriade de symptômes qui, additionnés éventuellement entre eux, peuvent éventuellement conduire vers un diagnostic de type Asperger.
Je suis d'accord.
Ciders a écrit :il me semble que nous avons tous des caractères différents, et que nous faisons certainement preuve en la matière d'une quantité de nuances au moins équivalente à celle de la plupart des NT
A ce propos, le terme "NT" n'est-il pas un peu trop essentialiste ?
Ciders a écrit :Au delà même de nos "passions" qui forcément nous distinguent les uns des autres
Vous avez raison de souligner le terme "passions". Il me paraît toujours regrettable d'adopter pour soi une terminologie (par exemple, "intérêt restreint") utilisée par et pour des psychiatres.
Ciders a écrit :Or le risque de ne plus se définir que comme "autiste", de ne plus voir et discuter de façon privilégiée qu'avec des "autistes", de ne plus vivre de façon exclusive que dans cet "Autistan" -pour reprendre ce néologisme de Josef qui semble être également devenu dans son cas un genre de prophétie auto-réalisatrice-, oui, ce risque me semble tout à fait réel pour nombre de personnes que je vois ça et là aussi bien sur la toile qu'IRL. Et c'est sans doute pensé, favorisé et voulu, là encore, avec les meilleures intentions du monde, et en pensant certainement très bien faire afin de pallier aux problèmes engendrés par nombres nos interactions parfois difficiles avec certains NT, et ce en proposant cette alternative que représenterait un "entre-soi" autiste.
Si les gens sont heureux entre eux, où est le problème ? La créations de "communautés" est naturelle à l'espèce humaine et ne cause aucun préjudice tant que les membres de ces communautés sont capables de rester ouverts et respectueux envers les personnes qui n'en font pas partie.
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Daredevil
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Re: Du risque de ne plus se définir QUE comme autiste...

Message par Daredevil »

Salicorne a écrit :.

Néanmoins, je ne pense pas que le travail de Josef Schovanec ne fasse "en rien avancer un éventuel débat de fond". Son travail ne se limite pas à ses apparitions médiatiques, ses conférences grand public, ni à ses livres. Il intervient également dans des conférences professionnelles, et a le mérite de tenter d'inclure toutes les formes d'autisme dans son discours (pas seulement l'autisme de haut niveau).
Il n'est également pas inutile de rappeler que Josef Schovanec n'est en rien responsable d'être ce qu'il est, et de donner une image "stéréotypée et totalement caricaturale" de l'autisme. Il existe des autistes ayant des symptômes plus discrets que ceux de Josef, mais il existe aussi des autistes Asperger ayant des symptômes plus visibles et marqués que les siens. La diversité des cas d'autisme ne facilite pas la tâche aux personnes qui acceptent de témoigner : certains se font vivement critiqués par d'autres justement parce qu'ils ont "trop" l'air normal.
Ciders a écrit :Or j'aurais plutôt tendance à dire que nos existences (= nos personnalités en quelque sorte, et tout ce qui nous rend unique) précèdent cette myriade de symptômes qui, additionnés éventuellement entre eux, peuvent éventuellement conduire vers un diagnostic de type Asperger.
Je suis d'accord.
D'accord avec toi Salicorne :
Je trouve que m. Schovanec fait du très bon travail et j'aime beaucoup le personnage public.

Pour les symptômes qui précédent la personnalité, personnellement je ne suis pas d'accord.
Pour moi cela ne précède pas, cela influence complètement l'évolution de la personnalité des le départ. ça en fait partie.
C'est pour cela que je trouve intéressant l'expression "je suis autiste" et non "je suis atteint d''autisme".
Au même titre qu'un aveugle (n'a jamais vu) et un non-voyant (a perdu la vue).
La personnalité s'est faite avec les troubles.
. Il n’y a pas d’enfant normal caché derrière l’autisme.
(je ne me souviens plus des références de l'expression, désolé)
J'ai trouvé ! :bravo:
Ne nous pleurez pas
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Re: Du risque de ne plus se définir QUE comme autiste...

Message par Ciders »

Salicorne a écrit :(Je n'ai pas lu en détails tous les messages de la discussion. Je ne réponds qu'au premier post.)
Ciders a écrit :Ce qui me gêne en revanche déjà bien plus, c'est de constater qu'à force de ne voir que la même personne encore encore et encore dès que l'on aborde cette question, de façon très perverse ce même "grand public" semble être en train de se servir de l'image de Josef pour se construire une nouvelle version stéréotypée et totalement caricaturale de ce que pourrait bien être un Autiste Asperger à ses yeux, c'est à dire qu'à une image d’Épinal on est très vraisemblablement en train d'en substituer une autre. Ce qui ne fait à mon humble avis en rien avancer un éventuel débat de fond.
Je comprends cette critique, et je crois malheureusement que ce type de problème est intrinsèque aux médias et concerne potentiellement toute sorte de sujets. Que peut-on y changer, si ce n'est apprendre à réfléchir par soi-même ? Le public souhaitant approfondir ses connaissances sur l'autisme peut le faire sur Internet ou en contactant des associations spécialisées dont l'un des buts est précisément d'apporter des informations complémentaires.

Néanmoins, je ne pense pas que le travail de Josef Schovanec ne fasse "en rien avancer un éventuel débat de fond". Son travail ne se limite pas à ses apparitions médiatiques, ses conférences grand public, ni à ses livres. Il intervient également dans des conférences professionnelles, et a le mérite de tenter d'inclure toutes les formes d'autisme dans son discours (pas seulement l'autisme de haut niveau).
Il n'est également pas inutile de rappeler que Josef Schovanec n'est en rien responsable d'être ce qu'il est, et de donner une image "stéréotypée et totalement caricaturale" de l'autisme. Il existe des autistes ayant des symptômes plus discrets que ceux de Josef, mais il existe aussi des autistes Asperger ayant des symptômes plus visibles et marqués que les siens. La diversité des cas d'autisme ne facilite pas la tâche aux personnes qui acceptent de témoigner : certains se font vivement critiqués par d'autres justement parce qu'ils ont "trop" l'air normal.
Je pense également que Josef fait tout à fait avancer le débat de fond. Et j'irais même plus loin, il me semble également qu'il ne cesse de préciser qu'en ce qui concerne l'autisme et ses symptômes, il ne représente que lui-même. Il est intellectuellement très prudent sur ce point et sa probité n'est aucunement à mettre en doute.
Le problème, c'est plutôt la façon dont il finit, directement et indirectement par être récupéré et transformé en quelque chose qu'il ne maîtrise pas forcément.
Ce doit être un dilemme permanent d'être à sa place. Quelque chose comme: "Si je n'y vais pas , personne n'en parlera, et si j'y vais malgré tout, ils en parleront, mais mal..."

C'est un peu le même processus que décrivaient les situationnistes et en particulier Guy Debord: toute critique émise sur la société du spectacle finit invariablement par être récupérée et transformée elle-même en spectacle.

Quant aux critiques dont tu parles à l'égard de celles et ceux qui ont l'air trop normaux, même si je ne l'ai pas encore lu (as-tu un exemple?), je soupçonne tout à fait que cela soit possible. Et cela poserait bien dans ce cas le problème de ce genre "d'identité", surtout si elle finit par fonctionner sur des critères d'exclusion et de fermeture.
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Re: Du risque de ne plus se définir QUE comme autiste...

Message par Ciders »

Daredevil a écrit :
Pour les symptômes qui précédent la personnalité, personnellement je ne suis pas d'accord.
Pour moi cela ne précède pas, cela influence complètement l'évolution de la personnalité des le départ. ça en fait partie.
C'est pour cela que je trouve intéressant l'expression "je suis autiste" et non "je suis atteint d''autisme".
Au même titre qu'un aveugle (n'a jamais vu) et un non-voyant (a perdu la vue).
La personnalité s'est faite avec les troubles.
Oui, nous avons a dû faire avec au cours de nos vies, mais nous ne sommes pas que cela. Nous sommes même beaucoup plus que cela.

Puisque tu parles d'aveugles et de non-voyants, lorsque j'écoute Ray Charles au piano, je pense d'abord à l'artiste et son handicap me semble dans ce cas très secondaire. En fait, je n'y pense presque pas.
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Re: Du risque de ne plus se définir QUE comme autiste...

Message par Daredevil »

Tout à fait d'accord pour Ray Charles de notre porte (angle)
Mais lui doit se définir avec son handicap :o
Même si on peut rêver ;)

Ps en comparaison à l'autisme, mon propos était de faire un parallèle : il n'y a pas d'ancien voyant derrière un aveugle (car il n'a jamais vu) comme il n’y a pas d’enfant normal caché derrière l’autisme.
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Re: Du risque de ne plus se définir QUE comme autiste...

Message par Jean »

Tous les aveugles ne sont pas aveugles de naissance.

Il y a une communauté de sourds qui a une forte cohésion - étant entendu que çà dépend de la conception qu'ils ont (conflits entre les partisans de la langue des signes et ceux qui utilisent des implants cochléaires par exemple). La cohésion se constitue autour du mode de communication.
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Re: Du risque de ne plus se définir QUE comme autiste...

Message par Daredevil »

Oui Jean j'aurais dû écrire "aveugle congénitale ", désolé

Un petit article pour le parallèle
Le langage des adultes aveugles est-il différent des voyants ? Le cas du « verbalisme »

Se définir comme aveugle, n'empêche pas de s'adapter aux autres.
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Re: Du risque de ne plus se définir QUE comme autiste...

Message par Jean »

A la réflexion : pourquoi un breton gay autiste ne se définirait que comme autiste ?

Une réflexion d'Allan, en lien avec la nécessité de se battre, me fait penser que ces notions d'identité/communauté dépendent du contexte : dans un contexte donné, une personne va mettre en avant une identité - dans un autre contexte, ce sera une autre identité qui sera mise en avant.

Mais pourquoi définir cela comme un risque ou un danger ?

Ciders revient régulièrement sur la notion de "trouble neurologique". Comment construire une identité sur un trouble ? Je crois qu'il ne faut pas négliger que ce "trouble" se traduit par des pics de compétences qui ne doivent pas être ignorés.
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Re: Du risque de ne plus se définir QUE comme autiste...

Message par EmmaCestMoi »

Malgré le fait que je lise le topic parce que je suis déphasée du sommeil (je me suis déjà réveillée de ma première nuit :p ) j'ai pas lu toutes les réponses donc peut être que je répète des choses mais il y a deux points dans la premier message qui me font réagir par "oh my fucking god ' - ')"

1- les difficultés d'interactions que les asperges ont PARFOIS avec les NT ... p-p-parfois ?

2- s'identifier = fréquenter des gens de ce groupe d'appartenance


Personnellement je m'identifie à 100% comme asexuelle et pourtant je ne cherche pas à fréquenter des ace, je ne suis pas inscrite sur des forums comme Aven et je ne ressens rien par rapport à la présence de personnages ace dans les fictions.
Part contre je ne m'identifie pas encore comme Aspie parce que je n'en ai pas le droit et c'est pour ça que je suis inscrite sur ce forum: pour avoir des informations qui me permettent d'avancer dans ma démarche. Il est probable que si la démarche arrive à sa fin par un diag, a moins que j'ai des infos très pertinentes a transmettre sur la démarche de recherche de diagnostic, je disparaisse du forum.
Malgré l'affection que j'ai pour Joseph pour m'avoir révélé que lui aussi savait que le mercredi est un jour bleu (je suis née un jour rouge, Joseph le sait aussi ) j'ai pas l'intention d'aller à un café aspie ou ce genre de chose, c'est très improbable que je le fasse, déjà parce que ce serait très difficile et probablement désagréable pour moi ( < d'ailleurs ceci fait partie des caractéristiques qui me définissent qui font que j'ai l'impression d'être concernée par le SA et pour le coup ("le coup": le coup qu'une personne diag SA pense que je vais avoir un comportement hyper social en me mettant à fréquenter pleins d'aspergers si je suis diag) je me demande un peu "qu'est-ce que j'fou là bordel ?" ) ensuite parce que je n'ai aucune raisons de penser que ça serait fécond de rencontrer des personnes asperger IRL. Pourquoi pas s'ajouter sur Line ou échanger par écrit si on a des choses a se dire mais se voir IRL ... (' - ') pour quoi faire ?

Je me répète mais: c'est justement entre autres choses parce que ce genre de concept de socialisation pour la socialisation, de trouver de l'agrément à socialiser, m'échappe complètement que j'ai envie de me désolidariser des NT. C'est assez étrange de lire sur le sujet des neuroatypies, d'avoir l'impression d'avoir trouvé quelque chose, puis d'aller sur un forum dédié et de ne ressentir aucune différence avec ce qui peut être lu sur Twitter par exemple. Au final j'ai pas l'impression d'avoir trouvé quelque chose.
en recherche depuis novembre 2014
en attente d'un test au CRA depuis avril 2015
1er rendez-vous avec un généraliste le 30 sept (1ère fois chez un médecin depuis six ans ^^)
Tout ce que je dis sur moi n'implique aucune communauté.
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Re: Du risque de ne plus se définir QUE comme autiste...

Message par Salicorne »

Ciders a écrit :Quant aux critiques dont tu parles à l'égard de celles et ceux qui ont l'air trop normaux, même si je ne l'ai pas encore lu (as-tu un exemple?), je soupçonne tout à fait que cela soit possible. Et cela poserait bien dans ce cas le problème de ce genre "d'identité", surtout si elle finit par fonctionner sur des critères d'exclusion et de fermeture.
A ce propos, il est possible de lire :
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