Le réveillon d'un autiste
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Le réveillon d'un autiste
Le réveillon d'un autiste
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/ar ... ste-128237
Je passe Noël à l’hôpital psychiatrique, j’ai une psychose infantile.
J’ai une vingtaine d’année, je ne sais pas lire ni écrire. Une infirmière décrit la façon dont je passe Noël, c’est le réveillon. Elle vient de me voir, cette après midi et ce soir. Je ne sais pas qu’elle écrit sur moi.
Les médecins m’ont donné un diagnostic de psychose infantile depuis que je suis tout petit. Parfois je tape. On me dit « c’est pas bien tu vas être puni ». Dans le couloir quand ils ont fermé la porte j’entends « il n’est pas assez contenu ».
Quand j’ai compris que de toute façon ils m’amènent dans la chambre d’isolement et qu’ils en appelleront 4 ou 5 de plus si je me débats et que j’essaye de les mordre, j’y vais. Je suis triste j’ai la tête basse et je pleure. J’entre. Je tourne, je tourne… et ils parlent fort, très fort. Je finis par comprendre qu’il faut que et je m’assoie sur le lit.
On dirait que cette fois ci ils ne vont pas m’attacher « si tu es sage ». Je suis assis et je ne bouge pas. Je ne suis pas content. Je crie, « je voudrais un câlin de Stéphanie ! » mon infirmière préférée. Elle me caresse la tête quand je suis attaché pour me consoler.
Un infirmier reste debout devant moi, il est prêt. Il hausse le ton et dit « Oh Oh ! Du calme, arrête ». Je me crispe autant que je peux, je me mords. L’infirmière qui écrit en ce moment dit « On le laisse tranquille maintenant, on sort. »
Ils ne comprennent pas ; l’autre reste debout à me regarder. Je crie "Dehors !! Dehors !!!" L’infirmier dit plus fort "Oh !!! Ooo laa !". Je me balance et je me mords pour de vrai. Ils ne m’ont jamais attaché pour ça.
Ils se regardent.
Ils s’en vont.
Deux heures après, à peu près, ils se souhaitent un bon réveillon dans le couloir, ils finissent à 22H08. Je ne sais pas ce que c’est, le réveillon. Mais je connais toutes les marques de voitures et les modèles.
J’ai un diagnostic de psychose infantile.
Je ne comprends pas les règles sociales, il faut tout m’expliquer. Mais c’est flou. Je ne comprends pas non plus tout ce qu’ils disent. On dirait que pour eux c’est simple. Pas pour moi. En plus j’ai un appareil auditif à une oreille. Mes orteils sont très courts et je marche sur la pointe des pieds.
Je suis différent. J’ai une psychose infantile.
L’infirmière qui écrit sur moi pense que j’ai un autisme. Je ne sais pas ce que c’est. Mes parents non plus. Les gens de l’hôpital non plus.
C’est la fin de l’année de l’autisme.
Ici là ou je passe Noël personne n’est au courant, personne ne fait le lien avec qui je suis, ou comment je suis. Elle, elle sait que depuis 7 ans il y a des recommandations pour la pose du diagnostic, depuis 2010 un état des lieux des connaissances, depuis le printemps 2012 des recommandations de prise en charge pour les enfants.
Mais moi je suis adulte. Je vais souvent dans la chambre d’isolement. Je ne comprends pas.
Diffusé par EgaliTED sur Agoravox
Publié d'abord en commentaire sur The Autist : Souhaiter un Joyeux Noël ? Allons-y !.
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Je passe Noël à l’hôpital psychiatrique, j’ai une psychose infantile.
J’ai une vingtaine d’année, je ne sais pas lire ni écrire. Une infirmière décrit la façon dont je passe Noël, c’est le réveillon. Elle vient de me voir, cette après midi et ce soir. Je ne sais pas qu’elle écrit sur moi.
Les médecins m’ont donné un diagnostic de psychose infantile depuis que je suis tout petit. Parfois je tape. On me dit « c’est pas bien tu vas être puni ». Dans le couloir quand ils ont fermé la porte j’entends « il n’est pas assez contenu ».
Quand j’ai compris que de toute façon ils m’amènent dans la chambre d’isolement et qu’ils en appelleront 4 ou 5 de plus si je me débats et que j’essaye de les mordre, j’y vais. Je suis triste j’ai la tête basse et je pleure. J’entre. Je tourne, je tourne… et ils parlent fort, très fort. Je finis par comprendre qu’il faut que et je m’assoie sur le lit.
On dirait que cette fois ci ils ne vont pas m’attacher « si tu es sage ». Je suis assis et je ne bouge pas. Je ne suis pas content. Je crie, « je voudrais un câlin de Stéphanie ! » mon infirmière préférée. Elle me caresse la tête quand je suis attaché pour me consoler.
Un infirmier reste debout devant moi, il est prêt. Il hausse le ton et dit « Oh Oh ! Du calme, arrête ». Je me crispe autant que je peux, je me mords. L’infirmière qui écrit en ce moment dit « On le laisse tranquille maintenant, on sort. »
Ils ne comprennent pas ; l’autre reste debout à me regarder. Je crie "Dehors !! Dehors !!!" L’infirmier dit plus fort "Oh !!! Ooo laa !". Je me balance et je me mords pour de vrai. Ils ne m’ont jamais attaché pour ça.
Ils se regardent.
Ils s’en vont.
Deux heures après, à peu près, ils se souhaitent un bon réveillon dans le couloir, ils finissent à 22H08. Je ne sais pas ce que c’est, le réveillon. Mais je connais toutes les marques de voitures et les modèles.
J’ai un diagnostic de psychose infantile.
Je ne comprends pas les règles sociales, il faut tout m’expliquer. Mais c’est flou. Je ne comprends pas non plus tout ce qu’ils disent. On dirait que pour eux c’est simple. Pas pour moi. En plus j’ai un appareil auditif à une oreille. Mes orteils sont très courts et je marche sur la pointe des pieds.
Je suis différent. J’ai une psychose infantile.
L’infirmière qui écrit sur moi pense que j’ai un autisme. Je ne sais pas ce que c’est. Mes parents non plus. Les gens de l’hôpital non plus.
C’est la fin de l’année de l’autisme.
Ici là ou je passe Noël personne n’est au courant, personne ne fait le lien avec qui je suis, ou comment je suis. Elle, elle sait que depuis 7 ans il y a des recommandations pour la pose du diagnostic, depuis 2010 un état des lieux des connaissances, depuis le printemps 2012 des recommandations de prise en charge pour les enfants.
Mais moi je suis adulte. Je vais souvent dans la chambre d’isolement. Je ne comprends pas.
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père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Le réveillon d'un autiste
Excuse moi, Jean je vais écrire ce que j'ai pensé à la fin de la lecture de ton article...
Putainnnn et le pauvre
Je n'ai pas d'autre mot.
Putainnnn et le pauvre
Je n'ai pas d'autre mot.
Mère absolument atypique (mais à quel niveau ?) d'une petite atypique de 5 ans dont le diagnostic est enfin en route..
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Re: Le réveillon d'un autiste
C'est une infirmière qui l'a écrit (et m'a autorisé amicalement à le reproduire).
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Le réveillon d'un autiste
ça ressemble au reportage 'les infiltrés' qui ont filmé dans un HP.
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Re: Le réveillon d'un autiste
Je l'avais lu sur : the Autist. Ils sont nombreux à vivre ça.
"Ne le secouez pas, cet homme est plein de larmes." Charles Dickens.
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Re: Le réveillon d'un autiste
C'est limite de la maltraitance psyshcologique...
Ca couterait quoi de faire l'effort de se renseigner et de chercher sur le SA?
Et on se dit pays des droits de l'homme....
Ca couterait quoi de faire l'effort de se renseigner et de chercher sur le SA?
Et on se dit pays des droits de l'homme....
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Re: Le réveillon d'un autiste
Pour reprendre un langage plus correct avec un peu de recul...
C'est une honte mais pas isolé hélas
C'est une honte mais pas isolé hélas
Mère absolument atypique (mais à quel niveau ?) d'une petite atypique de 5 ans dont le diagnostic est enfin en route..
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Re: Le réveillon d'un autiste
Oui, c'est honteux et ça fait mal !
Jacline
Jacline
"autisme très marqué" Professeur Sizaret en 1953 / "trouble envahissant du développement" CRA Nantes 2012
Psycholoque clinicienne à la retraite. Oui, oui !
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Re: Le réveillon d'un autiste
Quitte à parler d'horreurs, j'ai également une pensée pour tous ceux qui ont passé le réveillon dehors.
Identifié Aspie (広島, 08/10/31) Diagnostiqué (CRA MP 2009/12/18)
話したい誰かがいるってしあわせだ
Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.
話したい誰かがいるってしあわせだ
Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.
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Re: Le réveillon d'un autiste
Voir le sujet : Internement en psychiatrie
Extraits : 62% des patients ayant été isolés plus de 30 jours par séjour dans des chambres de contention ont donc un diagnostic de TED. Et parmi les autres (retard mental), combien sont des autistes non diagnostiqués ?
Extraits : 62% des patients ayant été isolés plus de 30 jours par séjour dans des chambres de contention ont donc un diagnostic de TED. Et parmi les autres (retard mental), combien sont des autistes non diagnostiqués ?
Vous n’avez pas les permissions nécessaires pour voir les fichiers joints à ce message.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Le réveillon d'un autiste
Quand je bossais en psy, le malade en "chambre de contention" (on disait juste: en isolement) sortait quand il y avait besoin de la pièce pour un autre plus "délirant". Il pouvait y rester des heures. Dans un service fermé, deux chambres d'isolement pour 24 patients. Et quand il m'est arrivé de suggérer que peut-être? peut-être ce patient pourrait être autiste asperger ou atteint de ted, les réflexions du genre: " seul le médecin peut poser un diagnostique" étaient la règle; ou encore: " tu te fais manipuler, ils savent bien à qui ils ont affaire!" à oui une autre: "on travaille pas avec le dsm ici..."
Finalement, j'en étais arrivée à regretter les bonnes vieilles camisoles qui au moins permettaient au patient de rester dans le service, avec les autres et de participer un peu à la vie commune. Dans le rapport, je n'ai pas vu mention des anorexiques, grands utilisateurs de la chambre d'isolement pour être obligés de garder leur repas.
Finalement, j'en étais arrivée à regretter les bonnes vieilles camisoles qui au moins permettaient au patient de rester dans le service, avec les autres et de participer un peu à la vie commune. Dans le rapport, je n'ai pas vu mention des anorexiques, grands utilisateurs de la chambre d'isolement pour être obligés de garder leur repas.
"Ne le secouez pas, cet homme est plein de larmes." Charles Dickens.
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Re: Le réveillon d'un autiste
peut-être le fait que les anorexiques n'y restent pas 30 jours par hospitalisation ? ou qu'ils n'y étaient mis qu’une partie de la journée ?
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
Re: Le réveillon d'un autiste
Cette année, j'ai révéillonné tout seul avec mon chat dans ma kitchenette avec un gobelet en plastique de mousseux ....
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Re: Le réveillon d'un autiste
Bonjour DedeTurbo, tu as réveillonné tout seul parce que tu n'as pas de famille, aucun ami ou parce que tu n'avais pas envie d'être avec des gens ?
Moi, j'étais avec ma mère, mon frère et mon compagnon, on a fait un repas tranquille chez moi.C'était le premier réveillon sans mon père qui est mort fin janvier de l'année dernière d'une grave maladie.J'avais mis plein de décorations pour essayer que ce soit moins triste et des bougies dont une pour mon père.
Moi, j'étais avec ma mère, mon frère et mon compagnon, on a fait un repas tranquille chez moi.C'était le premier réveillon sans mon père qui est mort fin janvier de l'année dernière d'une grave maladie.J'avais mis plein de décorations pour essayer que ce soit moins triste et des bougies dont une pour mon père.