J'ai du mal à le comprendre

[Carole]

comme jonquille, je me dis tant mieux s'il ne souffre pas.
Mon fils (autiste pas de haut niveau) adorait son papi, mon papa ne parlait pas beaucoup , n'était pas très expansif mais comme il le disait "tous les 2 on se comprend". Quand mon père est décédé, Hugo l'a vu dans la chambre mortuaire mais aucune réaction... il jouait ... moi et la famille on était malheureux mais hugo non ??? moi aussi je me suis posée des questions... Par contre il adore regarder les photos de son papi, quand on va voir ma maman il dit qu'il va chez papi loulou... c'est arrivé qu'il le réclame mais sans peine...
Avec le temps (ca fait 3 ans) moi aussi j'aime regarder les photos , parler de lui, il nous manque bien sur mais ce n'est plus aussi douloureux.... Je me dis que tant mieux si hugo a éviter le moment du deuil, de la douleur, la souffrance. Quand je partirais, je l'imagine bien , jouer ou s'occuper comme à son habitude, ça ne m'attriste pas, je sais que je compte beaucoup pour lui, je pense même qu'il m'aime.

[Jacquie]

bonjour

oui je comprends tous vos témoignages, ce qui est important est qu'il ressente quelque chose
même s'il ne l'exprime pas.

J'ai tendance à confondre le fait de ressentir réellement les émotions et le fait de les exprimer.

En fait il ressent les émotions mais ne sait pas les exprimer ce qui est bien différent de quelqu'un
qui au fond de lui ne ressentirait rien.

[Jonquille57]

Quant ma mère est morte, Mysterio avait 13 ans. A l'époque, il n'était pas diagnostiqué mais était déjà déscolarisé ( avec comme tout diagnostique : troubles du comportement ).

Ma mère a été incinérée et Mysterio a, comme le restant de la famille, assisté à la cérémonie. Il n'a pas versé une larme. C'était le matin.
L'après-midi, nous étions dehors et d'un coup, il a jeté sa montre ( toute neuve et qu'il aimait beaucoup ) dans un trou et on n'a pas pu la récupérer. Puis il s'est mis à courir en criant. J'étais abasourdie par ce comportement que je ne comprenais pas... Nous avons eu beaucoup de mal à le calmer, mais toujours pas de larmes ni de mots pour exprimer ce qu'il ressentait.

Comme je l'ai écrit, avec le temps, il me dit qu'il n'éprouve maintenant pas de peine en pensant à elle. Par contre, quand mon père est décédé, 2 ans après, j'ai préféré qu'il n'assiste pas à l’incinération. Je pense que j'ai bien fait, car il en parle avec sérénité. Et d'ailleurs, avec le temps, il n'en parle plus du tout. Ses grands-parents ne sont plus là, c'est tout.

Par contre, quand il me parle de ma propre mort, il dit toujours qu'il ne pourra plus vivre. Et ça, même si je sais que ce n'est pas vrai, me fait vraiment peur pour lui... Mais peut-être ne pleurera-t-il pas ? Mais qu'importe, en fin de compte..

[Jacquie]

merci jonquille pour ton témoignage plein de sérénité

je pense que tu as mis du temps, beaucoup de temps pour arriver
à comprendre cette différence, l'accepter

c'est pas facile tous les jours et je suis encore loin d'avoir ta sérénité

mais te lire est toujours un grand apaisement

[Jonquille57]

Je ne sais vraiment pas si je mérite de tels compliments, Jacquie..
Tu sais, bien souvent, en écrivant, j'applique aussi la méthode Coué...

[mashka]

Jonquille, comme ton fils, je dis souvent à ma mère que quand elle ne sera plus là, je ne pourrais plus vivre, et je le pense vraiment, mais je préfère ne pas y penser maintenant tant qu'elle est encore avec moi

[Jonquille57]

A mon avis, une fois que l'on se trouve devant des situations tant redoutées, on se trouve bien plus fort que l'on aurait pu le penser !

[Liane]

Tu as raison Jonquille, personne ne sait jamais comment il va réagir dans ces circonstances.
Lorsque le décès est prévisible, certaines équipes soignantes savent très bien entourer les proches pour pouvoir se dire au-revoir sereinement si on le souhaite. Je trouve que c'est important. On peut aussi faire le choix de garder le souvenir de la personne en bonne santé.
Ce qui compte à mon avis, là encore, c'est de mettre des mots, au moins une fois, sur ce qui se passe. C'est bien d'être entourées de personnes qui ont l'habitude professionnellement, et qui pourront plus facilement trouver les mots justes.

Il y des personnes qui pleurent leurs disparus ou qui en parlent souvent, et d'autres pas du tout. Je ne sais pas si c'est uniquement lié au fait d'être SA ou NT ou pas.

Personnellement il m'est arrivé il y a quelques années un histoire très difficile. Une personne proche, tellement affolée dans ces circonstances, ne m'a pas informée du décès de son ex-compagnon ! Je l'ai appris presque par hasard . Du coup elle ne nous a pas permis d'aller à l'inhumation, mes enfants et moi, alors que nous étions très attachée à son ami. Et je me suis retrouvée seule pour annoncer le décès à mes enfants...
Cette personne s'est (vaguement) excusée 1 ou 2 ans après mais je ne m'en suis pas encore remise.

[Jonquille57]

Il y des personnes qui pleurent leurs disparus ou qui en parlent souvent, et d'autres pas du tout. Je ne sais pas si c'est uniquement lié au fait d'être SA ou NT ou pas.

Pourquoi devrions-nous réagir selon le fait que l'on soit NAT ou NT ? Mon mari et moi sommes tous les deux NT et avons une façon très différente de réagir devant la mort.

[Liane]

Oui, je pense que l'on est d'abord soi-même et que ça doit être respecté.

[Jonquille57]

Oui, je pense que l'on est d'abord soi-même et que ça doit être respecté.