Quelques portraits de personnes rencontrées.
-
- Prolifique
- Messages : 1309
- Enregistré le : lundi 17 novembre 2008 à 16:49
Re: Quelques portraits de personnes rencontrées.
Petit rappel :
j'ai parfois modifié 2 ou 3 trucs, mais c'est juste par discrétion. Pour pas qu'ils soient, le cas échéant reconnus, je n'ai rien amplifié.
Pas de lieu précis, toujours par discrétion. S'il y en a c'est du faux. Mais les gens sont réels et ils sont fabuleux.
Albert,
Albert, je l'ai connu, il sortait de prison.
Et pas pour du banal.
Je ne sais pas pourquoi, et je n'ai rien demandé,
mais c'était pour du lourd, j'avais étét prévenu.
On avait le même âge, et avec lui c'est vrai ,c'est lui qui me l'a dit.
Il avait des soucis pour gérer son budget, pour compter ses billets,
et aussi pour écrire,
et comprendre les papiers, les factures.
On en a fait des tours tous les 2, dans les super marchés,
Faire des listes de courses, établir les menus de la semaine.
Et comparer les prix, d'un magasin à l'autre,
établir des budgets, débusquer les arnaques, la pub et tous ses pièges.
Déchiffrer et comparer, les pubs des boites aux lettres...
Et le prix au kilo, qu'est souvent surprenant...
Peser, mesurer, compter, comparer.
Addition, soustractions, divisions, multiplications,
proportions.Tenter la Règle de Trois,
mais là, sans trop d'illusions.
Et essayer de remplir le caddy au plus juste.
On en a épluché des courriers, des factures, appelé truc, et intel,
pour des renseignements.
Et c'est lui qui faisait... même si je n'étais pas loin...
Je l'ai même initié à écrire des lettres sur un ordinateur, un vieux,
un des premiers, un d'il y'à longtemps, qu'on nous avait donné...
Internet débutait, on ne l'utilisait pas encore beaucoup chez nous,
mais il y avait encore le minitel...
et puis le bon vieux bottin du téléphone...
Il a même écrit des trucs, sur sa vie, je l'ai aidé.
Puis un jour il est arrivé hilare.
Et il y avait de quoi.
Il avait gratté un ticket, un vrai, un gagnant, au bistrot.
La je n'en dis pas plus, je garde le mystère.
Je ne sais plus combien il avait gagné, mais le Max.
Quoi beaucoup... !
Il a acheté une maison, un petit pavillon, d'occasion, pas trop cher.
Le Budget c'est sacré.
Il s'est fait un plaisir.Le voyage de ses rêves au pays des Vahinés.
Vous savez Tahiti...
mais avant il a, en premier, remboursé sa dette. Avant qu'on ne lui rappelle.
Il devait quelques sous, rapport à son passé.
La justice pour lui c'était sacré, et surtout l'oublier.
C'était la roue qui tournait... et pour lui c'était vrai.
Il a espacé ses venues.
Puis plus du tout, plus rien,
...silence...
Je lui avais souhaité bonne chance,
lors de notre dernière rencontre...
j'ai parfois modifié 2 ou 3 trucs, mais c'est juste par discrétion. Pour pas qu'ils soient, le cas échéant reconnus, je n'ai rien amplifié.
Pas de lieu précis, toujours par discrétion. S'il y en a c'est du faux. Mais les gens sont réels et ils sont fabuleux.
Albert,
Albert, je l'ai connu, il sortait de prison.
Et pas pour du banal.
Je ne sais pas pourquoi, et je n'ai rien demandé,
mais c'était pour du lourd, j'avais étét prévenu.
On avait le même âge, et avec lui c'est vrai ,c'est lui qui me l'a dit.
Il avait des soucis pour gérer son budget, pour compter ses billets,
et aussi pour écrire,
et comprendre les papiers, les factures.
On en a fait des tours tous les 2, dans les super marchés,
Faire des listes de courses, établir les menus de la semaine.
Et comparer les prix, d'un magasin à l'autre,
établir des budgets, débusquer les arnaques, la pub et tous ses pièges.
Déchiffrer et comparer, les pubs des boites aux lettres...
Et le prix au kilo, qu'est souvent surprenant...
Peser, mesurer, compter, comparer.
Addition, soustractions, divisions, multiplications,
proportions.Tenter la Règle de Trois,
mais là, sans trop d'illusions.
Et essayer de remplir le caddy au plus juste.
On en a épluché des courriers, des factures, appelé truc, et intel,
pour des renseignements.
Et c'est lui qui faisait... même si je n'étais pas loin...
Je l'ai même initié à écrire des lettres sur un ordinateur, un vieux,
un des premiers, un d'il y'à longtemps, qu'on nous avait donné...
Internet débutait, on ne l'utilisait pas encore beaucoup chez nous,
mais il y avait encore le minitel...
et puis le bon vieux bottin du téléphone...
Il a même écrit des trucs, sur sa vie, je l'ai aidé.
Puis un jour il est arrivé hilare.
Et il y avait de quoi.
Il avait gratté un ticket, un vrai, un gagnant, au bistrot.
La je n'en dis pas plus, je garde le mystère.
Je ne sais plus combien il avait gagné, mais le Max.
Quoi beaucoup... !
Il a acheté une maison, un petit pavillon, d'occasion, pas trop cher.
Le Budget c'est sacré.
Il s'est fait un plaisir.Le voyage de ses rêves au pays des Vahinés.
Vous savez Tahiti...
mais avant il a, en premier, remboursé sa dette. Avant qu'on ne lui rappelle.
Il devait quelques sous, rapport à son passé.
La justice pour lui c'était sacré, et surtout l'oublier.
C'était la roue qui tournait... et pour lui c'était vrai.
Il a espacé ses venues.
Puis plus du tout, plus rien,
...silence...
Je lui avais souhaité bonne chance,
lors de notre dernière rencontre...
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Re: Quelques portraits de personnes rencontrées.
Toujours émue à la lecture de tes portraits
Officiellement non-autiste
"J'aurais pas été besoin" Nikos Aliagas, philosophe grec des Lumières
"J'aurais pas été besoin" Nikos Aliagas, philosophe grec des Lumières
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- Prolifique
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Re: Quelques portraits de personnes rencontrées.
Petit rappel :
j'ai parfois modifié 2 ou 3 trucs, mais c'est juste par discrétion. Pour pas qu'ils soient, le cas échéant reconnus, je n'ai rien amplifié.
Pas de lieu précis, toujours par discrétion. S'il y en a c'est du faux. Mais les gens sont réels et ils sont fabuleux.
(Bon pour Pascal ici, c'est un peu spécial. Attendez la fin du texte, vous comprendrez...)
Pascal.
Pascal est de mon age, dégingandé, les cheveux bouclés
Un peu le Grand Duduche, si vous le connaissez...
J 'vous ai parlé ailleurs, d'un chantier de restau,
d'un tas de ruines ancien, dans un coin bien perdu...
C'est là que j'l'ai connu. Il était du pays.
Il habitait chez ses vieux, et c'était douloureux.
Il ne parlait pas à son père, tolérait sa maman.
Il vivait dans sa chambre. Tout seul, bien isolé.
Il y mangeait aussi, c'était une sorte de cellule volontaire, et contrainte...
Pour l'appeler au téléphone, c'était bien compliqué.
Il y avait des heures, précises et puis un code, sinon pas de réponse.
Trois fois la sonnerie, et puis trois fois de suite trois fois, et là il répondait...
Il avait fait des études déjà un peu poussées. Du côté d 'la technique,
Electronique et tout ces trucs un peu compliqués.
Il était v 'nu nous voir, et aussitôt adopté.
Sur le chantier, son job était trouvé. L'installation électrique,
Pour lui, ce n'était pas trop sorcier...
Un visage fermé et triste, et tous, les soirs il rentrait s'enfermer.
On ne comprenait pas trop, mais on l'a vu sourire,
Quand même peut être une fois, vers la fin de l'été.
Il avait une 4l vraiment beaucoup pourrie.
Heureusement qu'à l'époque, il n'y avait pas de contrôle.
Le dernier soir du chantier, à moi, il s'est confié.
S'il rentrait tous les soirs, c'est bien à son regret.
Il n'avait pas de duvet, et ne voulait pas l'avouer...
L'année d'après venue, le chantier s'est à nouveau installé.
Lui, il était parmi nous, et il y est resté, il a ram'né sa gratte,
Il nous a épaté, « It's a beautiful day »
Le groupe hein, pas l'autre machin...
Eh Oui il connaissait, et même à la gratte, un peu...
Et là il souriait.
Quand l'été s'est fini, il s'était bien changé,
il est resté dans les lieux, pour souffler et réfléchir au calme.
On lui a fait un vrai nid, certes sans doute un peu rustique,
Mais bourré, d'Amitié... Il y a passé l'hiver, et un peu plus, peut-être.
Je l'ai revu plus tard. Il bossait à l'Usine, pour monter des télés.
Pas bien loin de chez moi, dans une grande ville.
Sur une chaine d'assemblage. Toujours 2 ou 3 vis les mêmes, à monter...,
50.000 fois par jour, enfin, vous comprenez...
Je suis allé chez lui, alors il m'a montré. Des trucs un peu étranges.
Commodore, Amstrad, d'autres trucs bien bizarres
avec des pièces de mécano , et des sortes de LEGO...
Les débuts des Ordinateurs grand public version automatismes et robotique.
Un K7 pour sauvegarder des mémoires gigantesques de quelques Mini Octets... Et ca prenait des heures...
Il faisait des montages, bidouillait sa machine pour quelques mécanismes, vraiment très limités...
Il a changé de poste, a pris une blouse blanche, et au bureau d'études, il a été muté.
Il a repris des cours le soir, il s'est formé.
Puis il est parti ailleurs.... du côté de Paris, banlieue Sud Est dans d'autres paysages.
Quelques années plus tard, je l'ai invité, à un anniversaire que j'avais préparé.
Il a traversé la France, aussitôt, et il s'est éclaté.
Il est reparti, un peu malade, par une indigestion, de substances diverses,
mais le sourire aux lèvres, et la tête remplie de joie, de musiques diverses...
Et d'autres choses encore...
Il n'y a pas si longtemps, j'étais dans le coltard.
Période, sombre pour moi, catastrophes en cascade...
Il m'a appelé chez moi. Il cherchait du boulot, et il voulait savoir
des trucs sur une boite, dans mon bled, qui recrutait.
J'étais vraiment aux anges, je lui ai répondu, bien sur, avec joie...
Il m'a donné son adresse, je l'ai bien sur notée.
Ce n'était si loin, et je connaissais les lieux...
Mais j'étais vraiment dans le noir. Alors j'ai un peu oublié.
J'y suis allé quand même bien sur, mais un peu tard.
Il s'était envolé. Sans laisser de message.
Je le cherche depuis mais il reste perdu.
Jusque sur les réseaux, un homonyme célèbre,
Récolte toutes les attentions...
mais c'est pour moi un étranger...
J'espère bien reprendre le contact.
Peut être lira t il un jour ces lignes,
Je n'en serai pas si surpris.
Il se reconnaitra malgré les flous voulus, j'en suis certain.
Alors « Bonjour Pascal, Quand est ce qu'on se revoit ? »
j'ai parfois modifié 2 ou 3 trucs, mais c'est juste par discrétion. Pour pas qu'ils soient, le cas échéant reconnus, je n'ai rien amplifié.
Pas de lieu précis, toujours par discrétion. S'il y en a c'est du faux. Mais les gens sont réels et ils sont fabuleux.
(Bon pour Pascal ici, c'est un peu spécial. Attendez la fin du texte, vous comprendrez...)
Pascal.
Pascal est de mon age, dégingandé, les cheveux bouclés
Un peu le Grand Duduche, si vous le connaissez...
J 'vous ai parlé ailleurs, d'un chantier de restau,
d'un tas de ruines ancien, dans un coin bien perdu...
C'est là que j'l'ai connu. Il était du pays.
Il habitait chez ses vieux, et c'était douloureux.
Il ne parlait pas à son père, tolérait sa maman.
Il vivait dans sa chambre. Tout seul, bien isolé.
Il y mangeait aussi, c'était une sorte de cellule volontaire, et contrainte...
Pour l'appeler au téléphone, c'était bien compliqué.
Il y avait des heures, précises et puis un code, sinon pas de réponse.
Trois fois la sonnerie, et puis trois fois de suite trois fois, et là il répondait...
Il avait fait des études déjà un peu poussées. Du côté d 'la technique,
Electronique et tout ces trucs un peu compliqués.
Il était v 'nu nous voir, et aussitôt adopté.
Sur le chantier, son job était trouvé. L'installation électrique,
Pour lui, ce n'était pas trop sorcier...
Un visage fermé et triste, et tous, les soirs il rentrait s'enfermer.
On ne comprenait pas trop, mais on l'a vu sourire,
Quand même peut être une fois, vers la fin de l'été.
Il avait une 4l vraiment beaucoup pourrie.
Heureusement qu'à l'époque, il n'y avait pas de contrôle.
Le dernier soir du chantier, à moi, il s'est confié.
S'il rentrait tous les soirs, c'est bien à son regret.
Il n'avait pas de duvet, et ne voulait pas l'avouer...
L'année d'après venue, le chantier s'est à nouveau installé.
Lui, il était parmi nous, et il y est resté, il a ram'né sa gratte,
Il nous a épaté, « It's a beautiful day »
Le groupe hein, pas l'autre machin...
Eh Oui il connaissait, et même à la gratte, un peu...
Et là il souriait.
Quand l'été s'est fini, il s'était bien changé,
il est resté dans les lieux, pour souffler et réfléchir au calme.
On lui a fait un vrai nid, certes sans doute un peu rustique,
Mais bourré, d'Amitié... Il y a passé l'hiver, et un peu plus, peut-être.
Je l'ai revu plus tard. Il bossait à l'Usine, pour monter des télés.
Pas bien loin de chez moi, dans une grande ville.
Sur une chaine d'assemblage. Toujours 2 ou 3 vis les mêmes, à monter...,
50.000 fois par jour, enfin, vous comprenez...
Je suis allé chez lui, alors il m'a montré. Des trucs un peu étranges.
Commodore, Amstrad, d'autres trucs bien bizarres
avec des pièces de mécano , et des sortes de LEGO...
Les débuts des Ordinateurs grand public version automatismes et robotique.
Un K7 pour sauvegarder des mémoires gigantesques de quelques Mini Octets... Et ca prenait des heures...
Il faisait des montages, bidouillait sa machine pour quelques mécanismes, vraiment très limités...
Il a changé de poste, a pris une blouse blanche, et au bureau d'études, il a été muté.
Il a repris des cours le soir, il s'est formé.
Puis il est parti ailleurs.... du côté de Paris, banlieue Sud Est dans d'autres paysages.
Quelques années plus tard, je l'ai invité, à un anniversaire que j'avais préparé.
Il a traversé la France, aussitôt, et il s'est éclaté.
Il est reparti, un peu malade, par une indigestion, de substances diverses,
mais le sourire aux lèvres, et la tête remplie de joie, de musiques diverses...
Et d'autres choses encore...
Il n'y a pas si longtemps, j'étais dans le coltard.
Période, sombre pour moi, catastrophes en cascade...
Il m'a appelé chez moi. Il cherchait du boulot, et il voulait savoir
des trucs sur une boite, dans mon bled, qui recrutait.
J'étais vraiment aux anges, je lui ai répondu, bien sur, avec joie...
Il m'a donné son adresse, je l'ai bien sur notée.
Ce n'était si loin, et je connaissais les lieux...
Mais j'étais vraiment dans le noir. Alors j'ai un peu oublié.
J'y suis allé quand même bien sur, mais un peu tard.
Il s'était envolé. Sans laisser de message.
Je le cherche depuis mais il reste perdu.
Jusque sur les réseaux, un homonyme célèbre,
Récolte toutes les attentions...
mais c'est pour moi un étranger...
J'espère bien reprendre le contact.
Peut être lira t il un jour ces lignes,
Je n'en serai pas si surpris.
Il se reconnaitra malgré les flous voulus, j'en suis certain.
Alors « Bonjour Pascal, Quand est ce qu'on se revoit ? »
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- Prolifique
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- Enregistré le : lundi 17 novembre 2008 à 16:49
Re: Quelques portraits de personnes rencontrées.
Petit rappel :
j'ai parfois modifié 2 ou 3 trucs, mais c'est juste par discrétion. Pour pas qu'ils soient, le cas échéant reconnus, je n'ai rien amplifié.
Pas de lieu précis, toujours par discrétion. S'il y en a c'est du faux. Mais les gens sont réels et ils sont fabuleux.
Jo
Jo aussi, c'est dans ce coin perdu, près de nulle part, dont j'ai déjà parlé,
que je l'ai rencontré...
Il était, de passage, sur la route, passant voir quelqu'un rencontré en vendanges,
Bon de passage ok !.. mais un long passage, puisqu'il est resté
Avec nous, pendant de longues années.
Il s'est intégré sans soucis, parmi nous dans ce chantier... J'en parlerai sans doute dans un autre texte...
Plus tard, de ces chantier,s et de tout ce qu'on y a fait d'autres...
Jo, était normand, et pour lui c'était important.
Normand et fils de Marin-Pêcheur, d'un port près des plages du Débarquement...
Un jour, quand il était enfant, son père n'est pas revenu.
La Mer l'avait définitivement retenu.
Jo, poursuivait quelques études à Paris, un certain mois de Mai un peu agité...
Il lui en était resté quelques séquelles pendant toutes les années 70, et même après.
Il chantait fort et faux, mais vraiment très fort certains de ses souvenirs.
L'hymne de L'Unité Populaire, le Que Canto (en basque...) .... et « Riquita » la chanson ancienne, le grand succès de Georgette Plana.
Pour lui, cet air là, c'était son souvenir de ce mois de Mai. Le disque venait de sortir, et a passé au début à la radio, et Georgette venait dans la rue, chanter à tue-tête cette rengaine, que tous ceux de la rue reprenaient ensemble. Il en était.
Quand il rencontrait des anciens, ils la chantaient ensemble « Riquita ». Jo lui, en avait facilement la larme à l'oeil.
La chanson, pour lui était importante. Il m'a fait découvrir Jehan Jonas. Je ne saurais jamais comment l'en remercier...
Le Mois de Mai s'est prolongé pour lui pendant pas mal d'années...
...dans quelques groupuscules Mao, et autonomes, de ces années là. Creys Malville, Plogoff, le Larzac il y est passé, il m'en a parlé. Mais il est resté bien vague et discret, sur son rôle.
Les Communautés d'Ardèche ? Il en parlait comme un bon souvenir, mais de très courte durée, qui a fini en une sorte de cauchemar. Les châtaignes sont vite devenues indigestes, quand elles ne constituaient que la seule nourriture pendant les longs mois d'hiver...avec parfois quelques noix s'il en restait. Ses dernières nuits, là bas, il les avait passées, ses maigres affaires sous la nuque, par peur des vols, et un petit canif entre les doigts au cas où...
Et il m'a dit les avoir quitté juste à temps.
Il a vécu pas mal d'années du tour de France annuel des travaux agricoles ... Vendanges, pommes, Cerises, fraises Melons...
Quand il a voulu quelques années plus tard trouver un boulot plus stable, Il m'a dit avoir eu quelques problèmes, un trou de plusieurs années dans son CV, difficile à justifier. Il s'est alors inventé un passé assez vague de Commerçant...
Jo avait des problèmes de santé. Il avait été opéré à coeur ouvert, et s'en trouvait fort handicapé.
Il a trouvé un travail réservé au sein de la Fonction Publique. Dans le seul endroit, où personnellement je ne l'aurai jamais cherché.
Au Ministère de l'Intérieur ...
bon d'accord il s'occupait des feux de forêts, les Canadairs et tout çà.
Mais quand même...
Quelques années plus tard je l'ai contacté chez lui simplement, au sujet, d'un projet touchant aux déchets nucléaires, dans ma campagne environnante... s'il n'était pas au courant de quelque chose...
Au téléphone, j'ai été très surpris. Dès qu'il a compris ma demande, il s'est transformé.
« pas de nom ni de personnes ni de lieux pouvant te faire repérer...C'est le 1er principe de la lutte clandestine... »
S'il avait connu les portables, les écoutes d'aujourd'hui... et tout çà
Le militant n'était pas loin...
Il habitait Paris. Et pareil que pour son boulot, Le seul endroit, ou je ne serais jamais allé le chercher....
Sur le Parvis de la Défense, où il y a quelques rares HLM, quand même, mais qu'il faut bien chercher...
J'y ai été reçu avec beaucoup de chaleur, lors d'un de mes passages parisien.
J'ai même partagé avec lui le seul repas que je n'ai jamais fait dans un Mac Do
et celui, juste au pied de la Grande Arche, en plus... en plein futur...
On était d'accord sur un point, on n'a pas aimé du tout...
Lui aussi est venu, à cette fête que j'avais organisé, et dont j'ai déjà parlé....
Lui aussi en est reparti bien fatigué... mais la tête pleine de souvenirs...
Jo est mort assez jeune, tout juste 40 ans. Le coeur ne pardonne pas.
Il doit être enterré dans le cimetière de son village de pêcheur normand, je pense.
Et quand j 'écoute Jehan Jonas, je ne peux pas m'empêcher de penser à lui.
http://youtu.be/C0UluNwrULs
http://youtu.be/tNWagRKc4oU
http://youtu.be/iLS5cT0P0gI
http://youtu.be/31cgKbeByi4
http://youtu.be/lHT40PJqpDY
Ne me dérangez pas. J'écoute...
j'ai parfois modifié 2 ou 3 trucs, mais c'est juste par discrétion. Pour pas qu'ils soient, le cas échéant reconnus, je n'ai rien amplifié.
Pas de lieu précis, toujours par discrétion. S'il y en a c'est du faux. Mais les gens sont réels et ils sont fabuleux.
Jo
Jo aussi, c'est dans ce coin perdu, près de nulle part, dont j'ai déjà parlé,
que je l'ai rencontré...
Il était, de passage, sur la route, passant voir quelqu'un rencontré en vendanges,
Bon de passage ok !.. mais un long passage, puisqu'il est resté
Avec nous, pendant de longues années.
Il s'est intégré sans soucis, parmi nous dans ce chantier... J'en parlerai sans doute dans un autre texte...
Plus tard, de ces chantier,s et de tout ce qu'on y a fait d'autres...
Jo, était normand, et pour lui c'était important.
Normand et fils de Marin-Pêcheur, d'un port près des plages du Débarquement...
Un jour, quand il était enfant, son père n'est pas revenu.
La Mer l'avait définitivement retenu.
Jo, poursuivait quelques études à Paris, un certain mois de Mai un peu agité...
Il lui en était resté quelques séquelles pendant toutes les années 70, et même après.
Il chantait fort et faux, mais vraiment très fort certains de ses souvenirs.
L'hymne de L'Unité Populaire, le Que Canto (en basque...) .... et « Riquita » la chanson ancienne, le grand succès de Georgette Plana.
Pour lui, cet air là, c'était son souvenir de ce mois de Mai. Le disque venait de sortir, et a passé au début à la radio, et Georgette venait dans la rue, chanter à tue-tête cette rengaine, que tous ceux de la rue reprenaient ensemble. Il en était.
Quand il rencontrait des anciens, ils la chantaient ensemble « Riquita ». Jo lui, en avait facilement la larme à l'oeil.
La chanson, pour lui était importante. Il m'a fait découvrir Jehan Jonas. Je ne saurais jamais comment l'en remercier...
Le Mois de Mai s'est prolongé pour lui pendant pas mal d'années...
...dans quelques groupuscules Mao, et autonomes, de ces années là. Creys Malville, Plogoff, le Larzac il y est passé, il m'en a parlé. Mais il est resté bien vague et discret, sur son rôle.
Les Communautés d'Ardèche ? Il en parlait comme un bon souvenir, mais de très courte durée, qui a fini en une sorte de cauchemar. Les châtaignes sont vite devenues indigestes, quand elles ne constituaient que la seule nourriture pendant les longs mois d'hiver...avec parfois quelques noix s'il en restait. Ses dernières nuits, là bas, il les avait passées, ses maigres affaires sous la nuque, par peur des vols, et un petit canif entre les doigts au cas où...
Et il m'a dit les avoir quitté juste à temps.
Il a vécu pas mal d'années du tour de France annuel des travaux agricoles ... Vendanges, pommes, Cerises, fraises Melons...
Quand il a voulu quelques années plus tard trouver un boulot plus stable, Il m'a dit avoir eu quelques problèmes, un trou de plusieurs années dans son CV, difficile à justifier. Il s'est alors inventé un passé assez vague de Commerçant...
Jo avait des problèmes de santé. Il avait été opéré à coeur ouvert, et s'en trouvait fort handicapé.
Il a trouvé un travail réservé au sein de la Fonction Publique. Dans le seul endroit, où personnellement je ne l'aurai jamais cherché.
Au Ministère de l'Intérieur ...
bon d'accord il s'occupait des feux de forêts, les Canadairs et tout çà.
Mais quand même...
Quelques années plus tard je l'ai contacté chez lui simplement, au sujet, d'un projet touchant aux déchets nucléaires, dans ma campagne environnante... s'il n'était pas au courant de quelque chose...
Au téléphone, j'ai été très surpris. Dès qu'il a compris ma demande, il s'est transformé.
« pas de nom ni de personnes ni de lieux pouvant te faire repérer...C'est le 1er principe de la lutte clandestine... »
S'il avait connu les portables, les écoutes d'aujourd'hui... et tout çà
Le militant n'était pas loin...
Il habitait Paris. Et pareil que pour son boulot, Le seul endroit, ou je ne serais jamais allé le chercher....
Sur le Parvis de la Défense, où il y a quelques rares HLM, quand même, mais qu'il faut bien chercher...
J'y ai été reçu avec beaucoup de chaleur, lors d'un de mes passages parisien.
J'ai même partagé avec lui le seul repas que je n'ai jamais fait dans un Mac Do
et celui, juste au pied de la Grande Arche, en plus... en plein futur...
On était d'accord sur un point, on n'a pas aimé du tout...
Lui aussi est venu, à cette fête que j'avais organisé, et dont j'ai déjà parlé....
Lui aussi en est reparti bien fatigué... mais la tête pleine de souvenirs...
Jo est mort assez jeune, tout juste 40 ans. Le coeur ne pardonne pas.
Il doit être enterré dans le cimetière de son village de pêcheur normand, je pense.
Et quand j 'écoute Jehan Jonas, je ne peux pas m'empêcher de penser à lui.
http://youtu.be/C0UluNwrULs
http://youtu.be/tNWagRKc4oU
http://youtu.be/iLS5cT0P0gI
http://youtu.be/31cgKbeByi4
http://youtu.be/lHT40PJqpDY
Ne me dérangez pas. J'écoute...
-
- Prolifique
- Messages : 1309
- Enregistré le : lundi 17 novembre 2008 à 16:49
Re: Quelques portraits de personnes rencontrées.
Petit rappel :
j'ai parfois modifié 2 ou 3 trucs, mais c'est juste par discrétion. Pour pas qu'ils soient, le cas échéant reconnus, je n'ai rien amplifié.
Pas de lieu précis, toujours par discrétion. S'il y en a c'est du faux. Mais les gens sont réels et ils sont fabuleux.
Joseph
Joseph, lui, c'est à l'Usine, que je l'ai rencontré.
Il paraissait déjà être bien vieux à ce moment là.
70 ans peut-être ? Mais il n'en avait que tout juste 50
(peut-être même pas...)
Il faisait les boulots les plus durs, bossait en 3x8...
toujours avec entrain... parfois il sifflait un air...rien qu'à lui...
Au début, on avait pas mal de difficultés pour le comprendre,
quand il parlait. C'était en patois, et un patois bien personnel...
Mais au bout d'un moment, on s'y faisait.
Il avait disons, aussi un vocabulaire fleuri...
Quand il racontait des histoires, elles étaient plus que salées et même salaces...
Elles étaient vraiment très particulières, et il en racontait en permanence.
Il s'était marié très tard, et avait eu rapidement pas mal d'enfants...
5 ? 6 ? peut-être même plus... je ne sais pas au juste.
Et il fallait bien les nourrir, toutes ces bouches...
Alors, en plus de son boulot, Joseph, il s'est organisé.
Il a fait son jardin, puis un 2ème, et puis un autre encore...
et pas tous à côté de sa maison...
Il a eu quelques volailles et lapins, chèvres, moutons et un cochon...
Puis un peu plus, puis un peu... beaucoup plus...
Il bossait tout le temps et dur...
Il était maigre, mais vraiment, maigre au point que pour plaisanter,
on disait que pour maigrir, lui, il faudrait qu'il perde un os,
...et bien, tant pis si vous ne me croyez, pas, mais il l'a fait !!!
Oh certes d'une façon bien involontaire.
Un jour au boulot, en manipulant une palette en bois, il s'est pris une écharde.
Ca lui est arrivé bien souvent avant, avec les griffures diverses, les petits bobos...
Il n'y a pas fait gaffe, et même quand le bobo s'est aggravé.
Ce n'est que bien trop tard et contraint par la douleur,
qu'il s'est retrouvé aux urgences.
Opéré, il s'est retrouvé un doigt en moins et les 2 autres entourant son moignon, devenus tout raides, impossibles à plier.
Il n'a pas voulu sur le coup, faire de déclaration d'Accident de Travail, peut-être par fierté, sans doute par ignorance.
et ce n'est que bien plus tard, hors délais et de loin, une fois rétabli, qu'il s'est décidé. Mais il était bien de trop tard... et il était fâché.
Petite consolation, il utilisait sa main atrophiée comme une fronde. Un élastique entre les 2 doigts raides et hop on envoie une boule de papier à l'autre bout de l'atelier... Un vrai gamin.
Malgré sa maigreur, il mangeait comme 4. Les casse-croûte à Joseph, c'était quelque chose. Des tranches de pain de 3 (vous savez, le Grand pour les familles nombreuses, encore courant à la campagne). Des tartines très fines, 4, 5, peut-être plus, mais garnies en général d'une couche très épaisse de cochonnailles bien grasses (Pâté, ou rillettes fabrication maison). Une couche entre chaque tranche de pain. Bien plus de gras que de pain en tout cas.
L'ensemble maintenu par un élastique, et faisant un ensemble impressionnant qu'il engloutissait en un rien de temps....
Pour le café, il se servait de l'eau chaude du lavabo pour dissoudre de la Ricoré dans sa timbale en plastique. Il trouvait le distributeur trop cher.
Un jour, un four à Micro Ondes a été installé. (Certaines personnes mangeaient sur place).
Il a faillit se fâcher tout rouge, quand on a voulu lui mettre à réchauffer sa timbale.
Il avait peur qu'elle ne fonde. On a eu vraiment du mal à le convaincre du contraire...
Puis, personnellement, j'ai quitté l'atelier, et après quelques autres aventures, je suis revenu dans la même entreprise, quelques années plus tard, dans un poste administratif. Dans les « bureaux »...
Je l'ai croisé un jour, dans les couloirs. J'étais au distributeur de café... Quand il m'a vu, il s'est senti gêné. Je lui ai souhaité : « Bonjour Joseph ! !... » Comment vas tu ?
Il m'a répondu : « Bonjour Monsieur !... »
Monsieur ???
J'ai eu beaucoup de mal à le convaincre de me tutoyer et de m'appeler Olivier, comme avant...
Depuis, je le vois de temps en temps, au hasard des sorties au Super Marché du coin...
Il n'a pas changé, mais disons que maintenant, il a réellement la tête de son âge...
On échange quelques mots... et il a toujours le sourire, en me voyant...
j'ai parfois modifié 2 ou 3 trucs, mais c'est juste par discrétion. Pour pas qu'ils soient, le cas échéant reconnus, je n'ai rien amplifié.
Pas de lieu précis, toujours par discrétion. S'il y en a c'est du faux. Mais les gens sont réels et ils sont fabuleux.
Joseph
Joseph, lui, c'est à l'Usine, que je l'ai rencontré.
Il paraissait déjà être bien vieux à ce moment là.
70 ans peut-être ? Mais il n'en avait que tout juste 50
(peut-être même pas...)
Il faisait les boulots les plus durs, bossait en 3x8...
toujours avec entrain... parfois il sifflait un air...rien qu'à lui...
Au début, on avait pas mal de difficultés pour le comprendre,
quand il parlait. C'était en patois, et un patois bien personnel...
Mais au bout d'un moment, on s'y faisait.
Il avait disons, aussi un vocabulaire fleuri...
Quand il racontait des histoires, elles étaient plus que salées et même salaces...
Elles étaient vraiment très particulières, et il en racontait en permanence.
Il s'était marié très tard, et avait eu rapidement pas mal d'enfants...
5 ? 6 ? peut-être même plus... je ne sais pas au juste.
Et il fallait bien les nourrir, toutes ces bouches...
Alors, en plus de son boulot, Joseph, il s'est organisé.
Il a fait son jardin, puis un 2ème, et puis un autre encore...
et pas tous à côté de sa maison...
Il a eu quelques volailles et lapins, chèvres, moutons et un cochon...
Puis un peu plus, puis un peu... beaucoup plus...
Il bossait tout le temps et dur...
Il était maigre, mais vraiment, maigre au point que pour plaisanter,
on disait que pour maigrir, lui, il faudrait qu'il perde un os,
...et bien, tant pis si vous ne me croyez, pas, mais il l'a fait !!!
Oh certes d'une façon bien involontaire.
Un jour au boulot, en manipulant une palette en bois, il s'est pris une écharde.
Ca lui est arrivé bien souvent avant, avec les griffures diverses, les petits bobos...
Il n'y a pas fait gaffe, et même quand le bobo s'est aggravé.
Ce n'est que bien trop tard et contraint par la douleur,
qu'il s'est retrouvé aux urgences.
Opéré, il s'est retrouvé un doigt en moins et les 2 autres entourant son moignon, devenus tout raides, impossibles à plier.
Il n'a pas voulu sur le coup, faire de déclaration d'Accident de Travail, peut-être par fierté, sans doute par ignorance.
et ce n'est que bien plus tard, hors délais et de loin, une fois rétabli, qu'il s'est décidé. Mais il était bien de trop tard... et il était fâché.
Petite consolation, il utilisait sa main atrophiée comme une fronde. Un élastique entre les 2 doigts raides et hop on envoie une boule de papier à l'autre bout de l'atelier... Un vrai gamin.
Malgré sa maigreur, il mangeait comme 4. Les casse-croûte à Joseph, c'était quelque chose. Des tranches de pain de 3 (vous savez, le Grand pour les familles nombreuses, encore courant à la campagne). Des tartines très fines, 4, 5, peut-être plus, mais garnies en général d'une couche très épaisse de cochonnailles bien grasses (Pâté, ou rillettes fabrication maison). Une couche entre chaque tranche de pain. Bien plus de gras que de pain en tout cas.
L'ensemble maintenu par un élastique, et faisant un ensemble impressionnant qu'il engloutissait en un rien de temps....
Pour le café, il se servait de l'eau chaude du lavabo pour dissoudre de la Ricoré dans sa timbale en plastique. Il trouvait le distributeur trop cher.
Un jour, un four à Micro Ondes a été installé. (Certaines personnes mangeaient sur place).
Il a faillit se fâcher tout rouge, quand on a voulu lui mettre à réchauffer sa timbale.
Il avait peur qu'elle ne fonde. On a eu vraiment du mal à le convaincre du contraire...
Puis, personnellement, j'ai quitté l'atelier, et après quelques autres aventures, je suis revenu dans la même entreprise, quelques années plus tard, dans un poste administratif. Dans les « bureaux »...
Je l'ai croisé un jour, dans les couloirs. J'étais au distributeur de café... Quand il m'a vu, il s'est senti gêné. Je lui ai souhaité : « Bonjour Joseph ! !... » Comment vas tu ?
Il m'a répondu : « Bonjour Monsieur !... »
Monsieur ???
J'ai eu beaucoup de mal à le convaincre de me tutoyer et de m'appeler Olivier, comme avant...
Depuis, je le vois de temps en temps, au hasard des sorties au Super Marché du coin...
Il n'a pas changé, mais disons que maintenant, il a réellement la tête de son âge...
On échange quelques mots... et il a toujours le sourire, en me voyant...
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Re: Quelques portraits de personnes rencontrées.
Petit rappel :
j'ai parfois modifié 2 ou 3 trucs, mais c'est juste par discrétion. Pour pas qu'ils soient, le cas échéant reconnus, je n'ai rien amplifié.
Pas de lieu précis, toujours par discrétion. S'il y en a c'est du faux. Mais les gens sont réels et ils sont fabuleux.
Michel
Michel, lui c'est un peu particulier.
Il a été la première personne qui m'a été confiée, lors de mon parcours dans le domaine de l'insertion.
Bon confiée, pas tout à fait complètement, soyons juste.
En fait on travaillait à 4, 2 formateurs (un aguerri et moi...), et 2 apprenants Michel et Denis (je parlerais peut-être de Denis un peu plus tard).
Denis et Michel se connaissaient s'appréciaient, et avaient certains points communs, qui faisait qu'un travail en commun entre eux pouvait être judicieux.
Michel avait la quarantaine, effacé, mais facilement souriant, à qui lui parlait.
Il avait été maçon et depuis pas mal de temps sans emploi...
Il avait une malformation congénitale au niveau d'un bras, pas facilement décelable quand on le voyait, mais qui l'handicapait fortement dans son travail physique...
Il habitait un petit pavillon, dans un tout petit village isolé du bocage.
Il l'avait en grande partie construit tout seul ce petit pavillon, au début de son métier de maçon.
Il y habitait avec sa maman agée.
Michel était venu parce qu'entre autres il avait des problèmes avec les papiers administratifs et l'écrit.
Mais lui c'était très particulier.
Il avait une peur physique et flagrante d'écrire.
Nous savions qu'il savait lire et écrire même très correctement, mais il ne pouvait pas physiquement écrire. Il avait d'ailleurs une conversation agréable, et montrait déjà une certaine culture.
Mais la simple vue d'un stylo, lui faisait physiquement apparaitre des sueurs froides, et un blocage rédhibitoire.
Le formateur averti qui était avec moi, m'a expliqué, qu'un jour, au calme, et après de nombreux mois de travail en binômes, et surtout au calme, il a réussi à lui faire écrire quelques mots...
Dans notre groupe de 4 nous avions instauré un petit travail d 'équipe, basé sur le calme et la confiance.
C'était Denis, qui lui servait de plume, à Michel, et en tandem, il s'exprimait...
Denis aimait bien et s'en trouvait même je crois bien valorisé...
Je n'ai pas travaillé bien longtemps avec Michel.
Une jeune diplômée (je ne sais plus de quoi...), est venue et a pris Michel en main (...)
Il n'est plus revenu...
Quelques temps plus tard, lors d'une réunion régionale de formateurs de diverses structures,
J'entends une toute jeune dame, décrire un cas qui m'a immédiatement rappelé Michel.
Mais elle n'était pas du tout de mon secteur. Ce ne pouvait pas être lui.
Mais la similitude était flagrante.
Lors d'une pose, je vais discuter un peu avec elle.
Il s'agissait bien de Michel, elle était venue faire un court stage dans ma structure, et Michel l'avait beaucoup impressionné.
On ne sait pas quel blocage a pu le conduire à un tel état. C'est son secret.
Il m'arrive parfois de passer dans le village où est le pavillon de Michel.
Je crois même savoir quelle est Sa Maison...
Je pense à lui alors.
Je n'ose pas m'arrêter lui dire « Bonjour »...
Je ne me sens pas en avoir la force...
j'ai parfois modifié 2 ou 3 trucs, mais c'est juste par discrétion. Pour pas qu'ils soient, le cas échéant reconnus, je n'ai rien amplifié.
Pas de lieu précis, toujours par discrétion. S'il y en a c'est du faux. Mais les gens sont réels et ils sont fabuleux.
Michel
Michel, lui c'est un peu particulier.
Il a été la première personne qui m'a été confiée, lors de mon parcours dans le domaine de l'insertion.
Bon confiée, pas tout à fait complètement, soyons juste.
En fait on travaillait à 4, 2 formateurs (un aguerri et moi...), et 2 apprenants Michel et Denis (je parlerais peut-être de Denis un peu plus tard).
Denis et Michel se connaissaient s'appréciaient, et avaient certains points communs, qui faisait qu'un travail en commun entre eux pouvait être judicieux.
Michel avait la quarantaine, effacé, mais facilement souriant, à qui lui parlait.
Il avait été maçon et depuis pas mal de temps sans emploi...
Il avait une malformation congénitale au niveau d'un bras, pas facilement décelable quand on le voyait, mais qui l'handicapait fortement dans son travail physique...
Il habitait un petit pavillon, dans un tout petit village isolé du bocage.
Il l'avait en grande partie construit tout seul ce petit pavillon, au début de son métier de maçon.
Il y habitait avec sa maman agée.
Michel était venu parce qu'entre autres il avait des problèmes avec les papiers administratifs et l'écrit.
Mais lui c'était très particulier.
Il avait une peur physique et flagrante d'écrire.
Nous savions qu'il savait lire et écrire même très correctement, mais il ne pouvait pas physiquement écrire. Il avait d'ailleurs une conversation agréable, et montrait déjà une certaine culture.
Mais la simple vue d'un stylo, lui faisait physiquement apparaitre des sueurs froides, et un blocage rédhibitoire.
Le formateur averti qui était avec moi, m'a expliqué, qu'un jour, au calme, et après de nombreux mois de travail en binômes, et surtout au calme, il a réussi à lui faire écrire quelques mots...
Dans notre groupe de 4 nous avions instauré un petit travail d 'équipe, basé sur le calme et la confiance.
C'était Denis, qui lui servait de plume, à Michel, et en tandem, il s'exprimait...
Denis aimait bien et s'en trouvait même je crois bien valorisé...
Je n'ai pas travaillé bien longtemps avec Michel.
Une jeune diplômée (je ne sais plus de quoi...), est venue et a pris Michel en main (...)
Il n'est plus revenu...
Quelques temps plus tard, lors d'une réunion régionale de formateurs de diverses structures,
J'entends une toute jeune dame, décrire un cas qui m'a immédiatement rappelé Michel.
Mais elle n'était pas du tout de mon secteur. Ce ne pouvait pas être lui.
Mais la similitude était flagrante.
Lors d'une pose, je vais discuter un peu avec elle.
Il s'agissait bien de Michel, elle était venue faire un court stage dans ma structure, et Michel l'avait beaucoup impressionné.
On ne sait pas quel blocage a pu le conduire à un tel état. C'est son secret.
Il m'arrive parfois de passer dans le village où est le pavillon de Michel.
Je crois même savoir quelle est Sa Maison...
Je pense à lui alors.
Je n'ose pas m'arrêter lui dire « Bonjour »...
Je ne me sens pas en avoir la force...
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Re: Quelques portraits de personnes rencontrées.
J'aime toujours autant m'immerger dans l'univers de tes personnages, merci Olivier
Officiellement non-autiste
"J'aurais pas été besoin" Nikos Aliagas, philosophe grec des Lumières
"J'aurais pas été besoin" Nikos Aliagas, philosophe grec des Lumières
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Re: Quelques portraits de personnes rencontrées.
Petit rappel :
j'ai parfois modifié 2 ou 3 trucs, mais c'est juste par discrétion. Pour pas qu'ils soient, le cas échéant reconnus, je n'ai rien amplifié.
Pas de lieu précis, toujours par discrétion. S'il y en a c'est du faux. Mais les gens sont réels et ils sont fabuleux.
Hubert.
Bon, Hubert, tout le monde l'appelle Bébert.
C'est un copain d'usine, lui aussi.
On a travaillé, ensemble plusieurs années de suite.
Une équipe à 2. Un boulot ingrat, que personne ne voulait trop faire.
Boulot, aussi un peu limite du côté sécurité.
Mais on était indépendants...
A notre façon, nous étions expérimentaux.
Personne ne venait nous embêter, et nous avions la confiance de l'Encadrement.
Bébert, son père était un militaire de carrière, et lui,
eh bien il a été élevé un peu à la dure.
Bon à la dure ok, mais aussi, disons un peu aussi à la débrouille,
pas toujours (souvent ?...), légale...
Je m'en suis rendu compte au fur et à mesure du temps...
Bébère, était un costaud.
Champion au Bras de Fer, il avait pas mal de temps été monteur de chapiteaux,
et aussi de manèges forains comme les autos tamponneuses...
Il était marié et avait une fille.
Au décès de son père, il a hérité d'une petite maison. Son beau père, ancien maçon, l' a rénovée à neuf.
Un soir d'automne, en sortant du boulot, il m'a proposé d'aller aux champignons,
dans un coin qu'il connaissait. (qui appartenait à quelqu'un de sa famille m'avait il dit...)
J'aurais du me méfier, mais bon... L'offre était alléchante.
On a pris ma voiture, et il m'a indiqué une suite de toutes petites routes vicinales,
puis m'a indiqué un coin bien discret pour garer ma voiture.
On est entrés dans un petit bois, et là miracle, une récolte vraiment abondante de cèpes nous attendait.
Rien qu'une seule espèce, aucun risque de toxicité...
Quand tout à coup, il me dit de me planquer. « Ya quelqu'un là, j'le connais c'est un con. »
On s'est retrouvés cachés dans les fougères.
Pas longtemps. La personne est très vite partie, et nous avons fini la récolte.
Moi juste un peu (beaucoup ), pour moi, et mes parents à qui j'ai aussitôt pensé faire plaisir.
Et lui Beaucoup (vraiment beaucoup...) pour plein de monde à qui il voulait faire plaisir...
Bébert, aimait faire plaisir, et il aimait bien ses voisins...
Toute la cage du HLM où il habitait encore a, ce soir là et les suivants aussi mangé des champignons.
Les champignons n'étaient pas les seules collectes pas trop légales que Bébert faisait.
Les légumes des potagers, d'un jardin ouvrier. Les fruits d'un peu partout, suivant les saisons.
Il partageait toujours avec ses voisins...et toujours gratuitement...
La pêche clandestine, à 4h du matin avec un filet,
et le petit bateau de plage de sa fille, dans la réserve de pêche de la fédération....
Bon pour ce coup là il a eu des ennuis...
Il m'a dit un jour, que c'était dans les gènes, des qu'il était tout petit, son papa lui avait appris la « débrouille ».
Il m'avait dit que je pouvais lui demander n'importe quoi, il était en mesure de se procurer presque tout...
et assez rapidement...
Au moins c'était clair. Je ne lui ai bien sur jamais rien demandé.
Il connaissait, mieux que quiconque le moindre petit coin de tout le secteur.
Un jour en discutant, je lui ai fait part d'un de mes projets de l'époque,
qui était de faire du cidre de corme. (et peut-être des essais de distillation ensuite).
Mais les cormiers, se faisaient déjà bien rares, et la récolte du seul arbre productif que je connaissais, devait être un peu juste pour le projet.
Bébert m'a tout simplement indiqué, un spécimen, dans un coin de la campagne profonde.
C'était bien un cormier, qu'il m'avait indiqué, mais c''était juste celui que je connaissais... (Je connaissais les propriétaires, c'étaient des amis).
Un jour, sa femme la quitté. Enfin quitté pas tout à fait. Disons qu'elle l 'a mis à la porte de sa maison.
Celle de son papa. Elle avait du s'arranger, en rapport aux travaux faits sans doute.
Il s'est retrouvé à la rue...
Au bout d'un moment, il n'avait plus que ses vêtements de travail. Il dormait je ne sais où...
Moi à ce moment là, je ne travaillais plus dans les ateliers, et je l'avoue, je l'avais un peu perdu de vue...
Il a fini par ne plus trop venir bosser, puis plus du tout...
Il a été licencié.
Sa santé, du coté mental s'est aggravée... On lui a interdit de conduire sa voiture.
Il en a été blessé.
Je l'ai revu quelques temps après.
Il était dans un studio HLM, vraiment vide.
Le lit, un réchaud de camping, une table et une chaise, pas plus.
Les Huissiers étaient passés, et m'a t il dit, il était sous tutelle...
Il ne parlait plus bien distinctement, et avait énormément grossi.
Il m 'a demandé de venir le revoir, je l'ai fait, un moment,
Il est venu m'aider, lors d'un déménagement que j'ai eu à faire...
J'ai pu l'équiper un peu avec quelques objets que j'avais en trop.
Un matelas, quelques assiettes, et d'autres trucs qui le tentaient...
Mais il devenait difficile à suivre. Dangereux même parfois dans ses gestes.
Un noeud mal fait, lors de la manutention d'un meuble par une fenêtre, m'a alerté.
Il n'était plus tout à fait lui même...
Je suis alors moi même entré dans une période pas mal sombre.
Je n'avais plus ni la force, ni l'énergie de l'accompagner plus.
Je le croise régulièrement, soit dans la rue, soit au Supermarché.
Il se précipite alors vers moi, et me dit inlassablement les mêmes mots.
« Ah Olivier, t'es un Gentil toi ! T'es un gentil toi !!!... »
Sa voix est saccadée et monocorde. J'en suis fortement gêné, et je sais bien,
ce n'est pas bien terrible, mais je l'avoue,
j'essaie parfois, si je peux, de l'éviter...
Je n'en suis pas du tout fier... hélas !
Je fais ce que je peux...
j'ai parfois modifié 2 ou 3 trucs, mais c'est juste par discrétion. Pour pas qu'ils soient, le cas échéant reconnus, je n'ai rien amplifié.
Pas de lieu précis, toujours par discrétion. S'il y en a c'est du faux. Mais les gens sont réels et ils sont fabuleux.
Hubert.
Bon, Hubert, tout le monde l'appelle Bébert.
C'est un copain d'usine, lui aussi.
On a travaillé, ensemble plusieurs années de suite.
Une équipe à 2. Un boulot ingrat, que personne ne voulait trop faire.
Boulot, aussi un peu limite du côté sécurité.
Mais on était indépendants...
A notre façon, nous étions expérimentaux.
Personne ne venait nous embêter, et nous avions la confiance de l'Encadrement.
Bébert, son père était un militaire de carrière, et lui,
eh bien il a été élevé un peu à la dure.
Bon à la dure ok, mais aussi, disons un peu aussi à la débrouille,
pas toujours (souvent ?...), légale...
Je m'en suis rendu compte au fur et à mesure du temps...
Bébère, était un costaud.
Champion au Bras de Fer, il avait pas mal de temps été monteur de chapiteaux,
et aussi de manèges forains comme les autos tamponneuses...
Il était marié et avait une fille.
Au décès de son père, il a hérité d'une petite maison. Son beau père, ancien maçon, l' a rénovée à neuf.
Un soir d'automne, en sortant du boulot, il m'a proposé d'aller aux champignons,
dans un coin qu'il connaissait. (qui appartenait à quelqu'un de sa famille m'avait il dit...)
J'aurais du me méfier, mais bon... L'offre était alléchante.
On a pris ma voiture, et il m'a indiqué une suite de toutes petites routes vicinales,
puis m'a indiqué un coin bien discret pour garer ma voiture.
On est entrés dans un petit bois, et là miracle, une récolte vraiment abondante de cèpes nous attendait.
Rien qu'une seule espèce, aucun risque de toxicité...
Quand tout à coup, il me dit de me planquer. « Ya quelqu'un là, j'le connais c'est un con. »
On s'est retrouvés cachés dans les fougères.
Pas longtemps. La personne est très vite partie, et nous avons fini la récolte.
Moi juste un peu (beaucoup ), pour moi, et mes parents à qui j'ai aussitôt pensé faire plaisir.
Et lui Beaucoup (vraiment beaucoup...) pour plein de monde à qui il voulait faire plaisir...
Bébert, aimait faire plaisir, et il aimait bien ses voisins...
Toute la cage du HLM où il habitait encore a, ce soir là et les suivants aussi mangé des champignons.
Les champignons n'étaient pas les seules collectes pas trop légales que Bébert faisait.
Les légumes des potagers, d'un jardin ouvrier. Les fruits d'un peu partout, suivant les saisons.
Il partageait toujours avec ses voisins...et toujours gratuitement...
La pêche clandestine, à 4h du matin avec un filet,
et le petit bateau de plage de sa fille, dans la réserve de pêche de la fédération....
Bon pour ce coup là il a eu des ennuis...
Il m'a dit un jour, que c'était dans les gènes, des qu'il était tout petit, son papa lui avait appris la « débrouille ».
Il m'avait dit que je pouvais lui demander n'importe quoi, il était en mesure de se procurer presque tout...
et assez rapidement...
Au moins c'était clair. Je ne lui ai bien sur jamais rien demandé.
Il connaissait, mieux que quiconque le moindre petit coin de tout le secteur.
Un jour en discutant, je lui ai fait part d'un de mes projets de l'époque,
qui était de faire du cidre de corme. (et peut-être des essais de distillation ensuite).
Mais les cormiers, se faisaient déjà bien rares, et la récolte du seul arbre productif que je connaissais, devait être un peu juste pour le projet.
Bébert m'a tout simplement indiqué, un spécimen, dans un coin de la campagne profonde.
C'était bien un cormier, qu'il m'avait indiqué, mais c''était juste celui que je connaissais... (Je connaissais les propriétaires, c'étaient des amis).
Un jour, sa femme la quitté. Enfin quitté pas tout à fait. Disons qu'elle l 'a mis à la porte de sa maison.
Celle de son papa. Elle avait du s'arranger, en rapport aux travaux faits sans doute.
Il s'est retrouvé à la rue...
Au bout d'un moment, il n'avait plus que ses vêtements de travail. Il dormait je ne sais où...
Moi à ce moment là, je ne travaillais plus dans les ateliers, et je l'avoue, je l'avais un peu perdu de vue...
Il a fini par ne plus trop venir bosser, puis plus du tout...
Il a été licencié.
Sa santé, du coté mental s'est aggravée... On lui a interdit de conduire sa voiture.
Il en a été blessé.
Je l'ai revu quelques temps après.
Il était dans un studio HLM, vraiment vide.
Le lit, un réchaud de camping, une table et une chaise, pas plus.
Les Huissiers étaient passés, et m'a t il dit, il était sous tutelle...
Il ne parlait plus bien distinctement, et avait énormément grossi.
Il m 'a demandé de venir le revoir, je l'ai fait, un moment,
Il est venu m'aider, lors d'un déménagement que j'ai eu à faire...
J'ai pu l'équiper un peu avec quelques objets que j'avais en trop.
Un matelas, quelques assiettes, et d'autres trucs qui le tentaient...
Mais il devenait difficile à suivre. Dangereux même parfois dans ses gestes.
Un noeud mal fait, lors de la manutention d'un meuble par une fenêtre, m'a alerté.
Il n'était plus tout à fait lui même...
Je suis alors moi même entré dans une période pas mal sombre.
Je n'avais plus ni la force, ni l'énergie de l'accompagner plus.
Je le croise régulièrement, soit dans la rue, soit au Supermarché.
Il se précipite alors vers moi, et me dit inlassablement les mêmes mots.
« Ah Olivier, t'es un Gentil toi ! T'es un gentil toi !!!... »
Sa voix est saccadée et monocorde. J'en suis fortement gêné, et je sais bien,
ce n'est pas bien terrible, mais je l'avoue,
j'essaie parfois, si je peux, de l'éviter...
Je n'en suis pas du tout fier... hélas !
Je fais ce que je peux...
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- Prolifique
- Messages : 1898
- Enregistré le : dimanche 10 août 2014 à 9:32
Re: Quelques portraits de personnes rencontrées.
je lis tes textes avec intérêt Olivier ... touchant la fin de ton dernier texte, et ça me rappelle des choses ... quelquefois on s'écarte d'une relation parce que ça devient trop lourd ... malgré la compassion et la tendresse qu'on ressent ... et évidemment dans ce cas-là on se sent coupable ...
... dans un de tes textes tu parles du Larzac et de l'Ardèche ... et tout cela me parle aussi (et oui je suis une vieille pour vous sur ce forum, même si je ne me sens pas vieille) ... j'ai connu les grands rassemblements au Larzac et ces fermes communautaires qui certaines n'ont pas tenu très longtemps ... la jeunesse d'alors était pleine d'idéal et d'espoir (sans doute le propre de la jeunesse) ... pour moi plein de bons souvenirs fleuris et en chansons ...
...encore un peu et je verse une larme comme quoi chacun trouve ce qu'il veut à la lecture d'un texte !
... dans un de tes textes tu parles du Larzac et de l'Ardèche ... et tout cela me parle aussi (et oui je suis une vieille pour vous sur ce forum, même si je ne me sens pas vieille) ... j'ai connu les grands rassemblements au Larzac et ces fermes communautaires qui certaines n'ont pas tenu très longtemps ... la jeunesse d'alors était pleine d'idéal et d'espoir (sans doute le propre de la jeunesse) ... pour moi plein de bons souvenirs fleuris et en chansons ...
...encore un peu et je verse une larme comme quoi chacun trouve ce qu'il veut à la lecture d'un texte !
Mère d'une jeune adulte aspie et hp
-
- Prolifique
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- Enregistré le : lundi 17 novembre 2008 à 16:49
Re: Quelques portraits de personnes rencontrées.
Petit rappel :
j'ai parfois modifié 2 ou 3 trucs, mais c'est juste par discrétion. Pour pas qu'ils soient, le cas échéant reconnus, je n'ai rien amplifié.
Pas de lieu précis, toujours par discrétion. S'il y en a c'est du faux. Mais les gens sont réels et ils sont fabuleux.
Yann
Yann, c'est toujours dans ce coin perdu, près de nulle part, que je l'ai rencontré.
Lui c'était un voisin.
Il avait acheté sa ruine à lui, dans le minuscule village d'à côté.
Barbu, hirsute, un Baba Cool pur jus, à peine la trentaine.
Il roulait dans un vieux camping car, Fiat 238, pas mal fatigué.
Le plus compacte qu'il ait pu trouver, dans la famille des camping cars...
Et c'est bien vrai qu'il était astucieux sont engin...
Il avait aussi une vieille décapotable américaine, du style Impala,
dans sa grange. Mais il ne la sortait plus, elle avait bien de trop soif...
Il venait de divorcer,
et trouver un peu de compagnie, avec nous, Ca lui plaisait.
Il était Ingénieur, et d'une Grande Ecole de Paris. Du sérieux.
Pour bosser, il était indépendant.
Il installait les premiers réseaux informatiques dans les entreprises.
Il choisissait ses clients en fonction de ses envies à lui.
Il s'était spécialisé je crois, dans le milieu Hospitalier... Hôpitaux, Centres de Cures... de Rééducation...
Surtout ceux situés dans des endroits agréables, et il avait le choix...
Il était de Bretagne. (Son prénom était un indice, et certains avaient peut-être deviné...)
Alors, en fonction des saisons, il allait beaucoup sur cette Côte,
En dehors des périodes touristiques bien sûr,
Et puis l'hiver à la Montagne, ou dans d'autres endroits bien choisis.
Et surtout il ne bossait pas trop.
Juste pour vivre correctement. Ce qu'il faisait...
Il aimait la musique, et n'avait jamais trop loin de lui
un petit coffret contenant sa clarinette.
Le jazz était son truc, surtout celui venant de la Nouvelle-Orléans...
Il aimait aussi le jeu d'Echecs. Et avec nous, il avait trouvé des amateurs.
Personnellement, moi les échecs, je n'y avais jamais trop gouté.
Non pas que l'envie ne soit pas là. Mais simplement,
parce que je n'avais jamais eu de partenaire, plus d'une heure.
Alors, j'avais renoncé.
Là, une fois les règles assimilées, je m'y suis mis.
On a fait quelques parties, je me suis pris au jeu.
Une fois même je crois, j'ai presque failli être à deux doigts de presque gagner...
Après à un autre moment, il m'avait dit que je le surprenais dans ma façon de jouer.
J'étais bien différent des autres...
J'avais de bonnes logiques de stratégies, et brusquement, je les changeais radicalement
Sans pour lui, de raisons apparentes.
J'ai bien noté ces informations.
Elles m'ont été très utiles, bien des années plus tard,
Lors d'un certain bilan, et autres diagnostiques.
Il était le premier, à noter que quelque chose était chez moi différent.
Il avait rajouté, que je l'avais également surpris, par mon caractère changeant.
Je pouvais être de longs moments seul dans un coin, ne voulant pas être dérangé,
et à d'autres moments, bien au contraire, avoir un comportement des plus grégaire...
Je ne saurai trop l'en remercier...
Yann, lui aussi m'a hébergé, dans son antre parisienne.
Petit studio, dans le fond d'une cour du Marais, pendant quelque périple dans la Capitale...
Un jour même, j'habitais encore chez mes parents, il est venu en mon absence, me voir.
J'habitais à l'époque, juste en bordure de la route conduisant à sa chère Bretagne.
Il s'est arrêté se faire offrir le café.
Ce que ma mère a fait très volontiers.
Je n'étais pas loin, il m'a attendu, et on a alors bavardé.
Il a repris sa route...
C'était la dernière fois où nous nous sommes rencontrés.
Lui aussi je l'ai recherché.
Depuis longtemps.
Mais en vain...
Je te remercie Yann, pour ta lucidité...
PS : Bon ! Depuis que j'ai rédigé ce petit portrait, j'ai du neuf pour Yann.
Je l'ai retrouvé. Bon pas encore contacté, mais j'ai son adresse, son téléphone et autres liens.
Yann semble très actif dans le milieu musical, sur Paris, et aussi toujours,
dans ce petit coin perdu près de nulle part...
j'ai parfois modifié 2 ou 3 trucs, mais c'est juste par discrétion. Pour pas qu'ils soient, le cas échéant reconnus, je n'ai rien amplifié.
Pas de lieu précis, toujours par discrétion. S'il y en a c'est du faux. Mais les gens sont réels et ils sont fabuleux.
Yann
Yann, c'est toujours dans ce coin perdu, près de nulle part, que je l'ai rencontré.
Lui c'était un voisin.
Il avait acheté sa ruine à lui, dans le minuscule village d'à côté.
Barbu, hirsute, un Baba Cool pur jus, à peine la trentaine.
Il roulait dans un vieux camping car, Fiat 238, pas mal fatigué.
Le plus compacte qu'il ait pu trouver, dans la famille des camping cars...
Et c'est bien vrai qu'il était astucieux sont engin...
Il avait aussi une vieille décapotable américaine, du style Impala,
dans sa grange. Mais il ne la sortait plus, elle avait bien de trop soif...
Il venait de divorcer,
et trouver un peu de compagnie, avec nous, Ca lui plaisait.
Il était Ingénieur, et d'une Grande Ecole de Paris. Du sérieux.
Pour bosser, il était indépendant.
Il installait les premiers réseaux informatiques dans les entreprises.
Il choisissait ses clients en fonction de ses envies à lui.
Il s'était spécialisé je crois, dans le milieu Hospitalier... Hôpitaux, Centres de Cures... de Rééducation...
Surtout ceux situés dans des endroits agréables, et il avait le choix...
Il était de Bretagne. (Son prénom était un indice, et certains avaient peut-être deviné...)
Alors, en fonction des saisons, il allait beaucoup sur cette Côte,
En dehors des périodes touristiques bien sûr,
Et puis l'hiver à la Montagne, ou dans d'autres endroits bien choisis.
Et surtout il ne bossait pas trop.
Juste pour vivre correctement. Ce qu'il faisait...
Il aimait la musique, et n'avait jamais trop loin de lui
un petit coffret contenant sa clarinette.
Le jazz était son truc, surtout celui venant de la Nouvelle-Orléans...
Il aimait aussi le jeu d'Echecs. Et avec nous, il avait trouvé des amateurs.
Personnellement, moi les échecs, je n'y avais jamais trop gouté.
Non pas que l'envie ne soit pas là. Mais simplement,
parce que je n'avais jamais eu de partenaire, plus d'une heure.
Alors, j'avais renoncé.
Là, une fois les règles assimilées, je m'y suis mis.
On a fait quelques parties, je me suis pris au jeu.
Une fois même je crois, j'ai presque failli être à deux doigts de presque gagner...
Après à un autre moment, il m'avait dit que je le surprenais dans ma façon de jouer.
J'étais bien différent des autres...
J'avais de bonnes logiques de stratégies, et brusquement, je les changeais radicalement
Sans pour lui, de raisons apparentes.
J'ai bien noté ces informations.
Elles m'ont été très utiles, bien des années plus tard,
Lors d'un certain bilan, et autres diagnostiques.
Il était le premier, à noter que quelque chose était chez moi différent.
Il avait rajouté, que je l'avais également surpris, par mon caractère changeant.
Je pouvais être de longs moments seul dans un coin, ne voulant pas être dérangé,
et à d'autres moments, bien au contraire, avoir un comportement des plus grégaire...
Je ne saurai trop l'en remercier...
Yann, lui aussi m'a hébergé, dans son antre parisienne.
Petit studio, dans le fond d'une cour du Marais, pendant quelque périple dans la Capitale...
Un jour même, j'habitais encore chez mes parents, il est venu en mon absence, me voir.
J'habitais à l'époque, juste en bordure de la route conduisant à sa chère Bretagne.
Il s'est arrêté se faire offrir le café.
Ce que ma mère a fait très volontiers.
Je n'étais pas loin, il m'a attendu, et on a alors bavardé.
Il a repris sa route...
C'était la dernière fois où nous nous sommes rencontrés.
Lui aussi je l'ai recherché.
Depuis longtemps.
Mais en vain...
Je te remercie Yann, pour ta lucidité...
PS : Bon ! Depuis que j'ai rédigé ce petit portrait, j'ai du neuf pour Yann.
Je l'ai retrouvé. Bon pas encore contacté, mais j'ai son adresse, son téléphone et autres liens.
Yann semble très actif dans le milieu musical, sur Paris, et aussi toujours,
dans ce petit coin perdu près de nulle part...
-
- Prolifique
- Messages : 1309
- Enregistré le : lundi 17 novembre 2008 à 16:49
Re: Quelques portraits de personnes rencontrées.
Petit rappel :
j'ai parfois modifié 2 ou 3 trucs, mais c'est juste par discrétion. Pour pas qu'ils soient, le cas échéant reconnus, je n'ai rien amplifié.
Pas de lieu précis, toujours par discrétion. S'il y en a c'est du faux. Mais les gens sont réels et ils sont fabuleux.
Bon là, pour quelques écrits, je vais essayer de vous faire partager, mes souvenirs, de quelques étés passés dans ce coin perdu, près de nulle part.
Portrait d'un groupe fabuleux. (1ère partie)
Je vous ai déjà parlé ailleurs, à plusieurs reprises au travers de personnes rencontrées, de ce coin perdu près de nulle part, ou j'ai passé plusieurs étés, et parfois même un peu plus, à restaurer un vieux tas de pierres.
Une association locale organisait les travaux. En plus de ces travaux, elle s'essayait également à animer un peu les étés de ce coin perdu...
Quelques touristes s'y risquaient encore, et des autochtones habitant au cours de l'année dans le reste de la France, (Et surtout à Paris), y habitaient l'été dans les restes de leur héritage immobilier, pas encore trop délabré.
Les personnes de l'association habitaient, pour les plus jeunes également à Paris, et y organisaient d'ailleurs la plus grande partie de leurs réunions hivernales, en pensant au pays.
Des spectacles étaient régulièrement organisés. Des chanteurs y sont venus.
Spectacle en plein air et bonne ambiance assurée.
En plus du chantier, nous les «maçons» étions fortement incités à aider pour les organiser.
Ce n'était d'ailleurs pas bien difficile de nous convaincre.
La Manutention de matériaux si lourds... pour la fête, nous changeait un peu de
la Manipulation de matériaux si lourds pour le chantier...
C'était toujours avec beaucoup de plaisir que nous acceptions ce travail supplémentaire.
Un podium en plein air était installé de bric et de broc au milieu de ruines. (dans un ancien cimetière, je l'ai appris plus tard...).
Ce podium était ancien, fabriqué à partir de pièces de charpente assemblées en éléments solides, recouverts d'un parquet massif, et vraiment plus que, très lourds. Il fallait aller le récupérer, dans un endroit obscure et inaccessible, puis le transporter, dans un vieux Tub Citroën bien trop petit, et le re-manipuler ensuite au moins des centaines de fois...
Des bancs pour accueillir le public, faits avec des pierres de granit, supportant de simples planches... quelque chaises disparates de la salle des fêtes du village, pour compléter.
Pas d'autre fond de scène... que les arbres.
Une Sono minimaliste et des bruits de fonds naturels parfois inopportuns (sales bêtes ...)
Je me souviens du petit bus de Graëme Allwright, arrivant quelques heures avant le spectacle,
et de l'air ahuri de tous les musiciens sortant du bus, en découvrant les lieux.
Ils se sont tous mis à danser et organiser spontanément un jeu de «Saute-moutons» entre eux.
Ils étaient ravis...
Mouloudji aussi est venu. Cora Vaucaire également...
Ni à l'une, ni à l'autre, je n'aurais à l'époque osé, ne dire même, qu'un seul mot... (Quels regrets aujourd'hui...).
Et bien d'autres personnes de talent...
Parfois, c'était du nombre, quand des groupes folkloriques débarquaient...
Les tablées s'agrandissaient dans les champs environnants... au moment des repas.
Quelques autres vedettes ont eu des attitudes plus controversées...
Je ne les nommerais bien sur pas. D'ailleurs, plus grand monde ne se souvient d'eux...
Un vieux chanteur déjà bien oublié, s'est même trouvé vexé, par le Grand Succès d'un soir, du chanteur local, facteur parisien dans le civil, et pousseur de rengaines de sa composition pendant ses loisirs, et qui assurait la 1ère partie du spectacle.
A sa décharge, et honnêtement je peux en juger, je suis sans doute l'une des rares personnes au monde (eh oui), à avoir encore un enregistrement de ce monsieur, pris ce soir là
directement sur la sonorisation du spectacle...).
Il n'était pas du tout bon, soyons honnête et objectif, mais, il était du pays,
et en face d'un chanteur déjà «vieux beau» et complètement oublié, ses quelques
réparties avec le public, facilitées par une ébriété déjà bien avancée, lui ont valu,
un succès de grande ampleur, mais d'un soir.
Des qu'une partie des bâtiments s'est trouvé restaurée, des expositions ont été organisées afin de faire à la fois, découvrir des artistes locaux, ainsi que l'association, le travail effectué, et la beauté des lieux...
Tisserand, potiers, peintres locaux, sculpteurs, et autres artisans d'Art, venaient ainsi exposer leurs oeuvres.
Certains touristes s'y sont parfois risqués. A l'occasion, j'ai du même personnellement et à titre expérimental et pour dépanner, m'improviser, guide touristique polyglotte d'un quart d' heure, et spécialiste de la religion médiévale. (J'y ai pris goût, et ça m'a bien aidé quelques années plus tard...)
Les journées, et semaines étaient bien remplies. Le temps passait à la fois très vite, mais
également nous permettait d'accumuler de telles expériences et rencontres.
Les agriculteurs voisins, même s'ils ne venaient pas tous souvent, nous rendre visite,
n'étaient pas bien farouches, et étaient les premiers à nous proposer un coup de main.
Un jour, nous avons eu des soucis, pour l'approvisionnement.
Beaucoup de personnes non prévues pour le repas, et pour des raisons que j'ai oublié, impossible de faire des courses complémentaires.
Une voisine nous a alors bien dépanné.
Elle avait des poules pondeuses pour sa consommation familiale, et à certaines périodes de l'année, en surproduction, elle avait trouvé un système ingénieux de conservation.
Elle remplissait des bouteilles d'eau minérale vides, avec des oeufs frais battus en omelette et hop, direction le congélateur.
1L1/2 d'omelette, c'est beaucoup. Elle nous a spontanément offert plusieurs bouteilles, c'était de quoi, pouvoir confectionner une omelette, pour pas mal de bouches, surtout si l'on y rajoute les ingrédients supplémentaires (Jambon, oignons, etc...).
Je n'oublierai jamais, les yeux perplexes d'un tout jeune banlieusard, devant ces bouteilles vraiment très insolites à ses yeux. Il connaissait déjà, les poissons carrés déjà couverts de chapelure, mais çà...
Il n'a été rassuré que quelques temps plus tard, devant son assiette bien remplie.
Il a du y avoir des conversations étranges à son retour à son domicile... en Septembre, du côté de la région parisienne...
Pour financer les travaux et ces animations culturelles estivales, l'association locale organisait, chaque week-end de Pâques, une Fête de la Bière assez importante.
Un village de toile était installé en pleins champs, autour d'un grand chapiteau de cirque, loué pour l'occasion.
Le Samedi soir, Grand Bal avec orchestre bavarois, et restauration ad-hoc.
Le Dimanche, grand spectacle de Variétés (groupes folkloriques et Vedettes) avec restauration.
Des personnes venaient d'assez loin pour assister, à ces réjouissances..
Dans ce lieu loin de partout, c'était déjà un évènement, que quelque chose se passe.
Carlos, et Carène Chéryll sont venus se produire sous le chapiteau (Si si c'étaient des vedettes très connues à l'époque...).
Un ancien légionnaire, reconverti dans la restauration ambulante, assurait avec une cambuse à roulettes, la partie technique... Jeannot, dont j'ai déjà parlé ailleurs, l'a remplacé au bout de quelques années...
Plus de 1000 personnes venaient à cette fête, pour certaines de pas mal loin.
Il faut dire, que pour une fois,'il se passait quelque chose sortant de l'ordinaire, dans ce coin perdu près de nulle part...
Nourrir tout ce monde, ça faisait un sacré boulot. L'épluchure des patates, (nous ne connaissions pas les frites surgelées...) c'était l'affaire de tous, et pendant pas mal de temps. Il en fallait des sacs, de 20 kg, pour alimenter ces friteuses voraces.
C'était un bon moyen de s'intégrer à un groupe d'inconnus, ou de raconter, avec ses potes de l'été d'avant, ses dernières aventures....
L'économe accroché à une ficelle autour du cou, a été pour certains et pendant longtemps, porté comme une décoration, et un signe de reconnaissance...
Le public était très nombreux, et le bénéfice de cette manifestation a même été régulièrement assez significatif.
Nous avions également à nourrir, le détachement de Gendarmerie qui s'occupait de la circulation, pour la nuit. Nous avions une consigne spéciale, de particulièrement bien les chouchouter, ces Gendarmes.Nous les chouchoutions très bien.
Et pendant le reste de l'année, le petit auto-collant de l'association, sur le pare-brise de nos voitures, nous accordait souvent, une douce bienveillance lors de contrôles routiers, dans le secteur...
Je suis venu assez vite, à chaque début de printemps, donner un coup de main, et retrouver, ces potes venus de toute la France, pour l'occasion.
Mais tous ces souvenirs, de ce coin perdu près de nulle part, ne sont rien, quand je me souviens d'un certain mois d'Août...
Je vous en parlerai bientôt...
j'ai parfois modifié 2 ou 3 trucs, mais c'est juste par discrétion. Pour pas qu'ils soient, le cas échéant reconnus, je n'ai rien amplifié.
Pas de lieu précis, toujours par discrétion. S'il y en a c'est du faux. Mais les gens sont réels et ils sont fabuleux.
Bon là, pour quelques écrits, je vais essayer de vous faire partager, mes souvenirs, de quelques étés passés dans ce coin perdu, près de nulle part.
Portrait d'un groupe fabuleux. (1ère partie)
Je vous ai déjà parlé ailleurs, à plusieurs reprises au travers de personnes rencontrées, de ce coin perdu près de nulle part, ou j'ai passé plusieurs étés, et parfois même un peu plus, à restaurer un vieux tas de pierres.
Une association locale organisait les travaux. En plus de ces travaux, elle s'essayait également à animer un peu les étés de ce coin perdu...
Quelques touristes s'y risquaient encore, et des autochtones habitant au cours de l'année dans le reste de la France, (Et surtout à Paris), y habitaient l'été dans les restes de leur héritage immobilier, pas encore trop délabré.
Les personnes de l'association habitaient, pour les plus jeunes également à Paris, et y organisaient d'ailleurs la plus grande partie de leurs réunions hivernales, en pensant au pays.
Des spectacles étaient régulièrement organisés. Des chanteurs y sont venus.
Spectacle en plein air et bonne ambiance assurée.
En plus du chantier, nous les «maçons» étions fortement incités à aider pour les organiser.
Ce n'était d'ailleurs pas bien difficile de nous convaincre.
La Manutention de matériaux si lourds... pour la fête, nous changeait un peu de
la Manipulation de matériaux si lourds pour le chantier...
C'était toujours avec beaucoup de plaisir que nous acceptions ce travail supplémentaire.
Un podium en plein air était installé de bric et de broc au milieu de ruines. (dans un ancien cimetière, je l'ai appris plus tard...).
Ce podium était ancien, fabriqué à partir de pièces de charpente assemblées en éléments solides, recouverts d'un parquet massif, et vraiment plus que, très lourds. Il fallait aller le récupérer, dans un endroit obscure et inaccessible, puis le transporter, dans un vieux Tub Citroën bien trop petit, et le re-manipuler ensuite au moins des centaines de fois...
Des bancs pour accueillir le public, faits avec des pierres de granit, supportant de simples planches... quelque chaises disparates de la salle des fêtes du village, pour compléter.
Pas d'autre fond de scène... que les arbres.
Une Sono minimaliste et des bruits de fonds naturels parfois inopportuns (sales bêtes ...)
Je me souviens du petit bus de Graëme Allwright, arrivant quelques heures avant le spectacle,
et de l'air ahuri de tous les musiciens sortant du bus, en découvrant les lieux.
Ils se sont tous mis à danser et organiser spontanément un jeu de «Saute-moutons» entre eux.
Ils étaient ravis...
Mouloudji aussi est venu. Cora Vaucaire également...
Ni à l'une, ni à l'autre, je n'aurais à l'époque osé, ne dire même, qu'un seul mot... (Quels regrets aujourd'hui...).
Et bien d'autres personnes de talent...
Parfois, c'était du nombre, quand des groupes folkloriques débarquaient...
Les tablées s'agrandissaient dans les champs environnants... au moment des repas.
Quelques autres vedettes ont eu des attitudes plus controversées...
Je ne les nommerais bien sur pas. D'ailleurs, plus grand monde ne se souvient d'eux...
Un vieux chanteur déjà bien oublié, s'est même trouvé vexé, par le Grand Succès d'un soir, du chanteur local, facteur parisien dans le civil, et pousseur de rengaines de sa composition pendant ses loisirs, et qui assurait la 1ère partie du spectacle.
A sa décharge, et honnêtement je peux en juger, je suis sans doute l'une des rares personnes au monde (eh oui), à avoir encore un enregistrement de ce monsieur, pris ce soir là
directement sur la sonorisation du spectacle...).
Il n'était pas du tout bon, soyons honnête et objectif, mais, il était du pays,
et en face d'un chanteur déjà «vieux beau» et complètement oublié, ses quelques
réparties avec le public, facilitées par une ébriété déjà bien avancée, lui ont valu,
un succès de grande ampleur, mais d'un soir.
Des qu'une partie des bâtiments s'est trouvé restaurée, des expositions ont été organisées afin de faire à la fois, découvrir des artistes locaux, ainsi que l'association, le travail effectué, et la beauté des lieux...
Tisserand, potiers, peintres locaux, sculpteurs, et autres artisans d'Art, venaient ainsi exposer leurs oeuvres.
Certains touristes s'y sont parfois risqués. A l'occasion, j'ai du même personnellement et à titre expérimental et pour dépanner, m'improviser, guide touristique polyglotte d'un quart d' heure, et spécialiste de la religion médiévale. (J'y ai pris goût, et ça m'a bien aidé quelques années plus tard...)
Les journées, et semaines étaient bien remplies. Le temps passait à la fois très vite, mais
également nous permettait d'accumuler de telles expériences et rencontres.
Les agriculteurs voisins, même s'ils ne venaient pas tous souvent, nous rendre visite,
n'étaient pas bien farouches, et étaient les premiers à nous proposer un coup de main.
Un jour, nous avons eu des soucis, pour l'approvisionnement.
Beaucoup de personnes non prévues pour le repas, et pour des raisons que j'ai oublié, impossible de faire des courses complémentaires.
Une voisine nous a alors bien dépanné.
Elle avait des poules pondeuses pour sa consommation familiale, et à certaines périodes de l'année, en surproduction, elle avait trouvé un système ingénieux de conservation.
Elle remplissait des bouteilles d'eau minérale vides, avec des oeufs frais battus en omelette et hop, direction le congélateur.
1L1/2 d'omelette, c'est beaucoup. Elle nous a spontanément offert plusieurs bouteilles, c'était de quoi, pouvoir confectionner une omelette, pour pas mal de bouches, surtout si l'on y rajoute les ingrédients supplémentaires (Jambon, oignons, etc...).
Je n'oublierai jamais, les yeux perplexes d'un tout jeune banlieusard, devant ces bouteilles vraiment très insolites à ses yeux. Il connaissait déjà, les poissons carrés déjà couverts de chapelure, mais çà...
Il n'a été rassuré que quelques temps plus tard, devant son assiette bien remplie.
Il a du y avoir des conversations étranges à son retour à son domicile... en Septembre, du côté de la région parisienne...
Pour financer les travaux et ces animations culturelles estivales, l'association locale organisait, chaque week-end de Pâques, une Fête de la Bière assez importante.
Un village de toile était installé en pleins champs, autour d'un grand chapiteau de cirque, loué pour l'occasion.
Le Samedi soir, Grand Bal avec orchestre bavarois, et restauration ad-hoc.
Le Dimanche, grand spectacle de Variétés (groupes folkloriques et Vedettes) avec restauration.
Des personnes venaient d'assez loin pour assister, à ces réjouissances..
Dans ce lieu loin de partout, c'était déjà un évènement, que quelque chose se passe.
Carlos, et Carène Chéryll sont venus se produire sous le chapiteau (Si si c'étaient des vedettes très connues à l'époque...).
Un ancien légionnaire, reconverti dans la restauration ambulante, assurait avec une cambuse à roulettes, la partie technique... Jeannot, dont j'ai déjà parlé ailleurs, l'a remplacé au bout de quelques années...
Plus de 1000 personnes venaient à cette fête, pour certaines de pas mal loin.
Il faut dire, que pour une fois,'il se passait quelque chose sortant de l'ordinaire, dans ce coin perdu près de nulle part...
Nourrir tout ce monde, ça faisait un sacré boulot. L'épluchure des patates, (nous ne connaissions pas les frites surgelées...) c'était l'affaire de tous, et pendant pas mal de temps. Il en fallait des sacs, de 20 kg, pour alimenter ces friteuses voraces.
C'était un bon moyen de s'intégrer à un groupe d'inconnus, ou de raconter, avec ses potes de l'été d'avant, ses dernières aventures....
L'économe accroché à une ficelle autour du cou, a été pour certains et pendant longtemps, porté comme une décoration, et un signe de reconnaissance...
Le public était très nombreux, et le bénéfice de cette manifestation a même été régulièrement assez significatif.
Nous avions également à nourrir, le détachement de Gendarmerie qui s'occupait de la circulation, pour la nuit. Nous avions une consigne spéciale, de particulièrement bien les chouchouter, ces Gendarmes.Nous les chouchoutions très bien.
Et pendant le reste de l'année, le petit auto-collant de l'association, sur le pare-brise de nos voitures, nous accordait souvent, une douce bienveillance lors de contrôles routiers, dans le secteur...
Je suis venu assez vite, à chaque début de printemps, donner un coup de main, et retrouver, ces potes venus de toute la France, pour l'occasion.
Mais tous ces souvenirs, de ce coin perdu près de nulle part, ne sont rien, quand je me souviens d'un certain mois d'Août...
Je vous en parlerai bientôt...
-
- Intarissable
- Messages : 10966
- Enregistré le : mardi 29 juillet 2014 à 11:15
Re: Quelques portraits de personnes rencontrées.
Superbe Olivier, un vrai dépaysement rien qu'à te lire
TSA.
-
- Prolifique
- Messages : 3579
- Enregistré le : lundi 24 mars 2014 à 12:43
Re: Quelques portraits de personnes rencontrées.
Merci Olivier... tes "anecdotes" sont très "visuelles", ou (comment on dit pour dire qu'on ressent l'athmosphère ? , le terme "parlantes" ne convient pas non plus je trouve ! ... bref )
J'ai vraiment eu l'impression de partager cette belle notion du "ensemble" et ce qu'il peut se dégager de fort lorsque des choses belles se créent grâce aux différences de chacun
Merci encore
J'ai vraiment eu l'impression de partager cette belle notion du "ensemble" et ce qu'il peut se dégager de fort lorsque des choses belles se créent grâce aux différences de chacun
Merci encore
(◕^^◕)Non-Diagnostiquée2016 début de ma démarche auprès de pro/structures spécialisées TSA en vue d'éliminer ou pas cette auto suspicion de TSA-et être informée et/ou orientée vers des solutions, soutiens pour évoluer/avancer-orientation en secteur privé(◕^^◕)
-
- Prolifique
- Messages : 1309
- Enregistré le : lundi 17 novembre 2008 à 16:49
Re: Quelques portraits de personnes rencontrées.
Petit rappel :
j'ai parfois modifié 2 ou 3 trucs, mais c'est juste par discrétion. Pour pas qu'ils soient, le cas échéant reconnus, je n'ai rien amplifié.
Pas de lieu précis, toujours par discrétion. S'il y en a c'est du faux. Mais les gens sont réels et ils sont fabuleux.
Bon là, pour quelques écrits, je vais essayer de vous faire partager, mes souvenirs, de quelques étés passés dans ce coin perdu, près de nulle part.
Portrait d'un groupe fabuleux. (2ème partie)
Une année, ou plutôt un hiver lors des réunions préparatoires parisiennes, l'idée est venue aux membres parisiens de l'association, d'organiser un «Son et Lumières», retraçant l'histoire de cet amas de pierres qu'ils chérissaient...
D'où est venue cette idée? Personne ne le sait. Peut-être même pas l'auteur...
Oui parce que ce vieux tas de pierres avait une histoire.
Bon d'accord pas énorme, mais quand même, je crois que, il y a quelques siècles, le cousin par alliance, d'un voisin d'un monsieur qui aurait pu avoir son nom dans le Dictionnaire, a failli y passer une nuit.
Du lourd quoi...
Pris par les souvenirs des étés précédents, et à la demande des organismes culturels régionaux, en manque d'activités «culturelles» estivales, ils se sont engagés...et par écrit, avec subventions à la clé...à monter un spectacle «Son & Lumière» pour la fin Aout de l'été suivant...
Le chantier avait lieu en Juillet, comme les années précédentes. Entre temps, pas mal de défections ont été enregistrées dans l'équipe organisatrice, au fur et à mesure que l'été approchait...
En Juillet, en tout et pour tout, des gens du coin, ils ne devaient être plus que 4 ou 5 à être prêts pour l'aventure.
Pour l'histoire du lieu? Une simple page dactylographiée suffisait, pour tout raconter...
Une certaine panique commençait à se faire sentir...
Bonne surprise, nous avons eu la joie de découvrir dans une brochure officielle nationale, ce futur spectacle,
inscrit comme l'un des évènements importants de ce petit coin perdu...
Bonne surprise, certes, mais qui a quand même fait monter pas mal la pression...
Nous avons tous été conviés à aller admirer un spectacle, du même genre, dans la région, pour nous mettre l'eau à la bouche...
Je n'ai pas été trop difficile, à convaincre de rester un mois de plus, pour donner un coup de main.
1 ou 2 autres personnes du chantier sont également restées...
Au total l'effectif était bien maigre. 6 ou 7 personnes grand Maxi, plus 2 jeunes étudiantes salariées de l'association pour l'été comme guides d'accueil, pendant la journée...
Que restait il à faire?
TOUT
C'est à dire, écrire une histoire,
Trouver des comédiens et figurants,
Les costumer,
Construire des décors
Trouver des éclairages et les installer.
Faire une bande son...
Faire de la Pub... rencontrer la presse... l'affichage...
et tant d'autres choses... auxquelles personne n'avait encore pensé,
avec en plus évidemment l'intendance au quotidien pour l'équipe, (courses, cuisine etc...), ainsi que l'accueil éventuel
du touriste batave en recherche des curiosités.
(On n'a jamais trop compris pourquoi, les Néerlandais étaient sur-représentés dans la (maigre) population touristique se risquant à venir jusqu'à nous...)
Les personnes du coin, heureusement, connaissaient bien leur secteur perdu, toutes ses capacités et ressources même cachées ainsi que les personnes, volontaires (ou non) en mesure de nous apporter leur aide.
Vu les délais, en plus de la construction du spectacle nous avons commencé par les affiches.
(Nous avions déjà un peu commencé avant, pendant les travaux de maçonnerie de Juillet...
Une des personnes était un spécialiste Arts graphiques (diplômé Ecole Estienne). Il voulait absolument les imprimer lui-même en sérigraphie... ce qu'on a fait à la main, une à une, et un passage par couleurs... puis fait sécher... Etc... puis coller ensuite, le soir après le boulot...dans les environs...
Bon pour ce qui est des costumes, ça n'a pas été trop difficile, pour le plus grand nombre.
Dans les lieux, il y a eu pas mal de moines à y séjourner. C'était la base.
Un gros rouleau de toile de jute acheté l'hiver d'avant à Paris au Carreau du Temple, quelques longes, et l'aide d'une vieille tante avec sa précieuse machine à coudre, l'affaire était faite pour une vingtaine de figurants, et pas trop d'énergie dépensée finalement.
Quelques voisins agriculteurs très gentils se sont proposés pour participer, (malgré la période des travaux agricoles ...), mais juste comme figurants. Mais c'était déjà beaucoup...
Ils ont généreusement proposé la participation de quelques éléments de leur cheptel.
Veaux, vaches, cochons et volailles, font des accessoires précieux et des éléments vivants appréciés pour des scènes vivantes de la vie rurale d'antan.
Une colonie de vacances d'un quartier difficile de la Grande Ville la plus proche, séjournait à proximité.
Les petits beurs et beurettes ont été vite mis dans le coup et se sont rapidement transformés en pauvre population locale, massacrée lors des Guerres de Religion...
Les animatrices étaient des copines que nous connaissions depuis plusieurs années, et il n'a pas été bien difficile de les convaincre.
Les journées de toutes cette équipe ont été utilisées à fabriquer leurs costumes, et accessoires avec ce qui était sous la main... Vêtements à l'envers, carton, peinture, bouts de bois, des chiffons etc... etc...
Les enfants étaient bien sur ravis de ces nouvelles expériences et étrangement se sont trouvés bien plus calmes et attentionnés qu'à leur habitude.
Les malles des Grand-mères des villages voisins ont été également généreusement pillées... pour compléter l'équipement des figurants en manque d'habits et accessoires...
Un groupe de Scouts a eu la malencontreuse idée de venir, pendant la période, défricher la rivière d'à côté.
Ils se sont transformés en «Méchants Huguenots» venus égorger nos pauvres paysans locaux... (Les petits beurs, vous me suivez ?...)
Heureuse surprise, l'un des chef scout sortait des Arts Déco, et a pu à merveille, construire de véritables armures authentiques en 100% carton et trompe l'oeil de peinture....
Il nous a appris à faire de véritables «Salades» du XVIe s il avait une passion particulière pour l'histoire du Costume...
Un club hippique nous a prêté 2 ou 3 de ses montures habituées à la foule et aux agressions sonores et lumineuses diverses, avec les cavaliers assortis.
Pour ce qui est technique, un vieux théâtre à l'abandon nous a prêté un orgue très ancien (c'est ce qui permet de régler les projecteurs lumière), ainsi que quelques casseroles (ce sont les projecteurs). Un simple périple de pas mal de kilomètres nous a simplement été nécessaire pour rapatrier l'ensemble.
Nous avons pu ailleurs nous faire prêter une poursuite (Projecteur permettant une lumière en un point précis et que l'on peut faire bouger facilement...), ainsi qu'une sono antique et 2 enceintes gigantesques.
Nous avons tout de suite compris que nous n'avions pas grand chose, mais que c'était largement suffisant, car de toute façon, EDF ne nous fournissait pas assez de courant pour tout alimenter.
Le soir des essais (un seul soir, on n'a pas pu plus...), il nous a fallu attendre la fin de l'heure de la traite des vaches, pour pouvoir commencer les répétitions... quand les trayeuses des fermes environnantes ont fini de pomper le courant... Mais la répétition s'est prolongée jusqu'au petit matin.
Il y a même eu plainte pour tapage nocturne, déposée à plus de 10 kms de là, à cause d'un bruit de cloches intempestif... Publicité bien involontaire, portée par les vents de la nuit...
Le soir du spectacle, on a été obligés de demander par téléphone à des voisins d'arrêter la traite quelques minutes le temps que nous démarrions le matos... après ça devait tenir, et ça a tenu...
Mais il n'était pas possible d'allumer quoique ce soit de plus dans un rayon de quelques kilomètres, même les toilettes sont restées dans le noir. (Et en plus c'est vrai...)
La bande son? Bon, on a failli être aidé par quelqu'un de mélomane, qui s'est avéré très rapidement être dépassé par notre demande.
Bon c'est en fait un disque, la BOF (Bande Originale de Film) du «Jésus de Nazareth» de Zeffirelli, sorti quelques années plus tôt qui a été essentiellement utilisé...
Une copine du coin après essais a été utilisée pour dire le texte, que nous avons après plusieurs longues soirées de dure travail, péniblement rédigé... sa voix était à l'unanimité, trouvée la plus agréable... Un vieux magnéto à bandes et hop... bouclé.
La fin du spectacle, devait simuler l'incendie du lieu pendant les Guerres de Religion déjà citées, et c'est un feu d'artifice, que nous avons eu l'idée d'utiliser.
Bon, je crois bien que vous avez compris, ça été aussi de l'improvisation. Ce sont plusieurs feux d'artifices pour «familles et anniversaires», qui ont été utilisés, en jumelant les pièces pour augmenter les effets...Nous avons passé là quand même pas mal de temps, à astucieusement répartir les pièces d'artifices dans les ruines que nous connaissions quand même bien.
Pas mal de temps? enfin juste quelques heures l'après midi juste avant le spectacle. De toute façon l'humidité est l'ennemi de la poudre, même d'artifice. (Bon je sais l'argument est peut-être limite, mais nous ne pouvions de toute façon pas faire plus...)
Et ma fois, des experts présents le soir ont été agréablement surpris...(et nous aussi en premier...)
J'ai découvert ce soir là, personnellement un plaisir particulier à courir à 4 pattes un briquet à la main, et dans le noir, allumer des mèches cachées dans des orties, ronces et autres plantes particulièrement inamicales.
La première partie du spectacle était assurée par un chanteur local.
Pas du tout connu, mais qui a effectué un spectacle impécable.
Quelques amis fidèles de l'association, mais qui avaient déjà repris le travail, et qui n'avaient pas pu nous aider plus, sont venus nous donner le coup de main final, juste la veille au soir de l'évènement...
Certains (et même je crois bien certaines...) se sont retrouvés recouverts d'une robe de bure...sans même trop l'avoir demandé, et Hop...
...une longue répétition d'1/4 d'heure, et comme consigne essentielle:«suivre le mouvement...». Je crois bien que quelques livres de messe factices, étaient en fait quelques notes"anti-panique" prises à la hâte.
Le public est venu. Familles, amis, amis des familles, famille des amis, et quelques autres, les commerçants du coin qui nous avaient vendu plein de trucs supplémentaires les dernières semaines, quelques vagues personnes habitant le secteur et même quelques inconnus...
Nous avons été le premiers étonnés.
A notre plus grande surprise à tous, tout s'est déroulé à merveille.
Et à la fin du spectacle, un des inconnus est venu nous rencontrer. Il s'est dénoncé. C'était un représentant du ministère de la Culture. Il nous a félicité et nous a assuré du versement de la subvention...
Quelques personnes de l'association, et démissionnaires dès le début du projet,ont été je le crois bien, malgré le succès, un peu déçues...
j'ai parfois modifié 2 ou 3 trucs, mais c'est juste par discrétion. Pour pas qu'ils soient, le cas échéant reconnus, je n'ai rien amplifié.
Pas de lieu précis, toujours par discrétion. S'il y en a c'est du faux. Mais les gens sont réels et ils sont fabuleux.
Bon là, pour quelques écrits, je vais essayer de vous faire partager, mes souvenirs, de quelques étés passés dans ce coin perdu, près de nulle part.
Portrait d'un groupe fabuleux. (2ème partie)
Une année, ou plutôt un hiver lors des réunions préparatoires parisiennes, l'idée est venue aux membres parisiens de l'association, d'organiser un «Son et Lumières», retraçant l'histoire de cet amas de pierres qu'ils chérissaient...
D'où est venue cette idée? Personne ne le sait. Peut-être même pas l'auteur...
Oui parce que ce vieux tas de pierres avait une histoire.
Bon d'accord pas énorme, mais quand même, je crois que, il y a quelques siècles, le cousin par alliance, d'un voisin d'un monsieur qui aurait pu avoir son nom dans le Dictionnaire, a failli y passer une nuit.
Du lourd quoi...
Pris par les souvenirs des étés précédents, et à la demande des organismes culturels régionaux, en manque d'activités «culturelles» estivales, ils se sont engagés...et par écrit, avec subventions à la clé...à monter un spectacle «Son & Lumière» pour la fin Aout de l'été suivant...
Le chantier avait lieu en Juillet, comme les années précédentes. Entre temps, pas mal de défections ont été enregistrées dans l'équipe organisatrice, au fur et à mesure que l'été approchait...
En Juillet, en tout et pour tout, des gens du coin, ils ne devaient être plus que 4 ou 5 à être prêts pour l'aventure.
Pour l'histoire du lieu? Une simple page dactylographiée suffisait, pour tout raconter...
Une certaine panique commençait à se faire sentir...
Bonne surprise, nous avons eu la joie de découvrir dans une brochure officielle nationale, ce futur spectacle,
inscrit comme l'un des évènements importants de ce petit coin perdu...
Bonne surprise, certes, mais qui a quand même fait monter pas mal la pression...
Nous avons tous été conviés à aller admirer un spectacle, du même genre, dans la région, pour nous mettre l'eau à la bouche...
Je n'ai pas été trop difficile, à convaincre de rester un mois de plus, pour donner un coup de main.
1 ou 2 autres personnes du chantier sont également restées...
Au total l'effectif était bien maigre. 6 ou 7 personnes grand Maxi, plus 2 jeunes étudiantes salariées de l'association pour l'été comme guides d'accueil, pendant la journée...
Que restait il à faire?
TOUT
C'est à dire, écrire une histoire,
Trouver des comédiens et figurants,
Les costumer,
Construire des décors
Trouver des éclairages et les installer.
Faire une bande son...
Faire de la Pub... rencontrer la presse... l'affichage...
et tant d'autres choses... auxquelles personne n'avait encore pensé,
avec en plus évidemment l'intendance au quotidien pour l'équipe, (courses, cuisine etc...), ainsi que l'accueil éventuel
du touriste batave en recherche des curiosités.
(On n'a jamais trop compris pourquoi, les Néerlandais étaient sur-représentés dans la (maigre) population touristique se risquant à venir jusqu'à nous...)
Les personnes du coin, heureusement, connaissaient bien leur secteur perdu, toutes ses capacités et ressources même cachées ainsi que les personnes, volontaires (ou non) en mesure de nous apporter leur aide.
Vu les délais, en plus de la construction du spectacle nous avons commencé par les affiches.
(Nous avions déjà un peu commencé avant, pendant les travaux de maçonnerie de Juillet...
Une des personnes était un spécialiste Arts graphiques (diplômé Ecole Estienne). Il voulait absolument les imprimer lui-même en sérigraphie... ce qu'on a fait à la main, une à une, et un passage par couleurs... puis fait sécher... Etc... puis coller ensuite, le soir après le boulot...dans les environs...
Bon pour ce qui est des costumes, ça n'a pas été trop difficile, pour le plus grand nombre.
Dans les lieux, il y a eu pas mal de moines à y séjourner. C'était la base.
Un gros rouleau de toile de jute acheté l'hiver d'avant à Paris au Carreau du Temple, quelques longes, et l'aide d'une vieille tante avec sa précieuse machine à coudre, l'affaire était faite pour une vingtaine de figurants, et pas trop d'énergie dépensée finalement.
Quelques voisins agriculteurs très gentils se sont proposés pour participer, (malgré la période des travaux agricoles ...), mais juste comme figurants. Mais c'était déjà beaucoup...
Ils ont généreusement proposé la participation de quelques éléments de leur cheptel.
Veaux, vaches, cochons et volailles, font des accessoires précieux et des éléments vivants appréciés pour des scènes vivantes de la vie rurale d'antan.
Une colonie de vacances d'un quartier difficile de la Grande Ville la plus proche, séjournait à proximité.
Les petits beurs et beurettes ont été vite mis dans le coup et se sont rapidement transformés en pauvre population locale, massacrée lors des Guerres de Religion...
Les animatrices étaient des copines que nous connaissions depuis plusieurs années, et il n'a pas été bien difficile de les convaincre.
Les journées de toutes cette équipe ont été utilisées à fabriquer leurs costumes, et accessoires avec ce qui était sous la main... Vêtements à l'envers, carton, peinture, bouts de bois, des chiffons etc... etc...
Les enfants étaient bien sur ravis de ces nouvelles expériences et étrangement se sont trouvés bien plus calmes et attentionnés qu'à leur habitude.
Les malles des Grand-mères des villages voisins ont été également généreusement pillées... pour compléter l'équipement des figurants en manque d'habits et accessoires...
Un groupe de Scouts a eu la malencontreuse idée de venir, pendant la période, défricher la rivière d'à côté.
Ils se sont transformés en «Méchants Huguenots» venus égorger nos pauvres paysans locaux... (Les petits beurs, vous me suivez ?...)
Heureuse surprise, l'un des chef scout sortait des Arts Déco, et a pu à merveille, construire de véritables armures authentiques en 100% carton et trompe l'oeil de peinture....
Il nous a appris à faire de véritables «Salades» du XVIe s il avait une passion particulière pour l'histoire du Costume...
Un club hippique nous a prêté 2 ou 3 de ses montures habituées à la foule et aux agressions sonores et lumineuses diverses, avec les cavaliers assortis.
Pour ce qui est technique, un vieux théâtre à l'abandon nous a prêté un orgue très ancien (c'est ce qui permet de régler les projecteurs lumière), ainsi que quelques casseroles (ce sont les projecteurs). Un simple périple de pas mal de kilomètres nous a simplement été nécessaire pour rapatrier l'ensemble.
Nous avons pu ailleurs nous faire prêter une poursuite (Projecteur permettant une lumière en un point précis et que l'on peut faire bouger facilement...), ainsi qu'une sono antique et 2 enceintes gigantesques.
Nous avons tout de suite compris que nous n'avions pas grand chose, mais que c'était largement suffisant, car de toute façon, EDF ne nous fournissait pas assez de courant pour tout alimenter.
Le soir des essais (un seul soir, on n'a pas pu plus...), il nous a fallu attendre la fin de l'heure de la traite des vaches, pour pouvoir commencer les répétitions... quand les trayeuses des fermes environnantes ont fini de pomper le courant... Mais la répétition s'est prolongée jusqu'au petit matin.
Il y a même eu plainte pour tapage nocturne, déposée à plus de 10 kms de là, à cause d'un bruit de cloches intempestif... Publicité bien involontaire, portée par les vents de la nuit...
Le soir du spectacle, on a été obligés de demander par téléphone à des voisins d'arrêter la traite quelques minutes le temps que nous démarrions le matos... après ça devait tenir, et ça a tenu...
Mais il n'était pas possible d'allumer quoique ce soit de plus dans un rayon de quelques kilomètres, même les toilettes sont restées dans le noir. (Et en plus c'est vrai...)
La bande son? Bon, on a failli être aidé par quelqu'un de mélomane, qui s'est avéré très rapidement être dépassé par notre demande.
Bon c'est en fait un disque, la BOF (Bande Originale de Film) du «Jésus de Nazareth» de Zeffirelli, sorti quelques années plus tôt qui a été essentiellement utilisé...
Une copine du coin après essais a été utilisée pour dire le texte, que nous avons après plusieurs longues soirées de dure travail, péniblement rédigé... sa voix était à l'unanimité, trouvée la plus agréable... Un vieux magnéto à bandes et hop... bouclé.
La fin du spectacle, devait simuler l'incendie du lieu pendant les Guerres de Religion déjà citées, et c'est un feu d'artifice, que nous avons eu l'idée d'utiliser.
Bon, je crois bien que vous avez compris, ça été aussi de l'improvisation. Ce sont plusieurs feux d'artifices pour «familles et anniversaires», qui ont été utilisés, en jumelant les pièces pour augmenter les effets...Nous avons passé là quand même pas mal de temps, à astucieusement répartir les pièces d'artifices dans les ruines que nous connaissions quand même bien.
Pas mal de temps? enfin juste quelques heures l'après midi juste avant le spectacle. De toute façon l'humidité est l'ennemi de la poudre, même d'artifice. (Bon je sais l'argument est peut-être limite, mais nous ne pouvions de toute façon pas faire plus...)
Et ma fois, des experts présents le soir ont été agréablement surpris...(et nous aussi en premier...)
J'ai découvert ce soir là, personnellement un plaisir particulier à courir à 4 pattes un briquet à la main, et dans le noir, allumer des mèches cachées dans des orties, ronces et autres plantes particulièrement inamicales.
La première partie du spectacle était assurée par un chanteur local.
Pas du tout connu, mais qui a effectué un spectacle impécable.
Quelques amis fidèles de l'association, mais qui avaient déjà repris le travail, et qui n'avaient pas pu nous aider plus, sont venus nous donner le coup de main final, juste la veille au soir de l'évènement...
Certains (et même je crois bien certaines...) se sont retrouvés recouverts d'une robe de bure...sans même trop l'avoir demandé, et Hop...
...une longue répétition d'1/4 d'heure, et comme consigne essentielle:«suivre le mouvement...». Je crois bien que quelques livres de messe factices, étaient en fait quelques notes"anti-panique" prises à la hâte.
Le public est venu. Familles, amis, amis des familles, famille des amis, et quelques autres, les commerçants du coin qui nous avaient vendu plein de trucs supplémentaires les dernières semaines, quelques vagues personnes habitant le secteur et même quelques inconnus...
Nous avons été le premiers étonnés.
A notre plus grande surprise à tous, tout s'est déroulé à merveille.
Et à la fin du spectacle, un des inconnus est venu nous rencontrer. Il s'est dénoncé. C'était un représentant du ministère de la Culture. Il nous a félicité et nous a assuré du versement de la subvention...
Quelques personnes de l'association, et démissionnaires dès le début du projet,ont été je le crois bien, malgré le succès, un peu déçues...
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- Prolifique
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- Enregistré le : lundi 24 mars 2014 à 12:43
Re: Quelques portraits de personnes rencontrées.
Mais comment fais-tu J'aimerais tant un jour pouvoir raconter ou décrire des bribes de ma vie moi aussi
En tout cas et merci... (même si long à lire , je le fais en plusieurs étapes )
En tout cas et merci... (même si long à lire , je le fais en plusieurs étapes )
(◕^^◕)Non-Diagnostiquée2016 début de ma démarche auprès de pro/structures spécialisées TSA en vue d'éliminer ou pas cette auto suspicion de TSA-et être informée et/ou orientée vers des solutions, soutiens pour évoluer/avancer-orientation en secteur privé(◕^^◕)