Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
Francesca a écrit :Mon inquiétude vient aussi du fait que mon fils souffre également de troubles autistiques "à cause de moi" comme dirait la psy alors qu'en fait c'est génétique, et il est intelligent, très intelligent même, mais il nie son problème, il refoule tout, sa copine ignore totalement son problème et si je lui disais mon fils serait furieux contre moi.
Ton fils aurait raison d'être furieux : ce ne peut être qu'à lui de le dire lorsqu'il en prendra conscience.
Des films comme "Le Cerveau d'Hugo" ou "La Vie Couleur Autisme" permettent d'avoir une vision plus nuancée de l'autisme. Et être un bon moyen d'explication.
Et si sa copine est contente comme cela ? Pour l'instant, çà peut suffire, non ?
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
Tu es un vraie mère courage Francesca, une belle citation pour te mettre bu 'baume au coeur'
Rien n'est permanent sauf le changement
de Héraclite d'Ephèse
Du reste je suis assez d'accord sur le fait que ce serait maladroit de s'immiscer dans la relation de ton fils et de son amie
Maman d'un seul petit gars né en 2005, autiste. "By giving away what we want most(love,money,gratitude),we create agreater abundance of thevery commodity we seek.What goesaroundcomesaround."~ Barry Neil Kaufman
Rose a écrit :Francesca, ton fils essaie de faire ce que des centaines (milliers?) d'aspergers ont fait avant lui. Il essaie de compenser et de vivre une vie "normale". Et pourquoi pas? J'ai hésité à informer la petite amie de mon fils quand ils vivaient ensemble; je ne l'ai pas fait, c'était l'histoire de mon fils et sa démarche. Ils ont vécu deux ans ensemble; certains couples NT n'y arrivent même pas.
C'est vrai que j'ai fait partie d'une génération qui a voulu l'intégration sociale maximale pour mon fils, sans dire son autisme à autrui (sauf quelques proches). Quand Jo était petit, je lui disais que je ne lui ficherai pas la paix tant qu'il n'y arriverait pas, que je ne le laisserai pas dans sa bulle. Aujourd'hui il est ce qu'il est, mais il vit dans sa maison, autonome.
Ton fils est adulte et c'est normal qu'un adulte quitte ses parents. Tu le verras peut-être plus à 150 kms qu'à 20... L'important c'est d'être là quand nos enfants en ont besoin.
J'ai fait pareil que toi, mais en étant autiste moi même j'ai du commettre pas mal d'erreurs, mais j'ai tout fait pour qu'il ne reste pas dans sa bulle et effectivement il est autonome. Il sait que nous sommes toujours là pour lui mais il a trop de fierté aussi pour demander de l'aide quand ça ne va pas. Le problème c'est qu'il part dans un coin et nous avons le projet de quitter la Bretagne et d'aller dans un autre coin. A la base on pensait que ce ne serait pas grave vu qu'il voulait lui aussi aller dans le coin où on voulait, mais voilà, les choses ont changé de son côté. Et je suis devant un nouveau dilemme : si je reste ici en Bretagne où je ne supporte pas le climat et où je me sens mal pour avoir fait trop de mauvaises expériences en trop peu de temps, je ne serai "QUE" à 150 km de lui et effectivement mon mari ne voit aucun inconvénient à aller faire nos courses à 150 km pour qu'on puisse lui dire bonjour. Mais si je déménage là je me retrouverai à au moins 500 km de lui et là ce ne sera plus possible.
Tu as quelques jours pour te faire à cette idée, Francesca, c'est très (trop) peu, mais essaie de voir justement comment t'organiser dans ta tête pour aller voir ton fils régulièrement, ou voir avec lui quand il pense pouvoir revenir.
Bon il vient déjà passer nouvel an chez nous, c'est déjà ça et on ira (tant qu'on est en Bretagne) faire nos courses près de chez lui, mais après...
Nath62 a écrit :
Son fonctionnement de vous avoir fait déménager "pour lui", sa volonté d'éloignement maintenant me semble tout à fait "logique" pour une personne dans la sphère autistique qui essaie de vivre une vie "normale".
Oui mais le problème c'est que ça m'a détruit complètement et je n'arrive pas à surmonter ça et ça fait un an et demi.
Nath62 a écrit :L'éducation, c'est préparer nos enfants à voler de leurs propres ailes dans les meilleures conditions possibles... Je sais, c'est plus facile à dire qu'à faire....
Je sais, j'ai entendu ces phrases souvent, mais voilà... je n'y arrive pas et il n'y a que sur ce forum que je peux le dire sans me sentir coupable. Un jour une enseignante m'a dit que j'aimais trop mes enfants, je pense que c'est vrai. Je ne vis que pour eux, ils sont ma seule vraie préoccupation.
Mars a écrit :Je pense bien à toi.
Tu dis que tu as vu ton fils 3 fois cette année, s'il habite plus loin, tu le verras sans doute autant, du moins, je l'espère. Bien sûr le problème réside dans le fait qu'il t'ait incitée à déménager et que tu ne conduise pas. J'espère donc que c'est lui qui fera la démarche de venir te voir.
Pour ta fille, j'ai réussi à récupérer des manuels d'anglais, peux-tu m'envoyer ton adresse postale en MP, je vais te les expédier.
Mes collègues venaient de se débarrasser d'une grande quantité de manuels inutilisés, c'est vraiment dommage, à quelques jours près...
Je t'ai envoyé mon adresse en mp, merci beaucoup.
Oui le problème réside dans le fait que j'ai du déménager pour lui et que personne n'est heureux ici, à part mon mari qui lui est heureux n'importe où pourvu que tout aille bien. Je sais bien que je ne dois pas dire ça, mais j'ai l'impression d'avoir été trahie. Ma vie n'a plus de sens depuis que je suis ici, je prends le plus possible de médicaments pour dormir pour que le temps passe parce que je n'attends plus rien.
Francesca a écrit : Un jour une enseignante m'a dit que j'aimais trop mes enfants, je pense que c'est vrai. Je ne vis que pour eux, ils sont ma seule vraie préoccupation.
Comment peut-on trop aimer ses enfants ? Surtout nos petits bouts qui ont tellement de 'fragilité'.
Voici un texte qui m'apporte du réconfort quand je me surprends en flag' de mère poule excessive : http://www.poesie.net/gibran1.htm
Khalil Gibran a écrit :Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés.
L'Archer voit le but sur le chemin de l'infini, et Il vous tend de Sa puissance
pour que Ses flèches puissent voler vite et loin.
Que votre tension par la main de l'Archer soit pour la joie;
Car de même qu'Il aime la flèche qui vole, Il aime l'arc qui est stable.
Maman d'un seul petit gars né en 2005, autiste. "By giving away what we want most(love,money,gratitude),we create agreater abundance of thevery commodity we seek.What goesaroundcomesaround."~ Barry Neil Kaufman
Liane a écrit :Mes 2 plus grands enfants ne sont pas aspi, la séparation reste difficile à vivre - pour moi - je ne leur dit pas de crainte de leur couper les ailes, de les culpabiliser. C'est un grand changement, un grand bouleversement. Et on se fait du soucis à cause de la situation économique actuelle et du marché du travail si faible.
Il est évident que je serai plus inquiète encore quand ce sera le tour de notre dernier, même si c'est ce que je souhaite de tout mon coeur, qu'il devienne autonome et puisse voler de ces propres ailes...
Si ça peut te rassurer Francesca, même les enfants non aspi ont parfois des réactions déconcertantes. Ils ont des projets, repartent sur un autre... On a parfois du mal à suivre. Ils ne donnent pas de nouvelles, puis tout à coup ont un besoin urgent... C'est la jeunesse, c'est la vie...Perso, je "m'auto-baillonne" pour éviter de dire "faudrait faire comme ci ou comme ça". Je fais en sorte d'être disponible au maximum, dans la mesure de mes possibilités. Mon mari est dans le même état d'esprit, mais ça nous a demandé quelques années d'adaptation et beaucoup de nuits blanches.
J'espère que des choses vont se mettre en place progressivement, en évitant de se mettre la pression, entre ton fils et toi. Plein de courage.
( Ps : le fait que tu sois la dernière au courant, ça aussi c'est très classique de la relation "vieille mère"- enfant... pfff... les sales mioches...on les aime comme ça )
Souvent je me dis que j'aurais du vivre à une autre époque, tout va trop vite, et puis je vois les choses trop différemment des autres, je n'arrive pas à me sentir à ma place ni à appliquer la logique de ceux qui m'entourent. Maintenant je me tais, je ne parle quasiment plus du tout, mais avant mes réactions sortaient toutes seules et je ne savais pas m'empêcher de dire ce qui n'allait pas ou ce qui me blessait. Mais on m'a tellement répété que je faisais ma victime, que j'étais une mère poule que maintenant j'enfouis tout en moi et je craque quand je suis seule.
Francesca a écrit :Mon inquiétude vient aussi du fait que mon fils souffre également de troubles autistiques "à cause de moi" comme dirait la psy alors qu'en fait c'est génétique, et il est intelligent, très intelligent même, mais il nie son problème, il refoule tout, sa copine ignore totalement son problème et si je lui disais mon fils serait furieux contre moi.
Ton fils aurait raison d'être furieux : ce ne peut être qu'à lui de le dire lorsqu'il en prendra conscience.
Des films comme "Le Cerveau d'Hugo" ou "La Vie Couleur Autisme" permettent d'avoir une vision plus nuancée de l'autisme. Et être un bon moyen d'explication.
Et si sa copine est contente comme cela ? Pour l'instant, çà peut suffire, non ?
Ah oui sa copine ne se rend compte de rien et ils sont aussi heureux qu'on puisse l'être en période de crise. Ils n'ont pas de problèmes majeurs. Mais mon fils sait quel est son problème, seulement il se le cache à lui-même, il me l'avait dit à l'adolescence qu'il s'était rendu compte que quelque chose n'allait pas et qu'il se forçait à faire semblant pour être "comme les autres". Et maintenant il ne veut même plus en parler avec moi, surtout depuis qu'il a lu mon diagnostic et depuis qu'il a lu que c'était génétique. Et pourtant, encore une fois illogique : c'est lui qui m'a poussée à me faire diagnostiquer.
C'est même pire parce que pour lui et son frère de 18 ans pré diagnostiqué, "autiste" est devenu une insulte. C'est très dur à vivre. Encore que maintenant ça se soit un peu calmé mais c'était fréquent avant qu'on me sortait "Simon est rentré à la maison", "Je suis un excellent conducteur", "Il y a 246 allumettes dans la boite" ou "d'abord le sirop d'érable et puis les pan cakes", j'en ai entendu des vertes et des pas mûres et mon fils de 18 ans aussi, ce qui fait que maintenant c'est lui qui agit comme ça. Et quand je n'arrive pas à parler, quand je bafouille ou je ne trouve pas mes mots ou des trucs comme ça, ils se moquaient de moi, maintenant il n'y a plus que mon fils de 18 ans qui se moque et ma fille qui pique un fou rire quand je n'arrive pas à parler ou quand les mots qui sortent ne sont pas ceux que je voulais dire. C'est pour ça que je craque souvent et que je suis très malheureuse, parce que je n'ai personne à qui réellement parler.
Francesca a écrit : Un jour une enseignante m'a dit que j'aimais trop mes enfants, je pense que c'est vrai. Je ne vis que pour eux, ils sont ma seule vraie préoccupation.
Comment peut-on trop aimer ses enfants ? Surtout nos petits bouts qui ont tellement de 'fragilité'.
Voici un texte qui m'apporte du réconfort quand je me surprends en flag' de mère poule excessive : http://www.poesie.net/gibran1.htm
Khalil Gibran a écrit :Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés.
L'Archer voit le but sur le chemin de l'infini, et Il vous tend de Sa puissance
pour que Ses flèches puissent voler vite et loin.
Que votre tension par la main de l'Archer soit pour la joie;
Car de même qu'Il aime la flèche qui vole, Il aime l'arc qui est stable.
C'est trop joli comme texte, j'aime beaucoup.
Je pense comme toi Madu, comment peut-on trop aimer ses enfants? Même devenus grands on les aime toujours de la même façon. C'est pour ça que quand je reçois des réflexions pareilles je me demande si ma place est bien ici.
Madu a écrit :
Voici un texte qui m'apporte du réconfort quand je me surprends en flag' de mère poule excessive : http://www.poesie.net/gibran1.htm
Oh oui, j'adore Khalil Gibran et particulièrement ce poème, je le lis souvent, alors je vous le mets en entier ; il a tout à fait sa place ici.
Khalil Gibran a écrit :
Et une femme qui portait un enfant dans les bras dit,
Parlez-nous des Enfants.
Et il dit : Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à elle-même,
Ils viennent à travers vous mais non de vous.
Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.
Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées,
Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes,
Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter,
pas même dans vos rêves.
Vous pouvez vous efforcer d'être comme eux,
mais ne tentez pas de les faire comme vous.
Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s'attarde avec hier. Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés.
L'Archer voit le but sur le chemin de l'infini, et Il vous tend de Sa puissance
pour que Ses flèches puissent voler vite et loin.
Que votre tension par la main de l'Archer soit pour la joie;
Car de même qu'Il aime la flèche qui vole, Il aime l'arc qui est stable.
Nous sentons tous ton mal être dans tes mots et on se sent impuissants. Je suis trop loin de chez toi pour dire "je vais t'aider en vrai" et c'est de ça dont tu as besoin.
Mère courage, on me le dit à moi, quand je lis ton parcours, je trouve que c'est exagéré.
Pas facile, le couple de ton fils, pas facile ta vie, que tu craques me parait plus qu'humain, d'autres auraient craqué pour plus.
Désemparée, je suis, et impuissante.
Mère absolument atypique (mais à quel niveau ?) d'une petite atypique de 5 ans dont le diagnostic est enfin en route..
Nath62 a écrit :On n'aime jamais trop nos enfants, Francesca.
Nous sentons tous ton mal être dans tes mots et on se sent impuissants. Je suis trop loin de chez toi pour dire "je vais t'aider en vrai" et c'est de ça dont tu as besoin.
Mère courage, on me le dit à moi, quand je lis ton parcours, je trouve que c'est exagéré.
Pas facile, le couple de ton fils, pas facile ta vie, que tu craques me parait plus qu'humain, d'autres auraient craqué pour plus.
Désemparée, je suis, et impuissante.
Tu es gentille Nath. C'est vrai que c'est la première fois que je peux exprimer vraiment mon mal être. Je sens qu'ici personne ne me jugera. Une réponse amicale et le sentiment d'être comprise me remontent déjà un peu le moral. Mais c'est vrai que je ressens un besoin terrible d'être aidée "en vrai", mais j'ai l'impression de dérouter voir déranger ma famille et de n'être pas très intéressante pour les médecins. Dans ces moments là ma grand-mère me manque. Ma seule amie est dépressive chronique et on essaie de se réconforter l'une l'autre.
Malala : la poésie entière est vraiment magnifique.