Il n'y a aucune sphère des Asperger ni aucune histoire de laisser-passer. C'est la chose fondamentale à éclaircir à mes yeux et je ne sais plus comment le dire: nous sommes tous humains. Nous avons tous nos difficultés et il n'est pas question de mettre ces dernières sur un plan vertical (+ ou - que machin ou truc) mais horizontal. Les difficultés rencontrées peuvent être liées à l'autisme ou à autre chose, et c'est là que la nuance se trouve.par des personnes qui n'ont même pas de laisser passer dans la sphère des Asperger
Ce qu'il faudrait vous mettre dans la caboche c'est que nous essuyons les plâtres dans le domaine. Dans le cadre de mon suivi on me répète beaucoup combien "nous" sommes importants pour ce qui va suivre. Ce qui se passe en ce moment au niveau de l'autisme, les diagnostics, les prises en charge et retours factuels va conditionner ce qui se passera pour les autres.
Une des meilleures explications au sujet des comorbidités que j'ai vues reste la métaphore du bol: l'autisme (ou autre pathologie ou trouble) c'est un bol, et les comorbidités qui viennent se greffer sont des brèches. Si tu ne fais pas attention à ton bol, il finit ébréché au point d'être inutilisable. J'ai 35 ans, suis visiblement très ébréchée, et passe énormément de temps et d'énergie à faire le maximum pour que les prochains bols le soient moins que moi.
C'est aussi simple que ça, en fait. Je peux déranger, passer pour une garce ou pire mais ça m'importe bien moins que ce qui va arriver aux bols qui suivent.
Je ne parlerai que pour moi mais si je suis si "tatillonne" sur les termes et les questions de diags, c'est que c'est déjà un beau bordel l'autisme, et que si un forum nommé "Association pour la Sensibilisation à la Protection, l’Éducation et la Recherche sur l’Autisme, et Notamment le Syndrome d’Asperger" commence à partir dans tous les sens, il n'a plus (à mes yeux en tout cas) de raison d'exister. Car une des meilleures façons de limiter les brèches c'est de situer à quel bol on a affaire, et de cadrer les choses.
Le diagnostic sert (en théorie hélas) à orienter la prise en charge. S'il n'y a pas de rigueur au niveau des termes, tout le monde devient autiste et les gens qui ont besoin de prise en charge adaptée sont perdants faute de ciblage approprié.
Ce topic en particulier (mais ce n'est pas le seul ces derniers temps que j'ai reçu comme "difficile à encaisser") demandait des avis sur une idée de CV qu'à titre perso j'ai trouvé extrêmement condescendante et représentant à peu près tout ce contre quoi je me bats au quotidien, à savoir l'idée que les autistes sont au choix une "race" supérieure ou une plaie intégrale. Pas de juste milieu, pas d'humains: que des "grades" sur un plan toujours vertical.
Le virage que prend la vision "médicale" de l'autisme, c'est que c'est une différence qui n'est ni mieux ni moins bien: juste différente (comme la plupart des différences, d'ailleurs). Selon pas mal de pros, les comorbidités handicapent souvent plus que le trouble lui-même, et l'idée serait d'aboutir à des autistes justement moins handicapés, au moins dans la mesure du possible.
Une de mes thérapeutes me disait justement il y a quelques heures que le corps médical avait selon elle pris du retard à cause de cette vision à base d'échelle de valeur, de principes de dysfonctionnements/sur-fonctionnements. Là où la meilleure façon de limiter au max les comorbidités serait probablement de prendre le parti du fonctionnement autre (encore faut-il le cerner au mieux d'où l'importance des diags et de la rigueur sur les termes).
Quand je vois que les pros (même si c'est encore trop rare) tentent d'amorcer cette évolution et que quelqu'un qui n'est même pas diagnostiqué brandit un étendard aussi obsolète qu'injustifié, je trouve qu'il y a de quoi s'énerver. Sans parler des interventions redondantes visant à minimiser les troubles psy et le rôle des pros (autre phénomène grandement "ébrécheur de bols")
Voilà pour moi...