La HAS peut toujours pisser, le délire est à l'HDJ
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La HAS peut toujours pisser, le délire est à l'HDJ
Extraits du "Journal des Psychologues" de septembre 2011.
Psychose et hôpital de jour : entre normes et liberté
Le délire de l'enfant psychotique porte sa façon d'appréhender le monde, ses rapports aux autres et ses angoisses. Comment, dans le cadre institutionnel de l'hôpital, inscrire ces enfants dans le lien social, la loi, la norme, tout en respectant leur fonctionnement psychique ? Le cas d'Albert montre combien les soignants sont continuellement partagés, avec cette population, entre le respect des normes sociales et des contraintes institutionnelles, et la singularité des sujets et de leur problématique.
Stessie Mettetal - Psychologue clinicienne - pages 59-63
Début de l'article :
Peut-on dire de l'hôpital de jour qu'il est l'espace où la folie peut s'exprimer sans entrave? Pour le jeune enfant psychotique, le délire est son mode d'appréhension du monde, l'expression de ses angoisses rapportée à sa construction psychique.
La psychose infantile présente des symptômes gênants, bruyants, peu compréhensibles, éveillant chez l'autre "l'inquiétante étrangeté" dont parlait Sigmund Freud. Source d'une angoisse inexplicable, les mots manquent, comme le sens aux comportements.
La prise en soins des enfants psychotiques à l'hôpital de jour interroge sans cesse cette dialectique de la nécessaire inscription de l'enfant dans la norme, également volonté tout à fait légitime des parents, ainsi que sa liberté subjective en s'exprimant avec ses symptômes et son histoire. Cet exposé a pour ambition de montrer, à travers le cas d'un jeune enfant que nous nommerons Albert, comment la clinique interroge les professionnels sur leur positionnement entre la norme et la liberté.
Avant de présenter le cas d'Albert, il semble nécessaire d'évoquer le fonctionnement et l'organisation de l'hôpital de jour. Au moment de leur arrivée à l'hôpital, les enfants disposent d'un temps libre, appelé (( temps d'accueil »,pendant lequel ils peuvent se poser et faire les jeux qu'ils souhaitent. Les enfants sont ensuite pris en charge en groupe avec une activité définie. Les ateliers sont déterminés chaque année et réévalués chaque trimestre en fonction des objectifs de soins, des problématiques des enfants, de leur fonctionnement psychique, de leurs subjectivités et des dynamiques de groupe. Ces activités permettent avant toute chose de tenter de rencontrer l'enfant.
Psychose et hôpital de jour : entre normes et liberté
Le délire de l'enfant psychotique porte sa façon d'appréhender le monde, ses rapports aux autres et ses angoisses. Comment, dans le cadre institutionnel de l'hôpital, inscrire ces enfants dans le lien social, la loi, la norme, tout en respectant leur fonctionnement psychique ? Le cas d'Albert montre combien les soignants sont continuellement partagés, avec cette population, entre le respect des normes sociales et des contraintes institutionnelles, et la singularité des sujets et de leur problématique.
Stessie Mettetal - Psychologue clinicienne - pages 59-63
Début de l'article :
Peut-on dire de l'hôpital de jour qu'il est l'espace où la folie peut s'exprimer sans entrave? Pour le jeune enfant psychotique, le délire est son mode d'appréhension du monde, l'expression de ses angoisses rapportée à sa construction psychique.
La psychose infantile présente des symptômes gênants, bruyants, peu compréhensibles, éveillant chez l'autre "l'inquiétante étrangeté" dont parlait Sigmund Freud. Source d'une angoisse inexplicable, les mots manquent, comme le sens aux comportements.
La prise en soins des enfants psychotiques à l'hôpital de jour interroge sans cesse cette dialectique de la nécessaire inscription de l'enfant dans la norme, également volonté tout à fait légitime des parents, ainsi que sa liberté subjective en s'exprimant avec ses symptômes et son histoire. Cet exposé a pour ambition de montrer, à travers le cas d'un jeune enfant que nous nommerons Albert, comment la clinique interroge les professionnels sur leur positionnement entre la norme et la liberté.
Avant de présenter le cas d'Albert, il semble nécessaire d'évoquer le fonctionnement et l'organisation de l'hôpital de jour. Au moment de leur arrivée à l'hôpital, les enfants disposent d'un temps libre, appelé (( temps d'accueil »,pendant lequel ils peuvent se poser et faire les jeux qu'ils souhaitent. Les enfants sont ensuite pris en charge en groupe avec une activité définie. Les ateliers sont déterminés chaque année et réévalués chaque trimestre en fonction des objectifs de soins, des problématiques des enfants, de leur fonctionnement psychique, de leurs subjectivités et des dynamiques de groupe. Ces activités permettent avant toute chose de tenter de rencontrer l'enfant.
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Re: La HAS peut toujours pisser, le délire est à l'HDJ.
suite :
La rencontre avec Albert
À la suite à la demande de sa maman, Albert, âgé de deux ans et trois mois, a été reçu par une psychologue du centre médico-psychologique (CMP) pour des troubles du sommeil. II présente des difficultés d'endormissement ainsi que des terreurs nocturnes qui l'amènent à rejoindre ses parents dans le lit conjugal. Le jour, Albert est décrit comme étant agité et se mettant en danger. Des entretiens individuels puis un travail de guidance mère / enfant sont mis en place. Albert est alors dans l'incapacité de se séparer de sa maman. II ne construit que de petites phrases sans utiliser le "Je », il est écholalique et inverse les pronoms personnels. Rapidement, il semble aller mieux: il acquiert la propreté et se montre plus relationnel, même s'il reste peu compréhensible. La prise en charge s'arrête à la demande de la maman.
Cette dernière sollicite un nouveau rendez-vous lorsqu'Albert a quatre ans et sept mois. II souffre toujours de troubles du sommeil ainsi que de troubles du comportement notables. La maman se dit épuisée. Entre-temps, les parents se sont séparés. Albert est scolarisé en moyenne section, où ses difficultés sont soulevées, et notamment des problèmes de concentration et des comportements inquiétants. Albert interpelle régulièrement la maîtresse pour lui parler des spectacles qu'il veut faire immédiatement et continuellement. Albert bénéficiera alors d'une prise en charge psychothérapique individuelle et de groupe dans le cadre d'un centre d'accueil thérapeutique à temps partiel. Six mois plus tard, il est orienté à l'hôpital de jour; à raison d'abord d'une demi-journée par semaine, puis de deux demi-journées trois mois plus tard, avec poursuite de la prise en charge individuelle en psychothérapie et des activités de groupe, comme rondes et comptines, et un atelier centré sur le corps. À son entrée en CP, Albert ne vient plus qu'une demi-journée par semaine, à la demande de sa maman.
Albert est décrit comme un enfant qui se réfugie dans un monde imaginaire, dans les spectacles qu'il invente inlassablement et dont il est le principal acteur. L'électricité sera également un élément central et récurrent de son discours. II a beaucoup de difficultés à entrer en relation avec l'autre, qu'il s'agisse de ses pairs ou des adultes. II est enfermé dans une bulle, où il faut qu'il soit soumis au regard de l'autre et où il est obligé de soumettre l'autre à sa volonté : il va expliquer, dicter, ordonner. Ses propos sont la plupart du temps incohérents, délirants au sens d'un impossible ancrage dans la réalité, comme le décrit Djaouida Petot (2005). Ce délire se manifeste par une prédominance des processus primaires. Les discours d'Albert laissent transparaître les angoisses de destruction et de morcellement.
La prosodie qu'il emploie est caractéristique de la psychose : ton mécanique, rythmé sur un mode binaire. II va d'abord chuchoter dans l'oreille, collé contre l'autre, avant de pouvoir prendre de la distance et un son de voix clair. Son discours semble alternativement inanimé, sans aucune expression d'affect, puis empreint d'une tonalité authentique. Son regard est fixe, presque ensorcelant. Au fur et à mesure, il crie, s'agite, se jetant parfois de tout son être par terre. La gestuelle peut être adaptée à l'activité, ou parfois désarticulée. Albert peut également rapidement passer à l'acte, donner des coups à l'adulte ou à d'autres enfants, puis s'effondrer totalement sans qu'aucune parole ne puisse avoir de prise sur lui.
La rencontre avec Albert
À la suite à la demande de sa maman, Albert, âgé de deux ans et trois mois, a été reçu par une psychologue du centre médico-psychologique (CMP) pour des troubles du sommeil. II présente des difficultés d'endormissement ainsi que des terreurs nocturnes qui l'amènent à rejoindre ses parents dans le lit conjugal. Le jour, Albert est décrit comme étant agité et se mettant en danger. Des entretiens individuels puis un travail de guidance mère / enfant sont mis en place. Albert est alors dans l'incapacité de se séparer de sa maman. II ne construit que de petites phrases sans utiliser le "Je », il est écholalique et inverse les pronoms personnels. Rapidement, il semble aller mieux: il acquiert la propreté et se montre plus relationnel, même s'il reste peu compréhensible. La prise en charge s'arrête à la demande de la maman.
Cette dernière sollicite un nouveau rendez-vous lorsqu'Albert a quatre ans et sept mois. II souffre toujours de troubles du sommeil ainsi que de troubles du comportement notables. La maman se dit épuisée. Entre-temps, les parents se sont séparés. Albert est scolarisé en moyenne section, où ses difficultés sont soulevées, et notamment des problèmes de concentration et des comportements inquiétants. Albert interpelle régulièrement la maîtresse pour lui parler des spectacles qu'il veut faire immédiatement et continuellement. Albert bénéficiera alors d'une prise en charge psychothérapique individuelle et de groupe dans le cadre d'un centre d'accueil thérapeutique à temps partiel. Six mois plus tard, il est orienté à l'hôpital de jour; à raison d'abord d'une demi-journée par semaine, puis de deux demi-journées trois mois plus tard, avec poursuite de la prise en charge individuelle en psychothérapie et des activités de groupe, comme rondes et comptines, et un atelier centré sur le corps. À son entrée en CP, Albert ne vient plus qu'une demi-journée par semaine, à la demande de sa maman.
Albert est décrit comme un enfant qui se réfugie dans un monde imaginaire, dans les spectacles qu'il invente inlassablement et dont il est le principal acteur. L'électricité sera également un élément central et récurrent de son discours. II a beaucoup de difficultés à entrer en relation avec l'autre, qu'il s'agisse de ses pairs ou des adultes. II est enfermé dans une bulle, où il faut qu'il soit soumis au regard de l'autre et où il est obligé de soumettre l'autre à sa volonté : il va expliquer, dicter, ordonner. Ses propos sont la plupart du temps incohérents, délirants au sens d'un impossible ancrage dans la réalité, comme le décrit Djaouida Petot (2005). Ce délire se manifeste par une prédominance des processus primaires. Les discours d'Albert laissent transparaître les angoisses de destruction et de morcellement.
La prosodie qu'il emploie est caractéristique de la psychose : ton mécanique, rythmé sur un mode binaire. II va d'abord chuchoter dans l'oreille, collé contre l'autre, avant de pouvoir prendre de la distance et un son de voix clair. Son discours semble alternativement inanimé, sans aucune expression d'affect, puis empreint d'une tonalité authentique. Son regard est fixe, presque ensorcelant. Au fur et à mesure, il crie, s'agite, se jetant parfois de tout son être par terre. La gestuelle peut être adaptée à l'activité, ou parfois désarticulée. Albert peut également rapidement passer à l'acte, donner des coups à l'adulte ou à d'autres enfants, puis s'effondrer totalement sans qu'aucune parole ne puisse avoir de prise sur lui.
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Re: La HAS peut toujours pisser, le délire est à l'HDJ.
je vous épargne 2 pages
Passages à l'acte et place d'Albert dans le groupe
(...)En sortant, il impose son jeu : monter sur les barreaux au mur et faire passer un anneau le long d'un fil. Les autres enfants ne s'exécutent pas correctement, le bruit ambiant augmente. Albert, très sensible au bruit qui l'envahit rapidement, se met à hurler, attrape un bâton et court vers l'un des enfants pour le frapper, rattrapé juste à temps par les adultes. L'adulte intervient alors fermement, venant signifier l'interdit d'un "non" ferme et énergique. Albert n'entend pas, les yeux perdus, il continue à courir derrière les autres enfants pour tenter de les frapper. Les soignants l'isolent dans le couloir pour l'écarter du groupe. II revient et de nouveau les manifestations des autres enfants provoquent un passage à l'acte : Albert frappe un adulte, qui est alors obligé de le contenir physiquement. Albert hurle : "Je suis troué, au secours, il faut que ma maman me mette un pansement, vous êtes méchants ! » II n'aura de cesse de le faire pendant un long moment, en larmes, sans qu'aucune parole ne puisse avoir de prise sur lui. II s'arrêtera immédiatement au moment de franchir la porte d'entrée de l'hôpital et de partir en taxi.
(...)
Lorsque les autres enfants du groupe ne suivent pas les injonctions, les impératifs d'Albert, l'angoisse de morcellement pointe le bout de son nez allant jusqu'au passage à I'acte puis à I'effondrement. L'équipe soignante se trouve alors dans un véritable dilemme, pris également dans leur vécu et dans leur insupportable. Faut-il privilégier la dynamique de groupe et le cadre, protéger et mener à bien l'activité pour le bien du plus grand nombre ? Cette position conduit à isoler Albert du groupe quelques instants. Cela dans le but de le calmer, de I'éloigner du bruit envahissant des autres, vécus comme objets persécuteurs, retrouver une contenance, une peau psychique au sens du moi-peau de Didier Anzieu (1995). Cependant, cela ne semble pas efficace, car la simple vue des enfants en revenant dans le groupe conduit Albert à renouveler ses tentatives de destruction, d'annihilation. La question se pose alors de sa possibilité d'être en groupe, ce qui conduit l'équipe à tenter d'inventer un aménagement particulier de sa prise en charge.
Passages à l'acte et place d'Albert dans le groupe
(...)En sortant, il impose son jeu : monter sur les barreaux au mur et faire passer un anneau le long d'un fil. Les autres enfants ne s'exécutent pas correctement, le bruit ambiant augmente. Albert, très sensible au bruit qui l'envahit rapidement, se met à hurler, attrape un bâton et court vers l'un des enfants pour le frapper, rattrapé juste à temps par les adultes. L'adulte intervient alors fermement, venant signifier l'interdit d'un "non" ferme et énergique. Albert n'entend pas, les yeux perdus, il continue à courir derrière les autres enfants pour tenter de les frapper. Les soignants l'isolent dans le couloir pour l'écarter du groupe. II revient et de nouveau les manifestations des autres enfants provoquent un passage à l'acte : Albert frappe un adulte, qui est alors obligé de le contenir physiquement. Albert hurle : "Je suis troué, au secours, il faut que ma maman me mette un pansement, vous êtes méchants ! » II n'aura de cesse de le faire pendant un long moment, en larmes, sans qu'aucune parole ne puisse avoir de prise sur lui. II s'arrêtera immédiatement au moment de franchir la porte d'entrée de l'hôpital et de partir en taxi.
(...)
Lorsque les autres enfants du groupe ne suivent pas les injonctions, les impératifs d'Albert, l'angoisse de morcellement pointe le bout de son nez allant jusqu'au passage à I'acte puis à I'effondrement. L'équipe soignante se trouve alors dans un véritable dilemme, pris également dans leur vécu et dans leur insupportable. Faut-il privilégier la dynamique de groupe et le cadre, protéger et mener à bien l'activité pour le bien du plus grand nombre ? Cette position conduit à isoler Albert du groupe quelques instants. Cela dans le but de le calmer, de I'éloigner du bruit envahissant des autres, vécus comme objets persécuteurs, retrouver une contenance, une peau psychique au sens du moi-peau de Didier Anzieu (1995). Cependant, cela ne semble pas efficace, car la simple vue des enfants en revenant dans le groupe conduit Albert à renouveler ses tentatives de destruction, d'annihilation. La question se pose alors de sa possibilité d'être en groupe, ce qui conduit l'équipe à tenter d'inventer un aménagement particulier de sa prise en charge.
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Re: La HAS peut toujours pisser, le délire est à l'HDJ.
Le travail avec les parents et les partenaires
La relation d'Albert avec sa maman semble fusionnelle, et ce, d'autant plus depuis la séparation d'avec le papa. Ce dernier s'est présenté à un entretien avec la psychologue au début de la prise en charge, puis n'a plus souhaité venir, mettant en avant que son fils n'avait, selon lui, aucun problème. L'équipe rencontre par contre régulièrement la maman. De prime abord, elle apparaît comme une femme plutôt sur la défensive, froide, le buste vers l'arrière et arborant une grimace figée et constante. Nous verrons qu'elle semble fonctionner de façon clivée mettant tour à tour en avant les troubles d'Albert et les déniant ensuite totalement en réclamant un enfant "normal ». Elle se questionne beaucoup sur l'avenir de son enfant, craignant qu'il ne passe à l'acte et devienne "délinquant». La culpabilité et sa place de mère seront sans cesse au centre du discours de la maman, qui semble chercher un étayage narcissique auprès de l'équipe, une revalorisation voire une légitimation de sa place de mère. Une fois cette plainte déposée, la maman se défend de l'angoisse et de la culpabilité ressentie en déniant, minimisant, rationalisant les troubles d'Albert.
Ces allers et retours continuels témoignent de la volonté de la maman d'avoir un fils dans la norme. Elle refusera une prise en charge plus importante et en demandera une diminution pour la rentrée scolaire en CP.
Cela pose la question de la demande de prise en soins et du lien partenarial avec la maman, tout en respectant la liberté de la maman de faire des choix (si tant est que nous puissions parler réellement de choix) pour son enfant.
Le travail de l'équipe consiste à maintenir un lien avec la maman, en l'invitant à verbaliser autour de son vécu, de ses craintes relatives à l'écart de son enfant par rapport à la norme.
La collaboration avec l'école sera également décisive. La maîtresse alertera l'hôpital de jour sur le comportement inquiétant d'Albert en classe. II frappe les autres enfants, et un en particulier (également présent à l'hôpital). Les apprentissages seraient néanmoins possibles. Malgré ces informations, lors des réunions scolaires en présence de l'équipe de l'hôpital de jour, de l'école et de la maman, la maîtresse tiendra un discours empreint de minimisation, ayant comme insidieuse conséquence de renforcer la position de déni de la maman.
L'institution école, lieu de la norme, se place alors largement du côté du sujet ... Trop peut-être en ne remplissant pas sa fonction de marquer les limites sociales. La présence de l'équipe aux réunions d'école aura alors pour but d'interroger chacun sur le sens et l'aspect concret du comportement d'Albert, afin de délimiter les contours des normes sociales qui se sont estompées.
Fin des extraits
La relation d'Albert avec sa maman semble fusionnelle, et ce, d'autant plus depuis la séparation d'avec le papa. Ce dernier s'est présenté à un entretien avec la psychologue au début de la prise en charge, puis n'a plus souhaité venir, mettant en avant que son fils n'avait, selon lui, aucun problème. L'équipe rencontre par contre régulièrement la maman. De prime abord, elle apparaît comme une femme plutôt sur la défensive, froide, le buste vers l'arrière et arborant une grimace figée et constante. Nous verrons qu'elle semble fonctionner de façon clivée mettant tour à tour en avant les troubles d'Albert et les déniant ensuite totalement en réclamant un enfant "normal ». Elle se questionne beaucoup sur l'avenir de son enfant, craignant qu'il ne passe à l'acte et devienne "délinquant». La culpabilité et sa place de mère seront sans cesse au centre du discours de la maman, qui semble chercher un étayage narcissique auprès de l'équipe, une revalorisation voire une légitimation de sa place de mère. Une fois cette plainte déposée, la maman se défend de l'angoisse et de la culpabilité ressentie en déniant, minimisant, rationalisant les troubles d'Albert.
Ces allers et retours continuels témoignent de la volonté de la maman d'avoir un fils dans la norme. Elle refusera une prise en charge plus importante et en demandera une diminution pour la rentrée scolaire en CP.
Cela pose la question de la demande de prise en soins et du lien partenarial avec la maman, tout en respectant la liberté de la maman de faire des choix (si tant est que nous puissions parler réellement de choix) pour son enfant.
Le travail de l'équipe consiste à maintenir un lien avec la maman, en l'invitant à verbaliser autour de son vécu, de ses craintes relatives à l'écart de son enfant par rapport à la norme.
La collaboration avec l'école sera également décisive. La maîtresse alertera l'hôpital de jour sur le comportement inquiétant d'Albert en classe. II frappe les autres enfants, et un en particulier (également présent à l'hôpital). Les apprentissages seraient néanmoins possibles. Malgré ces informations, lors des réunions scolaires en présence de l'équipe de l'hôpital de jour, de l'école et de la maman, la maîtresse tiendra un discours empreint de minimisation, ayant comme insidieuse conséquence de renforcer la position de déni de la maman.
L'institution école, lieu de la norme, se place alors largement du côté du sujet ... Trop peut-être en ne remplissant pas sa fonction de marquer les limites sociales. La présence de l'équipe aux réunions d'école aura alors pour but d'interroger chacun sur le sens et l'aspect concret du comportement d'Albert, afin de délimiter les contours des normes sociales qui se sont estompées.
Fin des extraits

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Re: La HAS peut toujours pisser, le délire est à l'HDJ.
Eh ben, le "délire" est très partagé semble-t-il
Il est clair que la place de cet enfant n'est pas à l'hôpital de jour qui accentue ses problèmes relationnels. Mais si on enlève les "psychotiques" pour les mettre à l'école, qui restera à l'HDJ ?

Il est clair que la place de cet enfant n'est pas à l'hôpital de jour qui accentue ses problèmes relationnels. Mais si on enlève les "psychotiques" pour les mettre à l'école, qui restera à l'HDJ ?
Atypique sans être aspie. Maman de 2 jeunes filles dont une aspie.
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Re: La HAS peut toujours pisser, le délire est à l'HDJ.
Si le personnel de l'HDJ vient à l'école, il pourra être utile. Sait-on jamais !
Ce que je trouve insupportable dans cet article - qui pourrait être considéré comme une théorisation idiote mais anodine - , c'est qu'il exprime bien le point de vue de professionnels à côté de la plaque. Ceux qui viennent à l'équipe de suivi de la scolarisation pour pointer tous les déficits de l'enfant, sans tenir compte des progrès constatés par les enseignants. Ceux qui retournent les questions sans cesse aux autres participants, sans jamais proposer une explication et des pistes de prise en charge. Ceux qui n'espèrent que la manifestation d'une faiblesse des parents, d'un aveu de leur désir de soins ... pour eux, pour leur culpabilité, pour leur deuil de l'enfant parfait, pour un "étayage narcissique" : "tout en respectant la liberté de la maman de faire des choix (si tant est que nous puissions parler réellement de choix)"

Ce que je trouve insupportable dans cet article - qui pourrait être considéré comme une théorisation idiote mais anodine - , c'est qu'il exprime bien le point de vue de professionnels à côté de la plaque. Ceux qui viennent à l'équipe de suivi de la scolarisation pour pointer tous les déficits de l'enfant, sans tenir compte des progrès constatés par les enseignants. Ceux qui retournent les questions sans cesse aux autres participants, sans jamais proposer une explication et des pistes de prise en charge. Ceux qui n'espèrent que la manifestation d'une faiblesse des parents, d'un aveu de leur désir de soins ... pour eux, pour leur culpabilité, pour leur deuil de l'enfant parfait, pour un "étayage narcissique" : "tout en respectant la liberté de la maman de faire des choix (si tant est que nous puissions parler réellement de choix)"



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Re: La HAS peut toujours pisser, le délire est à l'HDJ
Compte tenu du fait que le titre ne peut dépasser un certain nombre de signes, j'ai été obligé de le raccourcir. Cela aurait pu être : "La HAS peut toujours pisser dans un violon, on se demande qui délire à l'HDJ".
L'l'Association de Psychiatrie Infanto-juvénile de Bretagne APIJB a fait un rapport publié en début d'année.. Il est à des années lumière de ce texte, malgré les critiques que nous pouvons y apporter.
L'l'Association de Psychiatrie Infanto-juvénile de Bretagne APIJB a fait un rapport publié en début d'année.. Il est à des années lumière de ce texte, malgré les critiques que nous pouvons y apporter.
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Re: La HAS peut toujours pisser, le délire est à l'HDJ
Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire?Jean a écrit :L'institution école, lieu de la norme, se place alors largement du côté du sujet ... Trop peut-être en ne remplissant pas sa fonction de marquer les limites sociales
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Re: La HAS peut toujours pisser, le délire est à l'HDJ
L'auteure de l'article ne fréquentant pas pour l’instant de façon intensive le forum d'Asperansa, je pense que ta question risque de rester sans réponse. Mais la question était peut-être purement rhétorique.
Pour la psy, il semble que l'école soit une institution de dressage et d'exclusion des enfants handicapés, et qu'elle ne devrait pas tolérer des comportements déviants qui devraient être réorientés vers l'Hôpital de Jour. L'école ne doit pas favoriser l'"étayage narcissique" de la mère - qui doit être orientée vers une bonne psychothérapie au lieu de se complaire dans le fol espoir que son enfant fera peut-être quelque chose de sa vie.
Est-ce que c'est plus clair ?
La bibliographie de l'article vaut le coup d'être connue :
D. Anzieu, 1995 : "Le Moi-peau" Dunod, Paris
Berger F. 2007 "Naissance du sujet et structure de la psychose », in Cahier de psychologie clinique, 29(2) : 53-70.
Lacan J. 1950, "le Problème de la psychogenèse des névroses et des psychoses", in Colloque de Bonneval 1946, Desclée de Brouwer, Paris.
Maleval J.-C., 2000, "la Forclusion du nom du père", Le Seuil, Paris.
Petot D., 2005, "l'Évaluation clinique en psychopathologie de l'enfant", Dunod, Paris.
Watiillon A., 2010, "L'Observation du bébé", Yapaka.be, Bruxelles.
Winnicott B. W.,4 992, "le Bébé et sa mère", Payot, Paris.
Pour la psy, il semble que l'école soit une institution de dressage et d'exclusion des enfants handicapés, et qu'elle ne devrait pas tolérer des comportements déviants qui devraient être réorientés vers l'Hôpital de Jour. L'école ne doit pas favoriser l'"étayage narcissique" de la mère - qui doit être orientée vers une bonne psychothérapie au lieu de se complaire dans le fol espoir que son enfant fera peut-être quelque chose de sa vie.
Est-ce que c'est plus clair ?

La bibliographie de l'article vaut le coup d'être connue :
D. Anzieu, 1995 : "Le Moi-peau" Dunod, Paris
Berger F. 2007 "Naissance du sujet et structure de la psychose », in Cahier de psychologie clinique, 29(2) : 53-70.
Lacan J. 1950, "le Problème de la psychogenèse des névroses et des psychoses", in Colloque de Bonneval 1946, Desclée de Brouwer, Paris.
Maleval J.-C., 2000, "la Forclusion du nom du père", Le Seuil, Paris.
Petot D., 2005, "l'Évaluation clinique en psychopathologie de l'enfant", Dunod, Paris.
Watiillon A., 2010, "L'Observation du bébé", Yapaka.be, Bruxelles.
Winnicott B. W.,4 992, "le Bébé et sa mère", Payot, Paris.
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Re: La HAS peut toujours pisser, le délire est à l'HDJ
Moi, j'y vois quelqu'un de furax, jalouse et blesseé dans son super égo de voir que l'institutrice a réussi à intégrer l'enfant dans sa classe. Elle l'accuse donc d'avoir outrepassé ses fonctions. Au passage, elle a décidé du role que doit avoir l'école.
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Re: La HAS peut toujours pisser, le délire est à l'HDJ
A 200% d'accord avec Nicolew.!!!!
Dans des cas comme ça, on voit TOUJOURS le "PRO" dans la colère qui révèle en effet une frustration de son égo sur-dimensionné mis à mal.!Inacceptable.!
Tous ces gens qui travaillent auprès de ces enfants particuliers ne devraient avoir comme seule ligne de conduite : LE BIEN DE L'ENFANT et peut importe de savoir grâce à qui, l'essentiel étant que l'enfant aille bien, ou en tous cas mieux.! Ces batailles d'égos me sortent par les yeux , je ne supporte plus ça.




Dans des cas comme ça, on voit TOUJOURS le "PRO" dans la colère qui révèle en effet une frustration de son égo sur-dimensionné mis à mal.!Inacceptable.!

Tous ces gens qui travaillent auprès de ces enfants particuliers ne devraient avoir comme seule ligne de conduite : LE BIEN DE L'ENFANT et peut importe de savoir grâce à qui, l'essentiel étant que l'enfant aille bien, ou en tous cas mieux.! Ces batailles d'égos me sortent par les yeux , je ne supporte plus ça.



Murielle,
Maman de Pauline 21 ans,Léo (asperger) 17 ans et demi .
Savoir profiter du moment présent ,
Savoir vivre pleinement chaque instant et ne pas uniquement penser aux jours à venir, voilà un défi à relever maintenant.
Maman de Pauline 21 ans,Léo (asperger) 17 ans et demi .
Savoir profiter du moment présent ,
Savoir vivre pleinement chaque instant et ne pas uniquement penser aux jours à venir, voilà un défi à relever maintenant.
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Re: La HAS peut toujours pisser, le délire est à l'HDJ
C'est bien triste, toute cette mécanique de destruction des mamans.
Sur quelques impressions sans critères concrêts, ils sortent des histoires de clivages ou de fusionnel. On peut accuser n'importe qui de n'importe quoi de cette manière.
Sur quelques impressions sans critères concrêts, ils sortent des histoires de clivages ou de fusionnel. On peut accuser n'importe qui de n'importe quoi de cette manière.
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Re: La HAS peut toujours pisser, le délire est à l'HDJ
De : Collectif Egalited <col.egalited@gmail.com>
Date : 10 octobre 2011 16:10
Objet : Article "Psychose et hopital de jour" dans numéro de septembre 2011
À : contact@jdpsychologues.fr
Madame, Monsieur
Notre collectif EGALITED rassemble des personnes autistes et leurs familles dans le but d'oeuvrer pour faire respecter leurs droits à une prise en charge adaptée ainsi qu'une insertion scolaire et sociale au niveau des meilleures pratiques internationales. A ce titre, c'est avec stupeur que nous avons pris connaissance de l'article "Psychose et hopital de jour: entre normes et liberté" de Mme Mettetal, dans votre numéro de septembre 2011.
En effet cet article ignore délibérément l'état des connaissances scientifique sur l'autisme ainsi que les recommandations de diagnostic et de prise en charge publiées depuis 2007 par la Haute Autorité de Santé. En vertu de l'article 18 du Code de déontologie des Psychologues, qui stipule que "Tout psychologue a le devoir de s'informer des progrès scientifiques de sa discipline et de se former en conséquence afin d'en tenir compte dans son travail. Il doit s'efforcer d'y concourir en respectant les règles, exigences et contraintes qu'imposent tous travaux scientifiques.", Mme Mettetal ne peut ignorer que le diagnostic de "psychose infantile" est une spécificité française et que lorsqu'il est posé il est impératif de donner l'équivalent dans la Classification de l'OMS (CIM-10), ce qui en général correspond à l'une des catégories des Troubles Envahissants du Développement. Elle ne peut ignorer non plus les spécificités liées aux TEDs, qui incluent par example fréquemment des hypersensibilités; l'enfant décrit dans l'article à un moment donné manifeste clairement une intolérance aux bruits, et rien n'est fait pour y remédier, amenant une situation de crise violente que l'équipe a menifestement du mal à gérer. Une simple prise en compte par une consultation ORL spécialisée puis une adaptation de l'environnement à l'enfant ou l'utilisation de prothèses (bouchons d'oreilles) aurait pu se révéler utile mais manifestement personne ne s'en soucie.
L'article décrit des interprétations de ce que Mme Mettetal appelle des "délires" de "l'enfant psychotique", ce qui dénote la encore une ignorance du sujet. Les personnes porteuses de TEDs ne délirent pas, elles n'ont pas d'hallucinations; cet enfant s'exprime comme il peut, de manière inadaptée (on mentionne des écholalies) mais personne ne se soucie de tenter de lui apprendre comment s'exprimer de façon compréhensible; ainsi il n'est nulle part fait mention d'orthophonie dans la prise en charge, ni de tentative de lui apprendre la reconnaissance et l'expression des émotions par exemple.
Mais pour nous le plus choquant est la description qui est faite en fin d'article sur la mère de l'enfant et son enseignante. La mère nourrit clairement des doutes sur le bien-fondé des prises en charge prodiguées à l'hopital de jour, et d'après ce que nous venons d'écrire on ne peut que la comprendre. Elle manifeste son désir de le scolariser, et l'enseignante appuie cette demande, "l'apprentissage étant possible". Loin de favoriser cette demande, l'équipe de l'hopital la juge négativement, faisant la encore fi du code de déontologie des psychologues dont l'article 62 précise que "(le psychologue) a le devoir de s'opposer à tout système réifiant ou manipulateur dont la visée porterait atteinte à l'autonomie, aux droits et aux libertés des personnes". Or, vouloir contrarier la scolarisation d'un enfant autiste nuit précisément à son autonomie et à son droit à l'éducation.
Il est clair, compte tenu des réactions de l'enfant décrites dans l'article, que la prise en charge proposée ne convient pas à l'enfant et ne l'aide pas à progresser. Fort logiquement, sa mère en prend acte et privilégie l'école en demandant une diminution de la prise en charge. A l'inverse, l'équipe de l'hopital de jour semble vexée et incrimine la mère, accusée en termes à peine voilés de nier les problèmes de son fils dans une volonté trop poussée de "normalisation" - et on l'accuse aussi, évidemment, de relation "trop fusionnelle"; ceci, évidemment, est plus facile que remettre en cause la compétence de l'équipe et le bien-fondé des prises en charge proposées.
En conclusion, cet article démontre une fois de plus s'il en était besoin, l'inadaptation de la plupart des hopitaux de jour à la prise en charge des enfants porteurs de TEDs. On y ignore délibérément les bonnes pratiques de diagnostic, on y reste figé sur des prises en charge inadaptées, et l'interprétation psychanalytique abusive des paroles de l'enfant y est systématique. Nous ne pouvons qu'être consternés de ce constat, et nous incitons Mme Mettetal à se former d'urgence aux méthodes efficaces de prise en charge de l'autisme et des autres TEDs, recommandées par les guides internationaux de bonnes pratiques existants, et qui, elles, ont largement fait leurs preuves depuis 40 ans. Notre collectif sera heureux de lui indiquer des formations adaptées dans sa région s'il en existe.
Bien cordialement
Le collectif EGALITED - www.egalited.org
Date : 10 octobre 2011 16:10
Objet : Article "Psychose et hopital de jour" dans numéro de septembre 2011
À : contact@jdpsychologues.fr
Madame, Monsieur
Notre collectif EGALITED rassemble des personnes autistes et leurs familles dans le but d'oeuvrer pour faire respecter leurs droits à une prise en charge adaptée ainsi qu'une insertion scolaire et sociale au niveau des meilleures pratiques internationales. A ce titre, c'est avec stupeur que nous avons pris connaissance de l'article "Psychose et hopital de jour: entre normes et liberté" de Mme Mettetal, dans votre numéro de septembre 2011.
En effet cet article ignore délibérément l'état des connaissances scientifique sur l'autisme ainsi que les recommandations de diagnostic et de prise en charge publiées depuis 2007 par la Haute Autorité de Santé. En vertu de l'article 18 du Code de déontologie des Psychologues, qui stipule que "Tout psychologue a le devoir de s'informer des progrès scientifiques de sa discipline et de se former en conséquence afin d'en tenir compte dans son travail. Il doit s'efforcer d'y concourir en respectant les règles, exigences et contraintes qu'imposent tous travaux scientifiques.", Mme Mettetal ne peut ignorer que le diagnostic de "psychose infantile" est une spécificité française et que lorsqu'il est posé il est impératif de donner l'équivalent dans la Classification de l'OMS (CIM-10), ce qui en général correspond à l'une des catégories des Troubles Envahissants du Développement. Elle ne peut ignorer non plus les spécificités liées aux TEDs, qui incluent par example fréquemment des hypersensibilités; l'enfant décrit dans l'article à un moment donné manifeste clairement une intolérance aux bruits, et rien n'est fait pour y remédier, amenant une situation de crise violente que l'équipe a menifestement du mal à gérer. Une simple prise en compte par une consultation ORL spécialisée puis une adaptation de l'environnement à l'enfant ou l'utilisation de prothèses (bouchons d'oreilles) aurait pu se révéler utile mais manifestement personne ne s'en soucie.
L'article décrit des interprétations de ce que Mme Mettetal appelle des "délires" de "l'enfant psychotique", ce qui dénote la encore une ignorance du sujet. Les personnes porteuses de TEDs ne délirent pas, elles n'ont pas d'hallucinations; cet enfant s'exprime comme il peut, de manière inadaptée (on mentionne des écholalies) mais personne ne se soucie de tenter de lui apprendre comment s'exprimer de façon compréhensible; ainsi il n'est nulle part fait mention d'orthophonie dans la prise en charge, ni de tentative de lui apprendre la reconnaissance et l'expression des émotions par exemple.
Mais pour nous le plus choquant est la description qui est faite en fin d'article sur la mère de l'enfant et son enseignante. La mère nourrit clairement des doutes sur le bien-fondé des prises en charge prodiguées à l'hopital de jour, et d'après ce que nous venons d'écrire on ne peut que la comprendre. Elle manifeste son désir de le scolariser, et l'enseignante appuie cette demande, "l'apprentissage étant possible". Loin de favoriser cette demande, l'équipe de l'hopital la juge négativement, faisant la encore fi du code de déontologie des psychologues dont l'article 62 précise que "(le psychologue) a le devoir de s'opposer à tout système réifiant ou manipulateur dont la visée porterait atteinte à l'autonomie, aux droits et aux libertés des personnes". Or, vouloir contrarier la scolarisation d'un enfant autiste nuit précisément à son autonomie et à son droit à l'éducation.
Il est clair, compte tenu des réactions de l'enfant décrites dans l'article, que la prise en charge proposée ne convient pas à l'enfant et ne l'aide pas à progresser. Fort logiquement, sa mère en prend acte et privilégie l'école en demandant une diminution de la prise en charge. A l'inverse, l'équipe de l'hopital de jour semble vexée et incrimine la mère, accusée en termes à peine voilés de nier les problèmes de son fils dans une volonté trop poussée de "normalisation" - et on l'accuse aussi, évidemment, de relation "trop fusionnelle"; ceci, évidemment, est plus facile que remettre en cause la compétence de l'équipe et le bien-fondé des prises en charge proposées.
En conclusion, cet article démontre une fois de plus s'il en était besoin, l'inadaptation de la plupart des hopitaux de jour à la prise en charge des enfants porteurs de TEDs. On y ignore délibérément les bonnes pratiques de diagnostic, on y reste figé sur des prises en charge inadaptées, et l'interprétation psychanalytique abusive des paroles de l'enfant y est systématique. Nous ne pouvons qu'être consternés de ce constat, et nous incitons Mme Mettetal à se former d'urgence aux méthodes efficaces de prise en charge de l'autisme et des autres TEDs, recommandées par les guides internationaux de bonnes pratiques existants, et qui, elles, ont largement fait leurs preuves depuis 40 ans. Notre collectif sera heureux de lui indiquer des formations adaptées dans sa région s'il en existe.
Bien cordialement
Le collectif EGALITED - www.egalited.org
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: La HAS peut toujours pisser, le délire est à l'HDJ
ça fait peur tout ça j'aurai très bien pu etre cette maman
est il possible de voir le dossier de l 'hopital de jour sur sont enfant
est il possible de voir le dossier de l 'hopital de jour sur sont enfant

L’important n’est pas ce que l’on est ,mais la distance qu’on a parcourue pour le devenir
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Re: La HAS peut toujours pisser, le délire est à l'HDJ
Non seulement cela fait peur, mais cela peut être la réalité...
J'ai zappé quelques passages, mais cela me rappelle encore des souvenirs, malheureusement encore trop présents... Mysterio, quand il était en HP, avait l'étiquette d'enfant psychotique. D'après les pros, il y était car il avait besoin de s'apaiser. D'après nous, ses parents, il y était car nous n'arrivions plus à le protéger de lui-même.
Très vite, Mysterio a émis le souhait de rentrer, mais il restait agité, révolté d'être enfermé, désespéré d'être incompris. D'après les pros, il devait d'abord accepter une prise en charge psy, il devait accepter d'être sous médicaments qui le calment, etc. D'après nous, il était de plus en plus shooté, abruti.
Son seul moment d'espoir dans la semaine était notre visite qui était parfois annulée au dernier moment, car Mysterio, trop content de nous voir, s'agitait. Pour " obéir " aux ordres des pros, nous l'avons vu une fois se diriger vers nous la main tendue en guise de bonjour. Depuis des semaines, les pros lui répétaient qu'il devait couper le cordon. Quand Myserio nous voyait, il se jetait sur nous pour nous faire des câlins. Quelle horreur ! Ce n'était pas digne d'un ado de 14 ans. Mais il était psychotique, il fallait donc calmer ses ardeurs, ses élans d'amour envers nous. ce fut fait.... rapidement.
Dès que Mysterio émettait le souhait de sortir, d'aller à l'école, de faire quelque chose au lieu de rester dans sa chambre, il ne devait pas le demander dans le calme ( normal, il était psychotique : cela confirmait bien le diagnostique ), et il était shooté. Comme il refusait les médicaments, il avait une piqûre, quand il se débattait pour ne pas l'avoir, il était attaché, puis enfermé à double tour dans sa chambre jusqu'à temps qu'il se soit calmé.
L'envoyer à l'école ? Mais Madame, vous n'y pensez pas ! Mysterio doit d'abord apprendre à se comporter calmement. Mysterio a compris, au fil des semaines, que si il voulait obtenir quelques faveurs ( jouer à une console, jouer au baby-foot, il devait rester calme.
Quand nous avons eu les premières permissions pour le sortir une heure ou deux le week-end, il se mettait à hurler ( vous voyez bien Madame, qu'il est psychotique, il ne sait pas se tenir à l'extérieur ), et dès qu'il en avait l'occasion cherchait à se jeter sous une voiture ou à se jeter dans la Mayenne.
Des mois plus tard, quand j'ai demandé tout son dossier, j'y ai pu lire " Une mère qui n'accepte pas la réalité, un rapport trop fusionnel entre le jeune et sa mère, etc, etc... ). Souvent, en marge des prescriptions médicales, il y avait écrit : troubles du comportement, agitation qui nous a conduit à augmenter la dose.
Quelques années plus tard, quand nous avons vu un psy et qu'il a demandé le compte-rendu et la cause de son hospitalisation, la pédo psy qui avait suivi Mysterio pendant ces 7 mois d'horreur a conclu son courrier : c'est un jeune qui a fait une forte crise d'adolescence. Comme son était s'était amélioré, les parents n'ont pas souhaité poursuivre l'hospitalisation.
La réalité : nous étions désemparés. Suite à sa déscolarisation et surtout au refus de la part de la CDES d'une rescolarisation , Mysterio ne pensait qu'à tout détruire autour de lui, ne pensant qu'à mettre fin à ses jours. Nous voulions le protéger, et aussi, il faut bien le dire, je commençais à ne plus le dominer physiquement.
Au fils des mois à l' HP, nous l'avons vu déperrir, nous l'avons vu maigrir, pâlir, perdre de plus en plus le goût de vivre, et surtout, surtout, perdre le goût de se battre. Nous l'avons récupérer pour le sauver de cette situation. Nous avons mis des mois pour obtenir que Mysterio reprenne goût à la vie, puisse de nouveau mettre le nez dehors sans hurler... Bref, je passe les détails. Nous avons eu beaucoup de mal à trouver un médecin qui accepte de nous prescrire les médicaments, car nous ne pouvions le sevrer d'un coup. Beaucoup nous ont mis dehors ( pour eux, nous avions bien cherché la situation, à nous maintenant de nous débrouiller et d'assumer ).
Bref, la plus grave erreur que j'ai faite dans ma vie, est d'avoir confié mon fils à ses pros pour le protéger. En fait, ils l'ont détruit. Nous avons mis des mois à ce que Mysterio retrouve un certain équilibre, mais plus jamais, il n'a été comme avant.
J'ai zappé quelques passages, mais cela me rappelle encore des souvenirs, malheureusement encore trop présents... Mysterio, quand il était en HP, avait l'étiquette d'enfant psychotique. D'après les pros, il y était car il avait besoin de s'apaiser. D'après nous, ses parents, il y était car nous n'arrivions plus à le protéger de lui-même.
Très vite, Mysterio a émis le souhait de rentrer, mais il restait agité, révolté d'être enfermé, désespéré d'être incompris. D'après les pros, il devait d'abord accepter une prise en charge psy, il devait accepter d'être sous médicaments qui le calment, etc. D'après nous, il était de plus en plus shooté, abruti.
Son seul moment d'espoir dans la semaine était notre visite qui était parfois annulée au dernier moment, car Mysterio, trop content de nous voir, s'agitait. Pour " obéir " aux ordres des pros, nous l'avons vu une fois se diriger vers nous la main tendue en guise de bonjour. Depuis des semaines, les pros lui répétaient qu'il devait couper le cordon. Quand Myserio nous voyait, il se jetait sur nous pour nous faire des câlins. Quelle horreur ! Ce n'était pas digne d'un ado de 14 ans. Mais il était psychotique, il fallait donc calmer ses ardeurs, ses élans d'amour envers nous. ce fut fait.... rapidement.
Dès que Mysterio émettait le souhait de sortir, d'aller à l'école, de faire quelque chose au lieu de rester dans sa chambre, il ne devait pas le demander dans le calme ( normal, il était psychotique : cela confirmait bien le diagnostique ), et il était shooté. Comme il refusait les médicaments, il avait une piqûre, quand il se débattait pour ne pas l'avoir, il était attaché, puis enfermé à double tour dans sa chambre jusqu'à temps qu'il se soit calmé.
L'envoyer à l'école ? Mais Madame, vous n'y pensez pas ! Mysterio doit d'abord apprendre à se comporter calmement. Mysterio a compris, au fil des semaines, que si il voulait obtenir quelques faveurs ( jouer à une console, jouer au baby-foot, il devait rester calme.
Quand nous avons eu les premières permissions pour le sortir une heure ou deux le week-end, il se mettait à hurler ( vous voyez bien Madame, qu'il est psychotique, il ne sait pas se tenir à l'extérieur ), et dès qu'il en avait l'occasion cherchait à se jeter sous une voiture ou à se jeter dans la Mayenne.
Des mois plus tard, quand j'ai demandé tout son dossier, j'y ai pu lire " Une mère qui n'accepte pas la réalité, un rapport trop fusionnel entre le jeune et sa mère, etc, etc... ). Souvent, en marge des prescriptions médicales, il y avait écrit : troubles du comportement, agitation qui nous a conduit à augmenter la dose.
Quelques années plus tard, quand nous avons vu un psy et qu'il a demandé le compte-rendu et la cause de son hospitalisation, la pédo psy qui avait suivi Mysterio pendant ces 7 mois d'horreur a conclu son courrier : c'est un jeune qui a fait une forte crise d'adolescence. Comme son était s'était amélioré, les parents n'ont pas souhaité poursuivre l'hospitalisation.
La réalité : nous étions désemparés. Suite à sa déscolarisation et surtout au refus de la part de la CDES d'une rescolarisation , Mysterio ne pensait qu'à tout détruire autour de lui, ne pensant qu'à mettre fin à ses jours. Nous voulions le protéger, et aussi, il faut bien le dire, je commençais à ne plus le dominer physiquement.
Au fils des mois à l' HP, nous l'avons vu déperrir, nous l'avons vu maigrir, pâlir, perdre de plus en plus le goût de vivre, et surtout, surtout, perdre le goût de se battre. Nous l'avons récupérer pour le sauver de cette situation. Nous avons mis des mois pour obtenir que Mysterio reprenne goût à la vie, puisse de nouveau mettre le nez dehors sans hurler... Bref, je passe les détails. Nous avons eu beaucoup de mal à trouver un médecin qui accepte de nous prescrire les médicaments, car nous ne pouvions le sevrer d'un coup. Beaucoup nous ont mis dehors ( pour eux, nous avions bien cherché la situation, à nous maintenant de nous débrouiller et d'assumer ).
Bref, la plus grave erreur que j'ai faite dans ma vie, est d'avoir confié mon fils à ses pros pour le protéger. En fait, ils l'ont détruit. Nous avons mis des mois à ce que Mysterio retrouve un certain équilibre, mais plus jamais, il n'a été comme avant.