Vivre en couple, communication, règles implicites...

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
philippe1100
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Re: Faire durer son couple, communication et autisme

Message par philippe1100 »

calande a écrit :
Lilette a écrit :J'ai vraiment besoin d'être proche de lui tout le temps, pas toujours facile pour les autres.
Sans compter que je suis bien plus tactile avec mon chien (ou mon cheval désormais) qu'avec un autre humain lol.
Je me reconnais tout à fait dans cette description ! :roll:
Liya a écrit :Mais ça implique quand même à la base, de trouver quelqu'un avec un profil particulier (suffisamment atypique?) :wink:
Ou quelqu'un de très compréhensif, à défaut d'être atypique...
ou de trouver un homme suffisamment désespéré en amour pour accepter de passer 2 ieme en amour derrière les animaux .

ce n'est pas toujours glorieux , mais il a beaucoup d'homme comme cela pour rendre des femmes heureuses .
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carpediem_etc
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Re: Faire durer son couple, communication et autisme

Message par carpediem_etc »

J'ai été en couple pendant 10 ans avec le père de mes enfants, ça a été une catastrophe, les dernières années ont été très difficiles pour moi.

Je suis depuis 2 ans en couple, nous nous sommes mis ensemble avant que je n'envisage la piste aspie pour moi, et nous sommes passés par ce que j'appelle une (grande) phase d'apprivoisement. Plus que tout j'avais peur de me perdre encore, de m'oublier.

Nous avons tous les deux émis le souhait de ne pas vivre ensemble, c'est ce qui nous préserve je pense, l'un comme l'autre.

Maintenant que je suis en démarche de diag je me comprends mieux, et lui aussi. Ça ne veut pas dire que tout est rose, on a de belles crises (et j'ai cassé une chaise il n'y a pas très longtemps) mais on s'aime, on se respecte, on prend soin l'un de l'autre.
Femme TSA sans déficience mentale, diagnostiquée en 2023 à 43 ans

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misty
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Re: Faire durer son couple, communication et autisme

Message par misty »

C'est un sujet qui m'est très familier, et je me retrouve dans pas mal de vos messages...
Athéna a écrit :A savoir que la découverte du SA a beaucoup aidé aussi. Il a lu le livre de T. Atwood et m'a beaucoup retrouvée dans les descriptions et du coup, ça a apaisées les choses entre nous.
Même chose, on a lu ensemble (surtout le chapitre sur le couple, justement...) et ça a aidé à mettre des mots sur des choses que je ne sais pas lui expliquer, mais que je fais et qu'il trouvait "décalées".
Après, ce fut à double tranchant, parce que lors de son "pétage de plombs", il m'a envoyé dans la figure la "sensation de vide affectif" et l'impression de "vie en parallèle" notamment dont parle Attwood, et ça m'a énormément blessée. Même si au final ça me permet de travailler dessus, je l'ai reçu très violemment...

Donc là, ça fait 2 ans et demi, 1 an et demi qu'on vit ensemble, on ne voulait pas se précipiter, il y avait ma fille, et lui n'avait jamais vraiment vécu en couple (6 mois un peu décousus sur relation assez chaotique de 2 ans et demi, et aucune autre relation longue).
Ce n'est pas facile tous les jours (surtout à cause de sa dépression) mais on tient beaucoup l'un à l'autre, et notre relation est géniale et très importante pour tous les 2. Il accorde beaucoup d'importance à la communication, sait me "tirer les vers du nez" et me mettre le doigt sur mes difficultés. Sans lui je n'aurais certainement pas creusé la piste SA...
Il a été diag HPI et TDAH quand il était ado, et je pense qu'à la fois ce profil "facilite" les choses (on se comprend certainement mieux), à la fois il provoque des "montagnes russes" dues à notre hypersensibilité à tous les 2. Tout dans l'extrême, sans nuances... On ne s'ennuie pas, quoi... :roll:

Dans les petits "trucs" que j'ai mis en place, il y a surtout l'observation. Essayer de sonder son état (ce n'est pas simple, mais je progresse), et si ça semble ne pas aller, je ne vais pas dans mon atelier, par exemple. Je reste dans le salon avec lui, même si on est chacun à son ordi. Je suis là "physiquement", je le regarde, l'embrasse, le prend dans mes bras à l'occasion... Même si c'est 1 fois toutes les 2/3 heures... Pour ne pas avoir l'impression de me sacrifier, je m'organise différemment: je passe quasi tout mon temps dans l'atelier quand il n'est pas là, et ce que je peux faire dans le salon je le réserve aux moments où il est là, pour être plus dispo, plus présente... Quand il est en période un peu plus "up", j'assouplis le truc... J'adapte, quoi...
Avant la "grosse crise", j'ai fait l'erreur classique: considérer que comme ça n'allait pas bien dans sa tête il avait besoin d'espace, et d'être tranquille. Donc je n'étais jamais avec lui, j'en profitais pour me consacrer à mes trucs. Et je me laissais engloutir dedans. Je me disais "quand il aura besoin il viendra me voir". Eh ben non. J'ai appris à la dure que ça ne marche pas comme ça... :innocent:


Après, bien sûr, tout est question de personne. Je suis restée presque 8 ans avec le père de ma fille, je pense qu'il n'a rien compris, et n'a pas cherché à comprendre vraiment. D'où beaucoup de rancune de sa part. C'était zéro communication, il s'est monté ses histoires dans sa tête sans chercher à savoir le pourquoi du comment. Il a joué la "victime négligée par une égoïste givrée", l'histoire lui a plu donc il s'en est contenté...

L'exemple de Lilette je trouve que c'est un peu pareil... On peut être peu démonstratif et très amoureux, ou au contraire en faire des tonnes pour masquer un manque. J'aime beaucoup la phrase "il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour". Je suis hyper logique et carrée donc pour moi l'amour et le blabla c'est abstrait, alors que les preuves d'amour c'est concret...
*Diag TSA*

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carpediem_etc
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Re: Faire durer son couple, communication et autisme

Message par carpediem_etc »

misty a écrit : Avant la "grosse crise", j'ai fait l'erreur classique: considérer que comme ça n'allait pas bien dans sa tête il avait besoin d'espace, et d'être tranquille. Donc je n'étais jamais avec lui, j'en profitais pour me consacrer à mes trucs. Et je me laissais engloutir dedans. Je me disais "quand il aura besoin il viendra me voir". Eh ben non. J'ai appris à la dure que ça ne marche pas comme ça... :innocent:
Oh oui, moi aussi j'ai ce gros problème, de le laisser tranquille, alors qu'il aspire apparement à ce que je vienne le chercher. J'ai du mal encore à reconnaître quand je peux, mais surtout quand je DOIS aller vers lui pour son bien...

misty a écrit :Après, bien sûr, tout est question de personne. Je suis restée presque 8 ans avec le père de ma fille, je pense qu'il n'a rien compris, et n'a pas cherché à comprendre vraiment. D'où beaucoup de rancune de sa part. C'était zéro communication, il s'est monté ses histoires dans sa tête sans chercher à savoir le pourquoi du comment. Il a joué la "victime négligée par une égoïste givrée", l'histoire lui a plu donc il s'en est contenté...
Le père de mes enfants m'avait résumée à un mot "chiante" : tout venait de moi, j'étais la seule à avoir des problème et j'étais un problème. Il n'a en fait je crois jamais supporté mes particularités et espérait qu'elles partent... Et moi je me suis épuisée à essayer de le contenter...

Bref, ça dépend beaucoup de la personne sur qui on tombe et il m'a fallu des années pour comprendre qu'on pouvait faire des concessions en couple (et que c'était même vitale) mais pas sur sa personne, pas sur ce qu'on est.
Femme TSA sans déficience mentale, diagnostiquée en 2023 à 43 ans

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Sarabi
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Re: Faire durer son couple, communication et autisme

Message par Sarabi »

Pas officiellement diagnostiquée...


En couple depuis presque 15 ans... j'ai épousé un grand nerd ça aide... :D


On a eu des grosses crises... ou on se reprochait finalement la même chose que tous les autres couples "ordinaires" ... le manque de soutien et d'écoute et chacun dans son coin avait l'impression de tout porter et de faire tous les efforts alors que l'autre ne faisait aucune concession.


Il y a pas de miracles... juste de la communication et la volonté des 2 parties de faire un effort pour trouver un juste milieu.

Un des trucs qui a été un de nos plus gros points de friction: Je me classe parmi ceux qui détestent se faire toucher spontanément... il faut me toucher avec la bonne dose de pression, au bon endroit si on veut un contact dont je ne me dérobe pas.

Je peux passer des semaines sans contact physique et ne pas avoir de manque.

MAIS il y a une provision pour mon enfant: il y a quelque chose d'instinctif qui fait que ma progéniture ( à l'odeur) a un passe-droit. Je vous laisse imaginer les jalousies de constater que notre enfant avait spontanément des calins alors que je me dérobais quand il s'approchait.


La solution: j'ai monté un script ou régulièrement je fais l'effort d'aller vers lui ( du genre " j'ai vérifié mon agenda tu as pas encore eu ton calin de la semaine" en jouant sur le fait que je ne suis pas "naturelle" de toute façon quand je fais ça alors autant en rire et forcer le trait à l'extrême ) et lui m'en demande explicitement s'il en veut un, sans y voir rien de perso...


On parle, on verbalise ce qui est difficile dans la semaine, on analyse... tout en ayant cessé de prendre au 2ième 3ième ou 36ième degré ce que l'autre veut dire. On ne parle que franchement, sans agression, sans ergoter ou prendre sur soi. On compense les déficits par la parole.

En gros on gère notre couple comme une entreprise ou un programme informatique à débugger
Maman lionne d'une préado diagnostiquée SA à l'âge de 8 ans
Sans diagnostic mais asperger présumé par les thérapeutes de ma fille
Francophone mais pas Française et vivant quelque part en asie du sud-est