Selon vous Musk est-il vraiment autiste ?

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StephBmd
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Re: Selon vous Musk est-il vraiment autiste ?

Message par StephBmd »

Deoxys a écrit : vendredi 24 janvier 2025 à 19:11
StephBmd a écrit : vendredi 24 janvier 2025 à 18:35Je pose ça là.
Spoiler : 
Merci, je vais me l'écouter pendant mon repas, ma vaisselle et ma routine de ce soir ! :bravo:
Je l'ai écoutée moi-même en faisant le ménage, en lavant le sol... toujours associer un truc intéressant à un truc chiant. ^^
Diag TSA SDI avec une psychiatre en libéral, après un bilan psychologique avec une psychologue.
TDAH également évoqué par la psychologue.
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Riji
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Re: Selon vous Musk est-il vraiment autiste ?

Message par Riji »

Je reviens sur ce qui a été dit concernant le syndrome d'Asperger qui se différencierait des autistes "ne sachant pas parler souvent pour des raisons de motricité".

Voici donc un double spectre, une distinction entre celleux qui pourraient être assimilés et les autres. Et c'est un tel raccourci simpliste qui ne tient pas compte de l'environnement, de l'éducation, du milieu social, et donc de l'accès à l'école et aux soins, mais aussi des différentes spécificités cognitives, leur degré sur le spectre, et la diversité des troubles associés qui participent pour chacun-e d'entre nous à la facilité ou pas de l'apprentissage du langage, aux compétences de la parole, aux habilités même de la prise de parole.

Car je suis la preuve vivante, et certainement pas la seule, qui contredit cette ânerie. Je suis autiste de haut niveau (ou "Asperger") et HPI. Or j'ai des mutismes sélectifs, une alexithymie et une synesthésie, rendant particulièrement laborieux la mise en mots de mes idées, compréhensions et perceptions, particuilèrement celles durant des interactions sociales. Vu de l'extérieur, ma bouche n'arrive pas à bouger, je ne sais pas, physiquement, comment sortir un mot.

Par ailleurs, si ce fil interroge l'autisme de Musk et, actualité oblige, le nazisme auquel il adhère (remettre ça en cause c'est ignorer ou ne pas vouloir voir cette réalité en face pourtant abondemment documentée sur le web et j'ai franchement autre chose à faire qu'à compiler ici toutes les enquêtes, conférences, livres qui documentent le parcours et les discours de Musk) Hans Asperger y répond (je rappelle que Musk s'est autodiagnistiqué "Asperger" et non TSA) qui définissait l'autisme et le nazisme comme deux états inversés, les racines du fascisme reposant selon lui sur le faisceau, le groupe, celles de l'autisme dans l'autos, le soi.

Soit pour la dire simple, et selon Hans Asperger lui-même, un nazi ne peut pas être autiste.

Diag HPI/TSA - 2020/2023
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Deoxys
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Re: Selon vous Musk est-il vraiment autiste ?

Message par Deoxys »

Riji a écrit : samedi 25 janvier 2025 à 14:59le nazisme auquel [Musk] adhère (remettre ça en cause c'est ignorer ou ne pas vouloir voir cette réalité en face pourtant abondemment documentée sur le web et j'ai franchement autre chose à faire qu'à compiler ici toutes les enquêtes, conférences, livres qui documentent le parcours et les discours de Musk)
Là-dessus, totalement d'accord. C'est abordé en détails dans l'excellente vidéo partagée par StephBmd (en tête de cette page).
J'en suis ressortie en ayant l'impression d'avoir été trop clémente avec Musk, ainsi qu'avec Trump, qui se rapprochent encore plus du nazisme/fascisme, que je ne l'aurais cru.

C'est une longue vidéo, mais elle s'écoute très bien en ×2 et en faisant autre chose comme dit plus haut.
Vraiment je la conseille à tout le monde, les éléments apportés sont implacables.

Hans Asperger y répond (je rappelle que Musk s'est autodiagnistiqué "Asperger" et non TSA) qui définissait l'autisme et le nazisme comme deux états inversés, les racines du fascisme reposant selon lui sur le faisceau, le groupe, celles de l'autisme dans l'autos, le soi.

Soit pour la dire simple, et selon Hans Asperger lui-même, un nazi ne peut pas être autiste.
Sauf que bien sûr que si, un nazi peut être autiste. Et Hans Asperger (qui était nazi) n'a pas à avoir le dernier mot. :mrgreen:

Opposer autisme et nazisme, c'est avant tout supposer qu'ils existent dans un même domaine.
Exemple (juste pour expliquer la logique, pas de comparaison avec l'autisme ou le nazisme, bien sûr) : c'est comme quand deux couleurs sont opposées, ou inversées, pour reprendre le terme utilisé ; ce sont des couleurs donc même domaine. On peut dire que le rouge est l'inverse, à l'opposé, du vert. Mais on ne peut pas dire que le rouge soit l'inverse du salé ; pas le même domaine.

Or, l'autisme c'est un trouble du neurodéveloppement, tandis que le nazisme est une idéologie. Rien d'incompatible donc.

Quant à l'autisme de Musk...
Deoxys a écrit : vendredi 24 janvier 2025 à 10:28et s'il n'a pas reçu de diagnostic formel, il ne devrait pas se revendiquer autiste. Il s'agirait maintenant de voir si c'est bien un autodiagnostic.

Par contre, le fond du problème reste le même : quand bien même il soit non-diagnostiqué, rien ne l'empêche d'être réellement autiste. On ne devrait, si c'est bien un autodiag' de façon sûre, effectivement pas le qualifier d'autiste, mais on ne devrait pas non plus faire circuler de désinformation en prenant Musk pour une représentation de ce "qu'un·e autiste ne devrait pas être", alors que fondamentalement rien n'empêche une personne détestable ET autodiag' d'être aussi bel et bien autiste. Cela n'a rien de mutuellement exclusif.
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Re: Selon vous Musk est-il vraiment autiste ?

Message par Hydrean »

Opposer autisme et nazisme, c'est avant tout supposer qu'ils existent dans un même domaine.
Exemple (juste pour expliquer la logique, pas de comparaison avec l'autisme ou le nazisme, bien sûr) : c'est comme quand deux couleurs sont opposées, ou inversées, pour reprendre le terme utilisé ; ce sont des couleurs donc même domaine. On peut dire que le rouge est l'inverse, à l'opposé, du vert. Mais on ne peut pas dire que le rouge soit l'inverse du salé ; pas le même domaine.

Je me suis fait la réflexion avec l'actualité. À l'époque il y aurait très bien pu avoir des autistes sans déficience de bonne famille (qui avait plus de chance de se fondre socialement) investie de gré ou de force dans le nazisme (au point d'être un intérêt spécifique)
TSA confirmé .
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Re: Selon vous Musk est-il vraiment autiste ?

Message par Flower »

A l'époque, vu les actions du régime en place, très très peu de gens ont osé affirmer leur désaccord. Ils n'étaient pas forcément d'accord pour autant. Hans Asperger n'a d'ailleurs jamais adhéré au parti nazi. Et il y a des gens qui y ont adhéré sous contrainte, pour protéger leur famille par exemple.

Mais c'est un peu hors sujet.
Détectée HQI dans l'enfance, diagnostiquée TSA de type syndrome d'Asperger en juillet 2015.
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Re: Selon vous Musk est-il vraiment autiste ?

Message par Deoxys »

Flower a écrit : samedi 25 janvier 2025 à 16:09Hans Asperger n'a d'ailleurs jamais adhéré au parti nazi.
Hélas si...

"Le passé noir du docteur Asperger"
Extrait :
Dans son ouvrage Les Enfants d'Asperger (traduit de l'anglais par Tilman Chazal, éd. Flammarion), [Edith Scheffer] dresse le portrait glaçant d'un homme qui a épousé l'idéologie nazie et sa logique mortifère de tri des individus. S'il était soucieux d'aider les enfants considérés comme capables d'intégrer la communauté du peuple, il en a condamné à mort des dizaines d'autres.
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Re: Selon vous Musk est-il vraiment autiste ?

Message par spin »

Si on juge que son nom n'est pas acceptable, il faut en donner un autre à ce qu'il a décrit.

Et si on cherchait dans les idées et comportements de tous les scientifiques qui ont donné leurs noms à quelque chose, ne risquerait-on pas de trouver des horreurs ?
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Re: Selon vous Musk est-il vraiment autiste ?

Message par Deoxys »

spin a écrit : samedi 25 janvier 2025 à 21:33Si on juge que son nom n'est pas acceptable, il faut en donner un autre à ce qu'il a décrit.
Il y en a déjà un : autiste, pour une personne recevant le diagnostic de TSA (Trouble du Spectre de l'Autisme).
Si j'avais été diagnostiquée avant 2013, on m'aurait diagnostiquée "Asperger". Mais j'ai été diagnostiquée plus tard, donc autiste.

Ceci dit, moi aussi j'ai pu dire "Asperger" par le passé.

Et si on cherchait dans les idées et comportements de tous les scientifiques qui ont donné leurs noms à quelque chose, ne risquerait-on pas de trouver des horreurs ?
Si, on risquerait. Et...?


À ce sujet, voici de la lecture que je te recommande, pour comprendre en quoi le terme "Asperger" pose problème, ce qui dépasse de loin la complicité du docteur Asperger au régime nazi (rappel qui ne vise pas à le dépeindre comme un monstre, pas plus que je ne considère Musk comme tel ; l'article aborde cela de façon tout sauf "diabolisante", mais il aborde bien d'autres choses aussi) :
Curiouser a écrit : dimanche 17 décembre 2023 à 17:35[...]
Spoiler : Extraits : 
Ce « syndrome » n’a pas été nommé et proposé par Asperger lui-même. Lui, il parlait de « psychopathie autiste » et a observé des jeunes très différents les uns des autres (le pourquoi de « psychopathe », ce sera un sujet pour un autre jour, sinon on y passe la nuit). L’expression « syndrome d’Asperger » a été formée et diffusée par la psychiatre Wing, qui a fait pression dans les années 80 pour que ce nouveau diagnostic entre dans le DSM. Et ce n’est pas qu’Asperger avait décrit des enfants et adolescents présentant un autisme différent des patients de Kanner et établi lui-même une liste de caractéristiques correspondant au « syndrome d’Asperger » : non, il a eu tout type de patients (plus ou moins autonomes, verbaux ou non, etc.). Mais il a choisi (convictions personnelles ou contexte de purification nazie ou les deux) de décrire ses patients sous un jour plus positif, selon leur intelligence particulière et leurs capacités parfois hors-normes.

Lorna Wing n’était pas une personne diabolique. Elle a formulé l’idée de « spectre » dans l’autisme, le fait que l’autisme puisse s’exprimer de manières très diverses, et elle a retrouvé cette idée dans les travaux d’Asperger. Ses observations et revendications se basaient sur la vie avec sa fille autiste, qu’elle semble avoir bien traité, et sur des années de travail avec des enfants et ados autistes. Sa volonté était de pouvoir aider personnes autistes et parents d’enfants autistes, en permettant à davantage de personnes autistes d’accéder à une reconnaissance et des aides. Mais oui, sa justification pour le fait d’introduire un nouveau « syndrome » plutôt que de juste élargir la définition et les critères de diagnostic de l’autisme, c’était d’éviter la stigmatisation associée au terme « autisme » – toujours pour permettre à davantage de personnes ayant besoin d’aide d’obtenir un diagnostic, et permettre aux parents d’accepter ce diagnostic pour leurs enfants.

Parce que l’idée à l’époque, c’était que les autistes n’avaient pas d’âme, pas de personnalité, pas de capacités ; des coquilles vides qui ne pouvaient pas apprendre et qui étaient condamnés à être enfermés dans une institution toute leur vie. Être déclaré autiste, c’était presque une condamnation à mort : un refus d’humanité, un destin tragique, un fardeau pour les parents. Alors que les autistes « asperger », eux, étaient considérés comme ayant des capacités, pouvant travailler, et donc méritant des soins, de la liberté, et un accompagnement qui leur permette de développer leurs capacités.

Et ces idées ont perduré. Deux types d’autisme distincts, des autistes « supérieurs » à d’autres, des autistes cas désespérés et d’autres qui peuvent travailler et même être hyper-productifs et utiles au capitalisme. En théorie, cette distinction était posée sur la base de l’âge d’apparition du langage oral ainsi que sur des tests de QI. En pratique… ça ne fonctionne pas, ces catégories, et ça a surtout permis le développement de tout un tas d’idées reçues, fantasmes, représentations culturelles erronées, et autres préjugés nocifs pour toutes les personnes autistes.
[...]
La réalité vécue par les personnes autistes
Comme j’ai commencé à le dire dans la partie précédente – la patience, c’est pas mon fort –, les catégories ne correspondent souvent pas à notre vécu. Il y a de grosses différences entre personnes autistes, leurs vécus, leur quotidien, leurs capacités et difficultés, oui – mais ça ne correspond pas aux catégories « autisme asperger » vs « autisme de kanner », « autisme léger » vs « autisme lourd » ou encore « autisme de haut niveau » vs « autisme de bas niveau ».

Par ailleurs, le diagnostic médical fixe des observations d’un moment T comme si elles étaient l’essence de la personne, sans prendre en compte les fluctuations dans le temps ni l’influence de l’éducation, l’environnement, les opportunités données, sur le développement des capacités et l’épanouissement de la personne autiste. Enfin, on nous considère comme plus ou moins « fonctionnel » selon des grilles d’interprétation normées, contextuelles, et validistes : par exemple, des tas d’autistes (souvent des hommes blancs) considérés comme « hautement fonctionnels » et donc « asperger » maintenant qu’ils travaillent dans les entreprises de la Silicon Valley ou autre travail informatique et dans un milieu qui s’en fout de leurs bizarreries comportementales auraient pu être considérés comme des cas désespérés, asociaux, incapables de communiquer, et sans capacité utile, dans une ère où internet et l’informatique n’étaient pas aussi développés et valorisés.

Nos capacités sont souvent contrastées, pas forcément liées entre elles, fluctuantes au cours de notre vie et selon notre énergie (surtout si ce sont des capacités apprises à force de compensation, camouflage et investissement de nos intérêts spécifiques), et dépendantes de si le contexte est favorable à leur développement et leur maintien ou pas (plein de mecs autistes – et pas autistes, d’ailleurs – professionnellement brillants parce que, c’est pratique, leur maman et/ou leur compagne s’occupe de leur survie quotidienne, leur confort physique et émotionnel, leur promotion et leurs contacts sociaux). Scientifiquement, il n’y a pas de définition de ce qui constituerait des « niveaux d’autisme » (en anglais, les « étiquettes de fonctionnement »).

La perspective anti-validiste
Voilà, on y arrive. Oui, c’est validiste de vouloir déterminer des niveaux d’autisme en fonction d’une intelligence supposée, d’un niveau d’autonomie – selon une certaine définition de l’autonomie –, d’une certaine manière de mouvoir son corps, et de la capacité à s’insérer dans le monde scolaire et professionnel normé.

Mais en fait… beaucoup de personnes ont des valeurs validistes (capitalistes, libérales). Beaucoup de personnes, y compris de personnes autistes elles-mêmes, sont totalement en accord avec le fait de dire qu’il y a des personnes plus ou moins autistes et plus ou moins humaines. Des personnes à plaindre, à priver de liberté (les institutions), à soumettre à des traitements maltraitants, et dont éviter l’existence (lobbying pour des tests prénataux, tests médicamenteux douteux), et des personnes qui, elles, ont une différence enviable, voire salvatrice pour l’humanité, et qu’on ne devrait pas ranger dans la catégorie des troubles. Beaucoup de personnes qui pensent défendre les autistes, en mettant en avant nos « capacités spéciales », notre « intelligence particulière », nos qualités morales essentialisées et idéalisées (paraît qu’on serait toustes fondamentalement honnêtes, fidèles, altruistes, révoltés par l’injustice, dénués de biais – ce serait chouette, mais c’est faux), et surtout notre employabilité particulière (on travaille par passion et pas pour l’argent ! On est super-doués en technologie ! On est capables d’être en hyperfocus pendant des heures ! On est super ponctuels et on adore suivre les règles !) (encore une fois, non), recréent de même des hiérarchies de valeur pour nos existences selon qu’on peut se plier ou non au système capitaliste, et en réduisant nos individualités riches, complexes et diverses à un stéréotype objectifiant.

Moi, non, je ne me reconnais pas dans ces valeurs-là. Que je considère que l’autisme soit handicapant à cause de la société inadaptée ou handicapant et douloureux en lui-même, ça ne change rien au fait que pour moi, tous les êtres humains ont la même valeur et les mêmes droits.
Je ne classe pas les personnes comme ayant plus ou moins de valeur selon leur productivité dans le système capitaliste, ni leur « autonomie » comme définie par le système capitaliste et libéral. Du coup, mon argument principal pour ne pas utiliser cette appellation d’« asperger », c’est que c’est incompatible avec la vision du monde anti-validiste et anti-capitaliste que je défends.
J'ai mis en gras ce que, moi-même, je trouvais convaincant et rejoignant mes propres idées.
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Re: Selon vous Musk est-il vraiment autiste ?

Message par spin »

Deoxys a écrit : samedi 25 janvier 2025 à 22:22 Il y en a déjà un : autiste, pour une personne recevant le diagnostic de TSA (Trouble du Spectre de l'Autisme).
Si j'avais été diagnostiquée avant 2013, on m'aurait diagnostiquée "Asperger". Mais j'ai été diagnostiquée plus tard, donc autiste.
Ce n'est pas équivalent, ça englobe beaucoup plus de choses. C'est déjà assez compliqué de classifier les pathologies, alors si on ajoute des contraintes politiques donc extrascientifiques...
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Re: Selon vous Musk est-il vraiment autiste ?

Message par Hydrean »

Comment tu définis un Asperger d’un autiste qui ne l’est pas ?
TSA confirmé .
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Re: Selon vous Musk est-il vraiment autiste ?

Message par Deoxys »

Hydrean a écrit : samedi 25 janvier 2025 à 22:36Comment tu définis un Asperger d’un autiste qui ne l’est pas ?
Je n'arrive pas à savoir si la question est pour spin ou pour moi, mais ma réponse ci-dessous aborde ce thème.


spin a écrit : samedi 25 janvier 2025 à 22:35
Deoxys a écrit : samedi 25 janvier 2025 à 22:22 Il y en a déjà un : autiste, pour une personne recevant le diagnostic de TSA (Trouble du Spectre de l'Autisme).
Si j'avais été diagnostiquée avant 2013, on m'aurait diagnostiquée "Asperger". Mais j'ai été diagnostiquée plus tard, donc autiste.
Ce n'est pas équivalent, ça englobe beaucoup plus de choses.
Euh, si, c'est équivalent. Je suis autiste.
Il y aurait les précisions purement diagnostiques (d'ordre médical), mais pour parler de mon cas (j'aurais reçu le diagnostic Asperger à l'époque donc), je dis que je suis autiste. C'est tout...

C'est déjà assez compliqué de classifier les pathologies, alors si on ajoute des contraintes politiques donc extrascientifiques...
En fait ça n'a rien de politque ni d'extrascientifique. On politise malheureusement des choses qui relèvent en fait de droits fondamentaux (droit à ne pas subir de validisme par exemple).
L'article que je t'ai mis plus haut parle de cela. Vraiment, si le sujet t'intéresse (ça en a l'air), je te conseille vivement de le lire (à Hydrean aussi).

Par contre, je suis d'accord que ce sont des contraintes (cognitives, car ce peut être fort désagréable que de se mettre à jour, et c'est un travail qui dure tout une vie car on n'arrive jamais au stade où l'on n'a plus rien à apprendre, où l'on ne se trompe jamais).
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Re: Selon vous Musk est-il vraiment autiste ?

Message par spin »

Hydrean a écrit : samedi 25 janvier 2025 à 22:36 Comment tu définis un Asperger d’un autiste qui ne l’est pas ?
Il se trouve que j'ai découvert les problématiques de l'autisme, il y a près d'un demi-siècle, dans La forteresse vide (Bruno Bettelheimà puis Histoire d'Elly (Clara Park). Je me sentais vaguement concerné, donc ça m'a fasciné, mais aussi je voyais la différence ne serait-ce que de problématique. Après, où situer la limite, vaste question. Mais je ne crois pas qu'il soit pertinent d'amalgamer les cas de Bruno Bettelheim et ceux de Tony Attwood. Ce dernier parle donc aussi d'"autisme à haut niveau de fonctionnement". Est-ce que ça recoupe parfaitement "Asperger" ? Pas sûr.
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Re: Selon vous Musk est-il vraiment autiste ?

Message par Hydrean »

A spin vue qu’il semble penser qu’il y a un écart suffisamment conséquent entre en Asperger et un autre autiste pour devoir les différencier d’une façon net.
TSA confirmé .
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Re: Selon vous Musk est-il vraiment autiste ?

Message par spin »

Hydrean a écrit : samedi 25 janvier 2025 à 23:06 A spin vue qu’il semble penser qu’il y a un écart suffisamment conséquent entre en Asperger et un autre autiste pour devoir les différencier d’une façon net.
Attention à ne pas me faire dire plus que je n'ai dit.

J'aimerais au moins un distinguo du même ordre que celui entre névrose (en bref, qui affecte le ressenti émotionnel) et psychose (qui affecte la perception du réel), même en sachant que dans la pratique ça se mélange beaucoup.
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Re: Selon vous Musk est-il vraiment autiste ?

Message par Deoxys »

OK Hydrean, au temps pour moi. :)


spin a écrit : samedi 25 janvier 2025 à 23:23J'aimerais au moins un distinguo du même ordre que celui entre névrose (en bref, qui affecte le ressenti émotionnel) et psychose (qui affecte la perception du réel), même en sachant que dans la pratique ça se mélange beaucoup.
Attention, les termes "névrose" et "psychose" sont des termes psychanalytiques, or la psychanalyse est une pseudo-médecine (listée ici).
Tu trouveras pas mal de choses dessus sur le forum.
Pour ma part, je peux te conseiller ce podcast de Méta de Choc, avec comme invité un professeur déconverti de la psychanalyse ; c'est passionnant.

Pour ce qui est de ce "distinguo", je reprends aussi ta réponse d'avant :
spin a écrit : samedi 25 janvier 2025 à 23:04
Hydrean a écrit : samedi 25 janvier 2025 à 22:36 Comment tu définis un Asperger d’un autiste qui ne l’est pas ?
Il se trouve que j'ai découvert les problématiques de l'autisme, il y a près d'un demi-siècle, dans La forteresse vide (Bruno Bettelheimà puis Histoire d'Elly (Clara Park). Je me sentais vaguement concerné, donc ça m'a fasciné, mais aussi je voyais la différence ne serait-ce que de problématique. Après, où situer la limite, vaste question. Mais je ne crois pas qu'il soit pertinent d'amalgamer les cas de Bruno Bettelheim et ceux de Tony Attwood. Ce dernier parle donc aussi d'"autisme à haut niveau de fonctionnement". Est-ce que ça recoupe parfaitement "Asperger" ? Pas sûr.

Puisque je ne compte pas te lâcher avec l'article (qui traite du problème posé par ta vision séparatrice [mais j'ai pu avoir la même moi aussi]), je vais te remettre les extraits sélectionnés par Curiouser, mais sans le spoiler :
Ce « syndrome » n’a pas été nommé et proposé par Asperger lui-même. Lui, il parlait de « psychopathie autiste » et a observé des jeunes très différents les uns des autres (le pourquoi de « psychopathe », ce sera un sujet pour un autre jour, sinon on y passe la nuit). L’expression « syndrome d’Asperger » a été formée et diffusée par la psychiatre Wing, qui a fait pression dans les années 80 pour que ce nouveau diagnostic entre dans le DSM. Et ce n’est pas qu’Asperger avait décrit des enfants et adolescents présentant un autisme différent des patients de Kanner et établi lui-même une liste de caractéristiques correspondant au « syndrome d’Asperger » : non, il a eu tout type de patients (plus ou moins autonomes, verbaux ou non, etc.). Mais il a choisi (convictions personnelles ou contexte de purification nazie ou les deux) de décrire ses patients sous un jour plus positif, selon leur intelligence particulière et leurs capacités parfois hors-normes.

Lorna Wing n’était pas une personne diabolique. Elle a formulé l’idée de « spectre » dans l’autisme, le fait que l’autisme puisse s’exprimer de manières très diverses, et elle a retrouvé cette idée dans les travaux d’Asperger. Ses observations et revendications se basaient sur la vie avec sa fille autiste, qu’elle semble avoir bien traité, et sur des années de travail avec des enfants et ados autistes. Sa volonté était de pouvoir aider personnes autistes et parents d’enfants autistes, en permettant à davantage de personnes autistes d’accéder à une reconnaissance et des aides. Mais oui, sa justification pour le fait d’introduire un nouveau « syndrome » plutôt que de juste élargir la définition et les critères de diagnostic de l’autisme, c’était d’éviter la stigmatisation associée au terme « autisme » – toujours pour permettre à davantage de personnes ayant besoin d’aide d’obtenir un diagnostic, et permettre aux parents d’accepter ce diagnostic pour leurs enfants.

Parce que l’idée à l’époque, c’était que les autistes n’avaient pas d’âme, pas de personnalité, pas de capacités ; des coquilles vides qui ne pouvaient pas apprendre et qui étaient condamnés à être enfermés dans une institution toute leur vie. Être déclaré autiste, c’était presque une condamnation à mort : un refus d’humanité, un destin tragique, un fardeau pour les parents. Alors que les autistes « asperger », eux, étaient considérés comme ayant des capacités, pouvant travailler, et donc méritant des soins, de la liberté, et un accompagnement qui leur permette de développer leurs capacités.

Et ces idées ont perduré. Deux types d’autisme distincts, des autistes « supérieurs » à d’autres, des autistes cas désespérés et d’autres qui peuvent travailler et même être hyper-productifs et utiles au capitalisme. En théorie, cette distinction était posée sur la base de l’âge d’apparition du langage oral ainsi que sur des tests de QI. En pratique… ça ne fonctionne pas, ces catégories, et ça a surtout permis le développement de tout un tas d’idées reçues, fantasmes, représentations culturelles erronées, et autres préjugés nocifs pour toutes les personnes autistes.
[...]
La réalité vécue par les personnes autistes
Comme j’ai commencé à le dire dans la partie précédente – la patience, c’est pas mon fort –, les catégories ne correspondent souvent pas à notre vécu. Il y a de grosses différences entre personnes autistes, leurs vécus, leur quotidien, leurs capacités et difficultés, oui – mais ça ne correspond pas aux catégories « autisme asperger » vs « autisme de kanner », « autisme léger » vs « autisme lourd » ou encore « autisme de haut niveau » vs « autisme de bas niveau ».

Par ailleurs, le diagnostic médical fixe des observations d’un moment T comme si elles étaient l’essence de la personne, sans prendre en compte les fluctuations dans le temps ni l’influence de l’éducation, l’environnement, les opportunités données, sur le développement des capacités et l’épanouissement de la personne autiste. Enfin, on nous considère comme plus ou moins « fonctionnel » selon des grilles d’interprétation normées, contextuelles, et validistes : par exemple, des tas d’autistes (souvent des hommes blancs) considérés comme « hautement fonctionnels » et donc « asperger » maintenant qu’ils travaillent dans les entreprises de la Silicon Valley ou autre travail informatique et dans un milieu qui s’en fout de leurs bizarreries comportementales auraient pu être considérés comme des cas désespérés, asociaux, incapables de communiquer, et sans capacité utile, dans une ère où internet et l’informatique n’étaient pas aussi développés et valorisés.

Nos capacités sont souvent contrastées, pas forcément liées entre elles, fluctuantes au cours de notre vie et selon notre énergie (surtout si ce sont des capacités apprises à force de compensation, camouflage et investissement de nos intérêts spécifiques), et dépendantes de si le contexte est favorable à leur développement et leur maintien ou pas (plein de mecs autistes – et pas autistes, d’ailleurs – professionnellement brillants parce que, c’est pratique, leur maman et/ou leur compagne s’occupe de leur survie quotidienne, leur confort physique et émotionnel, leur promotion et leurs contacts sociaux). Scientifiquement, il n’y a pas de définition de ce qui constituerait des « niveaux d’autisme » (en anglais, les « étiquettes de fonctionnement »).

La perspective anti-validiste
Voilà, on y arrive. Oui, c’est validiste de vouloir déterminer des niveaux d’autisme en fonction d’une intelligence supposée, d’un niveau d’autonomie – selon une certaine définition de l’autonomie –, d’une certaine manière de mouvoir son corps, et de la capacité à s’insérer dans le monde scolaire et professionnel normé.

Mais en fait… beaucoup de personnes ont des valeurs validistes (capitalistes, libérales). Beaucoup de personnes, y compris de personnes autistes elles-mêmes, sont totalement en accord avec le fait de dire qu’il y a des personnes plus ou moins autistes et plus ou moins humaines. Des personnes à plaindre, à priver de liberté (les institutions), à soumettre à des traitements maltraitants, et dont éviter l’existence (lobbying pour des tests prénataux, tests médicamenteux douteux), et des personnes qui, elles, ont une différence enviable, voire salvatrice pour l’humanité, et qu’on ne devrait pas ranger dans la catégorie des troubles. Beaucoup de personnes qui pensent défendre les autistes, en mettant en avant nos « capacités spéciales », notre « intelligence particulière », nos qualités morales essentialisées et idéalisées (paraît qu’on serait toustes fondamentalement honnêtes, fidèles, altruistes, révoltés par l’injustice, dénués de biais – ce serait chouette, mais c’est faux), et surtout notre employabilité particulière (on travaille par passion et pas pour l’argent ! On est super-doués en technologie ! On est capables d’être en hyperfocus pendant des heures ! On est super ponctuels et on adore suivre les règles !) (encore une fois, non), recréent de même des hiérarchies de valeur pour nos existences selon qu’on peut se plier ou non au système capitaliste, et en réduisant nos individualités riches, complexes et diverses à un stéréotype objectifiant.

Moi, non, je ne me reconnais pas dans ces valeurs-là. Que je considère que l’autisme soit handicapant à cause de la société inadaptée ou handicapant et douloureux en lui-même, ça ne change rien au fait que pour moi, tous les êtres humains ont la même valeur et les mêmes droits.
Je ne classe pas les personnes comme ayant plus ou moins de valeur selon leur productivité dans le système capitaliste, ni leur « autonomie » comme définie par le système capitaliste et libéral. Du coup, mon argument principal pour ne pas utiliser cette appellation d’« asperger », c’est que c’est incompatible avec la vision du monde anti-validiste et anti-capitaliste que je défends.


Edit - D'ailleurs, "dire qu’il y a des personnes plus ou moins autistes", c'est ce que j'ai fait dans ce message (j'y refais allusion dans mon précédent message en parlant des "précisions purement diagnostiques (d'ordre médical)"). Je ne m'exclue pas de cette nécessité de se mettre à jour.
Diagnostiquée hyperactive (TDAH mixte), autiste et anxieuse