Tugdual a écrit : ↑samedi 11 novembre 2023 à 22:47
Le diagnostic n'est pas une « norme », ni une forme de « qualité ».
C'est un principe indispensable, qui permet de dépasser les simples avis des uns et des autres.
Et si ce n'est pas parfait, c'est ce que nous avons de mieux, que ce soit pour faire de la recherche ou pour soigner.
Oui de mon point de vue tu as 100% raison. Et le diagnostic devrait rester de la seule responsabilité du médecin. D'où un médecin psychiatre qui dit à l'orale à sa patiente et appelle son médecin traitant (ou lui envoie un courrier du reste) ça devrait suffire. "Madame vus les éléments à ma disposition je pense que vous êtes A-HPI" ça a valeur de de diagnostic, non ?
D'où un simple certificat médical circonstancié (cerfa MDPH) devrait donc être amplement suffisant dans un monde où l'on fait confiance à la profession médicale.
Et pourtant ça ne fonctionne pas comme ça. Pourquoi ?
Les problèmes qu'on rencontre (administratif, moyens, etc) sont d'une autre nature.
Et c'est là où je pense que tout le monde se trompe. Parce que comme toi 90 % des gens pensent de manière séquentielle et en silo, et que leur logique leur dicte que parce que deux choses ne sont pas de même nature alors c'est une "autre histoire". Mais non, c'est totalement faux. C'est ce qu'on appelle l'interdépendance et les risques de fuites sur des systèmes sous contraintes. En systémique si un élément qui semble n'avoir aucun rapport avec un sujet à un impact même indirect ça vient complexifier l'ensemble et ça induit des biais et des contraintes supplémentaires qui peuvent s'exprimer par effet de seuil.
Aujourd'hui 20% du travail des médecins c'est de l'administratif et du travail de justification ou de conformité parce que justement le système n'a plus confiance en eux. 2 effets kisscool :
1) une journée par semaine de moins pour se former ou pour prendre plus de temps pour les patients complexes ou au domicile.
2) 40 jours par ans à faire fonctionner leur cerveau en mode algorithmique à l'opposé de la pensée scientifique et diagnostique qui se veut analytique..
Résultat => biais cognitifs => ressources cognitives limités => Disjonction cognitive > besoin de limiter la ressource pour éviter les burn-out => réflexe de survie par la diminution des facteurs de charge => évitement de la gestion de la complexité => soumission à la norme sans plus la relativiser, la contextualiser...
Ce phénomène bien connu et documenté depuis des 10aines d'années. "Mais non ! Ce n'est pas applicable aux médecins voyons, c'est notre élite ! Ce sont tous des super-hommes et des super-femmes." (ironie)
LE DSM 5 est une "nomenclature" elle est là pour fournir un référentiel. Un référentiel n'est pas une bible. De même que les recommandations de la HAS sont des "recommandations".
Avant il y a 20 ans le médecin avait le droit de déroger aux recommandations, protocoles et autres AMM, car c'était lui qui savait ! Il pouvait adapter tout traitement à la réalité individuelle de son patient.
Combien de médecins aujourd'hui prescrivent hors AMM ?? Combien il y a 40 ans ? Et je ne vous ai même pas encore parlé des quotas ! Les jeunes médecins aujourd'hui on même peur de proposer des arrêts maladie. Ils pourraient être "fichés", voyez-vous. Vous comprenez les ARS et la CPAM n'ont que ça à faire aujourd'hui de faire de la big data sur les comportements de prescription. savez-vous combien de fonctionnaire ont switcher de la fonction de "service" à la patientèle à la fonction de "control" de la tarification à l'acte ?? Tout ça pour partir à la chasse d'un petit % de "fraudeurs" qui ne représentent même pas 1/4 du pourcentage de tous les "oubliés" qui ne reçoivent pas la quantité de soins qu'ils devraient au regard de leur situation... => conséquences ? Errance thérapeutique => perte de chance => gâchis de potentiel => drames familiaux => coût cachés pour la société...
Ce qui me révolte dans le système actuel c'est le "document". "LE PAPIER" logotypé, formaté, cerfatisé.
Je n'ai pas le droit de dire pour qui et sur quoi je travaillais dans la santé pour cause de "clause de confidentialité". Qu'est-ce que je regrette d'avoir un jour signé ce genre de clause. Si j'avais su ce que ça impliquerait je n'aurais jamais, jamais signé ce genre de contrat.
La jeune génération de médecin a été formaté à la sauce bureaucratique. Elle n'a même plus conscience qu'elle a le pouvoir de dire non. Elle a trop à y perdre. Les vieux sont déjà à la retraite si ce n'est pas DCD, et ceux qui partent bientôt, tellement désabusé de la décadence de ces 20 dernières années se voilent la face en attendant que leur tour soit venu de se casser.
Et les bons qui auraient pu faire changer les choses => ils s'expatrient (Suisse, USA...) ou s'il se battent ils se font sortir (radiation, placardisation...)
Vous savez, J'ai étudié beaucoup de systèmes de santé différents. Ce n'est pas une question de privé, public, d'impôts, de coût de la consultation.
Non c'est une question d'éthique et de confiance. C'est ce qui fait TOUTE la différence.
Si j'aime autant le Japon ce n'est pas parce que c'est exotique.
A l'automne 2022 je suis partie 6 semaines en Van aménagé faire le tour de Shikoku avec mon fils. Nous avons tous les deux des traitements très cher et soumis à règlementation. Et durant le voyage j'ai perdu deux plaquettes une à moi un à lui. On ne peut pas rester sans ces traitement.
Quand je m'en suis aperçue j'étais en panique? Ça aurait été une galère montre en France alors dans un pays étranger....
Je me suis arrêtée dans la première pharmacie d'un village perdu dans la campagne.
L'une des vendeuse à pris le temps de m’écouter, à fait des recherches sur son bottin en papier recyclé pour trouver la formulation équivalente au Japon, à Prix des notes et est allé les vérifié avec la pharmacienne, elle nous a expliqué qu'elle devrait commander une des plaquette mais qu'elle l'avait l'autre mais que pour les deux elle avait besoin de la prescription d'un médecin. Elle m'a proposé de m'accompagner jusqu'au médecin d'à côté. Elle a pris sa voiture, nous a amenée dans une clinique au coin de la rue, s'est présentée avec nous à l'accueil, s'est faite 'l’intermédiaire avec la réceptionniste, a expliqué la situation. La dame de l'accueil est allé chercher son responsable, il a pris les notes de la pharmacienne il est allé consulter son médecin chef qui lui dit que nous devons nous présenter le lendemain avec l'ordonnance Française et qu'un médecin parlant anglais transcrirai la prescription pour le nombre de jours qui nous restait au Japon.
Je me représente le lendemain le portier me reconnait il m'emmène directement dans un coin ou le responsable de la veille me rejoint. Ils avait préparé tous les papiers il me prend les ordonnances Française, pars 5 minutes, il est allé voir le médecin, il revient avec les prescriptions et les factures toutes préparés dans deux enveloppes le tout plié avec les indication pour celles qui vont à la pharmacie et celles pour me faire rembourser l'avance de frais. Je me raccompagne et je vais à la pharmacie, la dame de la veille m'accueil va chercher en arrière-boutique deux enveloppes déjà préparées, elle prend l'enveloppe qui lui était destinée fait ses vérifications compte le nombre de cachets devant mo en pointant du doigt pour que je puisse suivre que le nombre est correct me présente la facture je paye et elle me remets les deux plaquettes dans deux enveloppes différente avec mon nom sur l'une et celui de mon fils sur l'autre
Et tout ça m'a coûté 14 €. ===> 14 EUROS !! Je n'ai payé que la part résiduel. Je leur ai dit mais pourquoi je ne suis pas Japonaise, je devrais tout payer.
Non, ils m'ont répondu. L'assurance santé est universelle au Japon ces factures sont pour vous faire rembourser par votre assurance si vous êtes couverte pour votre voyage.
En tout et pour tout j'ai dû attendre assise maximum 15 minutes et la totalité du temps à passer à résoudre le problème est inférieur à 1 heure.
En y repensant bien plus tard, je me suis rappelée des situations identiques en France quand j'étais petite et que ma grand-mère me demande d'aller à la pharmacie pour récupérer un sachet pour mon grand-père. Je donnais le papier que ma grand-mère avait écrit, la pharmacienne appelait le docteur Driguez quelques minutes. Elle me préparait le sachet que je ramenais à la maison et le soir même très tard le docteur Driguez venait à la maison. Je l'entendais, alors je me levais de mon lit en pyjama pour aller le voir parce que je l'adorais. Je savais qu'à chaque fois il me donnait une sucette. Il me prenait rapidement sur ses genoux, en profitait toujours pour écouter mon cœur, mes poumons et regarder ma gorge même si rien ne laissait penser que je puisse être malade. Me remerciait d'être allé chercher l'insuline de mon grand-père et demander de retourner me coucher. Je me rendormais en entendant la voix de mes grands-parents et du docteur Driguez discuter de choses que je ne comprenais pas. C'était il y a 35 ans...
Alors je suis désolée mais je ne pourrais jamais me contenter des miettes que me jette aujourd'hui le système tel qu'il a été rationné...