Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
Charlou a écrit : ↑samedi 27 août 2022 à 11:00Je crois pas être Asperger et lorsque je rencontre des psychiatres ou neurologue et que je leur dis que j’ai été diagnostiqué TSA ils me voient uniquement sur le prisme de l’autisme et ça m’énerve (et ne parlent que de ça)
Savez vous si une contre-expertise dans un centre est possible ? Je crois pas être atteint d’autisme.
Bonjour Charlou,
Tu peux faire une demande au CRA de ta région si tu as effectué ton diagnostic en libéral.
C'est vraiment important que tu sois sûr de ton diagnostic pour pouvoir l'accepter.
Ce diagnostic en 2017 a t-il été effectué à ta demande ou c'est un médecin qui t'a envoyé faire ce diagnostic ?
En revanche, après trois RDV d’une demi heure avec ce psychiatre spécialisé dans les TSA, il m’a fait comprendre que je rentrais dans le profil et m’a transmis les coordonnées de deux psychologues spécialisées dans les TSA sans que je lui en fasse la demande. (Et je n’étais pas en demande d’ailleurs)
Le psychiatre que j’ai rencontré récemment m’a également transmis les coordonnées d’une psychologue spécialisée TSA. Il ne comprenait pas pourquoi je n’étais plus suivi par une spécialiste en TSA.
Ce psychiatre a supposé que tu avais besoin d'une aide psychologique suite à ton diagnostic ou travailler des habiletés sociales par ex.
Un suivi chez un(e) psychologue n'est pas obligatoire quand on n'a pas de difficultés particulières. Ou on peut se faire suivre par intermittence selon les moments et à sa convenance.
On m'a aussi demandé une fois si j'avais un suivi psychologique.
Donc, tu as entamé une démarche diagnostic pour une suspicion de TSA te concernant, et tu ne te reconnais plus dans l'autisme maintenant, c'est ça ? Quels éléments font que tu as changé d'avis ?
Divers éléments en pagaille (et il y en a d'autres) :
- L'absence de présence d'intérêt restreints. (c'est une appréciation personnelle donc difficile d'en être certain)
- Ma capacité a comprendre les émotions sur les visages.
- Une théorie de l'esprit.
Le diagnostic d'autisme s'appuie sur la dyade autistique.
La personne doit présenter trois symptômes sur trois dans la catégorie A et deux symptômes sur quatre dans la catégorie B pour répondre aux critères de l’autisme (voir PJ)
Donc on peut diagnostiquer une personne autiste sans qu'elle ait d'IR. https://comprendrelautisme.com/le-diagn ... utistique/
Je pense aussi avoir la capacité à comprendre et reconnaître les émotions sur les visages, mais je pense que c'est plus subtil notamment dans l'autisme Asperger qui est plus "léger" (je dirais plutôt que je ne comprends pas les intentions des gens et que j'interprète de façon parfois biaisée leurs réactions).
Quand j'ai lu sur l'autisme, je ne me reconnaissais pas dans au moins 30% des descriptions. Il ne faut pas correspondre à 100% de descriptions, juste répondre à la dyade autistique pour être diagnostiqué autiste.
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Après lecture des différents items de la diade je m’y retrouve.
Quand j’ai eu mon diagnostic Asperger, j’ai ressenti de la fierté. A présent, c’est l’inverse.
Je rejette l’autisme en bloc en mettant sur le compte de problèmes cognitifs. Or le test de QI est normal (et hétérogène avec prédominance du verbal), j’ai passé une IRM cérébrale sur une machine 3 tesla (avec produit de contraste) et aucun problèmes aussi, j’ai passé des tests mnesiques à l’hôpital américain et ils n’ont rien relevé d’anormal.
J’ai l’impression d’être plus bête que la normale car je vois l’entourage qui s’en sort facilement socialement et j’ai l’impression de lutter en permanence.
J’ai l’impression d’être un abruti au quotidien et être souvent en décalage par rapport à ce qu’on attends de moi (sur des choses simple)
En revanche, je me suis surpris en retravaillant en magasin (je suis televendeur dans la hifi et la Tv/vidéo projection) en voyant l’intérêt important que les clients portaient par rapport à mon discours (très technique) Beaucoup de clients faisaient la queue pour me demander conseil pour un devis sur un projet d’achat encore non défini et j’ai été très surpris qu’ils me parlent de sujets discutés avec des clients précédents et qui ne les concernent pas directement. Même mon responsable a demandé à mes clients de « m’emprunter deux secondes » car j’étais beaucoup bavard. (Je comprends parfaitement la métaphore)
Je crois que j’ai un manque de lucidité sur certaines choses du quotidien (et surtout du côté social) et un esprit très analytique sur certains sujets qui me passionnent dont je fais mon métier depuis 9 ans. Et je crois que je donne beaucoup d’importance au paraître, ce qui me permet de m’accepter telle que je voudrais être.
Je suis surpris par la facilité des gens de mon entourage à discuter facilement avec peu de mots très précis (certains collègues vendeurs) alors que lorsque je me met à échanger avec mes clients j’ai l’impression de parler comme un érudit. Et je me rends compte que j’ai tendance à imiter certains collègues vendeurs dans leur manière de parler au quotidien (intonation voire accent alors que je ne suis pas marseillais) car j’ai conscience que ma tonalité est faible. Du coup, compte-tenu que les personnes m’entendent mal, naïvement, j’essaie de paraître gentil pour pas que la personne s’énerve et prenne ma façon de parler comme mal. Par moment je m’excuse de trop pour éviter des problèmes. J’ai eu tendance parfois à me montrer trop sec alors que la situation ne s’y prête pas, et inversement. Il y a beaucoup de décalage d’appréciation personnelle.
Et ne parlons pas d’interactions amoureuse complètement inexistante.
Et j’ai pourtant l’impression qu’il y a bien des cas autistique beaucoup plus complexe que moi et pourtant ils arrivent à trouver l’amour. Comme si il me manquait une dimension passionnelle ou affective. Beaucoup de difficulté à deviné le ressenti des « prétendantes » je me base sur des représentations donc stéréotypées qui me fait du tort.
Un masseur dans une cabine de spa à Antibes me disait l’an dernier « que l’on ne né pas avec un mode d’emploi » il avait cerné mes problèmes alors que je ne lui avait pas dit que j’avais été diagnostiqué asperger. J’ai beaucoup de mal à mentir et je donne un poing d’honneur à honorer mes engagements. Je crois que ce n’est pas propre à l’autisme . J’ai beaucoup de mal à me projeter avec ma voisine qui partage une simple paroi commune. Je me focalise sur les bruits et le niveau de puissance sonore, et analyse régulièrement si le quart d’heure suivant elle a monter le volume de la télé (ou pas) je peux passer de longs moments à surveiller ça ; voire vérifier le nombre de décibels sur mon Apple Watch. J’ai beaucoup de mal à me détacher de mes intérêts restreints sur des choses qui ne m’aideront pas à envisager un avenir avec elle. J’en ai conscience mais après coup.
Tout à l’heure j’ai été choqué d’entendre les ultrasons lorsque j’ai raccordé ma lampe Hue au secteur. J’ai dis à un collègue que ça m’avait choqué. En espérant qu’il me dise « moi aussi je les entends »
Je met beaucoup de chose sous le compte de la dépression (en me disant que si je m’achète mon panier antigaspi chaque jour chez Monoprix c’est que je suis déprimé et je n’ai pas la force d’aller au marché choisir mes fruits moi même)
J’aimerai faire lire mes états d’âme à près de 3h du matin à mon psychiatre que je vois à 9h aujourd’hui. J’éprouve du plaisir à analyser ma situation, j’ai l’impression de gagner en lucidité. Lorsque je vocalise à haute voix au supermarché je me sens beaucoup plus à l’aise que rester confiné dans mes pensées.
Y’ a t’il des Asperger à Boulogne Billancourt ; ma première ville de coeur (j’ai déménagé il y a trois mois) et je suis sidéré - par rapport à Paris - par le profond respect des boulonnais au passage piéton : si le feu piétonnier n’est pas vert alors qu’il n’ y a aucun voiture à l’horizon, ils ne traversent pas.
Je n’ai jamais été bousculé une seule fois ma une boulonnaise ou un. Boulonnais. (Alors que ça m’arrivait souvent sur Paris, m’obligeant à garder une stature spécifique avec les coudes vers l’exterieur). Me frôler les fesses m’est insupportable. (Physiquement)
Charlou a écrit : ↑mercredi 7 septembre 2022 à 3:01
J’aimerai faire lire mes états d’âme à près de 3h du matin à mon psychiatre que je vois à 9h aujourd’hui. J’éprouve du plaisir à analyser ma situation, j’ai l’impression de gagner en lucidité.
Tu n'as pas essayé de prendre des notes, pour les lui montrer ensuite ?
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
Tout ce que tu as raconté ci-dessous est très parlant, en tout cas ça me raconte beaucoup de choses. Tu pourrais les copier-coller et les transmettre à ton/ta thérapeute tels quels. Mais à mon avis le diagnostic de l'autisme est plutôt cohérent, tant pour tes qualités que dans tes difficultés.
Quant à l'amour, je ne sais pas trop quoi te dire... c'est une chose spéciale pour nous autistes je crois. Certains ne veulent/peuvent tout simplement pas, d'autres aimeraient mais n'y arrivent pas, d'autres l'ont trouvé mais se demandent pourquoi, etc.
Modifié en dernier par MystAirH le mercredi 7 septembre 2022 à 11:10, modifié 1 fois.
Né en 1978 | Diagnostiqué TSA [08/2022] | HPI [02/2022] | TDA (sans H) [10/2021]
Reconnaissance invalidité par AI (Suisse) [06/2023] | Sans emploi depuis... longtemps