Neurodiversité au travail : un petit truc en plus?
Les personnes neuroatypiques se démarquent. Nombre d'entre elles ont connu un parcours scolaire semé d'embûches et s'insèrent souvent difficilement dans le microcosme de l'entreprise. Zoom sur ces drôles de zèbres.
https://informations.handicap.fr/a-neur ... -37755.php
Conseils et ressources pour l'emploi
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi
lemonde.fr
Ces autistes qui ont pu trouver leur place en entreprise
Emmanuelle Dal'Secco
Jugées inemployables, une soixantaine de personnes ayant un autisme sévère ont été embauchées avec l’aide de l’association Vivre et travailler autrement dans plusieurs grands groupes. En 2025, ce dispositif change d’échelle.
Une douce odeur de desserts lactés flotte dans l’air de l’usine Andros Ultra-Frais (Bonne Maman, Mamie Nova…). C’est dans ce bâtiment de 50 000 mètres carrés, situé à Auneau-Bleury-Saint-Symphorien (Eure-et-Loir), que travaillent 550 salariés dont 11 jeunes autistes sévères avec déficience intellectuelle, pour certains non verbaux.
Sur les murs des salles où ces derniers officient (contrôle qualité, dessachage, destruction, conditionnement, découpe des préfiltres) sont accrochés de grands tableaux blancs rassemblant pictogrammes et photos. « Nous y avons séquencé les tâches à réaliser avec des consignes faciles à comprendre afin que ces jeunes puissent respecter le protocole », explique Jean-François Dufresne, à l’origine de cette initiative d’inclusion du handicap par le travail. C’est en 2014 que l’ancien directeur général d’Andros, père d’un garçon autiste, lance l’idée, « un peu folle », de proposer un emploi dans une entreprise classique à ces personnes considérées comme inemployables.
« C’est pour porter ce projet que j’ai créé la structure Vivre et travailler autrement [VETA] », ajoute M. Dufresne, en suivant du regard Reinicker Mata. Charlotte sur la tête, lunettes de sécurité et vêtu d’une blouse bleue, ce trentenaire au visage concentré fait rouler à bonne cadence un chariot de pots de yaourt vides vers le lieu de remplissage. Surnommé par les éducateurs la « machine de guerre », il ne dévie jamais de sa tâche. De son côté, Lisa Pierotti, 28 ans, assemble, au gramme près, les ingrédients d’une recette de dessert. « Comme ses pairs, sa rigueur est exceptionnelle, ce qui permet d’économiser au total 50 000 euros de matière première par an », relève Jean-François Dufresne.
Reinicker Mata dans l’atelier de dessachage (vider les cartons) de l’usine Andros, à Auneau-Bleury-Saint-Symphorien (Eure-et-Loir), le 19 février 2025.
Si l’omniprésence médiatique du milliardaire Elon Musk alimente le fantasme des performances hors norme des personnes autistes de haut niveau, il n’est que la partie émergée de l’iceberg. Car, entre 76 % et 90 % des personnes concernées par les troubles du spectre de l’autisme seraient sans emploi, selon l’association internationale Autisme-Europe. Pour la population dite « autiste sévère avec déficience intellectuelle », la situation est encore plus désastreuse. Or, selon Jean-François Dufresne, « nous constatons que les jeunes manifestent de l’appétence pour les activités répétitives, ont un souci de la minutie et de la conformité aux règles, font preuve de concentration, d’endurance, et du sens de la loyauté. Ils sont au moins aussi capables que les non-autistes, voire, selon nos propres observations, 10 % plus performants ».
Le fondateur de VETA rappelle son credo : « Ne pas embaucher des autistes, c’est handicaper votre entreprise. » Lorsque ces 11 salariés partent en vacances, « il faut 15 intérimaires pour les remplacer », calcule Jonathan Papet, l’un des deux éducateurs de l’association, recrutés pour accompagner et anticiper les troubles du comportement éventuels. Ceux-ci peuvent se produire « lorsqu’une tâche a été mal expliquée ou qu’une machine est en panne, désorganisant leurs habitudes ».
Jean-François Dufresne, fondateur de l’association Vivre et travailler autrement, à Auneau-Bleury-Saint-Symphorien (Eure-et-Loir), le 19 février 2025.
Le premier salarié autiste a été recruté en 2014. Dix ont suivi, tous âgés de 20 à 26 ans, car « mettre au travail une personne plus senior est difficile », estime Jean-François Dufresne. Engagés en contrat à durée indéterminé à mi-temps, ils reçoivent un salaire complété par l’allocation adulte handicapé, bénéficieront de leur retraite à 64 ans et, comme n’importe quel collaborateur, peuvent être licenciés. « Cela se ferait avec un accompagnement nécessaire, mais ce n’est jamais arrivé. Dans le médico-social, notre discours n’est pas audible », observe celui qui se définit comme « un furieux du droit commun, car c’est la seule façon de respecter ces jeunes ». Il dénonce « ces institutions et ces familles qui surprotègent et font à la place, cet esprit français du soin à outrance ».
M. Dufresne déplore « les conditions de vie de nombreux autistes sévères dont les journées s’étirent d’ordinaire lentement dans les maisons d’accueil spécialisées ou les foyers d’accueil médicalisés [FAM] de France, quand ils ne sont pas retranchés derrière les murs des hôpitaux psychiatriques, sous camisole chimique, ou végétant dans des familles usées par le manque de solutions en institutions ».
En dix ans, « le programme VETA a fait la preuve de ses vertus. Quand mon fils, Luc, reste oisif, il peut devenir violent envers lui-même et les autres. A l’inverse, quand il a commencé à travailler, il s’est vite senti heureux et impliqué », poursuit M. Dufresne. VETA a aussi des vertus pour les finances publiques, assure-t-il : « Un résident de FAM coûte en moyenne 100 000 euros par an à la collectivité contre 50 000 euros avec notre modèle. »
« Ça ne marchera jamais »
Mais ce dispositif novateur « n’aurait pas pu fonctionner sans une approche holistique avec un environnement adapté et un accompagnement global du travail, du logement et des loisirs », commente Yamina Villemy, directrice de l’association Apprendre l’autonomie autrement, qui gère le lieu de vie. En 2016, si trois jeunes optent pour un logement dans le village à 2 kilomètres de l’usine, huit emménagent dans leur « maison », la ferme attenante au château d’Auneau. Chacun y dispose de sa chambre, avec un salon commun et une cuisine où se retrouver le soir pour mettre la main à la pâte, avec des produits bio cultivés dans le potager. Après leur matinée de travail et un déjeuner à la cantine, les jeunes consacrent leur après-midi aux loisirs (piscine, équitation, balades…) et à l’apprentissage de l’autonomie : faire son lit, sa lessive, gérer son argent…
Fort de son « prototype », VETA a converti une dizaine de grands groupes en dix ans. L’Oréal, Parfums Christian Dior, Hennessy, LVMH, Safran ou Barilla emploient au total une soixantaine de personnes autistes sévères. « Beaucoup de questions se sont naturellement posées, témoigne Guillaume de Labarthe, directeur des ressources humaines des opérations de Guerlain, qui a recruté cinq jeunes en 2021. « Vont-ils s’intégrer ? Quelle contrainte pour leurs collègues ? Comment gérer les crises éventuelles ? Y a-t-il des risques pour la qualité ? Mais nous avons été rassurés par le professionnalisme de VETA. »
Pourtant, dès le départ, Jean-François Dufresne a essuyé de vives critiques, car personne ne croyait à son projet : « Ça ne marchera jamais, c’est une pure folie, vous allez les mettre en échec ou en danger… » Aujourd’hui, il continue de faire face au scepticisme. Si André Masin, président de l’association AFG Autisme, salue une « expérience remarquable », il doute de son essaimage à grande échelle : « Andros a réussi parce que son patron, engagé et concerné, a voulu relever ce défi. Mais quel autre patron, non directement touché, acceptera de tels efforts ? »
« Recruter sans crainte »
Le développement de cette expérience s’est révélé un vrai combat, et a même nécessité de « tordre le cou à la réglementation française, car notre initiative n’entrait dans aucune case, se souvient M. Dufresne. L’appui de François Hollande, alors président de la République, a été décisif pour autoriser l’adaptation à notre expérimentation du statut Samsah autisme ». Ce dispositif médico-social financé par le département et l’agence régionale de santé était, jusque-là, uniquement destiné aux adultes en situation de handicap vivant à domicile.
Aujourd’hui, afin de permettre à VETA d’essaimer dans tout l’Hexagone, la délégation interministérielle à la stratégie nationale pour les troubles du neurodéveloppement (DITND) devrait publier, au premier semestre 2025, l’instruction « Samsah emploi », qui officialise la création de ce dispositif à la fois d’emploi et d’habitat en milieu ordinaire. « Nous mettons un pied dans la porte afin d’aboutir à l’inclusion des personnes autistes dans toutes les sphères professionnelles », se félicite Etienne Pot, délégué de la DITND, qui entend, en dépit des difficultés, « amener les entreprises à changer leur regard et à recruter sans crainte ».
Pour accompagner les premiers projets, qui doivent démarrer cette année, VETA choisit le cadre juridique de la franchise sociale. Contre une redevance, les franchisés vont bénéficier d’un transfert de compétences, de formations et d’un suivi sur cinq ans. Ce modèle innovant permet de concilier dimension économique et dimension sociale.
Chargé, ce matin-là, d’identifier des odeurs de fromage sur la chantilly, Nicolas Patault, 40 ans, se souvient, enfant, avoir été « traité comme un déficient ». Il confie se sentir aujourd’hui épanoui, sécurisé et heureux des relations avec ses collègues non autistes. Enthousiaste, il assure : « Si je peux travailler ici jusqu’à la retraite, j’y reste ! »
Luc Dufresne au travail dans l’usine Andros, à Auneau-Bleury-Saint-Symphorien (Eure-et-Loir), le 19 février 2025.
Le programme
La sixième édition annuelle de l’Université du réseau des référents handicap (URRH), dont Le Monde est partenaire, se déroule cette année au stade Orange Vélodrome à Marseille, les 13 et 14 mars. Organisée par l’Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées (Agefiph), cette édition propose deux conférences : « Handicaps : révélons les potentiels » et « De l’invisibilité aux opportunités ».
Des rencontres sont également prévues avec Anne-Laure Thomas, directrice diversités, équité et inclusion pour le groupe L’Oréal en France ; Thibaut Guilluy, directeur général de France Travail ; Gaël Rivière, champion paralympique de cécifoot et président de la Fédération française handisport. Lors d’une cérémonie présentée par Eglantine Eméyé, animatrice de télévision et présidente de l’association Un pas vers la vie, le prix Activateur de progrès va récompenser des initiatives engagées en faveur de l’emploi, de l’innovation et du handicap. Enfin, l’espace inspir’action rassemble outils et solutions innovantes pour sensibiliser les collaborateurs aux questions de handicap.
Renseignements : https://agefiph-universite-rrh.fr/
Cet article est réalisé en partenariat avec la sixième édition de l’Université du réseau des référents handicap, qui se tiendra les 13 et 14 mars au Stade-Vélodrome à Marseille. L’événement est organisé par l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées. Informations : Agefiph-universite-rrh.fr.
Ces autistes qui ont pu trouver leur place en entreprise
Emmanuelle Dal'Secco
Jugées inemployables, une soixantaine de personnes ayant un autisme sévère ont été embauchées avec l’aide de l’association Vivre et travailler autrement dans plusieurs grands groupes. En 2025, ce dispositif change d’échelle.
Une douce odeur de desserts lactés flotte dans l’air de l’usine Andros Ultra-Frais (Bonne Maman, Mamie Nova…). C’est dans ce bâtiment de 50 000 mètres carrés, situé à Auneau-Bleury-Saint-Symphorien (Eure-et-Loir), que travaillent 550 salariés dont 11 jeunes autistes sévères avec déficience intellectuelle, pour certains non verbaux.
Sur les murs des salles où ces derniers officient (contrôle qualité, dessachage, destruction, conditionnement, découpe des préfiltres) sont accrochés de grands tableaux blancs rassemblant pictogrammes et photos. « Nous y avons séquencé les tâches à réaliser avec des consignes faciles à comprendre afin que ces jeunes puissent respecter le protocole », explique Jean-François Dufresne, à l’origine de cette initiative d’inclusion du handicap par le travail. C’est en 2014 que l’ancien directeur général d’Andros, père d’un garçon autiste, lance l’idée, « un peu folle », de proposer un emploi dans une entreprise classique à ces personnes considérées comme inemployables.
« C’est pour porter ce projet que j’ai créé la structure Vivre et travailler autrement [VETA] », ajoute M. Dufresne, en suivant du regard Reinicker Mata. Charlotte sur la tête, lunettes de sécurité et vêtu d’une blouse bleue, ce trentenaire au visage concentré fait rouler à bonne cadence un chariot de pots de yaourt vides vers le lieu de remplissage. Surnommé par les éducateurs la « machine de guerre », il ne dévie jamais de sa tâche. De son côté, Lisa Pierotti, 28 ans, assemble, au gramme près, les ingrédients d’une recette de dessert. « Comme ses pairs, sa rigueur est exceptionnelle, ce qui permet d’économiser au total 50 000 euros de matière première par an », relève Jean-François Dufresne.
Reinicker Mata dans l’atelier de dessachage (vider les cartons) de l’usine Andros, à Auneau-Bleury-Saint-Symphorien (Eure-et-Loir), le 19 février 2025.
Si l’omniprésence médiatique du milliardaire Elon Musk alimente le fantasme des performances hors norme des personnes autistes de haut niveau, il n’est que la partie émergée de l’iceberg. Car, entre 76 % et 90 % des personnes concernées par les troubles du spectre de l’autisme seraient sans emploi, selon l’association internationale Autisme-Europe. Pour la population dite « autiste sévère avec déficience intellectuelle », la situation est encore plus désastreuse. Or, selon Jean-François Dufresne, « nous constatons que les jeunes manifestent de l’appétence pour les activités répétitives, ont un souci de la minutie et de la conformité aux règles, font preuve de concentration, d’endurance, et du sens de la loyauté. Ils sont au moins aussi capables que les non-autistes, voire, selon nos propres observations, 10 % plus performants ».
Le fondateur de VETA rappelle son credo : « Ne pas embaucher des autistes, c’est handicaper votre entreprise. » Lorsque ces 11 salariés partent en vacances, « il faut 15 intérimaires pour les remplacer », calcule Jonathan Papet, l’un des deux éducateurs de l’association, recrutés pour accompagner et anticiper les troubles du comportement éventuels. Ceux-ci peuvent se produire « lorsqu’une tâche a été mal expliquée ou qu’une machine est en panne, désorganisant leurs habitudes ».
Jean-François Dufresne, fondateur de l’association Vivre et travailler autrement, à Auneau-Bleury-Saint-Symphorien (Eure-et-Loir), le 19 février 2025.
Le premier salarié autiste a été recruté en 2014. Dix ont suivi, tous âgés de 20 à 26 ans, car « mettre au travail une personne plus senior est difficile », estime Jean-François Dufresne. Engagés en contrat à durée indéterminé à mi-temps, ils reçoivent un salaire complété par l’allocation adulte handicapé, bénéficieront de leur retraite à 64 ans et, comme n’importe quel collaborateur, peuvent être licenciés. « Cela se ferait avec un accompagnement nécessaire, mais ce n’est jamais arrivé. Dans le médico-social, notre discours n’est pas audible », observe celui qui se définit comme « un furieux du droit commun, car c’est la seule façon de respecter ces jeunes ». Il dénonce « ces institutions et ces familles qui surprotègent et font à la place, cet esprit français du soin à outrance ».
M. Dufresne déplore « les conditions de vie de nombreux autistes sévères dont les journées s’étirent d’ordinaire lentement dans les maisons d’accueil spécialisées ou les foyers d’accueil médicalisés [FAM] de France, quand ils ne sont pas retranchés derrière les murs des hôpitaux psychiatriques, sous camisole chimique, ou végétant dans des familles usées par le manque de solutions en institutions ».
En dix ans, « le programme VETA a fait la preuve de ses vertus. Quand mon fils, Luc, reste oisif, il peut devenir violent envers lui-même et les autres. A l’inverse, quand il a commencé à travailler, il s’est vite senti heureux et impliqué », poursuit M. Dufresne. VETA a aussi des vertus pour les finances publiques, assure-t-il : « Un résident de FAM coûte en moyenne 100 000 euros par an à la collectivité contre 50 000 euros avec notre modèle. »
« Ça ne marchera jamais »
Mais ce dispositif novateur « n’aurait pas pu fonctionner sans une approche holistique avec un environnement adapté et un accompagnement global du travail, du logement et des loisirs », commente Yamina Villemy, directrice de l’association Apprendre l’autonomie autrement, qui gère le lieu de vie. En 2016, si trois jeunes optent pour un logement dans le village à 2 kilomètres de l’usine, huit emménagent dans leur « maison », la ferme attenante au château d’Auneau. Chacun y dispose de sa chambre, avec un salon commun et une cuisine où se retrouver le soir pour mettre la main à la pâte, avec des produits bio cultivés dans le potager. Après leur matinée de travail et un déjeuner à la cantine, les jeunes consacrent leur après-midi aux loisirs (piscine, équitation, balades…) et à l’apprentissage de l’autonomie : faire son lit, sa lessive, gérer son argent…
Fort de son « prototype », VETA a converti une dizaine de grands groupes en dix ans. L’Oréal, Parfums Christian Dior, Hennessy, LVMH, Safran ou Barilla emploient au total une soixantaine de personnes autistes sévères. « Beaucoup de questions se sont naturellement posées, témoigne Guillaume de Labarthe, directeur des ressources humaines des opérations de Guerlain, qui a recruté cinq jeunes en 2021. « Vont-ils s’intégrer ? Quelle contrainte pour leurs collègues ? Comment gérer les crises éventuelles ? Y a-t-il des risques pour la qualité ? Mais nous avons été rassurés par le professionnalisme de VETA. »
Pourtant, dès le départ, Jean-François Dufresne a essuyé de vives critiques, car personne ne croyait à son projet : « Ça ne marchera jamais, c’est une pure folie, vous allez les mettre en échec ou en danger… » Aujourd’hui, il continue de faire face au scepticisme. Si André Masin, président de l’association AFG Autisme, salue une « expérience remarquable », il doute de son essaimage à grande échelle : « Andros a réussi parce que son patron, engagé et concerné, a voulu relever ce défi. Mais quel autre patron, non directement touché, acceptera de tels efforts ? »
« Recruter sans crainte »
Le développement de cette expérience s’est révélé un vrai combat, et a même nécessité de « tordre le cou à la réglementation française, car notre initiative n’entrait dans aucune case, se souvient M. Dufresne. L’appui de François Hollande, alors président de la République, a été décisif pour autoriser l’adaptation à notre expérimentation du statut Samsah autisme ». Ce dispositif médico-social financé par le département et l’agence régionale de santé était, jusque-là, uniquement destiné aux adultes en situation de handicap vivant à domicile.
Aujourd’hui, afin de permettre à VETA d’essaimer dans tout l’Hexagone, la délégation interministérielle à la stratégie nationale pour les troubles du neurodéveloppement (DITND) devrait publier, au premier semestre 2025, l’instruction « Samsah emploi », qui officialise la création de ce dispositif à la fois d’emploi et d’habitat en milieu ordinaire. « Nous mettons un pied dans la porte afin d’aboutir à l’inclusion des personnes autistes dans toutes les sphères professionnelles », se félicite Etienne Pot, délégué de la DITND, qui entend, en dépit des difficultés, « amener les entreprises à changer leur regard et à recruter sans crainte ».
Pour accompagner les premiers projets, qui doivent démarrer cette année, VETA choisit le cadre juridique de la franchise sociale. Contre une redevance, les franchisés vont bénéficier d’un transfert de compétences, de formations et d’un suivi sur cinq ans. Ce modèle innovant permet de concilier dimension économique et dimension sociale.
Chargé, ce matin-là, d’identifier des odeurs de fromage sur la chantilly, Nicolas Patault, 40 ans, se souvient, enfant, avoir été « traité comme un déficient ». Il confie se sentir aujourd’hui épanoui, sécurisé et heureux des relations avec ses collègues non autistes. Enthousiaste, il assure : « Si je peux travailler ici jusqu’à la retraite, j’y reste ! »
Luc Dufresne au travail dans l’usine Andros, à Auneau-Bleury-Saint-Symphorien (Eure-et-Loir), le 19 février 2025.
Le programme
La sixième édition annuelle de l’Université du réseau des référents handicap (URRH), dont Le Monde est partenaire, se déroule cette année au stade Orange Vélodrome à Marseille, les 13 et 14 mars. Organisée par l’Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées (Agefiph), cette édition propose deux conférences : « Handicaps : révélons les potentiels » et « De l’invisibilité aux opportunités ».
Des rencontres sont également prévues avec Anne-Laure Thomas, directrice diversités, équité et inclusion pour le groupe L’Oréal en France ; Thibaut Guilluy, directeur général de France Travail ; Gaël Rivière, champion paralympique de cécifoot et président de la Fédération française handisport. Lors d’une cérémonie présentée par Eglantine Eméyé, animatrice de télévision et présidente de l’association Un pas vers la vie, le prix Activateur de progrès va récompenser des initiatives engagées en faveur de l’emploi, de l’innovation et du handicap. Enfin, l’espace inspir’action rassemble outils et solutions innovantes pour sensibiliser les collaborateurs aux questions de handicap.
Renseignements : https://agefiph-universite-rrh.fr/
Cet article est réalisé en partenariat avec la sixième édition de l’Université du réseau des référents handicap, qui se tiendra les 13 et 14 mars au Stade-Vélodrome à Marseille. L’événement est organisé par l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées. Informations : Agefiph-universite-rrh.fr.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi
J'ai participé aujourd'hui à deux signatures de conventions pluriannuelles entre le FIPHFP (fonds d'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique), l'HP de Quimper (EPSM Gourmelen) et la mairie de Quimper.
Je suis membre suppléant du comité national du FIPHFP au titre des usagers, proposé par Autisme France. C'est à ce titre que je me suis fait invité à ces "évènements" dans mon département.
Dans ce comité national, nous votons sur les conventions entre les administrations nationales et le FIPHFP. Nous ne voyons pas les conventions au plan régional, qui dépendent du comité "local" (ce qui veut dire régional).
Les niveaux de l'obligation d'emploi des personnes handicapées sont plutôt élevés dans ces deux cas : près de 9% pour l'HP, près de 12% pour la mairie de Quimper. C'est dans la fonction publique d'Etat et hospitalière que les niveaux sont inférieurs en moyenne à l'obligation légale.
La signature à l'EPSM a fait l'objet d'une présentation exhaustive et d'une discussion. A la mairie de Quimper, cela a été une série de discours à caractère général, un échange de bonnes intentions. Mais nous avions eu avant une description détaillée du projet de convention.
Dans les deux situations, je n'ai pas entendu de dispositions vraiment précises concernant le niveau de qualification des fonctionnaires handicapés. Ils se concentrent sur la catégorie C. Au-delà, soit il n'y a pas d'embauche, soit il y a la crainte de faire connaître son handicap, car cela serait préjudiciable au déroulement de carrière. L'intention d'embauche en catégorie A et B est manifestée cependant. Cela reste à voir.
A la mairie de Quimper, c'était la 3ème convention pluriannuelle (3 ans). A l'HP, la 5ème (depuis 15 ans). Le FIPHFP finance à peu près la moitié des actions : ce n'est pas négligeable.
Au bout de 15 ans, l'HP se pose la question de l'intégration de salariés avec un problème de santé mentale, et pas seulement de handicap physique ou sensoriel.
Je n'ai pas pu m'empêcher de dire que les associations de personnes autistes ne sont pas satisfaites de la pratique du secteur psychiatrique de Quimper. Il vient d'embaucher une neuropsychologue sur 1038 agents. Bon courage pour changer les pratiques.
Je suis membre suppléant du comité national du FIPHFP au titre des usagers, proposé par Autisme France. C'est à ce titre que je me suis fait invité à ces "évènements" dans mon département.
Dans ce comité national, nous votons sur les conventions entre les administrations nationales et le FIPHFP. Nous ne voyons pas les conventions au plan régional, qui dépendent du comité "local" (ce qui veut dire régional).
Les niveaux de l'obligation d'emploi des personnes handicapées sont plutôt élevés dans ces deux cas : près de 9% pour l'HP, près de 12% pour la mairie de Quimper. C'est dans la fonction publique d'Etat et hospitalière que les niveaux sont inférieurs en moyenne à l'obligation légale.
La signature à l'EPSM a fait l'objet d'une présentation exhaustive et d'une discussion. A la mairie de Quimper, cela a été une série de discours à caractère général, un échange de bonnes intentions. Mais nous avions eu avant une description détaillée du projet de convention.
Dans les deux situations, je n'ai pas entendu de dispositions vraiment précises concernant le niveau de qualification des fonctionnaires handicapés. Ils se concentrent sur la catégorie C. Au-delà, soit il n'y a pas d'embauche, soit il y a la crainte de faire connaître son handicap, car cela serait préjudiciable au déroulement de carrière. L'intention d'embauche en catégorie A et B est manifestée cependant. Cela reste à voir.
A la mairie de Quimper, c'était la 3ème convention pluriannuelle (3 ans). A l'HP, la 5ème (depuis 15 ans). Le FIPHFP finance à peu près la moitié des actions : ce n'est pas négligeable.
Au bout de 15 ans, l'HP se pose la question de l'intégration de salariés avec un problème de santé mentale, et pas seulement de handicap physique ou sensoriel.
Je n'ai pas pu m'empêcher de dire que les associations de personnes autistes ne sont pas satisfaites de la pratique du secteur psychiatrique de Quimper. Il vient d'embaucher une neuropsychologue sur 1038 agents. Bon courage pour changer les pratiques.
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