la honte

[penséesolitaire]

bonjour,
je voudrais parler de ce sentiment car il m'a accompagné toute ma vie, je voudrais savoir si la majorité des aspies la ressentait au quotidien?
j'aurais voulu vous parler d'autre chose mais il y a toujours cette honte qui revient, alors parlons en...
dans ma vie, j'ai honte de tout, de ce que je suis, de ce que je ne suis pas, de la façon dont je parle, d'être en décalage tout le temps, résultat je me tourne en dérision et je ne suis pas prise au sérieux...
je me rends compte que souvent je parle trop, je me dis non ça faut pas le dire, et ben c'est le premier truc que je vais avoir envie de dire... je m'autosabote, et j'en ai honte
maintenant malgré que je n'ai pas encore de diag je pense vraiment être aspi, je me dis que ça se voit, est ce que les gens l'ont déjà remarqué? je pense que ça m'a valu quelques critiques sur ma naïveté, toutes ces critiques me donnent la honte, malgré que je me donne une raison d'être comme ça maintenant, en fait c'est toujours aussi dur, le décalage est toujours là, rien n'a changé, sauf que je m'en veux peut être moins.
je ne sais pas comment faire pour l'avenir, comment le prendre en compte, est ce que je vais réussir à l'accepter?
comment refaire sa vie avec ça? je ne sais pas ce que je vais être capable de supporter maintenant, j'ai pris conscience de de que je vivais en découvrant le syndrôme d'asperger, tout ce dont j'avais honte est enfin expliqué, mais ça ne change rien.
pour moi le décalage explique la honte, toujours devoir faire un effort et paraitre naturel, à la fin je ne sais même pas qui je suis. apparemment il y a des gens qui m'aiment bien, je ne sais pas pourquoi, c'est rigolo mais j'ai toujours l'impression qu'on ne m'apprécie pas.
je me trouve gauche, bizarre, effrayée de tout, je ne sais voir que le négatif, je ne sais pas faire autrement. pourquoi m'aimerait-on, j'ai tellement l'air con!
ça m'a fait du bien de sortir tout ça, souvent en écrivant on prend conscience.
merci de m'avoir lue, j'ai vraiment besoin de parler car desfois j'ai l'impression que je vais devenir folle.

[janise]

Je ne suis pas aspie, mais la première chose qui me vient à l'esprit est que tu dois apprendre à t'accepter comme tu es avec tes défauts et tes qualités. La honte est un sentiment ravageur et emprisonnant car elle nous envahie l'esprit et nous empêche tout épanouissement personnel. Recherche ce que tu aimes chez toi ou bien demande à un proche de te dire ce qu'il apprécie chez toi, ca te permettra de comprendre pourquoi on t'aime bien et vice versa pourquoi on n'apprécie pas certaines choses chez toi (je veux dire dans ta personnalité) Ne te focalise pas dessus tu seras malheureuse autrement libère toi de cette honte. Et puis personne n'est parfait, pourquoi te faire tant de mal ??

[jujumarg44]

Bonjour à toi penséesolitaire

Personnellement, j'ai rarement eu "honte" et j'ai toujours justement beaucoup travaillé sur moi pour m'accepter comme j'étais en me disant que ceux qui me rejetaient ou qui se moquaient ne valaient pas la peine que je me tracasse

Mais j'avoue que comme j'ai toujours surcompensé, même si je me suis toujours sentie en "décalage", je crois que ça ne se voyait pas systématiquement, loin de là. Ca m'a sans doute aidée à ne pas avoir honte de moi, car je parvenais à "faire illusion"

Je crois que Janise a tout à fait raison de te dire qu'il va falloir apprendre à travailler sur toi pour laisser ce sentiment de côté et prendre conscience de tous tes bons côtés. Tu en as sans doute à foison!

Bien à toi

[bidouille]

bonjour,

Je ne sais pas trop si je ressent de la honte, en fait je suis souvent le sujet des plaisanteries , on se moques generalement de moi et ca me gonfle en effet. J'ai souvent des idées a parts , je m'exprime mal donc personne ne comprend mon cheminement de pensée et donc je passe au mieu pour une idiote. Le plus souvent on m'evite, certainement que je suis antipathique mais pourquoi???

Bref parfois j'aimerai être comme tout le monde pour ne plus avoir a me debattre ou m'enfermer pour qu'on me laisse tranquile. En ce sens j'ai honte d'exister.

[penséesolitaire]

bonjour et merci pour vos messages.
c'est vrai que c'est étouffant et difficile à gérer. Je pense que c'est plus du au vécu que au fait d'être aspi, mais comme souvent on est rejeté plus ou moins par la société ou l'entourage, on est peut être plus susceptible de la ressentir.
j'ai toujours cette peur de déplaire, de me faire des illusions (et je m'en fais), en gros je vis dans mes rêves et quand je dois revenir à la réalité desfois je suis effrayée, je sens le décalage, j'essaye de me concentrer que ce qu'on me dit tout en pensant vivement que ça se termine.
je n'en peux plus de vivre comme ça, ça me torture.
En ce moment je prends conscience de la façon dont je vis les situations, j'accepte que je souffre et que ce sont des situations à problèmes pour moi, je voudrais ne pas les éviter mais arriver à vivre ces situations de façon moins stressante. Je ne me laisse pas approcher, et quand je sens que je plais à un homme, je fuis si je peux, sinon j'ai très peur qu'il m'approche, comme si je ne pouvais pas dire non, ou même si il me plait ça me parait impossible d'aller vers lui, je me sens trop nulle, je suis très nerveuse dans ces cas là et j'ai encore plus la honte!
j'aimerais vraiment arriver à lâcher prise, est ce que certains d'entre vous sont passés par là et ont réussi à s'en sortir?

[meï]

curieusement, la honte n'est pas quelque chose que je ressne souvent mais ca a une autre nature je pense.disons je ressens au quotidien autre chose plus du type, "nostalgie de la" nomalité"?..mais pas de la honte aiment.
disons que je me rends compte que pour les autres en genral, ceux que je ne connais pas , je manque de personnalité, d'expression (ou au contraire je susi excentrique)...bref je ne susi pas pour l'exterieur ce que je susi a l'interieur et je n'ai jamais reussi a mettre en phase mon ressenti et ma personalié" et ce que percoivent les autres personnes.

donc je ressens plutot de l'incomprehension récurrente plutot que de la honte ...mais c'est pesant.
par contre mo nidentification a d'autres personnes asprger m'a bcp aidé car j'ai compris que je n'etais pas seule a vivre de cette façon et qu'on etait juste differents , et qu'on a notre place aussi. mais il reste une forme de decalage qui ne sera jamais effacé, et qu'aujourd'hui je n'ai plus envie d'effacer justement.(contrairement a avant..)

bonne chance. tu n'as pas a avoir honte de ce que tu es ou de qui tu es!...

[Madu]

J’ai un gros problème d’estime de moi qui est également lié à mon vécu. Dans la vie, quand quelqu’un dit un truc un peu idiot, je dis toujours « c’est vrai ?? » en me demandant comment c’est possible. Alors qu’évidemment c’est PAS possible. Mais je suis tellement naïve que je crois TOUJOURS à la moindre idiotie et que je pose TOUJOURS la question.

Je suis sûre que je ne suis pas Asperger parce que au niveau des 5 sens tout à l’air de fonctionner de manière classique et puis je vois par rapport à mon enfant : il est tout de même très différent.

Bon bref comment faire quand on n’a aucune estime de soi et qu’on a l’impression de n’avoir aucune valeur. C’est comme ça que j’ai compris ton message. D’abord la perception de soi : avoir l’impression qu’on n'a pas de valeur. La réalité est différente ; chacun / e a de la valeur, humaine, et peut se trouver des potentiels ou des points forts à développer ou valoriser.

C’est le travail d’une vie. Dans mon cas, après maintes aventures, pas très glorieuses, j’ai eu un enfant. Là ça m’a franchement réveillé et je me suis dis qu’il fallait que j’en prenne soin et que je voulais que mon fils soit fier de sa mère. J’en ai bavé quand j’étais maman célibataire seule avec un bébé autiste ! J’ai appris la discipline et la rigueur car sans une hygiène de vie exemplaire, je ne m’en serai pas sortie. Je n’avais littéralement pas une minute à moi.
Avoir un enfant autiste, c’est un challenge de tous les instants. Donc on est toujours dans le mode « survie » et on doit comprendre, apprendre, s’adapter etc … Quelques années après, j’ai rencontré l’homme de ma vie et notre relation est un échange perpétuel qui m’oblige à évoluer, à réfléchir etc .. Il est gentil comme tout, il est super compréhensif et il me dit très souvent des choses gentilles pour m'aider à developper ... de l'estime de moi.

C’est là où j’en suis aujourd’hui.
Je suis toujours un peu sur la défensive puisque je ne suis pas très posée au niveau sentiment de sécurité et je me remets vite en cause.
Je suis toujours dans le besoin de me justifier pour la moindre chose puisque j’ai l’impression que les gens qui m’entourent me demandent des explications sur telle ou telle décision que je prends alors qu’en fait ils ne me demandent rien.
Bon alors là j’ai déjà progressé puisque maintenant j’arrive à concevoir qu’ils ne me demandent pas de me justifier. Avant c’était automatique pour moi.

Donc en conclusion, je pense que ça prend du temps et beaucoup de volonté pour progresser et se sortir d’une image de « pauvre petite chose sans valeur ».

J’ai trouvé un certain réconfort dans des livres de poésie, de philosophie ou de développement personnel mais je crois que chacun /e a ses propres préférences et outils pour s’aider à s’épanouir.

En tout cas c'est possible !

[penséesolitaire]

bonjour toutes les 2 et merci pour votre message.
je ressens à peu près les même choses que toi Madu, sur le fait de devoir se justifier etc... et sur le "ah bon" aussi lol!
je me rends compte aussi comme toi et j'avance tout doucement, ça enlève un peu de pression.
Le fait est que je crois que j'aurai toujours honte de moi tant que je n'aurai pas trouvé quelqu'un qui m'accepte vraiment, ce qui n'est jamais arrivé au niveau des gens très proches (parents, conjoints etc).
J'ai 2 amies avec qui je passe de bons moments et qui m'acceptent, mais au niveau amour c'est plus dur... j'ai peur autant de me découvrir physiquement que mentalement (ça a peut être un lien) j'ai l'impression d'être un poids, que quand la personne s'en apercevra elle ne voudra plus de moi, la peur de l'abandon est liée aussi.
je ne me suis jamais abandonnée vraiment à quelqu'un, je ne sais pas si c'est possible ou si on ne voit ça que dans les films?
je me rends compte à quel point je tiens à ma bulle maintenant que je prends conscience, et ça renforce mes angoisses pour l'avenir. J'espère que c'est momentané.
J'ai du mal à accepter tout ça, mais c'est la seule chose dans ma vie qui m'a fait me sentir entière, j'ai trouvé la clef, ça y est, mais finalement ça va pas être si facile que je l'aurais cru.
j'ai vraiment envie de dépasser ces barrières qui sont venues s'ériger devant moi et qui m'empêchent de vivre ma vie.

Meï d'après ce que tu dis ça ne t'empêche pas d'avancer dans la vie ce sentiment, c'est ça? tu dis ne plus avoir envie d'effacer ton décalage, ça a du être un dur chemin, de mon côté je ne l'ai pas encore accepté, d'ailleurs je ne suis pas encore diagnostiquée alors peut être pas, en tout cas mon vécu fait que j'ai des ressentis identiques et que j'ai su comprendre ce que je vivais en lisant les témoignages d'aspergers.

[samoju]

Je vais juste poser une question qui me vient la immédiatement. Si tu as honte c'est que tu identifies les choses, identifier c est comprendre le mécanisme ? Ce que j observe chez mon compagnon et mes enfants c est une impossibilité a comprendre, à identifier donc, la honte ne vient que si on leur explique mais ils sont incapables de s en rendre compte eux-même.

[penséesolitaire]

oui je comprends les mécanismes comme tu dis, je suis en perpétuelle quête de moi même j'analyse beaucoup, surement trop, ce qui me fais être en décalage aussi.

[Hopla]

Bonjour,

Je remonte cette discu, j'ai passé longtemps loin d'ici...

Où en es-tu de tes réflexions, penséesolitaire ?

Le titre et le sujet m'ont interpellée, parce que la honte a été ma compagne quotidienne pendant plusieurs décennies. Un jour un psy m'avait demandé si je devais résumer mon enfance en un mot quel serait ce mot, et du tac-au-tac, le seul mot qui m'est venu c'est "honte". Mais dans mon cas, je sais aussi qu'il y a eu des causes extérieures (une famille qui me rejetait et ne se privait pas de mots durs un peu prédictifs comme "tu ne trouveras jamais personne pour t'aimer", une inadaptation totale au milieu scolaire, plusieurs nounous maltraitantes).
En fait, je crois que je prenais ce rejet comme vrai, justifié. On me l'avait toujours présenté ainsi (c'était toujours "ma faute" en quelque sorte quand on me rejetait, on me reprochait quelque chose, et je faisais mien ce reproche, je le validais intérieurement, et j'avais honte de l'avoir provoqué, et très jeune ça s'est étendu à toute ma personnalité, même si je l'ai caché parce que j'avais honte de cette honte ).
Il me semble que j'ai réussi à surmonter la honte (pas totalement, faut pas rêver, elle m'assaille encore souvent, mais maintenant j'ai un raisonnement pour la contrer) quand j'ai réussi à transformer ce rejet en colère. J'ai réalisé qu'il était injuste, sans fondement réel. Et je crois que là-dessus avoir un enfant Aspie m'a énormément aidée (bon, là maintenant avec 2 c'est plus compliqué), parce que j'ai compris que le rejet venait des autres, d'une injustice fondamentale, pas de lui, qui était comme ça sans le faire exprès (j'ai mis quelques années à le comprendre, et à accepter ce qui allait à l'encontre de toute mon éducation : on n'est pas 100% responsable de TOUT ce qu'on est, on ne naît pas page vierge sur laquelle on deviendrait exactement ce qu'on veut). Le fait d'avoir un mari toujours présent aussi ça compte, et un psy qui un jour m'a ouvert les yeux sur un bon côté. Le mécanisme était enclenché, j'avais compris comment regarder ma propre vie avec une sorte d'analyse froide, distante, qui permet de mieux juger.

Il me semble qu'en écrivant ici, tu franchis la première étape, mais ça ne peut pas se faire en un jour, c'est tout une démarche d'esprit qu'il faut rééduquer, une vigilence de chaque instant qu'il faut mettre en place pour vaincre cet ennemi intérieur. Fréquente des gens qui t'apprécient, demande-leur carrément quand quelque chose te tracasse (bah de toute façon, tu sais que la honte te guette, alors qu'est-ce que ça change d'en rajouter une couche si ça peut permettre de mieux comprendre les mécanismes de pensée des autres ? et parfois on a des surprises quand on ose poser les questions qui nous font honte, qu'on n'ose jamais poser, ça vaut le coup d'essayer ), note sur un papier les qualités que tu te connais, et garde ce papier dans ta poche, à tout moment, il te rappelle que tes qualités sont là, pas loin, à portée de doigts. Quelles que soient tes maladresses, tes erreurs, tes qualités sont là aussi, alors qu'est-ce qui compte ? Ceux que tu aimes aussi ont des maladresses, font des erreurs, et pourtant c'est leurs qualités qui font que tu les apprécies. La réciproque est vraie.

[Bel Gazou]

La honte, je ne la ressent que très rarement; presque jamais, j'ai plutôt tendance à m'en foutre. Je ne me rends pas compte de l'image que je renvois et comment les gens me conçoivent, je ne m'aperçois de rien, comme une espèce de cécité. Celui à qui je ne plaît pas, il regarde ailleurs.
J'ai peut être eu honte pendant ma scolarité, avec les moqueries et insultes incessantes; mais je laisse ça où c'est, même si j'ai parfois des remontées.
Je vis aussi dans un monde imaginaire avec des gens imaginaires que je retrouve quand je suis seule (souvent). Je me dis parfois que ça peut devenir gênant si je rencontre un jour quelqu'un avec qui vivre; je me dis que je ne rencontrerai jamais personne, et que je resterai seule. Mais c'est faux, parce que les moments durant lesquels je pense ça, ce sont les moments où je suis fatiguée, déprimée, et que je n'ai donc pas une vision juste des choses, mais altérée par mon humeur.
Ce qu'il faut garder à l'esprit, c'est que tout évolue; on ne reste pas coincé au même endroit toute la vie, et nous-même changeons. Mais parfois, pour changer, il faut s'activer un peu. As-tu songé à parler à quelqu'un de ces problèmes, quelqu'un avec qui tu n'as rien à perdre, et à qui tu ne dois aucun compte ? Parce que peut-être qu'un psychologue ou psychanalyste, dans ce cas, pourraît t'aider (à condition qu'il soit au fait des histoires du syndrome d'Asperger !).

[zad]

je crois que pour ma part, c'est jamais sur le coup. je ne m'en rends pas compte.

par contre, plus tard, qd je repense à ce moment x, et que je ne me rends compte (parfois) que ce que j'ai dit ou fait aurait du me coller la honte ; que pour le commun des mortels c'est humiliant ; là, en effet, ça devient un souvenir désagréable. in fine, je suis déçu de ne pas avoir réagit correctement.

[TheAsperger68]

NON mais tu a honte de quoi au final? de ce que tu est réelement? il faut pas parler comme ça, ça n'arange
rien du tout, dis toi que la nature t'as fais comme tu est pour une bonne raison, il y a juste 2 ou 3 raiglages
a fair, c'est rien de bien grave.
Désoler si je te semble un peus durt mais pour moi être asperger est devenut une fièretée, mon honeur.
Ca a été pour moi la façon de me reprendre en main et de prendre en main mon avenir.

[zad]

@TheAsperger68 : je capte bien ce que tu dis. évidemment, c'est pas grave, et ce n'est pas mon état d'esprit.

qqpart, je parle aussi d'anonymat, et surtout des faux pas ; ces derniers pouvant foutre la honte puissance 10

le sujet de ce thread étant la gestion de la honte. je te rassure, pas de pbs pour moi. j'explique juste comment je fonctionne à ce niveau. je capte à rebours, et je me dit : "arf, j'ai perdu une occasion de me taire", mais j'en fait pas une montagne.

(ps : doucement avec les Majuscules, elles font hurler les lettres)