Génie et autisme
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Re: Génie et autisme
Neuro-atypique (TSA) diagnostiquée à 21 ans, plusieurs soupçon de TSA dans la familles, un cousin diagnostiqué et 2 cousines en attentes de diagnostique.
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Re: Génie et autisme
Alors là, tu ne peux pas savoir à quel point je suis d'accord avec toi.samoju a écrit :Moi je ne comprend toujours pas comment on peut revendiquer un handicap si l'on a seulement une personnalité.
Si ce n était qu'une question de personnalité il n aurait pas besoin de toute cette aide. Il n aurait même pas besoin de diag ou de RTH. Il travaillerai et ses collègues diraient de lui qu il est caractériel ou autre. Mais non il n'est pas juste différent, il a un handicap.
Alors moi je suis désolée mais si vous êtes juste différents , trouvez un autre nom pour ça , vivez votre vie avec votre différence qui ne vous handicape pas et laissez le terme de handicap a ceux qui le vivent.
Ca pourra peut être paraitre dur mais il me semble que dans une communauté ce sont les plus " faibles " qu il convient d'aider et que c'est un devoir pour ceux qui sont les plus forts.
En plus ceux là prennent toute la place et il n'est plus possible de s'exprimer si le conflit est source d'angoisses. Merci Samoju, merci.
"Ne le secouez pas, cet homme est plein de larmes." Charles Dickens.
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Re: Génie et autisme
Merci beaucoup Rose d'avoir fait remonter ce texte de Samoju avec lequel je suis totalement d'accord aussi. Je n'avais pas eu le temps de répondre sur le moment.
Samoju a raison. Il existe un handicap, sinon on ne serait pas là à en débattre.
Et on doit mettre en oeuvre tout ce qui est possible, adapté à chaque cas, pour que la qualité de vie de la personne ne soit quasiment pas altérée ( et pas seulement son rendement au travail
)
ça reste une honte que cela ne soit pas fait systematiquement en France.
Quelqu'un m'a raconté recemment les conditions de vie d'une jeune fille autiste dans un ESAT bruyant. Ignoble.
Samoju a raison. Il existe un handicap, sinon on ne serait pas là à en débattre.

Et on doit mettre en oeuvre tout ce qui est possible, adapté à chaque cas, pour que la qualité de vie de la personne ne soit quasiment pas altérée ( et pas seulement son rendement au travail

ça reste une honte que cela ne soit pas fait systematiquement en France.
Quelqu'un m'a raconté recemment les conditions de vie d'une jeune fille autiste dans un ESAT bruyant. Ignoble.
Liane, maman de trois enfants géniaux dont un ado avec "un petit plus"
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Re: Génie et autisme
D'accord avec vous également (même si les frontières sont parfois floues).
Atypique sans être aspie. Maman de 2 jeunes filles dont une aspie.
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Re: Génie et autisme
Oui la limite est floue. Le terme "personne a besoin spécifique" serait peut-être plus judicieux.
Les personnes qui ont "simplement" une personnalité différente expliquent bien ce que les personnes moins communicantes peuvent ressentir. On a bessoin de toutes les expériences.
Sans compter que ce forum est convivial et les échanges toujours frutueux.
Il ne faudrait cependant pas oublier le handicap.
On a peut-être encore besoin de se terme pour pour que se déclenchent volonté politique, changement de mentalités, subventions, formations etc.. On pourait ainsi avoir les moyens matériels et humains pour s'adapter aux besoins spécifiques d'un individu...
Les personnes qui ont "simplement" une personnalité différente expliquent bien ce que les personnes moins communicantes peuvent ressentir. On a bessoin de toutes les expériences.


Il ne faudrait cependant pas oublier le handicap.

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Re: Génie et autisme
Lien intéressant, qui permet d'accéder en fin de compte à l'article original.voile de chine a écrit :http://www.magicmaman.com/,enfant-prodi ... 152823.asp
http://scottbarrykaufman.com/wp-content ... h-2012.pdf
Il apparaît que l'article en français déforme totalement les conclusions de la recherche. Les commentaires publiés sur magicmaman contestent d'ailleurs l'article, et on pourra toujours chercher dans la littérature l'exceptionnelle "mémoire de travail" des autistes ...

père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Génie et autisme
je regrette ma faible maitriste de la langue anglaise 

Maman bizarroïde d'un grand ado de 16 ans (EIP TDA) et d'un ado de 14 ans Asperger TDAH.
Tous différents , tous humains!
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Re: Génie et autisme
Le fait est qu'il existe certaines similarités (mais aussi, semble-t-il, des différences) dans les modes de fonctionnements des aspies, des précoces ou HP et des bipolaires / maniaco-dépressifs. Il est intéressant qu'UNE étude (merci @ Manu pour ce lien !) s'intéresse ENFIN aux relations entre ces "pathologies" (j'insiste sur les guillemets) qu'on regroupait autrefois très généralement sous le terme fourre-tout "schizophrénie". Pour ma part, j'ai eu tous ces diagnostics : HP, MD, BP, schizo, TED... (ainsi que celui de borderline). Sans présumer du résultat, je trouve intéressant et positif que l'on se penche sur les liens et différences entre ces troubles / modes de fonctionnement. Je me demande souvent si la différence entre un bipolaire et un aspie ne se trouve pas plutôt dans l'oeil ou plutôt la formation du médecin qui pose le diag. Pour ma part, mes médecins se battent entre les psychiatres formés à la psychanalyse, qui me déclarent psychotique (bipote ou border) et les cognitivo-comp qui me disent que je suis TED. Et le fait est que dans les deux cas, on parle de quelque chose dont les symptômes, sans être exactement les mêmes, se recoupent largement, et dont les causes sont assez mystérieuses mais étaient autrefois attribuées à l'environnement familial et aujourd'hui, de plus en plus, à des facteurs génétiques. Reste à voir si les mêmes gènes sont en cause. A contrario, il a été montré comment des enfants précoces ou HP peuvent être amenés à développer des symptômes évoquant des TSA, du fait de leurs difficultés d'intégration sociale, et de l'écrat entre leurs âges mental (QI) et affectif (développement de dys-...). Quoi qu'il en soit, je pense que c'est une piste qui méritait d'être ouverte.
A propos des diags d'adultes, a fortiori a posteriori, j'aurais quelques remarques. Tout d'abord, Wittgenstein n'était pas un artiste mais un philosophe. A ce propos, on se demande parfois (souvent ?) si Rousseau et Kant n'avaient pas eux aussi de TSA. Mais le problème est que déjà qu'on spécule quand on cherche à diagnostiquer a posteriori quelqu'un qui est mort il y a 50 ans, quand il s'agit d'une personne ayant vécu il y a des siècles... Va savoir ! 0n ne peut pas faire de bilan psy, pas d'entretien possible, pas d'examen neuro... 0n n'a que des témoignages subjectifs et datant d'une époque où l'on ne connaissait absolument pas ces troubles ! C'est comme dire "Socrate était aspie"... alors qu'au fond, on n'a pas la moindre idée de comment il vivait par delà la légende, ni même de ce qu'il professait réellement, au delà du personnage forgé par Platon.
D'un autre côté, je trouve un peu extrême de dire "un aspie, c'est diagnostiqué, point barre" : quand on sait le nombre d'adultes aspies non diagnostiqués (parce qu'il y a 20, 30, 40 ans c'était encore moins évident que maintenant d'avoir un diag correct pour ce type de troubles) et les difficultés qu'ils rencontrent, ça veut dire quoi ? Qu'un adulte qui a des difficultés très importantes et est diagnostiqué à 30 ans ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même jusqu'au diag puis d'un coup n'est plus responsable de ses problèmres ? Qu'il n'était pas aspie durant ses trentes premières années puis d'un coup, il l'est ? Soyons sérieux : il est aussi absurde, irrationnel et dangereux éthiquement de considérer que seuls les aspies diagnostiqués sont bien aspies que de coller l'étiquette "aspie" sur tous les mecs un peu bizarres et pas très sociables.
Et au passage, histoire de casser un peu certains clichés : on peut être génie ET clodo (j'en sais quelque chose). A ce sujet, une anecdote : un prof de math donnait un cours chaque semaine dans une fac et avait avisé un clochard qui venait à chaque séance et se mettait au fond de la salle près du radiateur. Il s'est dit "Bon, le gars vient profiter du chauffage"... Un jour, alors qu'il fait son cours, le clochard l'interrompt et se lance dans une grande démonstration, particulièrement brillante. Il s'avèré que le mec était bel et bien sans abri... mais avait un doctorat de mathématiques obtenu avec les honneurs ! Des gens comme ça, dans la rue, il y en a un certain nombre (j'en ai rencontré pas mal)...
A propos des diags d'adultes, a fortiori a posteriori, j'aurais quelques remarques. Tout d'abord, Wittgenstein n'était pas un artiste mais un philosophe. A ce propos, on se demande parfois (souvent ?) si Rousseau et Kant n'avaient pas eux aussi de TSA. Mais le problème est que déjà qu'on spécule quand on cherche à diagnostiquer a posteriori quelqu'un qui est mort il y a 50 ans, quand il s'agit d'une personne ayant vécu il y a des siècles... Va savoir ! 0n ne peut pas faire de bilan psy, pas d'entretien possible, pas d'examen neuro... 0n n'a que des témoignages subjectifs et datant d'une époque où l'on ne connaissait absolument pas ces troubles ! C'est comme dire "Socrate était aspie"... alors qu'au fond, on n'a pas la moindre idée de comment il vivait par delà la légende, ni même de ce qu'il professait réellement, au delà du personnage forgé par Platon.
D'un autre côté, je trouve un peu extrême de dire "un aspie, c'est diagnostiqué, point barre" : quand on sait le nombre d'adultes aspies non diagnostiqués (parce qu'il y a 20, 30, 40 ans c'était encore moins évident que maintenant d'avoir un diag correct pour ce type de troubles) et les difficultés qu'ils rencontrent, ça veut dire quoi ? Qu'un adulte qui a des difficultés très importantes et est diagnostiqué à 30 ans ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même jusqu'au diag puis d'un coup n'est plus responsable de ses problèmres ? Qu'il n'était pas aspie durant ses trentes premières années puis d'un coup, il l'est ? Soyons sérieux : il est aussi absurde, irrationnel et dangereux éthiquement de considérer que seuls les aspies diagnostiqués sont bien aspies que de coller l'étiquette "aspie" sur tous les mecs un peu bizarres et pas très sociables.
Et au passage, histoire de casser un peu certains clichés : on peut être génie ET clodo (j'en sais quelque chose). A ce sujet, une anecdote : un prof de math donnait un cours chaque semaine dans une fac et avait avisé un clochard qui venait à chaque séance et se mettait au fond de la salle près du radiateur. Il s'est dit "Bon, le gars vient profiter du chauffage"... Un jour, alors qu'il fait son cours, le clochard l'interrompt et se lance dans une grande démonstration, particulièrement brillante. Il s'avèré que le mec était bel et bien sans abri... mais avait un doctorat de mathématiques obtenu avec les honneurs ! Des gens comme ça, dans la rue, il y en a un certain nombre (j'en ai rencontré pas mal)...
{ asperge }
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Re: Génie et autisme
Bonjour
Comment distinguer deux personnes qui ont le même niveau d'intelligence alors qu'un "autiste vers l'âge de 2 ans la grosseur de son cerveau augmente en neurones. Un peut avoir son niveau actuel déjà à sa naissance. tandis que l'autre l'aura un peu plus tard. Alors comment être certain que des génies du passé étaient autistes ?
Alors se pose la question, pourquoi chez certains enfants au début de leur vie le nombre de neurones augmentent ? Mon hypothèse est que vu que beaucoup d'autistes ont eu une naissance difficile, leurs neurones ont commencé déjà à travailler pour s'en sortir dès les premiers jours. Et possiblement ils se sont developpés comme on se sert de nos muscles
Si parmi les génies du passé certains ont eu une naissance difficile il se peut très bien que c'est la condition d'autiste qui a pévalu.
Quant aux symptomes qu'on retrouve ches ces enfants je me demande si ce n'est pas le manque de santé qui est en cause. Quand on ne se sens pas très en santé il est plutôt normal qu'on a pas le sourire facile.
Maurice
Comment distinguer deux personnes qui ont le même niveau d'intelligence alors qu'un "autiste vers l'âge de 2 ans la grosseur de son cerveau augmente en neurones. Un peut avoir son niveau actuel déjà à sa naissance. tandis que l'autre l'aura un peu plus tard. Alors comment être certain que des génies du passé étaient autistes ?
Alors se pose la question, pourquoi chez certains enfants au début de leur vie le nombre de neurones augmentent ? Mon hypothèse est que vu que beaucoup d'autistes ont eu une naissance difficile, leurs neurones ont commencé déjà à travailler pour s'en sortir dès les premiers jours. Et possiblement ils se sont developpés comme on se sert de nos muscles
Si parmi les génies du passé certains ont eu une naissance difficile il se peut très bien que c'est la condition d'autiste qui a pévalu.
Quant aux symptomes qu'on retrouve ches ces enfants je me demande si ce n'est pas le manque de santé qui est en cause. Quand on ne se sens pas très en santé il est plutôt normal qu'on a pas le sourire facile.
Maurice
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Re: Génie et autisme
Il me semble qu'il ne faut pas mettre en relation "grosseur du cerveau" et intelligence.
La croissance atypique du cerveau avant 2 ans est analysée comme un signe physique précurseur de l'autisme.
Mais cette différence se résorbe ensuite.
Voir quelques détails : https://sfari.org/news-and-opinion/in-b ... ends-early
Sur l'aspect testostérone : http://forum.asperansa.org/viewtopic.ph ... 270#p85270
La croissance atypique du cerveau avant 2 ans est analysée comme un signe physique précurseur de l'autisme.
Mais cette différence se résorbe ensuite.
Voir quelques détails : https://sfari.org/news-and-opinion/in-b ... ends-early
Sur l'aspect testostérone : http://forum.asperansa.org/viewtopic.ph ... 270#p85270
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Génie et autisme
totu afait.lo² a écrit : Et au passage, histoire de casser un peu certains clichés : on peut être génie ET clodo (j'en sais quelque chose). A ce sujet, une anecdote : un prof de math donnait un cours chaque semaine dans une fac et avait avisé un clochard qui venait à chaque séance et se mettait au fond de la salle près du radiateur. Il s'est dit "Bon, le gars vient profiter du chauffage"... Un jour, alors qu'il fait son cours, le clochard l'interrompt et se lance dans une grande démonstration, particulièrement brillante. Il s'avèré que le mec était bel et bien sans abri... mais avait un doctorat de mathématiques obtenu avec les honneurs ! Des gens comme ça, dans la rue, il y en a un certain nombre (j'en ai rencontré pas mal)...
j'en ai connu lors de ma periode ou je vivais au rythme de la rue et de mes rencontres.
et j'ai souvent constaté que nombre de ceux qui refuient par choix ou par incapacité a s'integrer, sont plutot "intelligents" et hors normes...(pas tous, mais certains.)
d'aileurs quand je dis ça sur un forum de surdoué on me retorque assez souvent que j'exagere mais de mon vécu, pas du tout. j'ai conu bien des personnes très intelligentes ds la rue ou en situations précaires, d'alcoolisme, de toxicomanie,ou d'associabilité....et totu simplement, eles n'ont pas les moyens ces personnes de rester ds cette société normative pleine de codes a suivre.Ca leur demande trop d'efforts.(ou autre, on ne les prend pas comme elles sont.)
1973 ( TSA, hpi, diag CRA 2012) de 4 enfants (tsa/ hpi, tdah, hpi et autres.)...)
https://cieharmonieautiste.jimdo.com/
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Re: Génie et autisme
Voir la traduction plus haut.Jean a écrit :Est-ce que Alan Turing avait le syndrome d'Asperger?
Il n'est pas exagéré de dire que Alan Turing a été l'un des personnages les plus influents du 20e siècle. Considéré comme le père de la science informatique et de l’intelligence artificielle, il a également fait des contributions avant-gardistes dans les domaines des mathématiques, de la chimie et de la biologie. La plus célèbre, au cours de la Seconde Guerre mondiale, est qu’il a joué un rôle crucial dans le craquage du code Enigma des nazis.
Il a également été, est-il soutenu, atteint du syndrome d'Asperger.(...)
O'Connell, H., & Fitzgerald, M. (2003). Did Alan Turing have Asperger's syndrome? Irish Journal of Psychological Medicine, 20 (1), 28-31 http://crackingtheenigma.blogspot.fr/20 ... drome.html
La grâce d'Alan Turing, héros de la guerre et gay persécuté
LE MONDE | 26.12.2013
Avec la grâce royale posthume accordée au mathématicien Alan Turing (1912-1954), héros de la seconde guerre mondiale condamné en 1952 pour homosexualité, le gouvernement britannique fait tardivement repentance, mais du moins le fait-il nettement et courageusement. Cinquante-neuf ans, c'est une bien longue attente pour que soit réparée une injustice à l'encontre de celui qui, en cassant les codes des sous-marins allemands, avait permis aux Alliés de gagner la bataille de l'Atlantique.

Le mathématicien Alan Thuring (1912-1954), héros de la seconde guerre mondiale, condamné en 1952 pour homosexualité. Le gouvernement britannique fera plus tard repentance.
Celui qui passe pour l'un des pères de l'intelligence artificielle avait été retrouvé mort empoisonné au cyanure en 1954. Deux ans plus tôt, il avait été condamné pour « outrage aux bonnes mœurs » avant de subir une castration chimique. Malgré la dépénalisation de l'homosexualité en 1967, les autorités rechignaient à reconnaître cette condamnation discriminatoire.
Cette décision souligne le chemin parcouru par les gays d'outre-Manche. L'initiative revient au ministre de la justice, le conservateur Chris Grayling. Ce dernier, qui avait défendu le refus d'une auberge écossaise d'accepter un couple du même sexe en mars 2010, a qualifié Alan Turing d'« homme exceptionnel avec un esprit brillant ». Le pardon accordé, le 24 décembre, par Elizabeth II au casseur du code Enigma, vient couronner une année faste pour les homosexuels du Royaume. Adopté en juillet par le Parlement, le mariage gay doit entrer en vigueur le 29 mars 2014. Le premier ministre tory, David Cameron, réputé pour son ouverture sur les questions de société, a pris à rebrousse-poil une partie de son groupe parlementaire et de ses supporteurs pour faire voter le texte.
EVOLUTION DES MENTALITÉS
Le soutien de la presse conservatrice au « coming out » du plongeur Tom Daley, médaillé olympique et star médiatique, illustre cette percée. Le footballeur Robbie Rogers, qui joue aujourd'hui au Los Angeles Galaxy, a reconnu publiquement ses penchants en février. C'est le premier joueur de football, citadelle de l'homophobie, à le faire depuis le suicide de Justin Fashanu en 1998. Les mentalités ont évalué dans un autre bastion en retard sur l'évolution de la société, la City. Le Financial Times a publié en octobre la première liste des gays les plus influents de la première place financière européenne. Le pink plateau, le plafond de verre en vertu duquel, à compétences égales, un homosexuel a moins de chance d'accéder à un poste de direction, commence à se fissurer.
Enfin, des personnalités de renom se sont jointes à l'entrepreneur Richard Branson en appelant au boycottage économique de l'Ouganda, où l'homosexualité est désormais passible de la prison à vie. Et, après la loi homophobe promulguée en juin 2013 en Russie, la BBC a confié le commentaire des jeux de Sotchi à une star gay du petit écran, Claire Balding.
Marc Roche ((Londres, correspondant))
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Re: Génie et autisme
Un grand Monsieur, bien mal récompensé ...
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Re: Génie et autisme
Hélios, 9 ans, enfant prodige - 20 mai 2014
A l’âge où l’on apprend à lire et à compter, lui est un pianiste virtuose à la mémoire phénoménale. Il compose des musiques avec la maturité d’un adulte, rédige des histoires et invente des équations mathématiques. Mais sa vie sociale lui demande des efforts constants : inadapté au monde qui bouge, il a la tête peuplée de cauchemars. Paris Match l’a rencontré. Notre reporter a aussi recueilli les confidences d’un autiste de 48 ans qui a été diagnostiqué récemment et d’une épouse d’autiste non conscient de son handicap. Fascinant, terrifiant, mystérieux.
Les notes de la « Marche turque » de Mozart emplissent de leur puissance le petit salon. Vigoureux, les doigts d’Hélios courent sur le piano. L’enfant fait corps avec l’instrument. D’ordinaire peu expressif, son visage s’illumine à la mesure de sa virtuosité. Le garçon n’a pourtant jamais appris les notes de musique ni le solfège. Un miracle en soi. Dans un coin de la pièce faiblement éclairée – trop de lumière agresse l’enfant –, ses grands-parents et sa mère se recueillent autour du petit prodige. Ils restent toujours aussi fascinés par son talent hors normes. En chœur, ils racontent : « A 3 ans, il écoutait “Ah ! vous dirais-je maman” quand, soudain, il a couru vers le piano et reproduit la comptine ! Sa main droite tapait la mélodie, la gauche improvisait des accords. Nous sommes restés médusés. »
Depuis, Hélios interprète parfaitement la « Lettre à Elise » de Beethoven et la « Valse de l’adieu » de Chopin, après les avoir écoutées une seule fois dans la voiture de son grand-père. Il connaît aussi naturellement le prélude n°1 de Jean-Sébastien Bach. Des compositions que tout un chacun met dix ans à maîtriser ! À 7 ans, le jeune garçon a également composé un morceau d’une impressionnante maturité musicale... Une mélodie qui évoque la pluie, le torrent, le calme d’une rivière, très émouvante car ouvrant une porte sur l’univers souvent impénétrable d’Hélios, sur ses états d’âme. Sous son épaisse tignasse brune se cache en effet le syndrome d’Asperger, une forme d’autisme dont la manifestation et l’évolution restent mystérieuses. Certains chercheurs émettent l’hypothèse d’une malformation génétique associée à l’environnement. Ce qui est presque sûr : la moitié des génies sont Asperger, qu’ils soient pianistes, comme Glenn Gould, physiciens, comme Einstein. On en dénombre environ 600 000 en France, et 1 enfant sur 150 naîtrait autiste.
Le personnel soignant a aidé Hélios à identifier les émotions sur le visage des autres et à les imiter
Hélios interrompt sa performance au piano et vient s’asseoir dans le canapé. A l’aise, il prend le temps de choisir avec justesse ses mots. D’une voix posée, un peu monocorde – un des signes de son handicap –, il raconte la naissance de sa mélodie : « Un matin, au réveil, je me suis demandé si j’étais capable d’inventer un air. Il a surgi tout à coup, dans ma tête et je l’ai joué d’une traite. » La musique, une interface heureuse entre deux mondes, le sien et celui d’autrui. Un vecteur d’émotions qu’Hélios peine à communiquer malgré son immense sensibilité. Stéphanie, sa mère, raconte : « Longtemps j’ai eu l’impression de vivre à côté d’un étranger. C’était dur de ne pas pouvoir créer de lien avec mon enfant, moi qui travaille comme animatrice dans les écoles de la Mairie de Paris. D’autant plus que je l’élève seule. Heureusement, nous habitons près de mes parents dans l’Essonne pour qu’ils nous soutiennent. » Elle ajoute, la gorge nouée : « Son visage était inexpressif. Il ne souriait pas. Gai ou triste, impossible de savoir. Très tôt, j’ai compris qu’il était différent. Surtout quand, à 18 mois, il m’a récité par cœur et sans fautes, le livre “Boucles d’or” que je lui racontais le soir ! J’ai consulté de nombreux médecins, mais c’est à l’hôpital Robert-Debré, à Paris, que j’ai obtenu le bon diagnostic. Grâce à des institutions comme le Sessad – une aide à l’intégration scolaire pour les enfants handicapés –, un fastidieux travail de fond a pu enfin commencer : le personnel soignant a aidé Hélios à identifier les émotions sur le visage des autres et à les imiter. Peu à peu, comme si son
cerveau était un muscle, cette stimulation a marché. »
L’imitation, seul moyen pour Hélios d’entrer en contact. Et, après de longues et douloureuses années d’efforts, le garçon a enfin progressé. Surtout depuis septembre dernier. Un déclic s’est produit. Si bien que, pour un étranger, son handicap est difficilement décelable. Une prouesse qui étonne sa famille : « Dans la cour de récréation, il joue même avec deux autres enfants ! » Stéphanie ajoute : « Et pour la première fois, pour fêter ses 9 ans, il a accepté d’inviter des copains. Ça s’est super bien passé ! Ce début de socialisation a aussi été facilité par son institutrice. Une chance ! Cette femme extraordinaire lui permet de dessiner sur un tableau à part dès qu’il a besoin d’évacuer un trop-plein d’anxiété. Bien sûr, en classe, une auxiliaire de vie scolaire est à ses côtés pour l’aider à se concentrer sur son travail. Mais la maîtresse nous a assuré qu’il atteindrait bientôt le niveau des autres élèves de sa classe de CM1. » Un vrai défi.
Comme tous les « aspies », l’enfant n’a pas la capacité d’abstraction ; il prend chaque mot échangé au premier degré. Il ne saisit pas non plus le langage implicite – la gestuelle, l’attitude, l’expression qui recouvrent 90 % de la communication habituelle. Quand il s’agite trop et que sa grand-mère lui dit en plaisantant qu’il a « le diable au corps », il pense aussitôt que le diable possède vraiment son corps. « En ce moment, le diable a disparu. Mais peut-être va-t-il revenir ? » murmure-t-il, inquiet. A l’unisson, la famille lui répète que c’est une expression, que « le diable n’existe pas ». Mais il n’arrive pas à concevoir le sens du mot « expression ». Alors il continue d’y croire. « Longtemps, il a parlé de lui à la troisième personne. Et il rencontrait des problèmes pour se mouvoir, comme si son corps était une entrave. Une psychomotricienne l’a aidé à en prendre conscience », confie Stéphanie, encore bouleversée.
Hélios, à la fois content d'avoir une excellente mémoire et si triste «de ne servir à rien dans la réalité»
Curieusement, Hélios touche à l’abstraction par un autre système mental, celui des mathématiques. C’est son deuxième domaine d’excellence. « Je sais ce qu’est un septillion, lance-t-il fièrement. Comme il fait s’envoler les notes d’un clavier, il manie les chiffres à la perfection. A 2 ans, il comptait jusqu’à 100. Et il utilise les mots presque aussi facilement. Il a rempli huit cahiers d’écolier. Colorés de dessins, ils sont pleins d’histoires spectaculaires, souvent tragiques. Inspirés de dessins animés, ses sept personnages récurrents doivent se débattre contre des tremblements de terre, des incendies et autres terrifiantes tempêtes. Une thérapie par l’écriture, pour chasser l’angoisse, parce que le monde qui l’entoure ne le comprend pas, et que lui-même doit se démener pour y accéder.
Alors, prendre le métro, même accompagné d’un adulte, signifie connaître par cœur tous les trajets. Aller à l’école seul lui est impossible : la route à traverser est forcément semée d’embûches. L’imprévu est viable uniquement dans son imaginaire car, lui, le personnage principal de ses histoires, s’est doté de potions magiques qui empêcheront la multitude de catastrophes à venir et préserveront un éphémère bonheur. Il y possède un vélo à 100 000 vitesses, qui représente sans doute la rapidité de son cerveau. « Je crois que je vais plus vite que les autres enfants », explique-t-il, à la fois content d’avoir une excellente mémoire et si triste « de ne servir à rien dans la réalité ». Dans la vie, il se sent inadapté. Il n’a plus de liberté, plus d’imagination, plus de spontanéité : sa peur de l’incontrôlable le paralyse. Pour la pallier, les jours sans école, il doit écrire un programme précis et le suivre à la minute près. Rituels et routines se succèdent et le calment.
16 h 30. Hélios regarde l’heure sur l’écran du téléviseur. Il la guettait depuis un moment. Il bondit du canapé et court prendre son goûter dans la cuisine. Puis, son urgente mission accomplie, il vient se rasseoir et reprend le récit de ses obsessions : « Je pense tout le temps à mes personnages quand je suis à l’école. Dans ma tête, ils existent en vrai. Avec mes histoires, j’ai envie de faire des livres et des films. » Pour l’occasion, son grand-père, devenu son secrétaire particulier, les tape sur son PC. Des scénarios à l’américaine. « L’hyperactivité, on sait ce que c’est, sourit-il. Hélios a toujours peur de s’ennuyer. Il a besoin d’une stimulation permanente. Comme il redoute d’être seul, il faut qu’on soit à ses côtés. » Sa maman regrette que ses centres d’intérêt se réduisent à des personnages imaginaires. Elle avoue que le quotidien est un combat de tous les instants : pour se lever le matin, pour manger, pour s’aérer... Son grand-père raconte : « Pour lui parler, il ne faut jamais employer la forme négative. Sinon, il n’obéit pas. Toute une gymnastique intellectuelle ! »
Heureusement, il y a le piano. Une musicothérapeute l’aide à canaliser ses émotions et à le mettre en confiance, si bien qu’il est parvenu à se livrer. Un moment rare, dévoilant une détresse où s’entremêlaient rêve et réalité. Il a pu lui raconter qu’il dormait depuis neuf ans. « Je force mes yeux à s’ouvrir mais je n’y arrive pas. Et, quand enfin je me réveille, j’ai l’impression de m’évanouir. » Un cauchemar. Mais, si Hélios est enfin capable de partager son ressenti le plus profond, il a des chances d’apaiser ses tensions. Alors, peut-être, un jour, mènera-t-il l’existence des enfants de son âge. Il s’agira alors d’un miracle de plus pour cet adorable gamin.
A l’âge où l’on apprend à lire et à compter, lui est un pianiste virtuose à la mémoire phénoménale. Il compose des musiques avec la maturité d’un adulte, rédige des histoires et invente des équations mathématiques. Mais sa vie sociale lui demande des efforts constants : inadapté au monde qui bouge, il a la tête peuplée de cauchemars. Paris Match l’a rencontré. Notre reporter a aussi recueilli les confidences d’un autiste de 48 ans qui a été diagnostiqué récemment et d’une épouse d’autiste non conscient de son handicap. Fascinant, terrifiant, mystérieux.
Les notes de la « Marche turque » de Mozart emplissent de leur puissance le petit salon. Vigoureux, les doigts d’Hélios courent sur le piano. L’enfant fait corps avec l’instrument. D’ordinaire peu expressif, son visage s’illumine à la mesure de sa virtuosité. Le garçon n’a pourtant jamais appris les notes de musique ni le solfège. Un miracle en soi. Dans un coin de la pièce faiblement éclairée – trop de lumière agresse l’enfant –, ses grands-parents et sa mère se recueillent autour du petit prodige. Ils restent toujours aussi fascinés par son talent hors normes. En chœur, ils racontent : « A 3 ans, il écoutait “Ah ! vous dirais-je maman” quand, soudain, il a couru vers le piano et reproduit la comptine ! Sa main droite tapait la mélodie, la gauche improvisait des accords. Nous sommes restés médusés. »
Depuis, Hélios interprète parfaitement la « Lettre à Elise » de Beethoven et la « Valse de l’adieu » de Chopin, après les avoir écoutées une seule fois dans la voiture de son grand-père. Il connaît aussi naturellement le prélude n°1 de Jean-Sébastien Bach. Des compositions que tout un chacun met dix ans à maîtriser ! À 7 ans, le jeune garçon a également composé un morceau d’une impressionnante maturité musicale... Une mélodie qui évoque la pluie, le torrent, le calme d’une rivière, très émouvante car ouvrant une porte sur l’univers souvent impénétrable d’Hélios, sur ses états d’âme. Sous son épaisse tignasse brune se cache en effet le syndrome d’Asperger, une forme d’autisme dont la manifestation et l’évolution restent mystérieuses. Certains chercheurs émettent l’hypothèse d’une malformation génétique associée à l’environnement. Ce qui est presque sûr : la moitié des génies sont Asperger, qu’ils soient pianistes, comme Glenn Gould, physiciens, comme Einstein. On en dénombre environ 600 000 en France, et 1 enfant sur 150 naîtrait autiste.
Le personnel soignant a aidé Hélios à identifier les émotions sur le visage des autres et à les imiter
Hélios interrompt sa performance au piano et vient s’asseoir dans le canapé. A l’aise, il prend le temps de choisir avec justesse ses mots. D’une voix posée, un peu monocorde – un des signes de son handicap –, il raconte la naissance de sa mélodie : « Un matin, au réveil, je me suis demandé si j’étais capable d’inventer un air. Il a surgi tout à coup, dans ma tête et je l’ai joué d’une traite. » La musique, une interface heureuse entre deux mondes, le sien et celui d’autrui. Un vecteur d’émotions qu’Hélios peine à communiquer malgré son immense sensibilité. Stéphanie, sa mère, raconte : « Longtemps j’ai eu l’impression de vivre à côté d’un étranger. C’était dur de ne pas pouvoir créer de lien avec mon enfant, moi qui travaille comme animatrice dans les écoles de la Mairie de Paris. D’autant plus que je l’élève seule. Heureusement, nous habitons près de mes parents dans l’Essonne pour qu’ils nous soutiennent. » Elle ajoute, la gorge nouée : « Son visage était inexpressif. Il ne souriait pas. Gai ou triste, impossible de savoir. Très tôt, j’ai compris qu’il était différent. Surtout quand, à 18 mois, il m’a récité par cœur et sans fautes, le livre “Boucles d’or” que je lui racontais le soir ! J’ai consulté de nombreux médecins, mais c’est à l’hôpital Robert-Debré, à Paris, que j’ai obtenu le bon diagnostic. Grâce à des institutions comme le Sessad – une aide à l’intégration scolaire pour les enfants handicapés –, un fastidieux travail de fond a pu enfin commencer : le personnel soignant a aidé Hélios à identifier les émotions sur le visage des autres et à les imiter. Peu à peu, comme si son
cerveau était un muscle, cette stimulation a marché. »
L’imitation, seul moyen pour Hélios d’entrer en contact. Et, après de longues et douloureuses années d’efforts, le garçon a enfin progressé. Surtout depuis septembre dernier. Un déclic s’est produit. Si bien que, pour un étranger, son handicap est difficilement décelable. Une prouesse qui étonne sa famille : « Dans la cour de récréation, il joue même avec deux autres enfants ! » Stéphanie ajoute : « Et pour la première fois, pour fêter ses 9 ans, il a accepté d’inviter des copains. Ça s’est super bien passé ! Ce début de socialisation a aussi été facilité par son institutrice. Une chance ! Cette femme extraordinaire lui permet de dessiner sur un tableau à part dès qu’il a besoin d’évacuer un trop-plein d’anxiété. Bien sûr, en classe, une auxiliaire de vie scolaire est à ses côtés pour l’aider à se concentrer sur son travail. Mais la maîtresse nous a assuré qu’il atteindrait bientôt le niveau des autres élèves de sa classe de CM1. » Un vrai défi.
Comme tous les « aspies », l’enfant n’a pas la capacité d’abstraction ; il prend chaque mot échangé au premier degré. Il ne saisit pas non plus le langage implicite – la gestuelle, l’attitude, l’expression qui recouvrent 90 % de la communication habituelle. Quand il s’agite trop et que sa grand-mère lui dit en plaisantant qu’il a « le diable au corps », il pense aussitôt que le diable possède vraiment son corps. « En ce moment, le diable a disparu. Mais peut-être va-t-il revenir ? » murmure-t-il, inquiet. A l’unisson, la famille lui répète que c’est une expression, que « le diable n’existe pas ». Mais il n’arrive pas à concevoir le sens du mot « expression ». Alors il continue d’y croire. « Longtemps, il a parlé de lui à la troisième personne. Et il rencontrait des problèmes pour se mouvoir, comme si son corps était une entrave. Une psychomotricienne l’a aidé à en prendre conscience », confie Stéphanie, encore bouleversée.
Hélios, à la fois content d'avoir une excellente mémoire et si triste «de ne servir à rien dans la réalité»
Curieusement, Hélios touche à l’abstraction par un autre système mental, celui des mathématiques. C’est son deuxième domaine d’excellence. « Je sais ce qu’est un septillion, lance-t-il fièrement. Comme il fait s’envoler les notes d’un clavier, il manie les chiffres à la perfection. A 2 ans, il comptait jusqu’à 100. Et il utilise les mots presque aussi facilement. Il a rempli huit cahiers d’écolier. Colorés de dessins, ils sont pleins d’histoires spectaculaires, souvent tragiques. Inspirés de dessins animés, ses sept personnages récurrents doivent se débattre contre des tremblements de terre, des incendies et autres terrifiantes tempêtes. Une thérapie par l’écriture, pour chasser l’angoisse, parce que le monde qui l’entoure ne le comprend pas, et que lui-même doit se démener pour y accéder.
Alors, prendre le métro, même accompagné d’un adulte, signifie connaître par cœur tous les trajets. Aller à l’école seul lui est impossible : la route à traverser est forcément semée d’embûches. L’imprévu est viable uniquement dans son imaginaire car, lui, le personnage principal de ses histoires, s’est doté de potions magiques qui empêcheront la multitude de catastrophes à venir et préserveront un éphémère bonheur. Il y possède un vélo à 100 000 vitesses, qui représente sans doute la rapidité de son cerveau. « Je crois que je vais plus vite que les autres enfants », explique-t-il, à la fois content d’avoir une excellente mémoire et si triste « de ne servir à rien dans la réalité ». Dans la vie, il se sent inadapté. Il n’a plus de liberté, plus d’imagination, plus de spontanéité : sa peur de l’incontrôlable le paralyse. Pour la pallier, les jours sans école, il doit écrire un programme précis et le suivre à la minute près. Rituels et routines se succèdent et le calment.
16 h 30. Hélios regarde l’heure sur l’écran du téléviseur. Il la guettait depuis un moment. Il bondit du canapé et court prendre son goûter dans la cuisine. Puis, son urgente mission accomplie, il vient se rasseoir et reprend le récit de ses obsessions : « Je pense tout le temps à mes personnages quand je suis à l’école. Dans ma tête, ils existent en vrai. Avec mes histoires, j’ai envie de faire des livres et des films. » Pour l’occasion, son grand-père, devenu son secrétaire particulier, les tape sur son PC. Des scénarios à l’américaine. « L’hyperactivité, on sait ce que c’est, sourit-il. Hélios a toujours peur de s’ennuyer. Il a besoin d’une stimulation permanente. Comme il redoute d’être seul, il faut qu’on soit à ses côtés. » Sa maman regrette que ses centres d’intérêt se réduisent à des personnages imaginaires. Elle avoue que le quotidien est un combat de tous les instants : pour se lever le matin, pour manger, pour s’aérer... Son grand-père raconte : « Pour lui parler, il ne faut jamais employer la forme négative. Sinon, il n’obéit pas. Toute une gymnastique intellectuelle ! »
Heureusement, il y a le piano. Une musicothérapeute l’aide à canaliser ses émotions et à le mettre en confiance, si bien qu’il est parvenu à se livrer. Un moment rare, dévoilant une détresse où s’entremêlaient rêve et réalité. Il a pu lui raconter qu’il dormait depuis neuf ans. « Je force mes yeux à s’ouvrir mais je n’y arrive pas. Et, quand enfin je me réveille, j’ai l’impression de m’évanouir. » Un cauchemar. Mais, si Hélios est enfin capable de partager son ressenti le plus profond, il a des chances d’apaiser ses tensions. Alors, peut-être, un jour, mènera-t-il l’existence des enfants de son âge. Il s’agira alors d’un miracle de plus pour cet adorable gamin.
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Re: Génie et autisme
Comment les maths ont vaincu Hitler - La drôle de guerre d'Alan Turing - ARTEJean a écrit :Jean a écrit :Est-ce que Alan Turing avait le syndrome d'Asperger?
Il n'est pas exagéré de dire que Alan Turing a été l'un des personnages les plus influents du 20e siècle. Considéré comme le père de la science informatique et de l’intelligence artificielle, il a également fait des contributions avant-gardistes dans les domaines des mathématiques, de la chimie et de la biologie. La plus célèbre, au cours de la Seconde Guerre mondiale, est qu’il a joué un rôle crucial dans le craquage du code Enigma des nazis.
Il a également été, est-il soutenu, atteint du syndrome d'Asperger.(...)
A voir avant vendredi 20h30 !!!
Et si le débarquement de Normandie n'avait été possible que grâce à un mathématicien antimilitariste et anticonformiste, dont le rêve était de construire un cerveau artificiel ? Le doux rêveur en question s'appelle Alan Turing et son domaine d'études est la branche la plus fondamentale des mathématiques : la logique. Bien loin, en principe, de toute application concrète. Comment ce savant excentrique a-t-il pu contribuer à la victoire des Alliés ? La réponse se trouve dans la petite ville de Bletchley Park, dans la grande banlieue londonienne. C'est ici que s'est jouée pendant la Seconde Guerre mondiale une vaste partie d'échecs dont l'enjeu était le décryptage des communications secrètes de l'armée allemande. Une partie dont la pièce maîtresse a justement été Alan Turing – l’inventeur de ce qui ne s’appelait pas encore l’ordinateur. Esprit plus que brillant, Turing sera pourtant traité de manière odieuse au lendemain de la guerre : son homosexualité lui ayant valu des poursuites judiciaires, il se suicidera en 1954 après avoir dû subir une castration chimique…
Il méprisait les conventions sociales.
Il avait horreur de travailler en équipe.
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