Faire ou ne pas faire du sens, quel non-sens !
Get a life, get a knife ? T'es
un sans-dessein que n'illustre aucun dessin. On te jette l'opprobre et l'anathème du gars qui passe ses jours et nuits à glander. Fais quelque chose, ne serait-ce qu'un rien, ce serait déjà beaucoup. Et quand tu t'y mets, on te dit que tu en fais trop. Le non-sens commence. L'huile est rance, maigre pitance. On t'accuse d'ignorance comme on jalouse ton intelligence. Mais malgré cette séquence de remontrances à outrance, tu avances, tu essaies d'entrer dans la danse. Tu commences, tu récoltes des récompenses et des semonces. De toutes les exigences naîtront d'immenses semences denses et intenses qu'on appelle l'expérience. Les jours passent, les nuits se tassent. La fatigue s'amasse, les cartes se brassent mais jamais tu ne perds la face. Tu gardes
la tête haute (
On connaît la chanson.) car tu es ton propre hôte. Tu
fait ton bonhomme de chemin (
Ainsi commence la chanson.), quitte à parfois
sortir des sentiers battus.
La route est longue mais la voie est libre.
Ne regarde jamais la distance, mais garde conscience du sens de tes dépenses.
Mais quel sens ? Dans quel sens ? Tu te forges des projets, parfois abrogés. Tu te fixes des buts, même si parfois tu butes et culbutes. Les conjectures dominent ton imaginaire des possibles et les rares certitudes sont un
point d'ancrage, mais parfois d'encrage. Et c'est ça parfois qui fait tache. Car la tâche n'est pas aisée mais biaisée. Tu t'attaches au
plancher des vaches mais la réalité t'en arrache comme un coup de hache sur ta bâche. On te rabâche plein les oreilles puis on te mâche l'oseille. Tu ressens et recense cette sentence comme une offense contre un être sans défense.
Au sein de la Drome, le monde intense se condense.
Le monde est petit. Alors ?
Grandeur et décadence ? Tu croyais donner du sens à ton existence. Mais alors tu penses : ton sens est peut-être, et même probablement, un non-sens pour d'autres immanences.
Aurais-tu fait fausse route ? Fut-il vain de chercher un sens propre ? Dois-tu chercher un sens universel empreint de transcendance ? Ou arborer la diversité des sens figurés, de leurs valeurs et de leurs valences ?
Car
le revers de la médaille à
sens unique, c'est de se retrouver sans tunique,
nu comme le roi. Le roi, dans toute sa vacuité, bénéficia de tolérance. Mais c'est bien parce qu'il était roi, en toute bonne foi. Mais toi, si
tu mets le doigt dans l'engrenage d'un tournoi sournois, où la loi est dictée par la foi, tu peux faire le signe de croix. On te dit que la foi t'aidera à trouver la lumière. Tu risques de t'en retrouver aveuglé par ces paroles pleines d'émois émanant d'esprits narquois
aux abois. On te force à
entrer dans le rang, dans la lignée. Si tu te montres indigné, à la moindre incartade,
tu en prends pour ton grade. Derrière
la barricade s'occulte et s'ausculte un avenir maussade, loin des sérénades. Ç'a pas d'bon sens, dirait
Pierre Sans. Pourquoi chercher le tollé rance aux travers d'intolérances ? Si créer du sens, c'est réduire sa tolérance, autant se résoudre à l'évidence : l'unicité d'un sens ne peut nous mener qu'à l'évanescence. Mieux vaut faire preuve de vigilance avant d'être réduit à
l'aloi du silence qui remplace la confiance par la méfiance.
À méditer... en pleine conscience.
Il y a une différence entre faire du sens, ne pas faire de sens, faire du non-sens et faire des sens. Quand tu fais du sens, tu avances librement dans ton essence mais risques de heurter d'autres sens sans concupiscence. Quand tu ne fais pas de sens, ton état de latence s'étend et se divise comme
la Dranse ; de toi et des autres sans sens, on profitera
en divisant et en mieux régnant. Quand tu fais du non-sens, toutes les gens qui font du sens pointent tes incohérences ; tu es traité d'hypocrite ou de
girouette, de
suiveux ou de sans-dessein,
à dessein car
tu ne sais plus à quel des saints (
intelligent ?) te vouer. Enfin, quand tu fais des sens, tu fais preuve de décence. Certes, on peut aussi t'accuser de faire des pirouettes. Mais
tu prends ton courage à deux mains pour
prendre en main le destin des sans-desseins. Tu oses le défi de faire cohabiter et vivre ensemble les différentes nuances.