Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
Tu va être déçue, c'est en fait très basique : juste deux barres de métal, noires, qui fondent, se liquéfient.
J'édite : en fait Dori si je veux, être tout à fait franche et honnête cette phrase ("j'ai liquidé un ou deux traits...") m'a heurtée de plein fouet :"liquidé", rendre liquide, et ensuite " tuer" " faire disparaitre", tuer des traits en soi, les supprimer... Voilà mon ressenti.
D'où mon étonnement suivant
Et t'es plus timide ??? Etre inspiré c'est une chose, mais de là à dépasser les phénomènes physiques de l'angoisse - tu te voyais en elle, tu l'imitais ?
ça me fait penser à un truc
Spoiler :
Pour apprendre à conduire ( à presque 40 ans) et dépasser ma peur de la vitesse - je me voyais en Sarah Connor dans la chaleur du Mexique, le moment où elle rabat ses lunettes de soleil et prend la route seule enceinte au volant de sa Jeep - ça m'a vraiment inspirée et donné du courage (mais c'est un peu dangereux aussi)- Un vrai jeu de rôle quoi - j'ai eu mon permis, sur automatique (faut pas déconner ), mais j'ai pas(plus)de voiture, je me dis que je pollue pas au moins...Mais je crains toujours autant la vitesse, c'était un "truc" qui m'a aidée sur le moment, mais en vrai je déteste conduire, sauf quand je suis seule sur la route
Modifié en dernier par Dehlynah le dimanche 15 décembre 2019 à 9:25, modifié 1 fois.
TSA (diagnostic en 2019 par psychiatre spécialisé) - troubles anxio-dépressifs
@Dehlynah: Cette image des traits qui se liquéfient au 1er degré, ça ne pouvait être que ça! Désolée, je n'ai pas imaginé que ces mots pouvaient être ressentis aussi durement mais rassure-toi, je n'ai pas tué la part de moi qui était timide.
Cette femme me fascinait tellement que je me suis surprise à m'approprier son énergie comme un rôle. J'ai adoré ton partage rapport à Sarah Connor! Merci. C'est un peu ça. Ensuite, à force de le faire, c'est devenu un peu une seconde nature mais ça n'efface pas qui je suis.
Dans le cadre de notre collaboration, elle était ma cliente et m'a aussi envoyée au front faire des choses qui m'ont obligée à dépasser ma timidité (gérer des ouvriers sur chantier). Et comme elle avait ce génie en communication, elle savait me le demander en prétendant que je serais meilleure qu'elle sur ce coup, qu'elle allait les massacrer. C'est le cocktail "encouragement-bienveillance-maternage-pas le choix c'est mon job" qui m'ont poussée à le faire. Mes missions avec elle sont ponctuelles mais j'ai continué à modéliser en pensant à elle même par après. J'étais elle. Maintenant, je ne pense plus à elle en agissant mais je sais au fond de moi que c'est à sa femme que je dois mon coming-out communicationnel.
Pour comprendre en quoi c'est un coming-out, j'étais au chômage depuis longtemps avant cette rencontre. J'étouffais dans une vie de couple et aller chercher du travail a été ma façon d'y échapper. C'est dingue ce qu'il ne faut pas faire pour respirer un peu!
Il m'arrive encore d'avoir de longues périodes de crise d'inhibition où pendant 2 mois je ne vais pas oser répondre à un mail à la con sans enjeu à quelqu'un qui m'a mal parlé. Et du coup, je ne regarde plus mes emails pendant 2 mois (oui, c'est fou!) de peur qu'il m'ait engueulée entre-temps du manque de réactivité. En fait, en te l'écrivant, je me rends compte qu'il suffit que je refasse ma modélisation.
@Clea: je ne sais pas si ce que je viens de relater répond aussi à ton commentaire. C'est sûr qu'il faut y aller par pallier et pas commencer direct par aller braquer une banque!
Quant à "s'améliorer", j'ai la sensation que tu évoques une espèce de rééducation, de forcing volontariste.
Je le vois comme un apprentissage avec neanmoins l'inconvenient de devoir parfois apprendre des choses qui peuvent nous faire horreur ou pour lesquelles on se situe sur un terrain tres defavorable. Et comme je ne peux pas attendre que tout aille dans mon sens en etant "100% moi", il me semble plutot logique d'adopter dans la mesure du possible des strategies qui m'eviteront de me trainer des boulets. Dans ce cas, je prefere que ce soit d'un elan volontaire que "subi". Prendre les devants.
Je ressens un certain malaise devant ton (pseudo?)questionnement auquel tu sembles en fait avoir la réponse et une théorie bien étayée...Mais d'après ce que je lis, ça vient sans doute de difficultés énormes que tu aimerais surmonter.
En fait j'ai reussi a en surmonter... Cependant certaines "resistances" demeurent et je ne souhaite pas pousser trop. C'est-a-dire qu'il y a un intervalle pour moi "acceptable", mais si j'en sors je risque d'en patir (burn-out, crises etc..).
Quant a la theorie, je prefere sonder les avis et ne pas tirer de conclusions ici. Par exemple savoir ou chaque membre pense aujourd'hui se situer, les capacites qu'ils sont parvenus a developper (ou pas), si y avoir recours leur "coute" beaucoup en energie etc... C'est vrai qu'il y aura quasiment autant d'elements de reponse que de temoignages, mais tous ces retours me permettent d'y voir un peu plus clair, au-dela de ce que je pourrais trouver dans des ouvrages... parce que le theme peut flirter avec les "frontieres" du spectre autistique, et d'autres questions ouvertes.
Et du coup, vous lire m'inspire et m'aide par la meme occasion (un peu comme l'exemple de Sarah Connor, mais en me calquant sur des personnes IRL).
Permets-moi aussi de douter sur la soi-disant capacité (que tu évoques) de nombreux membres ici à concilier vie de couple, familiale, loisirs (ne parlons même pas du boulot, je te renvoie au post sur la fatigue). On galère quand même pas mal.
Oui peut-etre, apres je n'ai pretendu que leur vie etait simple, sans obstacle ni que la majorite des autistes y parvenait.
Pour ma part, des changements dans ma vie ( environnement conjugal social et sonore pour résumer) donnent des résultats assez bons- un traitement médicamenteux aussi enfin adapté- et même si je suis dans une phase de transition difficile, douloureuse, je ressens en même temps un vrai soulagement.
Le diagnostic et le parcours diagnostic me permettent de mieux comprendre mon fonctionnement, de ne plus hésiter à me soustraire à ce qui me fait souffrir (avant je savais que les odeurs, les sons me faisaient souffrir, m'envahissaient, mais ce n'était pas admis par mon entourage , je le sentais dans ma chair mais je n'arrivais pas à le concevoir intellectuellement) alors qu'avant j'étais dans la lutte, avec moi- même, les autres (mon hypersensorialité - entre autre- a donné et donnera encore lieu a des conflits, des malentendus nombreux- j'étais la fille flippée, chiante, insupportable parce qu'elle ne supporte rien etc. En fait je suis bonne pâte )
Et je ne pense pas qu'avec l'âge et la fatigue qui va avec, l'amélioration puisse être aussi nette (on peut gagner d'un côté et perdre de l'autre), l'hypermnésie, l'intensité de mes ressentis seront toujours bien présents, alors oui la méditation, le yoga, l'activité physique, la reconnaissance des personnes toxiques pour moi et leur éviction- comme les produits toxiques -peuvent contribuer à un mieux être général mais ne changeront pas en profondeur ma structure.
Faire avec donc. Avec une aide adéquate soit informée, clairvoyante et bienveillante.
Sinon ce serait comme de vouloir faire rouler un train sur des rails pas adaptées. Le câblage neurologique des autistes est différent de la majorité, une fois qu'on a compris ça, finalement ça devient presque plus simple.
2015 : Aucune démarche
2018 : Étiqueté schizophrène
2021 : Diag "oral" (non officiel, plutôt suspicion) TSA/aspie par un neuropsy, pas sûr de vouloir confirmer par un test
2024 : Diag par une psychiatre, et neuropsy (toujours sans test...)
Ça fait un petit (long) moment que j’hésite à témoigner à ce niveau mais après ma dernière séance avec mon psy, j’ai appris certaines choses sur le regarde que d’autres autistes asperger que je côtoie avaient de/sur moi, et ça me pousse à témoigner (le pourquoi pour le moment je le garde pour moi).
Avant tout je tiens à préciser que mon témoignage est celui d’un autiste asperger (je tiens à ce terme) HPI (HQI si vous préférez). Mon témoignage est donc bien sûr personnel et ne concerne pas toute la diversité de l’autisme.
Pour résumé mon parcours, tôt dans mon enfance j’ai pris conscience de mes différences avec mes camarades. Dès l’entré à l’école obligatoire j’ai senti, et on m’a fait sentir, mes différences, tant mon autisme et mon HPI. J’ai la chance d’avoir été entouré de mes parents qui ont essayé de m’aider avec leur moyen et les connaissances sur l’autisme dans les années 80-90.
Mes rapports à mes camarades ne se sont jamais améliorés, à tel point que je n’ai pas gardé de contacts avec mes « amis d’enfances ». De l’autre côté j’ai toujours eu l’impression, enfant, d’être mieux compris, tolérer, par les adultes. J’ai également pu me « sociabilisé » en étant membre d’un club d’astronomie, ce qui d’un côté à renforcer mon côté « intello » mais m’a permis d’avoir des relations sociales, en particulier avec des adultes, et m’a permis de sortir d’une forme d’isolement sociales.
Arrivé à l’adolescence, les tensions avec mes parents, et mon niveau de nervosité, ont augmenté. De plus j’avais envie de m’intégrer aux jeunes de mon âge, d’avoir des relations amoureuses, etc… Tout ça m’a poussé à tenter de me comprendre, de comprendre ce qu’il m’arrivait, ce qui se passait dans mes rapports aux autres, pourquoi je réagissais comme je le faisais, etc... J’ai pu m’appuyer sur mon HPI pour faire un travail de prise de conscience et de remise en question qui m’a été bénéfique sur le long terme.
C’est de ce travail que j’ai envie de vous parler. En effet j’ai très vite pris conscience de mon impulsivité, de ma naïveté dans mes rapports aux autres, de mes comportements hors normes, et de mes erreurs. Le diagnostic que j’ai fait il y a 2ans m’a permis de comprendre d’où venait tout ça et du chemin que j’avais parcouru sans le savoir.
Donc à l’adolescence j’ai pris la décision de m’intégrer pour devenir autonome, me trouver une copine et me faire des amis. Vous me direz que c’est un peu le but de tout NT. Sauf qu’en tant qu’autiste c’est devenu un objectif prioritaire dans ma vie et que pendant longtemps tout à tourner autour de cet objectif, au point de me mettre en danger psychologiquement et physiquement : consommation de drogue, prise de risque/témérité, camouflage/suradaptation, effacement de mes ressentis, oublie de mes besoins, crise de nerfs, désespoir. Et tout ceci me semblait être souhaitable, voir une nécessité pour atteindre l’objectif que je m’étais fixé.
En parallèle j’ai beaucoup travaillé sur une introspection. Le HPI a été clairement un outil que j’ai exploité pour explorer mon inconscient. Et c’est surtout de ça que j’ai envie de vous parler.
Autour de 15-16ans j’ai entamé un dialogue avec moi-même, avec l’aide indirecte de mes parents, et surtout de ma mère, qui m’ont poussé à m’interroger sur ma personnalité et mes comportements.
J’ai commencé par essayer de prendre conscience de mes comportements, de comment je réagissais dans telle situation, par exemple quand je rencontrais quelqu’un que je connaissais pas, de si c’était un garçon ou une fille. De comment je réagissais quand je rencontrais un ami, quand c’était prévu et quand ce n’était pas prévu. De comment je réagissais dans des discussions si le sujet me plaisait, ou pas. De comment je réagissais quand quelque chose était dit, que j’approuvais ou que je n’approuvais pas, voir que je savais être vrai ou être faux. De comment je réagissais quand j’acceptais quelques chose qu’au fond de moi je n’avais pas forcément envie de faire. Mais pour le moment le travail était uniquement de comprendre comment je réagissais, pas de changer (ou pas). Je pense que déjà dans cette démarche de prendre conscience de nos comportements ce n’est pas le cas de tous les autistes.
Petit à petit à force d’accumuler des informations sur mes réactions, j’ai commencé à essayer d’identifier comment je me sentais dans la situation considérée. Est-ce que j’étais à l’aise/mal à l’aise, est-ce que je me sentais bien ou forcé, est-ce que je me sentais rassuré/en danger, etc… A nouveau je pense que parmi les autistes qui ont essayé de prendre conscience de leur comportements, tous n’ont pas été jusqu'à essayer d’identifier comment ils sentent, soit parce qu’ils ne l’ont simplement pas fait, soit parce que c’est un travail difficile de comprendre nos ressenti, d’arriver à mettre des mots sur notre état émotionnel. En plus c’est un travail émotionnellement lourd parce qu’on se confronte à nos propre émotion et qu’il faut une bonne dose d’objectivité pour ne pas se mentir à soi-même.
Bref, une fois que j’ai fait ce travail, et je continue de le faire, de comprendre ce que je ressens dans tel situation, je ne me suis pas arrêter à comprendre mes ressentis mais j’ai essayé de comprendre ce qu’il y avait derrière, de pourquoi je ressentais telle émotion, tel sentiment. J’ai fait cette démarche déjà pour confirmer mes ressenti, ne pas m’arrêter a mon intuition du moment, mais aussi pour essayer d’identifier ce qui provoque réellement ces ressentis. Et là clairement c’est le HPI que j’utilise, et je pense que parmi les autistes qui ont compris leur émotion, je ne sais pas combien ont été jusqu'à creusé dans leur inconscient pour comprendre d’où viennent leurs ressentis.
C’est une chose de se sentir mal à l’aise quand quelqu’un dit une bêtise, s’en est une autre de sentir satisfait quand on apporte la bonne réponse. Mais pourquoi on se sent satisfait, pourquoi je me sens satisfait. Ça peut être un sentiment d’assurance d’avoir raison, de supériorité d’avoir eu le dernier mot, de « justice » d’avoir corrigé quelque chose de faux.
C’est une chose de se sentir en danger devant un inconnu, mais pourquoi ? Est-il menaçant, est-ce que je suis en train de chercher comment m’adapter, est-ce que j’ai des attentes vis-à-vis de cet/cette inconnu(e) ?
Bref, il y a tout un tas de raison dernière nos ressentis qui eux même peuvent être provoqué par tout un tas de raison/signaux/considérations.
Après tout ce travail que j’ai fait, et que je continue à faire, j’ai pu faire des choix, j’ai pu prendre des décisions et comprendre pourquoi je les prenais et ce que j’attendais comme résultat de ces décisions, puis de réfléchir si mes décisions étaient satisfaisante. C’est un travail constant, un aller-retour entre mes choix, mes décisions et une analyse. Et je suis parfaitement conscience que mon HPI m'aide énormément dans ce processus et que tout le monde, autisme ou pas, ne peux/veux pas le faire.
Dans mon cas c’est CE processus intellectuel qui m’a permis d’évoluer, de ne pas rester bloquer sur des considérations particulière sans en avoir conscience, de décider de ce que je voulais faire ou ne pas faire, de comprendre pourquoi je bloquais sur certaines considération, de comprendre que certains comportements étaient acceptable ou nécessaire dans mon cas, que d’autres étaient toxique ou non souhaitable, et de travailler tout ça. Bref au final de m’épanouir.
IA helvétique téléchargée en 1982
HQI (que je préfère appeler HP), Diagnostiqué Asperger viewtopic.php?f=5&t=13627