"Mais pourquoi tu veux absolument être autiste???"

[evolution650HBn°2]

Par association d'idées, ton post me fait poser la question suivante (si tu estimes qu'elle n'y a pas sa place dis-le moi et je la mettrai ailleurs) ;

on lit plus ou moins souvent "fier d'être autiste", "je ne changerai pour rien au monde" etc.
Je ne suis pas diag, mais si jamais il s'avérait que j'étais bel et bien aspi, alors vraiment je ne vois aucun avantage à l'être ; du coup ces phrases me questionnent :
quels sont les avantages à être autistes, avantages qui font dire "je ne veux pas changer" ?

Ok il y a la capacité de concentration et la plaisance ressenti lorsqu'on' est dans nos intérêts, mais ça des NT passionnés le ressentent je suppose aussi, donc à part ça ?

[carpediem_etc]

Je ne suis pas fière de penser que je puisse être aspie, au mieux soulagée. Mais peut-être que comme le SA étaient encore récemment une maladie psy (au même titre que... l'épilepsie il y a quelques dizaines d'années !), certains se disent fière parce qu'il n'y a pas de quoi en avoir honte.

Neuro atypique je le suis assurément, et je suis toute entière comme ça, on ne peut pas trier le "bon" du "mauvais".
J'aime avoir des intérêts spécifiques et de me plonger corps et âme dans un sujet le temps que je sois rassasiée, j'aime m'émerveiller de choses comme une enfant. Mon hyperacousie, aussi fatiguante soit-elle, est aussi utile et me permet par exemple de visualiser ce que font mes enfants sans avoir forcement à regarder et me déplacer. Mon hypersensibilité sensorielle fait que si je suis d'humeur et réceptive, le plaisir sexuel est très puissant.

Est-ce que je voudrais que certaines situations soient différentes et plus faciles ? Evidemment. Est-ce que voudrais être une autre personne ? Plus maintenant, non.

[Lilette]

Est-ce que je voudrais que certaines situations soient différentes et plus faciles ? Evidemment. Est-ce que voudrais être une autre personne ? Plus maintenant, non.

[misty]

Je ne suis pas fière de penser que je puisse être aspie, au mieux soulagée. Mais peut-être que comme le SA étaient encore récemment une maladie psy (au même titre que... l'épilepsie il y a quelques dizaines d'années !), certains se disent fière parce qu'il n'y a pas de quoi en avoir honte.

Neuro atypique je le suis assurément, et je suis toute entière comme ça, on ne peut pas trier le "bon" du "mauvais".
J'aime avoir des intérêts spécifiques et de me plonger corps et âme dans un sujet le temps que je sois rassasiée, j'aime m'émerveiller de choses comme une enfant. Mon hyperacousie, aussi fatiguante soit-elle, est aussi utile et me permet par exemple de visualiser ce que font mes enfants sans avoir forcement à regarder et me déplacer. Mon hypersensibilité sensorielle fait que si je suis d'humeur et réceptive, le plaisir sexuel est très puissant.

Est-ce que je voudrais que certaines situations soient différentes et plus faciles ? Evidemment. Est-ce que voudrais être une autre personne ? Plus maintenant, non.

100% d'accord!
Et je ne comprends pas du tout ce "fier d'être autiste" que j'ai pu lire aussi... Comme s'il fallait obligatoirement soit avoir honte soit être fier de quelque chose. Qu'on ne puisse pas juste simplement l'accepter, vivre avec... Enfin, ça m'échappe, quoi...

[Lilette]

Moi je ne suis fière de rien, je suis comme je suis.
Comme disait Liya dans un autre.fil, comment être fier de quelque chose que tu n'as pas choisi, tu es c'est tout.
Après comme dit Carpediem, non je ne voudrais pas changer, ça fait partie de moi. Changer signifie ne plus être toi, et quoi à la place !?
Atténuer les côtés négatifs c'est certain, mais changer, être quelqu'un d'autre, certainement pas.
(Et désolée pour le double post, sur le tel c'est galère, et je devais réfléchir à ma réponse).

[Manichéenne]

Je ne comprends pas comment on peut être fier d'une caractéristique donc on ne pourrait pas féliciter autrui. Je ne me vois pas dire à quelqu'un "Autiste ! Waow, tu en as de la chance/du mérite !".

A contre courant visiblement : je n'aime pas avoir des intérêts spécifiques.
Bien sûr quand je n'en ai pas (c'est rare et temporaire : plus rien à lire, phase "down"...) ça me manque, de pouvoir me plonger à fond dans un sujet, d'apprendre et de ne pas m'ennuyer. Mais pourtant ça ne me fait pas plaisir. Franchement, ce n'est pas une super vie de passer des heures à lire des jurisprudence pendant des mois, pour contrer mon angoisse du travail. Ce n'est pas super enrichissant de se documenter sur les accouchements et les structures d'accompagnement pendant des années. Avec comme conséquence de devoir absolument éviter le sujet avec les femmes qui dans leur immense majorité ne connaissent que des fausses-vérités sur le sujet, et se vexent facilement si je parle librement. Et puis ce n'est pas amusant non plus de citer des tas de chiffres sur la santé mentale, de cacher mes activités réelles, de voir les gens (même autistes !) me fuir parce que je parle d'automutilation, je pense automutilation, je vis pour l'automutilation, je synthétise, je prends des notes, je lis les études, je tire des déductions depuis des années sur les milliers de témoignages que j'ai lu, que les recherches actuelles commencent à peine à montrer. Et je cache qui je suis au monde, je reste à côté du monde parce que ce n'est pas socialement acceptable.
Déjà enfant, lorsque je me passionnais pour les araignées, on me faisait vite arrêter (contrairement à d'autres sujets, là les gens disent très clairement stop, ça les gène ou leur fait peur).
Peut être que si j'avais des intérêts socialement valorisés, que j'échangeais sur les mangas ou les chevaux, je me sentirais plus normale, plus acceptée, peut être que je trouverais des gens avec qui discuter.

L'hyperacousie, ce n'est pas entendre mieux, mais être plus fragile et sensible (dans le sens "douloureux"). Je n'entends d'ailleurs pas très bien... Par contre des sons me font mal. Vis à vis de mes enfants, c'est vraiment gênant parce qu'ils font trop de bruit, leurs cris et leurs pleurs me font physiquement mal, parfois même quand ils parlent trop fort.

[evolution650HBn°2]

Merci pour vos réponses ;
fierté mise à part, qu'est-ce qui fait que vous ne voudriez pas être "quelqu'un d'autre", quelqu'un qui n'a pas toutes ces difficultés ?

[-Nora-]

Merci pour vos réponses ;
fierté mise à part, qu'est-ce qui fait que vous ne voudriez pas être "quelqu'un d'autre", quelqu'un qui n'a pas toutes ces difficultés ?

La peur du changement et de l'inconnu ?
Les gens ne comprennent pas pourquoi, même s'il existait un moyen, je ne souhaiterais pas pouvoir voir de mon œil aveugle.
Mais je suis née comme ça, j'ai toujours vu et connu le monde à travers mon seul œil valide.
Cette vision est ma réalité.

Et puis qu'est-ce qui défini ce que l'on est ?
Simplement notre corps ou bien notre "esprit" ?
Changer de manière d'être, de penser, d'agir, cela revient à ne plus être nous.
Mais alors, si nous ne sommes plus nous, qui sommes nous ? Que devenons nous ?
Sans compter le fait que nous sommes nés comme ça, notre réalité du monde c'est notre vision de celui-ci à travers notre autisme.
Voir le monde sans l'autisme ou voir le monde avec deux yeux sains, au final c'est pareil, cela fait que la réalité que nous avons toujours connu risque de changer.

Alors oui, il y a de mauvais côtés et certains arrivent à trouver de bons côtés.
Mais ça c'est pareil partout.
Serions nous réellement gagnant de ne plus être autiste ?
Arriverions nous à nous adapter à ce nouveau mode de vie ?

Personnellement, je suis très réfractaire au changement.
Je préfère largement apprendre à vivre avec et gérer mon autisme/ma monophtalmie que de me l'enlever.

[Lilette]

Nora juste Bravo & Merci

[evolution650HBn°2]

Ben quand la réalité qu'on a toujours connu est galère, j'ai du mal à comprendre pourquoi on ne voudrait pas "ne pas être autiste".

Mais ma question porte plus sur ces avantages que je ne vois pas que sur le débat philosophique du "si je ne suis plus moi qui suis-je ?" (d'autant qu'il n'y aurait pas à s'adapter à ce nouveau moi, puisque l'ancien moi n'existerait pas/plus).

[Manichéenne]

Soit on s'accepte tel qu'on est, et il n'est pas nécessaire de vouloir changer.
Soit on ne souhaite pas être, et alors la question ne se pose pas.

Je me rends compte que c'est un peu trop binaire là. Bon, re-réflexion pour être moins... manichéenne.
Je suppose qu'on peut vouloir vivre tout en souhaitant changer. Mais changer l'autisme, est-ce ne plus exister et mettre quelqu'un d'autre à la place ? Qu'est-ce qui défini le soi ? Garder ses souvenirs, n'est-ce pas l'essentiel ?
Je crois que s'il était possible d'essayer de ne plus être SA pendant quelques temps, un traitement réversible, je le ferais. Pour pouvoir me décider en connaissance de cause.
Nous évoluons tout le temps, personne n'est figé, alors refuser de changer est une absurdité. Mais décider de manière définitive et importante sans bien saisir les impacts, non.

Il y a tellement de petites ou grandes choses pour lesquelles j'accepterais de changer si on me le proposais, que j'ai du mal à comprendre pourquoi d'une manière globale le choix serait différent.
Bien sûr que je ne voudrais pas perdre mon sens de la justice, me mettre à tricher et mentir, par exemple.
Pour autant, je voudrais bien ressentir normalement, ne pas avoir mal au moindre rayon de soleil, ne pas réaliser à 19h que je n'ai pas bu de la journée (pour reprendre un des exemples de had, exemple sur lequel j'aurai aimé lire bien plus tôt). J'aimerai bien pouvoir interagir normalement avec mes collègues, mes voisins ou les parents d'élèves. etc.
Bon, je n'ai pas vraiment envie de m'extasier sur de la télé-réalité, mais est-ce que c'est vraiment lié au SA ?

[evolution650HBn°2]

Visiblement je ne suis pas claire du tout.
Pas grave.

[Manichéenne]

J'ai écrit pendant que tu postais ton dernier message, donc je suis effectivement hors-sujet, désolée.
Mais comme je ne souhaite pas rester moi-même, je ne suis pas bien placée pour répondre à ta question.

[-Nora-]

Ben quand la réalité qu'on a toujours connu est galère, j'ai du mal à comprendre pourquoi on ne voudrait pas "ne pas être autiste".

Tu sais quelle galère tu quitte mais tu ne sais pas réellement quelle galère tu va retrouver.
Et la peur du changement tout simplement.
Cela ne te ferais pas flipper toi, de risquer de ne plus voir et percevoir le monde comme tu l'a toujours vécu jusqu'ici ?

Je vais reprendre mon exemple, c'est parlant au moins.
Je suis borgne, je ne vois pas en 3D et j'ai un grand angle mort à droite.
Cela fait que je n'ai pas le droit de passer le permis E ou plus, je me cogne, je trébuche, je raye ma voiture, si je monte debout sur une chaise j'ai peur parce que je n'apprécie pas du tout la hauteur, je me cogne dans des gens et me fait engueuler parce que eux, bien qu'ils m'aient vu, ne se sont pas poussés alors que c'est simplement que je ne pouvais pas les voir. Je me fais souvent peur toute seule avec les choses qui arrivent par ma droite subitement dans mon champ de vision. Mon œil valide fatigue, est myope comme pas possible et est photophobe.
C'est clair que quand on pense à ça, avoir un deuxième œil ce serait cool. Je pourrais percevoir la 3D, j'aurais un champ de vision grave grand et mon autre œil fatiguerait moins.
Mais avoir deux yeux changerait totalement ma perception du monde et ça, c'est flippant.

Après peut-être que tu n'arrive pas à comprendre à quel point ça peut être paniquant, ne serait-ce que de penser au fait que sa vision du monde puisse changer.
Mais comme je l'ai dit, personnellement, je suis très réfractaire au changement, quitte à rester dans une situation handicapante en effet.

[evolution650HBn°2]

Nora, sauf que le problème ne se poserait pas puisque tu ne serais pas "toi dans la tête de qqun d'autre", il n'y aurait pas de changement, et là n'est pas la question.

Me demande juste quels sont les avantages de l'autisme perçus par ceux qui disent ne vouloir changer pour rien au monde, voire que c'est mieux de l'être (autiste).