Anja-louise a écrit :Bonjour
,
En fait, est ce quelqu'un serait la distinction entre:
- la schizophrénie atypique et un TSA
- le TPL et le TSA
Je parle bien sur au niveau des manifestations symptomatiques car bon nombre des symptômes sont communs.
Ma psychologue m'a dit qu'à présent on se demander si le terme "schizophrénie atypique" n'était pas un TSA plus précisément un SA. Cela me semble étrange donc j'aurais voulu avoir votre avis
Manichéenne a écrit :En premier lieu, le TSA est présent dans l'enfance, pas le TPL ni la schizophrénie.
Pour les symptômes communs entre TPL et TSA, je suis dubitative, peux-tu développer ?
Je ne vois pas vraiment en quoi un TPL impacte la communication, les capacités sociales, les interactions ou même les intérêts d'une manière qui puisse faire penser aux TSA.
La schizophrénie, outre un début plus tardif, implique des symptômes dits "positifs" qu'on ne retrouve pas dans les TSA (délires, principalement).
Anja-Louise, je ne saurai pas répondre précisément à ta question donc je préfère m'abstenir.
En réaction à la (première) réponse de Manichéenne :
- Les symptômes de TPL et de schizophrénie sont parfois (je n'ai pas dit toujours ...) présents dès l'enfance, et dans ce cas s'aggravent ou deviennent plus évidents au fil du temps. Ainsi, on peut retrouver des symptômes de ces deux pathologies en reprenant l'histoire de l'enfance d'adultes diagnostiqués. De même, on peut retrouver des traits "évocateurs" de TPL chez des enfants de patients adultes diagnostiqués TPL (ce qui ne veut pas dire que l'enfant aura effectivement un TPL à l'âge adulte).
- Pour les symptômes communs entre TPL et TSA : la difficulté de gestion des émotions peut donner des symptômes similaires chez les TPL et les TSA par exemple ("crises de colère" notamment), les TPL ont souvent du mal avec les normes sociales tout comme les TSA (même si la raison en est différente), les TPL vont avoir tendance à s'isoler pour cette raison (les TSA ont tendance à s'isoler du fait des difficultés sociales, sensorielles ...). On peut trouver pas mal de symptômes communs, dont les origines sont différentes, mais qui peuvent faire du TPL un diagnostic différentiel du TSA.
- Donc dans le TPL, "la communication, les capacités sociales, les interactions" peuvent être impactées, mais effectivement, il n'y aura pas d'intérêts restreints, de stéréotypies ...
- Il n'y a pas toujours de "symptômes positifs" dans la schizophrénie, bien que ce soit leur présence qui permet souvent de poser le diagnostic. Pour être plus claire, les patients schizophrènes peuvent avoir uniquement des symptômes négatifs (+/- dissociatifs) au début de la pathologie, puis développer des symptômes positifs dans l'évolution de la maladie (et qui permettront à ce moment de faire la part des choses entre une schizophrénie et un TSA par exemple).
Anja-louise a écrit :
Puis une autre question:
- qu'en est il lorsque des schizophrènes ou des patients atteints de trouble personnalité borderline passent l'ADOS?
Si on part du principe que les patients schizophrènes ont des anomalies des interactions sociales ainsi que des altérations de la socio-communication, ne peuvent t'ils pas côter positif pour ce test?
J'ai déjà posé la question à des psychiatres qui m'ont tous répondu: "ben on fait pas passer l'ADOS à des schizophrènes !!!" Oui mais alors quand on hésite entre des diagnostics différentiels avec l'autisme, on est bien obligé. Du coup, savez vous si des recherches ont été faites sur le sujet; ça m'intéresserait
Très bonne question ! Je me la suis posée il y a quelques temps, et il y a effectivement des études qui ont été faites (en tout cas concernant la schizophrénie, j'avoue ne pas avoir cherché pour le TPL).
Voici donc l'étude en question que j'avais trouvé :
The Accuracy of the ADOS-2 in Identifying Autism among Adults with Complex Psychiatric Conditions
Brenna B. Maddox et al.
J Autism Dev Disord (2017) 47:2703–2709
DOI 10.1007/s10803-017-3188-z
(Si l'article complet intéresse quelqu'un, je peux le lui envoyer)
Un petit résumé de l'article:
C'est une équipe de Philadelphie qui a fait passer l'ADOS à des patients suivis dans un établissement psychiatrique pour diverses pathologies (psychoses - a priori principalement schizophrénie -, troubles de l'humeur ...).
Ils ont évalué 75 patients. Ils déterminaient s'ils étaient TSA ou non sans utiliser l'ADOS, en faisant des entretiens cliniques (donc sur l'histoire développementale ...). Puis ils leurs faisaient passer l'ADOS, et ils regardaient si l'ADOS était bien négatif quand ils avainent estimé cliniquement que le patient n'était pas TSA, et qu'il était bien positif quand ils avaient estimé cliniquement que le patient était porteur de TSA.
Sur les 75 patient, ils ont estimé que 6 étaient porteurs de TSA, 57 avaient une psychose, 12 avaient un trouble de l'humeur ou une autre pathologie psychiatrique.
Les 6 patients TSA avaient effectivement des scores ADOS au-dessus du seuil de diagnostic (100% de vrais positifs = l'ADOS a une bonne sensibilité car il repère bien 100% des patients porteurs de TSA).
21 des 69 patients non TSA avaient également des scores ADOS au-dessus du seuil de diagnostic, ces 21 patients ayant présenté des symptômes de psychose dans leur vie (30% de faux positifs = l'ADOS n'est pas très spécifique puisqu'il est rendu positif dans certaines psychoses).
Pour ces deux groupes (vrais positifs et faux positifs), les scores en "Communication sociale" étaient similaires (10.5 dans les deux groupes) et largement au-dessus du cut-off de 8. Les auteurs expliquent que le score élevé des faux positifs en "Communication sociale" (qui résultait d'anomalies dans l'utilisation des gestes, les expressions faciales, le contact oculaire ...) est lié aux symptômes négatifs des psychoses.
Par contre, les scores en "Intérêts restreints et comportements répétitifs" étaient différents dans les deux groupes (score à 4.7 pour les vrais positifs contre 2.0 pour les faux positifs).
Les auteurs concluent que l'ADOS ne permet pas bien de discriminer les TSA des psychoses, et que les résultats soutiennent l'hypothèse qu'il y a des symptômes communs entre les deux. Ils expliquent qu'il est donc pertinent pour les praticiens qui suivent des patients diagnostiqués schizophrènes de se poser la question d'un TSA pour ceux qui présentent des troubles de la communication sociale. Ils rappellent que l'ADOS ne permet pas à lui seul de poser le diagnostic de TSA, puisque les difficultés de communication sociale qu'il mesure ne sont pas spécifiques aux TSA et que cela induit des faux positifs. Ils expliquent que c'est l'histoire développementale qui permet le plus souvent de faire le diagnostic différentiel entre TSA et psychose quand la question se pose.