MDPHement parlant : ...

Tout ce qui concerne les prestations (AAH, AEEH, AJPP, PCH …), les relations avec les MDPH (démarches administratives), l'assurance maladie etc …
Francesca
Passionné
Messages : 332
Enregistré le : vendredi 18 mai 2012 à 21:25

Re: MDPHement parlant : ...

Message par Francesca »

lo² a écrit : (Je devrais en donner une copie à certaines de mes connaissances qui ne comprennent toujours rien à mon fonctionnement... :roll: ).
J'ai pensé la même chose.

Il est parfait ton projet de vie, tu es brillant pour décrire le "problème".
lo² a écrit :Mon médecin traitant avait des doutes aussi, mais a accepté de m'envoyer passer les examens au CRA. J'ai du insister toutefois, et auparavant d'autres médecins ont radicalement refusé d'explorer cette piste. Là j'ai eu la chance de tomber sur quelqu'un d'ouvert. Ce qui est drôle, c'est qu'après avoir reçu le compte-rendu, d'un seul coup il semblait effectivement voir les symptômes, son regard avait changé... Comme quoi, les a priori !
Elle a fini par accepter, mais en lisant le diagnostic elle le remettait en question... alors qu'elle ne me connaît pas du tout, le jour où je lui ai demandé de m'envoyer passer les examens je la voyais pour la première fois de ma vie.
lo² a écrit :Mon psychiatre, lui, continue à ne pas y croire. Il fait partie de ces gens qui, en effet, lorsqu'on s'exprime bien, ne cherchent pas au delà. Il ne voit ni mes difficultés ni ma souffrance, et n'a aucune idée de ce que je vis et de comment je me comporte au quotidien. Me voir dix minutes une fois par mois dans un contexte dans lequel l'expression est facilitée lui suffit pour se faire une idée...:/
Tu ne peux pas changer de psychiatre?
lo² a écrit :De nombreuses personnes n'ont pas cru en ma démarche : « Mais non, tu es normal » ; « Pourtant tu t'exprimes bien ! » ; « Mais tu parles... »... Mais à présent, on me dit que c'était évident, que je suis complètement psychorigide, difficile à vivre, qu'il faut faire attention à ce qu'on me dit et à la façon dont on doit me me le dire... D'un seul coup, avec le diagnostic, les gens me regardent autrement et « voient » le SA alors qu'avant personne n'y croyait ! :roll:
Chez moi la plupart s'en fichent de ma démarche, sauf mon mari qui râlait de devoir me conduire au CRA parce que "de toutes manières même si tu es autiste on ne guérit pas ça" et "ce n'est qu'un petit problème, avec de la force morale on passe au dessus" ou encore "Et ça va changer quoi si tu le sais?"
lo² a écrit :Ces derniers temps, j'apprends à parfois me laisser aller à ne pas cacher ce que je cachais, refréner les manies, me forcer à sourire ou à ne pas esquiver le regard... Toutes ces stratégies que j'ai péniblement mises en place au cours de ces dix dernières années (je me souviens du mal que j'ai eu à apprendre à ne pas avoir constamment la tête baissée quand je marchais...)... Il ne s'agit pas de les abandonner, non : au quotidien elles me sont utiles ; mais je réapprends à parfois juste me laisser aller à être moi-même, à assumer le fait d'être autiste, quitte à choquer, comme l'autre jour quand j'ai aligné tous les magnets et entouré tous les noms identiques sur le carton à pizza à la pizzeria : avant ce genre de choses je me l'interdisais et ça me rendait dingue, maintenant je me dis qu'après tout j'en ai le droit !
A peu près pareil, c'est comme si le diagnostic m'avait libérée et m'avait enfin donné le droit d'être moi-même officiellement.

lo² a écrit :PS : Francesca, je ne suis pas modérateur mais je pense que tu devrais éviter de multiplier les messages à la suite et utiliser la fonction « éditer ». :wink:
Je sais, il faut juste me laisser un petit peu de temps pour m'habituer à un forum :wink:
Avatar du membre
Jean
Modérateur
Messages : 22562
Enregistré le : lundi 24 octobre 2005 à 22:39
Localisation : Finistère

Re: MDPHement parlant : ...

Message par Jean »

Mon médecin traitant en a aussi deux exemplaires (papier et informatique), et j'en ai remis une copie à mon psychiatre qui doute toujours et veut demander l'avis d'un certain professeur W* (ou V*, c'est en tout cas comme cela qu'il l'a prononcé), "grand psychiatre de l'hôpital de Brest"...
Je me suis permis d'anonymiser ce texte, conformément à la règle de ce forum. Il s'agit du médecin directeur du pôle psychiatrie de l'hôpital de Brest.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
Avatar du membre
Jean
Modérateur
Messages : 22562
Enregistré le : lundi 24 octobre 2005 à 22:39
Localisation : Finistère

Re: MDPHement parlant : ...

Message par Jean »

Francesca a écrit :
lo² a écrit :PS : Francesca, je ne suis pas modérateur mais je pense que tu devrais éviter de multiplier les messages à la suite et utiliser la fonction « éditer ». :wink:
Je sais, il faut juste me laisser un petit peu de temps pour m'habituer à un forum :wink:
En tant que modérateur du forum, je suis tolérant en ce qui concerne les usages intempestifs. Je compte surtout sur l’apprentissage et l’autorégulation. En particulier, sur les remarques des autres utilisateurs.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
Francesca
Passionné
Messages : 332
Enregistré le : vendredi 18 mai 2012 à 21:25

Re: MDPHement parlant : ...

Message par Francesca »

Merci :D et excuse mes premiers pas difficiles c'est la première fois que je vais sur un forum.
Avatar du membre
lo²
Familier
Messages : 106
Enregistré le : lundi 14 mai 2012 à 17:19

Re: MDPHement parlant : ...

Message par lo² »

0ups ! Désolé Jean : je n'ai pas pensé à l'anonymat du médecin ! Pardon. :/ Et il est compétent sur la question ce chef psychiatre ?
En tant que modérateur du forum, je suis tolérant en ce qui concerne les usages intempestifs. Je compte surtout sur l’apprentissage et l’autorégulation. En particulier, sur les remarques des autres utilisateurs.
Je sais, il faut juste me laisser un petit peu de temps pour m'habituer à un forum.
Pas de souci : c'était juste un conseil. :wink:
Francesca a écrit :
lo² a écrit : (Je devrais en donner une copie à certaines de mes connaissances qui ne comprennent toujours rien à mon fonctionnement... :roll: ).
J'ai pensé la même chose.
J'en ai déjà fait une copie pour une certaine personne qui s'obstine à croire que je suis "normal" et que c'est avec elle que j'ai un problème...
Je pense que d'avoir ce bilan va m'aider à clarifier les choses, ça a déjà changé pas mal de choses pour mon entourage qui comprennent mieux mes réactions, le "problème"... et à présent qu'ils peuvent mettre un nom là dessus, ils vont pouvoir s'informer.
Il est parfait ton projet de vie, tu es brillant pour décrire le "problème".
Merci ! :) Tant mieux, j'appréhende vraiment : j'ai eu du mal à bien expliquer la chose, mais en même temps ça m'a fait beaucoup de bien de mettre tout ça au clair par écrit.
Tu ne peux pas changer de psychiatre?
Ce serait en effet la meilleure chose à faire, j'aimerais bien... mais je te renvoie au titre de ce topic : malheursement je ne connais aucun psy compétent dans ce domaine sur Rennes. :/

En plus, comme il ne sait pas quoi faire, il augmente régulièrement les doses de mon régulateur d'humeur ("ce n'est pas incompatible", "tant que vous faites des crises on va augmenter"...) : résultat, je fais toujours des crises de panique quand j'ai trop d'informations à traiter, mais au lieu de tout casser je reste angoissé pendant des heures... Moins de colère = plus d'anxiété... Ça c'est du résultat ! -__-
Chez moi la plupart s'en fichent de ma démarche, sauf mon mari qui râlait de devoir me conduire au CRA parce que "de toutes manières même si tu es autiste on ne guérit pas ça" et "ce n'est qu'un petit problème, avec de la force morale on passe au dessus" ou encore "Et ça va changer quoi si tu le sais?"
"Un petit problème" ? Mon dieu, il ne se rend pas compte ! :?

C'est ma femme qui m'a conseillé de contacter le CRA : elle a fini par en avoir marre que je ne fasse aucun effort pour aller mieux, donc elle m'a bougé les fesses pour que j'aille voir un psy, d'abord pour régler mon problème de sommeil (qui n'est d'ailleurs toujours pas réglé !) puis a trouvé les coordonnées du CRA. Dans le même temps, ayant de gros soupçons sur le diagnostic alors que les médecins s'obstinaient à me dire psychotique et que mon médecin traitant voulait m'envoyer au CMP, j'ai trouvé les coordonnées d'Asperansa... ou l'on m'a aussi conseillé d'aller au CRA. Si ma femme ne m'avait pas botté les fesses, où en serais-je ?!

Maintenant, la question se pose en effet : "et ça va changer quoi ?" Moi je le prends comme ça :
- d'abord, ça me permet de savoir qui je suis : mine de rien, après avoir passé près d'une dizaine d'années à entendre que j'étais psychotique, savoir que je suis aspie ça fait du bien ! Sans compter que je regagne concernant mes recherches une certaine crédibilité qu'un diag de psychotique m'aurait fait perdre.
- ensuite, comme dit plus haut ça permet à mon entourage et aux personnes que je vais être amené à côtoyer de mieux me comprendre et d'éviter les malentendus qui ont bouffé ma vie durant 30 ans, et ça, ça n'est pas rien !
- enfin, il y a l'éventualité d'une RQTH qui pourra peut-être enfin me permettre de travailler dans de bonnes conditions, alors que je n'y croyais plus !
- et puis, il y a l'éventualité d'un "traitement" (Burinex...), mais là je suis sceptique... :/

Reste que je me pose quand même la question : et maintenant ? Après avoir passé 30 ans à compenser, il était temps que les choses bougent car je suis usé jusqu'à la corde et ne pouvait plus continuer ainsi (ça fait plusieurs années que je dis que je suis au bout du rouleau...), mais à présent que faire ? J'ai déposé le dossier à la MDPH ; si tout se passe bien je vais pouvoir achever mes études dans de bonnes conditions, peut-être avoir des aménagements qui me permettront de passer mes examens sans que les oraux ne divisent ma note finale par deux... mais au quotidien ? Comment je gère alors que je suis épuisé ? Le diagnostic ne suffira pas à m'aider à faire tout ce que jusqu'ici je n'arrivais pas à faire... Certes, mon analyse m'aide, mais je sais très bien qu'en ce qui concerne mon SA elle montrera très vite ses limites. Ma femme fait aussi son possible pour m'aider mais cela l'épuise également... Alors que faire ? Je ne sais pas.

D'autant que :
A peu près pareil, c'est comme si le diagnostic m'avait libérée et m'avait enfin donné le droit d'être moi-même officiellement.
-> 0ui, et cela fait énormément de bien d'un côté, de pouvoir enfin être soi-même, cesser de faire semblant tout le temps d'être normal, mais il faut néanmoins continuer à compenser, ne pas se laisser trop aller, car mine de rien quand je cesse de compenser, je ne suis plus bon à grand chose ! Tout est si difficile ! :/ C'est assez étrange : après avoir passé 30 ans à compenser le SA, j'ai fini par en être complètement usé, et cela m'a amené à faire une démarche dont l'aboutissement, quelque part me reconnaît le droit de ne plus faire semblant... Mais si je cesse de compenser, je coulerai... Et quelque part ce serait trop facile de toujours sortir la carte "autisme" pour justifier mes faiblesses. Donc d'un côté on me dit "c'est normal que tu n'y arrives pas : tu es autiste", et de l'autre je sais que je dois continuer à faire comme si j'étais normal pour avancer, alors que je n'en ai plus la force... Difficile de savoir comment gérer cela et où ça va me mener...
Avatar du membre
Jean
Modérateur
Messages : 22562
Enregistré le : lundi 24 octobre 2005 à 22:39
Localisation : Finistère

Re: MDPHement parlant : ...

Message par Jean »

lo² a écrit :0ups ! Désolé Jean : je n'ai pas pensé à l'anonymat du médecin ! Pardon. :/ Et il est compétent sur la question ce chef psychiatre ?
Pas de mal. Bien entendu, je ne répondrai à cette question que par message privé :oops:

L'intérêt du diagnostic chez l'adulte est bien décrit dans les recommandations de la HAS :
http://forum.asperansa.org/viewtopic.php?p=67142#p67142

Bien qu'il n'y ait pas encore de recommandations sur "la prise en charge" pour les adultes, il faut s'inspirer des recommandations concernant les enfants, notamment sur le plan des médicaments. Sur ce plan, il y aussi les recommandations sur les autistes en institution, qui considèrent comme une violence la maltraitance liée à l'usage excessif des médicaments, premier mauvais traitement dont les autistes souffrent.

Il peut y avoir des différences entre enfants et adultes : par exemple, le Prozac serait peut-être plus efficace chez les adultes. Mais c'est à confirmer.

En ce qui concerne le bumétanide, çà ne coûte rien d'essayer : il suffit d'avoir un suivi médical suffisant (potassium). Et un adulte décide lui-même si çà lui est utile ou pas. On peut arrêter quand on veut sans prescription médicale.

La mélatonine doit aussi être envisagée. Il faut très peu de temps pour savoir si c'est utile.

L’essentiel n'est pas là.

Dans la mesure où tu as fait de gros efforts d'adaptation, le diagnostic peut t'aider à sélectionner où tu dois continuer à faire des efforts et où tu peux te relâcher. Des comportements sortant de la norme sont plus facilement acceptés en connaissance de cause. Ta femme a fait beaucoup d'efforts, si je comprends bien. Tu allègeras sa charge quand les autres accepteront un peu mieux ton comportement atypique.

Et si tu te sens mieux, ce sera aussi moins lourd pour elle.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
Francesca
Passionné
Messages : 332
Enregistré le : vendredi 18 mai 2012 à 21:25

Re: MDPHement parlant : ...

Message par Francesca »

lo² a écrit :

J'en ai déjà fait une copie pour une certaine personne qui s'obstine à croire que je suis "normal" et que c'est avec elle que j'ai un problème...
Je pense que d'avoir ce bilan va m'aider à clarifier les choses, ça a déjà changé pas mal de choses pour mon entourage qui comprennent mieux mes réactions, le "problème"... et à présent qu'ils peuvent mettre un nom là dessus, ils vont pouvoir s'informer.
Encore faut il que ces personnes aient envie de comprendre et de s'informer. Mon mari s'est informé et campe sur ses positions "si je faisais un effort je m'en sortirais" et ma mère a répondu "Ah bon, je ne pensais pas..." alors qu'elle était la première a dire que je ne regardais pas les gens dans les yeux, que je ne parlais jamais, que je mettais mes mains sur les oreilles etc.


lo² a écrit : Ce serait en effet la meilleure chose à faire, j'aimerais bien... mais je te renvoie au titre de ce topic : malheursement je ne connais aucun psy compétent dans ce domaine sur Rennes. :/
Personne ne peut te renseigner?
Je ne comprends pas, la neuropsy de Brest m'avait promis qu'on me dirigerait vers un psychiatre, qu'on ne me laisserait pas tomber et finalement on m'a envoyé vers asperansa et je dois me débrouiller et apparemment c'est pareil pour toi.+
lo² a écrit :En plus, comme il ne sait pas quoi faire, il augmente régulièrement les doses de mon régulateur d'humeur ("ce n'est pas incompatible", "tant que vous faites des crises on va augmenter"...) : résultat, je fais toujours des crises de panique quand j'ai trop d'informations à traiter, mais au lieu de tout casser je reste angoissé pendant des heures... Moins de colère = plus d'anxiété... Ça c'est du résultat ! -__-
Un régulateur d'humeur c'est pour les troubles bipolaires. Pourquoi il ne te prescrit pas simplement un anxiolytique? L'anxiolytique aussi "casse" ta colère, mais effectivement, ça a tendance à me faire dire "oui" à tout, à ne plus me mettre en colère, mais les crises d'angoisse terribles sont toujours là. Je "parais" simplement plus calme en fait c'est comme si j'étais shootée, je n'ai plus la force de me mettre en colère ou de m'énerver.


lo² a écrit :"Un petit problème" ? Mon dieu, il ne se rend pas compte ! :?
Ah non pas du tout. Et je t'assure que vivre avec 5 personnes qui ne se rendent pas compte, ça te fait te sentir bien seul au monde et je finis par me demander ce que je fais sur cette terre! Je suis dans le 36ème dessous.
lo² a écrit :C'est ma femme qui m'a conseillé de contacter le CRA : elle a fini par en avoir marre que je ne fasse aucun effort pour aller mieux, donc elle m'a bougé les fesses pour que j'aille voir un psy, d'abord pour régler mon problème de sommeil (qui n'est d'ailleurs toujours pas réglé !) puis a trouvé les coordonnées du CRA. Dans le même temps, ayant de gros soupçons sur le diagnostic alors que les médecins s'obstinaient à me dire psychotique et que mon médecin traitant voulait m'envoyer au CMP, j'ai trouvé les coordonnées d'Asperansa... ou l'on m'a aussi conseillé d'aller au CRA. Si ma femme ne m'avait pas botté les fesses, où en serais-je ?!
Ben pareil pour la première partie : mon mari en a marre que je ne fasse aucun effort pour aller mieux, mais c'est moi qui ai fini par faire les démarches pour me faire diagnostiquer. J'avais besoin qu'on le fasse à ma place mais je me suis rendue compte que personne ne le ferait. Alors j'ai mobilisé toutes mes forces morales et je l'ai fait. Et en ce qui concerne mes parents, pour eux je suis folle parce que mon père l'a décrété ainsi, pour mon frère aussi et limite pour mes enfants aussi. C'est surtout parce que je n'en pouvais plus de me faire traiter de folle et rabaisser que j'ai trouvé le courage d'aller au CRA et de tenir bon malgré mon mari qui me décourageait. Et finalement je vois que ça ne sert à rien. La seule différence c'est que maintenant mon mari accuse mes parents de n'avoir rien fait, après lecture du diagnostic. Je suis en mauvais termes avec mes parents, mais je dois être juste : dans ces années là on ne parlait pas d'autisme ni des troubles envahissants. Mon frère aussi en veut à nos parents parce qu'il a les mêmes problèmes que moi (qu'il essaie d'enfouir en lui au point d'une énorme dépense d'énergie pour paraître "normal", mais lui en plus est hyperactif et en a beaucoup souffert, ce que moi je ne suis pas. Enfin bref, on est une famille où tout le monde sème la zizanie et cherche à accuser l'un et l'autre plutôt que d'essayer de comprendre.
lo² a écrit :Maintenant, la question se pose en effet : "et ça va changer quoi ?" Moi je le prends comme ça :
- d'abord, ça me permet de savoir qui je suis : mine de rien, après avoir passé près d'une dizaine d'années à entendre que j'étais psychotique, savoir que je suis aspie ça fait du bien ! Sans compter que je regagne concernant mes recherches une certaine crédibilité qu'un diag de psychotique m'aurait fait perdre.
- ensuite, comme dit plus haut ça permet à mon entourage et aux personnes que je vais être amené à côtoyer de mieux me comprendre et d'éviter les malentendus qui ont bouffé ma vie durant 30 ans, et ça, ça n'est pas rien !
- enfin, il y a l'éventualité d'une RQTH qui pourra peut-être enfin me permettre de travailler dans de bonnes conditions, alors que je n'y croyais plus !
- et puis, il y a l'éventualité d'un "traitement" (Burinex...), mais là je suis sceptique... :/
Effectivement, ça fait du bien de s'entendre dire qu'on n'est pas fou. J'ai été heureuse quand mon ancien médecin de famille en Belgique me l'a dit et quand la neuropsy de Brest me l'a dit. Elle réalisait que je me discréditais tout le temps et que je n'avait aucune confiance en moi.

Comme toi il y a des tonnes de malentendus qui ont bouffés ma vie et j'aimerais bien les lever et faire comprendre à ceux qui me pensaient ceci ou cela ce qu'il en est en réalité. Mais est ce que ces gens auront envie de comprendre ou est ce que je vais au devant de nouvelles désillusions?

Je pense être beaucoup plus âgée que toi et j'ai stoppé mes études en seconde. J'ai continué jusqu'au niveau bac par correspondance mais je n'ai jamais osé passer l'examen, à la fois par manque de confiance en moi et par peur panique de l'oral. Donc je n'ai aucun bagage, aucun diplôme. Tout ce que j'ai appris c'est en lisant et en ayant la chance d'avoir un père prof d'université et d'écouter ses collègues quand ils parlaient ensemble, ce qui m'a beaucoup appris. Ca m'a aussi appris à apprendre et donné l'envie de savoir. La neuropsy a beau me dire que j'ai un QI supérieur à la moyenne je sais que je n'ai plus, et de loin, les capacités que j'avais étant adolescente. Je n'ai plus 20 ans et mon agression m'a abîmée physiquement comme moralement. Sans compter mon côté gauche qui débloque à cause d'un grave accident de vélo quand j'étais enfant. Alors qu'est ce qui m'attend? Qu'est ce que je peux encore faire de ma vie? Oui j'écris des romans, mais sans prétention, parce que j'aime écrire, mais en 25 ans je n'ai pas gagné 1000 euro avec mes livres.
lo² a écrit :Reste que je me pose quand même la question : et maintenant ? Après avoir passé 30 ans à compenser, il était temps que les choses bougent car je suis usé jusqu'à la corde et ne pouvait plus continuer ainsi (ça fait plusieurs années que je dis que je suis au bout du rouleau...), mais à présent que faire ? J'ai déposé le dossier à la MDPH ; si tout se passe bien je vais pouvoir achever mes études dans de bonnes conditions, peut-être avoir des aménagements qui me permettront de passer mes examens sans que les oraux ne divisent ma note finale par deux... mais au quotidien ? Comment je gère alors que je suis épuisé ? Le diagnostic ne suffira pas à m'aider à faire tout ce que jusqu'ici je n'arrivais pas à faire... Certes, mon analyse m'aide, mais je sais très bien qu'en ce qui concerne mon SA elle montrera très vite ses limites. Ma femme fait aussi son possible pour m'aider mais cela l'épuise également... Alors que faire ? Je ne sais pas.
Déjà terminer tes études, parce que ça il n'y a aucun doute tu réussiras.
Et pour le reste : je te comprends, je ressens la même chose et je n'ai pas les réponses non plus. J'ai passé aussi tellement de temps à compenser que je suis arrivée au bout du rouleau et je ne vois plus quoi faire de ma vie même avec un diagnostic. Je suis là à me dire "Et maintenant?" Maintenant j'ai compris par rapport au temps où j'étais jeune et naïve que je n'arriverai jamais à gagner ma vie en écrivant et malheureusement, je ne sais rien faire d'autre.


lo² a écrit :-> 0ui, et cela fait énormément de bien d'un côté, de pouvoir enfin être soi-même, cesser de faire semblant tout le temps d'être normal, mais il faut néanmoins continuer à compenser, ne pas se laisser trop aller, car mine de rien quand je cesse de compenser, je ne suis plus bon à grand chose ! Tout est si difficile ! :/ C'est assez étrange : après avoir passé 30 ans à compenser le SA, j'ai fini par en être complètement usé, et cela m'a amené à faire une démarche dont l'aboutissement, quelque part me reconnaît le droit de ne plus faire semblant... Mais si je cesse de compenser, je coulerai... Et quelque part ce serait trop facile de toujours sortir la carte "autisme" pour justifier mes faiblesses. Donc d'un côté on me dit "c'est normal que tu n'y arrives pas : tu es autiste", et de l'autre je sais que je dois continuer à faire comme si j'étais normal pour avancer, alors que je n'en ai plus la force... Difficile de savoir comment gérer cela et où ça va me mener...
Rien à rajouter, j'ai tiré les mêmes conclusions.
Avatar du membre
lo²
Familier
Messages : 106
Enregistré le : lundi 14 mai 2012 à 17:19

Re: MDPHement parlant : ...

Message par lo² »

Merci beaucoup Jean, j'ai bien reçu ton message. : )

Concernant les recomandations de la HAS, j'en avais pris connaissance, et cela correspond en effet à ce à quoi j'aimerais que conduise mon diagnostic... Mais la question qui se pose est : comment ?

A présent que le diagnostic est posé, comment faire en sorte qu'il débouche sur une meilleure adaptation de mon environnement et de l'entourage ?
-> Pour l'entourage, j'ai la chance d'avoir une famille compréhensive mais malgré cela certains s'obstinent à ne pas comprendre.
-> Pour l'adaptation, j'espère obtenir la RQTH, et qu'elle aidera à obtenir des aménagements. La personne que j'ai vu à la MDPH m'a notamment dit que je pourrais obtenir des aménagements pour mes examens, reste à voir lesquels et comment... Je pense que je devrai négocier avec les profs ce qui en soi n'est pas simple.

"une meilleure communication", oui ce serait bien, mais là encore comment ? Peut-être avec ce traitement au Burinex, mais on me l'a présenté comme lourd, expérimental, sans garantie, et je suis loin du CRA... + je ne suis pas à l'aise avec cette idée. :/
"un meilleur accès aux soins (examen somatique, diagnostics génétiques avec possibilité future de traitement ciblés), recherche des complications, évaluation de la vulnérabilité du sujet, conseil génétique"... 0ui, c'est bien beau tout ça, mais pour l'instant je n'ai accès à aucun professionnel qui s'y connaisse sur le SA là où j'habite...
"une meilleure adéquation de la prise en charge aux besoins de la personne (par exemple des troubles du sommeil)" : là, peut-être que la RQTH aidera.
"une adaptation des traitements" : pour l'instant mon psychiatre s'obstine à me donner un traitement inadapté et à en augmenter régulièrement les doses parce que ça ne marche pas. J'ai déjà vécu ça et je sais où ça mène... :(
J'ai pu obtenir une prescription de mélatonine par le CRA que renouvelle mon médecin traitant : j'en tire quelques bénéfices sur le plan du sommeil, mais rien de transcendant.

"un meilleur accompagnement éducatif et social" : et bien pour l'instant, tout ce qu'on m'a proposé c'est de contacter la MDPH qui va étudier mon dossier durant 4 mois et rendre son verdict, soit 4 mois d'angoisse, puis éventuellement une aide financière et une reconnaissance... Mais reste que j'ai de plus en plus de mal à gérer le quotidien et que mon épouse s'épuise à m'aider, et je ne sais si nous pourrons encore tenir longtemps ce rythme...

En revanche, pour ma famille, il est clair que ce diagnostic est extrêmement positif : il a déculpabilisé ma mère, qui sait à présent que non seulement elle n'aurait pu éviter mes problèmes, mais qu'en outre elle a un grand mérite d'avoir réussi à m'amener jusque là malgré cela, alors qu'elle ne bénéficiait d'aucun soutien ni d'aucune prise en charge. Effectivement, beaucoup l'ont accusé d'être un « mauvais parent » et aujourd'hui, enfin, elle peut se libérer de ce poids !
Par ailleurs, nous sommes plus vigilants face aux risques auxquels nous sommes confrontés concernant nos enfants. J'ai également tenté d'alerter ma famille sur la possibilité que je ne sois pas le seul (je pense à plusieurs personnes de ma famille), mais là dessus je ne suis pas écouté.

Donc, l'amélioration de la qualité de vie, oui a priori le diagnostic devrait permettre de l'obtenir, mais cela reste extrêmement mitigé, car d'une part il n'y a pas de prise en charge adaptée pour des adultes là où je suis, d'autre part il est un peu tard et beaucoup de dégâts ont déjà été faits, enfin même avec de l'aide je ne sais vraiment plus comment continuer...

Il est difficile de savoir quand je peux me relâcher et quand je ne le peux pas. Étant aujourd'hui mari et deux fois père, thésard et embarqué dans quelques aventures administratives, le moindre relâchement conduit immanquablement à une catastrophe... mais je m'épuise à maintenir mes efforts adaptatifs : je disais déjà il y a plusieurs années que j'étais arrivé au bout du rouleau... et j'ai poursuivi depuis, donc je suis bien au delà ! J'ai besoin de souffler, mais j'ai l'impression de ne jamais pouvoir. C'est sur, ma femme se sentirait mieux si j'allais mieux moi-même, mais pour cela il faudrait que je me repose... ce qui suppose de lui laisser toute la charge sur les bras - et ça je ne suis pas sur que ça lui fasse du bien !

Il y a des moments où j'envisage sérieusement d'accepter l'hospitalisation que l'on m'a à plusieurs reprises proposé...
Encore faut il que ces personnes aient envie de comprendre et de s'informer. Mon mari s'est informé et campe sur ses positions "si je faisais un effort je m'en sortirais" et ma mère a répondu "Ah bon, je ne pensais pas..." alors qu'elle était la première a dire que je ne regardais pas les gens dans les yeux, que je ne parlais jamais, que je mettais mes mains sur les oreilles etc.
Moi ma famille a toujours mis ma "différence" sur le compte de ma précocité. Ils ne pensaient pas qu'il y avait d'autres problèmes... jusqu'à l'adolescence : ma mère m'a récupéré dans un tel état qu'il a bien fallu admettre qu'il y avait un sérieux problème ! Mais à l'époque, cela avait été mis sur le compte de la prise régulière de toxiques.

Je pensent que certains croient encore qu'il suffirait que je fasse un effort pour m'en sortir... Ils ne se rendent pas compte que je fais des efforts immenses pour simplement tenir bon : ils pensent que quelques efforts me permettraient de faire plus alors que je fais le maximum pour simplement ne pas faire moins ! Je ne sais déjà pas comment j'en suis arrivé là, comment j'ai tenu jusqu'ici... Et l'on m'en demande chaque jour d'avantage...

Un exemple simple : j'essaie de réguler mon sommeil, et cela m'est très difficile. Lorsqu'enfin j'y arrive, je suis tel un abstinent pour qui le moindre verre est un risque de rechute... Et bien l'on me demande quand même de sortir le soir ; je dis que je devrai rentrer tôt, on me dit ok mais au final je me couche à plus de minuit... et tous mes efforts fais durant des semaines pour me lever tôt sont ruinés en un soir ! D'autres veulent absolument me sortir en groupe, me faire voir du monde, me mettre dans des situations angoissantes... Et avec les fêtes de fin d'année qui approchent, je crains le pire... Il y a deux ans, j'ai essayé d'y couper mais ma mère s'est mise à pleurer et l'on m'a supplié de venir... J'y suis allé... Juste avant j'ai fait une TS, mais cela, ils ne le savent pas...

Pourtant ils le voient bien que je ne parle pas en général, que je ne regarde pas dans les yeux, que je cherche à m'isoler dès qu'il y a du monde, que je ne comprends pas et angoisse dès qu'ils font ou disent quelque chose qui pourrait être interprété de manière implicite, que je panique au moindre changement, que je dois tout planifier... Mais ils ne savaient pas d'où cela venait, et à présent qu'ils savent, la plupart d'entre eux (certains restent dans le déni) disent que c'était évident, mais continuent à me demander de faire plus d'efforts que je ne peux en fournir...

D'un autre côté, j'avoue que je les mets à rude épreuve, donc je les comprends, car eux aussi s'épuisent pour moi...

Je comprends aujourd'hui à quel point les TSA sont harassants tant pour les autistes que pour leurs proches...
Personne ne peut te renseigner?
Je ne comprends pas, la neuropsy de Brest m'avait promis qu'on me dirigerait vers un psychiatre, qu'on ne me laisserait pas tomber et finalement on m'a envoyé vers asperansa et je dois me débrouiller et apparemment c'est pareil pour toi.+
Je crois que tout simplement il n'y a sur Rennes aucun professionnel compétent pour le SA qui prenne des adultes... :/
Un régulateur d'humeur c'est pour les troubles bipolaires.
0ui, il me l'a prescrit pour des troubles bipolaires, car il disait que j'avais "une pathologie complexe entre bipolarité et borderline" (devenue depuis "une pathologie très étrange"), donc il m'a donné du depakote... Comme évidemment cela ne marchait pas, il a augmenté les doses, et ne veut pas changer de stratégie malgré le diag du CRA (il dit que ce n'est pas incompatible)... Du coup, effectivement les crises sont moins violentes mais je suis tout le temps fatigué, elles m'épuisent littéralement et je suis plus anxieux. :/
Pourquoi il ne te prescrit pas simplement un anxiolytique? L'anxiolytique aussi "casse" ta colère, mais effectivement, ça a tendance à me faire dire "oui" à tout, à ne plus me mettre en colère, mais les crises d'angoisse terribles sont toujours là. Je "parais" simplement plus calme en fait c'est comme si j'étais shootée, je n'ai plus la force de me mettre en colère ou de m'énerver.
J'y ai eu droit il y a quelques années aux anxiolytiques, et honnêtement je préfère ne pas recommencer : certes cela calme les nerfs, mais comme tu le dis l'angoisse est toujours là, on n'a tout simplement plus la force de la laisser s'exprimer... 0n est anesthésié. J'ai passé un an shooté comme ça... la seule année universitaire que j'ai ratée...

Je crois que le pire ce sont ces crises de panique qui dégénèrent en violentes explosions, et ce problème de sommeil qui est vraiment invivable... L'absence de vie sociale ne me pèse pas vraiment : j'ai tellement couru après la socialisation à l'adolescence, contre ma nature, et cela m'a coûté tellement cher qu'aujourd'hui je préfère, comme lorsque j'étais enfant, rester dans mon coin - et tant pis si les autres ne l'acceptent pas (enfin si, ça m'angoisse quand je les vois mal à l'aise... :/).

Pour le sommeil, on arrive à le réguler à peu près (pas vraiment, un peu...) en me shootant tellement le soir pour m'endormir que le matin je n'arrive pas à me réveiller...
mais pour ces paniques, cette incapacité chronique à gérer le quotidien, je ne sais vraiment pas ce qu'on peut faire, clairement aucun des médecins qui me suivent ici n'est compétent pour cela, et c'est en train de bouffer notre couple. :/
Ah non pas du tout. Et je t'assure que vivre avec 5 personnes qui ne se rendent pas compte, ça te fait te sentir bien seul au monde et je finis par me demander ce que je fais sur cette terre! Je suis dans le 36ème dessous.
A qui le dis-tu ! Je connais très bien cela... :|

En plus, si les membres de ta famille préfère se tirer dans les pattes plutôt que d'essayer de faire face ensemble... il est clair que cela ne va pas t'aider ! Si j'ai bien retenu une leçon de mon parcours, c'est qu'il importe que la famille soit soudée et nous soutienne. Si ma mère ne m'avait pas repris à la maison à 20 ans, si elle n'avait pas eu la patience - alors que tout le monde lui disait de me laisser tomber - de passer trois ans à me consoler alors que je pleurais et me cachais dans ma chambre... je ne serais pas là aujourd'hui...

J'ai moi aussi repris après une interruption d'études (déscolarisation à l'entrée au lycée), mais ma mère et celle qui allait devenir ma femme m'ont poussé à m'accrocher même quand je voulais arrêter et j'ai décroché mon bac par correspondance en trois ans. Aprèsz cela les études ont été plutôt faciles, avec de brillantes réussites aux écrits (des moyennes de 16 ; 17 voire 18)... mais j'ai failli échouer au Master car par peur des oraux je ne me suis pas présenté... Heureusement, les écrits ont compensé et les profs, conscients qu'il y avait quelque chose qui clochait entre mes notes exemplaires aux écrits et mes absences aux oraux m'ont attribué les points manquant pour que je puisse valider mon année... Vraiment, je dois à plusieurs personnes le fait de ne pas être mort au coin d'une rue une seringue dans le bras où avoir été interné ! Ma thèse de doctorat porte sur le rapport entre autonomie et solidarité (la nécessité de la solidarité pour l'autonomie), sur les paradoxes de l'empathie et de l'intersubjectivité... C'est que je sais de quoi je parle et que ces problématiques me tiennent à cœur (et que j'ai besoin de les expliciter pour les comprendre) !

J'ai aussi énormément appris dans les livres : enfant, je passais mon temps dans les bouquins, puis j'ai commencé à écrire aussi, en pensant que je deviendrais un grand écrivain... J'ai fini par lâcher, puis reprendre, puis j'ai abandonné l'écriture de romans, nouvelles et autres poésies ; j'en lis peu, par manque de temps - je passe le plus clair de mon temps à lire et écrire de la philosophie ou des études de sciences humaines et sociales... et, par la force des choses, de psychologie (il a bien fallu que je m'y mette pour pallier à l'incompétence des médecins qui me suivaient, et je me dis du coup que quelqu'un qui n'a pas les ressources nécessaires pour faire ses propres recherches a vraiment peu de chances d'obtenir un diagnostic et encore moins une prise en charge !). J'aimerais apporter quelque chose à la philosophie, mais j'ai de moins en moins d'espoir : j'ai perdu ma bourse, je suis incapable de présenter mon travail à l'oral, j'ai renoncé à préparer l'agrégation après m'y être inscrit l'an dernier et ne m'être pas présenté aux examens (pas réussi à me lever, peur des oraux, angoisse de me retrouver, en cas de réussite, face à une classe de lycéens.... Je me sais incapable d'enseigner dans un lycée) et les accumulations de problèmes que je suis incapable de gérer m'ont fait prendre 6 mois de retard dans mes recherches... Plus ça va plus je songe à abandonner.
Qu'est ce que je peux encore faire de ma vie?
J'ai passé aussi tellement de temps à compenser que je suis arrivée au bout du rouleau et je ne vois plus quoi faire de ma vie même avec un diagnostic. Je suis là à me dire "Et maintenant?" Maintenant j'ai compris par rapport au temps où j'étais jeune et naïve que je n'arriverai jamais à gagner ma vie en écrivant et malheureusement, je ne sais rien faire d'autre.
->Tu as très précisément résumé ma pensée, là où j'en suis, exactement.
Avatar du membre
Jean
Modérateur
Messages : 22562
Enregistré le : lundi 24 octobre 2005 à 22:39
Localisation : Finistère

Re: MDPHement parlant : ...

Message par Jean »

@lo2 Je pense que tu devrais prendre contact avec Handisup Bretagne, pour voir si elle peut te proposer quelque chose - sur l'aménagement des examens, si les perspectives professionnelles...

Elle pourrait peut-être t'indiquer des possibilités d'aides.

Il faut normalement une RQTH pour pouvoir être suivi, mais la RQTH peut être accordée très rapidement s'il y en a un besoin précis.

@Francesca : La question de l'accompagnent du diagnostic est souvent posée comme nécessaire pour les parents des jeunes enfants, mais il faut aussi la poser pour la famille des adultes ayant vécu "en milieu ordinaire" (hors institutions spécialisées).

J'ai l'impression que vous exprimez le besoin aussi d'en discuter avec d'autres TED adultes.

A l'AG d'Asperansa, il y avait 3 adultes TED avec un diagnostic récent. Nous devons essayer de trouver des moyens pour permettre l'expression et aider à faire d'autres étapes.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
Avatar du membre
lo²
Familier
Messages : 106
Enregistré le : lundi 14 mai 2012 à 17:19

Re: MDPHement parlant : ...

Message par lo² »

Peut-être que Handisup pourrait m'aider en effet, mais ils s'occupent si j'ai bien compris essentiellement de l'aspect "étudiant", qui n'est pas ce que j'ai le plus de mal à gérer. De toute façon il faudra attendre la RQTH... Nous avons fait la demande et la personne de la MDPH a mis un post-it "urgent : pas de revenus", mais m'a quand même dit qu'il faudrait compter quatre mois... :/

Discuter avec d'autres TED adultes pourrait peut-être aider en effet : j'aimerais savoir comment ils arrivent à gérer tout ce qui me paraît ingérable, ce qu'ils espèrent, ce que je peux espérer, peut-être aussi apporter de mon côté quelque aide et soutien. Mais j'ai vraiment du mal avec les rencontres et discussions sortis d'internet pou de l'épistolaire... :oops:
Avatar du membre
meï
Prolifique
Messages : 4927
Enregistré le : lundi 9 août 2010 à 22:08
Localisation : Bretagne

Re: MDPHement parlant : ...

Message par meï »

je ne réponds pas bcp mais je vous suis, car je réflechis moi aussi a ce que je pourrai faire "après"....et je n'ai tjrs pas bcp réponses, car il y a toujours une part d'adaptation, bien sur.
je ne sais pas si je referai le mem type d'emploi, car ça me coute..meme si j'y arive, sur le long terme je craque. (et chaque experience me le confirme.) pour une réorientation, je vais y reflechir cette fois avec force mais le souçis est de trouver des interlocuteur de ce domaine, qui sachent ce qu'est le SA et comprennent mes besoins et capacités eventuelles..
et c'est la que ca cloche pour l'instant, car des stages type cap emploi oui j'ai fais mais si les acompagnateurs ne conaissent rien a mon handicap, quel interet? si les recruteurs, les formateurs etc..
et pour l'acompagnement au diag j'y songe aussi ,,mais quel interet a 39 ans?;.mon entourage c'est ma amille (atypique ele aussi), mes amies proches (peu), et c'est tout.(et des amis internautes quasi tous concernés par l'autisme ou la precocité etc..)
comme vous lo et francesca j'ecris bcp, et comme vous j'espère encore par contre, etre publiée un jour. :oops: .(je m'y suis remise dernierement et essaie d'aller au bout...meme si ça ne sort jamais, j'en ai conscience aussi, ca sera sorti de ma tete et mis sur du papier!..car c'est encombrant toutes ces pages qui "défilent" ds ma tete ..et puis j'aime écrire, ça me detend (ou me stress selon ce que je raconte...)

je recupère mon diag (l"'officiel")le 20, puis ensuite je vais reflechir a mon avenir pro, mais je suis perplexe :roll: ..
que pourrait me proposer la MDPH en fonction? je ne sais pas du tout. ils ne connaissent peut etre pas assez le SA.
(et puis la je vais etre en pause congé parental, je vais avoir du tps pour reflechir.)

c'est vrai que quand je vous lis je me rens compte que ce qu j'ai vaiment envie de faire, c'est étudier, chercher...mais bon, j'ai deja epris des etudes a 32 ans, je ne vais pas en reprendre a 40...quoi que, je en sais pus. mis je crois que les aspis, on est doués pour ça, et que c'est dommage de nous en priver :oops: .et puis ça n,empeche pas de travailler a tps partiel;.mais j'y songe bcp.
et puis ej me sens très "jeune" ds ma tete..(sans doute trp parfois!)je ne me sens pas du tout mon age!!..je ne sais as me situer par rapport a ça, quand je vios des femmes de la quarantaine, je ne me retrouve pas du tout ds les critères!!
et come toi lo, je ne sais aps comment je susi arrivée jusque la, ds ma vie, et jaurai du mourir plus d'une fois.(en cherchant a "tuer/faire disparaitre" cette chose en moi si differente et cette sensation d'etre folle.)c'est ou de la chance, ou un instinct de survie surdeveloppé..(presque malgré moi)

ça fait quand meme du bien de se savoir "autre", mais pas folle..d'ou l'interet du diag meme a 37/39 ans.
.bon courage a vous!!
1973 ( TSA, hpi, diag CRA 2012) de 4 enfants (tsa/ hpi, tdah, hpi et autres.)...)
https://cieharmonieautiste.jimdo.com/
Avatar du membre
Jean
Modérateur
Messages : 22562
Enregistré le : lundi 24 octobre 2005 à 22:39
Localisation : Finistère

Re: MDPHement parlant : ...

Message par Jean »

lo² a écrit :Peut-être que Handisup pourrait m'aider en effet, mais ils s'occupent si j'ai bien compris essentiellement de l'aspect "étudiant", qui n'est pas ce que j'ai le plus de mal à gérer
Il y a l'aspect "étudiant" et "stage professionnel", mais il y a aussi un SAVS (service d'aide à la vie sociale) qui existe sur Rennes [il est question d’une création en 2013 à Brest].
lo² a écrit :Nous avons fait la demande et la personne de la MDPH a mis un post-it "urgent : pas de revenus", mais m'a quand même dit qu'il faudrait compter quatre mois... :/
4 mois, c'est le délai réglementaire, mais il esty possible de faire accélérer avec des motifs "convaincants".
lo² a écrit :Mais j'ai vraiment du mal avec les rencontres et discussions sortis d'internet pou de l'épistolaire... :oops:
Et bien, un forum, c'est déjà bien pour çà. L'avantage des rencontres entre personnes qui fonctionnent pareil, c'est qu'il n'y a pas besoin de se justifier.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
Francesca
Passionné
Messages : 332
Enregistré le : vendredi 18 mai 2012 à 21:25

Re: MDPHement parlant : ...

Message par Francesca »

lo² a écrit : Par ailleurs, nous sommes plus vigilants face aux risques auxquels nous sommes confrontés concernant nos enfants. J'ai également tenté d'alerter ma famille sur la possibilité que je ne sois pas le seul (je pense à plusieurs personnes de ma famille), mais là dessus je ne suis pas écouté.
Exactement pareil.
lo² a écrit : il est un peu tard et beaucoup de dégâts ont déjà été faits, enfin même avec de l'aide je ne sais vraiment plus comment continuer...
Moi non plus.
lo² a écrit :Il est difficile de savoir quand je peux me relâcher et quand je ne le peux pas. Étant aujourd'hui mari et deux fois père, thésard et embarqué dans quelques aventures administratives, le moindre relâchement conduit immanquablement à une catastrophe... mais je m'épuise à maintenir mes efforts adaptatifs : je disais déjà il y a plusieurs années que j'étais arrivé au bout du rouleau... et j'ai poursuivi depuis, donc je suis bien au delà ! J'ai besoin de souffler, mais j'ai l'impression de ne jamais pouvoir. C'est sur, ma femme se sentirait mieux si j'allais mieux moi-même, mais pour cela il faudrait que je me repose... ce qui suppose de lui laisser toute la charge sur les bras - et ça je ne suis pas sur que ça lui fasse du bien !
Pareil aussi, en fait il n'y a pratiquement jamais rien à rajouter à ce que tu expliques.
lo² a écrit :Il y a des moments où j'envisage sérieusement d'accepter l'hospitalisation que l'on m'a à plusieurs reprises proposé...
J'ai pensé la demander tellement je suis au bout du rouleau et je ne vois plus d'issue.
lo² a écrit :Moi ma famille a toujours mis ma "différence" sur le compte de ma précocité. Ils ne pensaient pas qu'il y avait d'autres problèmes... jusqu'à l'adolescence : ma mère m'a récupéré dans un tel état qu'il a bien fallu admettre qu'il y avait un sérieux problème ! Mais à l'époque, cela avait été mis sur le compte de la prise régulière de toxiques.
J'étais précoce aussi, mais tellement bizarre aux yeux de mes parents que mon père a convaincu ma mère que j'étais folle et depuis, au fil du temps la plupart des membres de ma famille a fini par croire que j'étais folle. Pourtant j'essayais d'être le plus discrète possible et de jouer au mieux mon rôle pour avoir l'air normale. Parce que je me rendais compte que je n'étais pas comme les autres.
lo² a écrit :Je pensent que certains croient encore qu'il suffirait que je fasse un effort pour m'en sortir... Ils ne se rendent pas compte que je fais des efforts immenses pour simplement tenir bon : ils pensent que quelques efforts me permettraient de faire plus alors que je fais le maximum pour simplement ne pas faire moins ! Je ne sais déjà pas comment j'en suis arrivé là, comment j'ai tenu jusqu'ici... Et l'on m'en demande chaque jour d'avantage...
Encore pareil. C'est insupportable d'ailleurs, ça m'amène toujours à la limite de la crise de nerfs parce que non seulement je me donne à fond, mais en plus personne ne s'en aperçoit.
lo² a écrit :Pourtant ils le voient bien que je ne parle pas en général, que je ne regarde pas dans les yeux, que je cherche à m'isoler dès qu'il y a du monde, que je ne comprends pas et angoisse dès qu'ils font ou disent quelque chose qui pourrait être interprété de manière implicite, que je panique au moindre changement, que je dois tout planifier... Mais ils ne savaient pas d'où cela venait, et à présent qu'ils savent, la plupart d'entre eux (certains restent dans le déni) disent que c'était évident, mais continuent à me demander de faire plus d'efforts que je ne peux en fournir...
Dans mon cas, seul mon mari a lu mon diagnostic, pas mes enfants ni mes parents. Ma mère l'a appris par mon fils et mon père et mon frère l'ont sûrement appris par ma mère. Mais je ne sais pas ce qu'ils pensent, et d'ailleurs que peuvent ils penser? Ils ne connaissent toujours pas mes souffrances intérieures. Vont-ils se remettre en question et tout à coup réaliser que je ne suis pas la folle fainéante qu'ils pensaient? Je ne le pense pas, les connaissant. Et je ne sais pas non plus comment leur expliquer (d'autant plus qu'on ne se parle plus) ce que je ressens depuis l'enfance et qui est lié au problème. J'ai pensé envoyer un mail, mais je ne suis pas sûre d'être comprise, j'ai peur aussi que mon père lise les mails de ma mère et se mette à m'insulter.
lo² a écrit : 0ui, il me l'a prescrit pour des troubles bipolaires, car il disait que j'avais "une pathologie complexe entre bipolarité et borderline" (devenue depuis "une pathologie très étrange"), donc il m'a donné du depakote... Comme évidemment cela ne marchait pas, il a augmenté les doses, et ne veut pas changer de stratégie malgré le diag du CRA (il dit que ce n'est pas incompatible)... Du coup, effectivement les crises sont moins violentes mais je suis tout le temps fatigué, elles m'épuisent littéralement et je suis plus anxieux. :/
En fait il fait un peu du n'importe quoi et il risque de te faire plus de mal que de bien.
lo² a écrit :J'y ai eu droit il y a quelques années aux anxiolytiques, et honnêtement je préfère ne pas recommencer : certes cela calme les nerfs, mais comme tu le dis l'angoisse est toujours là, on n'a tout simplement plus la force de la laisser s'exprimer... 0n est anesthésié. J'ai passé un an shooté comme ça... la seule année universitaire que j'ai ratée...
Moi j'y suis toujours aux anxiolytiques, même si ce n'est pas la meilleure solution et même si j'ai pratiquement tous les symptômes des effets secondaires, parce que si je ne les prends plus, ça ne va plus du tout, j'ai la mâchoire raide, je me sens mal, irritable, je ne sais plus dormir, j'ai encore plus de crises d'angoisse, je pleure sans arrêt. Bref, je ne suis plus bonne à rien depuis mai 2011. Mais avant de les prendre j'ai attendu des années (13 ans) et c'est parce que vraiment ça n'allait plus du tout que j'ai fini par accepter de les prendre. Maintenant je suis comme tu dis "anesthésiée" mais avant le traitement je ne maîtrisais plus du tout mes nerfs, c'était horrible.
lo² a écrit :Je crois que le pire ce sont ces crises de panique qui dégénèrent en violentes explosions, et ce problème de sommeil qui est vraiment invivable... L'absence de vie sociale ne me pèse pas vraiment : j'ai tellement couru après la socialisation à l'adolescence, contre ma nature, et cela m'a coûté tellement cher qu'aujourd'hui je préfère, comme lorsque j'étais enfant, rester dans mon coin - et tant pis si les autres ne l'acceptent pas (enfin si, ça m'angoisse quand je les vois mal à l'aise... :/).
Pareil à nouveau.
lo² a écrit :Pour le sommeil, on arrive à le réguler à peu près (pas vraiment, un peu...) en me shootant tellement le soir pour m'endormir que le matin je n'arrive pas à me réveiller...
mais pour ces paniques, cette incapacité chronique à gérer le quotidien, je ne sais vraiment pas ce qu'on peut faire, clairement aucun des médecins qui me suivent ici n'est compétent pour cela, et c'est en train de bouffer notre couple. :/
Toujours pareil, sauf que moi mon couple est déjà bouffé parce que ça fait 26 ans qu'on est mariés et je n'ai plus du tout de vie normale.
lo² a écrit :En plus, si les membres de ta famille préfère se tirer dans les pattes plutôt que d'essayer de faire face ensemble... il est clair que cela ne va pas t'aider ! Si j'ai bien retenu une leçon de mon parcours, c'est qu'il importe que la famille soit soudée et nous soutienne. Si ma mère ne m'avait pas repris à la maison à 20 ans, si elle n'avait pas eu la patience - alors que tout le monde lui disait de me laisser tomber - de passer trois ans à me consoler alors que je pleurais et me cachais dans ma chambre... je ne serais pas là aujourd'hui...
Si seulement ma mère avait été moins naïve, moins influençable... Parce que mon père, mon frère et mes enfants présentent tous des symptômes similaires aux miens. Pas toujours les mêmes, pas toujours tous ensemble, mais maintenant je le vois vraiment bien et je comprends bien que les différences de mes enfants doivent venir de moi et les miennes et celles de mon frère doivent venir de mon père. Donc je pense que c'est à cause de ça qu'eux ne se rendent pas compte.
lo² a écrit :J'ai moi aussi repris après une interruption d'études (déscolarisation à l'entrée au lycée), mais ma mère et celle qui allait devenir ma femme m'ont poussé à m'accrocher même quand je voulais arrêter et j'ai décroché mon bac par correspondance en trois ans. Aprèsz cela les études ont été plutôt faciles, avec de brillantes réussites aux écrits (des moyennes de 16 ; 17 voire 18)... mais j'ai failli échouer au Master car par peur des oraux je ne me suis pas présenté... Heureusement, les écrits ont compensé et les profs, conscients qu'il y avait quelque chose qui clochait entre mes notes exemplaires aux écrits et mes absences aux oraux m'ont attribué les points manquant pour que je puisse valider mon année... Vraiment, je dois à plusieurs personnes le fait de ne pas être mort au coin d'une rue une seringue dans le bras où avoir été interné ! Ma thèse de doctorat porte sur le rapport entre autonomie et solidarité (la nécessité de la solidarité pour l'autonomie), sur les paradoxes de l'empathie et de l'intersubjectivité... C'est que je sais de quoi je parle et que ces problématiques me tiennent à cœur (et que j'ai besoin de les expliciter pour les comprendre) !
Absolument personne ne m'a aidé. A part ma grand-mère maternelle qui réalisait que quelque chose n'allait pas parce que mon parrain le lui avait dit. Mais mon parrain savait qu'il ne devait pas se mêler du couple de sa soeur (ma mère) parce qu'elle ne veut pas de problèmes alors elle nie les problèmes. Et ma grand-mère maternelle était la meilleure femme du monde, mais elle était âgée et n'avait été à l'école que jusqu'à 8 ans, donc elle était loin d'imaginer quel pouvait être mon problème. Elle sentait juste que quelque chose n'allait pas. Elle voyait que mon père me haïssait. Elle me défendait et me protégeait de son mieux. Elle ouvrait les yeux de ma mère, mais ma mère ne voulait rien voir. Mon grand-père paternel aussi, du moins tant qu'il a pu, parce que mon père l'a éloigné de moi et ensuite il est tombé malade. Mais lui aussi était loin d'imaginer la gravité de mes problèmes de communication.

Au lycée (chez nous le lycée peut s'appeler Lycée, Athénée, Institut, Centre scolaire ou Collège et il commence en 1ère secondaire qui équivaut à la 5ème française - la 6ème belge étant la dernière année primaire), donc au lycée entre ma 1ère à 12 ans et la fin de ma 4ème (seconde) à 15 ans, j'ai aussi compensé l'oral par des résultats brillants à l'écrit, ce qui fait que mes profs m'ont laissé tranquille. Je ne dérangeais personne, je ne parlais pas, je travaillais bien, donc ça ne leur posait pas de problème que je ne fasse pas les oraux (les oraux ont beaucoup moins d'importance chez nous qu'en France, on pouvait parfaitement remplacer sans problème un examen oral par un écrit). Ce n'est donc pas ça qui m'a fait arrêter mes études, mais un tout. Depuis la maternelle je tenais le coup et d'un seul coup j'ai craqué en fin de seconde. Je me sentais envahie par mon problème et incapable de m'en sortir. Donc j'ai continué par correspondance mais sans oser passer l'examen. Je m'y suis inscrite, j'ai payé, j'ai reçu les convocations, mais je ne suis jamais parvenue à y aller. J'ai ensuite fait un an de droit en élève libre, puis deux ans d'immobilier (sans passer l'examen final). J'ai aussi suivi des cours de commerce par correspondance (sans oser passer l'examen) et des cours de secrétariat médical, toujours sans oser passer l'examen. Et puis comme j'aimais apprendre, j'ai suivi toutes les options possibles pour le CESS (équivalent du Bac) : littéraire, langues modernes, Sciences économiques, Sciences.
lo² a écrit :J'ai aussi énormément appris dans les livres : enfant, je passais mon temps dans les bouquins, puis j'ai commencé à écrire aussi, en pensant que je deviendrais un grand écrivain... J'ai fini par lâcher, puis reprendre, puis j'ai abandonné l'écriture de romans, nouvelles et autres poésies ; j'en lis peu, par manque de temps
Je lis encore pas mal, mais écrire je n'y arrive pratiquement plus. J'ai perdu l'inspiration alors qu'avant elle venait toute seule au point que j'avais l'impression d'écrire automatiquement, comme si ma main était indépendante de mon cerveau. C'est très bizarre. D'ailleurs pour la lecture aussi je suis bizarre : quand je tiens un livre devant moi, mes deux yeux lisent indépendamment. Mon oeil droit photographie la page droite en même temps que mon oeil gauche la page gauche. Je lis très vite, à peu près le temps de la "mise au point" et de la photographie de la page. Et donc mes deux yeux photographient les deux pages mais mon cerveau y "met de l'ordre" et j'ai parfaitement compris ce que j'ai lu, bien mieux qu'en me forçant à lire avec les syllabes, enfin comme les gens normaux quoi.
lo² a écrit :- je passe le plus clair de mon temps à lire et écrire de la philosophie ou des études de sciences humaines et sociales... et, par la force des choses, de psychologie (il a bien fallu que je m'y mette pour pallier à l'incompétence des médecins qui me suivaient, et je me dis du coup que quelqu'un qui n'a pas les ressources nécessaires pour faire ses propres recherches a vraiment peu de chances d'obtenir un diagnostic et encore moins une prise en charge !). J'aimerais apporter quelque chose à la philosophie, mais j'ai de moins en moins d'espoir : j'ai perdu ma bourse, je suis incapable de présenter mon travail à l'oral, j'ai renoncé à préparer l'agrégation après m'y être inscrit l'an dernier et ne m'être pas présenté aux examens (pas réussi à me lever, peur des oraux, angoisse de me retrouver, en cas de réussite, face à une classe de lycéens.... Je me sais incapable d'enseigner dans un lycée) et les accumulations de problèmes que je suis incapable de gérer m'ont fait prendre 6 mois de retard dans mes recherches... Plus ça va plus je songe à abandonner.
J'aimerais te dire quelque chose d'encourageant, mais voilà, je ne te comprends que trop bien.
Francesca
Passionné
Messages : 332
Enregistré le : vendredi 18 mai 2012 à 21:25

Re: MDPHement parlant : ...

Message par Francesca »

Jean a écrit :
@Francesca : La question de l'accompagnent du diagnostic est souvent posée comme nécessaire pour les parents des jeunes enfants, mais il faut aussi la poser pour la famille des adultes ayant vécu "en milieu ordinaire" (hors institutions spécialisées).

J'ai l'impression que vous exprimez le besoin aussi d'en discuter avec d'autres TED adultes.

A l'AG d'Asperansa, il y avait 3 adultes TED avec un diagnostic récent. Nous devons essayer de trouver des moyens pour permettre l'expression et aider à faire d'autres étapes.
L'accompagnement et sans infantilisation, parce que je me suis débrouillée jusqu'ici, j'ai "survécu", je suis passée par des épreuves terribles, traumatisantes, violentes même, tant verbales que physiques et oui j'ai envie et besoin d'un accompagnement, d'être comprise, mais je n'en peux plus d'être rabaissée sans arrêt. Mais il est clair que j'ai besoin d'aide. J'aurais préféré avoir cette aide de ma famille parce que je souffre terriblement d'être le "mouton noir", la ratée de la famille, celle que tout le monde évite, celle que tout le monde méprise, mais je pense qu'il est trop tard pour que les membres de ma famille se remettent en question ou pour qu'ils réalisent que mon père m'a tout bonnement salie à leurs yeux et qu'ils l'ont cru lui parce qu'il s'exprime bien mieux que moi et qu'ils ne m'ont jamais vue autrement que silencieuse.

Je suis comme Lo2, j'ai terriblement difficile à communiquer d'une autre manière que par internet, et même par internet ça me stresse. En revanche en lisant les posts du forum je me rends compte que d'autres souffrent de symptômes similaires aux miens et je commence, mais tout doucement, à comprendre que je ne suis pas folle.
Avatar du membre
lo²
Familier
Messages : 106
Enregistré le : lundi 14 mai 2012 à 17:19

Re: MDPHement parlant : ...

Message par lo² »

Et bien, le moins que l'on puisse dire Francesca, c'est que nous sommes sur la même longueur d'onde... Sauf que de mon côté je bénéficie d'un minimum de soutien qui m'a permis de tenir jusqu'ici ! Si ta mère, ton père et ton frère ne te sont d'aucun secours, je pense qu'il faudrait que tu trouves le moyen d'expliquer tes difficultés à ton mari. Il est clair qu'il est très difficile de faire comprendre ce que nous vivons aux neurotypiques... Ma femme et moi mettons ces jours ci assez douloureusement les choses à plat : elle ne soupçonnait pas à quel point je compensais, faisais semblant d'être autonome, et elle a du mal à assumer que je m'en remette autant à elle pour le quotidien... Mais elle fait l'effort d'essayer de comprendre, elle se rend bien compte de mes difficultés, même si elle a du mal à les cerner.

Pour ma part, je sais par quel côté les TSA ont transité, mais il y a d'abord eu une forme de déni de la part des concernés (« J'ai passé ma vie à faire semblant d'être normal, pas question qu'on me dise aujourd'hui que je suis autiste ! »), puis à présent l'acceptation vient comme un soulagement, puisque la responsabilité des parents n'est plus pointée dans mes échecs passés (et ce alors que je transforme ces échecs en réussites)... Dans ma fratrie, je suis clairement le plus atteint, mais ce truc est là, à des degrés divers dans toute cette branche de la famille. Simplement, j'ai été le seul, ayant plus de difficultés que les autres, n'envisageant pas de continuer à être mis sous anxio tous les ans, et refusant le diagnostic de psychose qui était clairement inadéquat (et pas cohérent puisque j'avais plusieurs diags contradictoires) à faire une démarche de dépistage. Je pense que d'autres, qui n'ont pas nécessairement le suivi adapté à leurs problèmes, gagneraient à le faire, mais c'est à eux de voir... Je crois qu'effectivement, la plupart pensent que ce n'est qu'une affaire de volonté, comme un coup de déprime... qui durerait 10, 20, 30ans (!) mais qui pourrait passer si on « se secouait un peu » ! Enfin, je ne sais pas trop... J'ai du mal à me rendre compte de comment les gens me perçoivent. Mes proches semblent reconnaître que je suis « bizarre », mais « pas trop », et je ne sais pas à quel point ils peuvent prendre la mesure du problème.

Personne à part moi n'a lu le diagnostic, qui de toute façon n'est pas éclairant au delà d'une simple mention de la pathologie et d'un très bref récapitulatif de quelques faits que tout le monde connaît. Ma mère attend que je repasse par chez elle pour le lire. Les autres, je ne sais pas si ça les intéresse. Je ne suis pas sur qu'ils se soient renseignés, mais ils ont le nom : « Asperger », une étiquette à mettre sur un truc qui ne leur paraît pas être un vrai handicap ni une maladie, à peine une bizarrerie qui associe fainéantise, précocité, asociabilité et psychorigidité. J'essaie bien des fois de leur expliquer, mais je commence à peine moi-même à arriver à mettre des mots là dessus, alors leur expliquer... J'ai décidé de mettre en ligne un blog, pour commencer, pour présenter le SA à la fois cliniquement et vécu de l'intérieur, et mettre des mots sur ce que je ressens, mettre mes idées au clair. Je suis en train de bosser sur le premier billet... il fait 22 pages, bien trop long... :/

Dans un sens, mon malheur est l'inverse du tiens : on t'a dit que tu étais folle, moi j'avais fini par le devenir mais personne ne voulait le voir, même quand je m'étais réfugié dans le délire shizo-paranoïde, aidé par les drogues... J'ai fini par en sortir et à présent je vois bien ce qui relève du SA et ce qui s'était greffé dessus en termes de névroses et psychoses.

Mon beauf m'a demandé cet été si demander une RQTH ne blesserait pas mon amour propre, si je ne me sentirais pas diminué... Je n'ai pas réussi à lui expliquer à quel point je me sentais de toute façon diminué, à quel point je le suis, et combien au contraire j'attends de cette reconnaissance qu'elle me donne les moyens de prouver ma valeur sur d'autres plans !
C'est insupportable d'ailleurs, ça m'amène toujours à la limite de la crise de nerfs parce que non seulement je me donne à fond, mais en plus personne ne s'en aperçoit.
0ui, je comprends très bien : cette limite, je la franchis presque tous les jours. Je fais plusieurs crises de nerfs par semaine et ça m'épuise, en plus de me faire me sentir super mal par rapport à ma femme (et à mes enfants, qui pour l'instant ne voient rien... mais plus tard ? Je ne veux pas qu'ils voient leur père dans cet état ! :∕). Le depakote est censé calmer ces crises, mais il a seulement fait que je ne casse plus tout – les explosions sont toujours là, plus verbales, et elles laissent plus d'anxiété ensuite.

Alors que faire ? Clairement, en effet, mon psychiatre ne m'aide pas, et en même temps j'ai besoin de lui... Hier soir j'ai doublé la dose de somnifères et pour la première fois depuis des mois j'ai fait une bonne nuit de sept heures ! J'ai besoin que ce psychiatre continue à me prescrire ces somnifères et mon antiépileptique, mais j'aimerais qu'il arrête le régulateur d'humeur et là dessus il ne veut rien savoir... Et j'aimerais que ces crises cessent, que l'anxiété diminue, que les choses de la vie quotidienne soient plus faciles à gérer, cessent de me mettre dans tous mes états... mais comment faire ?! Je ne connais aucun spécialiste compétent et mon médecin traitant n'a pas la moindre idée de ce qu'il me faudrait.


Tes relations avec ton père ont l'air d'avoir été très dures... Avec le mien, l'adolescence s'est très mal passée, jusqu'à la rupture, et au divorce de mes parents... Ce n'est que par la suite que nous avons renoué le contact, et encore aujourd'hui nous avons du mal à retrouver nos marques. Mais lui ne m'a jamais haï, et à l'inverse du tiens, je pense que c'est précisément parce qu'il n'était pas aspie qu'il n'a jamais compris comment je fonctionnais. Encore aujourd'hui, tout cela est tabou. Avec lui, il y a des choses dont on ne peut pas parler : la politique, la santé mentale, l'affectif et le psychologique... Pourtant, il a accepté de participer au financement de mon analyse, comme il m'a aidé à payer mes frais de scolarité cette année (entamer un triple cursus l'année où je perds ma bourse est financièrement assez douloureux!)... Il paie, mais on ne parle pas. Quand je lui ai dit, par mail, que j'étais autiste et non psychotique comme les médecins le pensaient jusque là, j'ai réalisé qu'il n'avait pas la moindre idée que l'on m'avait dit psychotique, et il m'a simplement dit (par mail également) que c'était une bonne nouvelle – je lui ai dit (toujours par mail) que l'on pourrait en parler, et laissé entendre que j'apprécierais qu'on le fasse, en lui glissant quelques mots sur ce qu'était le SA, mais il n'a pas donné suite et alors que l'on se voyait la semaine suivante pour mes trente ans, l'on n'a pas évoqué le sujet. Chez lui, on ne parle pas de choses graves, qui pourraient fâcher... Je pense qu'il garde le traumatisme de nos années de rupture familiale...

Je suis bien placé pour savoir que se trouver en situation de rupture avec son père est terrible, et aussi qu'on a besoin d'être épaulés. Aussi, je pense qu'il faut absolument que tu parviennes à faire comprendre à ton époux ce que tu vis, et peut-être que t'ouvrir à un psy de ta relation à ton père te ferait du bien, au delà du SA. Pour ma part, mon analyse m'aide à régler beaucoup de choses, mais je sais qu'elle ne fera jamais de moi quelqu'un de normal : je SUIS aspie, et je ne pourrai jamais faire autrement que l'être, même si j’espère pouvoir être autre chose en complément, ne pas être QUE aspie : être un bon mari aspie, un bon père aspie, un bon philosophe aspie... mais pour l'instant j'ai du mal à dépasser cela... Peut-être qu'effectivement Handisup pourrait m'aider à gérer le quotidien, mais je ne vois pas trop ce qu'ils pourraient faire... Je ne m'attends pas à ce qu'une personne vienne gérer mon planning à ma place, m'expliquer les us et coutumes que je comprends pas, « ranger ma maison » ce qui signifie : faire des piles chronologico-thématiques... Ma femme a du mal à saisir en quoi c'est une méthode de tri... :| En gros, il me faudrait comme une AVS, mais pour adulte et pour tous les instants de ma vie... mais je ne supporterais pas sa présence ni d'être mis sous tutelle... Bref : c'est compliqué, je ne sais absolument pas comment gérer ça ! Pour l'instant, c'est mon ange qui me supporte, mais je ne sais pas comment elle fait...

J'ai très peur aussi de ne pas savoir m'y prendre avec mes enfants... L'aîné n'a que deux ans, peut-être aussi le SA (il y a des signes, mais ce n'est pas évident...) et déjà j'ai du mal à gérer mon rôle de père... Et à te lire Francesca, ainsi que d'autres témoignages sur ce forum, la relation entre un père et un fils tous deux aspies a l'air effroyablement complexe à gérer ! :/

Enfin, mon père n'était pas aspie et il n'a pas su non plus me gérer quand j'ai rejeté à l'adolescence tout ce que j'étais pour tenter vainement de m'intégrer... J'avais fini par intérioriser le dégoût de moi-même que me renvoyaient les autres... J'aimerais éviter cela à mes enfants...

J'ai aussi réussi mon cursus en compensant tant bien que mal les oraux par des écrits. Cela a fait chuter ma moyenne. Je suis un peu dégoutté car j'ai eu mon Master de Philosophie avec mention Bien alors que j'aurais du être major de promotion avec une mention Très Bien (j'ai eu un zéro dans ma moyenne pour non présentation à l'oral du premier semestre ; j'ai eu 17 à mon mémoire de M1 et 16 à celui de M2... et là encore les soutenances ont fait baisser ces notes !). Après avoir été déscolarisé, on m'a inscrit à plusieurs examens auxquels je n'ai pas été fichu de me présenter. Encore l'an dernier, j'étais inscrit à l'agrégation... Quelle idée ?! Comme si je pouvais enseigner ! Dans un lycée qui plus est !!! Mais on m'avait plus ou moins forcé la main... Et bien sur, je ne me suis pas présenté au concours...

Moi aussi on m'a laissé tranquille en primaire et au collège... enfin sauf au CP, quand mon instit' a dit de moi que j'étais « débile » ce qui m'a valu un passage chez le psy, test de QI - « Ah non, en fait il est 'surdoué' » - « Aaaaaah ! Mais on va le faire passer directement en CE1 ! »... CE1 dont je suis revenu bien vite parce que j'exaspérais tant le prof qu'il me battait (ce qu'il a refait avec d'autres enfants, lui valant d'être mis au placard), donc je n'ai rien dit mais mes résultats ont été en chute libre. Et donc me voilà revenu en CP alors que je savais lire et compter depuis plus d'un an... Tout le primaire a été d'un ennui mortel alors que l'on aurait pu me faire sauter cette classe...

0n disait de moi que j'étais « dans la lune »... Tout au plus s’offusquait-on parfois qu'un élève aussi intelligent fasse si peu d'efforts, mais puisque je réussissais sans travailler, pourquoi me donner de la peine ? Je n'étais que rarement le premier (au grand désarroi de mon père !), j'avais juste la moyenne, sans fournir le moindre effort. Mais au collège mon problème d'intégration a commencé à devenir une véritable torture : du solitaire, je suis devenu le souffre-douleur.

Les adolescents sont comme des rats : ils vivent en groupe, avec un dominant et un dominé - celui qui est seul est la cible de tous, il doit se cacher, ne pas être vu ou trouver un groupe. Aussi, chacun essaie de se caser dans un groupe.
Une fille peu fréquentable mais pas bête et qui sait de quoi elle parle a dit que "l'école c'est horrible, parce que tu es censé trouver des amis dans un groupe de gens que tu n'as pas choisi, qui n'ont rien en commun avec toi, mais avec qui t'es obligé de passer du temps". Elle a raison : à l'école, il faut s'intégrer, ne pas être le "tout seul", parce que le "tout seul", à moins d'être aussi le "balèze", c'est celui qui se fait racketter, harceler moralement, parfois physiquement... Donc il faut un groupe, et si on n'a d'affinité avec personne, on se regroupe entre exclus. Ces groupes de marginaux sont peut-être les pires : là encore, il y a le dominant, le dominé, et entre les deux, tous ceux qui veulent être proches du dominant pour ne pas être exclus, ne pas devenir des "tout seul". Et à un moment se pose la question de l'exclusion du dominé et de qui va prendre sa place - à ce moment là, personne ne veut être le dominé, personne ne veut être exclu. C'est là que les promesses d'amitié volent en éclats. Parce qu'on doit suivre la meute, pointer du doigt la personne que la meute pointe du doigt, trop soulagé de ne pas être à sa place. Finalement, au collège après avoir passé trois ans – de la sixième à la troisième – seul, à souffrir plus encore qu'au primaire (où déjà c'était difficile) les brimades incessantes, le harcèlement moral permanent, la terreur de chaque instant... j'ai fini par traîner avec les marginaux, ce qui m'a valu l'exclusion, les drogues, la rue... Et même parmi eux, dans ces groupes à la marge, j'étais toujours le dominé, celui qui devait remonter pièce par pièce sa mobylette qu'on avait démonté au moment où tout le monde repartait... et traînant la culpabilité de ne pas soutenir ceux que le groupe excluaient... car j n'étais pas le seul rebut. Nous étions de toutes les déviances, et moi toujours à la traîne – trop bizarre pour traîner avec les gens normaux, trop intello pour être bien vu des marginaux...

Et donc résultat : des notes en chute libre, des stupéfiants, certains pour socialiser (l'ecstazy), d'autres parce qu'ils rendaient les autres autistes (le LSD)... le moyen idéal d'être « normal » en somme... et puis l'exclusion, la rue, la psychose... et le retour chez ma mère qui a tant bien que mal recollé les morceaux.

Donc moi non plus ce n'est pas simplement la difficulté de passer des oraux qui m'a mis en échec, même si ça a beaucoup joué : c'est le rejet des autres, la violence à laquelle j'ai du faire face, l'incompréhension de ma différence, alors que j'ignorais tout du SA, le refus de certains enseignants de m'accepter avec ma différence, ceux qui ont baissé les bras... Mais si j'ai pu refaire surface, c'est grâce à ma mère et à ma femme qui m'ont soutenu.

Finalement, reprendre mes études a été une bénédiction, d'abord en termes de réinsertion, ensuite parce que ça me structure et me donne un objectif, enfin parce que cela me permet d'employer mes facultés, de ne pas être juste un handicapé mais de me sentir utile – ou au moins de sentir que je pourrais l'être ! – d'avoir des perspectives, même si elles sont très incertaines. Peut-être pourrais-tu toi aussi reprendre ? A la fac, je croise des gens de tous âges... Pareil pour toi Meï : peut-être qu'une nouvelle reprise d'études te serait bénéfique ? C'est vrai que j'ai souvent l'impression que nous autres, ne pouvons faire autre chose que des études et de la recherche (ce qui revient un peu au même, un bon étudiant étant un étudiant qui cherche, et un bon chercheur étant un chercheur qui étudie)... Mais le problème, c'est pour financer cela... :/ Peut-être effectivement un temps partiel... Me concernant, je ne vois pas quel emploi pourrait convenir à part la recherche dans mes domaines d'études... Écrire ? Ca oui, mais publier ? J'ai bien essayé de gagner un peu d'argent à la pige, mais ça ne me rapporte quasiment rien ; et j'ai un projet d'édition d'un album pour enfant qui a fait long-feu... Sinon, je n'ai rien pu achever à part quelques articles de Philosophie qui traînent sur Internet, pas de quoi en vivre...

L'accompagnement, c'est bien là que le bât blesse... et l'insertion : d'une part, comment aménager l'environnement au quotidien pour ne pas être constamment en mode panique ? D'autre part, comment mettre à profit notre potentiel ? Je suis convaincu que nous pourrions faire de grandes choses si l'on nous laissait étudier et travailler dans la recherche, mais au lieu de cela combien d'entre-nous vont se retrouver en ininsertion où à errer de job en job sans parvenir à s'adapter ? Combien aussi d'aspies déscolarisés alors qu'ils pourraient décrocher des diplômes avec mention et faire de brillantes carrières ? Moi j'ai eu de la chance, jusqu'ici, mais je me rends bien compte que je suis une exception, et que cette chance là je la dois à mon entourage... et encore, je ne suis pas arrivé au bout du chemin... Comment continuer maintenant ?

Tu as raison Meï : ça fait un bien fou de savoir que, aussi étranges que l'on soit, on n'est pas fou ! Certes cela ne me dit pas quoi faire à présent, mais au moins je suis fixé sur ce point, ce qui me redonne estime de moi-même et confiance en mon travail, tout en m'aidant à m'accepter, à accepter ce que je suis. Et mes recherches gagnent en crédibilité : on ne pourra pas écarter simplement mes thèses en disant juste que je délire ! : D

Nous ne sommes pas fous, ni moi, ni toi, Meï, ni toi, Francesca ! Nous sommes atypiques, mais pas fous !!! 0uf :-)

Pour ce qui est de se sentir jeune, personnellement j'ai du mal à me voir comme un adulte en fait... J'ai l'impression d'être un enfant et je commence tout juste à me faire à ce que l'on me vouvoie, alors que ça fait plusieurs années ! Je me suis toujours senti plus proche des adultes que des enfants, et je ne vois pas vraiment ce qui a changé si ce n'est mon statut... et le fait que l'on ne me harcèle plus (ou moins) ! En fait, j'ai l'impression que ce sont les autres qui ont changé, pas moi... Mais je sais que je me fais des idées. Le fait d'avoir un voile qui recouvre tous mes souvenirs est certainement pour beaucoup dans cette impression.

j'ai terriblement difficile à communiquer d'une autre manière que par internet, et même par internet ça me stresse.
Idem : béni soit Internet, sans lequel je n'aurais aucune vie sociale depuis maintenant plus de dix ans ! (même avec ma femme, nous nous sommes rencontrés sur un forum, qui était un repère d'adolescents geeks asociaux)
Je fuis tout contact physique et oral qui me terrifie. Je ne sors que pour aller chez le médecin/psy (5 à 8 fois par mois) et en cours (une à deux fois par semaines). J'angoisse déjà de devoir aller dans ma famille pour Noël – alors que je les aime énormément ! – et la seule personne qui me reste qui ressemble plus ou moins à un ami, je ne l'ai vu que deux fois au cours des trois derniers mois, les deux fois à son initiative... C'est elle qui maintient le contact... Et elle s'obstine à me rappeler à chaque fois que je lui envoie un sms, ce qui fait que je n'ose plus lui écrire – et dire qu'elle attend que la 3g passe chez moi dans l'espoir de faire de la visio ! Argh !!! X/

Dans mon monde idéal, on ne verrait jamais les yeux de son interlocuteur (sauf ceux de ma douce ^^ <3 [encore que même son regard j'ai tendance à l'esquiver... :/]), et l'on écrirait toujours au lieu de parler. J'avoue avoir beaucoup de mal avec cette culture de l'image et de l'oralité qui est en train de remplacer celle du texte. :/



Quoi qu'il en soit, pour moi comme pour vous Meï et Francesca, je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve mais une page se tourne... Peut-être publierons-nous un jour... Je ne sais... Je le souhaite (peut-être un livre sur le SA? Je commence déjà par ouvrir mon blog...), peut-être finirai-je par publier un (des?) ouvrage(s) de Philosophie... mais cela suppose que je finisse ma thèse, et que je réussisse la soutenance (ARGH ! :/)... et que je réussisse en parallèle à faire quelque chose de mes études en psychanalyse et sociologie... Tout cela je pourrais le faire si le quotidien n'était pas aussi difficile à gérer...
4 mois, c'est le délai réglementaire, mais il est possible de faire accélérer avec des motifs "convaincants".
La personne qui m'a reçu a déjà mis un post-it « urgent : pas de revenu »... Je ne sais pas si c'est suffisant ni si je peux d'une manière ou d'une autre accélérer le processus... J'ai déjà eu du mal à faire cette démarche.:/