par hazufel » lundi 2 septembre 2019 à 7:04
En ce jour de rentrée, je pense bien à tous les enfants en situation de handicap, à leur famille et à l’angoisse qui les étreint souvent, l’un comme l’autre.
Propos d’Aspieconseil pour des données chiffrées :
« Depuis quelques années, on nous vante la scolarisation pour tous et pourtant la réalité est toute autre puisque plus de 10 000 enfants sont sans AVS (issu de l'enquête parlementaire) et pour beaucoup d'entre eux sont donc non scolarisés. A cela s'ajoutent des enfants sans solution ou en IME qui n'ont pas ou peu de scolarisation (sans doute plus de 100 000). Cette année est complexe, des AESH ne sont pas encore affectées et d"autres qui déclarent déjà que les PIAL ne respectent pas les notifications. »
À cela s’ajoute des échanges Twitter de profs hier, se demandant combien de « cas lourds » ils allaient récoltés et pour lesquels ils allaient devoir jouer les éducateurs spé...
Je souhaite bon courage aux profs bienveillants qui sauront accompagner tous les enfants sans distinction, avec leurs peu de moyens mais avec tout leur cœur.
Je suis bien triste pour ces enfants et la situation en France.
Je leur souhaite bon courage.
Spoiler :
Si votre enfant n’a pas d’avs à la rentrée malgré la notification MDPH vous pouvez l’indiquer ici :
ma rentrée - unapei
Chère hazufel,
je suis complètement d'accord avec toi, car je suis professeur des écoles même si en arrêt pour dépression. Ce qui me paraît abominable
dans la situation actuelle dans les écoles, c'est qu'on demande une application
stricto sensu de la loi de 2005 sans les moyens humains (AESH, Maîtres spécialisés du rased, enseignants spécialisés dans les classes pour accompagner les différentes formes de handicaps) et les moyens matériels (matériels adaptés, places suffisantes en classes Ulis ...).
Il serait également nécessaire que les classes aient des effectifs à taille humaine avec 16-20 élèves pour permettre :
- une meilleure attention pour l'enseignant avec les élèves en situation de handicap.
- une meilleure capacité à individualiser les supports d'un cours en fonction des difficultés et des capacités de l'élève.
- Permettre d'avoir plus de temps à consacrer à l'élève en situation de handicap car arithmétiquement,il est clair qu'avoir 8 à 10 élèves de plus dans une classe implique moins de possibilités pour pouvoir s'occuper de l'élève (ou des élèves en situation de handicap).
Malheureusement ce que j'ai listé ci-dessus a un coût que l'Education Nationale ne semble pas pouvoir (ou vouloir) prendre en charge et cherche au contraire à réduire les frais. Il n'est pas rare ainsi de se retrouver avec une classe avec 28-30 élèves, du double niveaux, 4 à 5 personnes en situation de handicaps (reconnus ou non par la MDPH) et donc pouvant ou non être suivis individuellement par une AESH.
Ces AESH sont payés une misère par rapport à leur importance dans la classe et au travail fourni (740 euros net par mois pour 24 h de travail/semaine sans compter les réunions, l'administratif, l'échange avec les parents et les formations (théoriquement 60 heures pour survoler et gérer les différents types de handicap ), ont un emploi précaire et peuvent très bien se retrouver sans renouvellement de poste au bout de deux-trois ans alors que l'AESH avait toutes les compétences pour continuer et le travail réalisé pouvant être salué par l'ensemble de l'équipe éducative. D'ailleurs, cette année a eu lieu un recrutement important d'AESH auprès des DASEN (Direction Académique des Services de l'Education Nationale).
Ces AESH embauchés peuvent se retrouver sans affectation car ils vont servir un pool de réserve en cas de besoin (alors que les élèves en situation de handicap se retrouvent sans accompagnateur à la rentrée), je pense surtout que c'est pour mettre en avant la communication du ministère de l'EN qui embauche et forme des dizaines de milliers d'AESH afin de tenir les engagements sur l'accueil des élèves en situation de handicap (et surtout la com' du genre: "
Avant, l'enfant devait attendre d'aller à l'école pour trouver un AESH alors que maintenant il va pouvoir y aller sans crainte puisque l'AESH l'attend déjà"). Je pense d'ailleurs que cette absence d'affectation doit permettre au ministère d'économiser de l'argent car pas d'affectation = pas de paye.
D'ailleurs, j'ai un ami qui vit dans le même département que moi et qui souhaitait ne plus être professeur des écoles pour devenir AESH (diagnostiqué tardivement autiste à l'âge adulte, il ne supportait plus le bruit, les cris, la pression de la responsabilité de veiller à la sécurité des enfants de la classe ,à chaque instant tout seul, et avoir l'impression de se retrouver seul dans une fosse aux lions que représentent les élèves de la classe) et qui s'est vu reprocher par l'inspectrice de l'éducation nationale qui menait l'entretien que puisqu'il ne sait pas gérer une classe de 30 élèves, il ne peut pas gérer un élève en situation de handicap (alors que ses collègues, ATSEM, etc, lui reconnaissent des qualités indéniables pour pouvoir enseigner comme la patience, la pédagogie ...).
Aujourd'hui, pour des questions de coûts, de réaffectations du personnel accompagnant ..., on se retrouve dans une situation où le professeur (non-formé bien sûr à la gestion des différents types de handicaps) se retrouve souvent à gérer une classe de 28-30 élèves avec plusieurs élèves en situation de handicaps, sans aide, devant jouer à la fois le rôle d'éducateur, de gendarme, de psychologue, d'assistant-social, d'infirmier, d'enseignant-spécialisé, d'informaticien, d'animateur, de sportif, de musicien, de scientifique, de pompier de service...). D'ailleurs dans certaines académies comme Versailles ou Créteil, comme il y a une perte des vocations pour passer le concours et devenir enseignant (il y a dans d'ailleurs des concours supplémentaires dans ces académies), on embauche des enseignants contractuels et qui pour certains n'ont jamais touché à une classe : je suis sûr que les élèves en situation de handicap seront bien accompagnés et épaulés.
Le professeur des écoles (qui fait quasiment 6 ou 7 métiers en même temps) et qui travaille en moyenne 45 h par semaine, payé 35 (avec les journées de classe, les réunions, les rencontres avec les parents, la préparation de la classe ainsi que des séances et séquences, des corrections de cahiers, des réunions entre équipes pour la réalisation de PPS pour les élèves reconnus par la MDPH ...) et sans la reconnaissance (mais aussi la confiance et la bienveillance) de certaines familles (qui peuvent ne pas supporter que certains enfants en situation de handicap soient dans la classe de leur(s) enfant(s)), de la hiérarchie (inspecteurs de l'éducation nationale ou principal/proviseur qui pour certains peuvent être harcelants ou bien ne cherchent pas à protéger les employés qu'ils ont à leurs charges) ou même de certains collègues (à qui on devrait apprendre les définitions de travail d'équipe, altruisme, l'intérêt général, solidarité, esprit d'équipe au lieu d'égoïsme, intérêt particulier, la jalousie, l'esprit de compétition, la traîtrise avec la bonne vieille méthode du coup de poignard dans le dos).
Avec tout cela, je pense que M. Blanquer mérite un tonnerre d'applaudissements pour avoir permis aux enseignants, aux directeurs d'écoles, aux parents, aux enfants (avec ou sans handicap) de retrouver la confiance dans l'institution qu'est l'Ecole de la République et ce n'est pas certaines mauvaises langues (disant que le travail s'est terriblement dégradé, que les moyens sont tellement dérisoires que les enseignant payent avec leur propre argent les supports pédagogiques sur internet ou impriment avec leur propre imprimante les supports de cours, que le salaire est déplorable car au bout de 30 ans de métier on arrive autours de 3000 euros par mois et que le jeune professeur avec un bac + 5 en poche ne touche que 1 500 euros par mois, qu'il n'y a jamais eu autant d'arrêts de travail ou de suicides pour des dépressions ou encore des harcèlements ou suite à des traumatismes lors de coups portés envers le fonctionnaire, que certains stagiaires rapportent que leurs supérieurs hiérarchiques leur expliquent qu'ils ne travaillent que pour l'argent) qui pourront saper le moral de ce grand ministre de l'Education National et qui considérait d'ailleurs que le mot-clé pour la rentrée 2019 était
REUSSITE (
https://www.liberation.fr/france/2019/0 ... h_1747563 )
Diagnostic TSA + HPI (obtenu à l'âge de 34 ans) posé en septembre 2020 par un chef de service en psychiatrie.