Jacques Hochmann
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Jacques Hochmann
Un texte récent publié dans le dernier numéro de la revue Sésame(de Sésame-Autisme) :
IMITATION OU IDENTIFICATION
(À PROPOS DE QUELQUES TRAVAUX RÉCENTS SUR L'IMITATION CHEZ LES ENFANTS AUTISTES)
JACQUES HOCHMANN
http://www.cra-rhone-alpes.org/IMG/pdf_ ... cation.pdf
Je trouve cet article intéressant à lire. Il s'agit d'un psy bien renseigné sur les recherches en cours, clair dans les explications, et avec qui j'espère qu'un débat puisse se dérouler correctement.
J'ai parcouru la dernière partie du livre (L'autisme au présent) et j'y ai trouvé des choses intéressantes. Evidemment, Autisme France est à plusieurs reprises critiquée ...
Cela n'a rien à voir avec des livres comme celui des PUR.
IMITATION OU IDENTIFICATION
(À PROPOS DE QUELQUES TRAVAUX RÉCENTS SUR L'IMITATION CHEZ LES ENFANTS AUTISTES)
JACQUES HOCHMANN
http://www.cra-rhone-alpes.org/IMG/pdf_ ... cation.pdf
Je trouve cet article intéressant à lire. Il s'agit d'un psy bien renseigné sur les recherches en cours, clair dans les explications, et avec qui j'espère qu'un débat puisse se dérouler correctement.
J'ai parcouru la dernière partie du livre (L'autisme au présent) et j'y ai trouvé des choses intéressantes. Evidemment, Autisme France est à plusieurs reprises critiquée ...
Cela n'a rien à voir avec des livres comme celui des PUR.
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Intervenant dans le débat au sujet du packing et de Pierre Delion, un texte à lire (mais pas avant de se coucher) :
UN PHÉNOMÈNE SOCIAL : L’AUTISME, par Jacques Hochmann
http://www.balat.fr/spip.php?article612
Il n'est pas interdit de réagir.
UN PHÉNOMÈNE SOCIAL : L’AUTISME, par Jacques Hochmann
http://www.balat.fr/spip.php?article612
Il n'est pas interdit de réagir.
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Quand on aborde l'autisme et l'asperger à l'âge adulte comme moi, je pense que c'est quelques chose qu'il faut bien avoir en tête pour ne pas se tromper. Notamment quand on n'a pas été diagnostiqué officiellement et qu'on navigue un peu en solo. Je veux dire qu'il faut savoir pourquoi on vient ici et ce qu'on en attend. Moi, je suis là surtout parce qu'il n'y a qu'ici que j'ai trouvé d'autres cas d'alimentation comme la mienne."La définition de l’autisme.
[…] Or certaines associations de parents, d’abord aux États-Unis puis en Europe, font pression pour inclure dans ce qui s’appelle désormais « trouble du spectre autistique » une très grande diversité de pathologies et de handicaps allant de l’arriération mentale profonde, quelle qu’en soit l’origine, à des formes d’intelligence et de mémoire particulières, manifestées parfois par des dons intellectuels étonnants associés à une certaine maladresse dans les relations sociales, qu’on a baptisées« syndrome d’Asperger ». […] "
J'ai entamé un travail de réflexion depuis 2 ans qui vise à comprendre qui je suis à la fois pour me sentir mieux dans ma peau, mais aussi pour choisir des stratégies d'amélioration adaptées à mon cas. Et pour les jeunes qui rejettent ce genre d'approche psychologique, je leur confirme que c'est quand même bien utile. J'ai appris beaucoup de choses et aujourd'hui j'ai plus d'espoir pour mon avenir alors que je suis descendu très bas à plusieurs reprises ces dernières années."La question des origines
[…] La psychanalyse bien comprise et les hypothèses qu’elle permet de faire sur la psychopathologie de l’autisme n’ont aucune prétention causale. Elles cherchent à élucider les mécanismes qu’utilise un enfant, privé, pour toutes sortes de raisons, en grande partie biologiques, d’une communication normale avec son environnement, afin d’organiser sa représentation du monde. Elles visent à donner sens aux symptômes et à les relier entre eux dans un récit ordonné dont l’enfant peut se saisir pour établir une articulation cohérente entre les événements de sa vie. […] "
Pour le reste du texte, l'auteur massacre "les associations extrémistes". Comme Jean j'en déconseille la lecture aux personnes qui s'investissent pour aider les familles autistes. Si l'auteur a une vie parfaite et sans souffrance, tant mieux pour lui, mais je trouve qu'il manque sérieusement de compassion et d'empathie (je dis ça, mais je fais souvent pareil par maladresse, à la différence que je ne me fais pas payer pour donner mon avis).
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Autisme : deux siècles de polémique
Rencontre avec Jacques Hochmann
article publié dans le numéro de juillet de "Sciences Humaines". Le texte de l'interview :
http://www.scienceshumaines.com/autisme ... 23972.html
Rencontre avec Jacques Hochmann
article publié dans le numéro de juillet de "Sciences Humaines". Le texte de l'interview :
http://www.scienceshumaines.com/autisme ... 23972.html
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Un commentaire d'un ancien interne en psychiatrie de Lyon au sujet de l'article du Dr Hochmann :
http://www.balat.fr/spip.php?article612#forum197
avec plus loin uneréponse du Dr H.
A suivre sur :Voilà un texte de J. Hochmann, toujours brillant (références à Bion, Winnicott...) et se voulant consensuel mais il s’agit du même discours depuis 20 ans que j’écoutais en direct quand j’étais interne en psychiatrie à Lyon. Autisme France et d’autres sont sectaires... "Si la psychiatrie a été sectaire... depuis le sectarisme a changé de camp " écrivait-il, il y a 20 ans. La phrase m’avait marqué déjà à l’époque et je revois ici le concept recyclé de nouveau.
http://www.balat.fr/spip.php?article612#forum197
avec plus loin uneréponse du Dr H.
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Dans le dernier numéro de Sésame-Autisme (3ème T.2009) :
Défense d'une approche multidimensionnelle de l'autisme infantile
Il y a quelques années, le philosophe Edgar Morin se proposait d' << unir des notions antagonistes pour penser les processus organisateurs et créateurs dans les mondes complexes de la vie et de l'histoire humaine » I. Cet éloge de la complexité mérite d'être repris pour penser le traitement des enfants autistes. Certes, toute démarche scientifique commence par une réduction. On isole un objet et on spécifie des méthodes pour étudier ou traiter cet objet, également pour évaluer la pertinence de ces méthodes. De ce point de vue, la méthode A.B.A. et les autres méthodes dérivées du comportementalisme et du conditionnement opérant, qui connaissent actuellement une grande vogue, sont dans la ligne du réductionnisme scientifique.
Mais ce que montrait alors Edgar Morin, et ce que confirment aujourd'hui tous les spécialistes des neurosciences, c'est que l'approche réductionniste n'a qu'un temps et des objectifs limités. Le cerveau est un organe complexe, formé d'innombrables synapses connectées entre elles de telle manière que ce qui se passe en un point retentit nécessairement sur l'ensemble ou, au moins, sur une large partie de l'ensemble. C'est, en outre, un organe doué d'initiative et qui ne se contente pas, comme le postulaient les fondateurs du béhaviorisme, de réagir de manière réflexe à des stimulations externes. Il possède des compétences innées, fruits de l'évolution des espèces, et est dépositaire d'une histoire constituée et remaniée tout au long de la vie2. Les développements actuels de la neurophysiologie de l'action amènent à y distinguer l'agent, c'est-à-dire le niveau de « conscience minimale de soi » qui s'exprime dans un acte auto- attribué (« c'est moi qui ai fait ça ») et l'auteur, c'est- à-dire le sujet volontaire d'un acte, celui qui en a pris la décision et qui intègre cet acte dans le cours de son projet de vie3. On peut imaginer que le conditionnement opérant (le renforcement de l'action souhaitée par des récompenses) modifie l'agent et contribue à faire disparaître des comportements nuisibles (comme une automutilation) et à développer des modes de communication socialement adaptés.
Il est plus difficile de comprendre comment le conditionnement opérant, à lui tout seul, pourrait modifier, au long cours, l'auteur et sa conscience de soi. En tous cas, les validations des méthodes d'inspiration comportementaliste qui sont actuellement publiées ne prennent pas en compte cette distinction entre l'auteur et l'agent. Soyons clair, il n'est' pas question dans ce court article de discuter 'apport des méthodes éducatives. Refuser de s'engager dans une démarche éducative avec un enfant autiste sous prétexte d'attendre l'émergence d'un désir ou de respecter dans un symptôme l'expression authentique de ce désir s'apparente à une maltraitance. Comme tous les enfants, les enfants autistes ont besoin d'éducation. Or, toute éducation, quelle qu'elle soit, avec tous les enfants, contient des éléments de renforcement des comportements utiles et d'évitement des comportements inadaptés. Avec des enfants en grande difficulté de communication et de socialisation, comme le sont les enfants autistes, il peut être nécessaire de recourir, pour répondre à des objectifs éducatifs précis, à des méthodes spécifiques. On ira même plus loin, en reconnaissant qu'une des caractéristiques des troubles autistiques est un déficit des capacités de généralisation d'un acquis, une difficulté à se détacher de cet acquis et une tendance à le reproduire à l'identique.
On sait, aujourd'hui, que cette difficulté à transposer un geste ou une notion dans un autre contexte a quelque chose à voir avec des modalités perceptives particulières qui privilégient le détail au détriment d'une perception de la cohérence d'un ensemble 4. On dit souvent, et on n'a pas tort, qu'à ces enfants « il faut tout apprendre » et qu'il faut savoir reprendre à la base un apprentissage, dès lors que l'enfant se trouve dans une situation nouvelle pour lui. De notre point de vue, les psychothérapies individuelles ou groupales, elles-mêmes, celles du moins qui sont efficaces auprès de ces enfants et adaptées à, leurs modes particuliers de fonctionnement mental, contiennent une bonne dose de prescriptions et d'interventions à visée éducative. Au sens large, elles peuvent être considérées comme une pédagogie de la reconnaissance et de l'organisation des émotions, fondées sur un partage d'affects dans une situation codifiée, dont la répétition régulière et prolongée (sur des années) permet la constitution d'une histoire commune.
Nous voudrions ici défendre l'idée qu'un des grands problèmes auxquels se trouvent confrontés les enfants autistes est une gêne à se constituer un récit intérieur, ce que le philosophe Paul Ricœur appelait une « identité narrative n5. Il soutenait que ce qui nous permet de nous situer dans l'existence comme auteurs de nos actes et d'accéder à l'autonomie d'un sujet, à ce qu'il nommait une « ipséité » (du latin ipse, soi-même), c'est un fond narratif, la réponse, à peine perceptible, mais toujours là, à la question qui suis-je ? D, sur le mode d'un récit raconté à soi-même ou, potentiellement, à un tiers dont la reconnaissance nous est assurée.
Or, une expérience clinique de quarante années, dans la rencontre quotidienne avec des enfants et des adolescents autistes, avec leurs parents et avec ceux qui, enseignants, éducateurs ou soignants tentent de les aider à s'intégrer à l'école ou plus largement dans la société, nous a convaincu de la difficulté de l'autiste à établir ce fond narratif pré- conscient sur lequel prennent sens les événements de la vie. Non que les enfants autistes n'aient pas de souvenirs. Leur mémoire, on le sait, est parfois exceptionnelle. Mais ces souvenirs sont souvent juxtaposés, formant une série de diapositives, immuables et rétroprojetées l'une à côté des autres, avec peu de liens narratifs entre elles, comme si elles étaient toujours au présent et qu'il leur manquait les fluctuations inévitables, les transformations insensibles qui accompagnent nécessairement l'évocation d'une image ou d'une scène mises au passé et rappelées dans un présent diversement coloré d'affects différents (joyeux, tristes ou simplement nostalgiques).
Sans négliger, encore une fois, la dimension éducative et la nécessité, pour l'enfant, d'acquérir des compétences et des connaissances, nous avons voulu nous mettre au service d'un projet (appelons- le, pour faire court, thérapeutique ou, mieux, soignant) qui contribuerait à établir ou à rétablir un flux narratif empêché. Pour cela la collaboration des parents était essentielle. Ne sont-ils pas les premiers témoins, en grande partie les CO-auteurs et toujours les gardiens de l'histoire de leur enfant ? Nous leur avons demandé de nous la raconter et inlassablement de nous la re-raconter, en présence de l'enfant ou en son absence. Cette alternance a son intérêt :on ne raconte pas la même histoire dans les deux situations et la différence de ces deux récits permet l'instauration d'un troisième récit, qui met les deux premiers en dialogue, qui complexifie l'activité narrative. Ce troisième récit est celui que ses thérapeutes essaient de se raconter entre eux d'abord puis de raconter à l'enfant, éventuellement en soutenant leur narration par des éléments concrets fournis par les parents, des photos, des cassettes vidéo ou audio, et en la mettant en relation avec les événements qui émaillent leurs relations avec l'enfant.
Il nous est apparu important que ces relations se développent sur un fond institutionnel lui-même diversifié. En passant d'un lieu à un autre, de sa séance de thérapie individuelle à un groupe de paroles ou d'activités, du groupe à une séance d'orthophonie ou de psychomotricité, du centre de soins à l'école, de l'école dans un club sportif, de loisir ou dans un des équipements culturels de la cité, l'enfant fait l'expérience de la différence. Accompagné et soutenu par ses parents et par ses soignants à travers ces changements d'espace, il apprend à les mettre en lien et à les inscrire dans une dimension temporelle (celle de l'avant et de l'après). Il apprend surtout, avec l'aide de ses accompagnants à articuler un espace avec l'autre et à construire ce tissu narratif qui permet, comme autant de broderies successives, d'évoquer un espace dans un autre, un interlocuteur absent en présence d'un autre. Peu à peu, parce qu'il est continuellement sollicité dans cette dimension narrative, parce qu'on lui demande et re-demande de raconter ce qui lui est arrivé (tout en respectant évidemment son intimité et son droit à la réserve et à la discrétion), parce qu'on ne cesse de lui raconter et de lui re-raconter les épisodes vécus en commun, il découvre le plaisir de la mise en récit de son expérience.
Cet investissement par un certain plaisir, analogue au plaisir du jeu, est essentiel. Souvent, il est d'abord éprouvé par les parents et les soignants, dans leurs échanges à propos de l'enfant, où on peut commencer à relier un comportement à un autre, à donner de la cohérence et un certain mouvement vivant à ce qui s'enfermait dans l'automatisme et la stéréotypie. Il est ensuite transmis à l'enfant qui peut s'identifier très progressivement (en passant peut-être par un premier temps d'imitation) au plaisir de ses interlocuteurs et commencer à l'éprouver à son tour. Au fil des années, nous avons ainsi pu constater que nombre d'enfants que nous avions connus quasi mutiques non seulement acquéraient un langage articulé mais pouvaient utiliser ce langage pour raconter ce qui leur arrivait, en semblant trouver dans ce récit un réel plaisir. Par ailleurs, ces enfants, devenus adolescents puis jeunes adultes, semblaient, tout en conservant un certain handicap, nécessitant la poursuite d'une surveillance et d'une assistance adaptée, avoir acquis une autonomie suffisante pour maîtriser, au moins partiellement, l'organisation de leur vie quotidienne, se déplacer dans la ville, trouver des possibilités de loisir à leur goût et à leur mesure. Nous avons alors fait l'hypothèse que ces bénéfices, en grande partie liés à l'aide attentive et chaleureuse qu'ils avaient reçue de leurs familles, avaient quelque rapport avec la constitution de l'enveloppe narrative que nous nous étions attachés à leur procurer.
L'attitude commune de certains d'entre eux, lors du départ récent à la retraite de celle qui fut, pendant des années, leur thérapeute6 semble confirmer cette hypothèse. Lors d'un cc pot de départ >> où parents, jeunes et anciens membres de l'équipe étaient réunis ,les jeunes ont spontanément choisi d' apporter à la thérapeute divers collages réalisés à plusieurs et qui témoignaient à la fois d'une reprise historique de ce qu'ils avaient vécu, pendant de nombreuses années, et, de manière émouvante, de leur gratitude. Ils ont semblé prendre un vif plaisir à rencontrer réunis des interlocuteurs significatifs et à commémorer avec eux le passé. Leur capacité à se séparer et à investir, éventuellement, de nouveaux lieux thérapeutiques, où ils pourraient trouver une prolongation de l'aide qu'ils avaient reçue, a montré une capacité à se détacher de ce passé sans l'effacer et en restant capables de se le remémorer.
Il est possible qu'un jour, les progrès des neurosciences, en particulier de l'imagerie fonc-tionnelle, permettent de donner un fondement visible à ces hypothèses encore purement cliniques. Il sera possible, peut-être, de montrer la remise en route de certains circuits nécessaires à la cons-titution d'un récit intérieur base de la conscience d'être l'auteur de soi-même. En attendant on ne saurait trop, à notre avis, favoriser avec le rapprochement des méthodes l'articulation des points de vue plutôt que leur opposition stérile, la pensée plurielle plutôt que la pensée unique. Comme le disait, il y a peu, un élève de Paul Ricœur, Olivier Abel, dans un colloque consacré à la mise en dialogue des neurosciences et de la clinique du grand handicap psychique ou mental, <c on n'a jamais fini de faire le tour de quelqu'un »7 .
Jacques HOCHMANN
Professeur émérite à l'Université Claude Bernard de Lyon
1.E. Morin (20041, L'éthique complexe, Paris, Le Seuil.
2. F. Ansermet, P. Magistretti (20041, À chacun son cerveau, plasticité neuronale et inconscient, Paris, O. Jacob.
3.M. Jeannerod (à paraître), Le Cerueau uolontaire, Paris, O.Jacob.
4 .L. Mottron (20041, Cautisme, une autre intelligence, Sprimont (Belgique), Mardaga.
5. P. Ricœur (1990) Soi-même comme un autre, Paris, Le Seuil.
Défense d'une approche multidimensionnelle de l'autisme infantile
Il y a quelques années, le philosophe Edgar Morin se proposait d' << unir des notions antagonistes pour penser les processus organisateurs et créateurs dans les mondes complexes de la vie et de l'histoire humaine » I. Cet éloge de la complexité mérite d'être repris pour penser le traitement des enfants autistes. Certes, toute démarche scientifique commence par une réduction. On isole un objet et on spécifie des méthodes pour étudier ou traiter cet objet, également pour évaluer la pertinence de ces méthodes. De ce point de vue, la méthode A.B.A. et les autres méthodes dérivées du comportementalisme et du conditionnement opérant, qui connaissent actuellement une grande vogue, sont dans la ligne du réductionnisme scientifique.
Mais ce que montrait alors Edgar Morin, et ce que confirment aujourd'hui tous les spécialistes des neurosciences, c'est que l'approche réductionniste n'a qu'un temps et des objectifs limités. Le cerveau est un organe complexe, formé d'innombrables synapses connectées entre elles de telle manière que ce qui se passe en un point retentit nécessairement sur l'ensemble ou, au moins, sur une large partie de l'ensemble. C'est, en outre, un organe doué d'initiative et qui ne se contente pas, comme le postulaient les fondateurs du béhaviorisme, de réagir de manière réflexe à des stimulations externes. Il possède des compétences innées, fruits de l'évolution des espèces, et est dépositaire d'une histoire constituée et remaniée tout au long de la vie2. Les développements actuels de la neurophysiologie de l'action amènent à y distinguer l'agent, c'est-à-dire le niveau de « conscience minimale de soi » qui s'exprime dans un acte auto- attribué (« c'est moi qui ai fait ça ») et l'auteur, c'est- à-dire le sujet volontaire d'un acte, celui qui en a pris la décision et qui intègre cet acte dans le cours de son projet de vie3. On peut imaginer que le conditionnement opérant (le renforcement de l'action souhaitée par des récompenses) modifie l'agent et contribue à faire disparaître des comportements nuisibles (comme une automutilation) et à développer des modes de communication socialement adaptés.
Il est plus difficile de comprendre comment le conditionnement opérant, à lui tout seul, pourrait modifier, au long cours, l'auteur et sa conscience de soi. En tous cas, les validations des méthodes d'inspiration comportementaliste qui sont actuellement publiées ne prennent pas en compte cette distinction entre l'auteur et l'agent. Soyons clair, il n'est' pas question dans ce court article de discuter 'apport des méthodes éducatives. Refuser de s'engager dans une démarche éducative avec un enfant autiste sous prétexte d'attendre l'émergence d'un désir ou de respecter dans un symptôme l'expression authentique de ce désir s'apparente à une maltraitance. Comme tous les enfants, les enfants autistes ont besoin d'éducation. Or, toute éducation, quelle qu'elle soit, avec tous les enfants, contient des éléments de renforcement des comportements utiles et d'évitement des comportements inadaptés. Avec des enfants en grande difficulté de communication et de socialisation, comme le sont les enfants autistes, il peut être nécessaire de recourir, pour répondre à des objectifs éducatifs précis, à des méthodes spécifiques. On ira même plus loin, en reconnaissant qu'une des caractéristiques des troubles autistiques est un déficit des capacités de généralisation d'un acquis, une difficulté à se détacher de cet acquis et une tendance à le reproduire à l'identique.
On sait, aujourd'hui, que cette difficulté à transposer un geste ou une notion dans un autre contexte a quelque chose à voir avec des modalités perceptives particulières qui privilégient le détail au détriment d'une perception de la cohérence d'un ensemble 4. On dit souvent, et on n'a pas tort, qu'à ces enfants « il faut tout apprendre » et qu'il faut savoir reprendre à la base un apprentissage, dès lors que l'enfant se trouve dans une situation nouvelle pour lui. De notre point de vue, les psychothérapies individuelles ou groupales, elles-mêmes, celles du moins qui sont efficaces auprès de ces enfants et adaptées à, leurs modes particuliers de fonctionnement mental, contiennent une bonne dose de prescriptions et d'interventions à visée éducative. Au sens large, elles peuvent être considérées comme une pédagogie de la reconnaissance et de l'organisation des émotions, fondées sur un partage d'affects dans une situation codifiée, dont la répétition régulière et prolongée (sur des années) permet la constitution d'une histoire commune.
Nous voudrions ici défendre l'idée qu'un des grands problèmes auxquels se trouvent confrontés les enfants autistes est une gêne à se constituer un récit intérieur, ce que le philosophe Paul Ricœur appelait une « identité narrative n5. Il soutenait que ce qui nous permet de nous situer dans l'existence comme auteurs de nos actes et d'accéder à l'autonomie d'un sujet, à ce qu'il nommait une « ipséité » (du latin ipse, soi-même), c'est un fond narratif, la réponse, à peine perceptible, mais toujours là, à la question qui suis-je ? D, sur le mode d'un récit raconté à soi-même ou, potentiellement, à un tiers dont la reconnaissance nous est assurée.
Or, une expérience clinique de quarante années, dans la rencontre quotidienne avec des enfants et des adolescents autistes, avec leurs parents et avec ceux qui, enseignants, éducateurs ou soignants tentent de les aider à s'intégrer à l'école ou plus largement dans la société, nous a convaincu de la difficulté de l'autiste à établir ce fond narratif pré- conscient sur lequel prennent sens les événements de la vie. Non que les enfants autistes n'aient pas de souvenirs. Leur mémoire, on le sait, est parfois exceptionnelle. Mais ces souvenirs sont souvent juxtaposés, formant une série de diapositives, immuables et rétroprojetées l'une à côté des autres, avec peu de liens narratifs entre elles, comme si elles étaient toujours au présent et qu'il leur manquait les fluctuations inévitables, les transformations insensibles qui accompagnent nécessairement l'évocation d'une image ou d'une scène mises au passé et rappelées dans un présent diversement coloré d'affects différents (joyeux, tristes ou simplement nostalgiques).
Sans négliger, encore une fois, la dimension éducative et la nécessité, pour l'enfant, d'acquérir des compétences et des connaissances, nous avons voulu nous mettre au service d'un projet (appelons- le, pour faire court, thérapeutique ou, mieux, soignant) qui contribuerait à établir ou à rétablir un flux narratif empêché. Pour cela la collaboration des parents était essentielle. Ne sont-ils pas les premiers témoins, en grande partie les CO-auteurs et toujours les gardiens de l'histoire de leur enfant ? Nous leur avons demandé de nous la raconter et inlassablement de nous la re-raconter, en présence de l'enfant ou en son absence. Cette alternance a son intérêt :on ne raconte pas la même histoire dans les deux situations et la différence de ces deux récits permet l'instauration d'un troisième récit, qui met les deux premiers en dialogue, qui complexifie l'activité narrative. Ce troisième récit est celui que ses thérapeutes essaient de se raconter entre eux d'abord puis de raconter à l'enfant, éventuellement en soutenant leur narration par des éléments concrets fournis par les parents, des photos, des cassettes vidéo ou audio, et en la mettant en relation avec les événements qui émaillent leurs relations avec l'enfant.
Il nous est apparu important que ces relations se développent sur un fond institutionnel lui-même diversifié. En passant d'un lieu à un autre, de sa séance de thérapie individuelle à un groupe de paroles ou d'activités, du groupe à une séance d'orthophonie ou de psychomotricité, du centre de soins à l'école, de l'école dans un club sportif, de loisir ou dans un des équipements culturels de la cité, l'enfant fait l'expérience de la différence. Accompagné et soutenu par ses parents et par ses soignants à travers ces changements d'espace, il apprend à les mettre en lien et à les inscrire dans une dimension temporelle (celle de l'avant et de l'après). Il apprend surtout, avec l'aide de ses accompagnants à articuler un espace avec l'autre et à construire ce tissu narratif qui permet, comme autant de broderies successives, d'évoquer un espace dans un autre, un interlocuteur absent en présence d'un autre. Peu à peu, parce qu'il est continuellement sollicité dans cette dimension narrative, parce qu'on lui demande et re-demande de raconter ce qui lui est arrivé (tout en respectant évidemment son intimité et son droit à la réserve et à la discrétion), parce qu'on ne cesse de lui raconter et de lui re-raconter les épisodes vécus en commun, il découvre le plaisir de la mise en récit de son expérience.
Cet investissement par un certain plaisir, analogue au plaisir du jeu, est essentiel. Souvent, il est d'abord éprouvé par les parents et les soignants, dans leurs échanges à propos de l'enfant, où on peut commencer à relier un comportement à un autre, à donner de la cohérence et un certain mouvement vivant à ce qui s'enfermait dans l'automatisme et la stéréotypie. Il est ensuite transmis à l'enfant qui peut s'identifier très progressivement (en passant peut-être par un premier temps d'imitation) au plaisir de ses interlocuteurs et commencer à l'éprouver à son tour. Au fil des années, nous avons ainsi pu constater que nombre d'enfants que nous avions connus quasi mutiques non seulement acquéraient un langage articulé mais pouvaient utiliser ce langage pour raconter ce qui leur arrivait, en semblant trouver dans ce récit un réel plaisir. Par ailleurs, ces enfants, devenus adolescents puis jeunes adultes, semblaient, tout en conservant un certain handicap, nécessitant la poursuite d'une surveillance et d'une assistance adaptée, avoir acquis une autonomie suffisante pour maîtriser, au moins partiellement, l'organisation de leur vie quotidienne, se déplacer dans la ville, trouver des possibilités de loisir à leur goût et à leur mesure. Nous avons alors fait l'hypothèse que ces bénéfices, en grande partie liés à l'aide attentive et chaleureuse qu'ils avaient reçue de leurs familles, avaient quelque rapport avec la constitution de l'enveloppe narrative que nous nous étions attachés à leur procurer.
L'attitude commune de certains d'entre eux, lors du départ récent à la retraite de celle qui fut, pendant des années, leur thérapeute6 semble confirmer cette hypothèse. Lors d'un cc pot de départ >> où parents, jeunes et anciens membres de l'équipe étaient réunis ,les jeunes ont spontanément choisi d' apporter à la thérapeute divers collages réalisés à plusieurs et qui témoignaient à la fois d'une reprise historique de ce qu'ils avaient vécu, pendant de nombreuses années, et, de manière émouvante, de leur gratitude. Ils ont semblé prendre un vif plaisir à rencontrer réunis des interlocuteurs significatifs et à commémorer avec eux le passé. Leur capacité à se séparer et à investir, éventuellement, de nouveaux lieux thérapeutiques, où ils pourraient trouver une prolongation de l'aide qu'ils avaient reçue, a montré une capacité à se détacher de ce passé sans l'effacer et en restant capables de se le remémorer.
Il est possible qu'un jour, les progrès des neurosciences, en particulier de l'imagerie fonc-tionnelle, permettent de donner un fondement visible à ces hypothèses encore purement cliniques. Il sera possible, peut-être, de montrer la remise en route de certains circuits nécessaires à la cons-titution d'un récit intérieur base de la conscience d'être l'auteur de soi-même. En attendant on ne saurait trop, à notre avis, favoriser avec le rapprochement des méthodes l'articulation des points de vue plutôt que leur opposition stérile, la pensée plurielle plutôt que la pensée unique. Comme le disait, il y a peu, un élève de Paul Ricœur, Olivier Abel, dans un colloque consacré à la mise en dialogue des neurosciences et de la clinique du grand handicap psychique ou mental, <c on n'a jamais fini de faire le tour de quelqu'un »7 .
Jacques HOCHMANN
Professeur émérite à l'Université Claude Bernard de Lyon
1.E. Morin (20041, L'éthique complexe, Paris, Le Seuil.
2. F. Ansermet, P. Magistretti (20041, À chacun son cerveau, plasticité neuronale et inconscient, Paris, O. Jacob.
3.M. Jeannerod (à paraître), Le Cerueau uolontaire, Paris, O.Jacob.
4 .L. Mottron (20041, Cautisme, une autre intelligence, Sprimont (Belgique), Mardaga.
5. P. Ricœur (1990) Soi-même comme un autre, Paris, Le Seuil.
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Re: Histoire de l'autisme : Jacques Hochmann
Jacques Hochmann - « La guerre de l'autisme et les résistances culturelles à la psychanalyse»
Résumé
Des psychanalystes ont été les premiers, après l’invention de l’autisme par Kanner et Asperger, à tenter d’arracher les enfants autistes à la ségrégation et à l’eugénisme. Malheureusement, un certain triomphalisme, des erreurs techniques et un psychogénétisme exclusif et sans preuves ont entraîné un malentendu avec des associations de parents. Ce malentendu aggravé par des résistances inévitables à la psychanalyse et au fantasme de vol d’enfants ont été à l’origine de positions offensives contre la pédopsychiatrie française. Organisées en un communautarisme sectaire en faveur de méthodes purement comportementalistes, soutenues par un lobbying efficace auprès de la Haute Autorité de santé, ces positions ont abouti à un désaveu des pratiques psychothérapiques développées en France depuis un demi-siècle. On plaide ici pour un travail de partenariat respectueux de la souffrance et de la vulnérabilité de familles inévitablement soumises à la contagion de l’autisme.
Revue française de psychanalyse 1/2013 (Vol. 77), p. 119-125.
URL : http://www.cairn.info/revue-francaise-d ... ge-119.htm.
DOI : 10.3917/rfp.771.0119.
Résumé
Des psychanalystes ont été les premiers, après l’invention de l’autisme par Kanner et Asperger, à tenter d’arracher les enfants autistes à la ségrégation et à l’eugénisme. Malheureusement, un certain triomphalisme, des erreurs techniques et un psychogénétisme exclusif et sans preuves ont entraîné un malentendu avec des associations de parents. Ce malentendu aggravé par des résistances inévitables à la psychanalyse et au fantasme de vol d’enfants ont été à l’origine de positions offensives contre la pédopsychiatrie française. Organisées en un communautarisme sectaire en faveur de méthodes purement comportementalistes, soutenues par un lobbying efficace auprès de la Haute Autorité de santé, ces positions ont abouti à un désaveu des pratiques psychothérapiques développées en France depuis un demi-siècle. On plaide ici pour un travail de partenariat respectueux de la souffrance et de la vulnérabilité de familles inévitablement soumises à la contagion de l’autisme.
Revue française de psychanalyse 1/2013 (Vol. 77), p. 119-125.
URL : http://www.cairn.info/revue-francaise-d ... ge-119.htm.
DOI : 10.3917/rfp.771.0119.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Histoire de l'autisme : Jacques Hochmann
Si le fil accepte encore les commentaires, c'est bien la première fois que j'entends parler de cette histoire d'"enveloppe narrative".
Parce que le fait que des gens différents racontent de façon différente les mêmes expériences, je ne vois pas ce que çà a comme rapport avec l'autisme, c'est vrai depuis que le monde est monde.
Je ne suis pas sûr que ça ait déjà été posté, mais sur la question de la remise en question de l'école française de psychanalyse, j'aime bien ce résumé.
Parce que le fait que des gens différents racontent de façon différente les mêmes expériences, je ne vois pas ce que çà a comme rapport avec l'autisme, c'est vrai depuis que le monde est monde.
L'expression contagion de l'autisme est bien trouvée aussi, pas du tout dans la surenchère verbale et émotionnelle.Obi Wan Kenobi et Luke Skywalker a écrit :- Lorsque c'est arrivé l'homme de bien qu'était ton père est mort. Donc ce que je t'ai dit était vrai, mais d'un certain point de vu.
- D'un certain point de vue ?
Je ne suis pas sûr que ça ait déjà été posté, mais sur la question de la remise en question de l'école française de psychanalyse, j'aime bien ce résumé.
Identifié Aspie (広島, 08/10/31) Diagnostiqué (CRA MP 2009/12/18)
話したい誰かがいるってしあわせだ
Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.
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Re: Histoire de l'autisme : Jacques Hochmann
Oui, ça m'a marqué moi aussi, c'est très révélateurBenoit a écrit :
L'expression contagion de l'autisme est bien trouvée aussi, pas du tout dans la surenchère verbale et émotionnelle.
A part ça, accusation de "communautarisme sectaire", passage sous silence de ce qui motive réellement l'opposition à la psychanalyse, et langue de bois : rien de nouveau, donc.
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Re: Histoire de l'autisme : Jacques Hochmann
Une sélection de l'article : La guerre de l’autisme et les résistances culturelles à la psychanalyse
Jacques Hochmann - revue française de psychanalyse - 2013
Dérives :
- un mépris des travaux neuroscientifiques,
- un centrage culpabilisant sur les aléas de la vie psychique inconsciente des parents, considérée, sans preuves véritables, comme faisant peser des contraintes mutilantes sur le développement de l’enfant.
- une indiscrète enquête transgénérationnelle
- ou une interrogation sur le désir de procréer cet enfant, entreprise dès la première rencontre des familles avec un thérapeute,
- le refus du diagnostic considéré comme stigmatisant,
- l’exclusion des familles des lieux de soins, au prétexte de préserver à l’abri des contaminations par le désir parental un espace aseptique pour l’enfant,
- une absence de coopération avec les familles tenues a priori pour agent pathogène.
- [Parents] n’ayant pas trouvé l’aide attendue dans la cure psychanalytique personnelle qui leur avait été parfois imprudemment imposée pour le salut de leur enfant,
- les proclamations prétentieuses de quelques analystes médiatiques sur « l’enfant victime des fantasmes mortifères » de sa mère ou « inclus dans la jouissance » de celle-ci.
La prolifération des erreurs techniques mentionnées ci-dessus, sous l’effet de ce qu’il faut bien appeler un contre-transfert latéral négatif sur les parents, de la part d’équipes jeunes, pas toujours bien formées. Ces équipes, jusque-là inexistantes ou très sous-équipées, ont en effet connu, dans l’après 1968, une expansion rapide et les professions du soin psychiatrique, de l’éducation spécialisée et de la rééducation ont attiré massivement, sans toujours pouvoir répondre de manière satisfaisante à leurs besoins de formation, des étudiants eux-mêmes en pleine révolte contre leur tradition familiale et contre les institutions scolaires et universitaires.
La haine du psychanalyste, parfois renforcée par des maladresses objectives comme :
- une hâte à interpréter,
- un interrogatoire trop serré sur les désirs ou l’histoire personnelle des parents,
- une absence de modestie dans la formulation des hypothèses (...)
Jacques Hochmann - revue française de psychanalyse - 2013
Dérives :
- un mépris des travaux neuroscientifiques,
- un centrage culpabilisant sur les aléas de la vie psychique inconsciente des parents, considérée, sans preuves véritables, comme faisant peser des contraintes mutilantes sur le développement de l’enfant.
- une indiscrète enquête transgénérationnelle
- ou une interrogation sur le désir de procréer cet enfant, entreprise dès la première rencontre des familles avec un thérapeute,
- le refus du diagnostic considéré comme stigmatisant,
- l’exclusion des familles des lieux de soins, au prétexte de préserver à l’abri des contaminations par le désir parental un espace aseptique pour l’enfant,
- une absence de coopération avec les familles tenues a priori pour agent pathogène.
- [Parents] n’ayant pas trouvé l’aide attendue dans la cure psychanalytique personnelle qui leur avait été parfois imprudemment imposée pour le salut de leur enfant,
- les proclamations prétentieuses de quelques analystes médiatiques sur « l’enfant victime des fantasmes mortifères » de sa mère ou « inclus dans la jouissance » de celle-ci.
La prolifération des erreurs techniques mentionnées ci-dessus, sous l’effet de ce qu’il faut bien appeler un contre-transfert latéral négatif sur les parents, de la part d’équipes jeunes, pas toujours bien formées. Ces équipes, jusque-là inexistantes ou très sous-équipées, ont en effet connu, dans l’après 1968, une expansion rapide et les professions du soin psychiatrique, de l’éducation spécialisée et de la rééducation ont attiré massivement, sans toujours pouvoir répondre de manière satisfaisante à leurs besoins de formation, des étudiants eux-mêmes en pleine révolte contre leur tradition familiale et contre les institutions scolaires et universitaires.
La haine du psychanalyste, parfois renforcée par des maladresses objectives comme :
- une hâte à interpréter,
- un interrogatoire trop serré sur les désirs ou l’histoire personnelle des parents,
- une absence de modestie dans la formulation des hypothèses (...)
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Re: Histoire de l'autisme : Jacques Hochmann
Rien que ça
Mère absolument atypique (mais à quel niveau ?) d'une petite atypique de 5 ans dont le diagnostic est enfin en route..
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Re: Histoire de l'autisme : Jacques Hochmann
C'est bien de le reconnaître ! Non ?
Jacline
Jacline
"autisme très marqué" Professeur Sizaret en 1953 / "trouble envahissant du développement" CRA Nantes 2012
Psycholoque clinicienne à la retraite. Oui, oui !
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Re: Histoire de l'autisme : Jacques Hochmann
Oui, mais ce qui serait mieux, c'est que ça cesse vraiment
Il va falloir encore combien de temps pour ne plus entendre ce ramassis de conneries qui empêchent le diagnostic de combien de personnes en France, enfants comme adultes ?
Alors, oui, je me répète et oui, je fais "anti anti anti" mais je suis trop outrée par ce qui se dit encore à ce jour pour dire "chouette, tout va bien".
C'est ce genre de conneries qui fait que je ne peux mettre ma fille sur liste d'attente au CRA de ma région car dirigé par Mister D (et j'ai subi assez de la part d'une de ses anciennes collègues/émules pour avoir une idée de ce qui m'attend là bas où on prône encore le packing et où on l'enseigne...), le pro du packing qui encore et encore ose dire que c'est formidable, ce genre de conneries qui fait que le CAMPS qui suspectait un TED a estimé que c'était ma manière de vivre qui rendait ma fille "ainsi" (sans se demander pourquoi je fonctionnais ainsi) et qui, ayant vu des progrès phénoménaux (elle a adressé la parole aux intervenantes après un an, victoire), ont estimé qu'elle "n'avait rien".
C'est ce qui fait qu'un pédo psy à la c... estime que ma fille joue normalement quand elle vient de passer un quart d'heure, à 4 ans, à ouvrir et fermer les portes et fenêtres d'une maison vide tout en ayant un bac de jouets à portée de mains.... Et qu'il ne veuille faire aucun test, faisant barrage à l'équipe derrière lui qui depuis octobre ne l'a pas vue, juste le pédo psy qui essaie à corps et à cri de me faire comprendre que je "vois des nains partout" pour reprendre un titre de film.
Alors, oui, dans ces conditions, ce qui est siglé psychanalyse et psychothérapie, je ne peux être pour..... Pour que je change d'avis, va falloir que je sois en face d'un professionnel sérieux.
Il va falloir encore combien de temps pour ne plus entendre ce ramassis de conneries qui empêchent le diagnostic de combien de personnes en France, enfants comme adultes ?
Alors, oui, je me répète et oui, je fais "anti anti anti" mais je suis trop outrée par ce qui se dit encore à ce jour pour dire "chouette, tout va bien".
C'est ce genre de conneries qui fait que je ne peux mettre ma fille sur liste d'attente au CRA de ma région car dirigé par Mister D (et j'ai subi assez de la part d'une de ses anciennes collègues/émules pour avoir une idée de ce qui m'attend là bas où on prône encore le packing et où on l'enseigne...), le pro du packing qui encore et encore ose dire que c'est formidable, ce genre de conneries qui fait que le CAMPS qui suspectait un TED a estimé que c'était ma manière de vivre qui rendait ma fille "ainsi" (sans se demander pourquoi je fonctionnais ainsi) et qui, ayant vu des progrès phénoménaux (elle a adressé la parole aux intervenantes après un an, victoire), ont estimé qu'elle "n'avait rien".
C'est ce qui fait qu'un pédo psy à la c... estime que ma fille joue normalement quand elle vient de passer un quart d'heure, à 4 ans, à ouvrir et fermer les portes et fenêtres d'une maison vide tout en ayant un bac de jouets à portée de mains.... Et qu'il ne veuille faire aucun test, faisant barrage à l'équipe derrière lui qui depuis octobre ne l'a pas vue, juste le pédo psy qui essaie à corps et à cri de me faire comprendre que je "vois des nains partout" pour reprendre un titre de film.
Alors, oui, dans ces conditions, ce qui est siglé psychanalyse et psychothérapie, je ne peux être pour..... Pour que je change d'avis, va falloir que je sois en face d'un professionnel sérieux.
Mère absolument atypique (mais à quel niveau ?) d'une petite atypique de 5 ans dont le diagnostic est enfin en route..
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Re: Histoire de l'autisme : Jacques Hochmann
Je ne suis pas un parent, mais je pense que les gens seraient capable de faire abstraction de toutes ces critiques s'il y avait des résultats mesurables.
Parce que même si l'on corrige la forme (et il y a du boulot), il restera le fond c'est à dire un diagnostic et rien de concrêt à proposer derrière. (Comment pourrait il en être autrement quand tant de choses dépendent de l'extérieur, de l'environnement de la personne autiste).
Parce que même si l'on corrige la forme (et il y a du boulot), il restera le fond c'est à dire un diagnostic et rien de concrêt à proposer derrière. (Comment pourrait il en être autrement quand tant de choses dépendent de l'extérieur, de l'environnement de la personne autiste).
Identifié Aspie (広島, 08/10/31) Diagnostiqué (CRA MP 2009/12/18)
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Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.
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Re: Histoire de l'autisme : Jacques Hochmann
Une seule solution : toujours plus et plus de témoignages, sourcés (dans la mesure du possible et du légal), bien diffusés, le mieux possible. Je pense que c'est la seule façon de faire évoluer les consciences et aussi, bien évidemment, demander toujours davantage de rigueur et de contrôle sur les activités des pédopsys, leur formation, etc...