"Mais pourquoi tu veux absolument être autiste???"

[-Nora-]

Je crois que s'il était possible d'essayer de ne plus être SA pendant quelques temps, un traitement réversible, je le ferais. Pour pouvoir me décider en connaissance de cause.

Je me suis souvent dit que j'aimerais bien pouvoir voir de mon œil droit, mais juste quelques heures ou une journée, juste pour voir ce que cela fait.
Mais le fait de pouvoir voir avec de façon définitive, ça c'est flippant.
Parce que si au final cette nouvelle vision ne te convient pas, bah t'es obligé de t'y faire, tu ne peux pas revenir en arrière.



Evolution: justement ! Tu ne serais pas toi dans la tête de quelqu'un d'autre mais bien toujours toi, avec tes souvenirs, ta connaissance du monde comme tu l'avait toujours vu, vécu, perçu auparavant. Si du jour au lendemain tu me rend mon œil aveugle, évidemment que ça en ferais du changement.

[Lilette]

Ce n'est pas que c'est mieux, c'est que c'est nous, rien de plus.
On est faits comme ça, ainsi va la vie.
Ce n'est pas que je trouve forcément de bons côtés, c'est juste que la production s'est faite de cette manière et basta, je ne suis pas née chinoise, ni martienne ni verte ni rouge ni que sais-je, je suis moi, aspie,et c'est tout.

[evolution650HBn°2]

Mais là n'est pas ma question Nora.

Lilette ben l'autre fois sur le tchat ce n'est pas ce que tu me disais quand tu me disais "j'ai pas dit que c'était le seul point positif" sous entendant qu'il y en avait plein d'autres que "la concentration/la passion".

[-Nora-]

Bah je ne comprend vraiment pas alors

[Manichéenne]

Je peux essayer de lister des points positifs, mais je n'y crois pas trop moi-même.
-sens de la justice, probité, honnêteté
-rigueur, précision des faits et des détails
-mémoire à long terme, mémoire des faits et des chiffres
-capacités sensorielles, s'émerveiller de tout, percevoir les détails et des stimuli sensoriels que d'autres ignorent
-intérêts : plus que des passions, et devenir de vrais experts
-pensée originale, traiter les sujets autrement, avoir des points de vue originaux, ne pas être un mouton de Panurge, ne pas suivre les modes, accepter de penser différemment de la majorité et de ne pas aimer Britney Spears (Josef, si tu nous lit )...

Le soucis de trouver positif sa condition au point de se dire qu'elle est préférable à son opposé, c'est que ça impliquerait que l'opposé soit moins bien. Donc ça signifie un classement de valeur.

[misty]

Merci pour vos réponses ;
fierté mise à part, qu'est-ce qui fait que vous ne voudriez pas être "quelqu'un d'autre", quelqu'un qui n'a pas toutes ces difficultés ?

C'est une très bonne question... Mais je me dit que quelqu'un qui n'a pas toutes ces difficultés en a peut-être d'autres?
Je ne voudrais pour rien au monde être quelqu'un d'autre, mais là où c'est intéressant c'est que je ne sais pas pourquoi... Peut-être parce que justement les autres ne m'intéressent pas? C'est dur à expliquer, je sais qu'ils existent mais c'est un peu comme si je ne les "voyais" pas... Donc je ne peux me projeter dans rien d'autre que moi (je ne sais pas si c'est clair )

[Flower]

Quand on a appris à s'accepter, quand on a réussi à "faire sa place" dans le monde, malgré les difficultés qu'on peut avoir et en s'appuyant sur ses points forts, on arrive peut-être à ce point où on dit, "je ne voudrais pas être différent, parce que c'est grâce à ce que je suis que j'ai pu arriver à faire ce que j'ai fait". Parfois les gens qui ont réussi quelque chose ont tendance à oublier les difficultés qu'ils ont rencontrées, et mettre plus de poids sur ce qui les a aidé. D'où une perception plus positive de quelque chose qui à la base était une difficulté. Peut-être aussi une plus grande fierté - "ce que j'ai réussi est peut-être en soi normal, mais c'est exceptionnel pour un aspie", parce que justement on a dû se battre davantage.
Mais j'extrapole par rapports à mes propres expériences. J'ai généralement accordé plus de poids à des succès dans des domaines où j'ai des difficultés que là où c'est facile: enchaîner 4 obstacles vaut plus pour moi qu'un 9/10 dans un devoir d'allemand, parce que pour le premier, j'ai dû travailler.

Parfois je me dis que j'aimerais bien être normale, parfois j'aimerais bien juste pouvoir être moi comme je suis. Mon côté hypersensible est souvent difficile à gérer par exemple, mais me permet aussi de vivre plus intensément certains beaux moments. Donc après un tel moment, je me dis que c'est super quand même. Au contraire, quand je suis gênée par un bruit, je me dis, mais quelle plaie ce truc... A mon avis, si j'arrivais à être plus souvent dans le premier état d'esprit, je serais plus heureuse dans ma vie.

[misty]

Parfois je me dis que j'aimerais bien être normale, parfois j'aimerais bien juste pouvoir être moi comme je suis.

C'est ça qui est bizarre, en fait: au fond je me trouve normale, parce que je n'arrive pas à concevoir comment je pourrais être autrement. Je ne peux pas me situer par rapport aux autres parce que je ne peux pas imaginer comment c'est d'être eux.
Mes difficultés, je veux les surmonter juste pour pouvoir vivre, pas dans le sens d'accomplir quelque chose (ce que le corps médical me renvoie souvent, genre "vous êtes courageuse" et cie...). Je me fous d'accomplir quoi que ce soit, parce que ça ne représente rien pour moi.
Je me vois sur un chemin, des fois je tombe, mais je me relève pour continuer sans en faire tout un plat. Depuis les soupçons de SA/HPI, ce qui change c'est que j'ai l'impression d'avoir trouvé une paire de chaussures à ma taille... Ce qui ne changera pas ma façon de marcher, mais rendra peut-être mes pieds moins douloureux.
Cela dit, on continue à tomber même avec de bonnes chaussures...

[carpediem_etc]

L'hyperacousie, ce n'est pas entendre mieux, mais être plus fragile et sensible (dans le sens "douloureux"). Je n'entends d'ailleurs pas très bien... Par contre des sons me font mal. Vis à vis de mes enfants, c'est vraiment gênant parce qu'ils font trop de bruit, leurs cris et leurs pleurs me font physiquement mal, parfois même quand ils parlent trop fort.

Personnellement j'entends trop, tout, de manière trop intense, je n'ai pas de filtre, certains bruits sont très gênants, d'autres carrément anxiogènes. Et rajouter à cela j'analyse constamment ce que j'entends, sans le vouloir, d'où mon exemple sur l'avantage que cela peut représenter parfois pour mes enfants quand ils jouent dans une autre pièce. Mais sinon en ce qui les concerne c'est généralement très pénible et je passe souvent mes fins de journée avec eux avec soit des bouchons d'oreille soit un casque et un bruit brun en fond...

[Lilette]

Pour moi, pouvoir rester enfermée des jours entiers chez moi sans sortir ou voir/parler à personne, sans pour autant m'ennuyer, je trouve ça plutôt pas mal.
Quand je repense à ma frangine quant on étaient gamines qui s'ennuyait au bout de quelques heures, avait besoin de voir ses copines, faire la piplette sans arrêt, déprimait pendant les 2 mois de vacances, bah perso, moi j'me trouve très bien comme je suis.
Que ça ne plaise pas à tout le monde (ce côté perso, renfermé sur soi), ok, tant pis, moi j'avoue que je trouve ça plutôt pas mal.

Après chacun sa vision des choses, c'est mon avis, mon ressenti personnel.

[misty]

Un truc que j'adore autant que je le déteste (ça dépend des jours... ):

[nouvo]

Perso, si j'avais la possibilité de changer, d'être autre je le ferai.
Trop de difficultés / de douleurs aussi. Et en plus on les accumule, alors quand on commence gentiment à prendre de l'âge ça fait un stock pour un simple petit être.
Douleurs physiques, d'ordre émotionnel et décharges électriques au moindre "truc" + le quotidien / rapport aux autres, les efforts. L'émerveillement c'est bien gentil mais ça ne dure qu'un temps.
Douleurs dans la tête, les choix, les blocages.
A titre personnel je ne vois pas trop où serait le ou les avantages sur le plan personnel

[nouvo]

Et en complément (sans doute non des moindres), il est une des raisons (parmi d'autres mais une raison) que je ne souhaite (et ai souhaité) avoir d'enfant(s) : aucune envie de transmettre "ça" ou "SA" (maintenant que je connais la nouvelle orthographe) - ce qui signifie à quel point ma tête/fonctionnement/émotions me sont perçus ou m'ont été perçus tout sauf "normal" et douloureux. Et en soi, sans doute que d'avoir le même résultat de pensée pour d'autres raisons, pouvant être : bruit (enfant(s)), gestion (couple / enfant(s)), moins de tranquillité générale (ou suffisante) ne sont aussi pas si attractives et "normales".. C'est forcément un poids que l'on porte et avec lequel on vit.

Quand on a appris à s'accepter, quand on a réussi à "faire sa place" dans le monde, malgré les difficultés qu'on peut avoir et en s'appuyant sur ses points forts, on arrive peut-être à ce point où on dit, "je ne voudrais pas être différent, parce que c'est grâce à ce que je suis que j'ai pu arriver à faire ce que j'ai fait

peut-être..
.. mais je doute que peu importe la chose elle puisse faire oublier d'autres choses perçues trop difficiles / douloureuses; j'y verrai plus une évolution positive (et sans doute nécessaire à salvatrice) sur une route qui est la nôtre.

[Lilette]

Ce que je voudrais changer, plus que le fait de me changer moi, c'est la réaction des proches, qui, bien qu'au courant, continuent perpétuellement à t'envoyer des piques, font semblant (ou pas ?), ne font même pas l'effort d'essayer de comprendre comment on fonctionne.

C'est peut-être rien pour certains, mais à la longue c'est usant, et blessant. Et franchement j'en ai marre.
Ca sonne à chaque fois comme un "Ne sois pas autiste".
Je veux bien essayer de faire des efforts, pour changer des choses, prendre sur moi, mais les efforts ça va dans les 2 sens.

[carpediem_etc]

Et en complément (sans doute non des moindres), il est une des raisons (parmi d'autres mais une raison) que je ne souhaite (et ai souhaité) avoir d'enfant(s) : aucune envie de transmettre "ça" ou "SA" (maintenant que je connais la nouvelle orthographe.

J'étais pareil, je ne voulais pas d'enfant pour les mêmes raisons que toi et j'avoue que si c'était à refaire je n'en ferai pas...