Bonjour FloretteRanou,
Je ne suis pas officiellement diagnostiquée, mais j'ai un peu les mêmes doutes depuis que l'on m'a parlé du Syndrome d'Asperger, et encore plus depuis que j'ai reçu un avis "positif" TSA.
D'un côté, j'ai toujours été impressionnée par mes similitudes de fonctionnement avec le Syndrome d'Asperger. Avant d'en entendre parler, je n'imaginais pas qu'il puisse exister d'autres personnes qui me ressemblent autant dans ma manière d'être au monde. De l'autre côté, j'ai assez mal vécu cet effet de comparaison avec un "handicap" : le SA me fascinait, mais je n'ai jamais perdu de vue que c'était un handicap et pas un "profil de personnalité". Il est très difficile de démêler seul ce qui relève de la personnalité et du handicap psychique, d'autant plus que j'ai très vite constaté qu'il existait plusieurs degrés de sévérité dans le Syndrome d'Asperger.
Par rapport à des aspies qui se font activement rejetés (jusqu'à être frappés), qui prennent des médicaments à cause de leurs comorbidités (troubles de l'attention, TICs, maladie génétique, etc), qui ont des troubles importants du langage verbal, qui ne parviennent pas à lire les émotions de base telle que la joie, la tristesse ou la colère sur un visage... je ne me sens pas "handicapée". Je mis dis que mes questionnements sont vaguement métaphysiques et qu'il n'y a pas de quoi déranger un psychiatre.
Par rapport à des gens qui ne sont vraisemblablement pas autistes mais qui, par exemple, sont simplement "timides", je me dis que j'ai quand même des difficultés sociales concrètes : une personne timide est généralement réservée au début, mais elle est capable de s'adapter avec le temps et de se montrer sociable, de se faire des amis. Chez moi c'est le contraire : je suis capable de me montrer relativement "à l'aise" dans un premier temps, mais avec l'accumulation de la fatigue je perds vite tout le bénéfice de mes efforts.
Je connais aussi des personnes sans diagnostic qui ont des comportements pouvant faire penser à de l'autisme. Par exemple, je connais quelqu'un qui pendant très longtemps était incapable de s'arrêter de parler de sa passion, y compris quand on lui signifiait
explicitement que cela ne nous intéressait pas. Il m'est rarement arrivé qu'on me demande explicitement d'arrêter de parler.
A force de me questionner sans cesse, je ne sais plus vraiment quoi penser. Je me suis décidé à faire des démarches tardivement, sous la pression des circonstances. J'hésite pour l'instant à les continuer jusqu'au diagnostic officiel car je sais que je n'arrêterai probablement pas de douter, et que cela ne changera rien à ce que je suis ni à mes difficultés quelle que soit la réponse.
Malgré tout, je pense qu'il est important de se fier à son propre ressenti, et d'éviter de toujours se comparer aux autres. Tout le monde est différent, et une même personne autiste présente rarement l'ensemble de tous les symptômes à la même intensité. J'ajouterais que les catégories du DSM ne sont de toutes façons que des catégories créées par des êtres humains pour des êtres humains, qu'elles sont valables à un instant T mais qu'elles peuvent changer selon les époques de les étapes de vie de chaque individu. Il n'y a donc, dans tous les cas, jamais rien de fixe dans un diagnostic, et vouloir chercher une réponse absolument indiscutable est voué à l'échec. Une certaine dose de confiance envers les professionnels est nécessaire