Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
silexable a écrit :Je sais que si demain, mon ordinateur rend l'âme, je vais le prendre très très très mal. A savoir, que vu que je passe ma vie devant, je ne saurais absolument pas quoi faire, ni comment en racheter un ni comment trouver de quoi le réparer, et devant la situation, je risque surement de péter un cable. Si j'ai interlocuteur, je serais surement super dramatique, et tout ce que je tolère moyennement, je ne le supporterait clairement plus. Si je perds en plus les clés le même jour ça va être très compliqué par exemple
Je me reconnais beaucoup dans ce genre de choses (Et pour peu que je me rende compte que mon tee-shirt ne se met pas bien sur mon ventre ou fait des plis à ce moment là par exemple, là je serai sans doute au bord de la crise de nerfs )
Officiellement non-autiste
"J'aurais pas été besoin" Nikos Aliagas, philosophe grec des Lumières
En général, ces jours là, parce que je suis complètement la tête dans le problème je fais plein de trucs qui empirent la situation. Le jour ou mon ordi rendra l'âme (paix à lui), il y a de bonnes chances que du coup, je me rende pas compte que j'ai une bouteille de coca à mes pieds, qui se renversera sur le sol, puis quand je sortirai de chez moi après avoir passé environ 1h30 à chercher mon téléphone (qui était à l'endroit ou je le mettais normalement mais je l'avais pas vu) je vais me rendre compte que j'ai oublié mes clefs. En général, je vais aussi perdre des trucs dans le métro.
Je suis en questionnement, j'ai eu un avis favorable au SA.
Je ne fais pas de crises avec violence (envers moi-même ou les autres), par contre en situation de grand stress (comme vécu récemment avec la fac) il m'arrive d'être en "crise interne". Cela se traduit par : des mots que je répète à toute vitesse dans ma tête, une agitation à peine contrôlée, une impression de grand danger, l'envie de fuir, je triture mes doigts et mes manches dans tous les sens et parfois je fais des petits claquements réguliers avec ma bouche, tout doucement... et physiquement c'est très bizarre parce que j'ai l'impression de "ralentir", par exemple si cela m'arrive dans la rue je me mets à marcher de plus en plus lentement, laborieusement... je vois trouble, j'ai mal au ventre et parfois je ressens des sortes de "bouffée d'agressivité" envers les gens (si je suis dans la rue par exemple) et une grande terreur. La dernière fois j'avais l'impression que je ne pourrais jamais m'en sortir, jamais rentrer chez moi tellement je me sentais mal.
Au moment de passer les oraux du bac, j'ai eu une crise si forte que je me suis complètement laissée dépassée. Je suis tombée d'un coup, à genoux par terre avec les mains sur la tête, et je me suis mise à hurler pendant une bonne minute (en balançant, enfin je crois parce que j'étais dans un état tel que je ne savais même plus ce que je faisais). C'était étrange, comme si je n'étais plus vraiment dans mon corps, que je ne me contrôlais plus et ne ressentais plus rien si ce n'est une peur presque animale. Mon père était là, il a finit par réussir à me calmer et après ça, j'étais comme vide. Je redoute ce genre de crise "extérieure", je n'aime pas quand ça m'arrive (logique).
Sinon ça m'arrive de ne plus arriver à parler ou à regarder les gens, si une situation sociale me stress trop.
En attente d'un diagnostique avec le CRA de ma région ; décembre 2014 : premier rendez-vous avec un professionnel affilié au CRA, la piste SA se concrétise et je poursuis donc mon chemin avec un peu plus de confiance dans mes démarches.
Loup a écrit :Pas de crises comme celles-ci pour ma part.
Par contre, le fait de casser, ça peut faire penser à un trouble borderline, voire bipolaire (j'ai un ami bipolaire qui a des portes qui ont un peu souffert de ses crises de colère...).
"Définition très réductrice: "Une personne souffrant d'un trouble de la personnalité borderline oscille entre un comportement d'adulte et un comportement semblant enfantin. Le comportement d'adulte du Borderline s'effrite subitement et sans provocation apparente en des pleurs ou une colère d'enfant perturbé"
Définition beaucoup plus proche de la vérité: Le trouble de la personnalité borderline est un trouble de l'émotion. "Ils ont une tendance à réagir plus intensément que les autres à des niveaux de stress moindres.
L'on parle de dérégulation émotionnelle, de surémotivité, d'hyperémotivité".(Définitions.non médicales).
Les changements d'humeur soudain, sautes d'humeurs intériorisées ou pas sont fréquentes dans le trouble borderline.
Nous sommes face à des émotions changeantes, une humeur souvent en "montagnes russes", "sans raison" et des incompréhensions."
vu de l'extérieur, ça semble difficile de déterminer si c'est un trouble boderline ou un SA, je trouve que les 2 peuvent se confondre non ? un aspie pourrait passer pour un borderline du coup ?
Quand j'étais petite, je faisais des crises de colère, je pleurais et je criais. Une fois, on rentrait du supermarché avec ma mère et ma sœur, et je faisais une crise, je ne me souviens plus pourquoi. C'était tellement insupportable pour ma mère qu'à 300m de la maison, elle a arrêté la voiture, elle m'a sortie et m'a mise dans le coffre. J'ai donc fini le trajet dans le coffre de la voiture. Ça ne m'a pas calmée pour autant, parce que j'avais peur, je voyais les clignotants s'allumer et je disais "Maman, c'est quoi cette lumière qui clignote ?"...
Je me souviens aussi d'une fois où on avait fait un grand trajet en voiture, et je m'étais endormie. Arrivés à la maison, mes parents n'avaient pas voulu me réveiller, donc ils m'avaient laissée dans la voiture et avaient fermé la porte du garage à clé. Quand je me suis réveillée, j'étais perdue, j'ai essayé d'ouvrir la porte mais je n'arrivais pas à atteindre le verrou. J'ai pleuré, crié, dans l'espoir que mes parents viennent, je croyais qu'ils m'avaient oubliée. Et ils sont venus 15 ou 30 minutes plus tard, ça m'avait paru très long.
En grandissant, j'ai été très violente avec ma mère et ma sœur, verbalement et physiquement. Parfois, je frappais ma sœur et elle en avait le souffle coupé. C'était souvent par rapport à l'ordi, parce qu'il n'y en avait qu'un seul dans la maison. Mais aussi parce que cette dispute était "la goutte d'eau qui fait déborder le vase", qui venait s'ajouter aux surcharges sensorielles/au trop-plein de socialisation de la journée.
Ma mère a dit que dans ces moments-là, c'est comme s'il y avait 2 personnes en moi : L'une très calme, et l'autre qui ne contrôle plus rien.
Depuis que je suis partie de la maison (même si je suis revenue aujourd'hui), il y a beaucoup moins de disputes avec ma sœur et mes parents.
Les crises sont maintenant tournées vers moi-même.
Diagnostiquée en février 2015 (psychiatre libéral) puis confirmation au CRA en novembre 2016
On peut revenir de tout, sans être parti très loin, on peut revenir de loin, sans être parti du tout ! - Bazar et bémols
Athéna a écrit :vu de l'extérieur, ça semble difficile de déterminer si c'est un trouble boderline ou un SA, je trouve que les 2 peuvent se confondre non ? un aspie pourrait passer pour un borderline du coup ?
Non, pas vraiment. Le trouble de la personnalité limite survient à l'âge adulte. Il n'y a pas d'hypersensibilités, pas de routines/stéréotypies/intérêts restreints.
Dans le TPL on trouve de l'impulsivité, des relations instables et une très grande instabilité émotionnelle. On compare souvent ça a une caricature d'ado (d'où le fait que ça se diagnostique à l'âge adulte normalement). Ca me semble assez différent de l'autisme.
Bien sûr, si on regarde juste sur un court moment, c'est pas clair.
(Je n'aime personnellement pas l'aapel, qui reste une association payante. J'ai eu un gros désaccord avec son fondateur en 2003, lorsqu'il diagnostiquait des ados sur quelques messages en ligne. Il faisait alors un lien direct entre automutilation et TPL, en se basant sur une interprétation un peu rapide du dsm4.)
Diagnostiquée Autiste Asperger et TDA.
Mère de 3 enfants : fils Aîné TDAH et TSA atypique, cadet TSA de type Asperger, benjamin en cours d'évaluation neuropsy.
ok donc un trouble qui existe depuis l'enfance, ce n'est pas ça ?
je pose la question pour moi car je peux changer d'un coup quand je bloque sur un truc: je me ferme, mon visage change, sous l'effet de a tension je peux avoir envie de casser un truc...
je ne pense pas avoir de stéréotypies mais j'ai des rituels très marqués et des intérêts restreints ce qui m'a fait penser à un SA, mais on me case facilement dans le côté ado attardé dans ma famille à cause de ma tenue vestimentaire (shorts, t-shirts, rarement des talons), coiffure naturelle, et intérêts (notamment le fait que je me sente pas d'avoir des enfants à 30 ans déjà). Moi je ne trouve pas ça justifié mais on n'est parfois pas très bon juge de soi-même donc je me posais la question.
C'est vrai que j'ai pu me reconnaître aussi dans le trouble borderline, notamment tel qu'il est décrit par l'aapel, mais en ce qui me concerne les crises ont commencé très jeune (c'est noté sur mon carnet de santé, à partir de 16 mois).
Elles ont été présentes toute mon enfance et jusqu'au début de l'âge adulte et, sauf une ou deux exceptions dont j'ai encore honte aujourd'hui (notamment une grosse crise de colère à l'école devant tous mes camarades et enseignants qui a choqué tout le monde), réservées à ma famille proche.
Globalement, c'était surtout cris jusqu'à en avoir mal à la gorge, insultes, plus rarement de la violence physique (mais tellement hors de contrôle que j'ai réussi à faire peur à mon frère aîné bien plus fort que moi physiquement, et que mon père m'a menacée de me faire interner parce que, selon lui, j'étais folle).
Je sais que je revivais aussi ces crises la nuit, parce que je réveillais mon père très souvent par mes cris (alors que je ne gardais aucun souvenir de ces cauchemars, pour ma part).
Cela s'est calmé quand mon frère a quitté la maison (il était lui-même très colérique, et source de beaucoup de tensions et d'un climat familial très tendu) et a totalement disparu quand je suis partie à mon tour.
Comme je le disais plus succinctement plus haut, je peux encore avoir des crises (très souvent liées au stress, plus rarement de colère), mais rien d'aussi violent.
En public, je m'enferme dans le mutisme, avec éventuellement quelques balancements ou mouvements répétés mais en essayant de rester discrète.
A l'abri des regards, je vais tourner, faire des mouvements répétés, éventuellement me taper mais doucement, sans me faire de mal, et faire des bruits bizarres (sortes de gémissements pour évacuer).
Par contre, je n'ai jamais cassé un objet par colère, je ne le supporte pas.
Au contraire même, plusieurs de mes crises adolescentes ont été déclenchées par le fait qu'un autre membre de la famille ai lui-même, sous le coup de la colère, cassé quelque chose.
Bon ben alors ça se complique là, parceque mon mari apparemment fait des crises depuis toujours.
Il m'avait dit qu'il avait mis le feu une fois dans le jardin de ses parents.
Il est hypersensible ça c'est sur et je le reconnais beaucoup dans "Je fais des crises. Si je subis trop de bruit, trop de socialisation, trop de stress. Et surtout si je continue en niant ce que je ressens."
Et il y a ce problème de parole, d'expression par le language difficile depuis toujours aussi....
Aujourd'hui il m'a refait le coup...on était dans un café, je voulais parler avec lui, mais à part faire pff en s'enervant...pas moyen de communiquer. En sortant, je lui dis ca ne va pas n'est-ce pas? Il me dit tu ne veux pas comprendre qu'il y avait trop de bruit et d'agitation autour, que ça me fatigue?
J'ai répondu...non, ce n'est pas que je ne veux pas comprendre, mais si tu ne me le dis pas, je ne peux pas le deviner, car moi le bruit ne m'agressait pas.
Exemple typique du maillon manquant dans la chaine de communication...
J'imagine qu'il y a des porosités entre les différents symptomes...borderline, aspie, bipolaire, etc?
On est peut être pas que ceci ou celà, mais des tendances vers ci ET ca?
J'ai ou j'avais tendance à faire ce genre de crise dans des états de stress important ou des fois quand il y avait trop de bruit,qu'il y a trop de sollicitation,pas forcément de beaucoup de personnes mais que ça devient trop lourd;mes mains devenaient folles,s'ouvraient et se refermaient à un rythme variable,je balançais la tête lentement et je prononçais des mots étranges sans aucun sens,parfois des phrases avec ces mêmes mots,ma bouche s'ouvrait dans des postures grotesque sans qu'un son ne sorte...
Jean-Philippe,26 ans,aspie soupçonné,voyage entre ce monde et d'autres...
lala38 a écrit :
J'imagine qu'il y a des porosités entre les différents symptomes...borderline, aspie, bipolaire, etc?
On est peut être pas que ceci ou celà, mais des tendances vers ci ET ca?
Ca m'inquiète un peu tout ça...
je pense qu'il ne faut pas tout mélanger. Il peut y avoir des symptômes semblables mais les causes sont différentes. Mes épisodes sont peu fréquents, en tout cas ce n'est pas un état permanent. Cela arrive seulement quand il y a eus trop d'imprévus et que donc je n'arrive plus à gérer le tout. Une fois le calme retrouvé, je suis capable d'avoir un raisonnement réflectif sur ce qui s'est passé. Si jamais j'ai été sèche avec quelqu'un, j'essaie de rectifier le tir en lui expliquant que j'étais submergée par la situation mais que je n'ai rien contre lui/elle.
ça a l'air différent chez ton mari non ? qu'en dit-il ?
lala38 a écrit :Bon ben alors ça se complique là, parceque mon mari apparemment fait des crises depuis toujours.
Il m'avait dit qu'il avait mis le feu une fois dans le jardin de ses parents.
Mettre le feu, ça ressemble pas pour moi à une perte de contrôle, ça me semble plutôt réfléchi ?
J'imagine qu'il y a des porosités entre les différents symptomes...borderline, aspie, bipolaire, etc?
On est peut être pas que ceci ou celà, mais des tendances vers ci ET ca?
Oui et non. Il doit être possible de cumuler, mais il ne faut pas mélanger les troubles de l'humeur, les maladies mentales, et les troubles du développement.
Diagnostiquée Autiste Asperger et TDA.
Mère de 3 enfants : fils Aîné TDAH et TSA atypique, cadet TSA de type Asperger, benjamin en cours d'évaluation neuropsy.
J'ai oublié de répondre à "qu'en dit-il?"...
Il en dit des choses très variables...il en souffre lui même ça c'est sur, mais il est souvent quand même dans le déni et la mauvaise foi envers moi.
Un coup il va dire que tout est de sa faute, et en crise que tout est de ma faute, de celle du chat, de la voisine, de la casserole, des paquerettes....
Il accepte de voir un psy...
Il n'en dit pas grand chose de plus, je crois que si ca ne pesait pas sur moi il n'irait peut être pas...je n'en sais trop rien...
Comme apparemment les crises lui servent a faire redescendre une tension interne, si il est avec qq'un qui accepte ses crises, il n'a aucune raison d'aller voir un psy.
Sauf qu'a mon avis y'a pas grand monde sur terre qui voudrait subir ses crises! La vie a deux ne peut pas fonctionner comme ça...
(Et pour peu que je me rende compte que mon tee-shirt ne se met pas bien sur mon ventre ou fait des plis à ce moment là par exemple, là je serai sans doute au bord de la crise de nerfs 
)
je rigole, mais en général, c'est plutôt ça 
