[Livre] L'empereur, c'est moi (Hugo Horiot)

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Jean
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[Livre] L'empereur, c'est moi (Hugo Horiot)

Message par Jean »

Détails et avis...

L-Empereur-c-est-moi.jpg

Présentation :
Ce livre est une histoire vraie. L'autoportrait d'un enfant en colère, qui mène une guerre sans merci, contre lui-même et contre les autres. Un enfant autiste Asperger. Aujourd'hui, l'orage de l'autisme est passé. Le guerrier aux bras nus est devenu un adulte serein. Alors, il a décidé de replonger en enfance. Au fil des chapitres, il nous entraîne avec lui. Il a quatre ans, huit ans, douze ans. Il a peur. Il se cogne à l'absurdité de la vie comme un papillon contre une lampe. C'est net, juste, étrange, cruel parfois. Les larmes sont étouffées et la tendresse jaillit comme l'éclair. Un texte fascinant dans la lignée des grands récits sur l'autisme.

C'est le récit que vient d'écrire et de publier, à 30 ans, le fils de Françoise Lefèvre ("Le petit prince cannibale" - 1990).

Je suis rentré avec réticences dans le livre : je trouvais pour les premières années que c'était de la reconstruction, que ce n'était pas possible de pouvoir écrire sur les sentiments d'un enfant de 3 ans, que c'était un régal à fantasme pour psychanalyste. Et puis petit à petit, à partir de description de la maternelle, du jardin d'enfants, cela ressemblait tellement à d'autres histoires vécues ou entendues. La partie "Les années noires" porte bien sûr sur les années collèges.

Le livre a fini par m'emballer. Je connaissais le nom, mais je ne situais pas. J'en avais entendu parler sur le blog de Magali.

Je souhaite un grand succès au livre, et j'espère que cela fera prendre conscience des rélaités à un bon nombre d'enseignants.


Transcription de l’interview sur « Europe 1 » de Hugo Horiot :
Hugo Horiot est autiste, mais aussi comédien, réalisateur, écrivain. Il a parlé à l’âge de 6 ans. Son avenir était alors tout tracé par les professionnels : hôpital de jour et institutions, pas d’école, une psychothérapie pour aider la maman à faire le deuil de son enfant.

Image
- (Hugo Horiot) On me mettait en face de jouets, des jouets que je n’aimais pas, des peluches, des châteaux en plastique. J’ai donné un coup de pied dans le château en plastique. Je lui ai explosé son château en plastique qu’elle m’avait mis sous le nez. Et là, elle me dit : « Ah, mais c’est pas bien, tu donnes un coup de pied à ton papa ! Ce n’est pas bien !! »

Imaginez ça pendant des années ! Je ne vois pas comment on pouvait faire sortir, émerger quelqu’un de son autisme. C’est une aberration.

- Alors comment vous en êtes-vous sorti, vous ?

- Je m’en suis sortie grâce au travail et au combat qu’a mené ma mère. Elle me stimulait par le corps, elle essayait de rentrer dans mon monde, de comprendre ma logique, de se glisser dedans. Et surtout, elle a mis un point d’honneur à faire en sorte que je n’aille jamais en institution spécialisée. Un autiste a besoin d’être mis dans le monde, dans le monde réel autour de lui, parce qu’il a les compétences, pour en faire partie. Mais ça doit se faire avec un accompagnement, un accompagnement plus en effet, de type comportemental.

Publié l'année dernière par Magali :
http://blogs.lexpress.fr/the-autist/201 ... ectueuses/
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père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Anty28
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Re: "L'empereur, c'est moi" - Hugo Horiot

Message par Anty28 »

C'est lui qui a inspiré (entre autres) le Cerveau d'Hugo ?
http://ineakis.blogspot.fr/

Diagnostiqué Asperger à 30 ans (janvier 2021).
Jacline
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Re: "L'empereur, c'est moi" - Hugo Horiot

Message par Jacline »

Merci Jean ! Ah ! Je vais lire. Je me souviens de mon bouleversement quand j'ai lu Le petit prince cannibale.

Je me souviens avoir tenté de dire à Denys Ribas qu'il se trompait sur Françoise Lefèvre mais malheureusement je n'ai pas du lui faire savoir que j'étais autiste moi-même. Il m'avait regardé d'un air dubitatif.
J'ai écrit à ce moment là en 92. Malheureusement cela a été refusé par mon éditeur et bien que j'ai pour une grand part remanié mon écrit, je n'ai pas osé le lui représenter.

Je suis assez contente que Hugo prenne ce positionnement et à son tour soutienne sa mère et son accompagnement remarquable. Voilà quelques extraits de ma prose en colère :
La mère, obstinément, a tenté de ne pas laisser son petit garçon s'enfermer en lui-même. "Je suis toujours entrée dans ton monde. C'est la seule façon de te le faire quitter." Denys Ribas, en son cri décidément obscur, commente : "C'est lui imposer de changer." Alors que, marchant du pas de l'enfant, elle le rencontre.
...
Mais encore, Denys Ribas conteste l'acceptation de la mère à la demande de Jean pour changer de prénom, parce qu' "il nie ainsi l'incarnation du désir d'enfant de ses parents dans le choix de son prénom." Elle lui a pourtant proposé l'un de ses propres prénoms. Ne rien changer, pour qu'il reste dans un immuable autisme ? Car elle se bat, la mère, non pas contre l'enfant, mais contre sa maladie.
...
Des "malheureux gamins baveux, hébétés ou très agités" dont parle Françoise Lefèvre, c'est Denys Ribas lui-même qui en fait "des baveux"... Et, il s'irrite !!! Elle dit seulement qu'elle trouve que son fils ne leur ressemble pas.

En effet, ascèse que ce travail d'écriture de la mère. Et probablement, il vaut bien, il vaut mieux que beaucoup de divans. Denys Ribas le néglige, il dénierait presque qu'il vient de lire : "Son métier d'écrivain qu'elle ne peut plus exercer." Au moment même où il commente une si belle œuvre !

Ces enfants incitent leur entourage aux emprises passionnées. À mon grand étonnement, et confortant ma thèse, une rivalité surgit à propos de cet enfant. Cet ordre, ou ce désordre, passionné de la mère, semble provoquer la flambée de bois vert de Denys Ribas à propos de la démarche de Françoise Lefèvre pour son enfant : "Je ne peux souscrire à son choix : sauver elle-même, seule, son enfant par son amour passionné, en demandant à l'institution scolaire normale de lui donner accès au monde social." écrit-il bien obscurément.

Denys Ribas évoquera de nouveau le livre de Françoise Lefèvre avec Irreprésentables de l'autisme infantile précoce. Il ne retire, alors, rien de ses arguments, y fait allusion pour ne plus les discuter.
Le cri de l'enfant autiste doit-il rester obscur ? Ou bien le cri des mères ? Craindrait-il de ne plus remplir son hôpital de jour ? Si, quelquefois toutes les mères de ces enfants décidaient de faire comme Françoise Lefèvre, et de leur éviter les maisons spécialisées... Vous le comprenez : il m'est venu une sombre colère à l'encontre de Denys Ribas.

Au risque, à mon tour, de faire capture de Denys Ribas, celui-ci, tout en s'en défendant, fait bel et bien "capture" de l'option de Françoise Lefèvre, capture de cette mère qu'il dit pourtant "farouchement fidèle à elle-même".
Si souvent, la capture de ces enfants et ici l'intolérable capture de la mère. Il envisagerait lui prendre son enfant.

… la position de la mère situe Denys Ribas "dans une chaîne symbolique étrangère à celle qui constitue sa foi" ? La foi d'un soignant qui répare et sauve contre la conviction d'une mère.

Et nous déduirions avec Bernard Penot que : "Le propre de l' "objet" singulièrement compromettant est sans doute d'exacerber le rapport du protagoniste à sa légitimité (toujours douteuse, par définition, chez l'être humain)."1 Si Françoise Lefèvre a interpellé, en Denys Ribas, sa légitimité de directeur d'hôpital de jour, on comprend pourquoi c'est pour lui une affaire si personnelle et qu'il ne puisse "souscrire", apposer sa signature au bas de La Lettre.
Jacline

PS Denys Ribas a écrit UN CRI OBSCUR. L'énigme des enfants autistes.
Modifié en dernier par Jacline le mercredi 4 décembre 2013 à 3:30, modifié 4 fois.
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Jacline
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Re: "L'empereur, c'est moi" - Hugo Horiot

Message par Jacline »

Anty28 a écrit :C'est lui qui a inspiré (entre autres) le Cerveau d'Hugo ?
Dans Le petit prince cannibale, Françoise Levèvre l'appelle Jean ou Sylvestre. Mais elle dédicace le livre à Julien-Hugo. Ce qui laisse penser que son premier prénom étant Julien, elle lui avait accordé de se faire appeler Hugo.
Il faudrait poser votre question au réalisateur. Il doit y avoir d'autres Hugo autistes.
Jacline
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Mars
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Re: "L'empereur, c'est moi" - Hugo Horiot

Message par Mars »

Sur les conseils de Jean, je viens de finir le livre et je ne l'ai pas du tout aimé. Hugo me semble très prétentieux.
Il y a juste une chose que je voudrais creuser : Hugo dit qu'il ne parlait pas car il voulait rester bébé et retourner dans le ventre de sa mère (je ne fais pas de commentaire mais je n'en pense pas moins) et plus tard, qu'il ne parlait pas aux personnes qu'il n'aimait pas. Est-ce que cette stratégie est partagée par d'autres aspies ?
Il ne parlait pas non plus quand il n'avait rien à dire, ce qui à la fois très courant chez les aspies et tout à fait cohérent et compréhensible.
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Rose
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Re: "L'empereur, c'est moi" - Hugo Horiot

Message par Rose »

Je viens de le voir sur TF1 dans 7 à 8. Il m'a donné envie de lire son livre. Certaines choses qu'il a dites m'ont fait penser à ma bataille pour que mon fils reste en milieu scolaire traditionnel. Et j'ai trouvé qu'il a eu une réponse sensée et a un peu "mouché" le journaliste qui insinuait dans le sens psychanalytique ( la faute de la mère envahissante et fusionnelle... on connaît le discours) en répondant: "Ça ce sont des conneries de psychanalystes" ...
Je pense que je vais demander à la bibliothèque de l'acheter.
"Ne le secouez pas, cet homme est plein de larmes." Charles Dickens.
Jacline
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Re: "L'empereur, c'est moi" - Hugo Horiot

Message par Jacline »

Mars a écrit :Hugo dit qu'il ne parlait pas car il voulait rester bébé et retourner dans le ventre de sa mère
Ne serait-ce pas pour une nouvelle naissance en effet que Jean demandait à être Sylvestre (ou Julien à être Hugo?) ?

Et Birger, le déserteur : "veux tout simplement ressusciter
une vie simple".
Sean Barron : "L'être qui était enfoui en moi faisait surface et j'avais l'impression curieuse d'accoucher."


Ou Gould : "Il voulait être son propre père, sa propre mère, n'être né que de lui-même." écrit Michel. Schneider

Code : Tout sélectionner

"La mort est considérée comme une rentrée dans le ventre de la mère en vue de renaître." Jung (1987)
Mars a écrit :Hugo dit... qu'il ne parlait pas aux personnes qu'il n'aimait pas. Est-ce que cette stratégie est partagée par d'autres aspies ?
Fort possible, surtout on ne peut parler à ceux par qui on ne se sent pas aimé, pas accepté, pas reconnu. Mais je crois pas qu'il s'agisse d'une stratégie.
Jacline
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samoju
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Re: "L'empereur, c'est moi" - Hugo Horiot

Message par samoju »

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Jacline
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Re: "L'empereur, c'est moi" - Hugo Horiot

Message par Jacline »

Merci samoju !

Donc, ça n'est pas seulement retourner au ventre de la mère... C'est la manière dont un petit peut expliquer ce qu'il ressent avec les éléments de compréhension qu'on lui a offert. A mon avis, il dit là quelque chose d'importance.
C'est dur dur la naissance !

Ce qui est étonnant aussi, c'est que tous les symptômes qu'il décrit l'ont été par sa mère. Il atteste de la véracité de son "témoignage" à elle.

Sans doute le théâtre l'a beaucoup aidé. Pour sa voix et pour montrer ses émotions.
Jacline
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Jean
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Re: "L'empereur, c'est moi" - Hugo Horiot

Message par Jean »

Jacline a écrit :Denys Ribas à propos de la démarche de Françoise Lefèvre pour son enfant : "Je ne peux souscrire à son choix : sauver elle-même, seule, son enfant par son amour passionné, en demandant à l'institution scolaire normale de lui donner accès au monde social."
Je suis impressionné par ce rappel que tu fais d'une discussion il y a 20 ans (comme d'autres éléments de ton article de l'époque).

Je vais faire l'inverse : je vais lire maintenant "Le petit prince cannibale".
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Re: "L'empereur, c'est moi" - Hugo Horiot

Message par Jean »

La conclusion du livre ("A tous ceux" - pp 193-195) et la postface de Françoise Lefèvre sont très claires :

  • "D’instinct, j'ai appliqué sans même savoir qu'elle existait dans d'autres pays une éducation, une stimulation intensive dès ton premier âge. Il fallait nous tenir loin de tout traitement dit officiel. J'étais révoltée par la suffisance, la mollesse, l'arrogance, la bêtise, l'attitude dogmatique qu'on nous opposait. Aujourd'hui encore, trente ans après, presque rien n'a changé. On retrouve les mêmes prises en charge inutiles, uniquement fondées sur la psychanalyse, et d'autres pratiques humiliantes, quand elles ne sont pas brutales. Méthodes terriblement inefficaces et attentistes qui ruinent la sécurité sociale. Comme celle du packing que tu décris dans ton chapitre : "Cannibale toi-même ou Ce que j'ai eu la chance de ne pas connaître". Cependant, aujourd’hui, on commence à percevoir un frémissement au sein des associations de parents d'enfants autistes et chez certains soignants. On commence à bien percevoir le bien-fondé de ces méthodes d'éducation intensives ou dites "cognitives" venues d'autres pays."
(pp.211-212).
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Jean
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Re: "L'empereur, c'est moi" - Hugo Horiot

Message par Jean »

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Re: "L'empereur, c'est moi" - Hugo Horiot

Message par Jean »

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Re: "L'empereur, c'est moi" - Hugo Horiot

Message par Jacline »

On peut apprécier sa colère !... Et une colère d'autiste exprimé en public, notre Président ferait bien de l'entendre.
Au point qu'il retrouve un peu du bégaiement de sa jeunesse. Qu'est-ce que le théâtre l'a aidé !
Jacline
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koala
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Re: "L'empereur, c'est moi" - Hugo Horiot

Message par koala »

C'est tout simplement hallucinant. :shock: .A t on déjà vu une telle métamorphose? Quand on le voit parler a 13-14 ans, et maintenant.. Comme quoi la plasticité cérébrale peut être étonnante. Mais qu'ont donc fait Hugo et sa maman pour arriver à un tel changement? Et sa colère...tellement juste...tellement adaptée. Je vais lire ces deux livres... et je continue la thérapie par le mime et le théatre chez mes enfants!!!
Maman de trois garçons 8 ans (TED non spécifié), 9 ans (NT) et 12 ans (Asperger/précoce)