La révolution informaticielle
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La révolution informaticielle
Le Monde du 10/08/2011 - Les Labos du Futur -2/6 – Sylvain Cipel
MediaLab, MIT (Massachusetts). Dans la plus célèbre université de la côte Est des Etats-Unis, les chercheurs défrichent un nouveau territoire de l’innovation : les sciences sociales informaticielles. Exemple avec le Programme « Autisme » mis en place par un psychologue et une pionnière de l’«informatique émotionnelle»
La révolution informaticielle
De son bureau, Matthew Goodwin peut apercevoir le vaste espace sis un étage en dessous: un véritable capharnaüm de 500 m² qui tient de l’atelier scolaire,de l’arrière-boutique de garage et de la cave de Merlin l’Enchanteur. Ce jour-là, deux étudiants, dans un coin, y testent des chaussures munies de capteurs sensoriels pour handicapé. On est au MediaLab le célèbre laboratoire créé en 1985 au MIT (Massachusetts Institut of Technology), un des lieux les plus en pointe dans les domaines de la communication et du multimédia.
Les capteurs sensoriels, M. Goodwin connaît bien. Ils sont au cœur de la recherche intitulée « Autisme et reconnaissance émotionnelle », qu’il mène dans son laboratoire aux côtés de la professeure Rosalind Picard. Lui est psychologue clinicien, elle est une pionnière de l'"informatique émotionnelle», un domaine de recherche qui vise à utiliser les outils informatiques et numériques dans l’analyse des émotions et de leurs signes.
En croisant leurs moyens, ils tentent de mieux comprendre les manifestations de l’autisme, un trouble de la communication et du développement qui affecterait, selon des études américaines récentes, près de 1% des enfants dans les pays riches. Un trouble « au coût sociétal énorme », dit M. Goodwin, où, « comme avec le cancer on regroupe sous un même vocable des centaines de désordres différents, dus à des causes différentes et nécessitant des traitements différents ». Avec une start-up nommée Affectiva, créée spécialement à cet effet avec le soutien du MediaLab, les deux chercheurs ont mis au point un capteur sensoriel de la taille d’une montre moyenne que l’enfant autiste porte au poignet ou à la cheville et dont il oublie vite la présence.
Ce « véritable laboratoire psycho-physiologique de poche qui enregistre en instantané des milliers de données, en particulier celles liées à l’activité électrodermale », indique le chercheur, a été posé sur 150 enfants autistes d’un même établissement (afin de préserver un environnement identique) qui l’ont gardé sur eux cinquante jours. « On vient juste de recevoir les résultats», nous disait-il début juin. Les analyser prendra plusieurs mois.
Qu’en attend-il ? L’autiste a ceci de particulier que, généralement, la manifestation de ses émotions de base (la peur, la joie, le dégoût, la surprise, etc.) ne correspondent pas à la nomenclature générale des expressions du visage élaborée par le psychologue (américain) Paul Ekman — une typologie aujourd’hui largement admise aux Etats-Unis, bien qu’encore controversée. «L’autiste émet des signaux différents de nous pour manifester ses émotions » détaille M. Goodwin. « Il semble parfaitement calme quand, soudainement, il va manifester un grand trouble ou devenir agressif, ce qui laisse l'observateur pantois et impuissant."
A suivre.
MediaLab, MIT (Massachusetts). Dans la plus célèbre université de la côte Est des Etats-Unis, les chercheurs défrichent un nouveau territoire de l’innovation : les sciences sociales informaticielles. Exemple avec le Programme « Autisme » mis en place par un psychologue et une pionnière de l’«informatique émotionnelle»
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De son bureau, Matthew Goodwin peut apercevoir le vaste espace sis un étage en dessous: un véritable capharnaüm de 500 m² qui tient de l’atelier scolaire,de l’arrière-boutique de garage et de la cave de Merlin l’Enchanteur. Ce jour-là, deux étudiants, dans un coin, y testent des chaussures munies de capteurs sensoriels pour handicapé. On est au MediaLab le célèbre laboratoire créé en 1985 au MIT (Massachusetts Institut of Technology), un des lieux les plus en pointe dans les domaines de la communication et du multimédia.
Les capteurs sensoriels, M. Goodwin connaît bien. Ils sont au cœur de la recherche intitulée « Autisme et reconnaissance émotionnelle », qu’il mène dans son laboratoire aux côtés de la professeure Rosalind Picard. Lui est psychologue clinicien, elle est une pionnière de l'"informatique émotionnelle», un domaine de recherche qui vise à utiliser les outils informatiques et numériques dans l’analyse des émotions et de leurs signes.
En croisant leurs moyens, ils tentent de mieux comprendre les manifestations de l’autisme, un trouble de la communication et du développement qui affecterait, selon des études américaines récentes, près de 1% des enfants dans les pays riches. Un trouble « au coût sociétal énorme », dit M. Goodwin, où, « comme avec le cancer on regroupe sous un même vocable des centaines de désordres différents, dus à des causes différentes et nécessitant des traitements différents ». Avec une start-up nommée Affectiva, créée spécialement à cet effet avec le soutien du MediaLab, les deux chercheurs ont mis au point un capteur sensoriel de la taille d’une montre moyenne que l’enfant autiste porte au poignet ou à la cheville et dont il oublie vite la présence.
Ce « véritable laboratoire psycho-physiologique de poche qui enregistre en instantané des milliers de données, en particulier celles liées à l’activité électrodermale », indique le chercheur, a été posé sur 150 enfants autistes d’un même établissement (afin de préserver un environnement identique) qui l’ont gardé sur eux cinquante jours. « On vient juste de recevoir les résultats», nous disait-il début juin. Les analyser prendra plusieurs mois.
Qu’en attend-il ? L’autiste a ceci de particulier que, généralement, la manifestation de ses émotions de base (la peur, la joie, le dégoût, la surprise, etc.) ne correspondent pas à la nomenclature générale des expressions du visage élaborée par le psychologue (américain) Paul Ekman — une typologie aujourd’hui largement admise aux Etats-Unis, bien qu’encore controversée. «L’autiste émet des signaux différents de nous pour manifester ses émotions » détaille M. Goodwin. « Il semble parfaitement calme quand, soudainement, il va manifester un grand trouble ou devenir agressif, ce qui laisse l'observateur pantois et impuissant."
A suivre.
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Re: La révolution informaticielle
OK, mais ce n'est pas un ordinateur qui en fournira l'explication...Jean a écrit :Qu’en attend-il ? L’autiste a ceci de particulier que, généralement, la manifestation de ses émotions de base (la peur, la joie, le dégoût, la surprise, etc.) ne correspondent pas à la nomenclature générale des expressions du visage élaborée par le psychologue (américain) Paul Ekman — une typologie aujourd’hui largement admise aux Etats-Unis, bien qu’encore controversée. «L’autiste émet des signaux différents de nous pour manifester ses émotions » détaille M. Goodwin. « Il semble parfaitement calme quand, soudainement, il va manifester un grand trouble ou devenir agressif, ce qui laisse l'observateur pantois et impuissant."
L'informatique ne permet QUE d'automatiser ce que l'on veut ... encore faut-il savoir, comprendre, et être capable de traduire ce que l'on veut.
Si on veut qu'un ordinateur détecte et"décode" les signaux particuliers des autistes, encore faudra-t-il au préalable être capable de les percevoir, de comprendre leur signification, leur fonctionnement particulier, leur logique, leurs critères, de manière à pouvoir traduire tout cela en termes de programmation. Si on n'arrive déjà pas à les percevoir... que va-t-on pouvoir demander à une machine?
Donc a priori, je ne comprends pas trop la logique et les attentes de ce programme, tel que c'est évoqué ici.
«Nous sommes tous des farceurs: nous survivons à nos problèmes.» (Cioran)
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Re: La révolution informaticielle
Entiérement d'accord avec toi Oméga.omega a écrit : OK, mais ce n'est pas un ordinateur qui en fournira l'explication...
Donc a priori, je ne comprends pas trop la logique et les attentes de ce programme, tel que c'est évoqué ici.
J'ai été faire un tour sur le site :
http://www.affectiva.com/
Un capteur existe déjà pour mesurer : le mouvement, la température et ce qu'y est appelé "skin conductance" que je traduirai par la résistivité de la peau. Il mesure peut-être d'autres choses mais ce n'est pas explicitement dit.
Il parle aussi de collecter des résultats à plus large échelle que le classique "face to face" qu'il pratique actuellement. Ses données permettront de pouvoir faire des traitements de masse par la suite.
Il restera à en déduire des régles générales pour en déduire des émotions par contre il ne me semble pas qu'il parle pas de comprendre le fonctionnement ou la logique des gens .
Parmi les clients Français cités sur le site, j'ai noté : INRIA et Telecom Paris
Affaire à suivre.
Merci Jean pour l'information.
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Re: La révolution informaticielle
Tiens, moi je l'ai pas lu comme vous deux.
J'y vois la possibilité de rendre compte d'un état quant c'est pas possible.
Une béquille pour rétablir la communication de l'état émotionnel en fonction de critère moyen.
L'informatique peut être dressé pour dire la c'est pareil et là c'est pas pareil.
La c'est pareil que ce qui correspond en général a "gros stress", la c'est pareil que ce qui correspond en générale a "tout vas bien".
Dans un exemple sur la plasticité cérébrale une machine donnait a une personne qui n'avait plus d'équilibre les info sur sa posture. Elle lui envoyait sur la langue, et la personne qui avait perdu le câblage interne a réussi, toujours en interne, a se recâbler toute seule, grâce l'info de la machine. C'est pas la machine qui a fait, mais elle a transmis un point d'appuis, fixe, qui disait là tu est comme ça, là tu est comme ci.
C'est au contraire inespéré un truc pareil, un repère fiable, basique, mécanique, qui parle de l'état de la personne précisément là ou les mécanismes habituel de l'empathie n'ont pas pu se mettre en place.
Il n'est pas question que la machine fasse a la place de l'homme, mais juste qu'elle élargisse la gamme de perception sur laquelle l'homme peut s’appuyer pour communiquer. Je sais pas c'est comme une caméra infrarouge, ça présente un autre spectre que celui habituellement visible, et quant on y vois pas bien c'est forcément un plus!
J'y vois la possibilité de rendre compte d'un état quant c'est pas possible.
Une béquille pour rétablir la communication de l'état émotionnel en fonction de critère moyen.
L'informatique peut être dressé pour dire la c'est pareil et là c'est pas pareil.
La c'est pareil que ce qui correspond en général a "gros stress", la c'est pareil que ce qui correspond en générale a "tout vas bien".
Dans un exemple sur la plasticité cérébrale une machine donnait a une personne qui n'avait plus d'équilibre les info sur sa posture. Elle lui envoyait sur la langue, et la personne qui avait perdu le câblage interne a réussi, toujours en interne, a se recâbler toute seule, grâce l'info de la machine. C'est pas la machine qui a fait, mais elle a transmis un point d'appuis, fixe, qui disait là tu est comme ça, là tu est comme ci.
C'est au contraire inespéré un truc pareil, un repère fiable, basique, mécanique, qui parle de l'état de la personne précisément là ou les mécanismes habituel de l'empathie n'ont pas pu se mettre en place.
Il n'est pas question que la machine fasse a la place de l'homme, mais juste qu'elle élargisse la gamme de perception sur laquelle l'homme peut s’appuyer pour communiquer. Je sais pas c'est comme une caméra infrarouge, ça présente un autre spectre que celui habituellement visible, et quant on y vois pas bien c'est forcément un plus!
Reconnu humain à la naissance.
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Re: La révolution informaticielle
Quels critères, justement?manu a écrit :Une béquille pour rétablir la communication de l'état émotionnel en fonction de critère moyen.
Avant d'automatiser, il faut savoir quoi automatiser.
Oui, mais donc le prérequis, c'est d'avoir fait le tour de "qu'est-ce qu'un gros stress", "quels critères pour l'identifier/le mesurer de façon fiable", etc., idem pour "tout va bien", et l'intégralité des cas de figure possibles.La c'est pareil que ce qui correspond en général a "gros stress", la c'est pareil que ce qui correspond en générale a "tout vas bien".
Une fois que tu as ça au clair sur le papier, alors tu es capable de le transcrire dans le langage d'une machine. Mais là où je suis dubitative, c'est que si ce travail-là existait déjà, ça se saurait, je pense.
Et puis même pas sûr qu'on puisse établir un mode d'emploi des expressions faciales...
Si c'était possible pour celles des autistes, ça se saurait.
Et pour les expressions des NT aussi d'ailleurs (y'aurait déjà des autistes qui seraient passés experts dans ce domaine ).
Idée théoriquement séduisante.C'est au contraire inespéré un truc pareil, un repère fiable, basique, mécanique, qui parle de l'état de la personne précisément là ou les mécanismes habituel de l'empathie n'ont pas pu se mettre en place.
De même , mais on n'évolue pas dans le même domaine.Il n'est pas question que la machine fasse a la place de l'homme, mais juste qu'elle élargisse la gamme de perception sur laquelle l'homme peut s’appuyer pour communiquer. Je sais pas c'est comme une caméra infrarouge, ça présente un autre spectre que celui habituellement visible, et quant on y vois pas bien c'est forcément un plus!
Voir l'invisible dans un microscope, ou découvrir quelque chose sous un aspect inhabituel grâce à une caméra infrarouge, c'est une chose. On reste dans le domaine de la perception, ça ne remet pas en question l'observateur.
Découvrir une personne sous un angle nouveau, et surtout en faisant la "négation" de ses propres émotions/impressions faussées pour l'occasion, ça me semble une toute autre affaire: bien plus déstabilisant et plus difficile à admettre. Non?
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Re: La révolution informaticielle
Si, mais justement!
Le bracelet fourni de la donné non influencée.
Avant de réfléchir à les bidouiller et à en faire des programmes complexes, on peut faire une aiguille qui rend les données accessibles à la personnes et à son entourage. C'est pas une théorie ça, c'est un moyen de poser du neutre indépendamment de toute "négation" de ses propres émotions/impressions faussées pour l'occasion, justement.
Le bracelet fourni de la donné non influencée.
Avant de réfléchir à les bidouiller et à en faire des programmes complexes, on peut faire une aiguille qui rend les données accessibles à la personnes et à son entourage. C'est pas une théorie ça, c'est un moyen de poser du neutre indépendamment de toute "négation" de ses propres émotions/impressions faussées pour l'occasion, justement.
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Re: La révolution informaticielle
Le Monde du 10/08/2011 - Les Labos du Futur -2/8 – Sylvain Cipel Suite et fin de l'article.
L’humanité en est « au début du plus grand de tous les changements : grâce aux nouveaux systèmes alimentés par les capteurs et le numérique, nous réinventons tous les systèmes sociétaux bâtis à la fin du XIXème siècle» - Alex «Sandy» Pentland - MediaLab
"Si nous parvenons à déterminer, grâce à ces capteurs, ce que l’autiste a réellement ressenti dans les instants précédant l’explosion, nous pourrons révolutionner tout ce que savent les spécialistes de ce désordre et espérer parvenir à mieux venir en aide à l’autiste. »
Ce n’est là qu’un exemple de ce qui est espéré de l’analyse des résultats. Plus largement, le laboratoire attend qu’elle l’aide à mieux établir une première typologie des autismes. «Aujourd’hui, dit M. Goodwin, 90% des moyens de la recherche tendent à trouver l’origine de l’autisme. Entre les désordres génétiques, les affections cérébrales, les détraquements du système immunitaire et les influences de l’environnement, chacun espère trouver LA cause. Or on ne la trouve pas car elle ne semble pas être unique.» Conclusion: «Ici, nous ne cherchons pas les causes, nous nous penchons sur les effets. » Avec une conviction forte: «Je ne cherche pas à soigner l’autiste - personne n’y parvient - mais à l’aider. Et je suis convaincu qu’en progressant dans la compréhension de son monde émotionnel, nous ferons aussi progresser la recherche fondamentale.»
Quant à savoir si son laboratoire participe à la création d’une nouvelle science, il reste dubitatif. «Je parlerais plutôt du défrichage d’un nouveau champ scientifique, dit-il. Pourtant, le terme de « computationnal science» - traduction libre de ce néologisme linguistique : la « science informaticielle » — apparaît de plus en plus dans des publications anglo-saxonnes. D’ailleurs, présenté comme un « pionnier en ce domaine » Alex « Sandy» Pentland, un des plus anciens responsables du MediaLab, et aujourd’hui patron du laboratoire de dynamique humaine (human dynamics) en est sûr : les sciences sociales informaticielles alimentent une révolution scientifique.
Contrairement aux assertions d’un ouvrage récent de Tyler Cowen, intitulé « The Great Stagnation » (éd. Dutton Books, « La Grande Stagnation», non traduit), qui estime que la révolution de la communication n’en est pas une, ne faisant que développer des découvertes préalables et ne générant pas d’emplois massifs comme ont pu le faire l’électricité ou le moteur à combustion, le professeur Pentland estime que l’humanité en est «au début du plus grand de tous les changements: grâce aux nouveaux systèmes alimentés par les capteurs et le numérique, nous réinventons tous les systèmes sociétaux bâtis à la fin du XIX’ siècle. C’est vrai des systèmes de pouvoir comme des transports et aussi de santé». Les étagères, à l’entrée du bureau de M. Goodwin, regorgent de publications professionnelles liées au traitement de l’autisme. Nombre des articles y dissertent sur la manière dont « L’innovation technologique »et l’ »affective computing» offrent de nouvelles perspectives tant aux chercheurs qu’aux autistes eux- mêmes.
Une question, docteur: que reste-t-il, à ses yeux, des théories et des traitements psychanalytiques de l’autisme? «Mon beau-père est psychanalyste; moi je suis un empirique, répond Matthew Goodwin. Je ne détiens pas la vérité, je cherche. Il faut des psychologues pour s’occuper de ces enfants. Mais la psychanalyse, elle, est impotente face à eux. En revanche, on a bien besoin des psychanalystes pour s’occuper de leurs parents: la culpabilité et la frustration leur causent de telles souffrances !»
L’humanité en est « au début du plus grand de tous les changements : grâce aux nouveaux systèmes alimentés par les capteurs et le numérique, nous réinventons tous les systèmes sociétaux bâtis à la fin du XIXème siècle» - Alex «Sandy» Pentland - MediaLab
"Si nous parvenons à déterminer, grâce à ces capteurs, ce que l’autiste a réellement ressenti dans les instants précédant l’explosion, nous pourrons révolutionner tout ce que savent les spécialistes de ce désordre et espérer parvenir à mieux venir en aide à l’autiste. »
Ce n’est là qu’un exemple de ce qui est espéré de l’analyse des résultats. Plus largement, le laboratoire attend qu’elle l’aide à mieux établir une première typologie des autismes. «Aujourd’hui, dit M. Goodwin, 90% des moyens de la recherche tendent à trouver l’origine de l’autisme. Entre les désordres génétiques, les affections cérébrales, les détraquements du système immunitaire et les influences de l’environnement, chacun espère trouver LA cause. Or on ne la trouve pas car elle ne semble pas être unique.» Conclusion: «Ici, nous ne cherchons pas les causes, nous nous penchons sur les effets. » Avec une conviction forte: «Je ne cherche pas à soigner l’autiste - personne n’y parvient - mais à l’aider. Et je suis convaincu qu’en progressant dans la compréhension de son monde émotionnel, nous ferons aussi progresser la recherche fondamentale.»
Quant à savoir si son laboratoire participe à la création d’une nouvelle science, il reste dubitatif. «Je parlerais plutôt du défrichage d’un nouveau champ scientifique, dit-il. Pourtant, le terme de « computationnal science» - traduction libre de ce néologisme linguistique : la « science informaticielle » — apparaît de plus en plus dans des publications anglo-saxonnes. D’ailleurs, présenté comme un « pionnier en ce domaine » Alex « Sandy» Pentland, un des plus anciens responsables du MediaLab, et aujourd’hui patron du laboratoire de dynamique humaine (human dynamics) en est sûr : les sciences sociales informaticielles alimentent une révolution scientifique.
Contrairement aux assertions d’un ouvrage récent de Tyler Cowen, intitulé « The Great Stagnation » (éd. Dutton Books, « La Grande Stagnation», non traduit), qui estime que la révolution de la communication n’en est pas une, ne faisant que développer des découvertes préalables et ne générant pas d’emplois massifs comme ont pu le faire l’électricité ou le moteur à combustion, le professeur Pentland estime que l’humanité en est «au début du plus grand de tous les changements: grâce aux nouveaux systèmes alimentés par les capteurs et le numérique, nous réinventons tous les systèmes sociétaux bâtis à la fin du XIX’ siècle. C’est vrai des systèmes de pouvoir comme des transports et aussi de santé». Les étagères, à l’entrée du bureau de M. Goodwin, regorgent de publications professionnelles liées au traitement de l’autisme. Nombre des articles y dissertent sur la manière dont « L’innovation technologique »et l’ »affective computing» offrent de nouvelles perspectives tant aux chercheurs qu’aux autistes eux- mêmes.
Une question, docteur: que reste-t-il, à ses yeux, des théories et des traitements psychanalytiques de l’autisme? «Mon beau-père est psychanalyste; moi je suis un empirique, répond Matthew Goodwin. Je ne détiens pas la vérité, je cherche. Il faut des psychologues pour s’occuper de ces enfants. Mais la psychanalyse, elle, est impotente face à eux. En revanche, on a bien besoin des psychanalystes pour s’occuper de leurs parents: la culpabilité et la frustration leur causent de telles souffrances !»
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Re: La révolution informaticielle
D'accord avec les remarques d'Omega.
Pour reprendre les exemples de Manu, peut-être que c'est comme la caméra qui regarde les yeux du conducteur, et quand il commence à papillonner, une alarme se déclenche.
J'aime bien la conclusion du texte cité par Jean sur la psychanalyse avec les parents d'un NAT.
Pour reprendre les exemples de Manu, peut-être que c'est comme la caméra qui regarde les yeux du conducteur, et quand il commence à papillonner, une alarme se déclenche.
J'aime bien la conclusion du texte cité par Jean sur la psychanalyse avec les parents d'un NAT.
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Re: La révolution informaticielle
Mais qui soignera la souffrance intime des psychanalystes qui ont à reconnaître que leur pratique jusqu'à présent était déconnante ou barbare, qu'ils sont les responsables de la culpabilisation des parents ? Sans parler du surhandicap du fait d’une prise en charge inadéquate ? Plusieurs tours de packing ?bernard a écrit :J'aime bien la conclusion du texte cité par Jean sur la psychanalyse avec les parents d'un NAT.
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Re: La révolution informaticielle
Si j'ai bien compris, un problème de l'autisme se situe dans l'expression des émotions, peut-être aussi, on peut penser que le lien se fait mal en interne entre l'émotion et son ressenti.
Capter les réactions corporelles, peut aider les autistes à reconnaitre leurs émotions et au moins, à défaut de pouvoir les exprimer comme les autres, à pouvoir les nommer, et donc à les communiquer.
De même, si l'autre apprend à discerner certains signes qui peuvent annoncer de façon atypique un stress, cela pourrait peut-être, mieux que le packing, aider à comprendre et à co-gérer avec l'autiste, les réactions d'agressivité ou d'auto-agression.
Si les signes d'un stress ne sont reconnu par aucun des deux interlocuteurs, il arrive fatalement un moment où ça déborde et n'est plus supportable.
Un exemple bête , ma fille s'est fait griffer gravement le nez parce qu'elle voulait regarder un chat dans les yeux, si elle avait su que pour le chat c'est un signe qui annonce l'attaque, elle aurait évité d'être traumatisée, et de traumatiser le chat.
Capter les réactions corporelles, peut aider les autistes à reconnaitre leurs émotions et au moins, à défaut de pouvoir les exprimer comme les autres, à pouvoir les nommer, et donc à les communiquer.
De même, si l'autre apprend à discerner certains signes qui peuvent annoncer de façon atypique un stress, cela pourrait peut-être, mieux que le packing, aider à comprendre et à co-gérer avec l'autiste, les réactions d'agressivité ou d'auto-agression.
Si les signes d'un stress ne sont reconnu par aucun des deux interlocuteurs, il arrive fatalement un moment où ça déborde et n'est plus supportable.
Un exemple bête , ma fille s'est fait griffer gravement le nez parce qu'elle voulait regarder un chat dans les yeux, si elle avait su que pour le chat c'est un signe qui annonce l'attaque, elle aurait évité d'être traumatisée, et de traumatiser le chat.
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Re: La révolution informaticielle
Il me semble, quand on a lu l'article complet, qu'avant de parler de béquille et d'automatisation, le but est de chercher quels sont les signes physiques détectables par des moyens technologiques modernes qui correspondraient à l'état émotionnel des personnes autistes. C'est d'abord de la recherche fondamentale.omega a écrit :Quels critères, justement?manu a écrit :Une béquille pour rétablir la communication de l'état émotionnel en fonction de critère moyen.
Avant d'automatiser, il faut savoir quoi automatiser.
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Re: La révolution informaticielle
Tout me semblait être dit dans la phrase suivante :Jean a écrit :Il me semble, quand on a lu l'article complet, qu'avant de parler de béquille et d'automatisation, le but est de chercher quels sont les signes physiques détectables par des moyens technologiques modernes qui correspondraient à l'état émotionnel des personnes autistes. C'est d'abord de la recherche fondamentale.omega a écrit :Quels critères, justement?manu a écrit :Une béquille pour rétablir la communication de l'état émotionnel en fonction de critère moyen.
Avant d'automatiser, il faut savoir quoi automatiser.
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Re: La révolution informaticielle
Oui, c'est une visée, un objectif, mais le moyen ne passe par nécessairement par la compréhension, l'interprétation.
Le MIT est une université emblématique de la "révolution systémique", voir la cybernétique. Les chercheurs y sont souvent passé maître dans l'art d'étudier l'information qui passe en faisant abstraction de ce qui envoie et ce qui reçoit (traité en tant que boite noir).
C'est sur que les données sont récoltées, étudiés, interprétées, mais mieux "comprendre les manifestations de l’autisme" peut commencer par identifier ce qui est émis et pas forcement reçu, bref de l'information en puissance.
D'autre part, aussi exécrable qu’ai été les attitudes de certains psy se réclamant de la psychanalyse, aussi lacunaire qu'ai été les théories qui nient l'intelligence hors de la communication (j'ai détaillé ce point de le sujet point de ralliement) il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain.
L'étude de ce qui est circulant entre les individu ne doit pas être refoulé par simple phobie d'un mot!
Cette même révolution systémique, ou cybernétique a essaimé en psychologie avec des personnalité comme bateson ou watzlawick.
Leurs travaux permettent de comprendre ce qui dans la compréhension passe par des boucles, le fameux feed-back qui est une clé de la systémique. Il permettent de comprendre aussi ce qui tiens du problème du mécanisme d'échange.
Le feed-back de son état émotionnel est ce qui dans l'autisme fait buguer la communication. La psychanalyse est impotente par ce qu'elle n'inclus pas la connaissance propre, non communiqué, donc l'intelligence propre a l'autisme, le discernement direct (non indexé, intuitif, cerveau droit, etc ..).
Poser une données sur l'état semble pouvoir résoudre le bug, même si pour l'instant il n'est question que d'extraire et d'identifier les "manifestations".
Le MIT est une université emblématique de la "révolution systémique", voir la cybernétique. Les chercheurs y sont souvent passé maître dans l'art d'étudier l'information qui passe en faisant abstraction de ce qui envoie et ce qui reçoit (traité en tant que boite noir).
C'est sur que les données sont récoltées, étudiés, interprétées, mais mieux "comprendre les manifestations de l’autisme" peut commencer par identifier ce qui est émis et pas forcement reçu, bref de l'information en puissance.
D'autre part, aussi exécrable qu’ai été les attitudes de certains psy se réclamant de la psychanalyse, aussi lacunaire qu'ai été les théories qui nient l'intelligence hors de la communication (j'ai détaillé ce point de le sujet point de ralliement) il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain.
L'étude de ce qui est circulant entre les individu ne doit pas être refoulé par simple phobie d'un mot!
Cette même révolution systémique, ou cybernétique a essaimé en psychologie avec des personnalité comme bateson ou watzlawick.
Leurs travaux permettent de comprendre ce qui dans la compréhension passe par des boucles, le fameux feed-back qui est une clé de la systémique. Il permettent de comprendre aussi ce qui tiens du problème du mécanisme d'échange.
Le feed-back de son état émotionnel est ce qui dans l'autisme fait buguer la communication. La psychanalyse est impotente par ce qu'elle n'inclus pas la connaissance propre, non communiqué, donc l'intelligence propre a l'autisme, le discernement direct (non indexé, intuitif, cerveau droit, etc ..).
Poser une données sur l'état semble pouvoir résoudre le bug, même si pour l'instant il n'est question que d'extraire et d'identifier les "manifestations".
Reconnu humain à la naissance.
Aucun diagnostique plus pertinent depuis!
"L'homme qui sait ne parle pas, L'homme qui parle ne sait pas." (Lao Tseu) ... J'arrête pas d'le dire!
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Re: La révolution informaticielle
A mon avis ce n'est qu'une partie du bug.Le feed-back de son état émotionnel est ce qui dans l'autisme fait buguer la communication.
Je trouve cette étude intéréssante mais je songe plutôt à une autre problèmatique des perceptions qui me semble primordiale et qui est de pouvoir identifier les signaux corporels de la faim, la soif et la douleur.
Et sur ce point précis je trouve trés intéressant ce que tu soulignes.
C'est sur que les données sont récoltées, étudiés, interprétées, mais mieux "comprendre les manifestations de l’autisme" peut commencer par identifier ce qui est émis et pas forcement reçu, bref de l'information en puissance.
Nathalie Leca , maman de 3 phénomènes et passionnée
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Re: La révolution informaticielle
J'ai eut tord d'affirmer, mais peut être que les deux peuvent être liées.
Si par différence, non adéquation, tu n'a pas l'aire d'avoir mal par exemple, alors tu ne reçoit pas l'information retour qui permet d'identifier le seuil normal de ce qui est communément appelé la douleur, donc de l'exprimer, donc tu ne sait pas si tel sensation est la douleur ou pas, ni quant tu risque un retour "arrête ton caprice" désagréable ou plutôt "un retour viens dans mes bras" qui peut l'être encore plus pour d'autre raisons. Bref, le sujet peut être mis de coté au profit d'un autre plus efficace.
Les perceptions aussi se travaillent, et l'indexation sur la communication est un moyen de les travailler.
Il peuvent l'être sur le discernement propre, mais sans l’indexation sur le discernement moyen c'est plus de la douleurs, ou de la faim, mais le ventre comme ceci, les nerf comme ça, et le tout peut être extrêmement juste sans pour autant être traduit en "faim".
De toute façon de l'autre coté de la communication on ne peut affirmer ni que l'autre ressent ni qu'il ne ressent pas.
(Je ne sais pas dans quel mesure toi tu affirmais vraiment l'absence de ressentis de la douleurs de la faim ou de la soif, mais le l'ai pris dans ce sens là par ce que c'était porteur pour exprimer ce autour de quoi je tourne depuis un certain temps dans plusieurs sujet.)
Si par différence, non adéquation, tu n'a pas l'aire d'avoir mal par exemple, alors tu ne reçoit pas l'information retour qui permet d'identifier le seuil normal de ce qui est communément appelé la douleur, donc de l'exprimer, donc tu ne sait pas si tel sensation est la douleur ou pas, ni quant tu risque un retour "arrête ton caprice" désagréable ou plutôt "un retour viens dans mes bras" qui peut l'être encore plus pour d'autre raisons. Bref, le sujet peut être mis de coté au profit d'un autre plus efficace.
Les perceptions aussi se travaillent, et l'indexation sur la communication est un moyen de les travailler.
Il peuvent l'être sur le discernement propre, mais sans l’indexation sur le discernement moyen c'est plus de la douleurs, ou de la faim, mais le ventre comme ceci, les nerf comme ça, et le tout peut être extrêmement juste sans pour autant être traduit en "faim".
De toute façon de l'autre coté de la communication on ne peut affirmer ni que l'autre ressent ni qu'il ne ressent pas.
(Je ne sais pas dans quel mesure toi tu affirmais vraiment l'absence de ressentis de la douleurs de la faim ou de la soif, mais le l'ai pris dans ce sens là par ce que c'était porteur pour exprimer ce autour de quoi je tourne depuis un certain temps dans plusieurs sujet.)
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