Accompagnement dans l'emploi

[Mars]

L'épanouissement dans tous les milieux professionnels, y compris ordinaires, dépendent d'une connaissance du handicap, d'une tolérance envers la lenteur, les maladresses et excentricités et d'un accompagnement adéquat. Impossible que ça marche autrement.

[Jonquille57]

Tu as vraiment 100% raison, Mars, mais il faut être honnête : c'est souvent difficile à concilier dans notre société où tout et tout le monde doit être rentable...

[omega]

Ben désolée mais je trouve que vous prenez le problème à l'envers.

Oui, chacun doit être "rentable"... mais ce n'est pas en sollicitant la pitié et la tolérance des gens qu'on arrivera à les convaincre de l'intérêt d'avoir des handicapés dans leur service.
Si quelqu'un vient voir un patron en lui disant en gros: "c'est un handicapé, il ne sera bon à rien dans votre entreprise, totalement inutile, mais vous aurez fait votre BA" je ne vois vraiment, vraiment pas pour quelle raison le patron pourrait être intéressé, et ce que l'entreprise pourrait gagner à se coltiner ce qu'on lui présente comme une charge supplémentaire ou un "boulet".
En outre, si j'étais le patron (ou le handicapé ), cette personne repartirait avec mon pied au cul.

Cela ne sert à rien de se plaindre que personne ne veuille employer de "boulets" ou d'assistés... quoi de plus normal, outre que je trouve cette manière de les considérer et de les "aider" carrément douteuse.
Par contre, ce ne sont pas des bons à rien: même s'ils sont incapables de faire les mêmes choses que tout le monde, ils ont des talents différents, des aptitudes spécifiques. Là, il y a du boulot, pour les aider à connaître et développer ce qu'ils sont capables de faire, mettre en avant leurs aptitudes et leurs compétences.
Si on veut qu'il bossent, mieux vaut peut-être commencer par là, non?

La "rentabilité" est carrément une aubaine pour moi : j'intéresse des gens malgré mon inadaptation sociale parce que techniquement j'assure et je suis efficace (donc oui, rentable). Il y a des domaines où je suis lente ou à côté de la plaque , mais d'autres où je suis 10 fois plus performante (rapide, fiable, rentable...) qu'un humanoïde normal: ce sont ceux-là que je mets en avant.
Ben, s'il n'y avait pas cela, ce serait dur, quoi...
Là à mon avis il y a un créneau formidable pour les autistes et leurs intérêts spécifiques: l'expertise et la compétence.

[Mars]

Mais je suis tout à fait d'accord avec toi : il y a certes des difficultés dans certains domaines mais tellement de compétences dans d'autres et l'asso travaille d'ailleurs dans ce sens. Faire connaître les qualités spécifiques des personnes aspies (différentes de l'une à l'autre mais souvent portées par le même souci de bien faire), c'est notre cheval de bataille.
En fait, nous jouons sur 2 tableaux : les entreprises ont besoin d'employer un quota de personnes handicapées, c'est donc un plus d'arriver avec une reconnaissance de travailleur handicapé et des compétences particulières !

[Guy]

La "rentabilité" est carrément une aubaine pour moi : j'intéresse des gens malgré mon inadaptation sociale parce que techniquement j'assure et je suis efficace (donc oui, rentable). Il y a des domaines où je suis lente ou à côté de la plaque , mais d'autres où je suis 10 fois plus performante (rapide, fiable, rentable...) qu'un humanoïde normal: ce sont ceux-là que je mets en avant.
Ben, s'il n'y avait pas cela, ce serait dur, quoi...
Là à mon avis il y a un créneau formidable pour les autistes et leurs intérêts spécifiques: l'expertise et la compétence.

D'accord avec toi, Oméga.
D'ailleurs, j'avais déjà écrit sur l'intérêt d'avoir un travail proche de ses intérêts spécifiques, cela donne une grande force.
Dans mon cas cela a superbement bien fonctionné et j'ai l'impression que s'est ton cas aussi.

[omega]

Yes.

[Jean]

Réponse à la question écrite Assemblée nationale n° 37816 du 16 décembre 2008 de M. Jean-René MARSAC : Handicapés (insertion professionnelle et sociale - perspectives)
La simplification de l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés (OETH) et la suppression de la limite d'âge pour l'accès des personnes handicapées à l'apprentissage facilite l'insertion professionnelle des personnes handicapées. Le nombre de contrats aidés mobilisés pour les travailleurs handicapés a augmenté entre 2008 et 2009 de 5 % pour le contrat d'accompagnement dans l'emploi (CAE) et de 10 % pour le contrat initiative emploi (CIE). La prime initiative emploi (PIE) mise en place en 2008 par l'AGEFIPH a bénéficié à près de 9 000 personnes handicapées. Le nombre annuel de personnes handicapées bénéficiant d'une formation a augmenté de 16,5 % depuis la loi de 2005. Le nombre d'embauches dans les établissements assujettis à l'OETH a augmenté en 2006 (+ 19 500) et en 2007 (+ 30 000). Le nombre des demandeurs d'emploi handicapés a augmenté en 2009 de 9,5 % . 83 % des travailleurs handicapés ont une formation inférieure ou égale au BEP. Depuis la loi du 11 février 2005, 70 000 personnes handicapées entrent en formation chaque année dont 22 000 formations sont financées par l'Etat, 32 000 par l'AGEFIPH et 11 000 par les conseils régionaux.

http://questions.assemblee-nationale.fr ... 7816QE.htm

[Jonquille57]

D'ailleurs, j'avais déjà écrit sur l'intérêt d'avoir un travail proche de ses intérêts spécifiques, cela donne une grande force.
Dans mon cas cela a superbement bien fonctionné et j'ai l'impression que s'est ton cas aussi.

N'oublions pas tout de même que toutes les personnes autistes n'ont pas forcément un intérêt particulier. Ce qui ne les empêche pas, évidemment, d'être performantes dans leur travail. Mais il est vrai tout de même qu'il ne faut pas se voiler la face : certaines personnes reconnues handicapées auront plus ou moins de difficultés à être intégrées dans un milieu ordinaire. Ce serait utopique de dire que tous les autistes ont leur place dans ce milieu... et sans souffrance.

[omega]

Ce serait utopique de dire que tous les autistes ont leur place dans ce milieu... et sans souffrance.

Mais là, il ne s'agit pas de souffrir ou pas, mais de réussite ou d'échec.
Sans s'en prendre plein la gueule par moments, cela me semble utopique aussi... ce qui ne veut pas dire qu'il faut renoncer!

[Jonquille57]

Bien sûr qu'il ne faut pas renoncer, je n'ai jamais dit ça ( ou bien, je me suis mal exprimée ). Je pense simplement qu'il ne faut pas donner de faux espoirs aux parents qui pensent que leur enfant pourra un jour devenir autonome sans difficultés. Mais j'ai tendance à être pessimiste et j'espère me tromper...

[Jonquille57]

Et je parlais de tous les autistes : cela ne veut pas dire qu'aucun autiste ne s'en sortira pas bien...

[manu]

Je me demande dans quel mesure il y a compatibilité entre les aides pour déficience et le respect des compétences...

[Jonquille57]

Je te trouve pessimiste, manu...

On peut très bien avoir des difficultés sociales et avoir d'énormes compétences dans certains domaines : cela n'a rien à voir..

Regardes les personnes handicapées physiques qui ont besoin d'une aide humaine : personne ne doute de leurs compétences intellectuelles..

[harry paindemie]

quand tu dis milieu ordinaire, tu fais référence au secteur publique?

j'ai essayé de chercher ce terme mais ne l'a pas trouvé...

[harry paindemie]

Je reste malgré tout mitigée, car je pense qu' à chaque situation sa solution... Je me souviens Mme B du Chalet de Pont Scorff nous disant que certains jeunes, bien qu'ayant trouvé du travail en milieu ordinaire, préféraient réintégrer l' ESAT, car cela leur correspondait mieux.

Perso, je ne suis pas pour l'intégration en milieu ordinaire à tout prix. Je pense que cela réconforte plus les parents que les jeunes eux-même ( encore une fois, cela dépend des cas bien sûr... ).

Effectivement, il doit y avoir des tonnes de choses à améliorer en milieu ordinaire pour que les personnes autistes s'y sentent bien, tout comme il doit y avoir des tonnes de choses à améliorer en ESAT pour les mêmes raisons. On en revient à l'intégration des personnes autistes, que ce soit en milieu ordinaire ou non. Donc, le problème n'est pas que le jeune réussisse en milieu ordinaire ou en ESAT, le problème est que le jeune travailleur puisse s'épanouir par le travail.

"milieu ordinaire" c'est le secteur publique?
c'est bête mais je suis à coté de la plaque avec tout les termes...