les confidences d'autrui?

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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Loup
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Re: les confidences d'autrui?

Message par Loup »

Cathy a écrit : C'est presque l'histoire d'une partie de ma vie :roll: Sans doute pour ça que j'étais aussi douée comme barmaid :mryellow: L'alcool pour les clients, le travail nocturne pour moi, le meilleur cocktail pour attirer les confidences :roll: .
Oh, ça j'imagine... La nuit est souvent l'amie des confidences, où l'esprit se relâche et les langues se délient (encore mieux avec l'alcool).
Cathy a écrit :Tu viens d'appuyer sur le bon bouton, l'éducation est à mon sens la clef de beaucoup de nos réactions. Si tu viens d'une famille atypique, la tolérance va de soi. De mon côté j'étais issue d'une famille marginale, suffisamment pour que peu de choses me choquent.
Famille marginale aussi, différemment de toi, bien sûr, mais pas conventionnelle.
Ma famille est une palette de personnalités atypiques, y a un peu de tout (et moi je suis le pot-pourri :mryellow: ), enfin, ce n'est pas dur de savoir de qui je tiens. En majorité des gens à l'esprit résolument différent, du hpi à l'autisme en passant par le TDA/H, la dyslexie, la dépression, l'anxiété. Donc avec une approche différente de la vie.
Ça se sent très fort dans ma famille proche (mes parents et ma soeur), mon père est intelligent, charismatique (sans le vouloir, et ça l'énerve ^^), il a une présence en tout cas, artiste peintre autodidacte (l'un des premiers également à exercer la profession de DJ -qui n'avait pas ce nom là à l'époque), avec des convictions très fortes et toujours en dehors des sentiers, avec enfance difficile, parcours semé d'anecdotes très drôles, et parfois très tragiques. Quand tu grandis avec un père comme ça, qui te fait visiter des expos bizarres (non, vraiment, j'ai des souvenirs étonnants de lieux, où je me demande si ce n'était pas des rêves, presque), qui te ramène des tribus de gens divers et variés, qui te raconte des souvenirs où tu as l'impression qu'il a vécu au moins mille vies, ça te marque profondément. Il n'est pas facile à vivre pour autant, il gueule, il s'énerve sur plein de choses, il parle (beaucoup), il s'agite, c'est une énergie libre, tellement libre, et sauvage, des fois, c'est beau à voir, parce que c'est de la création à l'état brut. Et je l'admire pour ce qu'il est devenu, pour sa liberté, sa vision des choses lucide et parfois brutale (il peut être très radical dans ses paroles). Parfois, je le déteste quand même un peu pour certaines paroles, certains gestes, c'est très paradoxal.
J'ai hérité de certaines choses, de l'attirance de mes parents pour les gens atypiques, pas forcément en marge, mais des esprits libres. Je pense que je suis tout de même plus nuancée que mon père, plus douce, et plus patiente. Mais ils m'ont donné une liberté de pensée précieuse, par leur éducation, leur ouverture au monde.
Cathy a écrit :Tu as bien fait d'en parler. Chez les gens du voyage, il y a une légende sur ce "don" de l'écoute. C'est une sorte de malédiction pour celui qui le possède et une bénédiction pour ceux à qui cela profite.

Les gens qui possédaient ce don avaient un nom au sein de chaque communauté de voyageurs, il faudra que je prenne un jour le temps de te la raconter. :wink:

La fin de la légende est triste, le porteur de fardeaux est aimé de tous parce qu'il soulage mais il est condamné à vivre seul parce que personne ne peut le soulager.
J'aimerais beaucoup la connaître, Cathy.
Ça me semble assez réaliste...
Rudy a écrit :Oh, il faut pas estomper avec le doigt?
C'est pas qu'il ne faut pas, mais hum...
La plupart du temps, ça donne un dessin sale, et mou. Si on utilise cette technique, faut faire gaffe, penser à rehausser, travailler avec des valeurs et nuances et avec des crayons pas trop secs, voire du graphite directement. Il y aussi des gommes mie de pain qui sont bien et permettent de retravailler le dessin.
C'est pas si simple que ça en fait comme technique, il y a un équilibre à trouver entre les lignes et l'estompe.
30 ans, autiste cru 2013, trans (il/lui), Brest. Ex AVS, artiste, diplômé en Art. Propriétaire d'un Loup intérieur et dérapeur de réalité. ⚥
"Sire, sire, on en a gros!"

En bordure du bout du monde + La manufacture des loups + BANG! + Ouroboros
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Lilette
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Re: les confidences d'autrui?

Message par Lilette »

Loup a écrit : Famille marginale aussi, différemment de toi, bien sûr, mais pas conventionnelle.
Ma famille est une palette de personnalités atypiques, y a un peu de tout (et moi je suis le pot-pourri :mryellow: ), enfin, ce n'est pas dur de savoir de qui je tiens. En majorité des gens à l'esprit résolument différent, du hpi à l'autisme en passant par le TDA/H, la dyslexie, la dépression, l'anxiété. Donc avec une approche différente de la vie.
Ça se sent très fort dans ma famille proche (mes parents et ma soeur), mon père est intelligent, charismatique (sans le vouloir, et ça l'énerve ^^), il a une présence en tout cas, artiste peintre autodidacte (l'un des premiers également à exercer la profession de DJ -qui n'avait pas ce nom là à l'époque), avec des convictions très fortes et toujours en dehors des sentiers, avec enfance difficile, parcours semé d'anecdotes très drôles, et parfois très tragiques. Quand tu grandis avec un père comme ça, qui te fait visiter des expos bizarres (non, vraiment, j'ai des souvenirs étonnants de lieux, où je me demande si ce n'était pas des rêves, presque), qui te ramène des tribus de gens divers et variés, qui te raconte des souvenirs où tu as l'impression qu'il a vécu au moins mille vies, ça te marque profondément. Il n'est pas facile à vivre pour autant, il gueule, il s'énerve sur plein de choses, il parle (beaucoup), il s'agite, c'est une énergie libre, tellement libre, et sauvage, des fois, c'est beau à voir, parce que c'est de la création à l'état brut. Et je l'admire pour ce qu'il est devenu, pour sa liberté, sa vision des choses lucide et parfois brutale (il peut être très radical dans ses paroles). Parfois, je le déteste quand même un peu pour certaines paroles, certains gestes, c'est très paradoxal.
J'ai hérité de certaines choses, de l'attirance de mes parents pour les gens atypiques, pas forcément en marge, mais des esprits libres. Je pense que je suis tout de même plus nuancée que mon père, plus douce, et plus patiente. Mais ils m'ont donné une liberté de pensée précieuse, par leur éducation, leur ouverture au monde
Jolie façon de parler de ton père je trouve :)
TSA.
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misty
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Re: les confidences d'autrui?

Message par misty »

Oui, ça donne envie de le connaître... Ou au moins de lire sa biographie (elle est sortie chez quel éditeur? :geek: Comment ça pas encore écrite? Mais qu'est-ce-que tu attends? Allez: au boulot! :mrgreen: )

Ca me fait penser au mien, de père... On ne se comprend pas du tout, relation vraiment très compliquée, mais il a ce type de profil un peu... A part qu'il "bosse" dans la musique et non la peinture... :roll:
*Diag TSA*

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freeshost
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Re: les confidences d'autrui?

Message par freeshost »

En plus, il a de bons breuvages. :mrgreen:
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)
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laboulette
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Re: les confidences d'autrui?

Message par laboulette »

ça m'arrive beaucoup. Surtout au travail. Et paradoxalement, je peux être très bavarde. Le problème, c'est que quand quelqu'un me raconte quelque chose, je vais emboiter sur quelque chose que je connais. Hors, si je fais ça, il se produit un triple problème:

1- la personne avait envie de parler d'elle et pas d'autrui, et la conversation de vient vite frénétique, et du coup, au bout d'un moment, je me sens envahi par se relationnel foisonnant. Alors que paradoxalement, j'ai moi même occupé le terrain.
2 - Je ne sais pas laisser évoluer la conversation. Les gens commencent souvent sur un sujet de confidence et par un effet "marabout, bout de ficèle" passent sur d'autres pans de leur vie. Hors moi, je peux rester très longtemps sur le sujet initial, qui s'il m'intéresse m'incite à revenir, rester dessus. cela peut engendre des crispations que je ne perçoit que trop tard.
du coup, je peux remuer le couteau dans la plaie sans le vouloir. ce n'est vraiment pas mon intention. :innocent:
3 - si quelqu'un se confie, je peux le faire trop facilement à mon tour, ne saisissant pas le danger que ça peut représenter pour moi. :roll:

Bref, je ne pense pas que ça peut avoir un rapport avec un éventuel SA (je le saurais plus tard), mais je ne suis pas très habile. Contrairement à d'autres, ici, qui vont se mettre en retrait, moi, c'est l'inverse, je vais déborder, je peux passer de la timidité à l'absence totale d'inhibition. Mais c'est tout aussi handicapant. (d'ailleurs pour mon fils, un des aspects qui leur font penser au SA, c'est ce défaut d'inhibition, c'est paradoxal, non?).

A la fin, la où ça ressemble plus à un SA, je suis submergée, fatiguée, débordée, et là, j'ai besoin de m'isoler, je suce mon pouce, et tripote un tissus.

Bon, petit à petit, en vieillissant, je commence à trouver des astuces, à identifier les situation. Heureusement, il était temps.
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meï
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Re: les confidences d'autrui?

Message par meï »

laboulette a écrit :ça m'arrive beaucoup. Surtout au travail. Et paradoxalement, je peux être très bavarde. Le problème, c'est que quand quelqu'un me raconte quelque chose, je vais emboiter sur quelque chose que je connais. Hors, si je fais ça, il se produit un triple problème:
.
c'est souvent ça qui se produit pour moi aussi, je ramène le sujet de la personne à "moi, ce que j'en connais/comprends"..et après quand ça pat sur autre chose j'ai du mal si jaime bien ce sujet en particulier.
c'est drole car ce que tue décris la laboulette c'est très proche de ce que je vis.
et comme toi, je peux passer de timide (en retrait) ) "trop à l'aise" (en dialogue, pas en groupe, il faut que j'ai une seule personne en face, mais ça peut etre la boulangère, le médecin, la banquière.. :roll: .) et je ne saisis pas bien là ou je dois m arrêter.(je susi "trop à l'aise"..) alors que dès qu'une tierce personne arrive je redeviens silencieuse..
c'est très compliqué! :mryellow:

c'st d'ailleurs un truc qui doit étonnerchez par ex ma médecin, avec qui j'arrive a bien discuter, et voir" mon SA ds ces condition est difficile..(a part peut etre la "tenue physique" posture etc, mais le dialogue marche bien.)et c'est pareil chez bcp de professionnels, donc l'autisme les étonne surement.
alors que!
(et souvent en sortant d'un RV je me redéroule le truc en me disant que la c'était pas propos, la c'etait trop, etc etc.. :roll: )

menfin c'est jamais completement "normal" quoi. :mryellow:
1973 ( TSA, hpi, diag CRA 2012) de 4 enfants (tsa/ hpi, tdah, hpi et autres.)...)
https://cieharmonieautiste.jimdo.com/
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laboulette
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Re: les confidences d'autrui?

Message par laboulette »

Je crois que c'est à ça que ça correspond le "défaut d'inhibition". Et après, on se dit zut, j'ai trop déballé, avec le même effet d'épuisement, c'est assez compulsif en fait.
Spoiler :  : 
D'ailleurs, je vais regarder s'il n'y a pas eu déjà des sujets là dessus, car c'est un des éléments qui les font aller vers le SA ou le TED pour mon fils.
Pourtant dans mon esprit (rempli sûrement plus que je ne le pense d'idée reçues) le SA conduisait plus souvent à une forme de retrait, de silence.