Invisibles à l'extrémité du spectre - Ruth Baker
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Re: Invisibles à l'extémité du spectre - Ruth Baker
Il y a surtout eu dès le départ une confusion, un manque de rigueur entretenu entre le phénomène médical et le phénomène social.
Si, en France l'effet barnum est parti de l'émission de Delarue, comme l'explique Emmanuel, c'est que nombre de personnes en quête d'appartenance à une communauté se sont reconnu dans certains traits Asperger.
Cela peut arriver à tous les "dys" qui ont un mode de pensée en arborescence et qui du fait de ce mode de pensée différente se trouvent isolés et en difficulté de communication. Le terme de cousinage employé dans le texte parait assez judicieux.
Ca ne fait pas d'eux des autistes , encore moins des asperger qui est un syndrome extrêmement rare, il ne faut pas l'oublier.
Si on parle d'autisme infantile c'est que le défaut de communication est extrêmement précoce et conditionne l'apprentissage et la relation au monde dès le départ, dès la communication avec la mère. Par défaut de communication, et difficultés de traitement des informations, certaines choses ne sont pas intégrées.
Chez les "dys" de tous poils, cette communication précoce peut avoir fonctionné pour peu que la mère ait le même mode de pensée ou soit simplement ouverte à son enfant, et les problèmes interviennent plus tard au moment de la confrontation avec la différence, par exemple l'écriture pour les dyslexiques, ou l'école pour les enfants dits surdoués, l'autonomie d'habillage pour les dyspraxiques, etc.
Cela peut engendrer un repli autistique, peut-être même certaines stéréotypies dues à l'angoisse, mais ce sont des troubles moins profonds, et ce n'est pas systématique.
Souvent, les professionnels ne posent pas de diagnostic immédiat et attendent de voir si l'enfant, dans un environnement différent va évoluer, si oui, il n'est pas autiste, selon les critères médicaux. C'est le cas pour les enfants souffrants d'abandonnisme par exemple.
Les autistes, eux, ont à apprendre la communication en dépit de leur traitement de l'information différent, il ne suffit pas de les comprendre, de les entendre ou de les accepter, mais véritablement d'adapter leur environnement de façon pratique. En ralentissant les images, en évitant les sons mélangés, etc.
En ce sens, faire de l'autisme une promotion sociale, c'est en faire un eldorado pour tous ces dys seuls et incompris et c'est un peu normal.
C'est peut-être ce à quoi tente de répondre le mouvement de la neuro-diversité, c'est à dire tous les dys, dont les autistes, mais sans faire de tous des autistes.
Le paradoxe dans l'histoire, c'est que ces dys en recherchant un diag d'autisme, tentent, en fait, de sortir de leur isolement autistique tout en disant bien fort qu'il ne faut pas les changer.
Ils ne veulent, ne peuvent, pas perdre leur mode de pensée, mais cet "autisme" dont ils se réclament, ils voudraient bien s'en débarrasser, et ils le peuvent, donc, ils démontrent par là même, qu'ils ne sont pas autistes, mais en recherche de reconnaissance, de communication et d'appartenance à un groupe. Ce qui bien sûr est légitime et tout à fait compréhensible, simplement, le sens du mot autisme se trouve déformé à grande échelle et le terme médical risque de ne plus rien vouloir dire.
Si, en France l'effet barnum est parti de l'émission de Delarue, comme l'explique Emmanuel, c'est que nombre de personnes en quête d'appartenance à une communauté se sont reconnu dans certains traits Asperger.
Cela peut arriver à tous les "dys" qui ont un mode de pensée en arborescence et qui du fait de ce mode de pensée différente se trouvent isolés et en difficulté de communication. Le terme de cousinage employé dans le texte parait assez judicieux.
Ca ne fait pas d'eux des autistes , encore moins des asperger qui est un syndrome extrêmement rare, il ne faut pas l'oublier.
Si on parle d'autisme infantile c'est que le défaut de communication est extrêmement précoce et conditionne l'apprentissage et la relation au monde dès le départ, dès la communication avec la mère. Par défaut de communication, et difficultés de traitement des informations, certaines choses ne sont pas intégrées.
Chez les "dys" de tous poils, cette communication précoce peut avoir fonctionné pour peu que la mère ait le même mode de pensée ou soit simplement ouverte à son enfant, et les problèmes interviennent plus tard au moment de la confrontation avec la différence, par exemple l'écriture pour les dyslexiques, ou l'école pour les enfants dits surdoués, l'autonomie d'habillage pour les dyspraxiques, etc.
Cela peut engendrer un repli autistique, peut-être même certaines stéréotypies dues à l'angoisse, mais ce sont des troubles moins profonds, et ce n'est pas systématique.
Souvent, les professionnels ne posent pas de diagnostic immédiat et attendent de voir si l'enfant, dans un environnement différent va évoluer, si oui, il n'est pas autiste, selon les critères médicaux. C'est le cas pour les enfants souffrants d'abandonnisme par exemple.
Les autistes, eux, ont à apprendre la communication en dépit de leur traitement de l'information différent, il ne suffit pas de les comprendre, de les entendre ou de les accepter, mais véritablement d'adapter leur environnement de façon pratique. En ralentissant les images, en évitant les sons mélangés, etc.
En ce sens, faire de l'autisme une promotion sociale, c'est en faire un eldorado pour tous ces dys seuls et incompris et c'est un peu normal.
C'est peut-être ce à quoi tente de répondre le mouvement de la neuro-diversité, c'est à dire tous les dys, dont les autistes, mais sans faire de tous des autistes.
Le paradoxe dans l'histoire, c'est que ces dys en recherchant un diag d'autisme, tentent, en fait, de sortir de leur isolement autistique tout en disant bien fort qu'il ne faut pas les changer.
Ils ne veulent, ne peuvent, pas perdre leur mode de pensée, mais cet "autisme" dont ils se réclament, ils voudraient bien s'en débarrasser, et ils le peuvent, donc, ils démontrent par là même, qu'ils ne sont pas autistes, mais en recherche de reconnaissance, de communication et d'appartenance à un groupe. Ce qui bien sûr est légitime et tout à fait compréhensible, simplement, le sens du mot autisme se trouve déformé à grande échelle et le terme médical risque de ne plus rien vouloir dire.
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Re: Invisibles à l'extémité du spectre - Ruth Baker
Un grand merci, Annemarie, pour ton intervention ! Tu as dit exactement ce que je pense, mais bien mieux que moi ...
Je n'ai rien à rajouter...
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Re: Invisibles à l'extémité du spectre - Ruth Baker
Tout a fait d'accord Zephora.Le truc est que on se débrouille mieux avec mais je crois que ça sera que pendant un certain temps - au fil des années la fatigue s'installe et puis notre souffrance n'est plus gérable dans une quotidien qui peut nous aggresser en permanence...ce qui peut en effet empirer notre état et le terrain difficilement gagné peut être encore perdu
Je me pose beaucoup de questions sur le facteur "age".
Je crois qu'il y aussi le probleme de connaitre les traits. Je connaissais le nom Asperger mais jusqu'il y a 6/7 ans je ne connaissais pas les particuliarités. Et comme disent certains, je me suis reconnue dans certains traits. Mais (et c'est le grand MAIS) aucun ne me genait dans ma vie quotidien, donc pourquoi m'en inquietait.
Depuis j'avoue qu'il y en a certains qui "envahissent" ma vie, j'essaye autant que possible de continuer a les gerer, les infos ici et ailleurs aident beaucoup, mais par moment il y a un agression dans ma tete, j'ai une necessité de m'hiberner comme dirait Luna, et je pense que l'age et surtout le ralentissement, l'impossibilité de faire autant qu'avant, plein de petites choses qui fait que l'angoisse et l'enervement prennent le dessus.
Je n'ai pas besoin d'un diag, ca ne m'apportera rien, j'ai besoin de pouvoir gerer ces inconveniences avant qu'il me bouffent ma vie.
Et non avant de crier haut et fort, je ne pense pas etre Aspie, je pense comme d'autres avoir des phenotypes elargies, certains traits, plus ou moins fort et plus ou moins envahissant.
Suzanne, la vieille qui blatere, maman de Loic 29 ans
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Re: Invisibles à l'extémité du spectre - Ruth Baker
Mais pourquoi vouloir faire de l'autisme un pré carré qui inclus ou exclus aussi?
Je rappelle qu'on utilise un mot que les un et les autres ne définissent pas de la même manière.
L'attitude observé a donné le mot. Le trouble définit par kanner a été qualifié non pas d'autisme de "replis autistique du contact affectif" en pointant une probable cause innée.
Et il suffit de lire les tonnes de résultat des recherches sur l'autisme que jean ajoute régulièrement au forum pour comprendre qu'on cherche encore à comprendre.
Si l'autisme est définit par la visibilité par l'autre, alors quant c'est pas visible la personne n'est pas autiste.
Si l'autisme arrive a devenir un critère physiologique clé, alors la visibilité ne serra plus le problème.
En attendant, je rappelle que le mot autisme n'a jamais été utilisé seul pour définir une chose fixe (si ce n'est pour qualifier une attitude à l'origine).
La bataille pour le mot ne concerne pas les personnes, mais le besoin grégaire, des personnes qui voudraient être inclus, l'effet barnum donc, mais aussi souvent des parents qui contrairement à leurs enfants voudrait tracer les limite du club.
Franchement c'est du niveau des discussion de café pour savoir si les nantais sont bien des bretons, ou si la tribune boulogne est bien à inclure dans les supporter du PSG.
Les guerre sur le mot autisme qui font que le mot est a boycotter pour arriver a penser et a communiquer sereinement c'est pour moi une interdiction supplémentaire d'exister différemment ajouté aux autres, qui viens vous déloger jusque dans le fin font des différences pour aller ajouter un inclusion ou une exclusion.
Le problème fort du texte c'est peut être par exemple de se demander s'il n'existe pas des personne en souffrance malgré leur invisibilité.
Autiste ou pas autiste on s'en tape, ça c'est le problème de ceux qui veulent classer et borner les différences, mais en souffrance ou pas c'est une question qu'on peut traiter sans se demander si on à le droit de porter le maillot.
Est-ce qu'il existe un pendant féminin non diagnostiqué, voir non diagnosticable a l'identification masculine 4 fois plus forte? Ca aussi c'est possiblement le sujet.
Qu'elle soient légitime ou pas a vos yeux au selon les critères réglementaire c'est pas le problème, mais si elle existent pourquoi elle restent invisible? C'est autrement plus porteur comme sujet de discussion.
Mais peut être même que ça impose tellement de révolutionner son approche du sujet qu'il est plus confortable de discuter leurs appartenance à la paroisse...
Je rappelle qu'on utilise un mot que les un et les autres ne définissent pas de la même manière.
L'attitude observé a donné le mot. Le trouble définit par kanner a été qualifié non pas d'autisme de "replis autistique du contact affectif" en pointant une probable cause innée.
Et il suffit de lire les tonnes de résultat des recherches sur l'autisme que jean ajoute régulièrement au forum pour comprendre qu'on cherche encore à comprendre.
Si l'autisme est définit par la visibilité par l'autre, alors quant c'est pas visible la personne n'est pas autiste.
Si l'autisme arrive a devenir un critère physiologique clé, alors la visibilité ne serra plus le problème.
En attendant, je rappelle que le mot autisme n'a jamais été utilisé seul pour définir une chose fixe (si ce n'est pour qualifier une attitude à l'origine).
La bataille pour le mot ne concerne pas les personnes, mais le besoin grégaire, des personnes qui voudraient être inclus, l'effet barnum donc, mais aussi souvent des parents qui contrairement à leurs enfants voudrait tracer les limite du club.
Franchement c'est du niveau des discussion de café pour savoir si les nantais sont bien des bretons, ou si la tribune boulogne est bien à inclure dans les supporter du PSG.
Les guerre sur le mot autisme qui font que le mot est a boycotter pour arriver a penser et a communiquer sereinement c'est pour moi une interdiction supplémentaire d'exister différemment ajouté aux autres, qui viens vous déloger jusque dans le fin font des différences pour aller ajouter un inclusion ou une exclusion.
Le problème fort du texte c'est peut être par exemple de se demander s'il n'existe pas des personne en souffrance malgré leur invisibilité.
Autiste ou pas autiste on s'en tape, ça c'est le problème de ceux qui veulent classer et borner les différences, mais en souffrance ou pas c'est une question qu'on peut traiter sans se demander si on à le droit de porter le maillot.
Est-ce qu'il existe un pendant féminin non diagnostiqué, voir non diagnosticable a l'identification masculine 4 fois plus forte? Ca aussi c'est possiblement le sujet.
Qu'elle soient légitime ou pas a vos yeux au selon les critères réglementaire c'est pas le problème, mais si elle existent pourquoi elle restent invisible? C'est autrement plus porteur comme sujet de discussion.
Mais peut être même que ça impose tellement de révolutionner son approche du sujet qu'il est plus confortable de discuter leurs appartenance à la paroisse...
Reconnu humain à la naissance.
Aucun diagnostique plus pertinent depuis!
"L'homme qui sait ne parle pas, L'homme qui parle ne sait pas." (Lao Tseu) ... J'arrête pas d'le dire!
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Re: Invisibles à l'extémité du spectre - Ruth Baker
et bien, c'est une discussion roborative (pour alimenter le sujet sur les mots jouissifs).
Un critère, je ne crois pas. Mais les chercheurs trouvent de plus en plus des signes objectifs divers.Si l'autisme arrive a devenir un critère physiologique clé, alors la visibilité ne serra plus le problème.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Invisibles à l'extémité du spectre - Ruth Baker
Perspective intéressante et potentiellement porteuse de surprises.
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Re: Invisibles à l'extrémité du spectre - Ruth Baker
Le texte date de 2006 (ou avant), car dans le livre de Tony Attwood, 1ère édition en anglais en 2006 - p.48 :
Voir page 46 de la traduction française.
.We need to explore more of what Ruth Baker, a woman with Asperger's syndrome, describes as 'the invisible end of the spectrum' (personal communication).
Voir page 46 de la traduction française.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Invisibles à l'extrémité du spectre - Ruth Baker
Merci, Jean, pour cet article très intéressant, ainsi que la discussion qui la suit.
Je pense que ça va m'inciter à parler de moi autant que de ma fille
Tout en m'étant toujours sentie "à part" des autres (j'adore l'allusion à l'incapacité aux discussions de filles, c'est tout moi), je me suis débrouillée pour rester dans les normes le plus possible même si la relation aux animaux me paraissait plus facile que celle aux humains.
Ma copine Aspi m'a beaucoup décrit ses troubles au quotidien et j'ai commencé par lui dire "mais non, ce n'est pas uniquement parce que tu es autiste, moi aussi, je fais ça, je sais, je ne suis pas "normale" mais pas autiste, arrête de te croire à part et donc blamable pour le commun des mortels, ce que tu décris n'est pas si débile que tu le penses et le dis". Simplement, à force, ça faisait pas mal de trucs dans lesquels je me retrouvais. Je ne me décrirais pas autiste parce que ce mot me parait trop fort (du moins selon la conception française du mot) mais j'ai des fonctionnements autistiques, des "traits autistiques" qui me pourrissent la vie depuis que je suis petite mais avec lesquels je fais. Sauf quand d'un coup, j'ai le coeur qui se met à taper à 120 à l'heure, une panique pour une bricole sauf quand j'en arrive à vivre dans mon monde quelques heures pour ne pas pêter un cable par rapport au quotidien et que si je ne le fais pas, je fais connerie sur connerie, parfois grave pour le futur.
Où suis je ?, à la rigueur, je me dis qu'un diagnostic, qu'il soit positif ou pas, m'aiderait à savoir enfin si je suis bizarre par mon comportement ou si je suis née avec et qu'en fin de compte, je ne le suis pas autant que j'aurais pu. Ca me permettrait de mieux m'accepter sans doute. De compenser mieux, plus à mon âge, je pense, c'est trop tard, mais de comprendre le pourquoi du comment et m'enlever ce doute qui est venu au fur et à mesure de la fréquentation d'une Aspi qui me ressemble en fin de compte beaucoup. Et ça me permettrait (et là, je reste sur mon sentiment systématique de culpabilité et de non confiance en moi) de savoir si c'est moi qui ai donné ces fichus traits autistiques à ma fille. Sur ce point de vue, avoir un diagnostic négatif serait salvateur
Avec ce vécu, je dirais qu'un diagnostic minimal (mais est ce possible) de traits autistiques ou de fonctionnement de défense de type autistique (donc différence entre né avec et comportement) (j'exprime sans doute mal les choses d'un point de vue scientifique mais l'image me parle) pourrait être utile à ceux en souffrance car la manière de le gérer au mieux est différente et devrait être proposable. Et parce qu'il vaut mieux savoir que de croire.
Maintenant, qu'une personne fasse cette démarche ne me choque pas, c'est une recherche de vérité sur soi. On est tellement jugés en France quand on est différent que je ne pense pas que ça puisse apporter grand chose et que donc si on le fait, c'est parce qu'on a besoin de savoir si oui ou pas. Je ne pense pas qu'on crie sur tous les toits un tel diagnostic mais Jonquille a raison malgré tout en ce qui concerne, je pense, l'effet de ce mélange "autiste handicapé" et "autiste qui vit normalement", ça risque de brouiller les pistes pour pas mal de personnes.
Mais a t on le droit de laisser des personnes en souffrance sans réponse ?
Je pense que ça va m'inciter à parler de moi autant que de ma fille
Tout en m'étant toujours sentie "à part" des autres (j'adore l'allusion à l'incapacité aux discussions de filles, c'est tout moi), je me suis débrouillée pour rester dans les normes le plus possible même si la relation aux animaux me paraissait plus facile que celle aux humains.
Ma copine Aspi m'a beaucoup décrit ses troubles au quotidien et j'ai commencé par lui dire "mais non, ce n'est pas uniquement parce que tu es autiste, moi aussi, je fais ça, je sais, je ne suis pas "normale" mais pas autiste, arrête de te croire à part et donc blamable pour le commun des mortels, ce que tu décris n'est pas si débile que tu le penses et le dis". Simplement, à force, ça faisait pas mal de trucs dans lesquels je me retrouvais. Je ne me décrirais pas autiste parce que ce mot me parait trop fort (du moins selon la conception française du mot) mais j'ai des fonctionnements autistiques, des "traits autistiques" qui me pourrissent la vie depuis que je suis petite mais avec lesquels je fais. Sauf quand d'un coup, j'ai le coeur qui se met à taper à 120 à l'heure, une panique pour une bricole sauf quand j'en arrive à vivre dans mon monde quelques heures pour ne pas pêter un cable par rapport au quotidien et que si je ne le fais pas, je fais connerie sur connerie, parfois grave pour le futur.
Où suis je ?, à la rigueur, je me dis qu'un diagnostic, qu'il soit positif ou pas, m'aiderait à savoir enfin si je suis bizarre par mon comportement ou si je suis née avec et qu'en fin de compte, je ne le suis pas autant que j'aurais pu. Ca me permettrait de mieux m'accepter sans doute. De compenser mieux, plus à mon âge, je pense, c'est trop tard, mais de comprendre le pourquoi du comment et m'enlever ce doute qui est venu au fur et à mesure de la fréquentation d'une Aspi qui me ressemble en fin de compte beaucoup. Et ça me permettrait (et là, je reste sur mon sentiment systématique de culpabilité et de non confiance en moi) de savoir si c'est moi qui ai donné ces fichus traits autistiques à ma fille. Sur ce point de vue, avoir un diagnostic négatif serait salvateur
Avec ce vécu, je dirais qu'un diagnostic minimal (mais est ce possible) de traits autistiques ou de fonctionnement de défense de type autistique (donc différence entre né avec et comportement) (j'exprime sans doute mal les choses d'un point de vue scientifique mais l'image me parle) pourrait être utile à ceux en souffrance car la manière de le gérer au mieux est différente et devrait être proposable. Et parce qu'il vaut mieux savoir que de croire.
Maintenant, qu'une personne fasse cette démarche ne me choque pas, c'est une recherche de vérité sur soi. On est tellement jugés en France quand on est différent que je ne pense pas que ça puisse apporter grand chose et que donc si on le fait, c'est parce qu'on a besoin de savoir si oui ou pas. Je ne pense pas qu'on crie sur tous les toits un tel diagnostic mais Jonquille a raison malgré tout en ce qui concerne, je pense, l'effet de ce mélange "autiste handicapé" et "autiste qui vit normalement", ça risque de brouiller les pistes pour pas mal de personnes.
Mais a t on le droit de laisser des personnes en souffrance sans réponse ?
Mère absolument atypique (mais à quel niveau ?) d'une petite atypique de 5 ans dont le diagnostic est enfin en route..
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Re: Invisibles à l'extrémité du spectre - Ruth Baker
Sur l'intérêt du diagnostic pour un adulte, voir extraits des recommandations de la HAS.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Invisibles à l'extrémité du spectre - Ruth Baker
Re merci, Jean....
Rentrée lundi, des rendez vous à n'en plus finir, une liste des to do à faire dmeain sinon, je vais perdre pied.
Je dois absolument faire un topo sur ma fille (en priorité) et sur moi mais en mon état actuel, je ne m'en sens pas capable et si je le fais, ce sera avec tellement d'add ons que ça ne sera plus lisible, j'en suis désolée
Si je le pouvais, je passerai une quinzaine de jours enfermée, sans aller ouvrir la boite aux lettres, sans aller sur le net, à écouter de la musique, lire, coudre et manger des pâtes et du fromage sauf s'il y a de quoi manger sans cuisiner. Et évidemment, sans voir personne à part mes chats et ma chienne. Après ça, ça irait mieux.... Je rêve, je rêve
Rentrée lundi, des rendez vous à n'en plus finir, une liste des to do à faire dmeain sinon, je vais perdre pied.
Je dois absolument faire un topo sur ma fille (en priorité) et sur moi mais en mon état actuel, je ne m'en sens pas capable et si je le fais, ce sera avec tellement d'add ons que ça ne sera plus lisible, j'en suis désolée
Si je le pouvais, je passerai une quinzaine de jours enfermée, sans aller ouvrir la boite aux lettres, sans aller sur le net, à écouter de la musique, lire, coudre et manger des pâtes et du fromage sauf s'il y a de quoi manger sans cuisiner. Et évidemment, sans voir personne à part mes chats et ma chienne. Après ça, ça irait mieux.... Je rêve, je rêve
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Re: Invisibles à l'extrémité du spectre - Ruth Baker
Ce qui m'a personnellement parlé dans le texte du début, c'est cette phrase : "alors que nombre d’entre eux s’identifient plus aux autistes qu’aux neurotypiques, ils peuvent être exclus par les professionnels actuels des diagnostics, mais sont inclus comme des cousins dans la communauté des autistes"
... officiellement, je ne suis pas autiste, mais vu mon fonctionnement depuis toute petite, je me sens proche du SA... idem, 2 de mes enfants sont "proches de" mais n'ont pas toute la liste de critères... "cousin dans la communauté", ça me parle bien, c'est une autre manière de dire "proche de la frontière".
... officiellement, je ne suis pas autiste, mais vu mon fonctionnement depuis toute petite, je me sens proche du SA... idem, 2 de mes enfants sont "proches de" mais n'ont pas toute la liste de critères... "cousin dans la communauté", ça me parle bien, c'est une autre manière de dire "proche de la frontière".
3 enfants : une fille Asperger, un fils TED NS et le frère ... "sans étiquette" (traits autistiques + éléments de précocité)... !
mon blog : cuisineallergo.canalblog.com
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- Prolifique
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Re: Invisibles à l'extrémité du spectre - Ruth Baker
Oui, pour le "cousin", ça m'a aussi bien parlé.
Mère absolument atypique (mais à quel niveau ?) d'une petite atypique de 5 ans dont le diagnostic est enfin en route..
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Re: Invisibles à l'extrémité du spectre - Ruth Baker
je viens de lire l'article que j'ai trouvé interessant et je me retrouve bien la dedans.
J'ai aussi lu votre discussion mais je ne suis pas parvenu a tout comprendre
J'ai aussi lu votre discussion mais je ne suis pas parvenu a tout comprendre
Maman bizarroïde d'un grand ado de 16 ans (EIP TDA) et d'un ado de 14 ans Asperger TDAH.
Tous différents , tous humains!
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Re: Invisibles à l'extrémité du spectre - Ruth Baker
La différence entre le profil "autiste" masculin et féminin est-elle sociale, éducative, ou est-elle disons... génétique?
Je ne me sens pas super-légitime pour m'exprimer (trop de doutes encore), mais allons-y. Je suis d'accord avec le fait qu'il faut faire un distingo entre un Aspi "pur jus" et quelqu'un qui présente des traits autistiques plus softs (ou mieux compensés?), pas parce que le niveau de difficulté/souffrance est différent, mais parce que les difficultés rencontrées sont probablement très différentes de toute manière. Les prises en charges ne seraient pas les mêmes, les ressentis non plus quoi qu'ils se ressemblent. Je parle d'un distingo vis-à-vis des "masses" qui ne comprennent jamais rien à rien et ne nuancent jamais rien. Dans les faits, je crois les "invisibles" sont effectivement ces Ultra-violets ou Infra-rouges qu'on ne voit pas sur un même spectre lumineux. Nous appartenons à un même groupe, mais pour ne pas risquer de déformer encore plus l'image mentale aberrante qu'ont les gens de l'autisme (Tous des génies! Yeee haaa!), effectivement il vaut mieux leur "mâcher" le travail, et séparer mentalement les "invisibles".
D'ailleurs, les médias et leur désinformation... Je n'ai pas trouvé un seul reportage TV qui ne donne pas cette image de "génies" décalés aux autistes.... La fascination fait-elle péter l'audimat?
Bises à vous!
Je ne me sens pas super-légitime pour m'exprimer (trop de doutes encore), mais allons-y. Je suis d'accord avec le fait qu'il faut faire un distingo entre un Aspi "pur jus" et quelqu'un qui présente des traits autistiques plus softs (ou mieux compensés?), pas parce que le niveau de difficulté/souffrance est différent, mais parce que les difficultés rencontrées sont probablement très différentes de toute manière. Les prises en charges ne seraient pas les mêmes, les ressentis non plus quoi qu'ils se ressemblent. Je parle d'un distingo vis-à-vis des "masses" qui ne comprennent jamais rien à rien et ne nuancent jamais rien. Dans les faits, je crois les "invisibles" sont effectivement ces Ultra-violets ou Infra-rouges qu'on ne voit pas sur un même spectre lumineux. Nous appartenons à un même groupe, mais pour ne pas risquer de déformer encore plus l'image mentale aberrante qu'ont les gens de l'autisme (Tous des génies! Yeee haaa!), effectivement il vaut mieux leur "mâcher" le travail, et séparer mentalement les "invisibles".
D'ailleurs, les médias et leur désinformation... Je n'ai pas trouvé un seul reportage TV qui ne donne pas cette image de "génies" décalés aux autistes.... La fascination fait-elle péter l'audimat?
Bises à vous!
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Re: Invisibles à l'extrémité du spectre - Ruth Baker
Merci pour cette traduction.
Je suis terriblement angoissée à l'idée de reprendre le travail demain. J'ai pris un anxiolytique pour calmer une crise de panique. J'ai peur.. Peur de la réaction de la Psy de mon service que j'ai prévenue par mail. Je suis sous le choc. Épuisée mentalement. Parce que je sais que ce spectre est là, puissant. Qui va me croire ? Qui va m'aider ? Je suis au bord du suicide ou de la folie. C'est comme s'il était réapparu d' un coup, aussi puissament que je l'ai refoulé. J'ai fais une crise de "shizophrenie" la première de ma vie. Ça a duré 5mn devant la glace "qui t'es toi !! " le regard vide, puis méchamment.. Coup de tête dans la glace "hein ! Qui t'es !!" on aurait dit un fantôme qui parlait à travers moi.
A qui je peux dire ça ??? Et demain je reprend ce boulot et demain je vais reprendre mon rôle.. Et quand je suis seule là bas j'ai envi de me pendre ! J'ai peur. Parce que j'ai 47 ans et je ne sais plus où j'en suis !
Je suis terriblement angoissée à l'idée de reprendre le travail demain. J'ai pris un anxiolytique pour calmer une crise de panique. J'ai peur.. Peur de la réaction de la Psy de mon service que j'ai prévenue par mail. Je suis sous le choc. Épuisée mentalement. Parce que je sais que ce spectre est là, puissant. Qui va me croire ? Qui va m'aider ? Je suis au bord du suicide ou de la folie. C'est comme s'il était réapparu d' un coup, aussi puissament que je l'ai refoulé. J'ai fais une crise de "shizophrenie" la première de ma vie. Ça a duré 5mn devant la glace "qui t'es toi !! " le regard vide, puis méchamment.. Coup de tête dans la glace "hein ! Qui t'es !!" on aurait dit un fantôme qui parlait à travers moi.
A qui je peux dire ça ??? Et demain je reprend ce boulot et demain je vais reprendre mon rôle.. Et quand je suis seule là bas j'ai envi de me pendre ! J'ai peur. Parce que j'ai 47 ans et je ne sais plus où j'en suis !
"La vie est une attente perpétuelle de ce qui peut être, un renoncement perpétuel à ce qui n'est pas, une angoisse perpétuelle de ce qui doit être"
Louis Dumur
Louis Dumur