Crises d'opposition: dû à l'Asperger ou à l'âge?...

[Dalchini]

Bonjour,

Mon fils de tout juste 6 ans a été diagnostiqué Asperger (dans une forme atténuée) et est depuis sa naissance un enfant très doux et gentil, victime parfois de crises de colère mais qui avaient tendance à se raréfier.
Fait inhabituel: il teste régulièrement mon autorité depuis la rentrée.
Il est en CP et ça se passe très bien mais 1 fois sur 2, dans la soirée qui suit une journée de classe, il "part en vrille" si je m'oppose à ce qu'il veut faire. Par exemple je lui ai refusé ce soir un 4ème lait-fraise en l'ayant prévenu à l'avance et quand je l'ai empêché de se reservir (il avait été chercher sirop et lait), il s'est roulé par terre et s'est mis à crier. Je ne pense pas que ce soit le genre de crise où il se laisse envahir par ses émotions, qu'il ne gère pas, car il me regardait en coin pour observer mes réactions. Il s'est mis à appeler son père (qui était absent) également pour essayer de me contrarier je pense (toujours regard en coin). Quand je lui rappelle que je lui avais dit dès le début qu'il n'y aurait pas de 4ème verre il redouble de colère. Quand je finis par le menacer de le mettre dans sa chambre si je l'entends encore il ne dit plus rien mais donne des coups de pieds dans chaises... De nature calme normalement je finis par sortir de mes gonds!

Ca a commencé à cause de quelque chose qu'un camarade de classe lui a dit il y a 3 semaines. Il lui a dit qu'il "ne serait plus son copain" s'il ne restait pas à l'étude comme lui. Quand nous avons fait part de notre désaccord il a été insupportable pendant plusieurs jours jusqu'à ce que le maître et l'AVS lui expliquent eux aussi que ce sont les adultes qui décident, pas les enfants. J'ai l'impression qu'il teste ce pouvoir de décision de notre part, depuis.

Je me demandais s'il pouvait s'agir d'une attitude influencée par son trouble (et dans ce cas, comment ajuster le tir) ou si, tout simplement, c'était une mauvaise passe due à l'âge! Comme c'est notre premier enfant nous n'avons pas d'élément de comparaison...

[jakesbian]

je pense qu'il faut lui donner "l'explication".

par exemple, pour le lait fraise: "le lait est bon pour la santé... mais en boire trop peut le rendre malade".

chez moi, nicolas n'a jamais fait de crise, mais est du genre "têtu" aussi; bien souvent, il lui a même fallu un avis extérieur... pour se rendre compte que sa mère ne raconte pas "que" des bêtises.

... euh... avec l'âge... çà reste le même...

de temps en temps, c'est moi qui pique une crise... AAAAAAAAAAAAAAAAAA

[Dalchini]

Merci pour cette réponse. Nicolas a quel âge?

Je ne pense pas que la crise soit due à une incompréhension car je lui ai expliqué que s'il prenait trop de sucre le soir il n'arriverait pas à dormir et que ça lui donnerait mal au ventre. Il le sait!
L'autre jour il a piqué une crise quand je lui ai demandé de faire ses devoirs avant de sortir faire du vélo. Il n'y avait pas forcément de raison mais je voulais simplement que ce soit comme ça, par principe. Devant son refus je lui ai rappelé que c'est moi qui décidais et il m'a répondu que non, c'est lui qui décide.
Je crois bien que ces crises actuelles viennent de cette vérification, de qui décide...

Mais là où je me demande si c'est une simple étape de son développement ou une influence des autres enfants, c'est que ces crises arrivent souvent après une journée d'école.

[Mars]

C'est à l'âge de ton fils que ma fille a fait le plus de crises violentes, la plupart du temps sans raison apparente. Le jour de la rentrée en CP, elle a fait un sit-in dans la cour, je ne sais plus combien de temps elle y est restée, elle ne voulait absolument pas rentrer. Je n'ai jamais eu d'explication.
Ses crises se sont atténuées au fur et à mesure d'une "psychothérapie" au CMPP par quelqu'un qui ne connaissait rien à l'autisme (ma fille n'avait pas de diag, ça fait 23 ans de ça). Elle a déversé toute sa violence sur lui.

[jakesbian]

nicolas a 26 ans.

ce qui a souvent été difficile, justement, est que nicolas comprend très bien aussi, du moins ce que chacun de nous pensons avoir à comprendre... donc, la vision des gens est: "il fait exprès!".

... sauf que c'est beaucoup plus compliqué que çà, dans le sens où:
- il ne suffit pas qu'on lui dise les choses, pas pour qu'il l'admette, mais qu'il l'intègre.
- il a le besoin de chercher beaucoup plus loin que nous la logique des choses.

lorsque je disais qu'il ne fait pas de crise, en fait, lui ce sont des blocages, des choses que même si on lui dit 100 fois, rien n'y change, parce que c'est plus fort que lui.

l'issue, en général est dans le fait de changer d'activité, de tourner son attention vers autre chose, style: "tu vas voir si il y a du courrier", ou de lui même, à une époque, il allait courir.

maintenant, la fatigue est également à prendre en compte; c'est donc important de lui mettre des règles pour que ces journées se passe au mieux.
l'astuce que j'ai utilisé avec nicolas (par exemple, pendant les 2 années qu'il était scolarisé à la maison) a été de lui laisser des plages de liberté, et des choses à choisir entre 2: c'était sur 16 portions de journée dans la semaine, il y en avait 3 libres; c'était pour ce qu'il veut si il est à jour, et pour combler un retard si besoin.

si tu veux, c'était des règles, mais avec un minimum de liberté pour le laisser respirer.

à savoir que les règles de vie à la maison... étaient quand même beaucoup plus compliquées à lui faire appliquer qu'à son frère et sa sœur.

maintenant, je ne veux pas démoraliser... fait à l'instinct en te disant qu'il ne fonctionne pas comme les autres enfants... et se sera très bien.
.

[jakesbian]

bonjour mars,

c'est vrai qu'on entend souvent dire que les crises, c'est vers 6-7 ans.

[Dalchini]

Merci pour ces précisions.

Ce qui est difficile c'est de savoir ce qui est dû à l'Asperger (difficultés à intégrer les choses, tendance à se fixer et se bloquer) ou simplement à l'âge! J'ai vraiment l'impression qu'il teste notre autorité. Je voudrais que le message "ce sont les parents qui décident" passe, pour qu'il se sente aussi en sécurité avec de bonnes barrières autour de lui, comme tout enfant à la recherche des limites. Je suis souvent conciliante mais je voudrais qu'il sache que quand j'ai décidé quelque chose c'est comme ça car je suis l'adulte. Si je laisse trop de liberté je crains de laisser la porte ouverte à toute exigence.
Exemple hier, au milieu de sa crise, il avait un jouet devant lui par terre et il exigeait que je le ramasse!... Il n'était pas du tout comme ça avant, que lui arrive-t-il?...
Il a arrêté de téter un peu avant la rentrée (oui oui, allaitement extrêmement long!). Il a donc reçu depuis sa naissance des doses régulières d'ocytocine, ce qui a semble-t-il allégé ses symptômes (bonnes interactions sociales). Je me demande si le fait de ne plus recevoir d'ocytocine ne jouerait pas sur son caractère?...

[Mars]

Je n'ai jamais eu ce type de crise "je teste votre autorité", je ne saurais pas te répondre.
C'est toujours un gros pb pour les parents d'aspies de savoir qu'est-ce qui est dû à l'autisme et qu'est-ce qui ne l'est pas. J'aurais tendance à te dire de suivre ton instinct.

[CLOFER71]

Merci pour ces précisions.

Ce qui est difficile c'est de savoir ce qui est dû à l'Asperger (difficultés à intégrer les choses, tendance à se fixer et se bloquer) ou simplement à l'âge! J'ai vraiment l'impression qu'il teste notre autorité. Je voudrais que le message "ce sont les parents qui décident" passe, pour qu'il se sente aussi en sécurité avec de bonnes barrières autour de lui, comme tout enfant à la recherche des limites. Je suis souvent conciliante mais je voudrais qu'il sache que quand j'ai décidé quelque chose c'est comme ça car je suis l'adulte. Si je laisse trop de liberté je crains de laisser la porte ouverte à toute exigence.
Exemple hier, au milieu de sa crise, il avait un jouet devant lui par terre et il exigeait que je le ramasse!... Il n'était pas du tout comme ça avant, que lui arrive-t-il?...
Il a arrêté de téter un peu avant la rentrée (oui oui, allaitement extrêmement long!). Il a donc reçu depuis sa naissance des doses régulières d'ocytocine, ce qui a semble-t-il allégé ses symptômes (bonnes interactions sociales). Je me demande si le fait de ne plus recevoir d'ocytocine ne jouerait pas sur son caractère?...

[haoussa2002]

Bonjour,
Leo, 13 ans asperger. Chez nous aussi, il y a eu des moments plus compliqués lorsque Léo était plus jeune, qui ont tendance à se stabiliser.
Je crois que chaque enfant passe par toutes ces étapes mais qu'effectivement chez un enfant asperger tout est un peu plus "démesuré" que chez un autre enfant

sophie

[Margot]

Bonjour. En ce moment je ne sais plus veritablement que faire. J ai un enfant de 12 ans autiste de haut niveau adorable mais dont les crises de violence dues a des frustrations multiples ou a un refus de mon autorite et de l autorite en general sont fort inquietantes car d une grande violence. Le probleme c est quelles arrivent subitement: une parole mal comprise, un regard dans le metro ou une defense a une vraie attaque ou moquerie. Il vient d agresser la secretaire de son college car il voulait s "evader" et celle-ci a porte plainte 12 ans et a la police ca fait mal. Je suis tres inquiete et reconnais dans tous vos temoignages ces coleres qui lorsqu ils sont petits sont encore gerables mais qui a l age adulte pourraient etre plus graves et mal interpretees par LA LOI. Je suis d avis de ne rien laisse passer mais comme c est DUR. Il est intelligent et voit ses copains evoluer et faire des petites choses comme faire un tour de velo de trotinette, aller jouer au foot sur un stade et je suis obligee de mettre des limites de dire non parfois. Nous habitons PARIS j ai l impression qu il n a aucune cinscience des dangers. Que faire??? Margot

[Margot]

Est ce que vos enfants prennent des medicaments pour les aider a. Gerer les crises?? Margot

[jakesbian]

ahhhh!!!!!! c'est sûr, que c'est le problème; n'importe quoi est 50 fois plus compliqué avec eux;

je me suis tellement souvent demandée si j'en faisais trop ou pas assez; lorsqu'il était enfant et qu'il y avait un repas de famille, je devais le surveiller en permanence;
je culpabilisais de le faire, alors que les autres enfants jouaient et allaient librement ici et là... et dès que je ne le faisais pas, dans les 5 minutes, un problème surgissait.

avec l'âge, çà a passé; quand, j'y réfléchis, au fur et à mesure qu'il a été suffisamment grand pour le faire, je l'ai toujours encouragé à aller seul vers les gens, lui donner une autonomie de communication, qui probablement, lui permettait de prendre confiance en lui...

par contre, son comportement différent, lui a souvent attiré... "à tort"... aussi des problèmes lorsqu'il avait 15-18 ans; à ce moment là, le problème était sa grande "rigidité"; il venait de passer 6 ans en enseignement spécialisé, où il était "tenu" de faire comme tout le monde; il en a perdu le sourire, est devenu résigné et extrêmement rigide.
les années qui ont suivi, j'ai du lui réapprendre la souplesse de la vie, ce qui était important... et ce qui l'était moins;
par contre, il n'a jamais rien demandé, rien exigé de personne, gardant tout sur la "patate"; j'aurais souvent aimé qu'il se révolte un peu plus.

perso, pour répondre aux frustrations de vos enfants, je ne vois qu'une "longue" discussion: chacun argumente son point de vue... jusqu'à ce que ce soit clair pour les 2 partis.

le "c'est les adultes qui décident" a, à mon avis, un gros inconvénient, celui d'enfouir et d'amplifier un grand "mal être".

perso, mes parents nous ont demandé des choses, mais jamais imposé, à mes 3 sœurs et moi... nous ne sommes pas devenues des délinquantes en puissance...
... à priori

[nather]

Paul, 11 ans 1/2, a fait les 1eres grosses crises vers 5 ans, suite à un déménagement. Nous étions loin, à l'époque, de savoir qu'il était aspi. Nous pensions aussi qu'il testait... Ca a été le début d'une longue période où nous avons altérné les punitions, la douceur, la fermeté, le chantage,les câlins, les explications, les encouragements, la discussion... et même la violence (fessées, voire quelques claques...); j'ose le dire même si nous n'en sommes pas fièrs. Son père est resté très longtemps accroché à cette idée que Paul testait et qu'il fallait qu'il se soumette à l'autorité. Perso, je pense aussi que ce sont les parents qui décident mais j'ai vite senti (plutôt que compris) qu'il se passait autre chose,qui m'inquiétait terriblement. J'ai donc essayé d'aménager, de laisser mes certitudes et de prendre des chemins différents de ceux utilisés avec mes 3 autres enfants.De ce fait, avec Eric,mon mari,il y a eu plus d'une fois de grosses tensions parce qu'il trouvait que "j'écoutais trop" notre fils. Il nous a fallu du temps pour comprendre que les crises d'après l'école nous étaient réservées parce que la maison est le seul endroit où Paul se permet de ne plus se contenir. Donc quand on passait aux devoirs dans l'emploi du temps très cadré( je travaillais encore le soir) c'était la crise. Trop de pression. J'avais déjà aménagé mais ce n'était pas suffisant. Depuis le diagnostic j' aménage plus encore. J'annonce le déroulement à venir dès qu'il rentre de l'école vers 17h: goûter jusquà telle heure (en fonction de son état) puis on monte dans la chambre pour les devoirs et là je permets qu'il se mette sous la couette pour apprendre les leçons ou qu'il saute à côté du bureau..quand je sens que la concentration est trop difficile, j'interromps pour revenir un peu plus tard ou non mais alors en lui signifiant qu'il règlera ça avec son prof. Le leitmotiv est, concernant l'école ou autres lors d'opposition, de rester très calme.

perso, pour répondre aux frustrations de vos enfants, je ne vois qu'une "longue" discussion: chacun argumente son point de vue... jusqu'à ce que ce soit clair pour les 2 partis.

Nous, nous avons arrêté les longues discussions, surtout au moment du conflit. Calme mais ferme et rester bienveillant. C'est très difficile mais chez nous ça fonctionne assez bien. Depuis quelques temps, après la crise il arrive assez souvent que Paul vienne nous dire qu'il est désolé, qu'il se rend compte mais qu'il s"est laissé débordé. C'est un énorme progrès :bravo:Après alors, nous en reparlons, un peu, et le félicitons pour sa prise de conscience.Les grosses crises d'oppositions s'espacent aussi

Est ce que vos enfants prennent des medicaments pour les aider a. Gerer les crises??

. Paul a chaque jour de l'ororisperdal et 5 g de tercian le soir et possibilité de lui donner 10 g sup. si besoin la journée, mais nous évitons pour une crise forte et soudaine. Nous en avons plus besoin quand l'angoisse s'installe due souvent à un changement de situation( rythme école passage vacances par ex.)ou situation stressante pour lui. Et même, c'est avec parcimonie.
Ce qui est difficile aussi, c'est la sensation parfois de se faire manipuler et là, nous essayons de prendre du recul et d'utiliser l'humour; il arrive que ça fonctionne. Bref, je crois qu'il n'y a pas de recettes miracles. Essaie de garder confiance en toi parce que ce qui est acquis un jour ne le sera pas forcément le lendemain et il faudra recommencer peut-être en essayant autre chose; parce qu'il ne le fait pas exprès pour t'em..se battre avec lui et pas contre lui, c'est ce qui maintient notre énergie et nous fait avancer. Garder confiance en lui aussi, il va grandir et même si la reconnaissance n'est pas encore au goût du jour, ça viendra et les choses s'apaiseront....