Comment faites-vous au travail ?

[ClaydFr]

Bonsoir à tous,

la question est dans le titre. Pourquoi je vous le demande ? Parce que je suis enseignant depuis plusieurs années, et j'ai toujours eu des problèmes. J'ai par ailleurs compris d'où venaient ces problèmes grâce au diagnostic (même si justement, le questionnement était déjà présent avant que je ne passe le CAPES). Non pas avec les élèves (paradoxalement, cela a tendance à être le contraire), mais avec l'administration, les collègues... Au point où, aujourd'hui, un inspecteur s'est permis de me dire que je "manquais de souplesse" suite à une réunion non obligatoire à midi à laquelle j'ai refusé de participer car elle n'était pas prévue, alors que je rentre voir ma compagne tous les jeudis midi. Etait-ce à moi de faire un effort, ou à eux de mieux organiser cette réunion ?
Je respecte à la lettre mes droits et mes devoirs : ils ne sont pas contents, car "je suis trop pointilleux vis-à-vis des textes officiels". Durant mon année de stage, on m'a reproché de ne pas passer plus de temps en salle des profs, on me le reproche encore aujourd'hui.

Est-ce moi le problème ? Devrais-je faire davantage d'efforts ? On a généralement de moi l'image de quelqu'un de contestataire, or, je ne fais que respecter mes obligations de service... Je ne comprends pas l'intérêt de ces textes, si on ne doit pas les respecter ?

J'adore enseigner devant les élèves, même si c'est très fatigant, j'y prends du plaisir. Mais je me sens écrasé par ce que l'on attend de moi en dehors de la salle de classe.

Je ne souhaite pas dire à mes collègues et encore moins au principal que je suis autiste, je ne sais pas comment ils pourraient réagir.

Donc voilà ma question : pour ceux qui sont dans le monde du travail, comment faites-vous ?

[Ambre]

Bonjour,

Moi je ne m'adapte pas, je fais un peu ce que je veux, si les gens le prennent mal, tant pis pour eux. Mais je n'ai jamais eu de remarques à ce sujet de mes supérieurs. On voit que j'ai un problème de toute manière, même si je ne le dis pas.

[AspiNono]

La reconnaissance travailleur handicapé est souvent la meilleure arme pour se protéger. L'employeur n'a pas à connaître le diagnostic médical.

"Comment annoncer une RQTH à son employeur ?

Déclarer votre RQTH à votre employeur ne requiert pas nécessairement de divulguer sa condition médicale. Il est parfaitement envisageable de discuter uniquement des conditions de travail et des difficultés rencontrées pour remplir ses missions, sans mentionner la nature du handicap."

Je l'ai utilisée pour des rendez-vous médicaux durant les heures de boulot et pour ne pas être obligée de me déplacer (notamment dans le cadre de séminaires etc.).

J'ai bien compris que vous préfériez ne pas en utiliser une mais...

[ClaydFr]

La reconnaissance travailleur handicapé est souvent la meilleure arme pour se protéger. L'employeur n'a pas à connaître le diagnostic médical.

"Comment annoncer une RQTH à son employeur ?

Déclarer votre RQTH à votre employeur ne requiert pas nécessairement de divulguer sa condition médicale. Il est parfaitement envisageable de discuter uniquement des conditions de travail et des difficultés rencontrées pour remplir ses missions, sans mentionner la nature du handicap."

Je l'ai utilisée pour des rendez-vous médicaux durant les heures de boulot et pour ne pas être obligée de me déplacer (notamment dans le cadre de séminaires etc.).

J'ai bien compris que vous préfériez ne pas en utiliser une mais...

Si si, j'ai prévu d'utiliser ma RQTH, le problème dans l'enseignement, c'est que même avec la RQTH, les aménagements ne sont pas toujours respectés, et ça ne change pas les collègues.

Je suis exactement comme toi Ambre, je ne m'adapte pas, cela me fatigue, mais du coup, j'ai droit à des remarques désobligeantes.

[AspiNono]

Je crois que la priorité dans le monde toujours plus dur du travail, c'est déjà de te protéger. Je suis vraiment contente que tu aies l'intention d'utiliser ta rqth.
C'est vrai que certains collègues manifesteront leur mécontentement et leur jalousie face aux aménagements que tu pourras obtenir. Nous devons accepter leur méconnaissance du handicap invisible (le syndrome d'Asperger que nous, les femmes, avons en général appris a bien masqué). Expliquer à certains peut avoir un intérêt. Mais ne gaspille pas ton énergie à tenter de tous les convaincre ; fais ton job le mieux possible et regarde seulement ce qui renvoit une image positive de toi.
Dépose tes griefs et tes colères dans des lieux où tu sais qu'ils seront compris (ici par exemple) et fais-toi accompagner si nécéssaire par un thérapeute à l'écoute pour te prémunir d'inévitables moments difficiles...

[Ambre]

Je n'ai jamais utilisé ma rqth encore, c'est vrai que ça peut être utile pour éviter les trucs collectifs obligatoires. J'y avais pensé un moment pour éviter l'assemblée du personnel qui réunissait plus de 150 personnes par exemple.

Mais si il y a une réunion facultative, ça m'est arrivé pour un repas lors d'une team building, je vois pas pourquoi on devrait y aller.

Dans les deux cas, les gens vont critiquer si l'on n'y va pas, puisqu'ils ne connaissent pas la raison ou n'y croient pas, et si on y va, ils critiqueront de toute manière pour autre chose.

Après, s'il y a des remarques des supérieurs, de l'inspecteur ici, c'est peut-être mieux qu'il soit au courant du problème, s'il respecte la discrétion.

[Lilas]

Je n'ai jamais eu ce type de remarque. J'aurais plutôt tendance à en faire toujours plus que l'attendu, et si je dis non c'est qu'il y a une bonne raison, et alors mon intervention est prise en compte pour modifier l'objet du désaccord.
Mon naturel de base est d'être assez rigide, mais passé le premier réflexe de refuser net, je parviens généralement à une position intermédiaire, en sachant être inflexible sur certaines choses mais souple sur d'autres.
Mon chef me dit que c'est vraiment idéal de travailler avec moi.

[lolo06]

Au début, je donne le change c'est à dire que je rentre dans l'ambiance de l'entreprise et je m'intègre. Puis au fur et à mesure se crée une espèce de décalage que je ne maîtrise pas.
Je respecte les règles mais je ne me conforme plus avec le temps. Les personnes constatent ma "différence", je m'en rends compte mais je ne sais pas quoi faire.
Et à ce moment là, ça devient difficile pour moi. Je ne comprends plus ce que je dois faire ou dire, j'ai envie de disparaître, de fuir.
Certains jours c'est l'horreur.

[Lilas]

Modération (Lilas) : 
Rappel : la section "Espace TSA", comme son sous-titre le précise, est dédiée aux témoignages des personnes diagnostiquées (voir les détails ici et la synthèse là).

[adroitedelalune]

J'ai découvert bien tard mon TDAH.

Entre-temps, j'ai été viré de beaucoup d'endroits. Et je pensais que c'étaient les autres qui étaient des c0ns.

Le diagnostic ( pour ceux qui douteraient de son utilité ) permet au moins de se rendre compte que ce n'est pas la faute des autres.

[trainshortcutlover]

Pour avoir vécu des situations similaires, eh bien je ne "fais pas" tout simplement parce que je n'arrive pas à passer les périodes d'essai.Bon courage à vous, vous faites un beau métier en plus !

[titom_des_tropiques]

Pour avoir vécu des situations similaires, eh bien je ne "fais pas" tout simplement parce que je n'arrive pas à passer les périodes d'essai.Bon courage à vous, vous faites un beau métier en plus !

Je suis dans ce même cas de figure. Même auprès des entreprises adaptées cela ne fonctionne pas. Il faut dire qu'en être réduit à faire de la sous-traitance pour des sous-traitants, cela limite beaucoup la possibilté d'aménagement de poste :

1°- Pas de télétravail car ça représente un coût supplémentaire venant s'ajouter au point n°2
2°- Des entreprises avec de l'immobilier à open spaces sur les bras (propriétaires ou via un bail de longue durée)
3°- L'équipe RH dédiée au recrutement qui "oublie" la visite à la médecine du travail, la planifie tardivement, le temps de mettre fin à la période d'essai, puis d'annuler le RDV suffisamment à l'avance. Il n'y a pas de petites économies.

Conséquence : eh bien je ne "fais plus".

[Soline34]

A ClaydFr: je me permets de te répondre bien que n’étant pas TSA car ce que tu décris, beaucoup de collègues (dont la plupart sont neurotypique) le vivent. Les « réunions »/« requisitions » au dernier moment c’est très /trop courant. Dans la mesure où ce n’est pas trop contraignant , oui on peut faire preuve de souplesse. Dans le cas que tu décris, rendez vous avec ta compagne, tu as eu raison de dire non, surtout si c’est le seul jour où tu peux manger avec elle. J’aurais fait pareil!
Quant à ne pas fréquenter la salle des professeurs, tu fais bien comme tu veux! Je ne la fréquente pas non plus(je ne doute pas un seul instant que c’est mal vu); mais j’aime bien retrouver les collègues de ma matière en petit groupe. Je conçois que pour une personne autiste ce soit en revanche « personne » pour se ressourcer.

Je ne te donnerais que deux conseils, je ne suis pas certaine qu’ils soient bien appropriés mais ils m’ont réussi jusque là:
*meme si tu ne veux pas socialiser avec les collègues, dis leur toujours « bonjour » avec le sourire. Rien ne t’empêche de le faire en passant ton chemin.
*les fois où il y a une réunion imprévue et que ça n’a pas des conséquences trop négatives pour toi (par exemple si justement tu avais un trou et que tu n’avais rien de prévu d’important) essaie d’y aller si cela ne te stresse pas trop, ça compensera les fois où tu diras non.

Et sinon, j’ai envie de te dire: on te prend pour un contestataire? Tant mieux, dans une certaine limite on te laissera tranquille.

Voilà c’est mon avis en tant que collègue, pas aspi mais neurotypique et introvertie.

Sinon les autres posteurs qui eux sont TSA semblent t’avoir donné de judicieux conseils