Le sentiment d'appartenance

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
slodki
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Re: Le sentiment d'appartenance

Message par slodki »

freeshost a écrit : jeudi 18 juillet 2019 à 0:01
Cette dose me suffit. Ça pourrait être moins. Je pourrais réduire le temps passé avec les potes érythréens : c'est le groupe le moins "rentable" parmi ceux que j'ai cités. :lol: (Quoi ? Moi, un esprit vénal et véreux avec le capital social ? [Pas celui de Karl Marx ! 😏 ])

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Mais dans mon budget-temps, je dois composer avec : 
- les activités financièrement rémunérées, 
- les activités cognitivement rémunérées, 
- les activités socialement rémunérées, 
- les activités sanitairement rémunérées.

Ça me rassure de lire ça :lol: . Ça me semble un constat terrible et dégoûtant, mais le fait est je fais un usage de plus en plus instrumental de mes connaissances en socio et psycho pour ''gérer'' ma vie sociale de manière à optimiser le rapport coût/avantages. Et la nécessité de m'insérer professionnellement m'incite à raisonner de plus en plus en termes de capital social ... C'est une question de survie.

Sinon pour répondre à la question de départ : je n'ai jamais vraiment eu de sentiment d'appartenance. Quel que soit le contexte social, je me sens un éternel touriste : c'est une réalité que je ne peux plus nier et c'est assez douloureux d'y faire face car j'ai toujours cherché et espéré des environnements sociaux qui me conviennent. En général, soit je n'arrive pas à donner le change (et je le vis mal), soit je donne très bien le change (et personne ne comprend pourquoi puisque visiblement ''tout roule'', mais je suis effondrée intérieurement).

Pour ne pas trop noircir le tableau, je reconnaitrais qu'il y a eu de rares contextes sociaux/professionnels, malgré tout, où je me suis sentie parfaitement à ma place. J'avais la chance d'être attelée à des tâches qui faisaient réellement sens pour moi, et dans lesquelles j'étais réellement performante, ce qui n'a pas toujours été le cas partout (souvenirs traumatiques de dyspraxique ... :roll: ). Je passais donc pour un peu excentrique, mais à tort ou à raison on m'estimait très intelligente, très compétente et drôle (ce qui compensait les petites bizarreries vous comprenez bien), ... et surtout j'avais développé une forte complicité amicale avec 1/2 personnes de la structure, ce qui d'une certaine façon, facilitait mon intégration.
Diagnostic TSA en libéral. HPI hétérogène avec TDAH.
camille-madeleine
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Re: Le sentiment d'appartenance

Message par camille-madeleine »

slodki a écrit : dimanche 28 juillet 2019 à 1:04 Sinon pour répondre à la question de départ : je n'ai jamais vraiment eu de sentiment d'appartenance. Quel que soit le contexte social, je me sens un éternel touriste : c'est une réalité que je ne peux plus nier et c'est assez douloureux d'y faire face car j'ai toujours cherché et espéré des environnements sociaux qui me conviennent. En général, soit je n'arrive pas à donner le change (et je le vis mal), soit je donne très bien le change (et personne ne comprend pourquoi puisque visiblement ''tout roule'', mais je suis effondrée intérieurement).

Pour ne pas trop noircir le tableau, je reconnaitrais qu'il y a eu de rares contextes sociaux/professionnels, malgré tout, où je me suis sentie parfaitement à ma place. J'avais la chance d'être attelée à des tâches qui faisaient réellement sens pour moi
J'aurais pu écrire ces mots, le seul groupe auquel je me suis sentie un peu appartenir c'est l'équipe qui célébrait les funérailles dans mon ancienne paroisse, ce service fait sens et auparavant c'est le domaine où j'aurais souhaité (sans y parvenir) travailler. Dans mon milieu professionnel je me sentais illégitime ou totalement étrangère, je crois que je donnais le change au prix d'efforts destructeurs. Désormais l'isolement quasi total (un coup de tel par semaine, une ou deux sorties par trimestre) qui est le mien, après répudiation suivie de départ à la retraite et de déménagements, me pèse.
Modifié en dernier par camille-madeleine le dimanche 28 juillet 2019 à 10:13, modifié 1 fois.
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Elinounette
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Re: Le sentiment d'appartenance

Message par Elinounette »

Le besoin d'appartenance à un groupe, oui. Parce que les autres semblaient heureux en groupe, ça semblait être la chose à faire par rapport à ce que j'avais vu à la TV.
Dans les faits, j'étais toujours en binôme.
La seule fois où j'ai fait partie d'un "vrai" groupe, c'est quand j'étais bénévole pour un Salon manga. J'étais bénévole pendant 2 ans et pendant ces 2 Salons je jouais un rôle. Le rôle de la fille qui s'entend bien avec tout le monde. Ça marchait surtout auprès des garçons. Mais je ne me suis jamais sentie à l'aise. Toujours en décalage. Et puis j'ai commencé à noter des choses qui ne me plaisaient pas dans le mode de fonctionnement du Salon. J'ai, en quelque sort, perdu la foi. Et à partir de là j'ai ghosté cette asso. J'ai gardé contact uniquement avec une poignée de gens. Ceux qui me semblaient sincères.
Sinon, je fais aussi des escape games, très souvent avec les mêmes personnes. Mais c'est surtout pour des raisons pratiques. J'ai regroupé des gens avec qui je m'entends bien et qui sont doués en Escape.

J'ai eu aussi une quête d'appartenance au niveau du style vestimentaire. Je me cherchais. Je crois que je suis passée par toutes les coupes et couleurs de cheveux possibles. J'ai eu une phase goth, une phase sweet lolita, une phase pinup. Finalement, j'ai arrêté de chercher quand je me suis rendue compte que j'avais surtout besoin d'être confortable dans mes vêtements. Donc depuis, je n'ai pas vraiment de style défini, je mets juste des hauts amples avec des dessins dessus, des pantalons avec taille élastiquée et des baskets noires. Je fais juste un énorme effort aux repas de famille, 2 fois par an, pour parître plus féminine/adulte.
Autiste - diag le 17/01/2019
Suivie par le dispositif d'aide à l'emploi depuis le 01/2020
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Re: Le sentiment d'appartenance

Message par Ellendë »

Coucou,

Je rejoins un peu tout ce que vous avez dit. J'ai toujours eu un sentiment de décalage pour m'intégrer je n'ai jamais réussi à ressentir de l'appartenance à un groupe et je n'y arrive toujours pas. Oui je trainais souvent avec un groupe de même personne et j'essayais de discuter avec mais je ressentais bien que je n'appartenais pas à ce groupe: " ah mince, je suis vraiment désolé on t'avais complètement oublié", "il faut que tu parles plus, c'est comment déjà ton prénom?", certaines sorties se faisait sans moi on ne me mettait pas au courant :innocent:

Dernièrement j'ai eu un collègue avec qui je m'entends pas trop mal qui m'a dit: "Tu sais je m'entends bien avec toi, j'ai rien à reprocher à ton travail, tu es efficace par contre, je te vois jamais discuter avec les autres ou les aider ou aller vers eux. Tu sais si je te dis ca c'est pour toi pour pas que ça te soit préjudiciable par la suite mais il faut que tu arrives à t'intégrer, discuter avec les autres avoir le sentiment d'appartenance avec les autres décolleteurs c'est très important".

OUTCH! C'est bien plus facile à dire qu'à faire. Personne n'à l'air de se rendre compte à quel point j'essaye de faire des efforts c'est frustrant :cry:
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Re: Le sentiment d'appartenance

Message par Elinounette »

Ellendë a écrit : dimanche 28 juillet 2019 à 10:59 Dernièrement j'ai eu un collègue avec qui je m'entends pas trop mal qui m'a dit: "Tu sais je m'entends bien avec toi, j'ai rien à reprocher à ton travail, tu es efficace par contre, je te vois jamais discuter avec les autres ou les aider ou aller vers eux. Tu sais si je te dis ca c'est pour toi pour pas que ça te soit préjudiciable par la suite mais il faut que tu arrives à t'intégrer, discuter avec les autres avoir le sentiment d'appartenance avec les autres décolleteurs c'est très important".

OUTCH! C'est bien plus facile à dire qu'à faire. Personne n'à l'air de se rendre compte à quel point j'essaye de faire des efforts c'est frustrant :cry:
C'est un truc que je ne comprends pas dans les entreprises. Le fait que ce soit mal vu de parler à peu de personnes, de ne pas prendre son repas avec les autres. Au final, même si on reste à l'écart, le boulot est fait, on ne dérange personne, et on ne refuse pas non plus d'aider un collègue au besoin.
Parler pour ne rien dire, faire semblant de s'intéresser aux autres, ce n'est pas un gage de sérieux et de fiabilité. C'est comme si on glorifiait l'hypocrisie.
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Re: Le sentiment d'appartenance

Message par Ogam »

par Elinounette » dimanche 28 juillet 2019 à 11:33

Ellendë a écrit : ↑
dimanche 28 juillet 2019 à 10:59
Dernièrement j'ai eu un collègue avec qui je m'entends pas trop mal qui m'a dit: "Tu sais je m'entends bien avec toi, j'ai rien à reprocher à ton travail, tu es efficace par contre, je te vois jamais discuter avec les autres ou les aider ou aller vers eux. Tu sais si je te dis ca c'est pour toi pour pas que ça te soit préjudiciable par la suite mais il faut que tu arrives à t'intégrer, discuter avec les autres avoir le sentiment d'appartenance avec les autres décolleteurs c'est très important".

OUTCH! C'est bien plus facile à dire qu'à faire. Personne n'à l'air de se rendre compte à quel point j'essaye de faire des efforts c'est frustrant :cry:

C'est un truc que je ne comprends pas dans les entreprises. Le fait que ce soit mal vu de parler à peu de personnes, de ne pas prendre son repas avec les autres. Au final, même si on reste à l'écart, le boulot est fait, on ne dérange personne, et on ne refuse pas non plus d'aider un collègue au besoin.
Parler pour ne rien dire, faire semblant de s'intéresser aux autres, ce n'est pas un gage de sérieux et de fiabilité. C'est comme si on glorifiait l'hypocrisie.
@ Elinounette
J'aurais tendance à te dire que ce sont les conventions sociales qui sont comme cela : ça peut être hypocrite (et ça l'est d'autant plus si tu n'as rien à dire à l'autre d'intéressant), ça peut sembler creux, vide de sens mais le but est de donner l'impression que tout va bien dans le meilleur des mondes et celui qui sort du lot correspond au vilain petit canard. Mais les gens ne peuvent même pas s'imaginer l'énergie nécessaire que représente le fait de socialiser avec tout le monde 24 h/24.

Pour en revenir sur le thème du sujet (Le sentiment d'appartenance), je dirai que cela est surtout dépendant du besoin de la personne (et de son souhait) : en effet, une personne qui présente de trop grosses difficultés (ou trop épuisée) à se socialiser va plutôt préférer avoir un cercle restreint de connaissances.
Il est vrai en revanche que le fait d'être dans une association qui correspond à notre centre d'intérêt peut nous permettre de tisser plus facilement des amitiés (ce qui est le cas pour moi).
Diagnostic TSA + HPI (obtenu à l'âge de 34 ans) posé en septembre 2020 par un chef de service en psychiatrie.