Package réponse ^ :
meili a écrit :
Je me demandais quelle est votre relation au travail?Y allez-vous juste pour avoir un salaire? Qu'est ce que vous aimez au travail? Qu'est ce qui au contraire vous insupporte ? Asperger ou non votre expérience m'intéresse!
En même temps, je ne suis pas sûre qu'un métier sans collègues existe...
Mariemento a écrit : Bref... je pense que le travail peut devenir un plaisir s'il est associé à un intérêt restreint, mais qu'il peut très vite devenir une souffrance.
Pour le boulot sans collègue, je n’en ai pas, de collègues !
Je suis paysagiste / jardinier-paysagiste et travaille tout seul (depuis 8-9 ans)
J’eus fréquenté différents mondes : administration / grande entreprise (toutefois en lien avec ma passion pour la pêche, les rivières) pour les deux et ai connu tout ça : machine à café / collègues, les histoires diverses, les farces sociales, les guéguerres de petits chefs, etc
et puis par la suite, ayant été « recalé » pour devenir moniteur de plongée cause problème dans une oreille j’ai pris une autre branche .. ^^ celle des jardins / plantes (aussi pour rester dans l’endroit où j’étais arrivé pour la plongée – que j’aime en général).
J’ai toujours voulu et fait qqchose en suivant mes passions. Allié à ce que je supporte, ma fois ma situation est cohérente et me va dans l’ensemble même si difficultés aussi. Cependant, si je projette dans mon passé et prends un peu de recul, j’en arrive que c’est sans équivalent (et bien mieux) que tout ce que je pouvais vivre par le passé ou sans doute aurai pu vivre.
Alors, ce que j’aime dans mon travail :
être à l’extérieur dans de beaux endroits, être au contact de plantes / d’arbres (le dialogue entre nous se fait bien ^), bosser tout seul, avoir une marge de planning (par exemple quand il pleut je vais pas travailler normalement : au mieux on travaille moins bien / moins efficacement et au pire on tombe malade). Idem quand il fait trop chaud l’aprem l’été. Je me fais les jours en fonction. En entreprise, ben on va bosser ! Avoir une main sur ses journées est très appréciable ! et justement évite un côté fardeau / sacrifice. Par exemple j’aime suivre le tour de France, rolland garros, et bien j’essaie de m’arranger au plus pour pas trop manquer de ce qui m’intéresse – comme pouvoir s’organiser pour aller suivre mes cours de yoga : si je bossais en entreprise je ne pourrais pas y aller : horaires à 17 et 18h.
J’aime les plantes, la botanique, l’art, le graphisme, les équilibres, les couleurs, l’écologie et tout ça sont où se trouvent dans les jardins. Aussi je bosse sur un support quasi infini ou du moins très étendu (ce qui aussi, concrètement crée des difficultés) mais à la base il me passionnait d’étudier les plantes (j’étais archi calé, bien plus que tous les paysagistes du coin même élargit). J’écris à l’imparfait parce que je suis moins motivé / découragé / ou décalé (par rapport aux gens, moins maintenant quand même) dans ce que je peux faire (et tout seul aussi). L’adéquation entre ce que je sais, ce que je veux, ce que j’arrive à trouver, ce que je suis en mesure technique de faire et ce que les gens veulent n’est pas toujours aisée et a mené très souvent à, de mon côté, de trop gros casse-tête pour pas grand-chose.
Ah, petit complément (j’avais commencé à rédiger avant) de vendredi et qui me fait plaisir. Concernant possiblement une petite création (= à ma mesure) mais non encore validée. J’attends, et pour voir si le petit aménagement se fera et si je ferai le suivi à l’année du jardin. Ce qui fut cool : une certaine adéquation avec les personnes – compréhension des choses, propositions adéquates et j’ai trouvé le nom d’une plante que la personne avait envie dans son jardin et avait en photo. Je suis quasi sur qu’elle pourrait rencontrer tous les pros du coin, aucun ou très peu lui donnerait le nom. En plus, je l’ai dans mon jardin (ça aide !).
Ce que j’apprécie aussi :
la reconnaissance ^
Je reçois (parfois mais ça compte) des gestes, des mots, des attentions, des cadeaux, et aussi des félicitations, et puis en général on me recommande (je n’ai quasi jamais fait de pub, sauf au tout tout début, un peu, en porte-à-porte à vélo et quelques cartes dans des boulangeries). Côté pub, j’ai aussi mon nom et mon activité écrits sur mon derrière …
… de véhicule !
Pub facile !
Je peux aussi être moi, tout le temps (ou presque).
Je bosse pour un travail, une prestation. Les gens « jugent » là-dessus. Si on est compétent et que l’on bosse bien et bien c’est suffisant.
Ainsi il a pu m’arriver d’engueuler des clients, les remettre à leur place, d’arrêter de bosser chez certains avec qui les ondes étaient trop mauvaises.
J’ai juste la quantité d’échanges qui me va et qui ne me fatiguera trop : quelques minutes par jour en général !
après je suis tranquille et des fois (dans des jardins où il n’y a personne) et bien je suis tranquille toute la journée (ou partie de journée). Je n’ai besoin (ou plus besoin) de convaincre personne, de jouer, etc, c’est reposant
– c’est le résultat qui compte et non la prestation sociale ! (bien qu’en général, parfois, et si ça cause plantes / jardin / nature je parle !!)
Ce que je n’aime pas dans l’ensemble :
Les changements / l’incertitude.
Quand on travaille dehors on est dépendant de la météo, ce qui fait qu’il est difficile de prévoir tout et s’organiser parfaitement. Alors je me fais des nœuds au cerveau et de l’anxiété à cause de ça.
Quand en plus un client fait son tatillon parce qu’il doit à ce moment-là aller à son club de bridge ou autres, en général et si c’est répété, il risque de ne plus me voir = c’est un chiant qui veut que les gens soient à disposition = aussi, ça ne va pas m'aller.
Un côté fatigue physique et efforts qu’il faut savoir gérer.
Avant j’avais tendance à bosser comme un âne et trop (par manque de confiance, prouver, etc) j’essaie de devenir plus relax. J’essaie d’être moins perfectionniste. J’essaie d’être moins pointilleux !
Anecdote de mes débuts : j’allais dans un jardin 4h 2 fois par mois (ce qui était prévu et base sur laquelle j’étais payé) dans un jardin où il n’y avait personne 90 % du temps. Mur de vérité oblige, bien qu’il n’y ait personne je faisais pile poil les 4 h.
Après j’ai « changé » / « évolué » prenant comme base la satisfaction de la personne pour le travail fait. A partir du moment où le jardin est bien comme il faut, et bien ça va
L’incertitude aussi liée à avoir suffisamment de travail.
La seule base pour me rassurer est que jusqu’ici ça a été mais je n’ai aucune visibilité suffisante. Et vivre comme ça des années ça use.
J’ai une petite base de jardins assez fixes à réguliers (petite moitié) et l’autre grosse moitié concerne du ponctuel : avec une petite partie assez attendue, genre je sais que dans x temps + ou - je retournerai chez la personne car elle m’appellera, et l’autre pour des trucs très ponctuels : « gros truc » / "gros" chantier de plusieurs jours parfois ou aménagement (petit et c’est assez rare). De toutes façons, si c’est vraiment gros je ne donne pas suite et bien souvent ne me déplace même plus voir car je vais perdre mon temps, ce ne sera pas dans mes cordes et ne serai en mesure d’y répondre.
Et au sujet de l’incertitude de travail et incertitude financière, même les jardins dits « fixes » ne le sont toujours forcément parce que là aussi il y a des changements : déménagements, ventes de maison et décès aussi.. (je travaille bcp chez des personnes assez âgées à âgées)..
Ce qui m’est difficile / où j’ai du mal
Par exemple pour le possible futur petit aménagement. Je peux voir dans l’ensemble les choses, les plantes, bref comme cela me semblerait bien et aussi avec ce que la personne a dit et de l’échange. MAIS je sais d’avance que je vais me galérer, ne suis pas sûr de trouver les plantes. En général je me galère sur plusieurs magasins / jardineries / pépinières et ça m’use (en plus de me prendre du temps et de l’argent : essence). C’est beaucoup d’incertitudes et de choses à gérer. Par exemple la « fameuse » plante que la dame a évoquée (et que j’ai dans mon jardin) je ne suis pas sur de pouvoir l’avoir, la trouver, quand et comment je le souhaiterai. Cela vaut pour tout.
J’ai du mal aussi avec la visualisation ou plutôt ce n’est pas tant que j’ai du mal mais ça va m’user parce que je vais faire bcp d’images, bcp penser avec des tas de plantes dans ma tête, des tas de combinaisons. Ca va bcp tourner là-haut et quand ça tourne bcp ça ne s’arrête pas, je vais penser, repenser, visualiser, revisualiser non stop, et après « à vide » sans aucune utilité.
J’ai aussi du mal avec le dessin, les projections visuelles sur papier = je n’arrive pas ou pas vraiment.
J’ai essayé un petit logiciel, je ne suis pas parvenu à faire qqchose avec.
Il y a des années je m’étais renseigné pour voir pour formation / stage particulier à ce sujet (dans une école agricole) mais sans suite (je ne sais plus pourquoi).
Donc ce qui m’est moins bien, c’est que clairement je ne peux (je ne suis parvenu) hormis + ou - à qq occasions couteuses personnellement de m’exprimer pleinement dans la création et de mettre « à profit » (dans le sens personnel) ce que je peux connaître / savoir / voir et, même si ça peut faire pompeux ou prétentieux « exprimer mes potentialités ». Je crois que ça compte parce que ça crée une frustration.
Je n’ai pas encore trouvé d’équilibre à ce niveau, comme en général. Peut-être que la voie ambitieuse m’est / me sera (comme elle me l’a été dans l’ensemble jusqu’ici) trop difficile. Peut-être faut-il l’abandonner (ce que je fais depuis ces dernières années) et me contenter du truc simple qui me sollicitera moins, avec moins à penser, moins à gérer ? Je n’ai pas la réponse.
J’ai aussi du mal avec l’argent, me vendre, ce que je dois demander, faire des devis. Petit à petit, au fil des années je me suis constitué une base de référence, mais parfois je ne sais pas vraiment et dans l'ensemble n'ose pas assez (parfois, quand j'ai pu avoir le feu au cul niveau finances, j'y suis mieux parvenu !)
En plus j’ai 2 statuts. Pour les petits trucs réguliers, surtout des anciens depuis pas mal d’années, c'est en Service à la personne, et pour le reste un statut d’entrepreneur. Des fois j’ai à jongler avec les deux et ne sais pas toujours, ça me complique.
Et aussi ce qui peut m'être difficile et bien c'est que je n'ai pas les 5 semaines de congés payés ni mes fériés ! Et comme je n'ai pas bcp de marge et bien je n'ai pas bcp de vacances. Quant aux potentiels arrêts maladie on oublie aussi !