Invisibles à l'extrémité du spectre - Ruth Baker

[phi]

Je pense pouvoir comprendre ton angoisse du travail, vu que je ne vais plus en cours depuis (trop) longtemps, trop angoissant.

Tu peux évidemment te confier sur le forum, même si ce n'est pas optimal, ça n'a pas la même force que de vive voix.

Je ne connais pas le Psy de ton travail, mais je sais que la psy de l'université est un amour qui a une excellente écoute, même si elle se sent dépassée parfois. Tu me fais penser à mon petit frère qui a fait une crise d'angoisse, et qui a envoyé un sms en détresse à une psychologue qu'il ne connaissait pas, pour se raccrocher quelque part (il prend des séances d'ailleurs avec elle maintenant, pour son plus grand bien).

Il est vraiment important d'avoir un point d'accroche, une personne sur qui on peut compter mais où on ne se sentira pas coupable après lui avoir parlé.

Un psy est optimal dans ce cas (surtout s'il a une bonne écoute), car la relation s'arrête à ce niveau. Dans mon cas, je n'interagis avec la psy que en rendez-vous, j'ai du la voir une fois dans la rue, pas plus. Lui dire des stupidités, parler n'aura aucune conséquence sur ma relation avec elle, car la relation s'arrête au moment où je franchis la porte.

J'ai envie de dire que "si tu te sens en confiance avec ton Psy, n'hésite pas, fonce", mais je ne connais pas les spécificités de ton travail. Je dirai plutôt "Vas-y à l'instinct", tu es la personne la mieux placée pour savoir vers qui te diriger.


Je te souhaite du courage, de la force, et tout et tout. Et de passer une nuit récupératrice.

[Tugdual]

J'ai peur.. Peur de la réaction de la Psy de mon service que j'ai prévenue par mail.

Pourquoi as-tu peur de la réaction de la psy de ton service ?
Ne peut-elle au contraire d'aider ?

Courage ...

[Cataly12]

Merci, oui c'est déjà ça de trouver enfin des personnes à qui parler sans être soupçonnée de folie ou de je ne sais quoi. Je sais que je souffre d' autisme et je n'ai pas de retard mental, au contraire. Mais j'ai des lacunes dans la compréhension des phrases, des lectures qui m'intéressent peuvent devenir un vrai travail archéologique, je ne peux pas prendre de notes correctes en réunion, tout repose sur le mental et la mémoire. Je dois shematiser. Je raisonne en liens/schémas/ causes à effets, j'ai besoin de longs moments de solitude, la foule, le bruit, m'oppresse, je n'arrive pas à me concentrer si l'on me dérange, je pense tout le temps, jusqu'à épuisement, j'ai besoin de carburant, besoin de raisonner, d' analyser, de synthétiser. Je dégage les grandes lignes et je fais avec, mais je peux faire un rapport d' activité hyper pointu et pertinent, je ne peux pas participer à des réunions sinon je coupe la parole parce que je trouve toujours qu'on ne va pas au bout de choses essentielles qui semblent être des détails, je ne supporte pas les directives autoritaires ou les choses qui n'ont à mes yeux pas de sens ou sont superficielles, je me sens comme à cité du monde, comme une spectatrice. Je ne peux pas être longtemps en présence des autres.. Ou je m'enferme dans une bulle ou je fuis. J'ai peur de l'inconnu, je ne maitrise pas les notions de distance et d' espace, je ne supporte pas les intrusions...etc etc..
Je suis pseudo secrétaire dans un service pour sourds... Et je suis dyspraxique. C'est pas cool.
Bonne nuit.

[phi]

Bonne nuit à toi aussi

[Nath62]

Cataly, pseudo secrétaire me parle effectivement.

Dur, dur, surtout si tu as arrêté un moment, de reprendre le chemin d'un enfer pavé de bonnes intentions.

J'aime mon travail (suis aussi secrétaire) mais il m'épuise. Après un long arrêt pour chômage, j'ai eu la "chance" de faire une semaine d'essai. La panique a été telle (et à ce moment là, je n'avais pas conscience de mon éventuel aspi) que je me suis comportée en autiste "sévère" pendant cette semaine et que la nana que je devais remplacer m'a chargée vis à vis de l'employeur. Partie "guillerette" le vendredi soir, on me faisait savoir le samedi matin que c'était terminé.

Je ne comprends que top bien ton désarroi et je n'ai hélas, à part porter en toi ce savoir que la panique est due à l'aspi et que tu n'es pas responsable, qu'il faut y aller tout en te préservant au maximum (ce qui n'est pas facile dans notre profession), aucune solution à te donner.

Par contre, si la psy du boulot est correcte (et pas comme la psy de l'ex camsp de ma fille), elle devrait t'aider au contraire.

[Cataly12]

Bonjour et merci,
Je n'y suis pas allée je n'ai pas eu la force. Je suis arrêtée une semaine encore.. Mais mes collègues sont gentilles. Le plus dur sera de leur faire comprendre, meme sans diagnostique officiel, que je suis bien différente. Tant que je n'aurai pas la reconnaissance officielle persistera le doute, dans mon esprit au moins, de ma crédibilité. Et pour les difficultés que j'ai au travail c'est très important qu'ils soient conscient que je ne mens pas, que je ne suis pas juste "une fille fragile qui a des problèmes psychologiques", mais un être humain à part entière avec des compétences qui peuvent surprendre et des limites, socialement parlant, ainsi que dans la compréhension de leur mode d' expression. Je ne cherche pas de la pitié mais une compréhension qui me permettra à moi aussi de mieux m'adapter, en améliorant mes conditions de travail, en faisant en sorte qu'elles tiennent compte de mes particularités, et je suis prête moi aussi à faire des efforts dans la mesure de mes possibilités.

A bientôt.

Catherine.

[meï]

Je n'y suis pas allée je n'ai pas eu la force. Je suis arrêtée une semaine encore.. Mais mes collègues sont gentilles. Le plus dur sera de leur faire comprendre, meme sans diagnostique officiel, que je suis bien différente. Tant que je n'aurai pas la reconnaissance officielle persistera le doute, dans mon esprit au moins, de ma crédibilité. Et pour les difficultés que j'ai au travail c'est très important qu'ils soient conscient que je ne mens pas, que je ne suis pas juste "une fille fragile qui a des problèmes psychologiques", mais un être humain à part entière avec des compétences qui peuvent surprendre et des limites, socialement parlant, ainsi que dans la compréhension de leur mode d' expression. Je ne cherche pas de la pitié mais une compréhension qui me permettra à moi aussi de mieux m'adapter, en améliorant mes conditions de travail, en faisant en sorte qu'elles tiennent compte de mes particularités, et je suis prête moi aussi à faire des efforts dans la mesure de mes possibilités.

tu viens d'écrire ce que j'aurai pu écrie lors de mon licenciement.. j'ai eu des periodes très dures avec arret..pour les mems raisons.surtotu incomprehensions humaines. (je travaillais a la caf de mon dept....) sauf que, rien n'a été compris, du tout. idem je 'n avais pas de diag officiel, et peur d'etre incomprise, ce qui a été le cas d'ailleurs.Et pourtant ds le service les collegues étaient "gentilles" aussi. c'est plus haut que ça tappe!
je te conseille très très vivement d'aller au plus vite ds un CRA ou auprès d'un psy compétent en la matière (la il faut chercher!) pour un déja prediag peut etre? afin d'en parler a ta médecine de travail..(bon, ils n'en connaissent pas bc plus mais la mienne na refusé aussi de m'ecouter, (pensant surement aune sorte de fragilité psy, un burn out, etc..)..je n'avais pas encore la RQTH, redemandée trop tard..j'ai été licenciée juste ares l'avoir obtenue.))
je n'ai jamais pu dire "je suis autiste asperger," a mes supérieurs, (juste timidement tenter d'expliciter que j'avais des troubles autistiques..). et je n'ai jamais été prise au sérieux.Je le regrette vraiment aujourd'hui.
je me suis faite virée comme une malpropre.et 'javais bcp a donner a cette entreprise..(j'aimais le fond du boulot.)
donc je te conseille très vivement d'aller a la pêche au diagnostique ...
bon courage!!
(et de changer eventuellemnt après de secteur..grace a la RQTH par ex, demandée en même temps.ce que je vais faire après mon congé bébé..l'administratif j'en peux plus. )

[Cataly12]

La Psy de mon service a été géniale. Je suis pré soulagée en attendant un pré diagnostique.
Elle va en parler à une autre qui pourra peut être m'aider. Sinon j en ai finalement parlé à mon medecin généraliste mais elle n'est pas qualifiée pour m'aider. Elle doit me fournir des contacts.
J'ai eu aussi un contact sur le forum d une Personne diagnostiquée Asperger sur Montpellier, par le CRA.
Oui pour la RQTH. De toute manière c'est une sécurité au cas où je perde mon emploi, et ça me permettra d' avoir un poste aménagé ou une nouvelle orientation. La chance que j'ai est de travailler avec des gens qui luttent pour l'insertion des sourds... (comme par hasard, un handicap invisible).

A bientôt et merci encore pour votre soutien.

[phi]

Ça fait très très très plaisir que les choses s'arrangent en si peu de temps.

Tu es sur la bonne voie, une belle route s'ouvre à toi.

(Selon l'expression que je chéris tant quand je dis au revoir à quelqu'un:)
Amuse-toi bien!

[Mars]

Très contente pour toi Cataly12

[Tugdual]

Ce sont de bonnes nouvelles, par ici ...

[meï]

oui, super!

[Chroma]

Ce texte devrait être massivement transmis aux professionnels devant poser les diagnostics d'autisme. Si l'auteur peut donner son autorisation, nous pourrions l'imprimer et le leur faire passer.

[freeshost]

Bah moi je trouve ça bizarre, peut être par ce que au contraire j'ai toujours eu des psys...

Enfin je pose la question, j'en sait rien (pas la peine de mettre ça " " ) pour moi ça paraît étrange qu'un aspie es toujours passez inaperçu, normal etc.

Le syndrome d'Asperger fait partie de ces "handicaps invisibles". Souvent, on va remarquer qu'une personne Asperger a des côtés un peu bizarres, mais on ne va tant s'en inquiéter tant que ça ne dérange pas. Et il arrive que ça ne dérange pas, puisque les personnes Asperger n'ont en général pas de retard de langage ou intellectuel.

En plus, il a fallu attendre les années nonante pour que l'on commence à mieux détecter le syndrome d'Asperger.

[Lilette]

Et honnêtement, vu comment étaient traités les autistes/aspies il y'a quelques années, ça ne donne pas envie d'avoir eu un diagnostic étant enfant.