La révolution informaticielle
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Re: La révolution informaticielle
Peut-être que c'est mieux formulé comme cela.
Cela me semble intéréssant pour que la personne autiste travaille une perception si elle a possibilité de visualiser au moyen d'une technique la variation des signaux émis par le corps qu'elle ne perçoit pas forcément comme une variation mais simplement peut être comme une information constante.
Cela me semble intéréssant pour que la personne autiste travaille une perception si elle a possibilité de visualiser au moyen d'une technique la variation des signaux émis par le corps qu'elle ne perçoit pas forcément comme une variation mais simplement peut être comme une information constante.
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Re: La révolution informaticielle
Eh bien justement, ce "capteur sensoriel" mesure quoi, et comment? (pardon pour mon insistance )Jean a écrit :Il me semble, quand on a lu l'article complet, qu'avant de parler de béquille et d'automatisation, le but est de chercher quels sont les signes physiques détectables par des moyens technologiques modernes qui correspondraient à l'état émotionnel des personnes autistes. C'est d'abord de la recherche fondamentale.omega a écrit :Quels critères, justement?manu a écrit :Une béquille pour rétablir la communication de l'état émotionnel en fonction de critère moyen.
Avant d'automatiser, il faut savoir quoi automatiser.
On mesure un certain nombre de critères physiques, ok (lesquels?). Et quelles sont les règles qui permettent d'en déduire un état émotionnel?
C'est le genre de question qu'on peut se poser à la lecture de ce petit article d'information, et sur lequel il serait intéressant d'avoir les explications des chercheurs.
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Re: La révolution informaticielle
La seule chose précisée est l'enregistrement de l'activité électrodermale :
Extrait Wikipédia :
L'activité électrodermale est une activité électrique biologique enregistrée à la surface de la peau et reflétant l'activité des glandes de la sudation et du système nerveux autonome et par conséquent, entre autres, de la perception de l'individu et de son comportement involontaire plutôt que celui d'une réponse qu'il souhaite donner? (...) Son utilisation a été ensuite supplantée par des techniques plus sophistiquées comme l'EEG et l'IRM fonctionnelle. Elle connaît encore une utilisation limitée en raison de son faible coût.
Extrait Wikipédia :
L'activité électrodermale est une activité électrique biologique enregistrée à la surface de la peau et reflétant l'activité des glandes de la sudation et du système nerveux autonome et par conséquent, entre autres, de la perception de l'individu et de son comportement involontaire plutôt que celui d'une réponse qu'il souhaite donner? (...) Son utilisation a été ensuite supplantée par des techniques plus sophistiquées comme l'EEG et l'IRM fonctionnelle. Elle connaît encore une utilisation limitée en raison de son faible coût.
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Re: La révolution informaticielle
Merci, Jean.
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Re: La révolution informaticielle
Voici le capteur
http://www.affectiva.com/q-sensor/
il mesure la résistance entre 2 plots posés sur la peau, la température et l'accélération.
http://www.affectiva.com/q-sensor/
il mesure la résistance entre 2 plots posés sur la peau, la température et l'accélération.
Il semble qu'ils en déduisent déjà un état affectif pour les NT.Sensors
• Electrodermal activity (EDA) in microsiemens
• Electrode temperature in Celsius or Fahrenheit
• 3-Axis accelerometer in G's
• Sampling rates at 2,4,8,16,32 Hz
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Re: La révolution informaticielle
Merci, Nicolew.
Je me demande quelles émotions on mesure et selon quels critères.
Ils n'en disent pas grand chose, et vu le laïus sur la page d'accueil, cela donne même l'impression d'une évaluation encore très grossière à ce stade?
Ca semble pas évident de distinguer si la personne en face de nous est tendue parce qu'elle est vivement intéressée, parce qu'on la contrarie, ou parce qu'un bruit au loin attire son attention. Ou si elle semble passive parce qu'elle se sent bien, ou parce qu'on l'ennuie profondément.
Donc le psychologue doit être pour le moins utile, pour interpréter correctement toutes ces mesures... (sans doute en fonction aussi d'autres signaux corporels)
Il me semble que ces types de capteurs existent depuis des lustres, pour les "détecteurs de mensonges"?
Vu que les détecteurs de mensonges sont loin d'être considérés comme fiables (cf. wikipedia), même dans des domaines comme la justice ou l'armée, que leurs mesures laissent une très large place à x interprétations éventuellement contradictoires ... j'imagine qu'il y a encore du boulot pour les applications consacrées à la recherche.
C'est ptêt encore trop tôt, ou alors un peu tard pour parler de révolution, comme dans le titre de l'article...
Je me demande quelles émotions on mesure et selon quels critères.
Ils n'en disent pas grand chose, et vu le laïus sur la page d'accueil, cela donne même l'impression d'une évaluation encore très grossière à ce stade?
Donc en gros, soit on est indistinctement "sous tension" (excité/attentif/anxieux, ou encore en colère), soit on est "relâché" (ennuyé/détendu)??The Affectiva Q Sensor is a wearable, wireless biosensor that measures emotional arousal via skin conductance, a form of electrodermal activity that grows higher during states such as excitement, attention or anxiety and lower during states such as boredom or relaxation. The sensor also measures temperature and activity.
Ca semble pas évident de distinguer si la personne en face de nous est tendue parce qu'elle est vivement intéressée, parce qu'on la contrarie, ou parce qu'un bruit au loin attire son attention. Ou si elle semble passive parce qu'elle se sent bien, ou parce qu'on l'ennuie profondément.
Donc le psychologue doit être pour le moins utile, pour interpréter correctement toutes ces mesures... (sans doute en fonction aussi d'autres signaux corporels)
Il me semble que ces types de capteurs existent depuis des lustres, pour les "détecteurs de mensonges"?
Vu que les détecteurs de mensonges sont loin d'être considérés comme fiables (cf. wikipedia), même dans des domaines comme la justice ou l'armée, que leurs mesures laissent une très large place à x interprétations éventuellement contradictoires ... j'imagine qu'il y a encore du boulot pour les applications consacrées à la recherche.
C'est ptêt encore trop tôt, ou alors un peu tard pour parler de révolution, comme dans le titre de l'article...
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Re: La révolution informaticielle
On mesure des émissions, pas des émotions!omega a écrit :Je me demande quelles émotions on mesure et selon quels critères.
Lâche deux seconde l'idée qu'ils cherchent forcement à déduire ce que t'as dans la tête pour envisager qu'ils ajoutent juste une donnée qui n'existait pas avant.
Pourquoi tu y voit forcément une volonté de dire comment fonctionne l'autre, comme si il allait nécessairement s'approprier leurs émissions en imposant une interprétation comme juste? (un truc contre lequel il faudrait effectivement se défendre si ça arrivait.)
La révolution du titre concerne un truc a coté, traduit par jean en révolution informatitielle, et qui est ici appliqué a l'autisme, l’article ne dis pas qu'il font la révolution en déduisant les idées des personnes étudiés.
T’aurais peut être raison de le craindre dans biens des recherches, je crois qu'il y a un réel danger de ce type qui plane, une volonté de s'approprier une interprétation de la différence pour la faire disparaître, c'est une constante, peut être un vécu de beaucoup ici.
Mais là, dans cet article, moi je ne lit que ont vas extraire des données grâce a cette "révolution informatitielle" et peut être qu'elle permettrons des choses. Les données sont des données, par des interprétations, et c'est ça que moi je trouve formidable, et les déduction elle ne devancent pas les données, donc il n'y a pas de raison de se braquer d'office contre la pertinence des données.
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Re: La révolution informaticielle
Les instruments pour mesurer ce type de données existent depuis longtemps!manu a écrit :On mesure des émissions, pas des émotions!
(...)
Lâche deux seconde l'idée qu'ils cherchent forcement à déduire ce que t'as dans la tête pour envisager qu'ils ajoutent juste une donnée qui n'existait pas avant.
Donc ce qui est nouveau et révolutionnaire, c'est qu'on les utilise sur des autistes?
Je ne me braque pas, je ne comprends pas et je suis à la fois intriguée et perplexe.Les données sont des données, par des interprétations, et c'est ça que moi je trouve formidable, et les déduction elle ne devancent pas les données, donc il n'y a pas de raison de se braquer d'office contre la pertinence des données.
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Re: La révolution informaticielle
Ce qui semble original, c'est d'utiliser ce moyen classique de façon massive sur des personnes autistes.
C'est un moyen classique, mais qui a été utilisé de façon "écologique", c'est-à-dire en situation réelle (le contraire du détecteur de mensonge). L'article laisse entendre qu'il y a eu mise au point d'un appareil miniaturisé qui enregistre (ou transmet) beaucoup de données.
Il me semble qu'à partir de la masse de données recueillies, il y a bien une volonté d'interpréter les émotions. Sur le fond, cela ressemble à l'ABA (analyse appliquée du comportement), tel que l'explique Eric Willaye - SUSA, Mons, Belgique. L'analyse fonctionnelle (autre terme de jargon) vise à étudier quel évènement ou situation a conduit à un comportement-problème (appelé "explosion" dans cet article).
Les chercheurs ont peut-être l'idée de détecter les signes annonciateurs d'une "explosion".
Finalement, il s'agirait de trouver un moyen pour qu'un NT comprenne un NAT : lui donner une prothèse (informatisée : c'est le must) pour être empathique avec un NAT ?
C'est un moyen classique, mais qui a été utilisé de façon "écologique", c'est-à-dire en situation réelle (le contraire du détecteur de mensonge). L'article laisse entendre qu'il y a eu mise au point d'un appareil miniaturisé qui enregistre (ou transmet) beaucoup de données.
Il me semble qu'à partir de la masse de données recueillies, il y a bien une volonté d'interpréter les émotions. Sur le fond, cela ressemble à l'ABA (analyse appliquée du comportement), tel que l'explique Eric Willaye - SUSA, Mons, Belgique. L'analyse fonctionnelle (autre terme de jargon) vise à étudier quel évènement ou situation a conduit à un comportement-problème (appelé "explosion" dans cet article).
Les chercheurs ont peut-être l'idée de détecter les signes annonciateurs d'une "explosion".
Finalement, il s'agirait de trouver un moyen pour qu'un NT comprenne un NAT : lui donner une prothèse (informatisée : c'est le must) pour être empathique avec un NAT ?
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Re: La révolution informaticielle
L'appareil est autonome et a une capacité mémoire de 3 mois, le fabricant met donc cette caractéristique en avant, mais ce ne me semble pas très utile si, en même temps, on n'enregistre pas un maximum de caractéristiques de l'environnement.
Si vraiment la conductivité de la peau ou une autre mesure peut servir d'évaluation du stress, je le verrais plus comme un outil pour les parents ou personnel. Il lui faudrait un afficheur plutot qu'une mémoire de 3 mois. Les parents ou pour la personne qui porte le bracelet pourraient repérer dans quelles circonstances le stress monte avant que ce ne soit visible ou sensible autrement.
Si vraiment la conductivité de la peau ou une autre mesure peut servir d'évaluation du stress, je le verrais plus comme un outil pour les parents ou personnel. Il lui faudrait un afficheur plutot qu'une mémoire de 3 mois. Les parents ou pour la personne qui porte le bracelet pourraient repérer dans quelles circonstances le stress monte avant que ce ne soit visible ou sensible autrement.
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Re: La révolution informaticielle
Je crois - j'imagine- que c'est le but de la recherche.
Il est possible - et j"'espère - qu'il y ait des données collectées par ailleurs.
Mais une "explosion" se traduit sans doute par des signes caractéristiques.
Je pense qu'il y a peut-être l'idée d'avoir un afficheur. Mais j'espère que le but principal est de déterminer les circonstances qui entraînent une montée du stress, et donc de préciser ce qu'il faut faire pour éviter cette montée.
Il est possible - et j"'espère - qu'il y ait des données collectées par ailleurs.
Mais une "explosion" se traduit sans doute par des signes caractéristiques.
Je pense qu'il y a peut-être l'idée d'avoir un afficheur. Mais j'espère que le but principal est de déterminer les circonstances qui entraînent une montée du stress, et donc de préciser ce qu'il faut faire pour éviter cette montée.
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Re: La révolution informaticielle
Moi un peut.omega a écrit :Je ne me braque pas
Oui, enfin ce que j'en ai extrait moi, c'est le fait d'accepter de se référer a une émission en lieu et place des habituelles expérimentation qui justement font la par belle a l'interprétation.omega a écrit : Donc ce qui est nouveau et révolutionnaire, c'est qu'on les utilise sur des autistes?
En fait, pardon pour la monomanie, c'est dans les deux cas du béhaviorisme (ou comportementalisme) "une approche en psychologie qui consiste à se concentrer uniquement sur le comportement observable", une des composante et résultante de la cybernétique et de la systémique.Jean a écrit : Sur le fond, cela ressemble à l'ABA
C'est ça qui est rassurant a mes yeux, c'est l'ancrage jusque dans les lieux ou ça se passe, dans la culture de l'observation de ce qui circule, de l'information qui passe sans l'interpréter en l'associant a l’émetteur. C'est a priori une base culturel dans le béhaviorisme originel (par ce qu'il y a aussi des dérives qui s'échinent a faire le contraire) et a priori aussi au MIT en générale. C'est sur cette base que j'ai plutôt franchement confiance.
Justement pas (enfin si on utilise la lecture que j'en fait).Jean a écrit :Finalement, il s'agirait de trouver un moyen pour qu'un NT comprenne un NAT : lui donner une prothèse (informatisée : c'est le must) pour être empathique avec un NAT ?
C'est un moyen de percevoir l'état de monté en pression en amont. Pas comprendre, pas de créer de l'empathie artificiel, juste d'étendre la gamme de perception.
Autrement dit un truc genre : "je ne te comprend pas mais je constate que tu arrive dans une gamme annonciateur d'une crise, donc je peut comprendre que quelque chose ne vas pas et je vais pouvoir tenter de le résoudre, voir poser cet événement dans la communication."
Oui. Mais il semble qu' ils visent a identifier relativement aux crises réel la façon de positionner un curseur. un feedback direct fausserait tout.nicolew a écrit :Il lui faudrait un afficheur plutot qu'une mémoire de 3 mois
Non. C'est justement antinomique avec ce type de culture s'ils en sont. C'est d'identifier les signes émis lors de monté du stress qui importe, pas de déduire au delà, ni les circonstances ni les causes.Jean a écrit : Je pense qu'il y a peut-être l'idée d'avoir un afficheur. Mais j'espère que le but principal est de déterminer les circonstances qui entraînent une montée du stress, et donc de préciser ce qu'il faut faire pour éviter cette montée.
La qualité de cet approche repose justement sur le fait de ne pas présumer. Si cette étude est menée a son terme de cette façon, alors elle fournira une donnée fiable applicable au delà des vastes différences qu'il peut y avoir d'un individus a l'autre. C'est tout l'intérêt.
Présumer des causes et tenter d'identifier ce qu'il faut faire pour éviter cette monter c'est re-sombrer dans ce qu'oméga dénonce. C'est pas le boulot de la science, surtout qu'il reposerais encore sur le fantasme de l'autisme définissant l'individu et ces réaction, un fantasme dangereux.
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Re: La révolution informaticielle
Tromper un détecteur de mensonges
Est-il possible de détecter un mensonge par un scanner du cerveau? Peut-être dans certains cas, répondent les scientifiques... Mais il est également facile de tromper la machine. C’est ce que montre une expérience effectuée aux États-Unis sur 26 sujets à qui on présentait des dates sur un écran. À chaque apparition, ils devaient presser un bouton (oui ou non) afin d’indiquer s’il s’agissait de leur date de naissance. Lorsqu’une personne voit apparaître sa date de naissance, le scanner montre une activité particulière clans une zone précise du cerveau, le cortex préfrontal. Or, un algorithme surveillant l’activité de cette région a permis de détecter si le participant mentait ou non avec un taux d’exactitude de 100 %! Ce type de dispositif pourrait être utilisé dans des affaires criminelles, par exemple pour demander à un suspect si, parmi une série de couteaux, l’un d’eux lui appartient.
La démarche est tentante, mais la justice n’y gagnera probablement pas. En effet, une technique très simple permet de tromper la machine: les scientifiques l’ont apprise aux participants avant de renouveler l’expérience. Ces derniers devaient bouger légèrement leur index, leur majeur et leur gros orteil gauche (sans qu’un observateur puisse percevoir ce mouvement) face à la moitié des dates présentées. L’activité cérébrale produite ne permettait plus de distinguer clairement celle liée à l’apparition de la date de naissance, au point que l’algorithme se trompait deux fois sur trois. Les chercheurs estiment d’ailleurs qu’il n’est même pas nécessaire de bouger des membres. Penser à quelque chose en particulier pourrait tout aussi bien avoir le même effet. Les adeptes du détecteur de mensonges infaillible devront encore attendre...
BENOÎT RICHARD
SEPTEMBRE/OCTOBRE/N0VEMBRE 2011 N°2 LE CERCLE PSY
G. Ganis,J. P. Rosenfeld, J. Meixner, R. A. Kievit et H. E. Schendan, «Lying in the scanner: covert countermeasures disrupt deception detection by functional magnetic resonance imaging“, Neurolma9e, 2011,55(1), 312-9 PMID: 21111834.
Voir commentaire de Neuroskeptic
Est-il possible de détecter un mensonge par un scanner du cerveau? Peut-être dans certains cas, répondent les scientifiques... Mais il est également facile de tromper la machine. C’est ce que montre une expérience effectuée aux États-Unis sur 26 sujets à qui on présentait des dates sur un écran. À chaque apparition, ils devaient presser un bouton (oui ou non) afin d’indiquer s’il s’agissait de leur date de naissance. Lorsqu’une personne voit apparaître sa date de naissance, le scanner montre une activité particulière clans une zone précise du cerveau, le cortex préfrontal. Or, un algorithme surveillant l’activité de cette région a permis de détecter si le participant mentait ou non avec un taux d’exactitude de 100 %! Ce type de dispositif pourrait être utilisé dans des affaires criminelles, par exemple pour demander à un suspect si, parmi une série de couteaux, l’un d’eux lui appartient.
La démarche est tentante, mais la justice n’y gagnera probablement pas. En effet, une technique très simple permet de tromper la machine: les scientifiques l’ont apprise aux participants avant de renouveler l’expérience. Ces derniers devaient bouger légèrement leur index, leur majeur et leur gros orteil gauche (sans qu’un observateur puisse percevoir ce mouvement) face à la moitié des dates présentées. L’activité cérébrale produite ne permettait plus de distinguer clairement celle liée à l’apparition de la date de naissance, au point que l’algorithme se trompait deux fois sur trois. Les chercheurs estiment d’ailleurs qu’il n’est même pas nécessaire de bouger des membres. Penser à quelque chose en particulier pourrait tout aussi bien avoir le même effet. Les adeptes du détecteur de mensonges infaillible devront encore attendre...
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SEPTEMBRE/OCTOBRE/N0VEMBRE 2011 N°2 LE CERCLE PSY
G. Ganis,J. P. Rosenfeld, J. Meixner, R. A. Kievit et H. E. Schendan, «Lying in the scanner: covert countermeasures disrupt deception detection by functional magnetic resonance imaging“, Neurolma9e, 2011,55(1), 312-9 PMID: 21111834.
Voir commentaire de Neuroskeptic
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Re: La révolution informaticielle
Article passionnant paru sur le site InternetActu le 15/09/2011. Allez sur la page du site : vous pourrez y trouver des liens, que je n'ai pas repris.
Augmenter notre intelligence émotionnelle
Comprendre notre intelligence émotionnelle, c’est ce à quoi s’attache Rosalind Picard directrice du Groupe de recherche sur l’informatique affective au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et cofondatrice d’Affectiva, une start-up spécialisée dans les technologies de mesure de l’émotion. Et ce n’est pas si simple, comme en a rendu compte Sally Adee pour le NewScientist…
Lors de son interview avec Rosalind Picard, la journaliste du New Scientist a été invitée à chausser un prototype de paire de lunettes mise au point par Affectiva. Cette paire de lunettes a pour fonction d’aider celui qui la porte à décoder les émotions de la personne avec qui il discute (voir le schéma du New Scientist). Les lunettes sont équipées d’une petite caméra qui surveille 24 points du visage de son interlocuteur et leurs mouvements pour le décrypter. Des petites lumières rouges, jaunes et vertes installées sur le bord du champ de vision permettent de traduire les expressions de l’interlocuteur selon qu’elles sont négatives, neutres ou positives.
Les détecteurs d’émotions peuvent-ils nous aider à mieux nous comprendre mutuellement ? C’est visiblement ce que pense Rosalind Picard qui a mis au point cette technologie pour stimuler notre intelligence émotionnelle. Reste à savoir si nous sommes prêts à mieux comprendre les sentiments des autres ou à mieux diffuser les nôtres.
Améliorer notre compréhension des émotions de nos interlocuteurs
“La pantomime des émotions agissent comme des lubrifiants sociaux dans nos conversations”, explique Sally Adee. Nos clins d’yeux inconscients signalent à l’autre que nous le comprenons, mais certains imperceptibles clignements d’yeux indiquent quand ce n’est plus le cas. Beaucoup de ces signaux peuvent être mal interprétés – sans compter que les différences culturelles font que certains signaux n’ont pas le même sens d’une culture à l’autre. “La plupart du temps, en fait, nous n’arrivons pas à les repérer. Lors d’une conversation en face à face, des milliers d’indicateurs minuscules sur le visage d’une personne – plissement du front ou des lèvres, clignement et froncement des yeux – ajoutent une série d’indices non verb! aux à nos communications verbales.”
L’idée que la technologie pourrait amplifier ces signaux a d’abord été explorée par Rana el Kalioubyà l’Université de Cambridge au Royaume-Uni. A l’origine, son projet avait pour but d’aider des autistes pour qui il est particulièrement difficile de décoder les émotions non verbales qu’expriment les autres. En 2005, avec l’aide de Simon Baron-Cohen du département de psychologie expérimentale, elle a identifié les principales émotions faciales pour en écrire le premier lexique. Ce travail a été intégré au logiciel développé par Rosalind Picard permettant de comparer toute micro-expression à une banque d’expression connue.
Quand Picard et El Kaliouby calibraient leur prototype, elles ont été surprises de constater qu’une personne moyenne réussissait à interpréter correctement 54 % des expressions d’un visage. Ce qui montre que le dispositif pourrait bénéficier à bien d’autres personnes que les autistes. Reste que le logiciel ne parvient pour l’instant qu’à identifier correctement 64 % des expressions.
Car le calibrage du logiciel est difficile : distinguer un sourire de joie d’un sourire de frustration – qui peuvent paraître très semblables or contexte – n’est pas si simple. Mais si on en croit leurs promoteurs, leur logiciel ferait un meilleur travail que nos sens : “Les machines ont un avantage sur les humains dans l’analyse des détails internes aux sourires”, affirme l’un de leur collègue,Mohammed Hoque. Affectiva travaille actuellement avec une société japonaise qui veut utiliser leur algorithme pour distinguer les sourires sur les visages japonais, qui ont plus de 10 noms pour distinguer les sourires comme bakushu (sourire heureux), shisho (rire inapproprié) ou terawari(sourire extrêmement embarrassé).
Depuis Picard et El Kaliouby ont créé Affectiva, une société qui vend un logiciel de reconnaissance de l’expression et des outils de mesure de soi. Leurs clients sont plutôt des sociétés de marketing qui veulent mesurer la réceptivité d’une bande-annonce de film ou d’une publicité par exemple, comme le montrait Rosalind Picard dans sa présentation à TEDx San Francisco (vidéo) (que l’on peut tester en ligne ici ou là, simplement en branchant sa webcam).
Comprendre les espaces sociaux entre les gens
Mais il n’y a pas que les expressions faciales qui composent la panoplie involontaire de nos Signaux honnêtes, comme le disait Alex Pentland du MIT dans son livre éponyme. Le langage du corps, la variation dans le ton ou la hauteur de voix sont autant d’indices que l’on peut mesurer pour donner une image plus complète de nos interactions sociales. Pentland a ainsi travaillé à des badges sociométriques permettant d’enregistrer les paroles de son porteur, le volume, le ton et l’agressivité… Comme l’explique Taemie Kim, de l’équipe d’Alex Pentland, “certaines personnes ne sont tout simplement pas de bons juges de leurs interactions sociales”.
Ce type d’appareil, en rendant visibles les interactions, transforme les comportements individuels. En montrant aux gens la fréquence à laquelle ils prennent la parole, le temps de parole qu’ils utilisent (au regard des autres), les personnes avec lesquelles ils interagissent (et celles avec qui ils n’interagissent pas), les badges sociométriques ont permis de visualiser “les espaces sociaux entre les gens”, estime Taemie Kim. Ainsi, une personne qui avait monopolisé la parole le premier jour est devenue totalement silencieuse le second jour après avoir vu les résultats. À la fin de l’expérience, les interventions des participants sont devenues plus homogènes. “Il suffit d’être en mesure de voir son rôle dans un groupe pour que les personnes se comportent différemment et renforcer! la dynamique de groupe. Au bout de trois jours d’expérience, l’intelligence émotionnelle de l’ensemble du groupe avec progressé”, explique Sally Adee.
Pentland et son équipe ont depuis amélioré les badges sociométriques pour analyser les modes d’expression des personnes du service clientèle de Vertex, une société britannique qui propose des services de centre d’appel, permettant d’identifier des unités de discours plus convaincantes que d’autres pour les clients. L’équipe de Pentland affirme que cette technologie pourrait augmenter les performances des ventes par téléphone de 20 % : rien de moins ! Taemie Kim et Daniel Olguín Olguín ont fondé une start-up baptisée Solutions sociométriques pour commercialiser leurs badges.
Certaines des réponses de nos corps ne sont pas conçues pour être perçus par les autres, mais il est devient désormais possible de les mesurer et de les faire apparaître. Affectiva, la start-up de Rosalind Picard a conçu également un dispositif – le capteur Q (vidéo) – qui mesure la température et la conductivité de la peau pour révéler votre état émotionnel. Les réactions physiologiques peuvent désormais être suivis mêmes à distance et même sans votre consentement. L’année dernière, des étudiants de Rosalind Picard ont montré qu’il était possible de mesurer la fréquence cardiaque, la pres! sion artérielle et la température cutanée sans aucun contact avec le corps, par l’intermédiaire d’une simple webcam (la cardiocam) mesurant les changements de couleur du visage (vidéo).
Bref, autant de capteurs qu’il suffirait de combiner pour obtenir l’ultime dispositif de lecture d’émotion.
L’informatique émotionnelle va-t-elle nous transformer ?
Mais est-ce que cette nouvelle compréhension nous transforme à notre tour ? Que serait le monde si nous pouvions mieux comprendre et mieux nous adapter aux signaux sociaux que les autres nous envoient ? Simon Baron-Cohen explique que des personnes atteintes du syndrome d’Asperger en utilisant les technologies d’Affectiva, ont montré que cela leur avait permis d’acquérir des compétences sociales supplémentaires. Sans être un remède miracle, prévient-il, ceux qui ont essayé le dispositif pendant un certain temps ont montré une capacité à lire les émotions des autres avec plus de précision, même après avoir ôté les lunettes. Est-ce à dire que ce type d’outils pourrait nous permettre d’augmenter notre intelligence émotionnelle ?
Reste que donner aux gens un accès illimité aux émotions des autres comporte aussi des risques, insistent les chercheurs. Contrairement à ce qu’on croit, “la capacité à lire les émotions de quelqu’un ne vient pas nécessairement avec l’empathie”, prévient Baron-Cohen. Dit autrement, comprendre notre propre perspective ne nous aide pas nécessairement à comprendre celle des autres, contrairement à ce que nous faisons spontanément.
Rosalind Picard met en garde également sur un autre danger : on ne peut utiliser ce type de technologie secrètement et les gens devraient toujours pouvoir refuser de les utiliser. Sauf que la pression à l’usage de la technologie ne dépend pas seulement de notre liberté de choix, on le sait. L’adoption de fonctionnalités par les services, la pression à leur usage nous contraignent trop souvent.
L’informatique émotionnelle s’apprête à augmenter notre cognition d’une manière qui défie ses limites actuelles en nous donnant une vision de nous-mêmes et des autres dont nous ne disposions pas. Saurons-nous établir des règles d’usages avant qu’elle se répande ? Quand on observe la rareté des règles existantes sur le stockage et l’exploitation des données, comme le soulignait Simson Garfinkel, il n’est pas sûr qu’on arrive à définir des limites à une technologie dont le potentiel paraît dès à présent radicalement transformateur.
Hubert Guillaud
Lien permanent et réaction en ligne : http://www.internetactu.net/2011/09/15/ ... tionnelle/
Augmenter notre intelligence émotionnelle
Comprendre notre intelligence émotionnelle, c’est ce à quoi s’attache Rosalind Picard directrice du Groupe de recherche sur l’informatique affective au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et cofondatrice d’Affectiva, une start-up spécialisée dans les technologies de mesure de l’émotion. Et ce n’est pas si simple, comme en a rendu compte Sally Adee pour le NewScientist…
Lors de son interview avec Rosalind Picard, la journaliste du New Scientist a été invitée à chausser un prototype de paire de lunettes mise au point par Affectiva. Cette paire de lunettes a pour fonction d’aider celui qui la porte à décoder les émotions de la personne avec qui il discute (voir le schéma du New Scientist). Les lunettes sont équipées d’une petite caméra qui surveille 24 points du visage de son interlocuteur et leurs mouvements pour le décrypter. Des petites lumières rouges, jaunes et vertes installées sur le bord du champ de vision permettent de traduire les expressions de l’interlocuteur selon qu’elles sont négatives, neutres ou positives.
- “Les yeux de Rosalind Picard étaient grands ouverts. Je ne pouvais la blâmer. Nous étions assises dans son bureau au Media Lab du MIT, et mes questions étaient étonnement incisives. En fait, je commençais à soupçonner que j’étais l’une des plus avisées journalistes qu’elle ait rencontrés, jusqu’à ce qu’elle me tende ces lunettes. A l’instant où je les mis, je découvris que je me trompais. J’ai réalisé que son regard d’admiration traduisait en fait de la confusion et du désaccord. Pire, elle s’ennuyait. Une petite voix me le murmurait à mon oreille via une oreillette attachée à la lunette. Elle me disait que Picard était déconcertée ou en désaccord avec moi. Une lumière rouge clignotait au-dessus de ! mon oeil droit pour me prévenir d’arrêter de parler. C’était comme si j’avais développé un sens supplémentaire.”
Les détecteurs d’émotions peuvent-ils nous aider à mieux nous comprendre mutuellement ? C’est visiblement ce que pense Rosalind Picard qui a mis au point cette technologie pour stimuler notre intelligence émotionnelle. Reste à savoir si nous sommes prêts à mieux comprendre les sentiments des autres ou à mieux diffuser les nôtres.
Améliorer notre compréhension des émotions de nos interlocuteurs
“La pantomime des émotions agissent comme des lubrifiants sociaux dans nos conversations”, explique Sally Adee. Nos clins d’yeux inconscients signalent à l’autre que nous le comprenons, mais certains imperceptibles clignements d’yeux indiquent quand ce n’est plus le cas. Beaucoup de ces signaux peuvent être mal interprétés – sans compter que les différences culturelles font que certains signaux n’ont pas le même sens d’une culture à l’autre. “La plupart du temps, en fait, nous n’arrivons pas à les repérer. Lors d’une conversation en face à face, des milliers d’indicateurs minuscules sur le visage d’une personne – plissement du front ou des lèvres, clignement et froncement des yeux – ajoutent une série d’indices non verb! aux à nos communications verbales.”
L’idée que la technologie pourrait amplifier ces signaux a d’abord été explorée par Rana el Kalioubyà l’Université de Cambridge au Royaume-Uni. A l’origine, son projet avait pour but d’aider des autistes pour qui il est particulièrement difficile de décoder les émotions non verbales qu’expriment les autres. En 2005, avec l’aide de Simon Baron-Cohen du département de psychologie expérimentale, elle a identifié les principales émotions faciales pour en écrire le premier lexique. Ce travail a été intégré au logiciel développé par Rosalind Picard permettant de comparer toute micro-expression à une banque d’expression connue.
Quand Picard et El Kaliouby calibraient leur prototype, elles ont été surprises de constater qu’une personne moyenne réussissait à interpréter correctement 54 % des expressions d’un visage. Ce qui montre que le dispositif pourrait bénéficier à bien d’autres personnes que les autistes. Reste que le logiciel ne parvient pour l’instant qu’à identifier correctement 64 % des expressions.
Car le calibrage du logiciel est difficile : distinguer un sourire de joie d’un sourire de frustration – qui peuvent paraître très semblables or contexte – n’est pas si simple. Mais si on en croit leurs promoteurs, leur logiciel ferait un meilleur travail que nos sens : “Les machines ont un avantage sur les humains dans l’analyse des détails internes aux sourires”, affirme l’un de leur collègue,Mohammed Hoque. Affectiva travaille actuellement avec une société japonaise qui veut utiliser leur algorithme pour distinguer les sourires sur les visages japonais, qui ont plus de 10 noms pour distinguer les sourires comme bakushu (sourire heureux), shisho (rire inapproprié) ou terawari(sourire extrêmement embarrassé).
Depuis Picard et El Kaliouby ont créé Affectiva, une société qui vend un logiciel de reconnaissance de l’expression et des outils de mesure de soi. Leurs clients sont plutôt des sociétés de marketing qui veulent mesurer la réceptivité d’une bande-annonce de film ou d’une publicité par exemple, comme le montrait Rosalind Picard dans sa présentation à TEDx San Francisco (vidéo) (que l’on peut tester en ligne ici ou là, simplement en branchant sa webcam).
Comprendre les espaces sociaux entre les gens
Mais il n’y a pas que les expressions faciales qui composent la panoplie involontaire de nos Signaux honnêtes, comme le disait Alex Pentland du MIT dans son livre éponyme. Le langage du corps, la variation dans le ton ou la hauteur de voix sont autant d’indices que l’on peut mesurer pour donner une image plus complète de nos interactions sociales. Pentland a ainsi travaillé à des badges sociométriques permettant d’enregistrer les paroles de son porteur, le volume, le ton et l’agressivité… Comme l’explique Taemie Kim, de l’équipe d’Alex Pentland, “certaines personnes ne sont tout simplement pas de bons juges de leurs interactions sociales”.
Ce type d’appareil, en rendant visibles les interactions, transforme les comportements individuels. En montrant aux gens la fréquence à laquelle ils prennent la parole, le temps de parole qu’ils utilisent (au regard des autres), les personnes avec lesquelles ils interagissent (et celles avec qui ils n’interagissent pas), les badges sociométriques ont permis de visualiser “les espaces sociaux entre les gens”, estime Taemie Kim. Ainsi, une personne qui avait monopolisé la parole le premier jour est devenue totalement silencieuse le second jour après avoir vu les résultats. À la fin de l’expérience, les interventions des participants sont devenues plus homogènes. “Il suffit d’être en mesure de voir son rôle dans un groupe pour que les personnes se comportent différemment et renforcer! la dynamique de groupe. Au bout de trois jours d’expérience, l’intelligence émotionnelle de l’ensemble du groupe avec progressé”, explique Sally Adee.
Pentland et son équipe ont depuis amélioré les badges sociométriques pour analyser les modes d’expression des personnes du service clientèle de Vertex, une société britannique qui propose des services de centre d’appel, permettant d’identifier des unités de discours plus convaincantes que d’autres pour les clients. L’équipe de Pentland affirme que cette technologie pourrait augmenter les performances des ventes par téléphone de 20 % : rien de moins ! Taemie Kim et Daniel Olguín Olguín ont fondé une start-up baptisée Solutions sociométriques pour commercialiser leurs badges.
Certaines des réponses de nos corps ne sont pas conçues pour être perçus par les autres, mais il est devient désormais possible de les mesurer et de les faire apparaître. Affectiva, la start-up de Rosalind Picard a conçu également un dispositif – le capteur Q (vidéo) – qui mesure la température et la conductivité de la peau pour révéler votre état émotionnel. Les réactions physiologiques peuvent désormais être suivis mêmes à distance et même sans votre consentement. L’année dernière, des étudiants de Rosalind Picard ont montré qu’il était possible de mesurer la fréquence cardiaque, la pres! sion artérielle et la température cutanée sans aucun contact avec le corps, par l’intermédiaire d’une simple webcam (la cardiocam) mesurant les changements de couleur du visage (vidéo).
Bref, autant de capteurs qu’il suffirait de combiner pour obtenir l’ultime dispositif de lecture d’émotion.
L’informatique émotionnelle va-t-elle nous transformer ?
Mais est-ce que cette nouvelle compréhension nous transforme à notre tour ? Que serait le monde si nous pouvions mieux comprendre et mieux nous adapter aux signaux sociaux que les autres nous envoient ? Simon Baron-Cohen explique que des personnes atteintes du syndrome d’Asperger en utilisant les technologies d’Affectiva, ont montré que cela leur avait permis d’acquérir des compétences sociales supplémentaires. Sans être un remède miracle, prévient-il, ceux qui ont essayé le dispositif pendant un certain temps ont montré une capacité à lire les émotions des autres avec plus de précision, même après avoir ôté les lunettes. Est-ce à dire que ce type d’outils pourrait nous permettre d’augmenter notre intelligence émotionnelle ?
Reste que donner aux gens un accès illimité aux émotions des autres comporte aussi des risques, insistent les chercheurs. Contrairement à ce qu’on croit, “la capacité à lire les émotions de quelqu’un ne vient pas nécessairement avec l’empathie”, prévient Baron-Cohen. Dit autrement, comprendre notre propre perspective ne nous aide pas nécessairement à comprendre celle des autres, contrairement à ce que nous faisons spontanément.
Rosalind Picard met en garde également sur un autre danger : on ne peut utiliser ce type de technologie secrètement et les gens devraient toujours pouvoir refuser de les utiliser. Sauf que la pression à l’usage de la technologie ne dépend pas seulement de notre liberté de choix, on le sait. L’adoption de fonctionnalités par les services, la pression à leur usage nous contraignent trop souvent.
L’informatique émotionnelle s’apprête à augmenter notre cognition d’une manière qui défie ses limites actuelles en nous donnant une vision de nous-mêmes et des autres dont nous ne disposions pas. Saurons-nous établir des règles d’usages avant qu’elle se répande ? Quand on observe la rareté des règles existantes sur le stockage et l’exploitation des données, comme le soulignait Simson Garfinkel, il n’est pas sûr qu’on arrive à définir des limites à une technologie dont le potentiel paraît dès à présent radicalement transformateur.
Hubert Guillaud
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père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans