Heredité et Aspergers?

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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zephora
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Heredité et Aspergers?

Message par zephora »

Bonjour!
Recemment j'ai eu certains nouvelles de ma famille qui me posent bien des questions. Est-ce que quelqu'un sait quelque choses sur le Syndrome d'Asperger et l'heredité?

Moi, Asperger, mon fils aussi et puis maintenant le fils d'un cousin diagnostiqué à l'age de 12 ans et puis le fils d'une cousine qui semble d'être dans les criteres aussi et qui attends son RDV en mois de octobre ( il a quatre ans).

Pendant des années, j'étais la seule personne visiblement different ( on disait elle est un peu zarbie, un peu folle mais elle n'est pas méchante) puis j'ai eu un diagnostique en 1997 chez moi. Mon fils n'a jamais été officialement diagnostiqué car il refusait tout entretien et quand on est s'allé voir un psychopediatre il a refusait même d'éntré dans le bureau.....

Et du coup, il y en a pas mal......

J'aimerais bien savoir si quelqu'un peut me donner des liens vers les docs qui traite ce sujet ou bien si d'autres sur le forum ont eu des trucs un peu pareil.

Ma fille de 24 ans pense de fonder sa petite famille bientôt et j'aimerais bien que elle soit courant si elle peut avoir un enfant sur le spectrum. Je crois que ça ne changera rien pour elle ni son fiancé - ils connait bien ce que ça donne - des joies et des défis - mais il me semble qu'on se renseigne est logique.... :?: :?: :? je m'exprime mal là.......aspie + anglophone = :?

Merci en avance . :kiss: :? :kiss:
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Benoit
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Re: Heredité et Aspergers?

Message par Benoit »

Bonjour Zephora,

Le résultat des dernières études scientifiques confirme que ce qu'on appelle l'héritabilité est la cause principale avérée d'autisme, y compris Asperger (autour de 90%).

Je ne connais par la taille des populations considérées, mais la probabilité d'avoir des enfants autistes est également considérée statistiquement comme supérieur pour les parents autistes, je crois d'un facteur 100. Ca doit faire quelques pourcents au final, mais ce n'est peut être pas si certain...

En effet, c'est que cette source génétique de l'autisme n'est pas uniquement liée à la loterie génétique (la transmission des gènes de parents à l'enfant) mais également à l'environnement (on parle alors d'héréditabilité environnementale). L'environnement ça veut dire exactement tout le reste, mutations génétiques subites et/ou causées, maladies pendant la grossesses, exposition à diverses substances (comme pour les produits cancerigènes), vaccins divers et variés, l'alimentation etc, etc...

La dernière étude à laquelle j'ai eu accès (Genetic Heritability and Shared Environmental Factors Among Twin Pairs With Autism, juillet 2011) conclut que la partie environnementale serait prépondérante dans les causes par rapport à la stricte loterie génétique. Je ne me souviens pas des chiffres par contre.

En gros pour faire simple, si l'héritage génétique était seul en cause, il n'y aurait pas de raison que les jumeaux autistes soient plus fréquents que les frères/soeurs autistes hors c'est le cas.

Dans tous les cas, la "bonne" nouvelle c'est que 'l'éducation' semble ne plus faire partie des causes envisagées (en tout cas principales).

Tu peux "essayer" de lire cette traduction automatique (désolé, elle est vraiment mauvaise) : http://translate.googleusercontent.com/ ... 6hHlRD7OBg
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meï
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Re: Heredité et Aspergers?

Message par meï »

Zephora ta question est très logique.
je me suis posée la meme..
mon neveu est asperger, (plus "palpable"), c'est ce qui m'a mis la puce à l'oreille pour moi, entre autres choses.
je pense qu'au moins un des loustics ici a des traits meme si légers et comme on voudrait un petit dernier avec mon homme (qui lui a bcp de "traits"..) on se pose evidemment la question de l'heritabilité...
1973 ( TSA, hpi, diag CRA 2012) de 4 enfants (tsa/ hpi, tdah, hpi et autres.)...)
https://cieharmonieautiste.jimdo.com/
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zephora
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Re: Heredité et Aspergers?

Message par zephora »

@Benoit....
Merci pour le lien, c'est bien interessant. J'irai le lire en anglais :) car la traduction proposé est un peu bizarre mais je vois les grandes lignes et ça me donne envie d'aller plus loin.

@Meï....
Je crois certains dans ma famille vont se poser des questions aussi......c'est toujours bien à savoir :kiss:

:bravo: :bravo: :bravo:
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bernard
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Re: Heredité et Aspergers?

Message par bernard »

zephora a écrit :Et du coup, il y en a pas mal......
Déjà Hans Asperger dans sa thèse parle des parents des enfants aspies qu'il accueille.
Et il soupçonne une forte partie "héréditaire" (on ne parlait pas de génétique en 44).

Dans mon cas, j'ai identifié les traits du SA seulement dans la branche maternelle.
Ma mère, son père, une cousine et son frère, un neveu, moi, mon fils et sa sœur plus jeune (8 sur une population de 27 personnes).
Dans la branche paternelle, aucun (0 sur 32).
Du côté de mon épouse, aucun cas connu dans ses ascendants (0 sur 6), un phénotype élargi à son niveau (son frère, soit 1 sur 3), et au niveau des descendants de sa fratrie, un neveu (le fils de sa sœur soit 1 sur 1). En remontant dans la branche paternelle de ce neveu, on trouve 2 cas un oncle et le grand-père (soit 2 sur 4).
En résumé, des branches où il n'y en a aucun, et des branches où il est difficile de ne pas en trouver.
Bernard (55 ans, aspie) papa de 3 enfants (dont 2 aspies)
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Jean
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Re: Heredité et Aspergers?

Message par Jean »

La dernière étude sur les jumeaux et les fratries est présentée dans le sujet sur les causes environnementales de l'autisme :
http://forum.asperansa.org/viewtopic.php?p=61064#p61064

Sur cet aspect, il faut comprendre "environnement" au sens large, car il s'agit par exemple de la grossesse gémllaire ... ou de la pluie.

Cela reste très souvent génétique quand même, car le même terrain génétique peut s'exprimer différemment ... pour des raisons encore mystérieuses.

Je prépare un dossier sur la question du "conseil génétique" concernant le handicap. Sachez qu'en français, je n'ai rien trouvé de bien spécifique sur ce point en ce qui les personnes autistes.

Le conseil génétique, c'est un métier, et les personnes qui se posent des quesitons doivent effectivement consutler un spécialiste pour décider en connaissance de cause, c'est-à-dire avec toutes les incertitudes liées à ce qui est connu.

Je mettrai dans l'article sur la "sélection génétique " la traduction d'un commentaire d'un blog anglais sur le sujet. Un point à ne pas oublier : quand on dit "génétique", cela ne veut pas dire héréditaire. Les généticiens trouvent actuellement beaucoup de variations de gênes, qu'ils appellent "de novo" : ce n'est pas le capital génétique des parents qui est à l'origine de la différence, mais des mutations de leurs gênes.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Jean
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Re: Heredité et Aspergers?

Message par Jean »

DU DESIR D'ENFANT À LA PROCRÉATION : ÊTRE PARENT ET HANDICAPÉ
Dossier Réadaptation n°572 - Juillet-Août 2010
Craintes et difficultés inhérentes au handicap
Dr Laurent Servais, médecin coordinateur de la consultation "sexualité et myopathies", Institut de myologie, hôpital de la Pitié-Salpêtrière

Le désir d'enfant est fréquent chez les personnes handicapées, et ce quelle que soit la nature du handicap (intellectuel, physique, psychique). Une grossesse chez une femme handicapée peut constituer une aventure merveilleuse et épanouissante, pour la mère, le père et l'enfant. Néanmoins, dans son projet et dans son accomplissement, celle-ci peut se heurter à différentes difficultés, parfois intrinsèques à chaque type de handicap. Parmi celles-ci, relevons ...

La crainte d'une transmission génétique

De nombreuses études ont tenté, essentiellement avant 1980, de déterminer le risque des enfants de personnes handicapées de présenter eux aussi un handicap, la question sous-jacente étant généralement le bien-fondé de programmes de stérilisation plus ou moins systématique. Ces études sont largement obsolètes, et ce, essentiellement à cause des avancées dans le diagnostic étiologique des différentes causes de handicap mental ou physique. En effet, un handicap peut être le résultat de différents processus causaux, génétiques ou non génétiques. Parmi ces derniers, citons les infections prénatales, la prématurité, les anoxies périnatales, les méningites et encéphalites, les noyades ou les traumatismes crâniens. Dans ces différentes situations, il est évident que le handicap n'est pas transmissible héréditairement. Le risque pour les enfants des personnes handicapées est donc largement maîtrisable par différentes mesures socio-éducatives, ainsi qu'en témoignent différents travaux. La transmission d'un handicap mental ou physique d'origine génétique est beaucoup plus complexe.

La transmission autosomique récessive


La mutation est alors héritée de chacun des deux parents qui sont eux-mêmes en bonne santé. Le risque de transmission à la génération ultérieure, si les deux parents ne présentent pas le même syndrome, est donc pratiquement nul.

La transmission autosomique dominante

Le risque de transmission est dès lors de 50%. Par ailleurs, une mutation autosomique dominante peut-être d'expression variable, c'est à dire avoir des manifestations cliniques différentes, voire parfois nulle, d'un individu à l'autre, et ce y compris au sein d'une même famille.

La mutation liée à l'X

La transmission est complexe, soit dominante (d'expression variable ou non, soit récessive) et dépend du type de syndrome.

A suivre
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Re: Heredité et Aspergers?

Message par Jean »

suite :
Ainsi, en ce qui concerne le X fragile, les garçons présentent un phénotype beaucoup plus prononcé que les filles. Par exemple) dans le cas du X fragile qui est une cause fréquente de retard mental léger, y compris chez les jeunes femmes) le risque de transmission est de 50%, mais la profondeur du handicap s’accroît généralement à la génération ultérieure, surtout si l’enfant est un garçon. Si le papa présente un syndrome de l’X fragile, la transmission est de 100% pour ses filles (qui présenteront cependant un retard plus léger, ou pas de retard), et de 0% pour ses garçons.

La mutation portant l’empreinte génétique

C’est-à-dire dont l’expression clinique dépend du fait que la mutation soit héritée du papa ou de la maman. C’est le cas du syndrome d’Angelman ou du syndrome de Prader Willi.

L’anomalie chromosomique (par exemple la trisomie 21). La transmission est dès lors théoriquement autosomique dominante (donc, 50%), mais reste limitée par le fait que de nombreux syndromes s’accompagnent d’une hypofertilité, voire d’une stérilité, et que les ovules fécondés porteurs d’une anomalie chromosomique présentent une probabilité moindre de déboucher sur une grossesse menée à son terme.

L’environnement polygénique rend le pronostic pratiquement impossible.

La transmission via l’ADN mitochondrial touche tous les enfants de la maman (mais avec des expressions variables).

Par ailleurs, il convient de se rappeler que de nombreux syndromes génétiques causant un handicap mental s’accompagnent d’hypo-fertilité, voire de stérilité. C’est le cas par exemple des syndromes s’accompagnant d’hypogonadisme (par exemple le syndrome de Prader Willi) ou de la trisomie 21. En effet, les hommes porteurs de ce symptôme sont stériles, à de rares exceptions près, les grossesses de femmes présentant ce symptôme demeurent anecdotiques. En outre, comme pour ce qui concerne les handicaps d’origine non génétique, le risque d’observer un handicap mental dans la descendance d’une ou de deux personnes handicapées dépend également de facteurs socio-éducatifs.

Il résulte également que l’estimation du risque pour un couple de personnes handicapées d’avoir un enfant handicapé relève de la médecine spécialisée en conseil génétique, après analyse des différentes données disponibles pour chacun des deux parents.

La crainte d’une grossesse non désirée


Ne pas aborder le désir de parentalité avec une personne handicapée risque de l’exposer à une grossesse pour laquelle l’environnement familial ou éducatif n’est pas prêt. De surcroît, une contraception qui requiert la compliance quotidienne ou régulière de la personne se doit d’être comprise, dans son fonctionnement et dans son utilité. Dès lors, le risque existe qu’en l’absence de discussion de parentalité dans le contexte de l’instauration d’une contraception, celle-ci connaisse davantage d’échecs liés à une mauvaise compliance. Enfin, ne pas tenir compte du désir de parentalité des personnes handicapées dans le cadre de l’instauration de programmes de contraception ou de stérilisation systématique revient à nier leur droit à une prise en charge individuelle, tenant compte de leurs besoins propres, et à leur faire passer le message implicite que toute vie ressemblant à la leur ne vaut pas la peine d’être vécue.

Dès lors, nous plaidons pour une prise en compte systématique des désirs de parentalité dans la prise en charge de la vie affective des personnes handicapées, prise en compte qui doit être intégrée dans le contexte social, éducatif, psychologique et génétique du couple.

La procréation médicalement assistée


La mise en route et la poursuite d’une grossesse relèvent évidemment du droit de chacun. Mais lorsqu’elle implique le recours à une procréation médicalement assistée, se pose inévitablement la question de l’implication éthique du médecin et, par ailleurs, de la société qui le finance et le rend possible qui génère dès lors une responsabilité individuelle des praticiens et collective de la société. Outre la question de la transmission potentielle d’une maladie génétique, qui peut être contournée dans la plupart des cas grâce à un diagnostic préimplantatoire (DPI), se pose la question du devenir vital des parents, et donc de la relation au père et à la mère d’un être en devenir. Ainsi le cas difficile posé par une demande d’insémination de la part d’un couple formé par une dame présentant une infirmité cérébrale et d’un monsieur souffrant d’une dystrophie de Duchenne s’est récemment posé... Au-delà de la décision d’un comité d’éthique, reposant sur des éléments individuels sortant du cadre de cet article, de semblables situations nous amènent nécessairement à nous poser en tant que soignants et citoyens l’inévitable question de notre positionnement dans de tels conflits de valeurs.

La crainte de l’aggravation du handicap

Grossesse et handicap peuvent interagir de manière négative. En effet, la prise pondérale, l’augmentation du débit sanguin, la compression diaphragmatique peuvent contribuer à décompenser une situation cardiorespiratoire préalablement altérée, Les modifications hormonales pendant la grossesse ou en post-partum peuvent de surcroît contribuer à déséquilibrer une situation psychique instable ou, dans le cadre de certaines pathologies, telles la myasthénie congénitale, causer une brusque aggravation du handicap physique.

Enfin, l’immobilité générée par le handicap est un facteur de risque de thrombophylie, notamment en post-partum. Pour ces différentes raisons, la grossesse doit être suivie de près, tant par le médecin spécialiste pour la pathologie concernée que par le gynécologue obstétricien.

La crainte des conséquences du handicap

Si la grossesse peut négativement influer sur un handicap psychique ou physique, la réciproque peut dans certains cas être vraie : risque accru de pré-éclampsie, de retard de croissance intra-utérin ou de diabète gestationnel dans certaines pathologies. L’indication de la prise de médicaments (antiépileptiques, par exemple) doit être soigneusement évaluée en raison d’un risque tératogène potentiel. Les risques liés, à l’accouchement et le management de celui-ci seront envisagés par ailleurs.

En conclusion, la grossesse dans un contexte de handicap constitue une aventure potentiellement merveilleuse, mais devant être suivie de près sur le plan médical, tant sur le plan gynéco-obstétrique que neurologique ou psychiatrique.

1. Voir « le conseil génétique », Dr Delphine Héron, page 18
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Re: Heredité et Aspergers?

Message par Jean »

Sur le blog Autisme Information Science
Evidence for broader autism phenotype characteristics in parents from multiple-incidence autism families
Preuve de caractéristiques phénotypiques élargies de l'autisme chez les parents issus de familles avec plusieurs enfants autistes.
Bernier R, Gerdts J, J Munson, Dawson G, Estes A.

La conclusion (du résumé) :
Ces résultats suggèrent que les caractéristiques de la BAP, en particulier dans les domaines social et de la communication, les parents sont représentés dans l'autisme MPX à un degré plus élevé que l'autisme simplex et les parents de contrôle. En outre, les résultats appuient l'idée que les mécanismes de transmission génétique peuvent différer entre les familles avec plus d'un enfant souffrant d'autisme et leurs familles avec un seul enfant autiste.
  • BAP = phénotype (état d'un caractère observable) de l'autisme le plus large (BAP) ["phénotype élargi"]
    autisme multiplex (MPX) = parents qui ont deux enfants ou plus avec des troubles du spectre autistique (TSA)
    autisme simplex = parents qui n'ont pas plus d'un enfant ayant un TSA
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Re: Heredité et Aspergers?

Message par Jean »

DU DESIR D'ENFANT À LA PROCRÉATION : ÊTRE PARENT ET HANDICAPÉ
Dossier Réadaptation n°572 - Juillet-Août 2010
Le conseil génétique
Dr Delphine Héron


Le "conseil génétique" (terme consacré, mais impropre : il vaut mieux parler d'information génétique) a pour but d'informer une personne (ou un couple) sur une maladie génétique connue et sur son mode de transmission, et d'évaluer le risque qu'il développe et /ou transmette cette affection. Dans tous les cas, il s'agit d'un acte médical qui s'appuie sur un diagnostic de certitude de la maladie en cause, et qui s'inscrit souvent dans un contexte familial.

Cette information génétique est fonction de l'état des connaissances et des techniques du moment. À l'issue de la consultation, le consultant peut être amené à réaliser un test génétique, pour connaître son propre statut génétique par rapport à la maladie. Les enjeux de ces tests sont variables selon le mode de transmission de l'affection (diagnostic pré-symptomatique pour une maladie dominante, diagnostic de conductrice d'une maladie liée au chromosome X, diagnostic d'hétérozygotie pour une maladie récessive.. .), et leurs conséquences dépassent largement la simple question médicale sous-jacente. C'est pourquoi un accompagnement psychologique est le plus souvent proposé, aidant à la prise de décision et à l'anticipation des résultats. Ces tests génétiques relèvent d'un cadre juridique strict.

Pour qui ?


Le conseil génétique s'adresse aux personnes appartenant à des familles dans lesquelles a été identifiée une maladie d'origine ' génétique (habituellement monogénétique c'est-à-dire ne dépendant que d'un seul gène). Plusieurs situations amènent une personne (un couple) à consulter : la personne ou un membre du couple est lui même atteint ; un membre de la famille (apparenté) est atteint ; le couple a déjà donné naissance à un (ou plusieurs) enfant(s) atteints ; cas particulier : les membres du couple sont apparentés (ce qui augmente un peu leur risque de donner naissance à un enfant atteint d'une maladie génétique récessive).

Pourquoi ?

La démarche du conseil génétique peut être associée à un projet de procréation et/ou au désir de connaître son statut génétique en dehors de tout projet procréatif, même lorsqu'il n'existe aucun bénéfice médical. Le conseil génétique a pour objectif d'estimer le risque de transmission de la maladie (fonction du mode de transmission), et d'envisager les conséquences du risque estimé pour la personne ou le couple qui consulte. En fonction de celui-ci, la personne (ou le couple) sera amenée à faire des choix d'avenir, pour elle-même ou sa descendance. Elle pourra éventuellement recourir à un test génétique, pour connaître son statut génétique (porteur ou non de l'anomalie), savoir si la maladie a un risque de se développer dans l'avenir et/ou si elle risque de se transmettre à ses enfants. Pour cela, il importe que le généticien connaisse parfaitement les caractéristiques cliniques de la maladie en question (son évolution, les traitements possibles ...) et soit formé aux enjeux humains qui sous-tendent toute démarche de conseil génétique

Par qui et où ?

Le médecin généticien, assisté du conseiller en génétique, sont les professionnels qui réalisent la consultation de "conseil génétique". Ils collaborent le plus souvent avec un psychologue formé en génétique, qui a une approche et une écoute complémentaire, et est disponible pour aborder les problèmes personnels, affectifs et relationnels soulevés par la démarche. Il aide ainsi les consultants dans une prise de décision parfois difficile. Ces spécialistes travaillent dans les centres de génétique hospitaliers où se déroulent les consultations.

L'estimation du risque de transmission de la maladie

Le risque de transmission est la probabilité de transmettre ou de recevoir l’anomalie génétique responsable de la maladie. Il dépend du mode de la maladie en cause : on ne peut l'évaluer que si l'on dispose d’un diagnostic certain, ce qui demande de rassembler les informations existantes sur la maladie dans la famille.

La première étape de la consultation de génétique vise à cerner la demande de la personne (ou du couple) qui consulte. La deuxième étape, qui doit être menée avec délicatesse, est celle de l'interrogatoire de la personne, qui permet de constituer l'arbre généalogique de la famille et éventuellement de déduire le mode de transmission de la maladie lorsque celui-ci n'est pas connu. Le conseil génétique n'est possible que si le généticien dispose du diagnostic précis de la maladie. Le diagnostic génétique, c'est-à-dire l'identification de l'anomalie en cause dans une famille en particulier, est très souvent indispensable pour poursuivre la démarche de conseil génétique. Dans les faits, le généticien ne dispose pas forcément de ces éléments indispensables, car une des particularités de la consultation de génétique est que les consultants ne sont pas toujours les personnes malades. La génétique introduit ainsi une dimension nouvelle par rapport à la médecine traditionnelle, du fait qu'une maladie individuelle va très vite devenir une maladie familiale, risquant de mettre à mal le respect du secret médical. L'information concernant une maladie génétique ne peut être véhiculée que par le patient lui-même, jamais par le médecin - et c'est une bonne chose. Mais qu'advient-il en cas de risque pour les apparentés d'avoir une maladie grave, voire létale, en particulier lorsqu'il y a des précautions à prendre ? Le consultant se retrouve avec la responsabilité énorme d'informer ses proches, au risque de bouleverser l'équilibre familial, ou de leur réclamer des informations médicales que celui- ci ne souhaite pas forcément divulguer,

Connaître son statut génétique : un résultat qui engage l'avenir

Un test génétique est un examen biologique particulier, car son résultat va engager l'avenir en donnant un caractère définitif à la maladie. C'est "inscrit dans les gènes", il n'y a plus de retour en arrière possible. Et l'avenir du patient qui a demandé le test n'est pas seul en jeu : les apparentés risquent également d'être concernés, sans forcément l'avoir souhaité.

La prescription et la réalisation de l'examen des caractères génétiques d'une personne à des fins médicales ne peuvent être faites que dans l'intérêt des patients. Lorsqu'il s'agit de personnes asymptomatiques, les enjeux sont différents selon le mode de transmission de la maladie en cause.
  • * pour une maladie autosomique dominante (transmission de génération en génération), il existe un risque de développer la maladie et également de la transmettre. On est alors dans la situation de diagnostic pré-symptomatique.

    * pour une maladie autosomique récessive, l'intérêt du test est pour la descendance (puisqu'une personne hétérozygote cad porteuse du gène en un exemplaire n'est par définition pas malade). Le risque d'avoir un enfant atteint est donc fonction du statut génétique du conjoint. Le risque n'est important que si la maladie est fréquente dans la population générale (exemple : mucoviscidose, amyotrophie spinale infantile) ou si le conjoint est apparenté. La recherche du statut génétique peut améliorer le conseil génétique en précisant le risque encouru par un enfant à naître (pouvant aboutir à une demande de diagnostic prénatal ou pré-implantatoire) .

    * pour une maladie autosomique liée au chromosome X, l'intérêt du test est également pour la descendance pour la descendance (risque pour les garçons) et se fait par le dépistage des femmes conductrices.
Tests génétiques : un encadrement juridique strict

Eu égard à l'importance de ses enjeux, les tests génétiques, en particulier pré-symptomatiques, font l'objet d'un encadrement législatif strict, défini par les lois de bioéthique de 1994 et inscrit dans le code de santé publique et le code civil. Selon ces dispositions, l'examen des caractéristiques génétiques d'une personne - en dehors des procédures judiciaires qui ne concernent pas les médecins - ne peut être entrepris qu'à des fins médicales ou de recherche scientifique, après avoir recueilli son consentement éclairé. En 2000, après six ans de vide juridique, un décret d'application a enfin fixé les conditions de la prescription et de la réalisation de l'examen des caractéristiques d'une personne. Il dispose que "chez une personne asymptomatique présentant des antécédents familiaux, le test génétique ne peut être effectué que par un médecin oeuvrant au sein d'une équipe pluridisciplinaire, rassemblant des compétences cliniques et génétiques". Cette équipe doit se doter d'un protocole de prise en charge et être déclarée au ministère chargé de la santé. Le médecin délivre une attestation certifiant qu'il a apporté à la personne concernée les informations complètes appropriées et qu'il a recueilli son consentement, dans le cadre d'une consultation individuelle. Les résultats doivent être rendus en consultation par le prescripteur. Ces dispositions sont très importantes : elles impliquent que les personnes ne peuvent plus obtenir un test génétique "sauvage" dans un laboratoire non agréé, dont on leur enverra les résultats par courrier ou par téléphone, alors qu'elles sont au bureau ou dans le métro, et que les résultats seront rendus individuellement (et non à une famille entière sans aucun respect du secret médical). Chez le mineur, le diagnostic génétique ne peut être prescrit que "si ce dernier ou sa famille peuvent personnellement bénéficier de mesures préventives ou curatives immédiates". Enfin, le diagnostic prénatal et le diagnostic pré-implantatoire ne peuvent être pratiqués que pour détecter in utero chez l'embryon ou le fœtus (DPN) ou dans une cellule (DPI), "une affection d'une particulière gravité".

Les limites du conseil génétique

Même si le risque de transmission peut souvent être estimé, il est parfois difficile d'aller au bout de la démarche du conseil génétique à cause de difficultés diagnostiques ou pronostiques. Parfois également, le risque de transmission ne peut être estimé.

*impossibilité d'identifier l'anomalie génétique d'origine (difficulté diagnostique)

La situation idéale : à une seule anomalie (mutation) dans un seul gène correspond une maladie est rare. Le plus souvent, il existe ce qu'on appelle une hétérogénéité allélique (de nombreuses anomalies génétiques différentes dans un même gène) ou une hétérogénéité génétique (plusieurs gènes à l'origine d'une même maladie), rendant complexe la recherche de l’anomalie génétique. Il existe donc des situations où l'incertitude demeure. Les progrès scientifiques constants permettent aussi parfois d'apporter une réponse plusieurs mois ou années après la première démarche : il ne faut donc pas hésiter à consulter de nouveau à distance.

* impossibilité de prévoir la sévérité de la maladie (difficulté pronostique)

Une des particularités des maladies génétiques (en particulier dominantes) leur très grande variabilité d'expression même intrafamiliale, rendant difficile l'évaluation du pronostic. Ce point pose problème d'une part pour le présymptomatique (transformant une incertitude : porteur ou non en une autre incertitude : quelle gravité ?), d'autre part de façon encore plus cruciale pour le diagnostic prénatal, puisque l'enjeu est alors l'interruption médicale de la grossesse à partir de l'anomalie génétique, sans éléments permettant de prédire la gravité.

L'évolution de la génétique médicale ces dernières aimées permet l'accès à des tests génétiques de plus en plus nombreux, dont les enjeux dépassent souvent l'aspect purement médical des maladies génétiques concernées. Il importe que la consultation de "conseil génétique" permette au consultant de prendre la décision qui lui sera bénéfique, en préservant son "droit de ne pas savoir", et en gardant à l'esprit que tout ce qui est faisable n'est pas forcément souhaitable.

Dr Delphine Héron, département de génétique, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière
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Re: Heredité et Aspergers?

Message par bernard »

Jean a écrit :Le conseil génétique s'adresse aux personnes appartenant à des familles dans lesquelles a été identifiée une maladie d'origine ' génétique (habituellement monogénétique c'est-à-dire ne dépendant que d'un seul gène).
La partie génétique de l'autisme est "polygénétique".
Comment interpréter "habituellement" dans ce cas ?
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Re: Heredité et Aspergers?

Message par Jean »

Ta remarque est juste : ce qui est vrai pour la trisomie (monogénétique) n'est pas vrai pour les troubles du spectre autistique.
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Re: Heredité et Aspergers?

Message par Jean »

Conseil génétique en psychiatrie
l'Information Psychiatrique. Volume 87, Numéro 7, 595-601, Septembre 2011, Bioéthique, éthique et psychiatrie
Auteur(s) : Géraldine Viot

Résumé : Les outils cytogénétiques et moléculaires disponibles de nos jours ont permis de démontrer l’influence de facteurs génétiques dans la survenue de pathologies psychiatriques comme l’autisme ou la schizophrénie. Toutefois, la compréhension des mécanismes sous-jacents à ces troubles du comportement reste encore incomplète, en raison en particulier des difficultés à déterminer la nature exacte de ces troubles et de la très grande hétérogénéité des facteurs étiologiques. Or, leur connaissance est un préalable indispensable au conseil génétique donné aux familles pour évaluer le risque qu’elles présentent d’être confrontées à ce type de pathologie.
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Jean
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Re: Heredité et Aspergers?

Message par Jean »

Article plus détaillé des mêmes auteurs :
Le phénotype élargi de l’autisme et ses implications (traduction Asperansa)
Si des enfants affectés issus de familles avec un seul TSA sont plus susceptibles que ceux des familles avec plusieurs de développer des TSA comme résultat d'un événement génétique « de novo » survenant seulement dans cette personne, alors les résultats d'une présence accrue des caractères liés aux TSA dans des familles avec plusieurs pourraient suggérer que les membres de ces familles sont plus vulnérables aux symptômes de TSA étant donné la variance génétique partagée. Toutefois, la validité de ce phénomène nécessite une attention de futures recherches, dès lors que peu d'études ont directement testé cette hypothèse et que les résultats ne sont pas universels
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Manduleen
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Re: Heredité et Aspergers?

Message par Manduleen »

Je n'ai pas tout lu mais j'y reviendrai.

Ici, j'ai pu identifier des traits autistiques (tous de haut niveau, probables SA) sur trois générations : mon père (et peut-être son grand-père, mais je n'ai pas pu "étudier" ce cas suffisamment pour être sûre), moi-même, mes deux fils.

Il est "intéressant" de noter que cette branche a déjà son lot d'héritage génétique puisque nous nous transmettons un syndrome BOR (branchio-oto-rénal) (qui est également présent chez le fils d'une de mes cousines paternelle). L'expression de cette mutation génétique est variable. Mon plus petit présente une agénésie rénale à droite ainsi que diverses petites réjouissances du genre... chez moi il n'y avait qu'un problème d'uretère opéré à 25 ans et qu'une "variation" du pavillon de l'oreille (ça me gène juste pour écouter la musique ou pour l'oreillette du téléphone qui ne tiendra jamais dans mon pavillon), mon père avait une atteinte au niveau du cou (opéré à 8 ans), mon grand n'a pas de soucis à ce niveau pour le moment (mais on découvrira ça peut-être plus tard).

Voilà, je trouve ça "intéressant" et je trouverais encore plus intéressant de pouvoir un jour chercher quels sont les gènes qui ont merdouillé chez nous... car ça perdure dans le temps et que je suis curieuse ^^
Manduleen

Neuro-pas-typique, HPI bilantée, diagnostiquée Syndrome Ehlers-Danlos (SED)... Deux loustics neuro-pas-typiques et SED aussi.