wererabbit a écrit : ↑jeudi 22 octobre 2020 à 22:15
Merci pour votre réponse. Me voilà pas plus avancé. Plus sérieusement, je me doutais bien qu'un diagnostique n'allait pas changer ma vie, mais cela me permettra quand même de valider ou d'invalider les idées que je me fais sur moi.
Je vais tenter la chose.
Il faut du temps pour intégrer les données du diagnostic, et ensuite on se retrouve un peu seul(e) avec, c'est pourquoi il est parfois difficile de continuer à en parler ici. Je dirais que cela permet de comprendre qu'on n'a pas un truc de travers qu'il faudrait corriger, on est configuré comme ça, et s'il peut valoir la peine de faire des efforts d'adaptation pour s'insérer (essayer d'avoir un travail, et/ou d'être en couple, de fonder une famille, si on estime en ressentir le besoin), il est bon aussi de s'accepter tel(le) qu'on est, de ne pas toujours se demander plus à soi-même (on a un Juge en nous parfois pire que ce qu'on nous demande de l'extérieur), de se donner le droit de ne pas avoir les mêmes besoins sociaux que les autres, d'en avoir même peu, très peu, et d'avoir davantage besoin de récupérer de l'énergie.
Le diagnostic permet aussi de cibler les domaines dans lesquels on ne sait pas faire, où on aurait besoin d'aide, mais là encore, la réponse d'aide n'est souvent pas grand-chose. Sauf les adaptations possibles au travail, avec une RQTH. Comme on manque d'éléments de comparaison avec des "personnes comme nous" (= qui ont le même trouble), il est difficile de comprendre ce qui exactement ne "va pas" (d'un point de vue extérieur). Toute ma vie, j'ai perçu que les gens me trouvaient bizarre et me mettaient à l'écart, mais je ne savais pas en quoi j'étais bizarre, je le percevais seulement de l'extérieur. Après le diagnostic même, cela vient petit à petit, et en y "travaillant" : l'hypersensibilité, les fonctions exécutives, la perception du temps, les répercussions sur la motricité, l'élocution, etc...
wererabbit a écrit : Quand je parle d'Asperger et de Borderline, je pense surtout à la réflexion noir/blanc. D'après ce que j'ai pu lire à droite à gauche , TSA et Borderline "auraient" ce mode de pensée... un peut comme moi. Pour ce qui est du reste, j'ai quelques intérêts restreints (le dessin... je dessine depuis que j'ai su tenir un crayon, et je ne dessine qu'en noir et blanc (sic), j'aime pas trop la couleur... trop d'informations parasites à gérer). Pour le reste, je ne sais pas trop
L'exemple du dessin est un bon exemple de la difficulté à comparer avec d'autres pratiques : tu ne sais pas comment les autres dessinent, quel temps ça leur prend, etc... Tu peux faire la liste de tes "passions", des sujets sur lesquels tu aimes t'informer (ça peut être assez diversifié), et te demander si cela t'absorbe beaucoup dans une journée, si tu en oublies le monde autour de toi quand tu es plongé dedans, si tu emmagasines beaucoup de connaissances par le prisme de ces intérêts spécifiques. Ou encore si ces intérêts sont parfois la seule chose qui te semble donner de l'intérêt à ta vie.
Pour le dessin, est-ce que tu aimes certaines formes en particulier, est-ce que tu aimes les motifs récurrents (ce qu'on appelle les patterns) ? Je n'ai pas une pratique artistique de la photo, je m'en fiche et ne fais des photos que pour moi, mais je me suis rendu compte que je prenais toujours des angles spéciaux, ou des détails qui me faisaient voir autre chose derrière la vue immédiate, souvent d'une manière géométrique, alors que je ne suis pas particulièrement matheuse, mais cette régularité me satisfait profondément. D'un point de vue sonore, je peux aussi me laisser complètement hypnotiser par le bruit des vagues (répétitif, mais avec des variations), ou même de gouttes d'eau tombant sur le sol, si cela forme une sorte de séquence sonore. Et là, par exemple, j'oublie de traverser, de prendre le tram qui arrive, etc...
J'espère t'apporter un peu de pistes, même si, bien sûr, c'est personnel et n'est pas immédiatement transposable à ton cas.
Diagnostic d'autisme juillet 2019.